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Le phenomene coupage dans la presse de Kananga et son impact sur le traitement de l'information


par Samuel KABASELE KABASELE
Université Notre-Dame du Kasayi (UKA) - Licence en communication appliquée (LMD) 2022
  

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LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

ACP : Agence Congolaise de Presse

CMB : Chanel Médias Brocasting

CSAC : Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication

CEEAC : Communauté Economique des Etats d'Afrique Central

FSCC : Faculté des Sciences de la Communication et de la Culture

HAM : Haute Autorité des Médias

KHRT : Kasaï Horizon

OMEC : Observatoire des Médias Congolais

RDD : Radio Diku Dietu

RTM : Radio Télé Malandji

RTNC : Radio Télé Nationale Congolaise

0. INTRODUCTION GÉNÉRALE

0.1 Objet de l'étude

Le journalisme en République démocratique du Congo s'est de plus en plus appauvri, caractérisé par quelques traits spécifiques et généraux : sans budget, les personnels ne sont pas payés, non contrat du travail, la manipulation des médias par la pratique du coupage... Et pourtant, il occupe une place de choix, on lui confère cependant le << Quatrième pouvoir >> dont la mission est de contrôler les trois pouvoirs traditionnels (exécutif, législatif et l'autorité judiciaire). Il est aussi le faiseur d'opinion pour tout simplement dire qu'il a la capacité de créer les personnalités et peut influencer le changement dans une société. Le média alerte quand le temps présage un lendemain incertain et dénonce les abus. C'est à lui de prendre conscience de cette fonction qu'on lui confère le public surtout le respect de la loi fondamentale du pays et même son éthique et déontologie1(*).

Le présent travail a pour objet d'exposer les hypothèses et le modèle résultant d'un travail de recherche portant sur la compréhension du sens qui émerge d'une pratique ayant pris ancrage dans les milieux de la presse de la République démocratique du Congo. Cette pratique, communément appelée « coupage », qui accompagne l'exercice du métier de journaliste dans ce pays depuis les années 60. Le souci est de sensibiliser les journalistes aux méfaits du coupage et doter les professionnels des médias les outils pour éradiquer ce fléau qui gangrène le milieu de la presse congolaise en générale et de la ville de Kananga en particulier et inviter tous les professionnels de médias au strict respect de code d'éthique et déontologie journalistique.

0.2 Problématique

Toute recherche scientifique, quel que soit son domaine doit couvrir un certain nombre des problèmes dans la société. Ce problème doit être considéré comme un moteur de recherche sur les faits et les phénomènes qui se produisent au sein d'une communauté.

L'information part de manière lapidaire d'un fait, d'un événement à la nouvelle qui nous parvient par le canal des moyens de communication de masse. Toutefois, pour revêtir toutes les caractéristiques qui font d'elle une information, celle-ci subit un travail de mise en forme grâce au journaliste. Ce dernier est astreint à pratiquer ce métier par la maîtrise des règles qui régissent cette profession2(*). Le journaliste est toute personne employée par une rédaction d'un média d'information pour rechercher, traiter et diffuser les informations d'actualité. C'est cette personne qui a choisi ce métier passionnant qui consiste à persuader, à influencer, à façonner le destin des personnes, à interpréter les aspirations des gens, à rendre compte des réussites et échecs des politiciens, à inspirer, à réveiller les sentiments et à susciter des émotions, etc.

Ainsi ce métier nécessite au préalable le contact avec plusieurs protagonistes, il s'agit du journaliste lui-même et d'autres personnes qui lui fournissent les informations. Celle-ci sont appelées << source d'informations>>, ces sources peuvent être institutionnelles, intermédiaires, personnelles, occasionnelles. Mais en général, après la couverture médiatique, les professionnels de médias qui vont en reportage où est conviés à couvrir un évènement s'attendent presque à recevoir en retour une contribution après la fin de l'activité ou de l'événement de la part de leurs sources. Cette pratique est désignée par le terme" COUPAGE." Ce jargon bien entendu sur les lèvres des journalistes congolais est l'argent que les organisateurs des évènements versent aux journalistes à la fin d'un point de presse, d'une conférence débat ou d'un entretien.

