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Intégration des réfugiés, réorganisation sociale et territoriale de Lola.


par Jean GBEMOU
Université Général Lansana CONTE de Sonfonia (UGLC-SC) - Master 2 recherche espace-temps-société 2017
  

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c- Hydrographie

La préfecture de Lola correspond à une zone à pluviométrie importante. Les rivières les plus importantes sont:Tinghè à Lola-centre, Kpôgôh et Gwaan dans la sous-préfecture de Gbèyata, Mani ou Mano river dans la sous-préfecture de Bossou, et à N'zô et Tonghata, il ya la rivière Yughu ou Cavaly.

Les marigots sont très nombreux et donnent parfois leur nom à certaines localités. C'est le cas du petit village yirémoo situé sur les rives du marigot yir? à sept kilomètres de Lola, sur la route de la sous-préfecture de Kôkôta. Pendant la saison des pluies, les rivières et les marigots débordent de leurs lits. Mais la plupart de ces cours d'eau ont un régime irrégulier. Ils connaissent des périodes d'étiage avec une diminution drastique du volume d'eau pendant la saison sèche, favorisant par endroit la pêche collective traditionnelle.

Sous-section2 : Histoire et culture des populations

Il a été difficile, avec la rareté de documents écrits, d'établir avec plus de précision l'histoire de l'occupation de Lola par ses habitants majoritairement Könö. Une synthèse des versions recueillies çà et là et complétées par l'ouvrage de Jacques Germain (1984) nous a permis de savoir que les premiers habitants de la préfecture auraient été les Manon, alors grands guerriers, admirables cultivateurs et chasseurs.A l'époque de l'invasion malinké par l'empire du Wassoulou, les Könö habitaient le pays konianké dans Beyla. Ils ont été repoussés du Nord jusqu'au Sud où ils trouvèrent refuge auprès des Manon.

Ainsi tout au long de leur trajet, les Könö ont fondé des villages qui croissent de nos jours, ce sont entre autres : Lainé, Kôkôta, deux sous-préfectures actuelles formant la zone de Gou, Guu-lèè ; Lola et villages environnants formant la zone de Gbaan-lèè. Ensuite avec l'accroissement de la population, certains Könö se sont déplacés vers le Nord fondant Mohuruta actuelle sous-préfecture de Gama Bèrèma. La zone de Zôgôtaregroupe une partie de Gama Bèrèma et toute la sous-préfecture de Gbèyata. Nanaan- lèè désigne la sous- préfecture de Tonghata ; et à l'Est Vépo désigne la sous-préfecture de N'Zô. L'ensemble de ces localités constitue le pays könö, könö -lèè.

Comme nous l'avons dit précédemment, à Lola on rencontre plusieurs groupes ou communautés linguistiques dont on peut citer entre autres :

Ø Des Yakoubas ou Gèyaa en minorité à l'Est dans les zones de N'Zô et Tonghata aux frontières ivoiriennes.

Ø Des Koniankés venus du nord pour le négoce ont fini par s'installer dans la sous-préfecture de Foumbadou essentiellement, mais aussi en petits groupes, sous forme de poches de peuplement, dans les zones de Gbèyata qu'ils appellent dans leur langue Gbèyasso et dans les zones de Lola et N'Zô où ils pratiquent le négoce et l'élevage des bovins, des ovins et des caprins.

Ø Des Malinkés venus de la Haute Guinée à la recherche du travail rémunérateur auprès des könö et des Manon, exécutent des contrats dans le domaine agricole. Dès qu'ils font fortune selon les mots du vieux GnômuGonokorolon de Gogota, ils se déplacent des zones enclavées pour les gros villages et les chefs-lieux de sous-préfecture ou encore vers la ville.

Ø On rencontre également en pays könödes peulhs venus du FoutaDjallon qui occupent les régions de savane arborée naissante pour des activités agro pastorales. Dans certaines localités, les Peulhs ont construit des boulangeries. Ils se retrouvent en nombre important autour de la savane arborée de Diipoo située entre wéyakwelé et Kèwlona dans les vallées des monts Nimba et du fleuve Cavaly, mais aussi dans la sous-préfecture de Foumbadou.

