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Institut de Formation en Soins Infirmiers de Beauvais
LE RÔLE DE L'INFIRMIERE DANS L'EDUCATION
THERAPEUTIQUE AUPRES DU PATIENT ATTEINT D'UN INFARCTUS DU MYOCARDE DANS LA
PREVENTION DE LA RECIDIVE DE LA PATHOLOGIE
CARIEN Etienna Aline
|
Travail de Fin d'Etudes
Diplôme d'Etat Infirmier PROMOTION 2018-2021
Remerciements
En préambule de ce mémoire, je remercie toutes
les personnes qui m'ont soutenue pour la réalisation de ce Travail de
Fin d'Etudes. Je remercie ma formatrice de guidance, ma référente
pédagogique pour leur patience, leur écoute, leur
disponibilité et leurs conseils qui m'ont permis de garder confiance en
moi et d'avancer dans ma réflexion et mon positionnement professionnel.
Je remercie la direction de l'IFSI et tous les formateurs pour leur
bienveillance pendant ces trois années ainsi que les professionnels qui
m'ont encadrée pendant mes stages.
Je remercie mes enfants qui m'ont encouragée,
supportée et soutenue pendant ma formation.
A mon grand frère, Jean Marie, emporté par un
infarctus du myocarde, au cours de la rédaction de ce mémoire. Je
te dédie ce travail en témoignage de mon amour fraternel.
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c'est la présence des absents, dans la mémoire des
vivants »
Jean d'Ormesson
GLOSSAIRE
IFSI : Institut de Formation en Soins Infirmiers
TFE : Travail de Fin d'Etudes
CSP : Code de la Santé Publique
IDM : Infarctus Du Myocarde
USIC : Unité de Soins Intensif en Cardiologie
ECG : Electrocardiogramme
HAS : Haute Autorité de la Santé
SAMU : Service d'aide médicale d'urgence
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
MCV : Maladie Cardiovasculaire
FDR : Facteurs de risque
BASIC : Bétabloquant, Antiagrégant
plaquettaire, Statine, Inhibiteur de l'enzyme de conversion, Contrôle des
facteurs de risque
EHPAD : Etablissement d'Hébergement pour Personnes
âgées dépendantes
Sommaire
INTRODUCTION
6
I. DE LA SITUATION
D'APPEL, DU QUESTIONNEMENT A LA QUESTION DE DEPART PROVISOIRE
8
1.1 La situation d'appel
8
1.3 La question de
départ
10
II. L'INTERET
PROFESSIONNEL POUR LE SUJET
11
2.1 Les
motivations
11
2.2 Le
constat
11
2.3
L'intérêt professionnel
12
2.4 Les
compétences infirmières en lien avec l'objet de
recherche
12
III. LE CADRE LÉGISLATIF ET
THEORIQUE
13
3.2.1 L'infarctus du myocarde :
définition et étiologie
15
3.2.2 Les facteurs
de risques cardiovasculaires
15
3.2.3. La symptomatologie
16
3.3 Les premiers
gestes
17
3.4 Le diagnostic et les
traitements
18
3.4.1 Les traitements
médicamenteux
18
3.4.2 Les traitements non
médicamenteux
19
3.4 Le
retentissement de la maladie chronique sur la vie quotidienne du
patient
19
3.5 L'Infarctus du
Myocarde, une maladie chronique
20
3.7 Les représentations sociales de
la maladie
21
3.8 L'acceptation de la maladie
chronique
22
3.9 Le concept d'accompagnement
23
3.10 Les mesures de
prévention
24
3.11 L'Education
thérapeutique
25
3.11.1 L'Education thérapeutique en
phase aigüe
26
3.11.2 L'éducation
thérapeutique en réadaptation en cardiovasculaire
26
3.11.2.2.1 Les
indications de la réadaptation en cardiovasculaire
27
3.11.2.3 Le programme proposé en
réadaptation en cardiovasculaire
27
V. LE CADRE EXPLORATOIRE DE
TERRAIN
29
5.1 La présentation des
structures
29
5.2 La présentation de l'outil
d'enquête
30
5.2.1 Les entretiens
semi-directifs
30
5.3 La population cible
31
5.4 La contextualisation des
entretiens
31
VI. L'ANALYSE-LA PROBLEMATIQUE-LES
HYPOTHESES
32
6.1 L'analyse
32
6.1.1 Synthèse de
l'analyse
46
6.2 La problématique et les
hypothèses
47
6.2.1 La problématique
47
6.2.2 Les hypothèses
48
CONCLUSION
48
Annexe 1
53
Annexe 2
55
Annexes 3
60
Annexes 4
66
Annexes 5
70
INTRODUCTION
Etudiante en troisième année à l'Institut
de Soins Infirmiers du Centre Hospitalier de Beauvais, je rédige ce
Travail de Fin d'Etudes en vue de l'obtention de mon diplôme d'Etat
infirmière.
C'est un travail de plusieurs mois qui me permet
d'expérimenter la recherche infirmière, d'approfondir plusieurs
aspects de la profession, de confronter mes idées au regard des
professionnels et d'optimiser mes connaissances sur l'éducation
thérapeutique auprès du patient atteint d'un infarctus du
myocarde à travers une réflexion approfondie.
Je me suis interrogée, en tant que future
infirmière, au sujet de la prise en soin à long terme des
patients ayant subi un infarctus du myocarde car il s'agit d'une pathologie
chronique, ce qui nécessite un investissement infirmier constant
auprès du patient afin de l'inciter à devenir acteur de sa
maladie. La pathologie de l'infarctus du myocarde est un problème de
santé publique qui m'a conduite à approfondir mes connaissances
personnelles et j'espère que cela pourra être
bénéfique pour les patients que je prendrai en soin dans ma
future fonction d'infirmière.
Après un questionnement préalable sur le
rôle éducatif de l'infirmière en soins intensif
auprès du patient dès la phase aigüe de l'infarctus du
myocarde, je traiterai dans le cadre théorique l'approche globale de
l'infarctus en exposant les facteurs de risque,lessymptômes, le
diagnostic,lestraitements, le caractère chronique de l'infarctus, du
retentissement de la maladie chronique sur la vie quotidienne du patient, la
nécessité de l'éducation thérapeutique et les
concepts dereprésentation sociale de la maladie, et l'accompagnement du
patient.
Dans un second temps, j'aborderai dans la phase exploratoire
de terrain, la présentation des différentes structures de soins,
l'outil d'enquête, la population enquêtée, l'analyse des
entretiens, la problématique et les hypothèses.
I. DE LA SITUATION D'APPEL, DU
QUESTIONNEMENT A LA QUESTION DE DEPART PROVISOIRE
1.1 La
situation d'appel
J'ai rencontré ma situation d'appel lors de mon stage
en semestre 4 dans une Unité de Soins Intensifs en Cardiologie (USIC).
C'est un service de courte durée prenant en soins les patients
présentant une pathologie cardio-respiratoire en phase aiguë ou
chronique, en hospitalisation complète ou en ambulatoire.
M. B, patient octogénaire (83 ans), est
hospitalisé pour un infarctus du myocarde. Dans ses
antécédents, on note un infarctus en 1993 et des pathologies
chroniques telles qu'une dyslipidémie et une hypertension
artérielle traitées depuis 27 ans.
Alors que je me trouvais à mi-parcours de mon stage,
je me suis rendue dans la chambre de Mr B pour effectuer la réfection de
son lit, celui-ci me confie : « je ne comprends pas pourquoi
j'ai refait un infarctus parce que je prends bien tous mes médicaments.
Je crois que le docteur n'a pas bien fait son travail la première
fois ».
J'ai donc terminé la réfection du lit, et j'ai
proposé à M. B de revenir un peu plus tard, le temps du lavage
des mains et de voir avec l'infirmière encadrante si je pouvais me
libérer pour discuter avec lui.
Notre échange a commencé par un questionnement
sur les raisons de son hospitalisation. Il a répondu
« j'ai les artères bouchées et on m'a posé
des stents ».J'ai pris l'initiative de l'interroger sur
l'observance de son traitement, son hygiène de vie, et ses habitudes
alimentaires.
Le patient affirme à nouveau avoir une bonne
observance de ses traitements mais dans ce qu'il décrit concernant son
alimentation, je me rends compte qu'il a une alimentation riche en glucides et
en lipides. De plus, c'est une personne sédentaire.
Je lui ai demandé s'il connaissait ses facteurs de
risque et il m'a dit qu'il n'en avait pas. Je lui ai donc expliqué qu'il
présentait de l'hypertension artérielle, une dyslipidémie
et à cela s'ajoute la sédentarité et que l'ensemble
de ces problèmes était les facteurs de risque potentiellement
à l'origine de son infarctus.
Je me suis interrogée sur les raisons de la
non-observance de Mr B, qui pourrait être liée à une
incompréhension, à une prise en charge inadaptée, ou
à un déni. En effet les maladies chroniques telles que les
maladies cardiovasculaires sont des problèmes de santé qui
nécessitent une prise en charge de longue durée voire à
vie. Les différentes pathologies cardiovasculaires nécessitent
une mise en place et un respect strict et rigoureux des règles
hygiéno-diététiques.
Dans cette situation, il importe d'informer le patient sur
l'importance des règles telles que la lutte contre la
sédentarité (exercices physiques), l'importance d'une
alimentation équilibrée adaptée (alimentation pauvre en
lipides, en glucides). Le patient semble ne pas prendre conscience de la
gravité de sa pathologie et les risques de récidive s'il ne
suivait pas les règles hygiéno-diététiques strictes
que sa maladie lui impose. Je me suis permise de lui expliquer qu'à la
prise des traitements il doit associer la correction des facteurs de risque
afin de réduire les risques de récidive.
Après mon entretien avec le patient, j'en ai
discuté avec l'infirmière encadrante sur les actions que je
pouvais mettre en place dans ce contexte. J'avais conscience que si Mr B ne
respectait pas les règles hygiéno-diététiques que
lui imposait sa pathologie, il s'exposait à un risque de récidive
ou de complications. Elle m'a dit que la prise en soins du patient en USIC est
surtout dans le traitement d'urgence. Cependant qu'il existait un service de
prévention et d'éducation thérapeutique qui prenait en
charge les patients ayant été victime d'infarctus.
J'ai été interpellée par l'attitude du
patient qui pensait que sa récidive résultait de
l'incompétence des médecins lors de son premier infarctus mais
vraisemblablement ne réalisait pas les conséquences du
non-contrôle des facteurs de risque. J'ai pensé qu'il était
important que ce patient soit suivi et avec l'accord de l'infirmière, je
lui ai remis le numéro du service de prévention et
d'éducation thérapeutique de l'hôpital.
1.2 Le
questionnement
Epidémiologie
§ L'introduction de l'ETP dans un contexte d'infarctus du
myocarde a-t-elle réduit les risques de récidive ?
§ Quelles sont les données
épidémiologiques officielles à dispositions et
qu'indiquent-elles ?
§ L'ETP contribue-t-elle a réduire le nombre
d'hospitalisation en lien avec un infarctus ?
Le patient
§ La prisedeconscience du patient concernant ses facteurs
de risque est-elle suffisante ?
§ Le patient a-t-il des représentations sur sa
pathologie ou sur les soins ?
§ Ses représentations ont-elles un impact sur la
prise en charge du patient ?
§ Le patient rencontre-t-il des difficultés
à suivre un traitement au long court ?
Sciences infirmières
§ Qu'est-ce que l'Education thérapeutique du
patient ?
§ Quelle place à l'ETP dans le cadre d'un
infarctus du myocarde ?
§ Pourquoi l'infirmière doit-elle
s'intéresser à l'ETP dans le cadre d'un infarctus du
myocarde ?
§ L'Education thérapeutique peut-elle modifier la
méthode de la prise en soins de du patient ?
1.3 La
question de départ
De ce questionnement découle la question de
départ provisoire suivante :
En quoi le rôle de l'infirmière dans
l'éducation thérapeutique est essentiel auprès du patient
atteint d'un infarctus pour prévenir la récidive de la pathologie
?
II.
L'INTERET PROFESSIONNEL POUR LE SUJET
2.1 Les motivations
J'ai exercé en qualité d'aide soins dans une
Unité de Soins Intensifs de Cardiologie (USIC) pendant une dizaine
d'année. Déjà dans l'exercice de cette fonction,
j'étais très captivée par le coeur et les pathologies
cardiaques.
Ainsi, lors de ma deuxième année de formation
infirmière et plus précisément en Semestre 4, j'ai
effectué, à ma demande, un stage en Unité de Soins
Intensifs de Cardiologie. Ce stage était très enrichissant non
seulement sur le plan pratique mais également sur le plan
théorique car il a complété mes connaissances sur les
pathologies cardiaques et les processus obstructifs, de l'unité
d'enseignement 2.8 dispensée par l'IFSI ainsi que mes connaissances
pharmacologiques. Durant ce stage, j'ai rencontré ma situation
d'appel.
Pendant l'exercice de ma profession d'aide soins, et
également durant mon cursus d'étudiante infirmière, j'ai
pris en soins un certain nombre de patients atteints d'infarctus du
myocarde.
2.2 Le constat
L'infarctus garde encore une forte prévalence et le
nombre de décès reste élevé aujourd'hui
malgré les progrès de la médecine et tous les moyens mis
en oeuvre par celle-ci.
Selon la Fédération française de
Cardiologie : « Les maladies cardiovasculaires
représentent environ 147 000 décès
chaque année en France. Il s'agit de la deuxième cause de
mortalité, après les 154 000 décès par cancer.
Les maladies cardiovasculaires touchent les hommes et les femmes de tout
âge du fait de l'augmentation des comportements à risque que sont
le tabagisme, l'obésité, la sédentarité et le
stress.
Le nombre d'infarctus du myocarde est estimé
à environ 120 000 par an. Les MCV représentent la
première cause de décès chez les
femmes ».1(*)
Le nombre d'hospitalisations lié
à cette pathologie est encore très important :
« En France métropolitaine et en 2005, 312 900
personnes ont été hospitalisées pour une maladie
coronarienne (femme dans 1 cas sur 3), 167 301 pour un syndrome coronarien
aigue ou un infarctus du myocarde2(*) ».
La prise en charge de cette pathologie représente un
poids économique considérable pour notre système de
santé : « Les MCV sont à l'origine de 10 %
environ des séjours hospitaliers et constituent environ 30 % des
affections de longue durée prises en charge par la Caisse Nationale
d'Assurance Maladie. Les coûts directs et indirects se situent autour de
28 milliards d'euros chaque année ».3(*)
2.3
L'intérêt professionnel
L'infarctus est un problème majeur de santé
publique et nécessite non seulement une prévention primaire, mais
également et surtout la mise en oeuvre de mesures de prévention
secondaire et tertiaire pour éviter une récidive et/ou une
complication après un infarctus (insuffisance cardiaque, mort
subite...).
L'Education thérapeutique du patient est une mesure
indispensable pour améliorer les comportements, la prise en charge
globale du patient et de son entourage.
2.4 Les compétences infirmières en lien avec
l'objet de recherche
La formation du diplôme d'état permet à
celle-ci d'acquérir la compétence 5 nécessaire pour :
« initier et mettre en oeuvre des soins éducatifs et
préventifs ». Elle est formée pour concevoir et
mettre en oeuvre une démarche d'éducation thérapeutique.
La formation infirmière dispense de 2100 heures théoriques et
pratiques réparties sur les trois années de formation, dont 42 h
de formation concernant l'ETP.
En raison de sa formation, l'infirmière se trouve en
première ligne et joue un rôle majeur dans l'ETP.
Il existe également un diplôme universitaire qui
forme à l'éducation thérapeutique.
Après avoir évoqué le contexte de mon
étude, il est important dans une première étape d'examiner
le cadre législatif et théorique de l'ETP.
III.LE CADRE LÉGISLATIF ET THEORIQUE
3.1 Le cadre législatif4(*)
La maladie chronique de manière générale
(asthme, diabète, maladie coronarienne...) comprend également des
périodes aigües qui nécessitent une participation active du
patient et de son entourage. Ils doivent avoir des connaissances sur la
pathologie, sur les traitements, ainsi qu'une bonne surveillance des signes
évocateurs d'alerte de la pathologie.
L'ETP a été introduite dans la loi de
santé publique : « Hôpital Patients Santé
Territoire » voté en juillet 2009 :
« Art. L.1161-1.
