La République Démocratique du Congo et la lutte contre la prolifération des groupes armés, bilan et perspectives.par Potient MUKADI BIAKAPIDIABO Université de Kananga - Graduat 2020 |
§2 LA PLACE DE LA MONUSCO ET SA CONTRIBUTION A LA LUTTE CONTRE LES GROUPES ARMESLa mission de la Force Onusienne, définit par le Conseil de sécurité des Nations Unies, aux termes de la Résolution 2463, est d'assurer la protection des civils, d'appuyer la stabilisation et le renforcement des institutions de l'État en République démocratique du Congo, ainsi que les principales réformes de la gouvernance et de la sécurité. Son mandat ainsi défini, la Force s'engage au quotidien, depuis la création de la MONUC/MONUSCO, dans la recherche de la paix, par des actions d'appui aux Forces armées congolaises (FARDC), par un accompagnement institutionnel et par la formation ainsi que par des travaux d'ingénierie sur le territoire.91(*) Les premières troupes onusiennes déployées en République démocratique du Congo (RDC) sont arrivées en 1960 pour aider à rétablir l'ordre et le calme dans le pays. Trente-trois années plus tard, les conséquences du génocide rwandais ont conduit les Nations Unies à déployer une nouvelle mission en RDC, laquelle a été transformée en MONUSCO, en 2010. La MONUSCO a été configurée de façon à utiliser tous les moyens nécessaires, y compris des opérations offensives, pour s'acquitter de son mandat, notamment en vue d'assurer la protection des civils et la neutralisation des groupes armés, et pour appuyer le Gouvernement de la RDC dans ses efforts de stabilisation et de consolidation de la paix. Pour ce faire, la Force est déployée dans cinq régions dans le pays. A savoir, le Secteur Ouest, le Secteur Nord, le Secteur Central, le Secteur Sud, et la Brigade d'Intervention de la Force (FBI). La Force de la MONUSCO couvrant ces régions est composée de 11 bataillions d'infanterie ; 5 bataillons à déploiement rapide, un nouveau concept d'organisation de l'infanterie caractérisée par une mobilité et une puissance de combat accrue comparée aux bataillons d'infanterie classiques ; 5 unités d'aviation (comprenant un total de 20 hélicoptères utilitaires et 7 hélicoptères d'attaque) ; 4 compagnies de génie ; 3 compagnies de forces spéciales ; 2unités de police militaire; 1 hôpital de niveau III et d'autres installations médicales. Toutes ces unités sont dirigées par un Quartier général (QG) de la Force, 4 QG pour les Secteurs et 1 QG pour la FIB. Actuellement, cinquante pays contribuent à l'effectif militaire de la MONUSCO.92(*) Il s'agit du Bangladesh, de la Belgique, du Bénin, du Botswana, de la Bolivie (État plurinational de), de la Bosnie-Herzégovine, du Brésil, du Burkina Faso, du Cameroun, du Canada, de la Chine, de la République tchèque, de l'Égypte, de la France, du Ghana, du Guatemala, de la Guinée, de l'Inde, de l'Indonésie, de l'Irlande, de la Jordanie, du Kenya, de la Malaisie, du Malawi, du Mali, du Maroc, de la Mongolie, du Népal, du Niger, du Nigéria, du Pakistan, du Paraguay, du Pérou, de la Pologne, de la République d'Afrique du Sud, de la Roumanie, de la Fédération de Russie, du Sénégal, de la Serbie, du Sri Lanka, de la Suède, de la Suisse, de la Tunisie, de l'Ukraine, du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, de la République-Unie de Tanzanie, des Etats-Unis d'Amérique, de l'Uruguay et de la Zambie. Ces militaires sont déployés dans la zone de la Mission en tant qu'officiers d'état- major, membres de contingents (troupes) ou observateurs militaires.93(*) Une approche globale est nécessaire pour faire face aux défis de la protection des civils en RDC. Il est également reconnu que les diverses composantes de la Mission doivent travailler en étroite collaboration et mieux coordonner leurs activités. Par conséquent, un cadre pour une approche globale pour parvenir à des stratégies de stabilisation, de protection des civils et de neutralisation des groupes