B. Problématisation.
Le choix de travailler sur la thématique des
représentations et des pratiques des habitants a tout d'abord
été motivé par un ensemble de questions. En ce sens, je
voulais décrypter les représentations et les pratiques des
nanterriens, comprendre comment elles se structuraient et quels effets
pouvaient-elles avoir sur l'aménagement de la commune. Or ces questions
de départ se sont vues bouleversées lors de mon travail
exploratoire par la lecture du travail de. P. Sechet et I. Devalière.
C'est à partir de cette étude sociologique,
mettant en exergue des représentations collectives nanterriennes
sur le thème de « l'urbanité » que j'ai
souhaité élaborer une autre approche des représentations
des Nanterriens sur leur ville. L'étude « Habiter,
Centralité, Modernité » présente des tendances
de représentations, de pratiques générales aux
Nanterriens. Pour ce faire elle tient compte des caractéristiques
socio-démographiques des habitants. L'échantillon
représentatif (selon ses critères) permet de dresser un
éventail des représentations collectives de l'urbanité
Nanterrienne.
Fort de ces apports sociologiques, j'ai souhaité
élaborer une approche géographique de la thématique des
représentations nanterriennes. Alors que l'étude P. Sechet et I.
Devalière travaille sur les représentations collectives selon la
dimension urbaine (thématique de la qualité urbaine, de
l'habitable, de l'inhabitable...) ce travail de mémoire se concentre sur
les lieux géographiquement identifiables. En ce sens, l'intention est
de comprendre comment un habitant lambda se représente un espace X de la
commune. Par ailleurs, mon approche émet l'idée, que s'il existe
des représentations collectives (au sens Durkheimien) on peut mettre en
lumière des représentations différentes, variées,
selon les espaces pratiqués et en premier chef, le lieu d'habitation. En
effet, j'ai considéré qu'un travail de géographie
était plus à même de s'interroger sur l'analyse des
représentations à partir d'une variance géographique telle
que le lieu d'habitation et l'espace pratiqué.
Par conséquent, on peut penser qu'il existe une
variance géographique qui induit une certaine représentation de
la ville. Dés lors, on considère selon cette hypothèse
qu'une personne habitant dans le quartier du Chemin de l'île n'a pas la
même représentation qu'une personne habitant au
Petit Nanterre. On regroupe en ce sens les représentations selon la
répartition géographique des individus.
Pourtant, certaines représentations collectives sont
présentes et ont un rôle fédérateur dans
l'identité nantérienne. Ainsi, au même titre que
l'étude de P. Sechet et I. Devalière met en avant des
éléments (collectifs) de l'urbanité nanterrienne, la
deuxième hypothèse de ce travail suppose que certains lieux
seraient présents dans un grand nombre de représentations des
habitants. Les groupes assemblés selon la variance géographique
partageraient donc certains espaces. Le Parc André Malraux, par exemple,
peut être présent dans la représentation d'un habitant du
Chemin de l'île et dans celle d'un habitant du Petit Nanterre.
Dés lors, ces lieux partagés par les
différentes représentations recouvreraient une signification
particulière pour les Nanterriens. Par conséquent, mettre en
lumière ces espaces permettrait de visualiser des points
névralgiques du territoire dans la représentation nanterrienne.
Ceci dit, pour isoler ces espaces remarquables il est nécessaire
d'élaborer un concept. Ce travail propose de désigner par
l'intitulé « espace fort » les lieux de la ville
cumulant un nombre significatif de représentations de groupes
d'habitants géographiquement différenciés sur le
territoire communal.
De fait, si de tels lieux peuvent être
identifiés, on peut estimer que les projets d'aménagement
doivent tenir compte du caractère singulier de ces espaces. Les
habitants leur portent un regard spécial et dans cette nouvelle donne
d'un aménagement négocié, de dialogue entre les
professionnels, les élus et les habitants, on peut se demander dans
quelle mesure les projets intègrent cette dimension de l'avis des
habitants. Le projet Seine Arche s'inscrivant sur le territoire communal de
Nanterre, il apparaissait opportun d'appliquer ce questionnement à ce
grand projet.
Cette réflexion, en partie induite par la lecture du
travail Patric Sechet et Isolde Devalière, permet de construire une
approche particulière autour de la thématique des
représentations. En outre elle soulève une double
question :
- Quels sont les « espaces forts »
partagés par les Nanterriens ?
- Quels outils méthodologiques mettre en place pour
saisir ces espaces forts ?
Ainsi, déterminer les espaces forts de la ville,
apparaît comme l'enjeu majeur de cette réflexion.
Néanmoins, ressortir ces espaces nécessite des outils. De fait,
une des ambitions de ce mémoire est de construire une
méthodologie pertinente.
Par ailleurs, selon la thématique centrale de ce
mémoire, l'élaboration de ce travail se construit de facto autour
du concept de représentation.
La réflexion de Armand Frémont autour de son
concept « d'espace vécu » montre le lien particulier
qu'entretiennent des individus vis-à-vis de l'espace sur lequel ils sont
répartis. Chaque personne tisse un affect de cet espace. Cette approche
permet de réaliser une multitude de cartes des représentations de
l'espace mais la constitution de représentation par groupe
nécessaire dans l'acceptation du concept d' « espace
fort » n'est pas prise en compte. Le regroupement des
représentations selon une variance géographique oblige à
faire appel à un concept de psychologie sociale, la
représentation sociale conçue par Serge Moscovici. Ce concept
permet d'appréhender les représentations à travers des
communautés, des groupes. Ainsi, le regroupement d'individus selon une
variance géographique (quartier d'habitation) peut être
envisagé.
Selon cette problématique, on peut faire
l'hypothèse générale suivante :
Il est possible de faire émerger des espaces forts
à travers le cumul de représentations sociales d'habitants ayant
trait à l'espace d'une ville.
Cette hypothèse peut être déclinée
en deux hypothèses complémentaires :
- Les représentations de l'espace d'une ville sont
influencées par les espaces pratiqués et en particulier par le
lieu d'habitation.
- Il existe des espaces partagés dans les
représentations d'un grand nombre d'habitants.
Il convient de rappeler que cette recherche s'inscrit dans
l'enseignement de première année de Master professionnel. Ce
travail n'a pas l'ambition de valider des hypothèses. C'est une
recherche de type exploratoire. Il s'agit de décrire des
représentations, des espaces perçus et des espaces
pratiqués de Nanterre chez quelques habitants pour formuler les
hypothèses d'une recherche future sur un échantillon
représentatif de la ville. Ceci dit, la création d'une
démarche appropriée pour capter les espaces forts est aussi un
objectif essentiel de ce travail. Cette méthodologie constitue
d'ailleurs l'apport essentiel dans une visée opératoire. En
effet, son application en amont d'une réflexion d'aménagement
permettrait une connaissance des espaces remarquables dans la
représentation des habitants.
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