B. Les avis des interviewés.
La question 8 de l'entretien élaboré dans ce
mémoire permet de recenser les avis des interviewés par rapport
à ce projet.
1) Constat général.
Le premier constat montre que les interviewés ont du
mal à se représenter un projet en cours de réalisation.
Les différentes présentations, maquette, plaquette explicative,
exposition, conférence... donnent des informations mais ne permettent
pas aux interviewés de construire un avis sur la question.
Patricia : « Oui j'ai entendu parce que je fais
partie du groupe de suivi mais pour l'instant j'ai pas d'avis »
Jessica : « Oui mais j'ai pas trop d'avis sur
la question... »
Belaïd : « Moi je peux pas me
permettre de juger, j'ai pas vu, enfin j'ai vu les maquettes tout ça.
Bon ça présente pas réellement, on voit
mais... »
Deuxième constat, la connaissance et
l'intérêt porté au projet dépend de l'impact de
Seine Arche sur le quartier de résidence. Ainsi, les trois
interviewés du Chemin de l'île ne connaissent pas le projet des
terrasses mais ont un intérêt et une connaissance pour le nouveau
parc du Chemin de l'île (inclus dans le projet Seine Arche). Les
interviewés du Parc Sud ne connaissent pas, ou bien ne se
considèrent pas concernés par le projet.
Virginie : « Je pense pas que ça va
avoir d'effet sur mon quartier ».
A l'inverse, les interviewés des quartiers
Université et Centre (habitant à proximité du quartier
Université) connaissent bien le projet.
2) Analyse des discours les plus prolifiques concernant le
projet.
Comme nous l'avons indiqué
précédemment, il y a peu d'avis sur le projet Seine Arche ;
aussi l'analyse des entretiens se limite aux réponses les plus
développées.
· Jessica, résidant au Petit Nanterre :
- Avez-vous entendu parler du projet des terrasses de
Nanterre ?
- Oui mais j'ai pas trop d'avis sur la question parce que je
me suis pas posée la question de savoir si c'était bien ou pas
bien, ça dépend se qui font, en fait. Là je vois qu'ils
sont en train de construire des immeubles et il y a tout le quartier de La
Défense, des trucs super financiers, commerciaux et tout donc euh.
Ouais, c'est bien mais après je crois que c'était pas trop
important de rajouter des immeubles comme ça ;
Ce premier commentaire montre un sentiment ambivalent.
L'interviewé considère que le projet peut être positif mais
le spectre de la Défense est particulièrement rejeté. En
ce sens, la présence de bureaux dans le projet est perçue de
manière négative. On remarque aussi l'idée d'un seuil de
densité à ne pas dépasser « ...il y en a
déjà trop des immeubles ». L'interviewé ne porte
pas un jugement sur le projet, les réflexions menées, les
ambitions... mais exprime une crainte d'un aménagement trop dense et
voué aux activités de bureaux et de commerces.
· Belaïd, résidant dans le quartier de
l'Université
- Qu'est que vous renvoie le projet des Terrasses de
Nanterre ?
- C'est assez difficile parce qu'on voit ce que donne Nanterre
préfecture avec cet urbanisme, tous ces bureaux, ces tours et pour les
gens qui habitent en face c'est un peu flippant. Il y a du monde la
journée, le soir il y a plus personne, sachant qu'il y a
énormément de monde qui habite dans ce coin-là.
Et puis après le problème, c'est que, les
terrasses, pour moi, c'est la Défense bis ,à taille un peu plus
humaine que le parvis de la Défense, mais maintenant euh... moi je peux
pas me permettre de juger, j'ai pas vu, enfin j'ai vu les maquettes tout
ça. Bon ça présente pas réellement, on voit,
mais... c'est pour ça que je dis que ça ressemble plus à
une petite Défense, il y aura beaucoup de bureaux et je pense que
ça risque de casser un peu plus l'âme de Nanterre. De toute
façon, c'est toujours une histoire de promoteurs quoi qu'on dise.
Pour mon quartier, ça va le mettre encore un peu plus
à l'ombre, il sera un peu plus sur le côté. Avant, ce qu'on
appelait les bidonvilles, ou les cités de transit sur Nanterre, moi j'ai
connu, j'y suis né, ça allait parce que c'était à
taille humaine, c'étaient des baraquements, y avait pas deux
étages. Mais par contre, si on continue comme ça, on va arriver
au système Brésilien, c'est-à-dire des ghettos qui se
créent autour des grands axes de bureau. Bon mais j'espère qu'on
n'en n'arrivera pas là.
Il y aura sûrement une fracture avec le reste de la
ville, morphologiquement et sociologiquement...
Mais si tu regardes la Défense, c'est la pieuvre, elle
s'étend sur toutes les communes limitrophes à part Neuilly.
Dans cet entretien, l'interviewé commence par une
comparaison avec l'urbanisme existant au niveau du Parc Nord. Les
réalisations antérieures ont produit une réserve
vis-à-vis des projets d'aménagement qui incorporent un programme
de bureaux. De plus, l'interviewé présente le projet des
terrasses comme une version adoucie d'une extension de la Défense.
