Année 2022 - 2023
Aix-Marseille Université (AMU) Faculté
des Sciences du Sport de Marseille
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du
Master 2 STAPS
Entraînement et Optimisation de la Performance
Sportive
Évaluation de l'effet de l'optimisation du
profil
force-vitesse vertical sur la biomécanique de
course chez le coureur expert de longue distance
Présenté par
Léo GAGNEPAIN
Tuteur de stage
Claude GUILLAUME
Directeur & Entraîneur - JC Iten
Training Camp (Kenya)
Enseignant
référent Jérôme LAURIN
Maître de Conférences -
Faculté des Sciences du Sport de Marseille
Table des matières
I. Mise en contexte
II. Cadre théorique
III. Méthode
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III.1. Participants
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III.2. Tâches et matériel
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III.2.1. Phase de tests
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III.2.2. Phase de renforcement musculaire spécifique
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III.3. Traitement des données
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III.3.1. Profil force-vitesse vertical
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III.3.2. Biomécanique de course
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IV. Résultats
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IV.1. Profil force-vitesse vertical
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IV.2. Biomécanique de course
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IV.2.1. Temps de contact au sol
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IV.2.2. Temps de vol
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IV.2.3. Cadence
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IV.2.4. Oscillation verticale
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IV.2.5. Force maximale relative
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IV.2.6. Raideur de jambes
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IV.3. Synthèse
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V. Discussion
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V.1. Analyse des résultats
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V.2. Limites
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V.3. Perspectives d'amélioration
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VI. Conclusion
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VII. Bibliographie
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VIII. Annexes
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Mémoire Master 2 EOPS Léo GAGNEPAIN 2022
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I. Mémoire Master 2 EOPS Léo GAGNEPAIN 2022 -
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Mise en contexte
Ce mémoire présente le travail de recherche
effectué lors de mon stage de Master 2 en Entraînement et
Optimisation de la Performance Sportive au JC Iten Training Camp, dans la ville
d'Iten au Kenya. Ce travail découle de questions liées aux
notions abordées lors de ma formation et s'inscrivant entre autres dans
ma pratique intensive de la course à pied de longue distance. Ce centre
d'entraînement en course à pied, situé à 2400 m
d'altitude, accueille des athlètes du monde entier en proposant des
stages comprenant des services d'hébergement, de restauration et
d'entraînement. C'est alors que ce projet de stage au Kenya a pris forme,
en cherchant à pratiquer l'anglais et à apprendre aux
côtés de professionnels référents dans le sport qui
m'anime, la course à pied.
Cette expérience professionnelle m'a permis de mettre
en pratique de nombreuses connaissances théoriques en m'insérant
dans le milieu passionnant de l'optimisation de la performance sportive par le
biais de l'entraînement en course à pied. La mise en place et la
gestion des protocoles, de la réalisation des tests de saut et
biomécaniques à l'élaboration d'entraînements
spécifiques, ont fait partie de mon quotidien de
chercheur-entraîneur-stagiaire de février à juin 2023.
C'est sous la tutelle de l'entraîneur international Claude GUILLAUME et
aux côtés de Joyce KIPLIMO, que ce stage de fin d'études a
pu prendre forme à Iten, « The Home of Champions
».
II. Cadre théorique
En course à pied, l'objectif commun à tous les
athlètes est de diminuer son temps de course sur une distance
donnée. Pour expliquer les écarts de performance d'un coureur en
longue distance à un autre, des paramètres physiologiques ont
été relevés (McLaughlin et al., 2010) tels que la
consommation d'oxygène maximale (V?O2max) (Billat et
al., 2001), le pourcentage de V?O2max utilisé
(%V?O2max) (di Prampero et al., 1986), le seuil de lactate
(Farrell et al., 1979), l'économie de course (Morgan et
al., 1989) ou encore la vitesse associée à la
V?O2max (vV?O2max ou VMA). En course de fond (5 km -
marathon), la variabilité des performances peut être
majoritairement déduite des paramètres cardio-vasculaires
associés à la production d'énergie aérobie (Rabadan
et al., 2011). Dans un groupe de coureurs à pied au niveau
hétérogène, la mesure de V?O2max est un
indicateur prépondérant de performance (Pollock, 1977). En
revanche, si les V?O2max sont similaires, ce facteur ne permet pas
d'estimer la meilleure performance (Morgan et al., 1989) contrairement
au V?O2 sous maximal (V?O2).