armés adapté à chaque zone de la RDC a été élaboré conjointement par la Force, l'Unité d'appui à la stabilisation (SSU) et le Bureau du Représentant spécial adjoint du Secrétaire général en charge des Opérations et de l'Etat de droit. La protection des civils est la priorité de la Force, conçue et planifiée pour la meilleure réalisation en élaborant des stratégies de Protection par la Projection et de Protection par la Présence. La protection de l'enfance : une partie intégrante de l'engagement de la force Les conflits touchent les enfants de manière disproportionnée. Beaucoup sont victimes d'enlèvements, de recrutement militaire, de meurtres, de mutilations et de nombreuses formes d'exploitation. Le Conseil de sécurité se penche sur cette question depuis 1999 et la protection des enfants dans des situations de conflits armés est inscrite dans les mandats des opérations de maintien de la paix depuis 2001. 2.1 PROTECTION DES CIVILS : LA PRIORITE DE LA FORCE94(*)Ces dix dernières années, les opérations de maintien de la paix ont permis de libérer des milliers d'enfants soldats et de plaider en faveur d'une réforme législative. Ici, en République démocratique du Congo, les enfants continuent de payer le plus lourd tribut au conflit et ont été victimes de plus de 11 500 violations graves commises par plus de 40 parties à ce conflit, comme ont pu le vérifier les Nations Unies. Leur vulnérabilité à toutes les violations graves a été accentuée par la multiplicité et la fragmentation des groupes armés, la persistance des conflits armés dans l'Est et les nouvelles vagues de violence, notamment à caractère de plus en plus ethnique. La MONUSCO dispose de la plus grande section de protection de l'enfance de toutes les missions de maintien de la paix, dirigée par Mme Dee Brillenburg Wurth. Elle dirige une équipe d'environ 30 agents de protection de l'enfance qui surveillent les violations des droits des enfants et en rendent compte quotidiennement. Les informations recueillies sont analysées et intégrées aux statistiques du Mécanisme de surveillance et de communication de l'information afin de comprendre comment opèrent les différents groupes armés et pouvoir ainsi mener des activités de prévention ciblées et dialoguer avec leurs dirigeants. Le travail de son équipe a permis de libérer plus de 6000 enfants au cours des trois dernières années et a facilité leur transfert à l'UNICEF en vue de leur réintégration dans la société congolaise. En tant que composante la plus importante de la Mission et bénéficiant d'une large couverture géographique, la Force a apporté une contribution essentielle à la protection des enfants à Goma, lors d'une patrouille pour la protection des civils avec un bataillon Uruguayen. Pour répondre aux préoccupations en matière de protection des enfants, la Force emploie un spécialiste de l'égalité entre les sexes et de la protection de l'enfance, chargé de veiller à ce que la protection des enfants soit intégrée dans l'ensemble de l'Organisation et fasse partie intégrante de l'engagement de cette Force. La brigade d'intervention de la force onusienne (FIB) est une composante militaire tri-nationale de la mission de l'organisation de nations-unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO), ayant reçu mandat de mener des opérations offensives visant à neutraliser les groupes armés illégaux, unilatéralement ou conjointement avec les forces armées congolaises FARDC. La brigade est formée des contingents venus d'Afrique du Sud, de Tanzanie, du Malawi et résultent des accords conclus entre la communauté de Développement de l'Afrique Centrale (SADC) et les Nations-Unies.95(*) * 91 ECHOS de la MONUSCO, la force de la Monusco pour la protection des civils. Kinshasa/Gombe, Mai-aout 2019. pp. 7 * 92 Idem * 93 ECHOS de la MONUSCO, op.cit. pp. 7 * 94 Idem. pp. 8 * 95 ECHOS de la MONUSCO, op.cit. pp. 11 |
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