Introduction
Le « Sommet de la terre » marque le début de
la diffusion, au niveau internationale, du concept et des pratiques sur le
développement durable (Anonyme, 1992). Depuis lors, la
préservation de la biodiversité est considérée
comme l'un des enjeux essentiels du développement durable (Anonyme,
1992). L'adoption de la convention sur la diversité biologique (CDB) au
cours de ce sommet engage les pays signataires à protéger et
à restaurer la diversité du vivant (Le Guyader, 2008).
L'importance des trois dimensions de la diversité biologique (la
diversité écologique, la diversité spécifique et la
diversité génétique) a permis à l'ensemble des
acteurs de la communauté internationale à prendre des engagements
pour intégrer les principes d'une gestion durable de l'environnement
dans tous ces aspects (Noss, 1990 ; Le guyader, 2008). De nombreuses
conférences notamment, la convention des Nations-Unies sur
l'Environnement et le Développement, la convention Nagoya sur la
biodiversité (2010), la Conférence d'Hyderabad sur la
diversité biologique (2012) et la conférence sur les changements
climatique (Cop 21), ont donné des orientations en ce qui concerne
l'environnement et le déclin de la biodiversité. Les
différentes résolutions prises ont montré le
caractère transversal de la dimension environnementale dans toutes les
politiques sectorielles de développement et le caractère
planétaire des conséquences à long terme du non-respect et
de la protection de l'environnement.
Le Cameroun, activement engagé sur le plan
international, a signé (le 14 juin 1992) et ratifié (le 19
octobre 1992) la convention sur la diversité biologique. Dans une
volonté politique constante, le Ministère de l'environnement et
des forêts sera créé en avril 1994, afin d'encadrer le
développement durable et la protection de la diversité biologique
mise en mal notamment par le secteur agricole à travers l'ouverture des
forêts.
L'agriculture apparait à ce jour comme étant le
principal moteur de la déforestation en milieu tropical (Dkamela.,
2011). Afin de nourrir la population mondiale sans cesse croissante, plusieurs
cultures sont effectuées à travers des superficies importantes.
C'est le cas des cultures oléagineuses et notamment du palmier à
huile considéré par les courants écologiques comme
étant le principal responsable de la déforestation en milieu
tropical (Meijaard, E et al., 2018). L'élaeiculture au Cameroun
se pratique au travers de trois types de plantations à savoir : les
plantations agro-industrielles, les plantations villageoises encadrées
et les plantations villageoises traditionnelles. Les travaux de la FAO en 2017
font état de 21 000 000 d'hectares de palmier à huile à
travers le monde, soit 369 661 ha dans le bassin du Congo, et 170 169 ha pour
le Cameroun (Ordway et al., 2019). Pourtant le Ministre camerounais de
l'Agriculture et du Développement Rural (MINADER) estimait les
superficies occupées par l'élaeiculture à
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190 000 ha en 2010, soit (5 8860 ha, produisant 120.000 t)
pour les plantations agro-industrielles ; (35000 ha pour 30.000 t) pour les
plantations villageoises encadrées et (100.000 ha pour 80.000 t) pour
les plantations villageoises traditionnelles Bakoumé et al
(2012). L'accentuation du développement des agrosystèmes
élaeicoles a eu pour effet direct une reconquête des nouveaux
espaces agricoles. Tout ceci a participé à l'accroissement des
surfaces cultivées qui ont progressé aux dépens des
écosystèmes de la forêt.
L'installation des agrosystèmes élaeicoles est
subordonnée à l'ouverture des parcelles de forêts,
accompagnée par des coupes systématiques des espèces
arbustives et arborescentes de la strate supérieure (Dufour, 2014). La
strate supérieure au fil du temps a fait l'objet de plusieurs travaux
relatifs à l'évaluation de sa diversité
végétale aussi bien en milieu forestier qu'au sein des
systèmes de cultures (Djego et al., 2009). Il n'existe presque
pas de travaux disponibles sur la diversité végétale de la
strate inférieure qui est colonisée en majorité par des
espèces herbacées considérées comme adventices
(Yoka, 2009). La diversité végétale ne saurait être
réduite aux arbres et arbustes. Il est important de signaler que les
individus de la strate inférieure sont de plusieurs importances
notamment à travers la protection des sols contre l'érosion, la
fixation de l'azote, la pharmacopée et la nutrition animale (Yoka et
al., 2013). Connaitre la diversité de cette strate notamment
dans les agrosystèmes élaeicoles où les arbres et arbustes
sont inexistants apparait opportun et s'inscrit dans la logique de la
protection de la biodiversité végétale qui ne se
réduit pas aux arbres et arbustes.
La présente étude s'est proposé
d'évaluer la diversité végétale de la strate
inférieure des agrosystèmes élaeicoles villageois (AEV) de
la zone agroécologique V à pluviométrie bimodale au
Cameroun : cas de la localité de Nkong-Abok 1.
Il a spécifiquement été question de :
- caractériser les agrosystèmes
élaeicoles villageois (AEV) de Nkong-Abog 1 ;
- étudier la diversité floristique des
agrosystèmes élaeicoles en rapport avec leurs caractères
propres (âge, densité des individus et altitudes) et des pratiques
culturales associées de Nkong-Abog 1;
- analyser les groupes fonctionnels de la
végétation de la strate inférieure des agrosystèmes
élaeicoles de Nkong-Abog 1.
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Chapitre I : Revue de la littérature
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