2. Le souci de création d'un cadre physique
favorable
Selon Michel Simeu kamdem, « Dschang
bénéficie d'une situation naturelle privilégiée
dans l'envoûtant paysage des hauts plateaux bamiléké. En
effet, à 1400 m d'altitude environ, la ville possède un climat
idéal particulièrement propice aux activités du tourisme
3». Il ressort de cette remarque que le facteur climatique a
été très déterminant dans le processus
d'implantation des Européens et d'édification des infrastructures
dans la ville de Dschang. Progressivement, avec ce climat semblable au climat
tempéré d'Europe, les colons se sentaient chez eux et dans
l'optique de le sentir davantage, ils importaient certaines activités
pour ne plus avoir besoin d'avoir de congés et de rentrer en
Métropole pour pouvoir jouir de celles-ci en une durée
relativement courte. A titre d'illustration, nous avons le foyer culturel
créé en 1932 qui est l'actuel Alliance Franco-camerounaise de
Dschang. Les jeudi et samedi soir, les Européens s'y rendaient pour le
cinéma, les jeux, le théâtre, bref tout ce qui se faisait
en métropole. L'autre exemple est le Centre Climatique de Dschang qui,
après sa construction dans les années 1940, devait permettre aux
militaires blancs de ne pas
1 Entretien avec Etienne
Gouné, le 02 Juin 2014 à son domicile à Foto
2 Jean Paul Messina,
Les prêtres du Sacré-Coeur de jésus dans le champ
d'évangélisation du Cameroun 1912-2012, Yaoundé,
Presses de l'UCAC, 2012, p.81.
3 Michel Simeu Kamdem,
« La ville de Dschang, Etude géographique », Mémoire de
Maitrise en Géographie, Université de Yaoundé, Mai 1981,
p.14.
30
rentrer en Europe en pleine guerre et, à tout
européen soucieux de bien s'amuser pendant ses congés, sans
toutefois rentrer en Europe, d'y trouver un cadre idéal. Les
conifères par exemple, autour des pavillons confortables de cette
structure, rappellent la montagne européenne et l'air vivifiant qui y
règne, contribue largement à provoquer cette association
d'idées1.
3. Le souci d'exploitation des ressources
Il est reconnu aujourd'hui que le principal facteur de
l'impérialisme européen dans le monde était
économique. Les Européens arrivent dans un espace
différent du milieu où ils viennent. Ils sont confrontés
à plusieurs difficultés et sont obligés de faire un
certain nombre de sacrifices pour tirer les bénéfices du milieu
naturel. A. Dongmo Djoukang le reconnaît quand il affirme que
:
la colonisation européenne au Cameroun fut
confrontée à de nombreuses difficultés telles que les
obstacles liés à l'hostilité du milieu naturel.
L'originalité du milieu naturel du Cameroun suscita la recherche
scientifique. Des botanistes créèrent des centres de recherche
pour une meilleure exploitation du pays dans tous les domaines susceptibles de
procurer d'énormes bénéfices aux Européens
2
Notons que ces recherches étaient faites pour
déterminer la rentabilité des produits de rente afin de pouvoir
en tirer de gros bénéfices. Au terme de ces études, les
autorités coloniales distribuent à dessein des terres à
leurs compatriotes3. Les terres de nos ancêtres que les
Européens ont systématiquement volées à travers les
décrets. C'est ainsi que les décrets du 11 avril et du 05 juillet
1921 et les ordonnances des 02 et 21 juillet 1932 et du 26 novembre 1944
donnent ipso facto le droit à la France de confisquer les terres et de
s'approprier de celles dites vacantes et sans maitres.4
1 Anne Debel et Renaud Van
der Meeren, Le Cameroun, Paris, éditions Jaguar, 2007,
p.134.
2 E. Aubin Dongmo
Djoukang, « L'influence du milieu naturel sur la colonisation
européenne au Cameroun de 1884 à 1960 », Mémoire de
Maîtrise en Histoire, Université de Yaoundé 1, septembre
2005, p 120.
3Ibid, p.61.
4 Berlise Guedia Dongmo,
« Les investissements agricoles ... p 45.
31
Les voies de communication (routes, ponts) sont
à cet effet incontournables pour l'exploitation de ces terres. Ainsi ces
voies, comme l'écrit clairement E. Ghomsi « devaient servir aux
Allemands à drainer vers la côte les produits de cette
région (bamiléké) et de maintenir la liaison constante
entre cette région riche et peuplée et les maisons commerciales
allemandes installées sur la côte. 1».
La position centrale de Dschang par rapport aux
infrastructures de communication se comprend aussi, parce qu'en tant que
Chef-lieu du Bezirk allemand et plus tard, de la circonscription
pendant la période française, elle assurait une certaine
facilité pour les administrateurs coloniaux dans leurs
déplacements.
Les Allemands ont donc fait de Dschang une ville
carrefour vers où convergent toutes les routes et pistes
départementales, c'est également le point d'aboutissement des
principaux axes routiers qui desservent la
région2.
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