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Le phenomene coupage dans la presse de Kananga et son impact sur le traitement de l'information


par Samuel KABASELE KABASELE
Université Notre-Dame du Kasayi (UKA) - Licence en communication appliquée (LMD) 2022
  

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I.1.2. Appellation du Coupage en RDC 23(*)

Ce phénomène qui est né pendant le règne de Mobutu a gagné du terrain dans toutes les provinces quoi que commencé à Matadi et ayant pris l'ampleur à Kinshasa, siège des institutions politiques du pays. Cependant ce phénomène se pratique dans toutes les provinces. Ce concept qui fait l'objet de notre étude possède de désignations distinctes selon qu'on est de tel ou tel autre coin de la RDC:

A. Au Katanga

Dans cette province du sud de la RDC, le coupage est connu sous le nom de " KAWAMA." Kawama est un village situé à 12 km de la ville de Lubumbashi. Depuis plusieurs années, un journaliste bien connu de la place avait pris l'habitude de s'y rendre à bord de sa camionnette, pour y transporter du charbon de bois que des paysans vont vendre en ville. Cette activité lui permettait de compléter son salaire de journaliste insuffisant pour nouer les deux bouts du mois. Quand ses confrères lui demandaient «où vas-tu?», il leur répondait : «Je vais chercher mon Kawama». Depuis ce temps, le mot désigne dans le jargon des journalistes de Lubumbashi le «coupage», l'argent qu'on remet aux journalistes comme frais de transport, à la fin d'une conférence de presse, un reportage, une interview...

«Y aurait-il un Kawama ?», demandent presque systématiquement les journalistes, quand un point de presse est annoncé quelque part dans la ville. Le coupage ou KAWAMA au Katanga fait des ravages dans les milieux des journalistes, qui courent derrière les hommes politiques, les industriels miniers ou encore les dirigeants sportif.

B. A Kinshasa

Dans la capitale de la RDC, le coupage est connu sous l'appellation « MOT DE LA FIN ». Cette appellation a été établie par les journalistes kinois à la fin d'une conférence tenue par la journaliste du quotidien belge Colette Braeckman sur la "planification de la rédaction pour couverture médiatique de la campagne électorale, règles d'éthique et de déontologie" dans la salle Brel du centre Wallonie Bruxelles à Kinshasa. Celle-ci disparue de la salle sans laisser les consignes particulières du << où sont les journalistes? >> Ou les << journalistes suivez-moi>>. C'est ainsi que tous les journalistes présents dans cette conférence décident de joindre la conférencière pour réclamer leurs mot de la fin qui signifie Coupage ou argent de transport.

Le phénomène est bien connu dans les milieux politiques et économiques de la capitale Kinshasa. A la fin de chaque manifestation ou conférence de presse, les professionnels des médias sont toujours les derniers à s'en aller. Ce départ tardif ne se justifie ni par le souci de compléter leur reportage, ni par celui d'enrichir leurs carnets d'adresse mais attendent l'argent.

C. A Mbuji-Mayi

Dans le chef-lieu du Kasaï oriental , à chaque manifestation, les journalistes sont donc habitués à réclamer leur «collation» qu'ils appellent «MULANGI WA MALA» (une bière, en langue française) ou leur transport, «katuba» (taxi).

D. Au Sud-Kivu

Le coupage dans cette province est reconnu sous le nom de « transport », « mot de la fin » ou encore « sauvetage » pour signifier ce qui sauve.

E. À Beni

Bien que certaines appellations citées ci-haut à l'instar de « mot de la fin », « transport », sont d'usage dans la presse de Beni, le mot qui semble particulier à cette entité est « Kamboka ». Ce mot signifiant la sauce ou la nourriture des enfants dans le swahili parlé en ville de Beni est utilisé pour désigner le coupage. Certains professionnels de médias parlent de sombe ya batoto.ou maziwa qui signifie les feuilles de manioc des enfants.

F. A Kananga

Dans la sphère médiatique de la ville de Kananga le Coupage est désigné par le terme SEPTIÈME LETTRE. Le coupage est désigné par différentes néologies. Certains parlent de " Begna minu" c'est-à-dire après une interview au tour d'un sujet l'interview doit tendre sa main en serrant le journaliste pour lui remettre l'argent de transport. <<MAYI>> qui signifie de l'eau c'est le mot utilisé par les journalistes de Kananga après la couverture des évènements.

A Kananga, les principaux" coupeurs" sont des hommes d'affaires et des politiciens. Une fois " coupés," les journalistes parlent d'eux sans se soucier des règles d'éthique et déontologie. Et même ces coupeurs sachant déjà les avantages du coupage à leurs égards.

<< Matamba a bana>> c'est l'appellation du Coupage dans cette ville de Kananga qui signifie la nourriture des enfants. Les journalistes de cette ville font usage de plusieurs termes pour désigner le concept COUPAGE.

N.B : cette pratique qui gangrène la presse congolaise en générale et celle de Kananga en particulier s'observe aussi dans d'autres pays en occurrence:

· Au Burundi on fait toujours l'usage du terme Coupage.

· Au Rwanda le journaliste qui prend du Coupage est appelé << free lunch>> qui signifie celui qui mange partout ou déjeuner gratuit.

· Au Madagascar : On parle de " donne-moi ta gifle" pour désigner le Coupage.

· Dans la plupart des pays d'Afrique de l'ouest comme le Cameroun le Coupage s'appelle << Gambo>> il s'agit de Il s'agit de ce légume vert qui rend la sauce gluante. Utilisé pour désigner le terme Coupage24(*).

* 23 GRET., Op. cit. pp.13-26.

* 24 Vincent de Paul ATANGANA., Le " gombo " ou quand la corruption qui gangrène la profession de journaliste au Cameroun, URL: https://www.afrique-gouvernance.net /bdf_experience-33_fr.html. [consulté le 12/07/2023 ]

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