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La République Démocratique du Congo et la lutte contre la prolifération des groupes armés, bilan et perspectives.


par Potient MUKADI BIAKAPIDIABO
Université de Kananga - Graduat 2020
  

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§ 3 VOLS, EXPLOITATION ILLICITE DES RESSOURCES

Depuis un demi-siècle, la région des Grands Lacs est marquée par la hantise du génocide. Déjà en 1964, Bertrand Russel dénonçait les tueries de milliers de Tutsis au Rwanda, « le massacre le plus systématique depuis l'extermination des Juifs ». Les estimations des décès associés aux conflits récurrents dans la région des Grands Lacs d'Afrique centrale, qu'ils soient dus à la guerre elle-même, aux maladies, à la malnutrition ou à la criminalité, sont certes controversées mais elles sont toutes effrayantes. Pour la période la plus dramatique de 1998 à 2004, les évaluations proposées par B. Coghlan. [2006] font appel au souvenir. Elles estiment le nombre des décès à 3,9 millions, ce qui fait du conflit congolais le plus meurtrier depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Selon les dernières estimations, à mi-2008, ce chiffre serait plutôt de l'ordre de 5,4 millions, morts aux combats exclus [Banque africaine de développement, 2008], ce qui fait de la guerre dans le Congo oriental la plus meurtrière depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pourquoi ne parvient-on pas à établir une paix durable dans cette région ? Pourquoi l'Ituri et les Kivus tout particulièrement, bordés par le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda, constituent-ils la matrice des conflits régionaux ?

Le « modèle de la convoitise » sert le plus souvent de système explicatif aux conflits du type de celui qui règne dans les Grands Lacs depuis une quinzaine d'années. Selon ce modèle, l'exportation de minerais accroît dans un territoire donné le risque de guerre de quatre manières : le financement des rebelles et des armes, l'aggravation de la corruption de l'administration, la hausse des incitations à la sécession/balkanisation et l'augmentation de la sensibilité de la population aux chocs exogènes [Collieret al., 2003]. Le Comité permanent des évêques de la RD Congo (2008) a visiblement adhéré à cette explication : « Il est évident que les ressources naturelles du Congo alimentent la convoitise de certaines puissances et ne sont pas étrangères à la violence que l'on impose à sa population. » Les racines économiques des combats dans le Congo oriental sont avérées. Encore faut-il qu'elles trouvent un terrain favorable : un « État faillible », marqué par le déficit des gouvernances passées, doté d'une démocratie inachevée et précaire, et qui, en outre, souffre de la « malédiction des matières premières ». La grande taille du Congo a également son influence. Les mouvements rebelles peuvent opérer avec une relative facilitée dans les régions éloignées du pouvoir central, enclavées par le manque d'infrastructures, et les pays voisins peuvent occuper certaines zones abandonnées par l'État.

Les conflits s'alimentent aussi de plusieurs contentieux fossilisés, d'animosités anciennes, de haines sédimentées et de diverses compétitions autour des positions de rente, autant d'ingrédients qui ont leur propre histoire et qui se nourrissent mutuellement. Il n'est pas aisé d'en démonter les rouages puisqu'ils relèvent de l'illicite et sont donc partiellement dissimulés. Tel est pourtant le propos de cet article.

L'Est du Congo, la région au coeur de tous les conflits, forme une ceinture riche en ressources minières. Alors qu'au Katanga et au Kasaï oriental l'exploitation du cuivre et du cobalt est largement industrielle, dans les deux Kivus et en Ituri, les mines relèvent de l'organisation artisanale. Trois minerais dominent l'économie frauduleuse militarisée qui s'y est installée depuis une quinzaine d'années : le coltan, la cassitérite (minerai d'oxyde d'étain) et l'or. Le cobalt, les rubis et les pierres semi-précieuses, mais aussi les bois tropicaux, la viande, le thé, le cacao, la quinine et la papaïne constituent des ressources d'appoint.

Le pentoxyde de tantale, reconnu pour sa dureté et sa résistance extrême à la chaleur et à la corrosion, est un métal très recherché. Extrêmement lourd, relativement rare, on le trouve dans le sous-sol des Kivus sous forme de « coltan » (colombo tantalite). Une fois pilé en une poudre anthracite et raffiné, il est utilisé dans l'industrie aérospatiale et l'électronique pour fabriquer les condensateurs, les supraconducteurs et les transistors, composants essentiels pour l'armement, l'aérospatial et tous les récepteurs, téléphones cellulaires, ordinateurs, magnétoscopes... La production congolaise, de l'ordre de 1 500 à 1800 tonnes, représente environ 15 % du total mondial, assez loin derrière l'Australie et le Brésil. Si ces deux pays exportent davantage, l'enjeu géostratégique accorde une place particulière à la République démocratique du Congo (RDC) dont les réserves en minerai de tantale sont estimées à 450 000 tonnes, soit 80 % des réserves mondiales connues. Le colombo-tantalite du Nord-Kivu et du Sud-Kivu est reconnu comme possédant une radioactivité élevée ; sa concentration pourrait fournir des matières fissiles susceptibles de remplacer l'uranium dans certaines applications.

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