Ø Des refugiéslybérians (1989), Siéra-Leonais (1992), Ivoirirns (2003).

d- Contexte culturel

La préfecture de Lola est majoritairement occupée par les Kono. A eux s'ajoutent les Kpèlè, les Manons et les autres ethnies à densité très limitée mais dont le nombre ne peut pas être négligé dans la mesure où elles y exercent des activités intéressant d'autres corps socio-professionnels et administratifs ; c'est le cas par exemple des commerçants auxquels les services des contributions diverses demandent de payer les taxes et d'exécuter d'autres tâches administratives.

Avant de donner des détails sur les activités des habitants de Lola d'une manière générale, il nous paraît logique de dire au moins quelques mots sur les Kono qui demeurent la population majoritaire de notre zone d'étude. Tout d'abord, et afin d'éviter toute confusion, nous tenons à préciser qu'il s'agit des Kono de la Guinée forestière qui, vraisemblablement, n'ont aucune parenté directement perceptible avec leurs homonymes Kono (ou parfois aussi Kondo) de la Sierra Léone britannique que Diedrich Westermann (1921) assimile aux Vaï (ou Véï), et fait figurer parmi les peuplades du groupe mandé-tan28(*).


Jusqu'ici, les Kono guinéens ont été relativement très peu étudiés et les rares sources d'informations existantes sur ce groupe ethnique paraissent pauvres ou fragmentaires.
Au premier coup d'oeil, les Kono correspondent parfaitement à ce que certains auteurs ont pris l'habitude de caractériser, au point de vue de la morphologie et de l'ethnie, comme un type de peuplade intermédiaire.29(*)

En effet, comme l'indique d'ailleurs parfaitement ce dernier terme, leur habitat se situe tantôt dans la forêt, plus ou moins montagneuse, tantôt dans les savanes escarpées de l'extrême Est de la préfecture de N'Zérékoré qui, elle, en une sorte de cul-de-sac, occupe la partie la plus méridionale de la Guinée forestière. Remarquons à cette occasion, que les villages kono ne recherchent jamais l'ombre de la sylve et préfèrent, de loin, des espaces plutôt dégagés, de vastes clairières.

En ce qui concerne leur civilisation, matérielle et morale, ainsi d'ailleurs que la structure de leur langue, les Kono trahissent nettement leur origine mandé30(*). D'après les divisions usuelles ethnolinguistiques, ils appartiendraient au groupe mandé-fou31(*).

La vie spirituelle des Kono n'a nulle part été sérieusement affectée par l'activité missionnaire; le Kono garde farouchement, jusqu'à nos jours, la religion de ses ancêtres où la vague vénération des âmes des défunts associés à de nombreux cultes telluriques (parfois méconnaissables), tous généralement soumis au rythme agraire, jouent le rôle prépondérant. Seul dans l'extrême Nord du pays kono, une légère infiltration des pratiques islamiques s'annonce timidement.32(*)

Nous manquons de sourcesvérifiéessur les mouvements migratoires des Kono. Les quelques récits sur les migrations anciennes que nous avons pu recueillir devant être rejetés, à notre avis, plutôt dans la sphère des légendes

Actuellement, l'habitat des Kono ne dépasse pas, sauf de très rares exceptions numériquement insignifiantes, les limites politiques du territoire de la Guinée forestière; circonscrit dans la Région Administrative de N'Zérékoré, il embrasse les anciens cantons (ou territoires traditionnels) de Lola de Vépo, de Saouro et de Mossorodougou.

Malgré l'insuffisance d`informations, nous sommes porté à envisager les Kono actuels, non pas comme des forestiers immigrés (ou expulsés), mais comme une des fractions méridionales de la grande famille mandé qui, après s'être détachée de la masse maternelle, pénétra progressivement vers le Sud pour s'arrêter finalement devant la barrière de la grande forêt et les pentes abruptes du massif du Nimba.