Morgan et ses collaborateurs (1989) nous assurent que
l'économie de course est le meilleur prédicteur de performance
car en s'améliorant, liée à une baisse de consommation
d'oxygène, elle permet de réaliser une distance donnée
à une vitesse plus élevée ou bien courir plus longtemps
à une
Mémoire Master 2 EOPS Léo GAGNEPAIN 2022 - 2023 P
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vitesse donnée. Cette économie de course est le
fruit de nombreux facteurs génétiques, métaboliques,
cardiorespiratoires, d'entraînement, biomécaniques ou encore
neuromusculaires (Barnes et Kilding, 2015). Par sa variabilité,
l'économie de course peut être travaillée et ainsi
développée à court terme, ce qui laisse penser qu'un
entraînement spécifique améliorerait la performance en
course à pied notamment par du renforcement musculaire (Støren
et al., 2008) et/ou du travail en pliométrie (Saunders et
al., 2006), pour viser le développement du versant
neuromusculaire.
Par le développement de ce facteur,
l'entraînement va influencer certains paramètres tels que la
biomécanique de course comprenant entre autres la cinématique des
membres inférieurs (Moore et al., 2012), la cinétique
(Barnes et al., 2014) et la biomécanique du tronc (Arellano
et al., 2012). Selon Beattie et al. (2014), peu importe le
niveau, le renforcement musculaire explosif et/ou pliométrique, à
charges légères ou lourdes améliore nettement
l'économie de course grâce à une meilleure raideur
musculaire et un temps de contact au sol réduit à vitesse
élevée (Paavolainen et al., 1999). Favorisée par
le travail de force, l'implication plus importante du système
neuromusculaire entraîne une amélioration dans le recrutement des
unités motrices (UM), la raideur musculo-tendineuse et la coordination
intramusculaire. Au-delà de 4 semaines d'entraînement en
renforcement musculaire, il a été montré que la
mobilisation de charges lourdes (85% 1RM) (Støren et al., 2008)
ou charges légères (40-70%) (Sedano et al., 2013), en
complément d'exercices de pliométrie, a un effet positif sur
l'économie de course. Cependant, le travail de force (80% 1RM) et de
course de fond sont paradoxaux car ils interfèrent dans le
développement de la force explosive et maximale. Néanmoins,
l'amélioration des fonctions neuromusculaires par ce travail peut
améliorer la performance d'endurance (Fyfe et al., 2014),
à condition d'établir un plan d'entraînement
équilibré pour profiter pleinement des effets du travail
concomitant (Baar, 2014). Selon Balsalobre-Fernandez et al. (2015*),
dédier à minima deux séances hebdomadaires à
l'entraînement en force est nécessaire pour observer un gain de
force, puissance et économie de course. En suivant un entraînement
en renforcement musculaire, accompagné d'exercices pliométriques,
des coureurs de 800 m à 10 000 m ont obtenu une réduction de 4 %
de leur temps sur une course de 2,4 km, ainsi qu'une amélioration de
hauteur du countermovement jump avec bras (CMJ free arms) et du drop jump (DJ)
(Ramirez-Campillo et al., 2014). De ce fait, ce type de travail
permettrait d'obtenir des effets positifs sur l'économie de course et le
saut vertical.