L'Education thérapeutique s'inscrit dans le parcours de soins du
patient. Elle a pour objectif de rendre le patient plus autonome en facilitant
son adhésion aux traitements prescrits et en améliorant sa
qualité de vie. Elle n'est pas opposable au malade et ne peut
conditionner le taux de remboursement de ses actes et des médicaments
afférents à sa maladie [...]. »
« Art. L.1161-2 les
programmes d'éducation thérapeutique du patient sont conformes
à un cahier des charges national dont les modalités
d'élaboration et le contenu sont définis par arrêté
du ministre chargé de la santé. Ces programmes sont mis en oeuvre
au niveau local, après autorisation des agences régionales de
santé. Ils sont proposés au malade par le médecin
prescripteur et donnent lieu à l'élaboration d'un programme
personnalisé. Ces programmes sont évalués par la Haute
Autorité de Santé ».
L'ETP fait partie du rôle propre de l'infirmière.
Le code de la santé publique stipule dans son :
« Art. L. 4311-1 : Est
considérée comme exerçant la profession
d'infirmière ou d'infirmier toute personne qui donne habituellement des
soins infirmiers sur prescription ou conseil médical, ou en application
du rôle propre qui lui est dévolu.
L'infirmière ou l'infirmier participe à
différentes actions, notamment en matière de prévention,
d'éducation de la santé et de formation ou
d'encadrement ».5(*)
L'ETP est indissociable des soins, des thérapeutiques,
elle renforce les compétences du patient et/ou de son entourage tout au
long du projet de soins et vise à améliorer la qualité de
vie de ce dernier.
L'ETP est une forme de soin qui permet aux patients de
maintenir une bonne santé. Comme tous les soins, le patient a le droit
de le refuser depuis la loi du 4 mars 2002 (loi Kouchner) relative aux droits
des patients et à la qualité du système de santé.
Cette loi stipule qu'il est impératif d'obtenir le consentement libre et
éclairé du patient avant de lui administrer un traitement ou de
pratiquer un acte médical.6(*)
Face une situation de refus de soins du patient, il importe
donc au soignant d'établir une relation thérapeutique optimale
avec le soigné pour le conduire à adhérer aux soins sans
aucune réticence.
Nous pouvons donc constater que le législateur a
encadré comme souvent en matière médicale, les soins dans
un cadre législatif contraint. Il convient donc de définir
clairement l'infarctus du myocarde, les facteurs de risques, les
symptômes, mais également les premiers gestes, le diagnostic et
les traitements.
Ce cadre théorique ne saurait être complet sans
aborder les aspects sociaux et ses impacts sur la vie quotidienne du patient,
ainsi que les mesures préventives et éducatives
corrélatives.
3.2 Le cadre théorique
3.2.1 L'infarctus du
myocarde : définition et étiologie7(*)
L'infarctus du myocarde est caractérisé par la
présence d'un caillot sanguin appelé thrombus situé dans
une artère coronaire (artère qui irrigue le coeur)
empêchant la circulation du sang et entrainant la nécrose du
muscle cardiaque, le myocarde.
La Fédération française de
cardiologie définit l'infarctus en ces termes :
« c'est une complication de l'angine de poitrine, il se
définit comme la nécrose d'une partie plus ou moins grande du
muscle cardiaque, lorsque cette zone n'est plus irriguée par les
artères coronaires lui apportant normalement l'oxygène
véhiculé par le sang ».
« L'artère coronaire correspondante peut
être obstruée par un caillot ou thrombus (thrombose),
rétrécie par des plaques d'athérome
(athérosclérose) ou momentanément fermée par un
spasme (contraction spontanée d'une artère de durée
variable), la route du sang étant ainsi coupée.
L'évènement déclencheur est, presque toujours,
la rupture ou l'érosion d'une plaque
d'athérome. »
3.2.2 Les facteurs de risques
cardiovasculaires
On distingue deux
catégories de facteurs responsables d'un infarctus. D'une part, on
retrouve les facteurs intrinsèques c'est-à-dire ceux qui sont
physiologiques et, qui par conséquent ne peuvent être
modifiés. Dans cette catégorie, on note que le sexe est un
facteur important, en effet, les hommes sont plus touchés par
l'infarctus que les femmes. Ensuite, on observe que les personnes
âgées de plus de 50 ans sont plus concernées que les plus
jeunes. Enfin l'hérédité c'est-à-dire les
antécédents familiaux sont comme le sexe et l'âge des
facteurs non modifiables.
D'autre part, on retrouve lesfacteurs de risque
extrinsèquesc'est-à-direqui ne sont pas propres à l'homme
mais qui sont acquis par des mauvaises habitudes de vie.
Les plus fréquents sont le tabac,
l'hypercholestérolémie, l'hypertension artérielle, le
diabète, la sédentarité, l'obésité, le
stress. Tous ces facteurs favorisent l'agrégation des plaquettes.
3.2.3. La symptomatologie
Il est important pour le patient de connaitre les signes de
l'infarctus et de les différencier des autres douleurs, car la
méconnaissance des symptômes retarde la prise en charge et peut
être fatale pour le patient. Chaque patient décrit son
problème cardiaque avec ses propres mots et sa propre
expérience, certains parlent d'une barre au niveau de la poitrine,
d'autres ressentent un écrasement dans le torse ou un blocage de la
respiration.
3.2.3.1 Les symptômes typiques8(*)
L'infarctus se manifeste le plus régulièrement
par une douleur rétro sternale qui irradie dans le bras gauche, le dos
et la mâchoire. Cette douleur peut entrainer un malaise, ou une perte de
connaissance mais le risque majeur de l'infarctus est l'arrêt
cardiaque.
3.2.3.2 Les symptômes atypiques
Certains symptômes peuvent être trompeurs, car ils
ne sont pas typiques à l'infarctus, c'est-à-dire qu'ils
apparaissent sans douleur thoracique et peuvent être banalisés par
le patient.
L'infarctus peut se manifester par une fatigue intense, des
sueurs, des sensations de chaleur, d'une pâleur, mais aussi d'un
essoufflement à type de dyspnée, d'agitation, de palpitations
(tachycardie), de douleurs, d'irradiations, d'une douleur localisée et
isolée aux bras, épaules, poignets, mâchoire, dos, de
troubles digestifs tels que des nausées, et/ou de
vomissements.
3.2.3.3 La forme asymptomatique
Souvent chez les diabétiques, les personnes
âgées ou chez les femmes enceintes, l'infarctus peut se manifester
de manière inaperçue c'est-à-dire que le patient ne
ressentira aucune douleur, ni aucun symptôme c'est ce que l'on appelle la
forme asymptomatique ou la forme silencieuse de l'infarctus.
Cette forme est dangereuse du fait de l'absence de signe
d'alerte, le patient n'est pas inquiété car il ne présente
aucun signe évocateur de la maladie, et par conséquent, il n'y a
pas de diagnostic ni de prise en charge médicale. Le coeur sera
toutefois endommagé et cela sera visible à la lecture d'un
électrocardiogramme ou lors d'un examen médical de routine.
3.3 Les premiers
gestes
Le patient et/ou son entourage doit alerter
immédiatement le SAMU dès la reconnaissance et le repérage
des signes d'alerte d'un infarctus mais également lorsque le patient
présente des signes moins caractéristiques décrits
précédemment.
L'infarctus est une urgence absolue, le temps est un facteur
déterminant, un traitement doit être rapidement mis en
place : la Fédération française de Cardiologie
indique qu'il y a une « réduction de la
mortalité de 50 % pour un traitement lors de la première heure et
de 30 % lors de la deuxième heure. 9(*)
En fonction de la gravité de son état, le
patient peut être orienté, par le médecin régulateur
du SAMU, soit en USIC, soit en cardiologie interventionnelle
(coronarographie).
3.4 Le diagnostic et les
traitements
Le médecin procède à l'examen clinique du
patient en tenant compte de la symptomatologie décrite par celui-ci mais
l'infarctus aigu est confirmé par l'électrocardiogramme et les
enzymes cardiaques principalement la troponine, la CPK MB mais c'est la
coronarographie qui fournitle diagnostic définitif.10(*)
3.4.1
Les traitements médicamenteux
L'artère coronaire obstruée doit être
« débouchée » cette intervention se nomme la
reperfusion. « La reperfusion coronaire permet la circulation
sanguine ou l'irrigation du myocarde »11(*) , en fonction du stade, elle
peut se faire de deux manières :
§ Soit par l'administration d'un thrombolytique
(Actilyse®), il s'agit d'une thrombolyse,
§ Soit par la pose de stents, il s'agit d'une une
angioplastie.12(*)
« L'image représente le principe
de l'angioplastie coronaire avec pose de stent. »
Le stent est un tube maillé en acier posé au
moment de la dilatation de l'artère pour la maintenir ouverte.
Après la reperfusion, un traitement sera
débuté et le patient devra le suivre sur du long terme. Il s'agit
du traitement recommandé par l'ARS depuis 2007 :
« Son appellation est dérivée des quatre classes
pharmaceutiques employées : les
Bêta-bloquant, les Antiagrégants
plaquettaires, les Statines, l'Inhibiteur de
l'enzyme de conversion (IEC). »13(*)
3.4.2 Les traitements non
médicamenteux
Le patient ayant été victime d'un infarctus
doit être informé sur le risque de récidive et sur la
conduite à tenir pour l'éviter.
Il doit avant tout comprendre que le traitement d'urgence que
sont la thrombolyse ou l'angioplastie dont il a fait l'objet ne l'a pas
guéri de l'athérosclérose, qu'il est toujours
présent et peut évoluer.
L'éducation est centrée sur les facteurs de
risque, la diététique et la reprise d'une activité
physique quotidienne, il ne doit aucunement banaliser sa pathologie, ni
négliger l'importance de la suite.
C'est pour cette raison que le traitement non
médicamenteux appelé le Contrôle des
facteurs de risque cardio-vasculaire vient potentialiser le traitement
médicamenteux.
3.4 Le retentissement
de la maladie chronique sur la vie quotidienne du patient
Dans le contexte de la situation de départ, Mr B est
un récidiviste de cette pathologie. Bien que cette récidive
apparaisse 27 ans plus tard, Mr B. présentait déjà lors de
son premier infarctus les mêmes facteurs de risque. Je me suis
interrogée sur sa prise de conscience concernant ses facteurs de risques
déjà lors de son premier infarctus et ensuite lors de sa
récidive. Mr B. affirme n'avoir suivi aucun régime depuis son
premier infarctus en revanche il a une très bonne observance de ses
traitements médicamenteux.
Il semble ne pas intégrer l'importance de l'association
du contrôle des facteurs de risque à son traitement
pharmacologique, cela peut probablement s'imputer à une
incompréhension de la part du patient ou à un manque
d'explication.
Mr B pensait que les traitements médicamenteux
suffisaient pour le protéger d'une récidive de son infarctus. Il
pensait pourvoir gérer seul sa maladie et n'a pas solliciter
l'accompagnement de soignants après son premier épisode
d'infarctus. Il importe que ce patient soit de nouveau informé sur le
caractère chronique de sa pathologie, sur ses facteurs de
risques et qu'il soit pris en charge par une équipe
pluridisciplinaire d'ETP.
La maladie chronique fait désormais partie de la vie
quotidienne du patient, il a besoin du soutien de son entourage et de
l'accompagnement des professionnels de santé pour l'aider à
conserver une bonne qualité de vie.
3.5 L'Infarctus du Myocarde, une maladie chronique
L'OMS, définit une maladie chronique comme :
« une affection de longue durée (de 6 mois ou plus). Les
maladies chroniques en règle générale,
évoluentlentement. Responsables de 63 % des décès, les
maladies chroniques (cardiopathies, accidents vasculaires
cérébraux, cancer, affections respiratoires chroniques,
diabète...) sont la toute première cause de mortalité dans
le monde.14(*)
Les maladies chroniques concerneraient 35 % de la
population française, un chiffre qui ne cesse d'augmenter, constituant
au passage un gouffre financier pour l'assurance maladie. La clé :
des modifications du mode de vie.15(*) »
Plus particulièrement, l'athérosclérose
est une maladie chronique qui peut toucher toutes les artères. Cette
affection a des retentissements sur la vie quotidienne du patient, liés
aux représentations sociales de la maladie et à son acceptation
par le patient qui justifie d'une éducation thérapeutique
ciblée.
3.7 Les représentations
sociales de la maladie16(*)
Le patient a l'annonce de sa pathologie vit une
expérience personnelle qui l'impactera physiquement et
psychologiquement. Les représentations sociales de la maladie sont les
connaissances, les croyances, les opinions, l'image que le patient a ou se fait
de sa pathologie chronique.
Il a ses propres représentations du corps et elles sont
influencées, de manière inconsciente, par son milieu culturel,
social, familial, éducatif, professionnel. Au regard de sa pathologie de
longue durée, le patient perd l'image du corps sain, l'image qu'il a de
son propre corps est malgré lui altérée, désormais
il doit apprendre à vivre au quotidien avec un corps malade. Le soignant
doit accompagner le patient vers l'acceptation d'une nouvelle image
corporelle.
Il acquerra au fur et à mesure des connaissances
concernant sa pathologie, ses traitements, sur les soins, il deviendra acteur
de sa santé. Par ses propres expériences, il apprendra à
bien connaitre son corps, et élargira ses connaissances sur sa
santé, il saurareconnaitre les effets secondaires des traitements, et
apprendra à être attentif aux signes d'alerte d'une
éventuelle récidive.
Le soignant de son côté doit comprendre les
représentations de la maladie du patient pour mieux adapter les soins et
la relation dans le soin.
« Jean-Louis Pedinielli17(*)est professeur de
Psychologie clinique et psychopathologie à l'Université de
Provence et membre du Laboratoire de Psychopathologie clinique et de
Psychanalyse. Selon lui, « la notion de représentation
propre de sa maladie, par le patient, est un objet d'étude important en
psychologie clinique et psychopathologie ».
Il a défini la maladie, vue par le malade, comme
« une expérience individuelle comportant des
retentissements psychologiques, sociaux, culturels » et a
décrit « les représentations individuelles
originales des patients qui en résultent, comme des
« théories ».18(*)
3.8 L'acceptation de la maladie
chronique
La maladie chronique est une maladie non guérissable.
L'annonce de cette maladie par le médecin est une nouvelle d'une grande
importance qui va, inévitablement, provoquer un choc émotionnel
chez le patient.
Il est question de la perte, du deuil d'une santé
antérieure ce qui aura un impact considérable sur l'acceptation
et le vécu de la maladie. L'acceptation de la maladie chronique est un
long processus de maturation que doit traverser tout patient lorsqu'il est face
à cette triste réalité.
Les travaux d'Elizabeth Kübler Ross19(*), psychiatre et
psychologue en 1976, concernant les mourants décrivent
différentes réactions émotionnelles chez le patient avant
l'acceptation de la maladie. Selon elle « une perte
entraîne habituellement un sentiment de tristesse ou de deuil, ce qui est
une réaction humaine tout à fait normale ».
Cinq phases se succèdent avant que le patient
l'acceptation de la maladie :
§ « Le choc initial et le
déni : « phase où les émotions
semblent pratiquement absentes. C'est en quittant ce stade que la
réalité de la perte commence à s'installer
§ La colère :
« la personne est confrontée à l'impossibilité
d'un retour à la situation dont elle doit faire le deuil
§ Le marchandage :
« phase des négociations, des chantages
utilisant la situation ou l'un de ses aspects »
§ La dépression :
« grande tristesse, détresse, remises en
question »
§
L'acceptation : « la
dernière phase. Celle pendant laquelle l'endeuillé reprend le
dessus. La réalité est beaucoup mieux comprise et
acceptée. La vie peut être réorganisée en fonction
de la perte à présent intégrée ».
L'acceptation de la maladie n'est pas toujours acquise
d'emblée même si le patient comprend qu'il doit suivre un
traitement à vie et qu'il connait le mécanisme d'action de chacun
de ses médicaments.
Certains patients ont une mauvaise observance de leurs
traitements et/ou de leur régime alimentaire. Cette mauvaise observance
est en lien avec un processus de déni de la maladie. Il est donc
primordial de comprendre la représentation de la maladie par le patient
pour lutter contre le déni.
3.9 Le concept
d'accompagnement
Les patients atteints d'une maladie chronique sont souvent
soumis à un traitement à long terme, c'est parfois contraignant
et souvent définitif. Par conséquent, ils peuvent avoir certains
comportements qui expriment leurs difficultés à accepter leurs
maladies ce qui complique leur prise en charge.
