Section 2. Nature des interactions
Les observations faites sur le terrain font état
d'énormes difficultés que rencontrent les agents du cadastre, en
collaboration avec le conservateur des titres immobiliers dans la gestion d'une
circonscription foncière. Ces agents se trouvent face à un
dilemme : soit de respecter les règles et les consignes
foncières, soit d'emprunter d'autres voies illégitimes ou non
institutionnelles pour gérer l'enregistrement des titres fonciers.
Ainsi, répondant à la question de savoir comment les agents du
cadastre entretiennent leur rapport avec les requérants sur le
lotissement, les points de vue des agents du cadastre sont diversifiés ;
les uns font recours au respect des normes et les consignes de la loi
foncières et les autres font appel à d'autres voies non
institutionnalisées. Au cours de ces confrontations entre les agents de
cadastre et les requérants, nous avons dégagé deux types
d'interactions : les interactions conflictuelles et de coopération de
collaboration.
2.1. Interaction de coopération
Par ce type d'interaction, les agents de de cadastre
entretiennent des bonnes relations dites de « bon voisinage » ou de
« solidarité » avec les requérants dans la mesure
où ils (agents cadastres) devient les normes qui régissent les
affaires foncières pour maintenir leurs rapports. Ces rapports sont
fondés sur les enjeux économiques ou financiers qui
régissent les rapports entre les protagonistes. Dans ce type
d'interaction, Gariepy cité par Nedi Palanga Nestor (1947 : 81) soutient
que lorsque les voies légitimes du succès et de la
réussite paraissent bloquées, il en résulte chez
l'individu un état de tension qui peut
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dégénérer en comportements illicites.
Certains individus choisissent alors de se joindre à
des pairs délinquants qui partagent leurs valeurs et de
rejeter la société qui, à leurs yeux,
ne les accepte pas. Donc, elle fait appel à la
fraternité ou la solidarité comme mode de
régulation des problèmes en matière de
lotissements. Voici les propos d'un agent cadastre : « Il y a certains
requérants qui sont compliqués. En cas d'un petit problème
comme ça ils appellent toujours leurs gens qui sont mieux placés
dans la ville ici (ministre, colonel, major, etc.) soit ils ont des relations
avec nos chefs, si tu essayes de les bouger, directement vous recevez l'appel
d'un tel ou tel autre chef oh ! Celui-là c'est mon cousin, mon neveu...
oh vous pouvez seulement causer ; trop d'histoire. Comme il est chef, je vais
faire ce qu'il me dit ».
En outre, ce type d'interaction naissent entre les agents de
cadastre et les requérants lorsque par exemple ces derniers
(requérants) ont des liens avec certaines autorités de la ville.
Sur ce, l'agent cadastre, peu importe la rigueur de la loi foncière, se
trouve obligé de coopérer avec celui-ci sans tenir compte du
respect des lois foncières meme si les requérants sont en
situation d'irrégularité ou d'illégalité
(occupation illégale des terres et parcelles, les faux en
écriture, le stellionat, et les empiétements des avenues, etc.).
Cette analyse repose sur les « propos du chef de la division du cadastre
et urbanisme, qui s'est exprimé en ces termes :
« Certains fonctionnaires publics qui n'ont pas de
bonnes manières de communiquer avec la hiérarchie ont
risqué de perdre leur boulot, récemment un géomètre
a perdu son boulot toujours dans le cas pareil : souvent quand le cadastre loti
les concessions sont identique de même dimension des de nouveau
lotissement si c'est 50/50 ils morcellent partout 50/50 pour respecter les
avenues et les endroit des espace vert, cas d'un requérant du quartier
Kasangiri qui était des parentés avec l'un de nos chef de la
division »
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Selon les agents de cadastre, leur coopération avec les
requérants s'inscrit dans une
dynamique de protection de leurs postes étant
donné que certains d'entre eux [les requérants] tissent des
relations humaines avec leurs chefs hiérarchiques. D'où, pour ne
pas subir des conséquences d'ordre relationnelles avec leurs chefs ou
perdre un poste de travail, certains agents de cadastre préfèrent
mieux communiquer avec les requérants insolvables (qui sont en lien avec
les autorités hiérarchiques par exemple) plutôt que
d'appliquer la rigueur de la loi foncière. Car, il suffit qu'un
requérant fasse appel à son « parapluie » qui peut
être le chef directe ou indirecte de l'agent de cadastre, ce dernier est
obligé de coopérer ou collaborer avec celui-ci. Un agent de
cadastre s'est confié à nous en ces termes :
« Le Monsieur (requérant) avait besoin d'un
terrain de 75/75 et le milieu loti était de réserver de 50/50,
alors que MUTOMBO était comme notre Chef d'équipe du camps de
techniciens de ce lotissement Kasangiri (joli site), lui ne savait rien de tout
ce qui s'est passé, un papa est venu pour qu'il soit à morceler
dans ce lotissement Kasangiri ,que dans ce nouveau lotissement ce qui
était tracé de loti etait 50/50, pas plus des 50/50, le papa a
insisté, MUTOMBO était catégorique, le papa est parti
après tous les travaux des mesurages et bornage, quand nous sommes
rentré au bureau, on pensait que le problème devrait se taire
par-là, Mais on est rentré au bureau le problème
était encore très sérieux, le papa est allé dire
comment on l'a répondu bêtement, M. Mutombo a refusé de
morceler pour lui un terrain de son choix c'était long, vue que le papa
était le parenté avec le Gouverneur, tout le mal était
tombé sur notre ami MUTOMBO, on l'a poursuivi jusqu'à tel point
on l'a mis à la porte la division du cadastre, c'est un exemple et une
leçon à tirer à tous ».
Dans tout ce qui précède, en termes des
requérants qui ont des liens avec les autorités
hiérarchiques, les agents de cadastre estiment qu'ils
préfèrent communiquer très bien avec le requérants
malgré les exigences de la loi foncière mais cela avec trop de
tactiques en
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vue de protéger leurs postes et embellir leurs
relations avec les chefs hiérarchiques. Au cas contraire, ils encourent
les risques de perdre leur poste à la division. Autrement dit, lorsque
les agents de cadastre sont conformistes à la loi foncière, cela
crée des conflits avec les requérants, et voire avec leurs chefs
de la hiérarchie, d'où, au cas où ils font face à
ces derniers, ils manifestent un bon sens et meilleure façon de
communiquer de peur qu'ils ne soient pas viré de leur poste ou du
travail.
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