Cette pratique consiste à octroyer aux journalistes venus couvrir un évènement pour le compte de leur rédaction respective un cachet dont la hauteur est fixée au gré des organisateurs, de la manière à motiver pour rédiger absolument, voire favorablement l'information3(*).

La pratique du coupage ou de sa signification fait couler beaucoup d'encre et de salive partout au monde selon le cas. Mais dans notre contexte congolais, elle a semblé être comprise bien que faisant toujours matière à réflexion. Cependant, cette pratique est étendue sur toute l'étendue de la RDC avec des néologies variées.

Ces réalités ont forcément une incidence négative sur l'indépendance et la liberté du travail des médias et des journalistes, en ce sens qu'elles ne leur laissent pas toujours le choix de l'angle par lequel ils traitent leurs informations, elle a également une incidence sur la qualité de leur travail qui épouse bien souvent les sources d'information et n'a pas toujours les moyens de saisir les faits dans leur profondeur4(*).

Cela étant, en bref nous pensons que le coupage c'est le fait de monnayer la production d'une information. Ce qui fait que, une fois ayant touché l'argent auprès de sa source, le journaliste dénature le sens de l'information pour plaire à cette dernière. Ce qui pourtant, constitue une violation du principe de la neutralité, de l'indépendance et de la partialité qui sont les qualités dignes d'un journaliste. Tout ceci rend la presse dépendante du pouvoir d'argent. Par conséquent, dans le souci de se procurer un peu de sous, toute personne se jette dans la profession de journaliste, ce qui est à la base de la naissance d'un nouveau genre de journaliste à la recherche de l'argent et non de l'information, « le journaliste mouton noir ».

Le code d'éthique et déontologie du journaliste congolais mentionne dans son article 7 qu'il est strictement interdit aux journalistes de recevoir un quelconque présent, avantage ou cadeau de la part des sources d'information pour distordre, diffuser ou étouffer des informations ni aucune gratification en raison de la publication5(*). Conscient du danger que cette pratique représente dans le métier du journaliste, la convention cadre des journalistes de l'espace communauté économique des Etats d'Afrique central CEEAC en sigle, recommande en son article 16 que les activités rédactionnelles soient clairement distinctes des activités commerciales ou publicitaires (...) L'employeur ne peut exiger d'un journaliste un travail commercial6(*).

Et sachant les conséquences qu'à cette pratique dans la presse, le Code déontologique de la société des journalistes professionnels précise dans son troisième point " agir indépendamment" que Les journalistes ne doivent avoir d'autre intérêt que de servir le public et stipule dans son premier article que les journalistes doivent Refuser les cadeaux, voyages gratuits et autres traitements de faveur et éviter les engagements politiques et les fonctions publiques qui pourraient compromettre leur intégrité ou nuire à leur crédibilité7(*).

Le coupage entache très sérieusement la liberté rédactionnelle du journaliste. Ceux qui prétendent le contraire ne sont pas crédibles, dès le moment où s'établit une relation d'argent entre un journaliste et un commanditaire, le premier n'est plus libre de son expression il va se plier au désir de son interlocuteur et comme nous le voyons régulièrement, le flatter. Nous ne sommes donc plus dans le journalisme, nous sommes dans la flatterie qui est un genre journalistique qui a connu ses heures de gloire dans les pays communistes et sous le règne de Mobutu. Cette pratique maintient le journaliste dans un état de clochardisation. Au lieu de bénéficier d'un salaire mensuel payé par son employeur, le journaliste continue à vivre de frais de transports, de coupage ou de frais de diffusion qui tiennent plus de l'économie informelle que de l'économie organisée8(*).

Tous peine à comprendre pourquoi un journaliste, avec toute l'éthique, la déontologie et les conventions qu'il a apprises durant sa formation, se transforme en un bagage sans importance suite à un comportement de quémandeur, tel est la représentation des certains journalistes aujourd'hui dans la région de grand lacs. Certains, au lieu de récolter, traiter et diffuser les informations qui du reste est leur métier quotidien, ils se mettent à courir derrière les hommes politiques et autres personnalités pour leur demander du Coupage pour diffuser l'information. D'autres vont très loin et restent les vrais quémandeurs qui n'ont même pas où faire passer les informations qu'ils récoltent.