C'est pourquoi un accompagnement relationnel est
nécessaire pour ces patients. Un accompagnement relationnel fait
référence à un soutien psychologique mais aussi spirituel
apporté soit par un soignant, un psychologue ou un
bénévole.
L'accompagnement est un travail d'équipe qui
nécessite des rencontres et un dialogue au sein d'une équipe
soignante.
Virginia HENDERSON20(*) , était une infirmière
américaine diplômée en 1921 qui a publié une
théorie sur les besoins fondamentaux de l'homme. Elle cite :
« le rôle essentiel de l'infirmière consiste
à aider l'individu malade au maintien ou au recouvrement de la
santé21(*).
L'accompagnement des patients est une des compétences primordiales en
tant qu'infirmière. L'accompagnement doit être
individualisé, personnalisé, et doit prendre en compte le
vécu et le ressenti du patient. L'accompagnement comprend
également le suivi de l'évolution de l'état physique et
psychique du patient.
Philippe BAGROS22(*), est un néphrologue,
responsable du département des Sciences humaines définit le terme
Accompagner : « c'est être le témoin solidaire
du cheminement d'un autre ». Et il introduit
immédiatement dans les éléments de réflexion le
concept d'altérité. « Pour comprendre
l'accompagnement, il faut avoir accepté l'altérité :
l'autre est radicalement différent de nous, bien que
semblable ».23(*)
Maela PAUL, Docteure en Sciences de
l'Education, Praticienne-Chercheur auprès des professionnels de
l'accompagnement24(*),
définit l'accompagnement comme :
« un processus visant à l'autoformation
collaborative où la personne accompagnée est auteure de sa
démarche, déconstruit et reconstruit ses savoirs au travers de
médiations multiples 25(*)».
Margot PHANEUF, professeure de sciences
infirmières et consultante internationale, décrit
l'accompagnement en ces termes :« accompagner quelqu'un,
cen'est pas se placer devant, ni derrière ni à sa place. C'est
être à ses côtés pour le soutenir26(*) ».
3.10Les mesures de
prévention
Les autorités de santé ont mis en place un
certain nombre de mesures de prévention destinées à
éviter ou à réduire la gravité des maladies et des
accidents.
La Haute Autorité de santé définit la
prévention en ces termes : « elle consiste
à éviter l'apparition, le développement ou l'aggravation
de maladies ou d'incapacité ». 27(*)
Sont classiquement distinguées, dans le cadre
de la prévention de l'infarctus :
§ La prévention primaire qui agit en
amont de la maladie
Elle consiste à prodiguer au patient des conseils
hygiéno-diététiques tels que la pratique d'une
activité physique régulière, le maintien d'un poids de
santé (IMC), l'arrêt du tabac, le contrôle de sa tension
artérielle, et à réduire son taux de cholestérol
LDL28(*)
§ La prévention secondaire qui agit
à un stade précoce de son évolution (dépistage),
L'inhibition plaquettaire est préconisée chez un
patient à risque en association avec les mesures de la prévention
primaire.
Elle est effectuée « soit en
monothérapie : Acide acétylsalicylique
(Aspégic®, Aspirine®, Kardégic®) ou soit en
bithérapie Acide acétylsalicylique et Clopidogrel (Plavix®)
ou Acide acétylsalicylique ou Ticagrelor
(Brilique®) »29(*).
§ La prévention tertiaire qui agit sur
les complications et les risque de récidive. »30(*)
L'ETP fait partie de la prévention tertiaire. Le
professionnel de santé transmet une partie de son savoir et de son
savoir-faire au patient afin d'améliorer sa santé.
3.11 L'Education
thérapeutique
En raison de son caractère chronique, la pathologie de
l'infarctus du myocarde justifie de la mise en oeuvre de l'éducation
thérapeutique. L'ETP doit être considérée en
plusieurs phases pour répondre à l'urgence et agir dans la
durée pour prévenir la récidive.
3.11.1 L'Education
thérapeutique en phase aigüe
En phase aigüe de la maladie, la prise en soins de
l'infarctus se fait en soins intensif et elle consiste essentiellement dans
l'administration de thérapeutiques parce qu'il s'agit d'une urgence
médicale absolue.
Le séjour du patient est très rapide en soins
intensifs ce qui limite la mise en oeuvre de l'ETP. Le rôle de
l'infirmière en soins intensifs est d'informer le patient sur le risque
de récidive de sa pathologie et des mesures qui lui appartient de
prendre pour les éviter. La phase aigüe n'est pas un moment
très approprié pour proposer l'ETP et obtenir une adhésion
totale du patient, mais l'infirmière peut expliquer
l'intérêt de l'ETP au patient au vu de ses comorbidités.
La proposition d'ETP faite au cours de la phase aigüe de
la maladie est le début de l'ensemble de la prise en charge
éducative qui doit se faire en collaboration avec les médecins
libéraux, l'équipe pluridisciplinaire, l'équipe du
pôle de prévention et d'éducation thérapeutique ou
avec un établissement de rééducation cardiovasculaire qui
poursuivra cette éducation à la suite de l'hospitalisation.
3.11.2
L'éducation thérapeutique en réadaptation en
cardiovasculaire
3.11.2.1 Définition de la
réadaptation en cardiovasculaire
Selon l'OMS « la réadaptation
cardio-vasculaire est l'ensemble des activités nécessaires pour
influencer favorablement le processus évolutif de la maladie ainsi que
pour assurer au patient la meilleure condition physique, mental, et sociale
possible, afin qu'ils puissent, par leurs propres efforts, préserver ou
reprendre une place aussi normale que possible dans la vie de la
communauté 31(*)».
3.11.2.2.1 Les indications de la
réadaptation en cardiovasculaire
La réadaptation cardiaque est préconisée
pour la majorité des pathologies cardiaques. Elle concerne
principalement les personnes présentant une insuffisance cardiaque,
celles ayant eu une pathologie coronarienne de type infarctus, qu'elles soient
traitées médicalement, « stentées »,
ou « pontées ».
Elle est indiquée également aux personnes ayant
bénéficiées d'une chirurgie cardiaque, mais
également aux patients qui sont considérés à haut
risque cardiovasculaire, comme les diabétiques présentant
d'autres facteurs de risque cardiovasculaire32(*).
3.11.2.3 Le programme
proposé en réadaptation en cardiovasculaire
La réadaptation cardiaque vise à permettre au
patient de récupérer ou d'améliorer sa santé. Elle
permettra au patient de mieux comprendre sa maladie et comment la prendre en
charge, c'est une aide nécessaire après une pathologie importante
comme l'infarctus.
La réadaptation cardiaque est une période
nécessaire pour « équilibrer les facteurs de
risque cardiovasculaire et modifier les comportements vis-à-vis du
tabac, de l'alimentation, et de la sédentarité ».
33(*)
3.11.2.3 Le réentrainement physique34(*)
Le réentrainement physique fait partie
intégrante de la prise en soins du patient en post-infarctus. Il est
bénéfique pour la correction des facteurs de risque et pour le
système cardiovasculaire. La pratique d'une activité physique
réduit considérablement la mortalité.
3.11.2.5 L'atelier thérapeutique
Cet atelier, formé de petits groupes, offre
unaccompagnement thérapeutique pendant des sessions d'une heure au cours
desquelles le patient reçoit des informations personnalisées lui
permettant de comprendre sa maladie et ses traitements.
Ces ateliers ont pour missions principales la gestion du
stress, la nutrition ainsi que le sevrage tabagique.
3.11.2.6 La
correction des facteurs de risque
Le patient devra prendre à vie des antiagrégants
plaquettaires qui ont pour but de fluidifier le sang et d'éviter la
formation de thrombus.Le patient devra désormais et sur du long terme
contrôler ou réduire ses facteurs de risques.
Cette correction nécessite l'arrêt du tabac, un
équilibrage alimentaire pour éviter l'excès de poids, mais
aussi avoir suffisamment d'activité physique et éviter le stress
permanent. A ce traitement va s'ajouter si nécessaire un
antihypertenseur, une statine, un antidiabétique.
Les personnes atteintes d'une maladie chronique doivent
manifester une réelle motivation pour éviter une récidive
de leur pathologie. Ceci nécessite souvent une admission dans un service
de réadaptation où une équipe pluridisciplinaire
formée et expérimentée pourra assurer leur accompagnement
dans le processus de correction des facteurs de risque. L'équipe
pluridisciplinaire est formée de cardiologues, d'infirmiers, de
kinésithérapeutes, d'un ergothérapeute, d'un
diététicien, d'un psychologue, d'une assistante sociale.
Après avoir examiné les aspects
théoriques de la maladie, il est intéressant de le confronter
à un cadre exploratoire de terrain, afin de comprendre sa mise en oeuvre
pratique dans les soins à travers des entretiens établis dans un
contexte bien défini.
V. LE CADRE EXPLORATOIRE DE TERRAIN
5.1
La présentation des structures
Les professionnels ayant accepté de participer à
l'entretien d'enquête exercent dans des structures différentes.
Deux d'entre elles exercent à l'unité de soins intensifs de
cardiologie de l'hôpital la Salpêtrière. Ce service a pour
mission de prendre en soins principalement des patients présentant des
pathologies coronaires en phase aigüe de type infarctus du myocarde.
L'unité a une capacité d'accueil de 17 lits dédiés
aux maladies cardiaques.
Une autre infirmière travaille dans le service de
cardiologie et maladies vasculaires du Centre hospitalier de Montpellier. Ce
service accueille des patients souffrants de maladies cardiaques de type
valvulopathie, coronaropathie, d'infarctus du myocarde après la sortie
en unité de soins intensifs. La capacité d'accueil du service est
de 64 lits.
La quatrième infirmière travaille dans un
service de soins de suite et de réadaptation polyvalent. Cette structure
dispose d'une capacité d'accueil de 32 lits. Elle accueille des patients
qui viennent de différents hôpitaux, maisons de retraite et
cliniques. L'établissement assure une l'activité de prise en
charge visant à rééduquer et/ou à réadapter
le patient ou son environnement (lieu de vie). Les patients y sont
orientés après la phase aiguë d'une pathologie ou en raison
d'une altération de leur autonomie à l'issue d'une
hospitalisation.
5.2
La présentation de l'outil d'enquête
5.2.1 Les entretiens
semi-directifs
Pour effectuer ces entretiens nous allons nous aider d'un
guide d'entretien35(*)
préparé au préalable : toutes les questions de ce guide ne
seront pas forcément posées, et d'autres pourront être
rajoutées, cela dépendra de ce que la personne aura
répondu aux questions précédentes. Dans le cas où,
les questions principales ne sont pas assez claires, nous pouvons clarifier les
réponses par des questions de relance.
Ce guide comporte des questions ouvertes ce qui permet d'avoir
une ouverture dans la formulation des questions afin de ne pas induire des
réponses mais d'enrichir l'analyse. Cet entretien semi-directif a pour
objectif de recueillir les expériences des infirmières sur
l'objet de recherche.
Pour l'enquête, nous avons choisi la méthode de
l'entretien semi-directif d'après Walter HESBEEN et
William d'HOORE36(*). « Il s'agit d'une méthode de
collecte d'informations et de données qui se déroule dans une
relation d'interaction en vis-à-vis entre deux personnes,
l'intervieweuse et l'interviewée ».
Cette méthode va permettre à la personne
interrogée de dire ce qu'elle pense sans barrière, le but
étant de faire une enquête qualitative. Le fait de poser des
questions ouvertes va permettre à l'interlocuteur de répondre
sans que l'enquêteur puisse involontairement induire les réponses.
Ces questions vont permettre à l'enquêteur de
diriger l'entretien tout en laissant la personne interrogée de
répondre comme bon lui semble.
Celui-ci a pour objectif delaisser le dialogue ouvert, il
favorise ainsi l'échange et il nous permettra d'ouvrir notre
questionnement de recherche.
Les questions 1 à 7 traitent
de l'Education thérapeutique du patient.
Les questions 8 à 10 traitent des pratiques
infirmières en ETP.
Les questions 11 à 17 traitent des
bénéfices de l'ETP pour le patient.
Les questions 18 et 19 traitent de l'ETP et la
réduction du nombre d'hospitalisation.
5.3 La population cible
Nous avons effectué les entretiens auprès
d'infirmières qui se sont portées volontaires sur la
thématique de l'éducation thérapeutique d'un patient
après un infarctus.
Nous avons interrogé deux infirmières
travaillant en unité de soins intensifs, une infirmière en Soins
de Suite et de Réadaptation, et une autre infirmière en service
de cardiologie conventionnelle. Elles présentent des expériences
diverses et des parcours professionnels différents mais prennent
régulièrement en soins des personnes atteintes d'infarctus du
myocarde.
5.4 La contextualisation des
entretiens
Nous nous sommes d'abord présentés, avons
expliqué l'objet de cet entretien et indiqué qu'il s'inscrit dans
le cadre de notre travail d'initiation à la recherche pour la
dernière année d'études de la formation en soins
infirmiers.
Nous lui avons demandé si elle était d'accord
pour que l'entretien soit enregistré dans le but de retranscrire le plus
fidèlement possible ses réponses et nous lui précisons que
l'entretien sera anonyme.
La première infirmière que l'on va appeler
IDE 1, est âgée de 24 ans, diplômée
depuis mars 2019, elle travaille dans un service d'Unité de Soins
Intensifs en Cardiologie depuis 2 ans, il s'agit de sa première
expérience d'infirmière. L'entretien a duré trente minutes
et s'est déroulé à son domicile.
La deuxième infirmière que l'on va appeler
IDE 2, a 27 ans, elle est diplômée depuis juillet
2016, travaille dans le service de cardiologie conventionnelle depuis 4 ans,
elle a commencé à travailler comme intérimaire dans
plusieurs structures, en psychiatrie, en ambulatoire avant d'intégrer la
cardiologie. L'entretien s'est déroulé à mon domicile et a
duré 25 minutes.
La troisième infirmière que l'on va appeler
IDE 3, a 25 ans, elle est diplômée depuis juillet
2018, elle travaille dans le service de soins de suite et de
réadaptation (SSR) polyvalent depuis bientôt 3 ans, il s'agit
de son premier poste en qualité d'infirmière. L'entretien a
duré 15 minutes à mon domicile.
La quatrième infirmière que l'on va appeler
IDE 4, a 25 ans, elle est diplômée depuis juillet
2019, elle travaille en Unité de soins intensifs depuis 18 mois, il
s'agit de son premier poste d'infirmière. L'entretien a duré 56
minutes à son domicile.
Il sera intéressant de noter dans l'analyse des
réponses aux questions de l'enquête, les points d'accords, mais
également les disparités qui découlent de
l'expérience de chacune des infirmières.
VI. L'ANALYSE-LA
PROBLEMATIQUE-LES HYPOTHESES
6.1 L'analyse
En analysant les entretiens et en les mettant en lien avec le
cadre théorique, nous pouvons constater des différences bien
marquées entre les quatre infirmières interrogées quant
à leurs expériences professionnelles respectives. En même
temps, nous remarquons de nombreuses similitudes à travers leurs
réponses concernant l'ETP.
Concernant la thématique de l'éducation
thérapeutique
1. A la question : Quelles sont les pathologies
prévalentes traitées dans l'unité ?
Trois infirmières s'accordent à dire que leurs
unités accueillent majoritairement des patients atteints de
cardiopathies telles que des infarctus du myocarde, des valvulopathies, des
insuffisances cardiaques, tandis que le service de la quatrième
infirmière accueille des patients présentant des pathologies plus
variées.
2. A la question : Selon vous, qu'est-ce que
l'éducation thérapeutique du patient ?
L'IDE 1 définit l'ETP par le fait de donner des
conseils aux patients : « L'éducation
thérapeutique, je dirais, que ce sont des conseils à donner parce
qu'en soit chacun est libre de ses choix ».
L'IDE 2 parle d'éducation sur la pathologie, les
traitements, et les facteurs de risque : « Il s'agit
d'éduquer le patient sur ses traitements, son hygiène de vie,
l'informer aussi sur sa pathologie [...] quels ont été les
facteurs par exemple ».
L'IDE 3 explique que l'ETP apporte des connaissances au
patient sur sa pathologie : « L'ETP sert à bien former le
patient sur sa pathologie ».
L'IDE 4 mentionne l'appropriation du soin :
« L'ETP consiste à mettre le patient à l'aise,
c'est plutôt expliquer au patient en fonction de sa pathologie, comment
s'approprier le soin ».