L'image du projet souffre à la fois du passé urbanistique du Parc
Nord et de ses liens avec la Défense. Une Défense en expansion
qui cherche à s'étendre.
En outre, l'interviewé explique que la surabondance de
bureaux risque de casser l'âme de Nanterre ; il y a la crainte d'une
perte d'identité. Il y a aussi le sentiment que le quartier de
l'Université va être « mis de coté ».
Le projet n'apparaît pas comme un axe structurant mais comme une de
fracture sociologique et morphologique.
· Michel, résidant dans le quartier du centre
à proximité du quartier de l'Université.
- Avez-vous entendu parler du projet des terrasses de
Nanterre ?
- Je me suis impliqué dans le projet parce que, en tant
que représentant d'association, j'ai été convié
à la commission extra-municipale d'aménagement qui s'est faite en
1996, avec 5 ou 6 réunions par an. Et donc j'ai vraiment assisté
à tous les échanges et les réflexions sur
l'aménagement de Seine Arche. Au départ, y avait pas de projet
d'urbanisme et donc y avait, avec les études urbaines de Nanterre, des
réflexions sur savoir comment aménager à partir de
scénario d'aménagement. Et donc, on a travaillé sur
plusieurs scénarios.
On a été convié au moins à
deux conseils municipaux, où on a pu prendre la parole.
Ça c'est assez original. En principe, le public
n'intervient pas dans un conseil municipal. Donc là, ça se passe
par des interruptions de séance, et, à deux reprises, les
associations concernées par les aménagements ont pu exprimer des
propositions en conseil municipal. Après, il y a eu plusieurs phases de
concertation, élargie à l'ensemble des habitants de Nanterre.
Et puis il y a eu pour le choix du projet actuel, un
marché de définition qui était engagé avec trois
équipes d'urbanisme, et l'association a été
impliquée dans le marché de définition,
c'est-à-dire que ça consistait à avoir trois
réunions: une réunion où c'était la ville qui
présentait le contexte, toutes les contraintes, tout ce qui avait
été dit dans les commissions extra-municipales. Après, y
avait une deuxième réunion où il y avait un premier rendu
des équipes d'urbanisme. Et puis troisième réunion,
où les urbanistes présentaient vraiment leur projet
définitif, où le jury choisissait le projet. Le projet actuel a
fait la quasi unanimité du jury. Donc euh, comme quoi c'était
perçu comme un bon projet.
Donc ce projet qui avait la particularité de
construire sur l'axe mais sur un seul côté, ce qui permet de
garder la perspective sur l'Arche, laissant quand même une part
importante aux espaces verts, puisque l'ensemble des Terrasses est un espace
planté qui va jusqu'au parc. Donc au niveau architectural, c'est assez
original. C'est quand même un axe futur fort de la ville.
Bon, y a plus particulièrement tout ce qui va se
faire autour de la gare Université .C'est à cette occasion-
là, que j'ai pu dire que le quartier allait énormément
changer. Et c'est là où les habitants n'ont pas forcément
conscience de ce qui va se passer. Et, avec le futur quartier, ça va
être complètement remodelé, et euh, peut être que
ça va être accepté ou pas. Ça va devenir un lieu
beaucoup plus actif en tout cas, puisqu'il y aura des commerces, des
habitations et des bureaux, alors qu'il y a des ateliers RATP à l'heure
actuelle. Bon, ça permet aussi de restructurer la gare, qui est une gare
provisoire depuis près de trente ans, donc qui est pas adaptée au
flux, par le nombre d'étudiants et le nombre de salariés.
Y a un pari sur les commerces qui est pas évident,
parce qu'il y a quand même les Quatre Temps qui sont à
côté. Donc euh, je dirais que la volonté de faire vivre un
pôle commerce à cet endroit là, pour moi n'est pas acquis.
L'aspect commerce, à la fois sur l'université et aussi sur l'axe,
puisqu'il est prévu des commerces en bas d'immeubles, n'est pas du tout
acquis; voir la difficulté d'ouvrir des commerces ici notamment le
week-end. Donc, je pense qu'il y a quand même des bons atouts pour
Nanterre-Université parce qu'il y a la fac, il y a la cité
administrative, et puis des quartiers d'habitations après, le long des
Terrasses. C'est probablement moins évident. Enfin l'avenir le dira.
Cet interviewé s'est particulièrement investi
par rapport au projet Seine Arche. Pour lui, l'élaboration du projet a
laissé une place aux habitants et aux associations de quartier. Le
projet apparaît positif dans ses propos, en particulier au niveau de
l'espace vert proposé, de l'originalité architecturale et de ses
apports fonctionnels comme la rénovation de la gare Nanterre
Université. Il met en avant l'importance des évolutions
prévues et rappelle le fait que les habitants n'ont pas vraiment
conscience de ces évolutions. Il n'est d'ailleurs pas sûr de
l'accueil réservé au projet, « Et avec le futur
quartier ça va être complètement remodelé et euh
peut être que ça va être accepté ou pas, ça va
devenir un lieu beaucoup plus actif en tout cas ». Par ailleurs,
l'interviewé émet des doutes sur les ambitions
d'aménagement commercial en faisant valoir la proximité de la
Défense qui propose un ensemble marchand extrêmement important.
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