La présente hypothèse trouve d'ailleurs sa confirmation dans toutes les traditions populaires qu'il nous a été donné de recueillir dans les souvenirs vivants des anciens. D'après Mamourou DORE, les gens du Lola, de structure raciale très hétérogène d'ailleurs, seraient venus s'installer dans leurs habitats actuels après avoir quitté la préfecture de Beyla (village de Moussadougou), occupée encore actuellement par les Mandingues. Ce mouvement se serait effectué dans un passé peu reculé qui, selon notre évaluation, ne dépasserait certainement pas deux siècles, et peut-être bien moins (voir aussi à ce sujet la légende sur les migrations des Kono de Lola.33(*)

En aucun cas, par son aspect physique et par son caractère psychique, le Kono ne correspond à l'image que l'on se fait habituellement d'un sylvestre; c'est, beaucoup plus, l'habitant des espaces dégagés, qui, tout en affectionnant l'orée de la sylve, évite soigneusement sa voûte sombre et inhospitalière. Quoique doué d'une remarquable faculté d'assimilation le Konoseptentrional d'origine, devenu par la suite homme des plateaux peu boisésn'a certainement pas souffert du changement, peut-être brusque, du mode de sa vie tropdifficile.

Au fait, l'état de sa civilisation actuelle témoigne avec éloquence de cette rencontre dramatique, mais plutôt bénéfique, des deux éléments écologiques tout à fait opposés. 
La fusion complète est cependant loin d'être achevée, et le tableau ethno-sociologique, tout en attestant de très nombreux emprunts aux peuplades voisines plus anciennes (et sans doute aussi aux « vrais » autochtones absorbés), ne peut qu'à peine dissimuler que c'est la composante septentrionale qui domine.

Partout on note un accroissement de population assez sensible (variant de 7 à 12 %) qui semble se produire régulièrement depuis un certain temps; il serait dû, à notre avis, non seulement aux conditions biologiques naturelles améliorées au point de vue hygiénique, mais aussi à une stabilisation économique et sociale récente due aux retours massifs des originaires du pays, jadis émigrés au Libéria.

Vu l'isolement cette populationétait toujours restée sans grande influence étrangère dans le mode vestimentaire. Les femmes portaient que des pagnes dans la journée ou des camisoles qui dépassaient leurs genoux. Pas question de porter des habillements décents, qui laissent voire les parties sensibles. Les modèles d'alors étaient contrôlés par l'entourage, et chaque femme prêtait attention à ce qu'on disait autour d'elle. Chacun évaluait ses comportements dans le regard de ses voisins.

* 28Mathias Chérif, mémoire de master « Oralité et éducation des jeunes kono dans la préfecture de Lola à travers un conte et quelques chants. » Pg.7

* 29Mathias Chérif, mémoire de master « Oralité et éducation des jeunes kono dans la préfecture de Lola à travers un conte et quelques chants. » Pg.8

* 30Mande.En effet, I'un de nos meilleurs intormateurs, Mamourou, chef de Gbakoré (canton de Lola), admet très franchement l'appartenance des Kono à la famille mandé. Et il indique la localité de Moussadougou, dans le cercle de Beyla, comme point de départ de la diffusion kono ou, au moins, comme lieu d'origine de ceux du canton de Lola. 

* 31 Mandé fou : L'expression numérative « dix » servant de critère aux linguistes, nous donnons ici, à titre de confirmation, le mot po (prononciation se rapprochant très sensiblement du son pou) qu'emploient les Kono.

* 32 Mathias Chérif, mémoire de master « Oralité et éducation des jeunes kono dans la préfecture de Lola à travers un conte et quelques chants. » Pg.9

* 33Mathias Chérif, mémoire de master « Oralité et éducation des jeunes kono dans la préfecture de Lola à travers un conte et quelques chants. »Pg. 8 à 11

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci