Section I : un jumelage entravé par des
nombreuses difficultés
Aucune pratique de la coopération
décentralisée ne peut être propice aux populations sans
avoir réuni certaines conditions nécessaires. En effet,
certaines conditions doivent être nécessairement remplies pour que
le jumelage puisse véritablement porter des fruits cependant ce n'est
pas le cas concernant le jumelage entre les villes de Moundou et Poitiers.
Plusieurs difficultés ont mis en mal cette
coopération et l'ont empêchée de se déployer de
façon efficace pour pouvoir apporter un changement au niveau de vie de
la population. Les difficultés que rencontre le jumelage se situent
à plusieurs niveaux.
Paragraphe I : Absence de co-financement et les
entraves politiques
Le partenariat entre les villes de Moundou et Poitiers
souffrent de plusieurs maux entre autres le manque de moyens financiers pour le
co-financement des projets(A) et le poids politique (B) qui freinent les bonnes
volontés des intervenants au jumelage.
A. Le manque des moyens financiers
Le domaine de la coopération
décentralisée au Tchad n'est pas bien organisé à
l'exemple de certains pays de l'Afrique de l'ouest, comme le Burkina-Faso, le
Sénégal et le Mali.
En effet, le problème ici peut être
partagé entre l'Etat tchadien et la mairie de Moundou. Depuis des
décennies les communes du Tchad ne sont pas dotées des enveloppes
financières conséquentes pour leurs activités. Même
les fonds levés par le biais des impôts, des taxes directes et
indirectes, et d'autres amendes forfaitaires sont partagés entre le
trésor public et la caisse de la mairie. Par conséquent la
commune n'a pas un budget consacré à la coopération
décentralisée. Ainsi beaucoup d'actions souffrent par le manque
de moyen financier et pour les projets importants, la commune de laisse au bon
vouloir de son partenaire de Poitiers. Et pourtant dans la coopération
décentralisée ou dans l'ingénierie des projets, il existe
le principe de co-financement. Le cofinancement permet de garder une certaine
indépendance vis-à-vis des partenaires et de l'Etat.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le contexte de restriction
budgétaire du ministère des affaires étrangères en
France, diminution des subventions consacrées à la
coopération de 20% en moyenne, ne met donc pas
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forcement en avant les actions des collectivités
locales, car elles répercutent aussi sur les actions internationales,
ainsi le financement des projets dans les pays du sud semble compris, par
ricochet la ville de Moundou subie directement les effets de cette crise
économique en France, car la commune de Poitiers ne peut tout faire
seule dans la ville de Moundou sans recourir à la contre-partie
budgétaire ou au cofinancement de certains projets d'envergure mais il
se trouve que la commune de Moundou ne dispose pas d'une ligne
budgétaire pour le cofinancement dans la coopération
décentralisée et attend qu'on lui donne tout comme cadeau. Ceci
peut s'expliquer par la méconnaissance des enjeux de la
coopération décentralisée. A priori, cette pratique n'est
pas aperçue comme un outil de développement par les acteurs , et
ceci se traduit dans les propos de DJIMASGAR DJEBOLO63« la
coopération décentralisée entre les villes est avant tout
le contact entre les hommes et de femmes de cultures différentes, de
mode de vie différent, ceux-ci partagent leurs expériences leurs
expériences de vie, leurs succès et leurs échecs
» par ailleurs, la coopération décentralisée de
nos jours constitue une opportunité assez efficace pour répondre
aux demandes sociales dans la mesure où cette coopération est
dotée des moyens humains, techniques et financiers conséquents.
La coopération décentralisée est une opportunité
pour la collectivité locale de Moundou pour réduire le niveau de
pauvreté et des inégalités sociales. Les programmes du
partenariat ou de coopération entretenus par la ville de Moundou avec
son homologue français , ont permis à l'amélioration des
conditions de vie des populations.
B. Le poids politique
La coopération décentralisée est
menée par les collectivités locales, ce qui signifie qu'elle
relève nécessairement des choix et des priorités des
élus locaux. Mais l'Etat en tout état de cause devrait mettre en
place une agence nationale de coopération décentralisée,
une structure neutre qui se chargerait de toutes les questions relatives au
jumelage. D'autre fait majeur au Tchad est l'instabilité des
institutions étatiques ainsi dans un passé récent des
maires étaient nommés directement depuis la capitale, et pourtant
la coopération décentralisée doit accompagner la
démocratie. Ainsi le maire de la ville qui arrive est étranger
aux questions du jumelage et n'en fait pas une priorité. De fait,
pendant une longue période, le jumelage entre les villes de Moundou et
Poitiers était dans une léthargie, il a fallu attendre les
élections
63 Président de l'Association des Amis de
Moundou-Poitiers. Propos recueillis le 12/09/2014 à 9h7min à
Moundou.
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communales de 2012 pour que le maire démocratiquement
élu donne un coup d'accélérateur au jumelage en 2013.
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