Les médias communautaires comme ceux du service public doivent tout faire pour remplir pleinement les rôles ou fonctions qui leur sont assignés. Il s'agit notamment, de la fonction d'informer, d'éduquer et surtout de critiquer qui leur confère leur titre de 4ème pouvoir. C'est - à - dire, les médias doivent rendre les êtres humains plus conscients des problèmes qui leur sont propres, comme ceux du processus électoral, de la recherche de la paix, du développement ou encore de la sécurité, etc.

Cette mission peut être rendue possible lorsque les journalistes ne s'adonnent pas au phénomène de coupage9(*).Car quand on est coupé, on est gêné disait Modeste MUTINGA ancien président de la Haute autorité des médias qui est actuellement conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication10(*).

Dans la ville de Kananga, il se pose un problème général susceptible à la visibilité de cette pratique du coupage, car les informations non coupées ne sont pas les bienvenues. Les journalistes de cette ville ont pratiquement fait de cette pratique une culture. Des politiciens, des hommes d'affaires et autres acteurs de la vie sociale ne trouvent pas mieux que d'offrir des cadeaux aux journalistes lors de leur reportage et c'est dans le but de les amener à traiter l'information en leur faveur.

Bien qu'interdite formellement par le code de déontologie des journalistes congolais, certains médias trouvent normal de recevoir des cadeaux de leurs sources d'information. Ce qui malheureusement terni l'image de la presse Kanangaise. Les journalistes de ces différents médias sont les notables du coupage sur terrain, le principe sur lequel se fonde les acteurs de cette pratique est que les journalistes Kanangais travaillent dans des conditions précaires trouverait dans cette cagnotte le moyen de l'encourager à faire son travail. Mais à ces jours, le revers de la médaille est que de plus en plus, les journalistes s'adonnent à cette pratique tout en s'écartant totalement du professionnalisme. Ceux-ci se livrent à un journalisme partisan. Visiblement, cette pratique représente une corruption déguisée et met le journaliste dans une position de faiblesse face à sa source.

En effet, pour cerner le Coupage, les réponses à ces questions nous serviront de guide pour arriver à enquêter sur l'impact de ce phénomène dans la presse de Kananga :

v Question principale :Pourquoi les journalistes de la ville de Kananga pratiquent-ils les coupages ? Comment ce phénomène gangrène-t-il les médias de la ville de Kananga ?

v Questions spécifiques :

Qu'est-ce qui est à la base du phénomène Coupage dans la sphère médiatique de la ville de Kananga ? Les maisons de presse de Kananga sont-elles capables d'offrir les conditions de vie acceptables aux journalistes ? Entre les informations coupées et celle non coupées,aux quelles accorde-t-on de l'importance ?

* 1 Célestin KATUBADI., Économie des médias, cours de deuxième licence, FSCC, UKA, inédit, 2022-2022.

* 2 Jean-Marie DIKANGA KAZADI., Méthodologie de l'information, cours de G1sic, faculté des lettres, UNILU, inédit, 2019-2020.

* 3 Rigobert LAPESS MUNKENI., La pratique du coupage dans la presse congolaise, thèse de doctorat en sciences de l'information et de la communication présentée à l'IFASIC. Kinshasa, 2000, p.1.

* 4 Rigobert MUNKENI LAPESS., Pratique du coupage, incidence sur la participation des médias congolais au développement et à l'éradication de la pauvreté, article présenté Lors du séminaire, atelier organisé par l'OMEC à Kinshasa, Mai 2006, p.15.

* 5 OMEC, Code de déontologie et d'éthique du journalisme congolais, Kinshasa, centre catholique nganda, 2004.

* 6GRET, le Coupage dans la presse gangrène du journalisme : les pistes pour en sortir, Kinshasa, inter Congo media, 2006, p.51.

* 7 https://www.acrimed.org/ Code-deontologique-de-la-Societe-des-journalistes-professionnels.

* 8 GRET, OP. cit. p.51.

* 9 Cosmas MUNGAZI., Médias du Coupage : de l'information à la communication : le journalisme aux mains tendues, Éditions universitaire européenne, novembre 2018.

* 10 Modeste MUTINGA., << Quand on est coupé, on est gêné>> in le coupage gangrène du journalisme : les pistes pour en sortir, Kinshasa, inter Congo media, p.28.

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