b) Modification des termes de
l'échange
Une augmentation de la production agricole peut entrainer une
baisse des prix. Cette baisse des prix a pour effet une amélioration du
salaire réel dans le secteur non agricole de telle sorte que le salaire
nominal peut y diminuer sans pour autant affecter le niveau de vie. Les termes
de l'échange s'en trouvent modifiés au détriment de
l'agriculture et en faveur des autres secteurs.
L'industrie percevra des profits plus élevés.
Ces profits pourraient être utilisés pour la formation du capital
ou pour la consommation dans les secteurs public ou privé. Dans les
années1920 en URSSS, PREOBRAJENSKI était pour un transfert
forcé du surplus agricole par des termes de l'échange
défavorables à l'agriculture.
Il est question d'effectuer un contrôle de prix pour
arriver à une augmentation rapide du prix relatif des produits
industriels par rapport aux produits agricoles. Un transfert de valeur de
l'agriculture vers le secteur industriel peut ainsi être
observé.
c) Compression des
investissements dans l'agriculture
Même si l'agriculture utilise parfois les produits issus
des autres secteurs, elle a une contribution nette à la formation du
capital dans ces secteurs.
d) Marché rural des
biens industriels
La véritable croissance et le développement
économique dépendent plus de l'expansion du secteur non agricole.
Mais les obstacles à l'expansion de ce secteur proviennent aussi de la
faiblesse des bénéfices sur investissement due à
l'étroitesse des marchés. Un accroissement des revenus des
agricultures offre ainsi des débouchés supplémentaires au
secteur industriel.
2.1.4.4. Agriculture et
transfert de la main d'oeuvre vers l'industrie
La notion de surplus de la main d'oeuvre à
été au centre des développements sur l'impact de
l'agriculture sur le reste de l'économie. En se basant sur l'observation
empirique, les économistes du développement de la première
génération ont essayé de formaliser les différents
mécanismes à travers lesquels l'excédent de la main
d'oeuvre du secteur agricole est transféré vers le reste de
l'économie.
Le cadre de l'analyse se fait généralement
à travers un modèle bi- sectoriel. Ils mettent en évidence
deux secteurs dans l'économie: un secteur traditionnel, de subsistance
ou encore agricole et un secteur moderne ou non agricole. Les premiers
éléments de ces analyses se retrouvaient déjà au
18e siècle.
RICARDO (1817) dans the principes of political economy
and taxation, a présenté le plus connu des premiers
modèles. Il part de deux hypothèses: présence d'un secteur
agricole à rendements décroissants et existence d'une main
d'oeuvre sous-employée dans ce secteur. RICARDO affirme que le secteur
industriel peut recruter dans le secteur agricole sans qu'il y ait une hausse
de salaire dans le secteur urbain ou le secteur rural.
La version moderne des modèles bi sectoriels a
été initiée par l'économiste LEWIS (1955). Il
considère ainsi deux secteurs dans l'économie. D'une part le
secteur moderne, développé, capitaliste dans lequel il existe un
marché bien structuré. Et d'autre part le secteur traditionnel
qui comprend principalement l'agriculture.
Dans son modèle classique d'économie duale,
LEWIS établit, à travers le marché du travail un lien
entre la main d'oeuvre sous-employée et bon marché du secteur
agricole et le niveau de salaire dans le secteur industriel. Le secteur
industriel ou encore secteur avancé utilise du capital qui peut
être accumulé tandis
Pour LEWIS (1955), le développement consiste dans la
« réduction progressive du secteur archaïque et le
renforcement du secteur moderne ». Bien que le surplus de main d'oeuvre
soit observé aussi bien dans le secteur traditionnel que dans le secteur
moderne, dans le secteur traditionnel, il est déguisé.
En ce sens qu'une partie de la main d'oeuvre peut y être
extraite sans que la production agricole n'en pâtisse, les travailleurs
n'auront qu'à augmenter leur volume du travail.
Le secteur moderne va embaucher dans le secteur de subsistance
grâce à un salaire un peu plus élevé mais qui reste
tout de même faible. Il continuera à embaucher tant que la
productivité marginale des travailleurs est supérieure au
salaire. Un profit sera ainsi dégagé. Ce profit sera
réinvesti par les capitalistes, ce qui accroitra la productivité
marginale et permettra d'entamer une nouvelle embauche.
Ce cycle se poursuivra jusqu'à l'égalisation du
salaire et de la productivité marginale des travailleurs.
Il en résultera enfin de compte que tout le surplus de
main d'oeuvre du secteur de subsistance sera absorbé par le secteur
moderne.
Cette baisse conséquente de la main d'oeuvre dans le
secteur de subsistance y entrainera une hausse de salaire. De même, dans
le secteur moderne, les salaires vont s'élever.
Ce modèle de LEWIS, met l'accent sur la part croissante
des profits dans le revenu national, lié à la progression du
secteur capitaliste. L'élévation du taux d'investissement permet
une croissance rapide.
A la suite de LEWIS, FEI et RANIS (1964) vont montrer qu'en
transférant le surplus de main d'oeuvre de l'agriculture vers
l'industrie, l'économie peut complètement se développer.
Ils vont modifier ou améliorer certaines hypothèses du
modèle de LEWIS. L'absorption du surplus de main d'oeuvre est due
à la modification de la répartition des facteurs de production et
ils n'admettent pas que les travailleurs du secteur agricole aient une
productivité marginale quasi nulle.
Pour Fei et RANIS, le transfert de main d'oeuvre doit
être précédé d'une augmentation de la production
agricole. Le taux auquel cette main d'oeuvre est transférée
dépend du taux de croissance de la population, de la qualité des
progrès techniques dans le secteur agricole et la croissance du stock de
capital dans le secteur industriel.
Ces différentes approches du rôle de
l'agriculture limitent cette dernière au rôle d'un secteur
uniquement au service des autres pour l'atteinte du développement. Le
secteur agricole doit fournir aux autres secteurs les ressources
nécessaires à leur développement.
Ainsi, le secteur agricole n'est pas en soi un moteur de
croissance et de développement économique, mais il permet de
réaliser ce développement via les autres secteurs de
l'économie. Avec ses conceptions, la croissance et le
développement renvoient à une « modernisation» de
l'économie, le secteur agricole s'y intègre difficilement. Son
rôle est d'amorcer le développement global de l'économie et
ensuite de s' éclipser?.
Mais de plus en plus des arguments plus récents
plaident en faveur d'un développement du secteur agricole entant que
secteur d'activité propre. L'agriculture pourrait ainsi
contribuer directement à la croissance et au développement.
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