Le but de cette question est de connaitre la signification de
l'ETP pour les soignants. Les quatre infirmières répondent
différemment : connaitre sa pathologie cardiaque, permettre au
patient d'être autonome, éduquer le patient, connaitre ses
facteurs de risque.
Nous avons dit que la maladie chronique de manière
générale nécessite une participation active du patient et
de son entourage. Ils doivent avoir des connaissances sur la pathologie, sur
les traitements mais aussi une bonne surveillance des signes évocateurs
de la récidive de la pathologie et que l'ETP est un outil
nécessaire qui permet au patient d'être acteur de sa
santé.
3. A la question : A quel moment proposez-vous
l'ETP ? A qui ? Qu'en est-il du patient en post
infarctus ?
Selon l'IDE 1, l'ETP fait partie de l'exercice au quotidien de
l'infirmière : « On ne propose pas vraiment de l'ETP,
elle se fait automatiquement ».
Pour l'IDE 2, l'ETP se met automatiquement en oeuvre
dès l'annonce d'une pathologie chronique : « on a
recours à l'ETP dès l'instant qu'il y a une
découverte : diabète, infarctus, etc.... ».
Selon cesdeux infirmières, il est important de
prodiguer des conseils hygiéno-diététiques. La
première dit : « pour les patients en post IDM, on sera
plutôt sur les conseils hygiéno-diététiques
». La deuxième dit : « on va essayer de
comprendre les facteurs de risque qui sont en lien avec son infarctus du
myocarde : son alimentation, tabagisme, activité physique, son
hygiène de vie ».
Les quatre infirmières s'accordent à dire que
l'ETP fait partie de leur travail au quotidien, elle se fait automatiquement.
Concernant les patients ayant subi un infarctus, elles disent que l'ETP
consistent à leur prodiguer des conseils
hygiéno-diététiques.
La pratique de l'ETP est indissociable des soins et des
thérapeutiques. En phase aigüe de la maladie, la prise en soins de
l'infarctus se fait en unité de soins intensifs et elle consiste
essentiellement à traiter médicalement l'infarctus en tant
qu'urgence médicale absolue.
La durée du séjour en unité de soins
intensif est courte ce qui limite la mise en oeuvre de l'ETP, de plus ce n'est
pas la phase la plus appropriée pour obtenir une bonne adhésion
du patient. Cependant, le rôle de l'infirmière est de l'informer
sur les mesures à prendre rapidement pour prévenir la
récidive de la pathologie.
4. A la question : Quels sont les objectifs de
l'ETP pour un patient en post infarctus ?
L'IDE 1 mentionne la prise en compte des conseils que
l'infirmière prodigue au patient : « L'objectif c'est
que le patient prenne en compte les conseils qu'on lui donne concernant son
alimentation, son hygiène de vie ».
L'IDE 2 évoque l'adhésion au projet de soins
pour le patient : « le faire adhérer au projet de
soins que sont ses traitements, l'hygiène de vie, la
rééducation cardiaque, le contrôle des facteurs de
risque ».
L'IDE 3 met en avant la prévention de la
récidive : « l'objectif de l'ETP chez un patient en
post infarctus est justement d'éviter la
récidive ».
L'IDE 4 souligne l'importance d'une prise de conscience pour
le patient : « L'objectif est qu'il réalise qu'il y a
des gestes dans sa vie de tous les jours qui ne sont pas forcément bons
pour sa santé ».
Pour les quatre infirmière interviewées,
l'objectif de l'ETP est que le patient comprenne qu'ilest impératif pour
lui de modifier son hygiène de vie en corrigeant ses facteurs de risque.
La pathologie de l'infarctus nécessite la mise en
oeuvre de mesures de prévention secondaire et tertiaire pour
éviter une récidive et/ou une complication de la pathologie.
A cette question l'IDE 1 met en avant la
nécessité d'instaurer une bonne relation soignant-soigné
pour permettre au patient de mieux accepter les conseils qui lui sont
prodigué. « Il faut une relation soignant-soigné et
qui pourra permettre qu'on donne des conseils au patient. Un minimum de
relation est indispensable ».
Devant une situation de refus de soins du patient, une
relation thérapeutique optimale avec le soigné était
nécessaire pour le conduire à adhérer aux soins.
Nous avons abordéle concept d'accompagnement et avons
souligné l'importance d'un accompagnement relationnel de la part des
soignants à l'égard des patients atteints de pathologie
chronique,Margot PHANEUF, professeurede sciences
infirmières, décrit le concept d'accompagnement en ces
termes :« accompagner quelqu'un, ce n'est pas se placer
devant, ni derrière ni à sa place. C'est être à ses
côtés pour le soutenir37(*) ».
Concernant la notion de l'accompagnement des patients celui-ci
fait partie des rôles primordiaux de l'infirmière. Il doit
être individualisé, personnalisé, et doit prendre en compte
le vécu et le ressenti du patient. Il comprend également le
suivi de l'évolution de l'état physique et psychique du
patient.
5. A la question : Y a-t-il des
bénéfices pour ce type de patient d'intégrer un programme
d'ETP ? Si oui, lesquels ?
Deux soignantes pensent que l'infarctus peut être une
motivation pour corriger son hygiène de vie. L'IDE 1 :
« l'infarctus est justement un « petit coup de
fouet » [...] et corriger sa mauvaise hygiène de vie
justement ».
L'IDE 4 : « Oui je pense qu'il y a un
bénéfice parce que justement certains ne se rendent pas compte
que l'hygiène de vie qu'ils ont tous les jours ne correspond pas
forcément à leur santé ».
Dans la même optique deux infirmières affirment
qu'un programme d'ETP serait bénéfique pour éviter une
récidive de la pathologie. L'IDE 2 : « le premier truc
c'est d'éviter la récidive ». L'IDE 3 : « Le
bénéfice est vraiment d'éviter la
récidive ».
Les réponses des quatre infirmières sont
unanimes, oui il y a un bénéfice après un infarctus pour
les patients d'intégrer un programme d'ETP.
Nous avons vu qu'un programme d'ETP en service de
rééducation cardiaque est une aide nécessaire après
une pathologie importante comme l'infarctus.
En effet, celle-ci vise à permettre au patient de
récupérer ou d'améliorer sa santé. La
réadaptation cardiaque est une période nécessaire pour
« équilibrer les facteurs de risque cardiovasculaire et
modifier les comportements vis-à-vis du tabac, de l'alimentation, et de
la sédentarité38(*).
6. A la question : Y a-t-il un parcours de soins
particulier pour le patient après un infarctus ? Si oui, comment est-il
planifié et qui assure la coordination ?
L'IDE 1indique que :
« le patient est emmené par le SAMU ou par les pompiers
directement en salle de coronarographie [...] ensuite le patient est
hospitalisé en USIC ou en réanimation si cela se passe mal. [...]
ensuite le patient retourne à son domicile ».
L'IDE 2 répond que : « ils arrivent
avec le SAMU, ils vont en salle de coronarographie, une fois qu'ils sont
traités, ils vont en soins intensifs, une fois qu'ils sont
stabilisés, ils remontent dans le secteur, et ensuite ils rentrent chez
eux. Après un mois ou deux mois, ils vont dans un centre de
rééducation cardiaque ».
L'IDE 4 reste dans la même optique que l'IDE 2 :
« La plupart des IDM arrivent avec le SAMU, ils passent
directement en salle de cathétérisme [..]ils sont ensuite
transférés en soins intensifs [..]ils sont
transférés par la suite en cardiologie pour réadapter leur
traitement ».
Pour 3 IDE, les parcours de soins sont identiques :
l'infarctus est une urgence extrême, le patient est amené par le
SAMU en salle de coronarographie pour être
« stenté », puis transféré en
soins intensifs pour une surveillance par scope les premiers jours, ensuite,
transféré en cardiologie conventionnelle. A l'issue de
l'hospitalisation, il peut retourner à domicile ou être
orienté en rééducation cardiaque.
L'IDE 3 répond : « nous dans notre
clinique on n'a pas de parcours de soins identifiés précis, c'est
très polyvalent chez nous, c'est vraiment au cas par cas et on
étudie ce qu'on peut mettre en place pour lui au sein de la
clinique ».
L'infarctus est une urgence absolue, le SAMU doit être
alerté au moindre signe évocateur d'un infarctus. En fonction de
la gravité de son état, le patient peut être
orienté, par le médecin régulateur du SAMU, soit en USIC,
soit en cardiologie interventionnelle (coronarographie).
7. A la question : Y a-t-il des limites à
l'ETP pour ce type de patient ? Si oui, lesquels ?
L'IDE 1souligne que certains patients écoutent sans
appliquer les conseils prodigués par la soignante : « Oui
parce que certains patients peuvent écouter les conseils et ne pas les
appliquer mais tous les patients ont accès à
l'ETP. ».
L'IDE 2mentionne des troubles
d'ordre psychologiques ou psychiatriques, une altération des
capacités intellectuelles ou un contexte social compliqué :
« Il y a des patients qui ont d'autres pathologies psychologiques
ou psychiatriques [...]. Des personnes qui sont en contexte social
compliqué ».
L'IDE 3 met en avant l'acceptationdu patient et des troubles
d'ordre cognitif : « Les limites selon moi c'est surtout
l'acceptation du patient. Après s'il y a aussi des troubles
cognitifs ».
L'IDE 4tout comme l'IDE 3évoquent les troubles
cognitifs, mais aussi d'autres raisons telles qu'une altération des
capacités intellectuelles, des patients réfractaires, la
barrière de la langue et des problèmes d'organisation en lien
avec le service et le contexte sanitaire actuel. : « La plupart
des patients qu'on a en cardiologie sont des personnes âgées, si
elles ont déjà des troubles cognitifs [...]. Il y a aussi le fait
que certains patients ne comprennent simplement pas ce qu'on leur dit [...]. Il
y a aussi la barrière de la langue. Il y a l'organisation et la charge
de travail qui peuvent être une limite à l'ETP. [...] surtout avec
la crise sanitaire actuelle ».
Les 3 autres IDE évoquent l'acceptation du patient, des
difficultés intellectuelles, des troubles cognitifs, psychiatriques, ou
un contexte social difficile. L'IDE 4 parle de la barrière de la langue
et de la charge de travail notamment en lien avec la crise sanitaire.
Dans le cadre de l'acceptation de la maladie chronique par le
patient, nous avons vu que l'annonce d'une maladie chronique peut provoquer un
choc émotionnel chez le patient et peut avoir un impact
considérable sur l'acceptation et le vécu de la maladie.
La non-acceptation entraine inévitablement une
non-observance des traitements et de la correction des facteurs de risque.
Concernant la notion de
non-acceptation, Elisabeth Kübler Ross39(*), psychiatre, évoque un processus de
déni avant l'acceptation de la maladie. Celle-ci n'est pas acquise
d'emblée. Elle décrit cinq étapes avant une
véritable acceptation de la maladie par le patient.
Concernant la
thématique des pratiques infirmières en ETP
8. A la question : Selon vous, l'ETP
modifie-t-elle la manière d'approcher la prise en soin du patient en
post infarctus ?
L'IDE 1remarque que cela peut motiver le patient :
« que cela permet au patient de comprendre le facteur
déclenchant, le tabac par exemple ». Selon elle :
« le patient peut être soit dans la méconnaissance
de la gravité de ses mauvaises habitudes soit il peut ne pas en avoir
conscience et être dans le déni ».
L'IDE 2 indique que cela peut motiver le patient. Tandis que
l'IDE 3 signale que « l'ETP ne modifie pas la manière
d'approcher le patient, on reste toujours dans les grandes lignes de la prise
en charge, l'ETP est juste un approfondissement ».
L'IDE 4 affirme que : « si le patient est
réfractaire à l'ETP, l'approche ne sera pas compliquée
mais pour ceux qui ont des difficultés à comprendre les choses,
on sait qu'ils ont besoin de beaucoup plus de temps
d'accompagnement ».
Nous avons vu que certains comportements réfractaires
témoignaient des difficultés pour le patient à accepter sa
maladie ce qui complique sa prise en soins.
Les réponses des trois infirmières sont
unanimes, oui l'ETP modifie la manière d'approcher la prise en charge du
patient.
9. A la question : Aviez-vous besoin
d'acquérir ou d'avoir des compétences particulières pour
faire de l'ETP ?
L'IDE 1 répond qu'il est indispensable pour
l'infirmière d'avoir des connaissances sur la pathologie :
« Oui il est important d'avoir des connaissances sur la
pathologie ».
L'IDE 2 met l'accent sur la capacité d'expliquer au
patient sa pathologie, ses traitements et ses facteurs de risque :
« il faut que nous les infirmières on ait la
capacité d'expliquer la maladie coronarienne, quels sont les facteurs de
risque, de connaitre les traitements associés, de pouvoir bien expliquer
les traitements. Il faut connaitre le parcours de soins ».
L'IDE 3 fait référence à des formations
spécifiques mais qu'elle n'a pas encore eu l'occasion d'en
profiter : «je n'ai pas encore eu
l'occasion d'aller en formation pour mettre en place des projets
d'ETP ».
L'IDE 4 affirme que les 42 heures dispensées pendant sa
formation d'infirmière lui suffisent pour mettre en oeuvre de
l'ETP : « Pendant ma formation en IFSI, j'ai pu avoir 42
heures de cours d'ETP ce qui m'a aidé à mettre en place l'ETP
».
La formation du diplôme d'état
d'infirmière permet au futur professionnel infirmier d'acquérir
la compétence 5 nécessaire pour : « initier et
mettre en oeuvre des soins éducatifs et
préventifs ». Il est formé pour concevoir et
mettre en oeuvre une démarche d'éducation thérapeutique.
En raison de sa formation, l'infirmière se trouve en première
ligne et joue un rôle majeur dans l'ETP.
10. A la question : Dans votre exercice au
quotidien, pouvez-vous quantifiez le temps passé pour l'ETP ? Selon
vous, ce temps est-il suffisant ? Si non, pourquoi ce temps est-il
insuffisant ?
En ce qui concerne le temps consacré à l'ETP,
l'IDE 1 affirme : « Je ne peux quantifier le temps passer
pour l'ETP, c'est un quotidien ».
L'IDE 3 estime ne pas bénéficier du temps
nécessaire pour l'ETP : « Je ne pense pas passer
beaucoup de temps sur l'ETP c'est vrai, je pense qu'il faudrait beaucoup plus
de temps spécifiques qu'on n'a pas à l'heure actuelle. On n'a pas
de temps spécifiquesdans mon service ».
L'IDE 2distingue deux types d'ETP dans son unité :
« l'ETP formelle et l'ETP informelle. La première permet
d'évaluer grâce à un test les connaissances du patient et
de les compléter si nécessaire. L'ETP informelle, l'IDE peut
consacrer 1h30 pour certains patients, pour d'autres ce sera 1h30 en 3 ou 4
fois ».
L'IDE 4 évoque la difficulté de quantifier le
temps dédié à l'ETP : « C'est difficile
à quantifier, l'ETP est quelque chose qu'on fait tout le temps. [...] ce
temps n'est pas quantifiable ».
Trois IDE sont formelles sur le fait que l'ETP est
intégrée dans leur travail au quotidien, selon elles, le temps
consacré à l'ETP n'est pas quantifiable. Une infirmière
exprime le fait que dans son service on peut consacrer environ 1h30 pour l'ETP
par patient.
Concernant la thématique
de bénéfices de l'ETP pour le patient
11. A la question : Comment le patient
après un infarctus représente-t-il sa pathologie chronique ?
Comment perçoit-il l'ETP ?
L'IDE 1 indique que le patient perçoit l'ETP en
fonction de la manière dont celle-ci lui a été
présentée : « Le patient perçoit l'ETP de la
façon dont tu lui amènes.
L'IDE 2 répond : « Il ne la
représente pas ».
L'IDE 3 pense que cela dépend des patients :
« il y en a qui vont le prendre très bien et d'autres qui
vont continuer à fumer, à mal manger, c'est un peu
compliqué c'est vraiment au cas par cas ».
Du point de vue de l'IDE 4« ils la perçoivent
favorablement parce que l'ETP s'adapte à leur état de
santé. D'autres [...] ne se voient pas changer soudainement leur mode de
vie ».
Les 4 IDE s'accordent à dire que les patients n'ont pas
toujours conscience d'avoir une maladie chronique. Ils réalisent au
début avoir eu une deuxième chance grâce à la pose
de stent, ils pensent être guéris et souvent ils minimisent la
gravité de leur pathologie, etn'ont pas forcément conscience du
risque de récidive.
