INTRODUCTION
La radiologie interventionnelle (RI) regroupe l'ensemble des
actes médicaux invasifs réalisés à des fins
diagnostiques et/ou thérapeutiques sous guidage et contrôle d'un
moyen d'imagerie [1]. Ces techniques permettent désormais de remplacer
des interventions chirurgicales lourdes par des traitements moins invasifs,
apportant de nombreux avantages [2]. La RI occupe une place centrale dans le
diagnostic et le traitement des maladies non transmissibles, notamment
cardiovasculaires.
Plusieurs études ont évalué
l'évolution de la pratique de la RI. Par exemple, Sunshine JH et al. ont
rapporté qu'en 2005, 6 % des radiologues américains consacraient
plus de 70 % de leur temps à la RI, tandis que 11,5 % avaient suivi une
spécialisation dans ce domaine [3]. En Chine, en 2006, dans la province
de Jiangsu, 24 % des hôpitaux avaient mis en place des
départements de RI distincts de la radiologie diagnostique, et 64,8 %
disposaient d'unités d'hospitalisation dédiées aux
patients ayant subi une intervention de RI [4]. En France, l'activité
globale de la RI a été évaluée en 2009 à 545
048 actes, dont 42,2 % avaient une visée thérapeutique [5].
Cependant, cette croissance rapide de la RI ne concerne
essentiellement que les pays développés. Dans les pays à
faibles et moyens revenus, la RI est quasi inexistante. Ces pays souffrent d'un
sous-équipement criant des services de radiologie, comme l'a
souligné l'Organisation mondiale de la santé (OMS) [6]. De plus,
le nombre de radiologues y est largement insuffisant, et les rares ressources
disponibles, tant humaines que matérielles, sont concentrées dans
les grandes villes [7,8].
L'augmentation des maladies cardiovasculaires et non
transmissibles dans les pays à faible revenu rend impérative la
réduction des inégalités en matière de radiologie,
et plus spécifiquement de radiologie interventionnelle [9].
L'introduction de la RI pourrait également permettre de réduire
considérablement la mortalité liée à d'autres
Mémoire de DFMSA en radiologie
Aix-Marseille-Université CHU-Timone BARAK 7
pathologies. Par exemple, les pratiques d'embolisation
pourraient drastiquement diminuer les décès dus aux
hémorragies postpartum [10].
Le Tchad, un pays enclavé au coeur de l'Afrique, couvre
une superficie de 1 284 000 km2, en faisant l'un des plus vastes
pays de l'Afrique noire francophone. Il partage des frontières avec la
Libye au nord, le Soudan à l'est, la République centrafricaine au
sud, ainsi que le Cameroun, le Nigeria et le Niger à l'ouest. Le Tchad,
avec une population proche de 20 millions d'habitants, compte seulement 4,3
médecins et 23,2 infirmiers pour 100 000 habitants, la majorité
étant concentrée dans la capitale, N'Djamena. Le nombre de
médecins spécialistes, notamment les radiologues, est
extrêmement limité, avec une dizaine de praticiens pour tout le
pays [11].
Diverses initiatives, surtout dans les pays anglophones,
visent à combler ce déficit en matière de RI. Toutefois,
il existe peu de données sur l'état de la RI dans les pays
à faibles revenus [12], particulièrement en Afrique subsaharienne
francophone, dont le Tchad. L'introduction de la RI dans ces pays pourrait
entraîner une réduction significative de la mortalité et
améliorer la prise en charge de plusieurs pathologies. Avant de mettre
en place une telle initiative au Tchad, il est essentiel d'évaluer la
connaissance qu'ont les radiologues et les futurs radiologues tchadiens de la
RI. Cette étude se propose d'évaluer leur niveau de connaissance
en la matière.
Plus spécifiquement, les objectifs de l'étude sont
:
· Recenser les données socio-démographiques
des radiologues tchadiens
· Analyser leur niveau de connaissance en radiologie
interventionnelle
1. MATERIEL ET METHODE
Il s'est agi d'une étude transversale descriptive,
réalisée sur une période de 30 jours, du 1er au 31
août 2024. Cette méthodologie transversale permet de recueillir
des données à un moment précis, offrant ainsi une vision
instantanée de l'état des connaissances des participants à
cette période. L'objectif principal de cette approche était
d'évaluer la connaissance des radiologues et résidents tchadiens
sur la radiologie interventionnelle (RI) afin de mieux comprendre leur
formation et leur expérience dans ce domaine.
La population cible de cette étude était
constituée de radiologues et de résidents en radiologie, tous
originaires du Tchad. Les participants étaient membres de la
Société Tchadienne de Radiologie et d'Imagerie
Médicale (SOTRIM). Le choix de cette population s'explique par
l'importance de leur rôle dans la pratique et la diffusion des
connaissances en radiologie au sein du système de santé
tchadien.
Les critères d'inclusion comprenaient les radiologues
et résidents en activité au moment de l'enquête, ayant
accepté de répondre au questionnaire et étant membres de
la SOTRIM. Aucune distinction n'a été faite en termes
d'âge, de sexe ou d'années d'expérience, afin d'obtenir un
échantillon représentatif de la diversité des praticiens
de la radiologie au Tchad.
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