Les études en myophysiologie nous rapportent que la
relation force-vitesse est la propriété d'un muscle à
produire de la puissance et décrivent que l'intensité du niveau
de force concentrique générée influence
négativement la vitesse de contraction musculaire. Suivant ce postulat,
un profil force-vitesse vertical individualisé peut constituer le point
de départ de l'élaboration d'un plan de renforcement musculaire
spécifique personnalisé.
Mémoire Master 2 EOPS Léo GAGNEPAIN 2022 -
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L'optimisation du profil force-vitesse vertical tend à
exploiter le plein potentiel de la puissance maximale (Pmax) en
équilibrant la balance force-vitesse (Abe et al., 2001). Il
existe une méthode pour mesurer la force (F, N), la vitesse (v, m/s) et
la puissance (P, W) de saut vertical (Samozino et al., 2008), selon
les formules suivantes :
?? = ???? ( h + 1) ?? = v??h ?? = ?? × ??
h???? 2
Avec ?? la masse du sujet (kg), ?? la gravité
(m/s2), h la hauteur de saut (m) et h???? la distance de
poussée avant décollage (m) Cf. Figure 1
1
où h = 8 ????2 avec ?? le temps de vol (s)
Figure 1 : Les 3 positions clés lors d'un squat
jump et les 2 distances utilisées dans les calculs
proposés (Samozino et al., 2008)
D'après Jimenez-Reyes et ses collaborateurs (2014),
cette méthode permet de mesurer précisément la force, la
vitesse et la puissance développée par les membres
inférieurs lors d'un CMJ ou un squat jump (SJ). Une étude de
Samozino et al. (2012) a montré qu'un écart avec le
profil force-vitesse vertical optimal peut engendrer 30 % de différence
dans la performance. Compte tenu du fait que la performance en saut vertical
est induite par la Pmax, la hPO et le déséquilibre force-vitesse
(FVimb), il est envisageable que la hauteur de saut, sans altérer la
Pmax, soit améliorée par une optimisation de la relation
force-vitesse (De Lacey et al., 2014). Une individualisation des
entraînements, visant à développer les aptitudes techniques
et physiques, est ainsi rendue possible par cette nouvelle approche du profil
force-vitesse vertical (Morin et Samozino, 2016).
Au moyen d'un entraînement individualisé sur la
base des déficits du profil force-vitesse, cette méthode permet
de progresser en saut vertical - indicateur de la Pmax des membres
inférieurs - par un travail de renforcement musculaire
développant les capacités en force et saut, optimisant la
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biomécanique de course et de ce fait, l'économie
de course. La pertinence des résultats de ce mémoire serait dans
l'application de cette méthode à un groupe conséquent de
coureurs experts de longue distance : un axe de travail inédit sur cette
population.
Cet état de l'art a montré comment, dans le
demi-fond, la performance en course à pied peut être
améliorée par un entraînement en force musculaire et en
course à pied pour développer la V?O2max (pas un
prédicteur de performance). Toutes les études
considérées ont établi un programme
non-personnalisé de renforcement musculaire, visant seulement à
améliorer la force et/ou la raideur musculo-tendineuse des membres
inférieurs, en s'abstenant d'individualiser l'entraînement selon
les déficits de chaque coureur. Ce processus contraint l'athlète
à s'adapter à un programme général, alors que le
rôle de l'entraîneur est d'individualiser au maximum son
intervention.
La question qui se pose alors est de savoir si l'optimisation
du profil force-vitesse vertical, par du renforcement musculaire
spécifique et individualisé, influencerait naturellement la
biomécanique de course et ainsi l'économie de course, chez le
coureur expert de longue distance.
Dans un premier temps, ce travail de recherche s'appuie sur
l'optimisation du profil force-vitesse vertical en réduisant le
déséquilibre entre production de force et de vitesse des membres
inférieurs. Pour ce faire, un protocole de renforcement musculaire
spécifique au déficit rencontré (déficit de force
ou vitesse) a été mis en place.