Nous avons dit que l'élément déclencheur
d'un infarctus est l'athérosclérose qui est une maladie
chroniquepouvanttoucher toutes les artères.
Cette affection a des retentissements sur la vie quotidienne
du patient, liés aux représentations sociales de la maladie et
à son acceptation par le patient qui justifie d'une éducation
thérapeutique ciblée. Le patient acquerra au fur et à
mesure des connaissances concernant sa pathologie, ses traitements, sur les
soins, il deviendra acteur de sa maladie.
Par ses propres expériences, il apprendra à bien
connaitre son corps, et élargira ses connaissances sur sa santé
et apprendra à être attentif aux signes d'alerte d'une
éventuelle récidive. Le soignant de son côté doit
comprendre les représentations de la maladie du patient pour mieux
adapter les soins et la relation dans le soin.
Jean-Louis Pedinielli40(*), professeur de Psychologie clinique,
définit la maladie, vue par le malade, comme « une
expérience individuelle comportant des retentissements psychologiques,
sociaux, culturels ».
12. A la question : le patient a-t-il des
difficultés à adhérer à l'ETP ? Si oui,
lesquels ? Pourquoi ?
En ce qui concerne les difficultés à
adhérer à l'ETP, l'IDE 1fait référence au
déni : « Oui parce qu'il y a beaucoup de patients qui
peuvent être dans le déni [...] ».
L'IDE 2 relate quant à elle de difficultés
d'adhésion à l'ETP : « effectivement il y en a qui
ont du mal à adhérer. Ce sont ceux qui n'en prennent pas du tout
conscience. Après il y a ceux qui sont encore sous le choc, ils ne sont
pas prêts à écouter la suite ».
L'IDE 3 parle de l'acceptation ou du refus du patient :
« les difficultés à adhérer se trouvent dans
l'acceptation, il y en a qui vont être dans le refus systématique
[...] Ça va être le refus ou non du patient ».
L'IDE 4 évoque la barrière de la langue, des
troubles cognitifs, de compréhension, de son contexte social.
13. A la question : Selon vous, l'infarctus
peut-il être une occasion d'apprentissage pour le
patient ?
Selon l'IDE 1, l'infarctus apporte des connaissances au
patient sur ses traitements : « Après un IDM, le
patient doit prendre du Kardégic® à vie, [...] il doit
comprendre ses traitements, [...] et connaître les effets
secondaires ».
L'IDE 2, parle de sensibiliser le patient sur la
gravité de sa santé et met l'accentsur un manque de campagne
de sensibilisation : Je pense qu'il n'y a pas assez de campagne de
sensibilisation pour les préalertes d'infarctus. Ce serait mieux
d'alerter que d'en guérir ».
L'IDE 3 priorise les conseils
hygiéno-diététiques : « oui ça
va être encore une fois de remettre en avant les conseils
hygiéno-diététiques je pense »
L'IDE 4, mentionne que c'est une occasion pour apprendre sur
l'hygiène de vie : « Oui ça permet d'apprendre que
l'hygiène de vie est nécessaire pour préserver son coeur,
sa santé de manière générale. L'ETP apprend au
patient à revivre autrement ».
« L'ETP est un outil nécessaire qui permet au
patient d'être acteur de sa thérapie ».
14. A la question : Quels sont les
bénéfices de l'ETP pour le patient en post infarctus en termes de
qualité de vie ?
Quant aux bénéfices
de l'ETP pour le patient, L'IDE 1 répond : « les bénéfices c'est que l'ETP repose sur
tous les facteurs de risque, et contribue à modifier l'hygiène de
vie ».
Pour l'IDE 4, l'ETP contribue à :
« améliorer l'hygiène de vie ».
L'IDE 3, affirme : « C'est l'amélioration de l'alimentation,
améliorer l'activité physique, le suivi thérapeutique,
pouvoir gérer et apprendre les premiers signes d'une
récidive ».
L'IDE 4, répond : « Il apprendra
à changer son hygiène de vie » [...].
Les 4 IDE, sont unanimespour dire que les
bénéfices sont l'amélioration de l'hygiène de vie
et la correction des facteurs de risque.
15. A la question : Dans votre travail au quotidien, vous semble-t-il que
l'ETP contribue à réduire les complications de l'infarctus ?
Si oui, de quelle manière ?
L'IDE 1 mentionne que « l'ETP se fait sur une
longue période, on ne peut pas évaluer les résultats tout
de suite. C'est sur du long terme ».
Pour l'IDE 2 « l'ETP réduit
déjà la récidive des IDM, des hospitalisations suite
à des douleurs thoraciques ».
L'IDE 3 confirme que l'ETP réduit les récidives
de la pathologie : « oui en fonction des patients, l'ETP
contribue à réduire les récidives et à
protéger le coeur du patient qui est déjà
endommagé ».
L'IDE 4 met l'accent sur le risque de récidive :
« Un patient « stenté » peut reboucher
son stent, [...] ce qui peut conduire à une récidive et peut
être un arrêt cardio-respiratoire ».
Toutes les infirmières s'entendent à dire que
l'ETP réduit les récidives, les hospitalisations, elle contribue
à reconnaitre les signes d'alerte d'une récidive, à
comprendre l'importance de changer de mode de vie et à mieux
protéger le coeur qui est déjà fragilisé.
L'infarctus garde encore une forte prévalence et le
nombre de décès et d'hospitalisation reste élevé
aujourd'hui malgré les progrès de la médecine et tous les
moyens mis en oeuvre par celle-ci. L'ETP fait partie de la prévention
tertiaire pour éviter une récidive et/ou une complication
après un IDM (insuffisance cardiaque, mort subite...).
16. A la question : Dans votre travail au
quotidien, vous semble-t-il que l'ETP améliore l'observance des prises
médicamenteuses ?
Quant à l'observance médicamenteuse, l'IDE
1répond : « Le Kardégic® est
l'anti-agrégant plaquettaire que le patient doit prendre à vie
après une pose de stent, le rôle de l'infirmière est
d'expliquer au patient qu'il ne doit jamais arrêter son traitement sauf
avis médical parce le moindre oubli peut provoquer un thrombus dans le
stent ».
L'IDE2 signale l'adhésion au projet
thérapeutique : « complètement, s'ils
comprennent ce qu'ils prennent, l'intérêt, comment ça le
patient s'il a envie de se soigner, il les prendra. L'infirmière doit
amener le patient à adhérer au projet thérapeutique et aux
traitements ».
L'IDE 3 stipule que le rôle de l'infirmière est
d'attirer l'attention du patient sur la nécessité de la prise
médicamenteuse : « c'est important de bien expliquer
la nécessité de prendre des traitements ».
L'IDE 4, et l'IDE 3, s'entendent à dire que le
rôle de l'infirmière est d'expliquer au patient
l'intérêt des traitements.
Dans le cadre thérapeutiquele patient devra prendre à vie des
antiagrégants plaquettaires qui ont pour but de fluidifier le sang et
d'éviter la formation de thrombus, à ce traitement s'ajoutent un
antihypertenseur, une statine, un antidiabétique.
Les patients doivent manifester une réelle motivation
pour éviter une récidive de leur pathologie par une bonne
observance de leur traitement.
Pour la thématique de
l'ETP et la réduction du nombre d'hospitalisation
17. A la question : Selon vous, le patient
rencontre-t-il des difficultés à suivre les recommandations
hygiéno-diététiques que lui impose sa pathologie ? Si
oui, lesquels ?
L'IDE 1 mentionne que la pratique d'une activité
physique pour une personne sédentaire peut être une
difficulté. : « oui par exemple, un patient qui n'a pas
l'habitude de pratiquer une activité physique cela peut être une
difficulté dans la mesure où ses habitudes doivent
changer ».
L'IDE 2, fait référence au manque de moyens
financiers : « je dirais qu'il y a ceux qui sont en manque de
moyen au niveau de la nourriture [...] cela met parfois un frein au niveau de
la qualité de l'hygiène de vie ».
L'IDE 3, cité l'adhésion du patient
« tout dépend de l'adhésion du patient à
l'éducation thérapeutique ».
L'IDE 4 et l'IDE 2 mettent en cause un manque de moyens
financiers : « Souvent le patient n'arrive pas à
suivre les règles hygiéno-diététiques parce que ces
moyens financiers sont insuffisants.
Trois IDEinsistent sur le fait que le déni du patient
peut être une réelle difficulté à l'adhésion
à l'ETP. Elles mentionnent également des difficultés
intellectuelles, des troubles cognitifs, psychiatriques ou un contexte social
difficile. Deux infirmières font allusion à des
difficultés d'ordre financier.
L'IDE 1 révèle : « Il faut bien
s'installer pour créer une sorte d'intimité avec le patient. Il
faut une relation soignant-soigné et qui pourra permettre qu'on donne
des conseils au patient. Un minimum de relation est
indispensable ».
Nous avons souligné que l'instauration de la relation
soignant/soigné est primordiale car elle permet au professionnel
infirmierde prodiguer des conseils hygiéno-diététiques et
d'accompagner le patient à mieux accepter et s'approprier sa pathologie
dans le but d'améliorer sa qualité de vie.
6.1.1 Synthèse de
l'analyse
L'objectif de notre recherche est de démontrer
l'importance du rôle de l'infirmière dans l'Education
Thérapeutique auprès du patient présentant un infarctus
pour prévenir la récidive de celui-ci.
Les résultats ont été obtenus
après des entretiens auprès de quatre infirmières ayant
déjà pris en soin des patients après un infarctus. La
majorité des infirmières énoncent une non-appropriation de
la pathologie en raison du processus de déni. L'évaluation de
cette non-appropriation se fait par certains comportements comme la
non-compliance aux traitements à vie et /ou la non-correction des
facteurs de risque.
Une IDE mentionne une relation de confiance entre le soignant
et le soigné pour favoriser l'adhésion aux soins.
Les quatre IDE estiment que l'objectif de l'ETP est de
permettre au patient d'être acteur de sa santé. Nous relevons le
concept d'accompagnement qui est une aide pour le patient à gérer
sa maladie, mais aussi l'autonomie du patient, l'intégration à un
programme personnalisé d'ETP, tout cecivisantà aider le patient
à mieux vivre avec sa maladie chronique. Nous pouvons donc affirmer que
l'ETP possède plusieurs utilités à condition que le
patient soit volontaire et qu'il intègre l'appropriation de la
maladiechronique.
6.2 La problématique et
les hypothèses
6.2.1 La
problématique
Au début de notre travail de fin d'études, la
question de départ était la suivante :
En quoi le rôle de l'infirmière dans
l'éducation thérapeutique est essentiel auprès du patient
atteint d'un infarctus pour prévenir la récidive de la
pathologie ?
La confrontation du cadre théorique avec les
résultats del'investigation du terrain ont permis de mettre en
évidence des éléments clés.
En effet, l'analyse des enquêtes de terrain a mis en
exergue l'importancepour le patient présentant un infarctus de
s'approprier la pathologie pour une meilleure prise en soin et notamment pour
le contrôle des facteurs de risque qui est indispensable dans la
prévention de la récidive de la pathologie.
De cette analyse en a découlé la
problématique suivante :
Dans quelle mesure l'infirmière favoriserait
l'appropriation de la maladie chronique par le patient dans le cadre de
l'éducation thérapeutique pour la prévention secondaire de
l'infarctus ?
6.2.2 Les hypothèses
Pour répondre à cette
problématique nous proposons les deux hypothèses
suivantes :
§ Hypothèse 1 : Les compétences
éducatives de l'infirmière dans l'accompagnement du patient
après un infarctus favoriserait l'appropriation de la pathologie par
celui-ci.
§ Hypothèse 2 : L'appropriation par le
patient des connaissances sur la pathologie de l'infarctus du myocarde
favoriserait la modification de ces habitudes de vie.
CONCLUSION
Ce travail qui clôture trois
années d'études en soins infirmiers a eu pour objectif de
présenter le rôle de l'infirmière dans l'Education
Thérapeutique auprès du patient atteint d'un infarctus du
myocarde dans la prévention de la récidive de la pathologie.
Le cadre théorique a permis de comprendre
précisément les différents aspects de cette pathologie
mais également l'intérêt de l'éducation
thérapeutique délivrée par l'infirmière
auprès d'un patient après un infarctus dans l'optique de
prévenir toute récidive.
Le cadre exploratoire de terrain à travers
l'enquête de terrain a mis en exergue les difficultés des
soignants face aux patients qui minimisaient leurs états de santé
ou qui étaient dans le déni de leur maladie chronique devenant un
obstacle à la mise en oeuvre de l'ETP.
Cette analyse a mis en évidence que l'ETP fait partie
intégrante de la fonction de l'infirmière et nécessite des
compétences de la part du soignant. Le rôle de l'infirmière
dans le cadre de l'ETP n'est pas uniquement curatif, l'IDE doit
également informer, éduquer, motiver, accompagner le patient afin
qu'il s'approprie et devienne acteur de sa santé.
L'ETP vise à protéger le patient d'une
récidive, elle est ancrée dans la pratique et l'idée de
son efficacité demeure présente dans l'esprit des soignants.
Il serait intéressant de voir comment l'ETP est
pratiquée dans un service de rééducation en
cardiovasculaire et connaitre le ressenti des patients par rapport à
cette pratique.
Pour conclure, l'ETP vise à
permettre au patient d'être autonome et de s'approprier la pathologie
chronique. Le rôle de l'infirmière est d'accompagner le patient
vers la compliance aux soins afin de réduire les facteurs de risque.
Ce travail représente la genèse de mon projet
professionnel.Il va me permettre en qualité de future infirmière
de me spécialiser à l'éducation thérapeutique afin
d'accompagner au mieux le patient à devenir acteur de sa
santé.
Ce travail laisse-t-il derrière lui tout un ensemble de
pistes à explorer et qui mériterait d'être mieux enrichi
dans les prochaines années afin d'harmoniser la priseen soins de
l'infirmièreet la participation active du patient concernant sa
santé ?
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
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édition Vuibert Référence IFSI, 2014, Paris
§ PAUL Maela, L'accompagnement une posture
professionnelle spécifique, Edition L'Harmattan, 2004,
Paris
§ HESBEEN Walter, d'HOORE William, Le mémoire
de fin d'études des étudiants en soins infirmiers, Se
révéler l'auteur de sa pensée, Edition Elsevier Masson, 2016, Paris
§ HENDERSON Virginia, Principes fondamentaux des soins
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Genève
Articles de presse
§ Revue bulletin de psychologie,
Représentations sociales et représentations intimes de la
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Textes officiels et/ou administratifs
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septembre 2007, Pages 35-36
§ Code de la santé publique, avec le
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§ Arrêté du 02 aout 2010, Relatif aux
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§ La loi HPST (Hôpital, patients, santé,
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Internet
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https://www.centre-coeur-et-sante.fr/la-readaptation-cardiaque
§
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Divers
§
Cette photo par Auteur inconnu est soumise à la licence
CC BY-SA-NC
https://creatrvecommons.org/licenses/by-nc-sa/3.0
https://www.essenciadeluz.org
ANNEXES
Annexe 1
Guide d'entretien
Je me présente : Je suis Etienna CARIEN, Etudiante
en 3ème année en Soins Infirmiers à L'IFSI de
Beauvais.
Dans le cadre de mon travail de fin d'études, j'aborde
la thématique sur l'éducation thérapeutique du patient en
post infarctus.
Pour mon outil d'enquête basé sur des entretiens
infirmiers, merci d'avoir accepté d'effectuer cet entretien, celui-ci
sera enregistré après votre accord et il sera anonymisé
dans son exploitation.
Je vous remercie du temps que vous m'avez consacré pour
la réalisation de cet entretien.
Pouvez-vous vous présenter ?
§ Âge
§ Depuis combien de temps êtes-vous
diplômé ?
§ Quel est votre parcours professionnel ?
§ Depuis combien de temps exercez-vous dans ce
service ?
Question 1.Quelles sont les pathologies
prévalentes traitées dans l'unité ?
Question 2.Selon vous, qu'est-ce que l'éducation
thérapeutique du patient ?
Question 3.A quel moment proposez-vous l'ETP ? A
qui ? Qu'en est-il du patient atteint en post IDM ?
Question 4.Quels sont les objectifs de l'ETP pour un
patient en post IDM ?
Question 5. Y a-t-il des bénéfices pour
ce type de patient d'intégrer un programme d'ETP ? Si oui,
lesquels ?
