INTRODUCTION GENERALE
Au sein des pays de la zone franc, le Cameroun,
dont le PIB représente
pratiquement la moitié de celui de la zone
BEAC1, a connu une grave crise financière en
1986/87, ce qui a amené les banques à
limiter leurs engagements. C'est en fait une inversion de tendance un
peu brutale par rapport au passé où elles avaient au
contraire trop prêté, et surtout sans effectuer de
sélection ni de suivi des projets. Pour éviter un
effondrement de tout le système bancaire, un plan de restructuration a
été mis en place en
1989. Grâce à ces réformes et au
changement de politique monétaire, les banques sont redevenues
plus liquides, mais elles n'ont pas pour autant accordé plus
de crédit à l'économie.
Le crédit bancaire se trouvant ainsi fortement
rationné et limité dans le temps
(crédits à long terme quasi-inexistants) et
conditionné par certaines dispositions relatives
au système bancaire, le recours au Marché
Financier pourrait être une alternative. Par l'appel public
à l'épargne, il permet de mobiliser d'importantes
ressources qu'il met à la disposition des entreprises.
La Bourse, fournissant un accès plus facile au
capital des entreprises souhaitant se financer par l'émission de
titres, devient alors incontournable. Dans un sens
général, la Bourse est un lieu de rencontre entre
les investisseurs (institutionnels, particuliers, entreprises,
banques,... ayant les liquidités à investir contre une
certaine rémunération) d'une part, et les entreprises
à besoin de financement d'autre part (les banques et
l'état jouant respectivement des rôles d'intermédiaire et
d'arbitre).
L'introduction en bourse de titres de capitaux
est une opération financière complexe se déroulant
en deux phases. Il faudra dans un premier temps obtenir une
décision d'admission positive de la part de l'entreprise de
marché. Dans un second temps,
1 La politique monétaire de cette zone est
dirigée par la Banque des Etats d'Afrique Centrale. Elle comprend le
Cameroun, la République de Centrafrique, le Congo, le
Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad.
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il faudra diffuser dans le public une quantité
minimale de titres et obtenir la première cotation.
Il serait illusoire de penser que l'introduction
pourra être réalisée sans une
importante préparation préalable. Il serait
encore plus illusoire de s'imaginer qu'elle consiste simplement en
l'inscription de la valeur sur une des lignes de cotation du système
de négociation mis en place par l'entreprise de
marché.
Avant de pouvoir obtenir la première cotation,
la société devra en effet réussir deux tests. Dans
un premier temps, elle devra convaincre les autorités de
marché de l'opportunité d'une telle introduction. Dans un
second temps, c'est le marché lui-même qu'il conviendra de
séduire. Il faudra en effet persuader les investisseurs et les
épargnants d'apporter leurs capitaux, d'entrer dans la
société et surtout d'y rester. S'il est exact que ce souci va
devenir une préoccupation permanente de l'équipe
dirigeante, il ne faut pas oublier que l'introduction en bourse sera pour
eux la première expérience de cet exercice délicat. Dans
de nombreux cas, la société souhaitant s'introduire en bourse est
inconnue
du public. Il lui faudra donc faire sa promotion, se
présenter au marché sous son meilleur
jour.
Par ailleurs, les mesures permettant de mettre en
place une politique de communication financière et d'assurer
la transparence de la société devront être
prévues
en amont de l'introduction. La bonne évolution du cours du
titre introduit est en grande partie dépendante de la
qualité de la préparation de la
société. Cette préparation
implique en général une profonde restructuration
juridique qui peut durer plusieurs mois.
C'est en réalité tout l'environnement de la
société qui va en être affecté : sa situation
financière, ses relations avec son actionnariat, son statut
juridique...
L'admission aux négociations d'une bourse des valeurs
est en effet constitutive
d'une opération par appel public à
l'épargne. La société va donc être amenée
à épouser le statut d'émetteur faisant appel public
à l'épargne et sera dorénavant tenue de respecter les
obligations légales des sociétés cotées mais
également de se soumettre aux usages des
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marchés financiers, les exigences des
investisseurs étant souvent plus contraignantes et difficiles
à réaliser que les obligations légales issues du
droit des sociétés et du droit boursier.
Le recours à des conseils spécialisés
apparaît donc comme nécessaire. On voit mal
en l'état actuel des choses en effet comment
les dirigeants d'une société pourraient seuls parvenir
à réaliser cette opération, étant étrangers
aux usages du marché et aux règles de droit applicables
à cette matière. Parmi ces conseils et prestataires de
services, les intermédiaires financiers vont jouer un rôle
majeur.
Ils pourront en effet jouer un rôle de coordination
entre les différents conseils spécialisés
(agence de communication financière, commissaires aux
comptes, cabinet d'avocat ...) et
mettre au service de la société leurs
compétences en matière d'ingénierie financière.
Le visa de la CMF (Commission des Marchés Financiers)
apposé le 12 Mai 2006 à la demande de la Société
des Eaux Minérales du Cameroun pour introduction au Douala
Stock Exchange enclenche après cinq années d'attente
depuis la création du marché financier camerounais, le
véritable décollage de la bourse des valeurs
mobilières de Douala. Le Marché Financier étant en
émergence en Afrique francophone et notamment
au Cameroun, bon nombre d'entreprises ignorent encore
les avantages inhérents à la Bourse, ainsi que les
procédures d'introduction à la cote. Une situation qui
légitime notre thème : « Introduction d'une
société à la Bourse des valeurs mobilières de
Douala - Enjeux et procédures : Cas de la Société des Eaux
Minérales du Cameroun ».
Dans le cadre de notre étude, il sera tout
d'abord question pour planter le décor,
de rappeler le cadre réglementaire qui régit
l'introduction en bourse et plus largement, les opérations d'appel
public à l'épargne, de ressortir l'intérêt, les
enjeux et les aménagements structurels préalables à une
introduction en bourse, avant de se recentrer en seconde partie sur
toute la procédure et l'ingénierie qui entoure l'introduction des
titres de capital
à la cote d'une bourse, avec en filigrane le cas
de la Société des Eaux Minérales du
Cameroun. Il sera également question, pour sortir, de
faire des projections sur la vie de la société cotée.
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