C. Lecture croisée de l'étude Patrice
Séchet et Isolde Devaliére
Il apparaissait intéressant de croiser les
enseignements de l'étude de P. Séchet et I. Devalière avec
la conception du projet.
Le premier point qui ressort de l'étude indique la
présence de la nature dans l'idéal de l'habiter nanterrien.
L'exigence est d'ailleurs double avec une présence de la nature au
niveau des lieux d'habitation et une autre, plus imposante à
proximité. Or le projet des Tersasses propose un espace vert en bas des
immeubles et l'axe rejoint deux grands parcs, le parc du Chemin de l'île
et le parc André Malraux. En ce sens, l'opération est en parfaite
adéquation avec l'étude.
Le deuxième élément montre un refus des
architectures formalistes qui ne permettent pas une appropriation d'usage de la
culture locale. Ce point est particulièrement intéressant, le
projet doit laisser un espace aux pratiques locales. En ce sens, le conseil
d'administration de Seine Arche a choisi un projet ayant un caractère
évolutif. Aussi peut-on espérer une utilisation multiple des
Terrasses. Par exemple, la mise en place d'un marché ponctuel ou
l'accueil de manifestions culturelles.
En outre l'étude montre un rejet pour les coupures
urbaines et le manque de soin apporté à une multitude d'espaces
de liaison et de passage. Seine Arche s'inscrit dans cette démarche.
Elle propose un axe structurant la ville et réparant les coupures, ainsi
une partie des espaces de Nanterre laissés à l'abandon seront
retravaillés.
L'étude présente aussi une opposition de la part
des nanterriens pour les bâtiments de haute taille. Cet
élément a été intégré au projet par
la participation des habitants qui ont demandé des immeubles de taille
moyenne.
Ensuite P. Sechet et I Devalière, nous apprennent que
les nanterriens tiennent compte de la présence de services dans leur
évaluation de la qualité du quartier. Le projet des Terrasses a
pour ambition de construire 40 000m² d'équipements de
proximité et 100 000 m² d'équipements publics structurants,
de commerces et services. L'ambition et donc présente mais il est
nécessaire que les différents équipements répondent
aux attentes des habitants.
Enfin, on nous apprend aussi un sentiment nanterrien complexe.
Il y a un ressenti négatif à la fois pour les espace urbain trop
ordonné ou trop désordonné, le projet doit donc apporter
un intermédiaire dans son organisation de l'espace.
D. Lecture croisée des résultats de la
Partie II.
La volonté de ce mémoire est avant tout de
présenter l'utilité d'un questionnement autour des
représentations des habitants dans l'élaboration d'un
aménagement urbain. La mise en place d'un outil de saisie des espaces
remarquables dans les représentations des habitants peut
améliorer l'insertion des projets dans le tissu existant et favoriser
l'acceptation des habitants vis-à-vis de modifications importantes de
leur environnement.
Cette étude apporte un certain nombre de
résultats. Bien que leur intérêt soit limité par le
nombre d'interviewés, leur apport donne des pistes de réflexion
que l'on peut croiser avec le projet Seine-Arche.
1) Réflexion générale.
Au regard de ce mémoire, il semble que les
interviewés se représentent Nanterre par les pratiques qui s'y
exercent. Un des enjeux de Seine-Arche sera de faire vivre cet
aménagement et donc d'éviter le piège d'un urbanisme
formaliste et « sans âme » déjà
présent sur le territoire du Parc Nord.
En outre, on peut espérer qu'au même titre que la
Préfecture ou que l'Université, la dimension extra communale du
projet favorise la perception de celui-ci.
Le lien entre espace pratiqué et représentation
qui n'est pas totalement démontré dans ce travail permet de
supposer que la perception du projet dépendra de l'utilisation qu'en
feront les habitants des différents quartiers de Nanterre ; aussi
le soin apporté à l'insertion urbaine de chaque quartier
traversé, apporte autant de ponts qui favoriseront l'acceptation du
projet. C'est un élément important, car on peut supposer que les
avis des habitants varieront selon l'intégration de leur quartier au
projet.
La présence d'un programme de logement
conséquent apparait importante dans l'acceptation du projet étant
donné que les habitants ont une tendance forte à charger d'affect
leur lieu d'habitation.
Les lieux remarquables (espaces forts) se dégagent du
territoire par des caractéristiques particulières. La
qualité du lieu, les services proposés, le symbolique,
l'histoire, ... semblent être des éléments favorisant
l'attractivité d'un espace
2) Croisement des espaces forts et du projet des
Terrasses.