Question 6. Y a-t-il un parcours de soins particulier pour
le patient en post IDM ? si oui, comment est-il planifié et qui
assure la coordination ?
Question 7.Y a-t-il des limites à l'ETP pour ce
type de patient ? Si oui, lesquels ?
Question 8.Selon vous, l'ETP modifie-t-elle la
manière d'approcher la prise en charge du patient en post IDM ?
Question 9.Aviez-vous besoin d'acquérir ou
d'avoir des compétences particulières pour faire de l'ETP ?
Question 10.Comment le patient en post IDM
représente-t-il sa pathologie chronique ? Comment perçoit-il
l'ETP ?
Question 11. Le patient a-t-il des difficultés
à adhérer à l'ETP ? Si oui, lesquels ?
Pourquoi ?
Question 12.Selon vous, l'IDM peut-il être une
occasion d'apprentissage pour le patient ?
Question 13.Y a-t-il des bénéfices pour
ce type de patient d'intégrer un programme d'ETP ? Si oui,
lesquels ?
Question 14. Quels sont les bénéfices de
l'ETP pour le patient en post IDM en termes de qualité de vie ?
Question 15. Dans votre travail au quotidien, vous
semble-t-il que l'ETP contribue à réduire les complications de
l'IDM ? Si oui, de quelle manière ?
Question 16. Dans votre travail au quotidien, vous
semble-t-il que l'ETP améliore l'observance des prises
médicamenteuses ?
Question 17.Selon vous, le patient rencontre-t-il des
difficultés à suivre les recommandations
hygiéno-diététiques que lui impose sa pathologie ? Si
oui, lesquels ?
Question 18. Dans votre travail au quotidien, vous
semble-t-il que l'ETP contribue à réduire les complications de
l'IDM ? Si oui, de quelle manière ?
Question 19. Dans votre travail au quotidien, vous
semble-t-il que l'ETP améliore l'observance des prises
médicamenteuses ?
Question 20.Selon vous, le patient rencontre-t-il des
difficultés à suivre les recommandations
hygiéno-diététiques que lui impose sa pathologie ? Si
oui, lesquels ?
Annexe 2
PREMIER ENTRETIEN
Nous allons appeler
l'infirmière du premier entretien IDE 1 pour respecter l'anonymat.
L'entretien a duré trente minutes et s'est déroulé
à son domicile.
Moi :Pouvez-vous vous
présenter ?
IDE : Je m'appelle IDE 1, j'ai 24
ans, je suis diplômée depuis 2019, je travaille en unité de
soins intensifs en Cardiologie à l'hôpital la pitié
salpêtrière depuis l'obtention de mon diplôme en mars 2019,
c'est mon premier service.
Moi : Quelles sont les
pathologies prévalentes traitées dans l'unité
?
IDE 1 : Majoritairement il y a
beaucoup de prise en charge de suite d'infarctus, on a également
beaucoup d'endocardites infectieuses, de valvulopathies, on a rarement des
myocardites, on a beaucoup de décompensations cardiaques, et
d'insuffisants cardiaques.
Moi : Selon vous, qu'est-ce que
l'éducation thérapeutique du patient ?
IDE 1 : L'éducation
thérapeutique, je dirais, que ce sont des conseils à donner parce
qu'en soit chacun est libre de ses choix. Il s'agit de donner des conseils aux
patients pour ce qui est mieux pour lui.
Moi : A quel
moment proposez-vous l'ETP ? A qui ? Qu'en est-il du patient atteint
en post IDM ?
IDE 1 : On ne
propose pas vraiment de l'ETP, elle se fait automatiquement. En tant que
soignant, donner des conseils au patient, l'aider, lui venir en aide, lui dire
ce qui est bien pour lui, fait partie des habitudes quotidiennes de
l'infirmière ; cela fait partie de son bien-être, et son
bien-être est quand même la clé de notre profession.
L'infirmière est en première ligne pour faire de l'ETP,
après elle peut faire appel à la diététicienne qui
a un rôle très important, beaucoup de patients cardiaques sont
diabétiques, elle leur explique qu'il faut faire attention au sucre, au
sel, au gras.
Les médecins aussi font de l'ETP, ils expliquent au
patient ce qui est bien ou pas pour lui. Toute l'équipe
pluridisciplinaire est là aussi pour l'ETP.
En ce qui concerne les patients en post IDM, ils doivent faire
attention aux facteurs favorisant la formation des plaques d'athérome
tels que le cholestérol, le diabète, l'hypertension, le tabac, la
sédentarité. L'infirmière explique au patient de bien
protéger son coeur en fonction de ses facteurs de risques : ne pas
manger trop de sucre, de matières grasses, de bouger
régulièrement, de ne pas rester sédentaire.
L'infirmière prodigue quotidiennement des conseils
hygiéno-diététiques au patient.
Moi : Quels sont les objectifs de l'ETP
pour un patient en post IDM ?
IDE 1 : L'objectif c'est que le
patient prenne en compte les conseils qu'on lui donne concernant son
alimentation, son hygiène de vie. Cela doit se faire dans un cadre
plutôt calme, qu'on soit dans l'échange avec le patient. Il faut
bien s'installer pour créer une sorte d'intimité avec le patient.
Il faut une relation soignant-soigné et qui pourra permettre qu'on donne
des conseils au patient. Un minimum de relation est indispensable.
Moi :Y a-t-il des bénéfices
pour ce type de patient d'intégrer un programme d'ETP ? Si oui,
lesquels ?
IDE 1 : Oui complètement
parce que j'ai eu beaucoup de patients en post IDM aussi appelé syndrome
coronarien aigu (SCA), qui fumaient avant de faire l'infarctus et qui
continuent à fumer après l'infarctus. Un patient qui a
déjà fait un infarctus cinq ans auparavant et qui continue
à fumer, on ne comprend pas parce l'infarctus est un signe qui montre la
souffrance du coeur, et le patient n'arrête pas la cigarette alors que
l'infarctus est justement un « petit coup de fouet » si je
peux me permettre pour arrêter la cigarette, et corriger sa mauvaise
hygiène de vie justement.
Moi : Y a-t-il un parcours de soins
particulier pour le patient en post IDM ? si oui, comment est-il
planifié et qui assure la coordination ?
IDE 1 : Le patient qui fait son
IDM arrive en urgences en salle de coronarographie parce que l'infarctus c'est
l'occlusion d'une artère coronaire et donc le coeur n'est pas
oxygéné comme il faut, il y a un réseau du coeur qui ne va
pas être oxygéné parce que le sang ne peut plus circuler ce
qui peut entrainer un trouble du rythme voire un arrêt cardiaque. Il
s'agit d'une urgence extrême, le patient est emmené par le SAMU ou
par les pompiers directement en salle de coronarographie. Si la coronarographie
montre qu'il y a bien un infarctus, le patient est stenté
immédiatement. Ensuite, le patient est hospitalisé en USIC ou en
réanimation si cela se passe mal.
Le patient est scopé pour la surveillance du rythme
cardiaque pendant trois nuits, il doit rester alité en soins intensifs,
le lever est interdit. La plupart du temps, le patient retourne à son
domicile (ce qui est une belle amélioration de la médecine) avec
un traitement.
Cependant, si la troponine, qui est une enzyme cardiaque,
continue d'augmenter, le patient est transféré en hospitalisation
pour la suite de la prise en charge. Si son état le permet, il sortira
quelques jours après.
Tous les matins, il y a un staff avec les médecins et
l'équipe soignante pour décider de l'évolution de
l'état de santé de chaque patient ainsi que de son devenir.
Moi :Y a-t-il des limites à l'ETP
pour ce type de patient ? Si oui, lesquels ?
IDE 1 : Oui parce que certains
patients peuvent écouter les conseils et ne pas les appliquer mais tous
les patients ont accès à l'ETP.
Moi : Selon vous, l'ETP modifie-t-elle la
manière d'approcher la prise en charge du patient en post
IDM ?
IDE 1 : Oui le patient peut
être dans l'ignorance et ne sait pas que son état est causé
par le tabac par exemple. Le patient peut être
soit dans la méconnaissance de la gravité de ses mauvaises
habitudes soit il peut ne pas en avoir conscience et être dans le
déni.
Moi : Aviez-vous besoin d'acquérir
ou d'avoir des compétences particulières pour faire de
l'ETP?
IDE 1 : Oui il est important
d'avoir des connaissances sur la pathologie, on ne peut pas dire à un
patient que vous avez fait un infarctus à cause du sport, l'excès
du sport entraine d'autres pathologie mais pas l'infarctus.
Il est important de connaitre des solutions pour remplacer,
par exemple, un patient qui continue à fumer, on peut lui proposer des
substituts qui sont disponible dans le service. On peut remplacer la nicotine
de la cigarette par une pastille ou un chewing gum. Il faut avoir un minimum de
connaissance pour aider au mieux le patient.
Moi : Dans votre exercice au quotidien,
pouvez-vous quantifiez le temps passé pour l'ETP ? Selon vous, ce
temps est-il suffisant ? Si non, pourquoi ce temps est-il
insuffisant ?
IDE 1 : C'est très dur
à évaluer, à l'hôpital on ne fait pas de
séances d'éducation thérapeutique. On explique au patient
ses mauvaises habitudes mais on ne peut pas lui donner un cours de deux heures
sur les risques de fumer une cigarette. Je ne peux quantifier le temps passer
pour l'ETP, c'est un quotidien.
Moi : Comment le patient en post IDM
représente-t-il sa pathologie chronique ? Comment perçoit-il
l'ETP ?
IDE 1 : Le patient n'a pas
toujours conscience qu'il a une maladie chronique, c'est plutôt le
contraire. Le patient qui a fait un bel infarctus sort de la coronarographie en
se disant : « je suis en vie ». La plupart
des patients voient leur vie défiler à ce moment, il y en a
même qui vont jusqu'à l'arrêt cardiaque avant ou pendant la
coronarographie, les patients qui s'en sortent et qui ont un stent ont vraiment
l'impression de revivre, et le rôle de l'infirmière est de
rebondir pour donner envie au patient de revivre comme si une deuxième
vie qui lui a été offerte et qu'il faut prendre cette
deuxième vie avec précaution et prendre des bonnes habitudes.
Moi : Le patient a-t-il des
difficultés à adhérer à l'ETP ? Si oui,
lesquels ? Pourquoi ?
IDE 1 : Oui parce qu'il y a
beaucoup de patients qui peuvent être dans le déni, ils pensent
que maintenant qu'ils ont un stent, ils peuvent recommencer, si jamais mon
artère se rebouche, j'aurai droit à un autre stent. Ils voient
que c'est facile parce que la coronarographie est peut invasive et les patients
sont étonnés que par le poignet ils ont un stent au niveau du
coeur. Ils se disent que c'est tellement simple et à quoi cela sert
d'arrêter une addiction qu'on aime bien s'ils peuvent avoir un autre
stent quelques années plus tard et rester en vie. Il y a des patients
qui réfléchissent comme ça.
Il y a aussi le contraire où le patient va
écouter le soignant et prendre en compte ses conseils et les appliquer,
et arrêter. J'ai pris en soins un patient qui m'a dit qu'il allait
vraiment se mettre au sport et arrêter de manger gras et de fumer.
Moi : Selon vous, l'IDM peut-il être
une occasion d'apprentissage pour le patient ?
IDE 1 : Après un IDM, le
patient doit prendre du Kardégic® à vie, et doit avoir une
alimentation équilibrée. Le patient doit rester acteur de sa
pathologie et comprendre ses traitements. Il doit comprendre la mise en place
de ce traitement à vie et connaître les effets secondaires. C'est
important pour le patient de connaitre de quoi il souffre.
Moi : Quels sont les
bénéfices de l'ETP pour le patient en post IDM en termes de
qualité de vie ?
IDE
1 : les bénéfices c'est que l'ETP repose sur
tous les facteurs de risque, et contribue à modifier l'hygiène de
vie.
Moi : Dans votre travail au quotidien,
vous semble-t-il que l'ETP contribue à réduire les complications
de l'IDM ? Si oui, de quelle manière ?
IDE 1 : l'ETP se fait sur une
longue période, on ne peut pas évaluer les résultats tout
de suite. Les résultats ne se voient pas en deux jours, l'apparition des
complications ne peuvent pas se voir rapidement c'est sur du long terme.
Moi : Dans votre travail au quotidien,
vous semble-t-il que l'ETP améliore l'observance des prises
médicamenteuses ?
IDE 1 : Le Kardégic®
est l'anti-agrégant plaquettaire que le patient doit prendre à
vie après une pose de stent, le rôle de l'infirmière est
d'expliquer au patient qu'il ne doit jamais arrêter son traitement sauf
avis médical parce le moindre oubli peut provoquer un thrombus dans le
stent.
Moi : Selon vous, le patient
rencontre-t-il des difficultés à suivre les recommandations
hygiéno-diététiques que lui impose sa pathologie ? Si
oui, lesquels ?
IDE 1 : oui par exemple, un
patient qui n'a pas l'habitude de pratiquer une activité physique cela
peut être une difficulté dans la mesure où ses habitudes
doivent changer. Pour le patient qui a l'habitude de rester toute la
journée devant sa télé, il lui sera difficile d'aller
courir. Il faut un temps d'acceptation.
Annexes 3
DEUXIEME ENTRETIEN
Nous allons appeler
l'infirmière du deuxième entretien IDE 2pour respecter
l'anonymat. L'entretien a duré 25 minutes et s'est déroulé
à mon domicile.
Moi : Pouvez-vous vous
présenter ?
IDE 2 : Je m'appelle IDE 2, j'ai 27 ans,
je suis diplômée depuis 2016 en service de cardiologie au CHU de
Montpellier depuis 2017.
Moi : Quelles sont les
pathologies prévalentes traitées dans l'unité
?
IDE2 : Les infarctus principalement, les
découvertes de cardiopathies ischémiques, on fait la
coronaropathie et la valvulopathie
Moi : Selon vous, qu'est-ce que
l'éducation thérapeutique du patient ?
IDE 2 : Il s'agit
d'éduquer le patient sur ses traitements, son hygiène de vie,
l'informer aussi sur sa pathologie, le devenir, lui expliquer pourquoi il a
fait ça, quels ont été les facteurs par exemple, lui faire
comprendre ce qu'il a eu et son devenir.
Moi : A quel moment proposez-vous
l'ETP ? A qui ? Qu'en est-il du patient atteint en post IDM ?
IDE 2 : On propose aux personnes
ayant fait un infarctus, pour les personnes dont on découvre un
diabète, dès qu'il y a de la découverte, quand il y a des
facteurs de risque comme le tabac, l'obésité.
Pour le patient en post IDM, on va plutôt aller dans le
public jeune. Pour les jeunes, on va plutôt prendre le temps, par exemple
pour une personne de 40 ans qui fait un infarctus, c'est très
très jeune, ca veut dire que c'est quelqu'un qui est d'autant plus
à risque d'en refaire un. On doit travailler sur les facteurs de risque.
Une personne jeune n'a pas l'habitude de prendre des traitements. On s'est
rendu compte qu'il ne comprenne pas toujours. L'infarctus se traite dans
l'urgence, ils ont mal, ils passent en coro, en général, ils
n'ont plus mal. De par mon expérience, il y
en a beaucoup qui disent, c'est bon on m'a posé des stents. Ils oublient
que le système s'entretient parce qu'il y a des risques de re thrombose,
de resténose.
Il y a plein de risques qui en découlent et ca ils ont
non pas conscience. C'est à nous de leur apprendre ca. D'abord ils vont
en soins intensifs avant d'arriver chez nous, c'est trop tôt pour leur en
parler, parce qu'ils sont scopés, on leur change tout leur traitement,
on adapte les traitements. Quand ils arrivent dans notre secteur, c'est
à ce moment qu'ils lâchent prise, c'est à ce
moment-là qu'il faut les accompagner, nous on les accompagne jusqu'au
retour dans leur maison.
Moi : Quels sont les objectifs de l'ETP
pour un patient en post IDM ?
IDE 2 : Déjà il
faut l'informer sur sa pathologie, sur ce qui s'est passée, de lui faire
comprendre et adhérer au projet de soins qui sont ses traitements,
l'hygiène de vie, la rééducation cardiaque, le
contrôle des facteurs de risque.
Moi : Y a-t-il des
bénéfices pour ce type de patient d'intégrer un programme
d'ETP ? Si oui, lesquels ?
IDE 2 : le premier truc c'est
d'éviter la récidive, l'objectif c'est de leur faire comprendre.
