Inventaire de quelques vestiges coloniaux matériels dans la ville de Dschang(1907-1957)par Yannick Guerin Diffouo Universite de Dschang - Master 2014 |
V. REVUE DE LA LITTERATUREPour mieux comprendre notre thématique, nous avons lu un certain nombre d'ouvrages qui, du moins, l'ont abordée en partie sinon l'ont traité totalement mais dans un champ géographique différent. Ceci s'est fait dans les différents travaux scientifiques (ouvrages, articles, mémoires, thèse). Cette revue n'est pas la recension de l'ensemble de la production sur le sujet, mais elle se veut représentative de l'état de la question. Celle-ci va nous permettre de donner la particularité de chaque travail par rapport à notre sujet. Ainsi, nous avons : Jean Claude Barbier1 dans un article intitulé « Peuplement de la partie méridionale du plateau bamiléké » démontre qu'il s'est fait tardivement et que le choix de cette zone était probablement dû à la saturation de l'espace. Cet article nous aide à comprendre le processus de fondation des Chefferies et surtout le rôle de la présence allemande dans le processus de stabilisation des Chefferies donc la conséquence immédiate a été l'installation du Bezirk allemand. Philippe Lemarchand (éd), dans l'ouvrage intitulé l'Afrique et l'Europe, Atlas du XXe siècle2 retrace avec efficacité les relations difficiles entre l'Europe et l'Afrique depuis les origines jusqu'au XXe siècle. L'intérêt de cet ouvrage se trouve dans la façon dont les Européens sont entrés en contact avec l'Afrique. Albert François Dikoume et Zacharie Saha dans un chapitre d'ouvrage intitulé « Les résistances des populations des hautes terres de l'Ouest à la pénétration 1 Jean Claude Barbier, « Le peuplement de la partie méridionale du plateau bamiléké », in Claude Tardits (éd), Contribution de la recherche ethnologique à l'histoire des civilisations du Cameroun, n° 551, Volume II, Paris, Septembre 1973, pp 24-28. 2 Philippe Lemarchand, 1994, (éds), L'Afrique et l'Europe, Atlas du XXe siècle, Bruxelles, Editions Complexes, 251p. 13 allemande 1» analysent avec pertinence comment s'est fait le contact entre les peuples des hautes terres et les Allemands. Ils arrivent à la conclusion selon laquelle il y eu deux types de résistance à savoir pacifique et violente. Dans le même ordre d'idées, Martin Kueté2 apporte assez d'éclairage sur la transformation de la perception de la terre avec l'arrivée des colons et son impact sur la contestation des frontières entre les Chefferies. Ces deux articles nous permettent de mieux percevoir les débuts de la colonisation européenne au Cameroun en général et dans les Chefferies des Grassfields en particulier, débuts qui n'ont pas été faciles pour les deux camps même si l'un a fini par prendre le dessus sur l'autre. Albert-Pascal Temgoua dans son mémoire de Maitrise3 intitulé "Le pouvoir colonial français et la Chefferie traditionnelle de Foréké-Dschang (1920-1960)", analyse les relations qu'il y avait entre l'administration coloniale et l'administration traditionnelle de Foréké-Dschang. Dans le même sens, Monique Tsana Gougni4 examine cette même thématique mais plutôt dans la Chefferie Foto. Zacharie Saha5 continue le raisonnement en insistant sur les relations entre le Bezirk de Dschang et les Chefs traditionnels de cette circonscription allemande. Nous remarquons que le point commun de ces trois mémoires est la relation que le pouvoir colonial entretenait avec les Chefs traditionnels. Ces auteurs arrivent à la conclusion selon laquelle les autorités traditionnelles étaient devenues des 1 Albert François Dikoume et Zacharie Saha, « Les résistances des populations des hautes terres de l'Ouest à la pénétration allemande », in Albert-François Dikoume et Martin Kuete (éds), Espaces, Pouvoirs et conflits dans les hautes terres de l'Ouest, Yaoundé, Presses Universitaires de Yaoundé, Janvier 2000, PP 57-91. 2 Martin Kuete, « Espace, Pouvoirs et conflits dans les hautes terres de l'Ouest-Cameroun sous les différentes colonisations », in Albert-François Dikoume et Martin Kuete (éds), Espaces, Pouvoirs et conflits dans les hautes terres de l'Ouest, Yaoundé, Presses Universitaires de Yaoundé, Janvier 2000, PP 93-149. 