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Le Cameroun dans la coopération sécuritaire internationale: le cas de l'EIFORCES (2008-2022)


par Claudel Elian EDINA ONOMO
Université de Yaoundé 1 - Master 2023
  

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I- OBJECTIFS ET MISSIONS DE L'EIFORCES

Le maillage administratif en Afrique en général et au Cameroun en particulier n'est pas densifié dans les périphéries. L'Etat à travers son appareil administratif et sécuritaire est plus représenté dans les centres urbains au détriment des périphéries. La présence squelettique des organes étatiques dans ces zones profite à l'émergence d'autres acteurs. Ces acteurs contestent le monopole de l'Etat et envisagent se substituer à ce dernier. Ils s'en prennent aux administrateurs sécuritaires et aux populations5. Ces agents de la dilatation sécuritaire se livrent à plusieurs formes de banditisme remettant l'ordre étatique en cause. Lorsque l'Etat décide de voler au secours des populations victimes de ces entrepreneurs par le canal de la police et de la gendarmerie son action n'a pas l'effet désiré. Pour la simple raison que ces administrateurs rencontrent des difficultés d'ordres stratégiques, opérationnelles et tactiques car ils font face à une nouvelle forme de menace. Cette situation pose le problème d'un réajustement capacitaire des forces de Police et Gendarmerie. Le décideur répond à ce besoin en créant l'EIFORCES. En créant cette structure le décideur veut résoudre plusieurs problèmes et atteindre des objectifs pluriels.

A- Objectifs de l'EIFORCES

L'Etat du Cameroun en créant l'EIFORCES fait de cette structure un instrument d'opérationnalisation de sa politique sécuritaire nationale et internationale. Ceci se traduit à travers les attentes de l'Etat à l'égard de cette structure. De façon globale, l'EIFORCES poursuit trois objectifs spécifiquement, à savoir : contribuer au renforcement de la stabilité régionale, améliorer la gouvernance sécuritaire des pays africains, et enfin Promouvoir des

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standards communs au sein des forces de Police et de Gendarmerie destinées aux opérations de paix dans le cadre des missions onusiennes et de l'Union Africaine (UA)6.

1- La Contribution au renforcement de la stabilité régionale

La création de l'école internationale d'Awae survient à une période fortement crisogene en Afrique. Le continent noir plus particulièrement sa zone subsaharienne est sujette à plusieurs problèmes sécuritaires. En effet, les événements internationaux à savoir : la chute du mur de Berlin, la crise économique de la fin des années 1980, la mise en place des programmes d'ajustements structurels et la réouverture démocratique ont cassé la dynamique progressiste des Etats africains7. Au lendemain de cette crise les Etats africains sont soumis aux exigences des instances de Bretton Woods. Les programmes d'ajustements structurels vont être à l'origine de plusieurs licenciements, la fermeture de plusieurs structures publiques et du désengagement de l'Etat dans la gestion des structures privées. Cette situation donne lieu à une paupérisation d'envergure nourrissant un sentiment d'abandon des Etats auprès de la population.

La réouverture démocratique de 1990 donne lieu à une cristallisation de la violence dans plusieurs Etats africains. Le passage du monolithisme pour le multipartisme s'effectue dans un environnement hautement sensible et crisogene. Face à la montée en puissance que génère ce changement de paradigme gouvernemental, les Etats africains se retrouvent dans l'incapacité d'assurer la sécurité intérieure de leurs espaces territoriaux. L'impuissance capacitaire des forces sécuritaires africaines permet l'installation d'un banditisme interétatique ralentissant le processus de croissant du continent8.

Cette prise d'otage du continent par les problèmes sécuritaires nécessite la conception d'un instrument salvateur. Le Cameroun en harmonie avec sa doctrine internationale donne naissance à cet instrument9. Il s'agit de l'école internationale de sécurité d'Awae qui hérite de la lourde responsabilité de renforcer la stabilité sur le continent à travers les formations et les recherches qu'elle dispense et effectue dans le domaine de la sécurité. Grâce à la production de la note de conjoncture de l'EIFORCES des administrations ont un support pédagogique qui les assiste dans la lutte contre l'insécurité.

6 AIE, Catalogue des formations, p. 2.

7 P. Hugon, " L'économie des conflits en Afrique ", Revue internationale et stratégique n°43, 2001, p. 10.

8 Pokam, Le Cameroun à l'épreuve de l'insécurité, p. 25.

9 Y. A. Chouala, La politique extérieure du Cameroun : Doctrine, acteurs, processus et dynamique régionales, Paris, Karthala, 2014, p. 27.

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2- L'amélioration la gouvernance sécuritaire

En amorçant le processus démocratique en Afrique en 1990, les observateurs nationaux et internationaux de la scène politique accordent beaucoup d'espoir à ce souffle nouveau. Malheureusement, cet espoir dure le temps d'un rêve car, au lendemain de l'ouverture démocratique, le continent fait face à une pluie de crises. Entre une situation économique en lambeau et la montée en puissance des crises internes, le continent vit un XXe siècle particulièrement chaotique10. Les Etats d'Afrique subsahariennes vivent des crises intérieures provoquant des vastes mouvements migratoires. Ces déplacements de populations des Etats en crise vers des terres relativement en paix produisent une régionalisation de violence.