Il rentre à l'hôpital ils n'ont pas de traitement, ils sortent
avec une liste de médocs et s'ils ne comprennent pas l'importance de
chaque médicament, oh celui-là ce n'est pas grave. Le fait de les
informer, de leur faire comprendre ca rentre dans l'éducation
thérapeutique. L'ETP se poursuit en rééducation
cardiovasculaire.
Moi : Y a-t-il un parcours de soins
particulier pour le patient en post IDM ? si oui, comment est-il
planifié et qui assure la coordination ?
IDE 2 : ils arrivent avec le
SAMU, ils vont en salle de coronarographie, une fois qu'ils sont
traités, ils vont en soins intensifs, une fois qu'ils sont
stabilisés, ils remontent dans le secteur, et ensuite ils rentrent chez
eux. Après un mois ou deux mois, ils vont dans un centre de
rééducation cardiaque. S'il s'agit d'un patient qui a fait un
arrêt cardiaque, il est dirigé en réanimation, ensuite il
va en soins intensifs et après il remonte chez nous. Quand il s'agit de
gros arrêt, ils vont en centre de rééducation
thérapeutique directement.
Moi : Y a-t-il des limites à l'ETP
pour ce type de patient ? Si oui, lesquels ?
IDE 2 : mais bien sûr, il
faut que la personne soit ouverte à la discussion. Il y a des patients
qui ont de d'autres pathologies psychologiques ou psychiatriques, là
c'est compliqué. Des personnes qui sont en contexte social
compliqué. L'âge et les capacités intellectuelles sont
aussi des limites.
Moi : Selon vous, l'ETP modifie-t-elle la
manière d'approcher la prise en charge du patient en post
IDM ?
IDE 2 : oui sinon on ne le
refait, si on le fait c'est qu'il y a forcément un intérêt,
et ca modifie tout. Après il faut que le patient soit motivé et
ca dépend de la manière que tu lui amène aussi.
Moi : Aviez-vous besoin d'acquérir
ou d'avoir des compétences particulières pour faire de l'ETP
?
IDE 2 : Bien sûr,
totalement, il faut que nous les infirmières on ait la capacité
d'expliquer la maladie coronarienne, quels sont les facteurs de risque, de
connaitre les traitements associés, de pouvoir bien expliquer les
traitements. Il faut connaitre le parcours de soins.
Moi : Dans votre exercice au quotidien,
pouvez-vous quantifiez le temps passé pour l'ETP ? Selon vous, ce
temps est-il suffisant ? Si non, pourquoi ce temps est-il
insuffisant ?
IDE 2 : Nous on fait deux sortes
d'ETP, il y a l'ETP formelle et l'ETP informelle. L'ETP formelle se fait en
plusieurs phases, on fait un pré test de connaissances, après on
pose les connaissances et après on reteste la personne, on fait ca en
collaboration avec les pharmaciens.
Après il y a l'ETP informelle où tu arrives pour
donner le traitement à ton patient, il te dit : « il
y a beaucoup de médicaments », et là tu
enchaines : « vous savez au moins à quoi ca sert tous
ces médicaments ? ». tu leur expliques petit
à petit. Quand il y a les conjoints, tu en profites aussi pour leurs
expliquer. Ça dépend aussi de la charge de travail, ça
dépend de plusieurs facteurs. Je peux consacrer par exemple 1h-1h30 je
prendrai le temps qu'il faudra. Le temps est aussi celui du patient si tu vois
qu'il décroche il faut arrêter. Il n'y a pas de temps
défini pour chaque patient. Il y en a l'éducation
thérapeutique va se faire en 1h30, il y en a d'autres ça va se
faire en 1h30 mais en 3-4 fois. Il ne faut pas perdre le patient. Il faut
déjà avoir un bon contact avec le patient, il t'écoutera
plus que si t'arrives en lui disant qu'il ne faut pas fumer, il ne faut pas
manger gras, ça dépend aussi de ta façon de parler.
Moi : Comment le patient en post IDM
représente-t-il sa pathologie chronique ? Comment perçoit-il
l'ETP ?
IDE 2 : Ben il ne la
représente pas. Il ne la représente pas parce que comme je
t'expliquer tout à l'heure, il a mal, il arrive En salle de Coro, il a
un stent. Pour lui, il est guéri. Surtout pour les jeunes, les personnes
un peu plus âgés comprennent qu'ils ont un problème au
coeur. Les jeunes pensent qui sont toujours en bonne santé. La cheville.
Ils ne prennent pas assez conscience de la gravité de cette
pathologie-là. C'est une pathologie qui va les suivre à vie. Ils
ont des traitements qu'ils vont suivre à vie. Pour ce type de patient,
il ne faut pas voir l'éducation thérapeutique que pour les
médicaments, mais tout ce qu'il a autour : la gestion des facteurs de
risque, Il faut aussi leur détecter certains facteurs, comme : la
dyslipidémie ou le diabète, par exemple, Le syndrome de
l'apnée du sommeil. Il faut vraiment chercher tout ce qu'il y a à
chercher pour pouvoir contrôler au mieux les facteurs de risque.
Le patient perçoit l'ETP de la façon dont tu lui
amènes. Si tu lui emmènes en mode conseil, dans une
discussion. Il ne faut pas qu'ils aient l'impression de parler à
leur maman ou alors papa, il ne faut pas les infantiliser. Il faut qu'ils
deviennent acteurs de leur prise en charge.
Moi : Le patient a-t-il des
difficultés à adhérer à l'ETP ? Si oui,
lesquels ? Pourquoi ?
IDE 2 : effectivement il y en a
qui ont du mal à adhérer. Ce sont ceux qui en prennent pas du
tout conscience. Après il y a ceux qui sont encore sous le choc, ils ne
sont pas prêts à écouter la suite. Il y a ceux qui restent
obstiné dans leurs idées. Après tu ne pourras rien faire.
Moi : Selon vous, l'IDM peut-il être
une occasion d'apprentissage pour le patient ?
IDE 2 : Oui c'est l'occasion de
leur expliquer que là ils ont fait un infarctus. Est-ce que la fois
prochaine ca ne sera pas carrément l'arrêt ? Parce que leur coeur
est déjà fragilisé. La prochaine fois, ce ne sera
peut-être pas en salle de coronarographie qu'ils iront malheureusement,
ça arrive beaucoup plus souvent qu'on ne le croit. La campagne là
ça a été le covid et avant le covid, ça a
été l'AVC. Je pense qu'il n'y a pas assez de campagne de
sensibilisation pour les préalertes d'infarctus.
Ce serait mieux d'alerter que d'en guérir. la
prévention est toujours mieux mais je trouve qu'on ne la fait pas assez
sauf pour ceux qui n'ont aucun facteur de risque, à part le stress.
Moi :Quels sont
les bénéfices de l'ETP pour le patient en post IDM en termes de
qualité de vie ?
IDE
2 : ça va améliorer l'hygiène de vie. il
y a des personnes qui ont une très bonne hygiène de vie mais le
facteur de risque le stress. Après, il faut voir le contexte de chaque
patient si c'est le cholestérol il faut améliorer. Si c'est le
stress, il faut gérer son stress. C'est plus facile à dire
qu'à faire. Il faut essayer de diminuer le stress. Il est important de
prendre conscience de ces facteurs de risque pour qu'il y ait du
bénéfice. Il ne. Il ne faut pas parler de régime, mais
parler d'une hygiène alimentaire, d'une alimentation
équilibrée. Par exemple, le sport, les gens pensent qu'il faut
aller faire beaucoup de sport. Et surtout leur expliquer juste qu'ils ne
doivent pas rester sédentaires, ils doivent aller se balader par
exemple.
Moi : Dans votre travail au quotidien,
vous semble-t-il que l'ETP contribue à réduire les complications
de l'IDM ? Si oui, de quelle manière ?
IDE 2 : L'ETP réduit
déjà la récidive des IDM, des hospitalisations suite
à des douleurs thoraciques. Dès qu'ils ont des douleurs
thoraciques, on les hospitalise, Ce sont des alertes, certes, Mais des alertes
à ne pas prendre à la légère. C'est aussi de
l'éducation thérapeutique de leur faire prendre conscience des
signes d'alerte et de ne pas en arriver à l'IDM. Dans l'éducation
thérapeutique, on peut aussi instaurer un suivi avec le cardiologue,
avec le médecin traitant, il est important de leur rappeler d'y aller
pour éviter justement la récidive, ou d'être
hospitalisé.
Moi : Dans votre travail au quotidien,
vous semble-t-il que l'ETP améliore l'observance des prises
médicamenteuses ?
IDE 2 : complètement,
s'ils comprennent ce qu'ils prennent, l'intérêt, comment ça
marche. Le patient s'il a envie de se soigner, il les prendra. Il faut aussi
leur expliquer le risque s'ils ne prennent pas leur traitement, leur expliquer
les effets secondaires comme avec le dilemme avec les statines, ils en parlent
tellement à la télé des inconvénients des statines
que si tu ne leur expliques pas l'intérêt des statines c'est le
premier médicament qu'ils vont arrêter. Il y a aussi le protecteur
gastrique qui est important, les bétabloquants, tous les
médicaments de l'infarctus qu'on donne à la sortie sont
importants.
Il faut surtout leur expliquer qu'ils ne doivent jamais
arrêter le traitement sans avis médical soit du médecin
traitant soit du cardiologue. L'infirmier doit amener le patient à
adhérer au projet thérapeutique et aux traitements.
Moi : Selon vous, le patient
rencontre-t-il des difficultés à suivre les recommandations
hygiéno-diététiques que lui impose sa pathologie ? Si
oui, lesquels ?
IDE 2 : je dirais qu'il y a ceux
qui sont en manque de moyen au niveau de la nourriture ou alors des personnes
qui sont seules, isolées qui n'ont pas d'intérêt à
suivre une hygiène diététique, et non pas forcément
de raison de vivre, il y a ceux qui sont bien dans le train- train quotidien.
Tout cela met parfois un frein au niveau de la qualité de
l'hygiène de vie. Après il y a la question de la motivation aussi
à suivre un traitement au long terme.
Annexes 4
TROISIEME ENTRETIEN
Nous allons appeler
l'infirmière du troisième entretien IDE 3pour respecter
l'anonymat. L'entretien a duré 15 minutes et s'est déroulé
à mon domicile.
Moi : Pouvez-vous vous
présenter ?
IDE 3 : Je m'appelle IDE 3, j'ai
25 ans, je suis diplômée depuis juillet 2018, je travaille dans
une clinique privée en service de soins de suite et de
réadaptation polyvalent depuis l'obtention de mon diplôme, il y a
bientôt 3 ans.
Moi : Quelles
sont les pathologies prévalentes traitées dans
l'unité ?
IDE 3 : nous on a un petit peu de
tout, on a beaucoup d'orthopédie avec des prothèses de hanche, on
a du digestif, on a beaucoup de patients diabétiques, des amputés
vasculaires, de la rééducation, c'est très
varié.
Moi : Selon vous, qu'est-ce que
l'éducation thérapeutique du patient ?
IDE 3 : L'ETP sert à bien
former le patient sur sa pathologie pour qu'il puisse réagir à la
maison, en cas de dégradation, qu'il puisse vraiment gérer de A
à Z sa pathologie.
Moi : A quel moment proposez-vous
l'ETP ? A qui ? Qu'en est-il du patient atteint en post IDM ?
IDE 3 : Déjà pour
faire de l'ETP il faut que le patient puisse être apte à accepter
les informations qu'on va lui donner, il faut qu'il soit d'accord avec
l'éducation thérapeutique et qu'il l'accepte. Dans mon service on
propose surtout l'ETP aux patients qui sont stomisés, pour les
changements de poches de stomie, on propose l'ETP aussi aux patients
diabétiques, pour les glycémies capillaires, l'insuline.
Pour les patients en post IDM, on sera plutôt sur les
conseils hygiéno-diététiques : l'alimentation,
l'activité physique adaptée.
Moi : Quels sont les objectifs de l'ETP
pour un patient en post IDM ?
IDE 3 : l'objectif de l'ETP chez
un patient en post IDM est justement d'éviter la récidive.
Moi : Y a-t-il des
bénéfices pour ce type de patient d'intégrer un programme
d'ETP ? Si oui, lesquels ?
IDE 3 : Les
bénéfices pour un patient en post IDM c'est d'éviter les
récidives et qu'ils intègrent bien la chance qu'ils ont entre
guillemets d'avoir survécu à l'IDM parce que c'est quand
même grave. Le bénéfice est vraiment d'éviter la
récidive.
Moi : Y a-t-il un parcours de soins
particulier pour le patient en post IDM ? si oui, comment est-il
planifié et qui assure la coordination ?
IDE 3 : nous dans notre clinique on n'a
pas de parcours de soins identifiés précis, c'est très
polyvalent chez nous, c'est vraiment au cas par cas et on étudie ce
qu'on peut mettre en place pour lui au sein de la clinique.
Moi : Y a-t-il des limites à l'ETP
pour ce type de patient ? Si oui, lesquels ?
IDE 3 : Les limites selon moi
c'est surtout l'acceptation du patient, à quelle limite, il accroche
à l'ETP. Après il y a aussi, s'il y a aussi des troubles
cognitifs.
Moi : Selon vous, l'ETP modifie-t-elle la
manière d'approcher la prise en charge du patient en post
IDM ?
IDE 3 : non je ne pense pas, je
pense que si le patient accroche bien à l'ETP, on sera beaucoup plus
dans le détail auprès du patient et on pourra approfondir plus
les raisons de la pathologie et approfondir plus la prise en charge mais
après on reste quand même les grandes lignes sont les mêmes
pour les patients qui acceptent ou pas l'ETP, après ce sera juste
l'approfondissement je pense.
Moi : Aviez-vous besoin d'acquérir
ou d'avoir des compétences particulières pour faire de l'ETP
?
IDE 3 : Je pense que oui, je sais
qu'il existe des formations spécifiques d'ETP, je n'ai pas encore eu
l'occasion d'aller en formation pour mettre en place des projets d'ETP, mais
c'est quelque chose de très intéressant et une fois
diplômée je pense que c'est quelque chose de valorisant d'aller en
formation d'ETP et vraiment avoir toutes les étapes de la mise en place
de l'ETP.
Moi : Dans votre exercice au quotidien,
pouvez-vous quantifiez le temps passé pour l'ETP ? Selon vous, ce
temps est-il suffisant ? Si non, pourquoi ce temps est-il
insuffisant ?
IDE 3 : Je ne pense pas passer
beaucoup de temps sur l'ETP c'est vrai, je pense qu'il faudrait beaucoup plus
de temps spécifiques qu'on n'a pas à l'heure actuelle. On n'a pas
de temps spécifiques dans mon service. Il faudrait vraiment des temps
d'entretiens pour rentrer dans l'éducation thérapeutique, et
à l'heure actuelle, on n'a pas la possibilité de mettre ça
en place.
Moi : Comment le patient en post IDM
représente-t-il sa pathologie chronique ? Comment perçoit-il
l'ETP ?
IDE 3 : je pense que les patients
en post IDM ont bien conscience de ce qui leur est arrivé. Je pense
qu'à la base qu'en ca arrive chez un patient, ils n'ont pas tous
conscience de la pathologie chronique et ils ne savent pas pourquoi ca leur
arrive, c'est ce qu'il leur est expliqué par la suite. Au départ,
je pense qu'ils n'ont pas tous conscience. Cela peut être du au
cholestérol, à l'hypertension. Je pense que l'IDM justement
permet de mettre en évidence les pathologies chroniques qui sont
peut-être passés à côté. Ca dépend des
patients, il y en qui vont le prendre très bien et d'autres qui vont
continuer à fumer, à mal manger, c'est un peu compliqué
c'est vraiment au cas par cas.
Moi : Le patient a-t-il des
difficultés à adhérer à l'ETP ? Si oui,
lesquels ? Pourquoi ?
IDE 3 : les difficultés
à adhérer se trouvent dans l'acceptation, il y en a qui vont
être dans le refus systématique qui ne prendront pas correctement
leur traitement, il n'accepte pas le fait d'arrêter de fumer, ni de
manger gras. Ça va être le refus ou non du patient. Ensuite, on a
aussi les troubles cognitifs du patient qui peuvent être bloquants
à ce niveau-là.
Moi : Selon vous, l'IDM peut-il être
une occasion d'apprentissage pour le patient ?
IDE 3 : oui ça va
être encore une fois de remettre en avant les conseils
hygiéno-diététiques je pense
Moi : Quels sont les
bénéfices de l'ETP pour le patient en post IDM en termes de
qualité de vie ?