Dans un second temps, nous avons évalué
l'influence de l'optimisation du profil force-vitesse vertical sur la
biomécanique de course d'un coureur de longue distance, en s'appuyant
sur les temps de contact au sol (TC), les temps de vol (TV), la cadence (C),
l'oscillation verticale (Äy), la force maximale relative (FmaxR) et la
raideur de jambe (Kleg) ; tous ces paramètres sont des indicateurs de
l'économie de course et, de ce fait, de performance. La force maximale
relative et la raideur de jambe sont calculées selon les formules
suivantes, données par Morin et al. (2005) :
Furax1
FmaxR = mg Kleg = Furax X ?L-
où Fmax = mgir 2 (Tc Tv + 1) et ?L = L -
JL2 - (vZc)2 + ?y
Avec m la masse (kg), g la gravité
(m/s2), y la vitesse de course (m/s), TC le temps
de contact au sol (s), TV le temps de vol (s), L la longueur
du membre inférieur du grand trochanter à la pointe des pieds en
flexion plantaire (m) et ?y l'oscillation verticale (m).
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Pour ce faire, deux groupes de participants (Contrôle et
Expérimental) ont réalisé deux batteries de tests
comprenant une mesure du profil force-vitesse vertical et un test de course
à pied à vitesse constante sur tapis (85 % VMA),
entrecoupées de 8 à 45 jours, durant lesquels le groupe
Expérimental a suivi un programme de renforcement musculaire des membres
inférieurs, réalisé au JC Iten Training Camp (Kenya).
Pour ces tests, nous avons utilisés les applications
smartphone My Jump 2 (Balsalobre-Fernández et al., 2015) et
Runmatic (Balsalobre-Fernández et al., 2017),
vérifiées scientifiquement, mais également une barre de
squat avec poids et un tapis de course motorisé. Nous avons
mesuré les évolutions entre les données issues des tests
pré- et post-renforcement musculaire spécifique, pour le groupe
Expérimental et comparé les groupes entre eux (avec ou sans
entraînement).
L'hypothèse émise veut que le
rééquilibrage du profil force-vitesse vertical, par un
renforcement musculaire spécifique, induise une biomécanique de
course plus efficiente et ainsi une meilleure économie de course. Ainsi,
pour une même vitesse de course entre le Test 1 et le Test 2, cette
meilleure économie de course conduirait à la perception d'un
effort plus facile et se traduirait alors par une augmentation du TC et une
diminution de Äy, FmaxR et Kleg.
III. Méthode
III.1. Participants
Dix adultes coureurs experts de longue distance volontaires
(10 hommes, 27 ans #177; 5 ans, volume hebdomadaire d'entraînement
médian = 9 h, nombre d'années de pratique médian = 8 ans,
âge de début de l'athlétisme médian = 15 ans,
étendue de performance sur 5 km/10 km = 14'20 - 18'20/30'30 - 38') ont
participé à l'étude (Cf. Annexe 1). Les participants
étaient issus de la population locale d'Iten, d'Europe et d'autres pays.
Le recrutement s'est fait parmi les stagiaires du JC Iten Training Camp et des
athlètes entraînés par Claude GUILLAUME. Les
critères d'inclusion étaient les suivants : (i) avoir une
pratique intensive (4 fois/semaine minimum) de la course à pied de
longue distance au cours des 3 derniers mois, (ii) ne pas avoir une pathologie
ou un traumatisme, (iii) ne pas avoir subi une opération du membre
inférieur au cours des 6 derniers mois, (iv) ne pas présenter de
troubles cardio-vasculaires et circulatoires. Les participants ont donné
leur consentement écrit avant le début de leur passation. Le
protocole a été approuvé par la Faculté des
Sciences du Sport de Marseille et le JC Iten Training Camp.
L'échantillon de dix participants a été
divisé en deux groupes afin d'inclure un groupe Expérimental (n =
6) et un groupe Contrôle (n = 4, pas d'optimisation du profil
force-vitesse vertical).
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