La régionalisation de la violence en Afrique profite des faiblesses des programmes politiques de sécurisation frontaliers, ces programmes sont inopérants. La porosité des frontières africaines ouvre les portes à l'entreprenariat criminel11. Les acteurs de cette criminalité remettent en cause le pacte social à l'origine de l'émergence de l'Etat. Cette contestation de l'hégémonie étatique suscite une remise en cause des politiques de gouvernance sécuritaire en Afrique12. Cette remise en cause passe par un réajustement des politiques sécuritaires. Le Cameroun fidèle à ses idéaux de solidarité internationale et de libération de l'Afrique met sur pied un instrument pour la reconquête de l'hégémon étatique.

La création de l'école d'Awae obéit à la logique d'améliorer la gouvernance sécuritaire au plan national et international13. Cette vision est observable dans le catalogue des formations qu'offre ce centre. Les forces de sécurité camerounaises et africaines ont présenté des lacunes dans la gestion des crises sécuritaires. Ces lacunes étaient le résultat d'un manque d'actualisation des codes opérationnels face aux nouveaux défis sécuritaires émergeant dans la décennie 2000. Après un passage à l'EIFORCES, les officiers supérieurs de Gendarmerie et les hauts fonctionnaires de Police sont aptes à plusieurs missions, à savoir : planifier et commander une opération de « Police » dans le cadre national et international14. Grace à cet outillage pédagogique, les acteurs sécuritaires deviennent des piliers dans le processus de gouvernance sécuritaire en apportant des solutions propices aux problèmes sécuritaires.

10 I. Mouiche, S. Kale, Gouvernance et sécurité en Afrique subsaharienne francophone : entre corruption politique et défis sécuritaires, Addis Abeba, UPEACE, 2015, p. 3.

11 Ibid.

12 E. R. Diemissene Baya, " L'EIFORCES comme structure de réponse aux besoins de formation en opérations de soutien à la paix multidimensionnelles de l'Afrique centrale CEEAC ", Master Professionnel en Stratégie, Défense, Sécurité, Gestion des Conflits et des Catastrophes, Université de Yaoundé II, 2015, p. 4.

13 AIE, Pour la paix, la sécurité et la stabilité en Afrique et dans le monde, p. 3.

14 AIE, catalogue des formations, p. 7.

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L'EIFORCES offre également des séminaires ou ateliers aux civils et aux agents de polices spécifiques dans le but de donner à des participants des éléments essentiels pour servir comme cadres au sein des structures de génération ou de gestion de mission de paix. Ces séminaires intègrent un niveau théorique et pratique. A titre illustratif, l'on peut évoquer le séminaire de lutte contre le terrorisme. Ce dernier se tient durant deux semaines. Il est ouvert aux civils, Policiers et Gendarmes. Les participants ressortent avec des capacités renforcées dans le domaine du renseignement prévisionnel15. Ce savoir nouveau devrait aider la chaine de commandement à pouvoir anticiper sur les activités terroristes.

Après la présentation du point concernant l'amélioration de la gouvernance sécuritaire. La réflexion suivante est axée sur la promotion des standards communs au sein des forces de Police et Gendarmerie par l'EIFORCES.

3- La promotion des standards communs au sein des forces de Police et Gendarmerie destinées aux opérations de Paix dans le cadre de missions onusiennes et de l'Union Africaine (UA)

Lors de la rencontre des leaders politiques de la Communauté économique des Etats

de l'Afrique Centrale du 31 juillet 199216, les Etats membres ont pris la résolution de développer la coopération avec les institutions de formation spécialisées dans le domaine de la prévention des conflits et la conduite des opérations de Maintien de la Paix. Cette résolution fait suite aux nombreuses lacunes rencontrées par les forces de défense et de sécurité de la sous-région dans l'encadrement des conflits dans cette partie du continent et ailleurs. Ces lacunes dérivent de la non-harmonisation des méthodes d'encadrement sécuritaire entre les éléments de la Police et de la Gendarmerie formant la composante police lors des missions de maintien et de soutien à la paix des Nations Unies.

Au regard de l'importance des composantes polices dans les missions de Maintien de la Paix onusienne, il devient nécessaire de mettre à jour le format stratégique, tactique et opératif de ces éléments. La gendarmerie qui fait partie de la composante police est un corps spécifique. Elle remplit à la fois deux missions, sécurité et défense17. Elle a un langage opérationnel diffèrent de celui de la police. Cette divergence opérationnelle constitue un frein dans l'accomplissement des missions des composantes polices dans les missions onusiennes. Ayant fait le constat, l'Etat du Cameroun décide de créer l'EIFORCES pour résoudre ce problème de non-harmonisation des standards communs au sein des forces de Police et de Gendarmerie.

15 AIE, catalogue des formations, p. 4.

16 M. Mutoy," Coopérer pour la paix en Afrique centrale, Genève", UNIDIR, n° 35, 2003, p. 27.

17 Décret n° 2001/181 du 25 juillet portant organisation de la gendarmerie nationale, Article 2.

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L'Ecole Internationale des Forces de Sécurité camerounaise se positionne comme cette structure qui harmonise la langue opérationnelle des éléments de Police et Gendarmerie pour constituer la composante police destinée aux OMP. Ceci à travers les enseignements qu'elle dispense conjointement aux administrateurs sécuritaires de la police et de la gendarmerie. Lors de leur passage à l'école d'Awae les policiers et gendarmes sont remodelés stratégiquement, tactiquement et opérationnellement aux standards des Nations-Unies 18 . Grâce aux enseignements de l'EIFORCES, un commandant Tchadien peut être à la tête d'une composante police camerounaise lors d'une mission de Maintien de la Paix et qu'il ne rencontre pas des difficultés à communiquer tactiquement avec sa troupe19.

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