CHAPITRE III : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
Section 1 :
Théorie intégrationniste
Sous-section1 : Les
approches Classiques
Dans un premier temps, le terme d'intégration a
été utilisé par l'un des pères fondateurs dela
sociologie : Émile Durkheim « qu'il réservait au
problème de la société dans son ensemble »
(Schnapper, 2007, p13). Les pionniers qui travaillèrent sur cette
problématique furent les chercheurs de l'école de Chicago
à la fin du 19èmesiècle.
L'école de Chicago mit de l'avant trois modèles
explicatifs des processus migratoires (Coulon, 1992, p.23) : Le
modèle intégration-assimilation ou l'immigrant va perdre ses
valeurs d'origine pour se conformer à celle du groupe dominant. Le
modèle de communautarisation où les immigrants se regroupent
par rapport à leurs origines dans différents quartiers de vie.
Le modèle désintégration-marginalisation ou
l'immigrant en perdant ses valeurs et ses repères d'origine se retrouve
mis à l'écart dans la société d'accueil.
Les sociologues Ernest Burgess et Robert Park ont
élaboré un cycle des relations raciales que l'on peut retrouver
dans plusieurs articles. Selon ces deux auteurs,ce cycle comporte quatre
étapes:
1) la compétition: où
s'affrontent les membres du groupe dominant et les membres des
différentes communautés qui prisent les mêmes emplois, les
mêmes réseaux sociaux... ;
2) le conflit: suppose un contrat
où il y a prise de conscience d'une appartenance communautaire des
immigrants. C'est-à-dire que les minorités se rendent compte de
leur identité collective dans la société
américaine ;
3) l'accommodation: est l'ajustement qui
résulte des conflits entre le groupe dominant et les
minorités ;
4) l'assimilation: est l'aboutissement de ces
trois étapes qui est un processus d'interpénétration et de
fusion dans lequel des personnes et des groupes acquièrent la
mémoire, les sentiments et les attitudes du groupe dominant, mais ils
sont incorporés avec eux dans la vie culturelle d'où le terme de
melting pot américain. (Park, Burgess, 1969).
William Thomas et Florian Znaniecki deux sociologues de cette
école ont mis en avant le modèle de
désorganisation-réorganisation. Ces deux auteurs analysent le
processus de passage d'une société à l'autre. Il s'agit
d'une analyse culturaliste des relations sociales. C'est à dire que
l'organisation (sociale, économique, culturelle..) du migrant dans son
pays d'origine est prise en compte. Ainsi, ces critères permettront au
migrant de savoir quelle est la réorganisation qu'il va devoir
opérer dans la société d'accueil pour pouvoir
s'intégrer. Toute cette étude a été faite sur la
base de lettres, de journaux d'éléments personnels du migrant.
(Thomas, Znaniecki, 1984).
Nous terminons ces approches classiques par celle de Milton
Gordon. Celui-ci met en exergue un processus d'assimilation en sept
étapes:
1. Assimilation culturelle (acculturation, changement des
valeurs)
2. Assimilation structurelle (disparition des associations
ethniques, des clubs, des journaux, etc.)
3. Assimilation maritale (mariages interethniques)
4. Assimilation d'«identification»
(développement d'un sens d'appartenance en dehors de tout critère
ethnique)
5. Assimilation au plan des attitudes (disparition
réciproque des préjugés et réticences)
6. Assimilation au plan des comportements (disparition des
discriminations)
7. Assimilation civile (uniformité au plan des normes
sociales) (Gordon, 1963)
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