La République Démocratique du Congo et la lutte contre la prolifération des groupes armés, bilan et perspectives.par Potient MUKADI BIAKAPIDIABO Université de Kananga - Graduat 2020 |
CHAPITRE II LA PROLIFERATION DES GROUPES ARMESSECTION I NAISSANCE DES GROUPES ARMESL'Est de la RDC a commencé à connaître des situations difficiles d'insécurité depuis les années 1990 avec la création, au Nord-Kivu, des groupes armés à caractère ethnique, dont l'association hutue appelée MAGRIVI (Mutuelle des Agriculteurs de Virunga)50(*). Cette association dès sa création avait des objectifs louables, mais ses dirigeants les avaient déviés en les orientant dans le tribalisme violent et radical, en vue de combattre d'autres tribus de la place telles que les Hunde, les Nande, les Nyanga, les Tembo ; en ce moment ils n'avaient pas visé les tutsis, étant donné que ces derniers étaient au pouvoir à Kinshasa à l'époque du règne de MOBUTU et cela à travers Barthélémy BISENGIMANA qui était la main droite du Maréchal Mobutu. C'est ainsi que ces autres tribus non « hutuphones (Rwandophones) », pour se défendre, ils vont créer leur auto-défense populaire appelée à l'époque NGILIMA et actuellement MAI-MAI, et ceci en territoire de Masisi et de Walikale au Nord-Kivu. §1 APPARITION EXACERBEE DES GROUPES ARMESLa plupart des groupes armés actuellement présents dans l'Est de la RDC sont le résultat direct des Première (1996-1997) et Deuxième (1998-2003) Guerres du Congo-Kinshasa et de la période de transition qui s'ensuivit (2003-2006), se concluant par les élections de 2006. Cependant, l'origine de nombre des groupes qui se constituèrent pendant ces deux guerres est plus ancienne. En effet, avant 1996, il est possible de distinguer trois grandes périodes de mobilisation armée à savoir la période coloniale, pendant laquelle les exactions des envahisseurs étrangers entraînèrent une résistance; la période des rébellions Simba, dans les années 1960, qui firent suite au processus chaotique d'indépendance et de décentralisation; et la période des troubles du début des années 1990, lorsqu'une tentative de démocratisation bâclée conduisit à une mobilisation ethnique et à des actes de violence. § 2 ACTEURS VISIBLES ET INVISIBLES DANS LES GROUPES ARMESSous Mobutu, l'érosion progressive des services publics et l'interdiction des partis politiques avaient entraîné la prolifération des groupes communautaires dans les Kivus. Dans les années 1990, ce sont ces groupes d'autodéfense communautaire, appelés « mutuelles », comme déjà susmentionné, qui furent à l'origine de la mobilisation électorale et de la formation des partis politiques. Plusieurs de ces organisations, notamment la Mutuelle des agriculteurs de Virunga (MAGRIVI), une mutuelle Hutue sous l'égide de Mr Muhozi, lancèrent leurs propres milices, témoignant ainsi de la nature communautaire de ces premiers mouvements de mobilisation. En 1993, des dizaines de milliers de réfugiés burundais arrivèrent au Sud-Kivu suite à la guerre civile déclenchée par l'assassinat de Melchior Ndadaye, Président du pays élu démocratiquement, issu de l'ethnie Hutu. Vint ensuite le génocide rwandais de 1994, qui poussa 30 000 à 40 000 miliciens Hutus et soldats des Forces armées rwandaises (FAR), dont la plupart avaient été impliqués dans le génocide, à franchir la frontière, aux côtés d'un million de réfugiés civils. Ils apportaient des armes, un esprit de radicaliste et une mentalité axée sur la polarisation ethnique. Regroupés dans les camps de réfugiés, ces combattants commencèrent à lancer des attaques transfrontalières contre le Rwanda. Cette menace sécuritaire poussa le gouvernement nouvellement établi à Kigali, en coordination avec l'Ouganda, l'Angola et d'autres pays de la région, à former une coalition régionale d'insurgés pour dissoudre les camps de réfugiés/garnisons dans les Kivus et renverser le Président Mobutu. Bien que cela, il est à signaler que les causes de la prolifération des groupes armés en RDC, et plus particulièrement à l'est du pays, sont multiples : Elles sont d'ordre Ethnique, politique, économique, géographique ... * 50ONGD PEREXC, Rapport sur la présence des Forces et groupes armés Maï-Maï et la situation sécuritaire en Territoire de Lubero et ville de Butembo, 2007, pp.1-3. |
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