La République Démocratique du Congo et la lutte contre la prolifération des groupes armés, bilan et perspectives.par Potient MUKADI BIAKAPIDIABO Université de Kananga - Graduat 2020 |
SECTION II EVALUATION DE LA LUTTE ENGAGEE CONTRE LA PROLIFERATION DES GROUPES ARMES (BILAN)§1 REUSSITE DES FARDC ET ALLIES SUR M23L'accord d'intégration signé le 23 mars 2009 s'effondra début 2012 en raison d'un différend entre Kinshasa et le leadership de l'ex-CNDP, entraînant une énième phase de mobilisation. Alors que les FARDC tentaient depuis 2009 de redéployer le leadership de l'ex-CNDP à l'écart des régions des Kivu, le fiasco électoral 2011 poussa le Président Joseph Kabila à intensifier ces efforts. En partie du fait des pressions internationales, il essaya aussi d'arrêter le général Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale. Cependant, anticipant la situation, certaines parties de l'ex-CNDP se mutinèrent en avril 2012. Cette dissidence se transforma en une nouvelle rébellion, qui prit le nom de M23, conduisant à une fracture au sein du réseau de l'ex-CNDP. Environ la moitié des officiers de l'ex-CNDP ne rejoignirent pas le M23, résistant ainsi aux pressions des autorités rwandaises qui étaient de plus en plus impliquées dans la gestion de la rébellion103(*). La crise du M23 se fit sentir dans toute la région, déclenchant la formation ou la consolidation de plusieurs groupes antagonistes dans sa zone de déploiement de Rutshuru, notamment les FDLR-Soki, les Maï-Maï Shetani, le Mouvement populaire d'autodéfense (MPA) et les Forces pour la défense des intérêts du peuple congolais (FDIPC). Cette mobilisation croissante était également le résultat des efforts entrepris par le M23 et ses alliés au Rwanda pour former des alliances ou créer des nouveaux groupes dans tout l'Est de la RDC, tels que l'Alliance pour la libération de l'Est du Congo (ALEC) à Uvira et la Force oecuménique pour la libération du Congo (FOLC) dirigée par le déserteur des FARDC Hilaire Kombi dans la région de Beni, dans la partie nord du Nord-Kivu. Le M23 tenta également d'organiser des coalitions de groupes armés en Ituri, efforts qui pour la plupart furent vains. Outre les déserteurs de l'armée comme Kombi, des politiciens marginalisés jouèrent un rôle crucial dans ces efforts de mobilisation. Dans le nord du Nord-Kivu, Antipas Mbusa Nyamwisi, député et ancien ministre des Affaires étrangères, organisa un soutien politique significatif en faveur du groupe de Kombi et lui donna des armes104(*). Au Sud-Kivu, le candidat parlementaire malheureux Gustave Bagayamukwe fut l'initiateur d'un nouveau satellite du M23 appelé l'Union des forces révolutionnaires du Congo (UFRC) fin 2012105(*). Cependant, la plupart de ces groupes étaient de faible envergure et le M23 ne parvint pas à déstabiliser la région au sens large. Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU en réunion militaire contre les FDLR, tout en mettant l'accent sur le partenariat entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les forces de la MONUSCO. «Une planification conjointe avec des stratégies conjointes pour des opérations conjointes et pleinement intégrées est la seule façon de gagner cette guerre», a déclaré Monsieur Köbler qui a rappelé, par ailleurs, que le M23 a été défait parce que les FARDC et la MONUSCO ont travaillé main dans la main, comme de vrais coéquipiers qui se font mutuellement confiance106(*). * 103ONU, Conseil de sécurité des Nations Unies, S/2012/348/Add.1, Additif au rapport d'étape du Groupe d'experts sur la République démocratique du Congo, 27 juin 2012, pp. 11-12. * 104Idem pp. 19-27 * 105 Ibidem. pp. 13-15 * 106Abdourahamane. D. « Les opérations militaires, dans l'est de la RDC, soutenues par le conseil de sécurité », in ECHOS de la MONUSCO : Neutraliser les FDLR, Kinshasa/Gombe. Volume VII-N°41 Janvier 2015. pp. 7 |
|