Le Pacte comporte deux (2) phases : la première
phase dite phase de convergence (A) s'étendant du 1er janvier
2000 au 31 décembre 2002 et la seconde appelée phase de
stabilité (B) débutant le 1er janvier 2003.
A- La phase de convergence
Pour comprendre cette phase de convergence, il faut avant
tout avoir une idée de l'intérêt que peut comporter une
convergence des politiques économiques.
Faire converger des éléments d'un ensemble,
c'est orienter ces éléments vers une même direction, vers
un même sens, vers un objectif commun.
Une convergence des économies est rendue
nécessaire lorsque les Etats ont le désir par exemple de
réaliser une intégration économique ou une unification
économique. Ce qui signifie que c'est d'abord la réalisation de
l'intégration économique ou de l'union économique qui
justifie la Convergence des politiques économiques.
Dans l'UEMOA (qui est une organisation d'intégration
économique, c'est connu) où l'union monétaire est une
réalité, les Etats ont été appelés à
faire converger leurs politiques et performances économiques en
complément de cette union monétaire, mais surtout pour renforcer
leur politique monétaire. En conséquence et en particulier,
fallait-il harmoniser les politiques budgétaires. Car, dans une union
économique et monétaire, l'utilisation d'une même monnaie
et d'une politique monétaire commune peut inciter à l'abus de
l'instrument budgétaire50(*). La réussite de la convergence des politiques
économiques entraînera donc ici une maîtrise de
l'inflation.
De façon générale, une convergence
réussie met fin à la disparité dans la conduite des
politiques économiques, amène à long terme les Etats
à se départir des PAS (car les buts de la convergence permettent
d'aboutir à ceux des PAS) pour ne considérer que les actions
à mettre en oeuvre dans le cadre de la convergence.
Le Pacte, dans sa phase de convergence allant du
1er janvier 2000 au 31 décembre 2002 invitait tous les Etats
membres à satisfaire aux normes de convergence. A cette fin, ils se
devaient d'élaborer des programmes pluriannuels capables d'assurer
à moyen terme la réalisation desdits critères. Ces
programmes pluriannuels font l'objet d'une évaluation semestrielle par
la Commission51(*).
Dans cette phase, il avait été prévu
que, les Etats qui ne satisferaient pas les critères à la date
cible du 31 décembre 2002, feraient l'objet de sanctions prévues
à cet effet. Mais compte tenu de certaines raisons52(*), il n'a pas été
mis en application cette disposition. Néanmoins, si les critères
avaient été satisfaits, l'Union aurait été alors en
phase de stabilité.
B- La phase de stabilité
Pour comprendre la notion de stabilité, il faut
l'assimiler à celle d'équilibre. En effet, parlant de
stabilité, l'analyse économique, surtout lorsqu'elle est
formalisée, met l'accent sur les relations d'équilibre53(*). Ainsi, un système est
dit en position d'équilibre stable, si dès qu'une sollicitation
d'amplitude limitée tend à l'en écarter, il y revient de
lui-même, par le jeu des relations entre ses composantes. Si au
contraire, il a alors tendance à s'en écarter davantage, il est
dit en équilibre instable : pour l'y maintenir, une intervention
extérieure permanente est nécessaire.
En général, l'équilibre est conçu
comme l'aboutissement d'un processus. Le problème de la stabilité
concerne ces processus. Dans l'optique d'une intégration
économique et monétaire, le processus en vue de la
stabilité commence avec la convergence des politiques et performances
économiques. Dès lors que cette convergence est atteinte,
l'étape de la stabilité peut être envisagée. Ici,
elle consistera à consolider les acquis de la convergence. Plus
précisément, avec le Pacte, si tous les Etats satisfont aux
critères de convergence, alors l'Union sera dite en phase de
stabilité. Dans cette ultime phase, l'amélioration continue des
critères n'est plus imposée mais seulement souhaitée, en
relation avec les objectifs globaux de l'Union. Mais, au regard des
résultats fournis par les Etats, on ne saurait affirmer que l'Union est
en phase de stabilité54(*).
Dans tous les cas, si la phase de stabilité venait
à être réalisée, les Etats membres continueraient
à mettre en oeuvre des programmes visant à maintenir une
situation budgétaire équilibrée ou excédentaire,
leur permettant de faire face aux fluctuations conjoncturelles.
L'évaluation des programmes se fera sur la base de l'évolution
structurelle du critère clé55(*), celle-ci étant appréciée
après la correction des fluctuations conjoncturelles. Enfin, lorsqu'une
dégradation serait enregistrée par un Etat membre sur un
critère de premier rang au point d'entraîner le non respect de la
norme fixée, le mécanisme de sanctions peut être
déclenché56(*).
Cette démarche, qui consiste à réaliser
les objectifs du Pacte en deux (2) mouvements, n'est pas spécifique
à l'UEMOA. En effet, l'Union Européenne l'a prévue dans
son Pacte de convergence. Là aussi, la phase de convergence n'ayant pas
encore été observée, l'horizon de stabilité a
été différé. Malgré tout, c'est une
démarche qui nous paraît rationnelle et méthodique en ce
sens que non seulement, elle répond à la logique de l'analyse
économique qui soutend toute forme d'intégration
économique, mais aussi elle aboutit finalement à la croissance
économique. C'est pour aider à atteindre cette croissance
souhaitée que le Pacte de convergence a mis un accent particulier sur
l'objectif de solidarité.