3 Albert Pascal Temgoua, « Le pouvoir colonial français et la Chefferie traditionnelle de Foréké-Dschang (1920-1960) », Mémoire de Maitrise en Histoire, Université de Yaoundé, septembre 1984, 94p. 4 Monique Tsana Gougni, « Autorités traditionnelles et pouvoir colonial en pays bamiléké : l'exemple de Foto dans la Menoua (1903-1960) », Mémoire de Maitrise en Histoire, Université de Yaoundé, 1987-1988, 104 p. 5 Zacharie Saha, « Le Bezirk de Dschang : relations entre l'administration coloniale allemande et les autorités traditionnelles (1907-1914) », Mémoire de Maitrise en Histoire, Université de Yaoundé, avril 1993, 123p. 14 subalternes, des auxiliaires de l'administration coloniale et permettaient donc à cette dernière de mieux asseoir son pouvoir en étouffant toute velléité de liberté. « Grandeur, Décadence et Renaissance d'une ville camerounaise : Dschang 1903-2007 1» est le mémoire de Master de Tchinda Jean Marie. Celui-ci met l'accent sur les grands moments qui ont ponctué la vie politique et socioculturelle de Dschang depuis sa création par les Allemands en 1907 jusqu'en 2007. Les informations sur la période coloniale dans cette ville sont très intéressantes et nous ont d'ailleurs inspiré à approfondir les recherches dans ce sens. Jean Baptiste Ketchateng2 fait une analyse profonde sur l'action qualifiée de génocidaire de la France à l'Ouest-Cameroun contre les nationalistes. Cet auteur revient sur la question de l'utilisation du napalm à l'Ouest et de la controverse autour du nombre de morts dans cette zone. A travers cet article, nous pouvons comprendre davantage le caractère inique de l'administration coloniale française au Cameroun en rapport avec les chantiers coloniaux. Jean Claude Barbier3, dans son article publié à l'ORSTOM en 1976, démontre comment et pour quelles raisons s'est fait le processus d'émigration des bamiléké vers la partie méridionale. Cet article nous met dans la trajectoire des mobilités des populations sous la colonisation française en pays Bamiléké. Jean-Emmanuel Pondi4 dans (Ré) découvrir Yaoundé utilise une approche permettant d'avoir pour une meilleure connaissance de la ville tant par les natifs que par les étrangers puisqu'il revient sur les lieux touristiques et historiques en expliquant par exemple l'origine de certains noms de quartier et en montrant l'actuel 1 Jean Marie Tchinda « Grandeur, Décadence et Renaissance d'une ville camerounaise : Dschang 1903-2007 », Mémoire de Master en Histoire, Université de Dschang, 2008/2009, 149p. 2Jean Baptiste Ketchateng, « Ouest, 1951-1958 : quand le sang coulait sur les collines », in les Cahiers de Mutations, Massacres non élucidés, Vol 054, Novembre 2008, p 6. 3Jean-Claude Barbier, « Les sociétés bamiléké de l'Ouest du Cameroun : étude régionale à partir d'un cas particulier », in Communes rurales et paysanneries tropicales, Paris, ORSTOM, 1976, pp 103-122. 4Jean-Emmanuel Pondi, (Ré) découvrir Yaoundé, une fresque historique et diplomatique de la capitale camerounaise, Yaoundé, Afric'Eveil, 2012, 160p. 15 emplacement des lieux historiques comme l'Ecole primaire supérieure de Yaoundé. Cette démarche nous a inspiré au sujet des sites de la ville de Dschang. Célestine Fouellefak Kana dans un article intitulé « sites patrimoniaux des peuples Foréké-Dschang et Foto : identification de quelques témoins matériels de l'histoire 1» démontre pertinemment l'importance des sites naturels et culturels comme Azuenla, Nzenmeh, ndem lêpêh, dans la reconstruction de l'histoire de ces deux Chefferies. L'ouvrage collectif, Architecture allemande au Cameroun 1884-19142, fruit d'une recherche entre Allemands et Camerounais sur les édifices de l'époque allemande au Cameroun, présente avec les images à l'appui, les plus importants édifices de la période allemande tout en insistant sur la main d'oeuvre et les techniques utilisées pour ces constructions. Cet ouvrage nous a permis d'avoir une vue assez globale et technique sur les infrastructures allemandes au Cameroun. Dietrich Köster3 retrace les faits majeurs des colonisations allemande, française et britannique tout en insistant sur le commerce, la religion et les langues. Cet article nous permet d'avoir une idée, bien que superficiellement, sur les différentes réalisations des colonisateurs au Cameroun. Comme nous pouvons le constater, il existe une multitude de travaux portant sur la ville de Dschang et sur les Grassfields en général et plus encore sous les différentes colonisations, mais ces travaux n'ont pas insisté sur l'aspect des réalisations matérielles de la présence coloniale dans cette zone. Notre travail s'articulera donc autour des traces, de tout ce qui rappelle les présences coloniales allemande et française dans la ville de Dschang. 1 Célestine Fouellefack Kana, « Sites patrimoniaux des peuples Foréké-Dschang et Foto : identification de quelques témoins matériels de l'histoire», in Nkà, Revue interdisciplinaire de la FISH, Université de Dschang, n°double 9/10, 2011, pp.155-173. 2 Wolfgang Lauber, Architecture allemande au Cameroun 1884-1914, Stuttgart, édition Karl Krämer, 1988, 154p. 3Dietrich Köster, « Le Cameroun pendant la colonisation allemande et les administrations de tutelle française et britannique (1884-1961), in www.colonialvoyage.com, consulté le 15 juillet 2013 à 16h La plupart des vestiges coloniaux qui existent encore dans la ville de Dschang restent toujours fonctionnels. 16 |
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