Espaces Forts et Projet des Terrasses
Source Auteur
Cette carte présente une superposition des espaces
forts et du programme des Terrasses.
Le premier constat montre que la zone du projet à une
emprise limitée sur les espaces forts. Néanmoins, la
Défense, le parc André Malraux et la Préfecture sont, soit
à proximité, soit intégrés au projet. Seine-Arche
permet à La Défense de se rattacher à Nanterre par des
accès retravaillés et par une perspective dégagée.
Les Terrasses proposent une ligne d'horizon en direction de Paris qui invite
naturellement le regard à se poser sur l'arche de La Défense. La
proximité du parc André Malraux a un rôle
particulièrement positif pour le projet. Sa présence rend
à la fois attractif le programme d'habitation et permet d'étendre
son dynamisme (et peut-être son image) aux espaces verts des Terrasses.
On peut aussi espérer que la Préfecture donne un
caractère, certes administratif, mais surtout pratiqué aux
Terrasses. La dimension utilitaire et symbolique (importance extra-communale)
de ce lieu peut servir le projet. Toutefois, les activités
proposées au sein du projet ne doivent pas se limiter à la
consommation des personnes travaillant sur cet espace. L'enjeu difficile mais
important pour l'appropriation des Terrasses par les habitants de Nanterre
serait la présence de commerces et d'activités utilisés
par les habitants.
Par ailleurs, la carte montre que l'embranchement entre le
boulevard Pesaro et l'avenue Joliot Curie mérite une attention
particulière. Il permet de relier les Terrasses à de nombreux
espaces forts, notamment le centre ville. La possibilité d'un
accès piéton agréable permettrait une liaison
intéressante entre les Terrasses et plusieurs espaces forts de la
ville.
Au travers de ce mémoire nous avons abordé la
thématique des représentations dans le champ de
l'aménagement urbain. La présentation d'une démarche
théorique, la mise en place d'un teste sur un échantillon et une
lecture croisée des résultats et du projet Seine-Arche ont permis
de considérer les représentations mentales comme un
élément intéressant pour les professionnels de
l'aménagement. En ce sens, l'objectif de ce mémoire est
principalement de montrer qu'une dimension (mentale), relativement peu
intégrée dans le travail des urbanistes, a un
intérêt probable dans l'aménagement urbain. Connaître
le sens que donnent les habitants à tel ou tel espace peut être un
avantage pour la conception du projet.
Les résultats de cette étude ne permettent pas
de valider des hypothèses; ceci dit ils présentent un outil
simple permettant d'éclairer les représentations des habitants.
Ce mémoire s'inscrit dans une formation professionnelle, aussi ses
apports sont d'ordre pratique et n'ont pas l'ambition de recouvrir un aspect
scientifique.
Une recherche future peut tester de manière approfondie
les différentes hypothèses. Pour ce faire elle doit construire un
échantillon représentatif de la population de chaque quartier en
tenant compte de son poids relatif dans la population totale de la ville.
D'autre part, il apparait intéressant, à partir des espaces forts
repérés, de construire des entretiens quantitatifs qui
permettraient de tester statistiquement les espaces forts. De plus, une
étude approfondie permettrait peut-être de faire ressortir des
typologies des espaces forts et ainsi montrer des constantes (qualité de
l'espace, histoire du lieu, service proposé...). L'amélioration
de l'outil de saisie peut se faire par l'utilisation de couleur
spécifique à chaque quartier permettant de déterminer les
espaces partagés par les habitants d'un quartier et les espaces forts
partagés par des habitants de différents quartiers.
En réalité la méthode proposée
n'est pas figée et de nombreuses évolutions sont possibles. En
outre, la technique de superposition de cartes permet un croisement multiple
des données recueillies.
De manière personnelle, travailler sur les
représentations a été délicat, l'utilisation de
concept de champ disciplinaire extérieur à ma formation a
demandé une prudence et un travail particuliers. Ceci dit, cette
thématique associée à une réflexion urbanistique
m'a convaincu de la nécessité d'une approche pluridisciplinaire
la plus ouverte possible, lorsque nous abordons des réflexions qui ont
trait à l'aménagement. Par ailleurs, à travers mes
rencontres avec les nanterriens j'ai pu voir l'intérêt que portent
les habitants à leur ville, à leurs quartiers, parfois même
à leurs rues. Ecouter les habitants m'a permis de découvrir une
ville que je ne connaissais pas à travers une multitude de regards. Mon
projet professionnel s'oriente vers les problématiques de logement et
j'espéré garder en tête l'importance d'une écoute
des habitants.
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