IDE 3 : C'est
l'amélioration de l'alimentation, améliorer l'activité
physique, le suivi thérapeutique, pouvoir gérer et apprendre les
premiers signes d'une récidive.
Moi : Dans votre travail au quotidien,
vous semble-t-il que l'ETP contribue à
IDE 3 : oui en fonction des
patients, l'ETP contribue à réduire les récidives et
à protéger le coeur du patient qui est déjà
endommagé.
Moi : Dans votre travail au quotidien,
vous semble-t-il que l'ETP améliore l'observance des prises
médicamenteuses ?
IDE 3 : oui, en post IDM en met
souvent en place un traitement anticoagulant, un traitement
anticholestérol, un traitement anti-hypertension, effectivement, c'est
important aussi d'intégrer dans l'ETP et de bien expliquer la
nécessité de prendre des traitements bien
régulièrement et de ne pas louper une prise et d'être
très vigilant sur la prise des traitements. Cela fait partie de l'ETP du
patient et on fait ça au quotidien.
Moi : Selon vous, le patient
rencontre-t-il des difficultés à suivre les recommandations
hygiéno-diététiques que lui impose sa pathologie ? Si
oui, lesquels ?
IDE 3 : oui c'est en fonction du
bien vouloir du patient, il y a toujours des patients qui seront très
volontaires et qui vont se rendre compte de la chance qu'ils ont eu, et qui
vont vraiment mettre en place tout pour éviter une récidive, et
il y a d'autres patients qui n'auront pas la même conscience et qui ne
vont pas prendre en compte tous les conseils qu'on leur donne, tout
dépend de l'adhésion du patient à l'éducation
thérapeutique. Après il y a aussi les difficultés
financières qui peuvent être un problème pour les patients
qui ont peu de moyens.
Annexes 5
ENTRETIEN 4
IDE 4 : Je m'appelle IDE
4, j'ai, je suis diplômée depuis 18 mois, je travaille en
Unité de soins intensifs en cardiologie à l'hôpital la
pitié salpêtrière depuis l'obtention de mon diplôme
en juillet 2019, c'est mon premier service.
Moi : Quelles sont les
pathologies prévalentes traitées dans l'unité
?
IDE 4 : La plupart des patients
qui sont pris en charge présentent soit une décompensation
cardiaque, soit une insuffisance cardiaque, soit une infarctus du myocarde, on
a aussi des patients qui présentent des multiples pathologies, par
exemple, on a des patients qui ont une insuffisance cardiaque et une
insuffisance rénale associée. On a des patients qui viennent
avant l'implantation d'un pacemaker, qui ont aussi un défibrillateur du
fait d'une défaillance cardiaque parce qu'ils présentent des
troubles du rythme. On a aussi des patients qui ont une défaillance au
niveau d'une valve. On a des patients qui viennent à la suite de pontage
artério-coronarien ou après une greffe du coeur.
Moi : Selon vous, qu'est-ce que
l'éducation thérapeutique du patient ?
IDE 4 : C'est aider le patient
à être autonome dans sa prise en charge, c'est lui donner les
moyens de pouvoir réaliser des soins avec des choses qui lui sont
accessibles. L'ETP consiste à mettre le patient à l'aise, c'est
plutôt expliquer au patient en fonction de sa pathologie, comment
s'approprier le soin. Quand je pense à l'ETP, je pense à un soin
que le patient va faire de manière autonome. C'est utiliser des mots qui
sont simples et mettre en place un exercice ou un exemple qui lui permet de
s'approprier les choses.
Moi : A quel moment proposez-vous
l'ETP ? A qui ? Qu'en est-il du patient atteint en post IDM ?
IDE 4 : Je choisi un moment
où je pense que le patient est à l'écoute, je sais que
c'est un moment où on va pouvoir parler librement, où on est
tranquille, et qu'on ne sera pas dérangé. Quand on met en place
l'ETP, on essaie de savoir, si le patient comprend bien le soin qu'il va devoir
réitérer par la suite. On doit leur expliquer
l'intérêt de chaque traitement ou de chaque soin.
En ce qui concerne le patient en post IDM, ce ne sera pas
juste après son retour de la coronarographie, on essaiera par la suite
d'essayer de savoir s'il a bien compris ce qui s'était passé,
d'essayer de voir avec lui ses habitudes de vie, on
va essayer de comprendre les facteurs de risque qui sont en lien avec son
infarctus du myocarde : son alimentation, tabagisme, activité
physique, son hygiène de vie. On lui explique que ce sont des facteurs
importants dans la survenue de l'infarctus du myocarde.
Moi : Quels sont les objectifs de l'ETP
pour un patient en post IDM ?
IDE 4 : L'objectif est qu'il
réalise qu'il y a des gestes dans sa vie de tous les jours qui ne sont
pas forcément bonnes pour sa santé, qu'il en prenne conscience
d'une part, d'autres parts, l'infirmière doit revoir avec lui les choses
qu'il pourrait modifier, ou auxquelles il pourrait faire attention. On peut
aussi faire intervenir la diététicienne, ou un tabacologue pour
réduire sa consommation de tabac, ou mettre en place des patchs de
nicotine.
Moi : Y a-t-il des
bénéfices pour ce type de patient d'intégrer un programme
d'ETP ? Si oui, lesquels ?
IDE 4 : Oui je pense qu'il y a un
bénéfice parce que justement certains ne se rendent pas compte
que l'hygiène de vie qu'ils ont tous les jours ne correspondent pas
forcément à leur santé et qu'en vieillissant on a beaucoup
plus de mal à éliminer et à améliorer.
Moi : Y a-t-il un parcours de soins
particulier pour le patient en post IDM ? si oui, comment est-il
planifié et qui assure la coordination ?
IDE 4 : La plupart des IDM
arrivent avec le SAMU, ils passent directement en salle de
cathétérisme. Le coronarographiste dilate les artères
bouchées par stent, ils sont ensuite transférés en soins
intensifs pour une surveillance en continue par scope. Ils restent en moyenne 3
jour en USIC parce qu'à la suite d'une dilatation il peut apparaitre des
troubles du rythme, ou d'autres complications. En fonction de leur état
de santé, ils sont transférés par la suite en cardiologie
pour réadapter leur traitement (bétabloquant, statines...), ils
seront suivis par la diététicienne pour
rééquilibrer leur alimentation. A la suite de l'hospitalisation,
ils peuvent être transférés en réadaptation
cardiaque pour permettre au coeur de récupérer à son
rythme avant de reprendre la vie normale.
Moi : Y a-t-il des limites à l'ETP
pour ce type de patient ? Si oui, lesquels ?
IDE 4 : oui notamment si le
patient est totalement réfractaire au fait de participer à une
éducation thérapeutique. La plupart des patients qu'on a en
cardiologie sont des personnes âgées, si elles ont
déjà des troubles cognitifs, elles n'auront pas la
capacité de comprendre ce qu'on leur dit même si on utilise des
mots assez simples, et qu'on adapte l'ETP à eux, cela ne suffit pas
toujours. Il y a aussi le fait que certains patients ne comprennent simplement
pas ce qu'on leur dit, quelques fois, ils montrent qu'ils ont compris et qu'on
on creuse derrière, on s'aperçoit qu'ils n'ont pas compris la
situation. Il y a aussi la barrière de la langue. Il y l'organisation et
la charge de travail qui peuvent être une limite à l'ETP, on a
envie de mettre en place une éducation thérapeutique avec un
patient parce qu'on voit justement qu'il est en difficulté, mais on a du
mal a trouver du temps pour mettre en place l'ETP surtout avec la crise
sanitaire actuelle. On peut aussi faire appel aux infirmières de
l'hôpital de jour qui font beaucoup d'éducation
thérapeutique.
Moi : Selon vous, l'ETP modifie-t-elle la
manière d'approcher la prise en charge du patient en post
IDM ?
IDE 4 :oui surtout si le patient est réfractaire
à l'ETP, l'approche ne sera compliquée mais pour ceux qui ont des
difficultés à comprendre les choses, on sait qu'ils ont besoin de
beaucoup plus de temps d'accompagnement.
Moi : Aviez-vous besoin d'acquérir
ou d'avoir des compétences particulières pour faire de l'ETP
?
IDE 4 : Je pense qu'il faut avoir
des outils pour rendre l'ETP un peu plus ludique. Pendant ma formation en IFSI,
j'ai pu avoir 42 heures de cours d'ETP ce qui m'a aidé à mettre
en place l'ETP pour les patients que j'ai eu à prendre en charge, ca m'a
aider à rendre les patients plus autonomes, plus actifs de leur
santé.
Moi : Dans votre exercice au quotidien,
pouvez-vous quantifiez le temps passé pour l'ETP ? Selon vous, ce
temps est-il suffisant ? Si non, pourquoi ce temps est-il
insuffisant ?
IDE 4 : C'est difficile à
quantifier, l'ETP est quelque chose qu'on fait tout le temps. On explique
à chaque fois le soin qu'on va faire, son intérêt, son but,
ce temps n'est pas quantifiable.
Moi : Comment le patient en post IDM
représente-t-il sa pathologie chronique ? Comment perçoit-il
l'ETP ?
IDE 4 : C'est patient
dépendant, il y en a qui réalise que leur coeur a
été affecté de manière importante et qu'il va
falloir changer leur mode de vie. Pour d'autres, notamment chez les fumeurs,
ils se disent qu'ils ont été pris en charge, ils ne vont pas
forcément réaliser l'importance de la situation. D'autres vont
réaliser que c'est important, qu'ils vont risquer de mourir et que s'ils
ne modifient pas leur hygiène de vie, l'infarctus risque de se
réitérer et ça n'aurait peut-être pas une issue
favorable.
Les patients en règle générale sont
plutôt réceptifs au fait qu'on mette en place une ETP, ils la
perçoivent favorablement parce que l'ETP s'adapte à leur
état de santé. D'autres ont conscience qu'ils ont failli mourir
mais ne se voient pas changer soudainement leur mode de vie. Ils
nécessitent un temps d'adaptation. Des fois, il y en a qui
réintègre leur infarctus.
Moi : Le patient a-t-il des
difficultés à adhérer à l'ETP ? Si oui,
lesquels ? Pourquoi ?
IDE 4 : Le patient oui peut avoir
du mal à adhérer à l'ETP parce que soit il pense qu'on
veut s'introduire dans sa vie et qu'on veut tout modifier. Il peut y avoir la
barrière de la langue qui peut être une difficulté. Si
l'ETP qu'on met en place n'est pas adaptée à sa situation,
à son mode de vie, si l'ETP n'est pas personnalisée, si le
patient à des difficultés de compréhension, des troubles
cognitifs, si le patient refuse d'adhérer à l'ETP.
Moi : Selon vous, l'IDM peut-il être
une occasion d'apprentissage pour le patient ?
IDE 4 : Oui ca permet d'apprendre
que l'hygiène de vie est nécessaire pour préserver son
coeur, sa santé de manière générale. L'ETP apprend
au patient à revivre autrement.
Moi : Quels sont les
bénéfices de l'ETP pour le patient en post IDM en termes de
qualité de vie ?
IDE
4 : Il apprendra à changer son hygiène de
vie.
Moi : Dans votre travail au quotidien,
vous semble-t-il que l'ETP contribue à réduire les complications
de l'IDM ? Si oui, de quelle manière ?
IDE 4 : Un patient stenté
peut reboucher son stent, le patient doit comprendre l'intérêt de
changer son mode de vie, de prendre ses traitements. Souvent le patient
stenté va se sentir mieux et ne va pas sentir obliger de prendre les
médicaments ce qui peut conduire à une récidive et peut
être un arrêt cardio-respiratoire.
Moi : Dans votre travail au quotidien,
vous semble-t-il que l'ETP améliore l'observance des prises
médicamenteuses ?
IDE 4 : Oui, si on n'explique pas
au patient l'intérêt de ses médicaments pour sa
santé, il ne va pas se sentir acteur de sa pathologie, et de sa
santé. L'IDE doit mettre le patient au centre de sa santé pour
qu'il soit plus alerte de complications par la suite.
Moi : Selon vous, le patient
rencontre-t-il des difficultés à suivre les recommandations
hygiéno-diététiques que lui impose sa pathologie ? Si
oui, lesquels ?
IDE 4 : oui, si le patient n'est
pas suivi, ou si on ne lui explique pas ce qu'il doit changer dans son
hygiène de vie au quotidien il peut relâcher les efforts. Souvent
le patient n'arrive pas à suivre les règles
hygiéno-diététiques parce que ces moyens financiers sont
insuffisants. Les hommes sont plus souvent atteints d'un infarctus du myocarde
et souvent ce n'est pas eux qui cuisinent, il est important d'éduquer
aussi l'épouse.
* 1
https://www.fedecardio.org
* 2
https://www.fedecardio.org
* 3https://www.carenity.com
* 4http://
www.legifrance.gouv.fr
* 5 Référentiel de
compétences infirmières
* 6 Article L110-2 du Code de la
Santé Publique
* 7 http://
www.fedecardio.org
* 8https://www.fiches-ide.fr
* 9https://www.has-sante.fr
* 10
https://www.carenity.com/infos-maladie/infarctus-du-myocarde
* 11 Processus obstructif,
Edition Vuibert, 2014, Paris
* 12https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/3.0/
Cette
photo par Auteur inconnu est soumise à la licence
CC BY-SA-NC
* 13
https://www.vidal.fr/maladies/coeur-circulation-veines
* 14 http://
www.who
* 15 http://
www.lanutrition.fr
* 16 http://
www.cairn.info
* 17 Jean-Louis Pedinielli est professeur de Psychologie clinique et
psychopathologie à `Université de Provence. Membre du Laboratoire
de Psychopathologie clinique et de Psychanalyse, EA 3278
* 18
https://www.babelio.com/auteur /Jean-Louis-Pedinielli
* 19
http://www.happyend.life/5-etapes-deuil-kubler-ross
* 20Virginia
Henderson (1897-1995) est une infirmière américaine
diplômée en 1921 qui a travaillé en pédiatrie, en
psychiatrie et dans le domaine de la recherche. En 1960, elle publie une
théorie sur les besoins fondamentaux de l'homme.
* 21
http://www.prendsaplace.com/virginia-henderson
* 22Philippe Bagrosest un néphrologue, responsable du
département des Sciences humaines, il développe cet aspect de
l'enseignement médical et contribue par ses enseignements et ses
publications, à lutter contre la réification du corps humain dans
la pratique médicale.
* 23
http:/patrimoine.univ-tours.fr
Abécédaire des sciences humaines en médecine
Juin 2009
* 24
Maela_PAUL_accompagnement_automatisation_et_territorialisation.pdf
(crefe38.fr)
* 25Maela PAUL
(2004). L'accompagnement une posture professionnelle spécifique,
édition L'Harmattan, Paris, 351p
* 26
Htpp://www.prendresoin.org
* 27
https://www.has-sante.fr/jcms/c_410178/fr/prevention
* 28 Cours IFSI processus
obstructifs U.E 2.8 S3
* 29
http://www.ansm.sante.fr
* 30
https://www.has-sante.fr/jcms/c_410178/fr/prevention
* 31
https://www.centre-coeur-et-sante.fr/la-readaptation-cardiaque
* 32
https://www.centre-coeur-et-sante.fr/la-readaptation-cardiaque
* 33
https://www.centre-coeur-et-sante.fr/la-readaptation-cardiaque
* 34
https://www.centre-coeur-et-sante.fr/la-readaptation-cardiaque
* 35 Guide d'entretien
Annexe 1
* 36Walter HESBEEN-William
d'HOORE 2016. Walter Hesbeen, infirmier et
docteur en santé publique, est responsable pédagogique du GEFERS
(Groupe francophone d'études et de formations en éthique de la
relation de service et de soin), Paris-Bruxelles, et rédacteur en chef
de la revue Perspective soignante. William d'Hoore,
médecin et docteur en santé publique, est président de
l'IRSS (Institut de recherche santé société),
Bruxelles.
* 37
Htpp://www.prendresoin.org
* 38
https://www.centre-coeur-et-sante.fr/la-readaptation-cardiaque
* 39
http://www.happyend.life/5-etapes-deuil-kubler-ross
* 40 Jean-Louis Pedinielli
est professeur de Psychologie clinique et psychopathologie à
`Université de Provence. Membre du Laboratoire de Psychopathologie
clinique et de Psychanalyse, EA 3278
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