INTRODU TION G N RALE
Il nous semble judicieux de faire une présentation de
la langue que nous allons explorer, ainsi que sur le sujet. Il nous incombe
également de présenter les raisons qui nous ont motivé
pour le choix de ce sujet. Nous poursuivrons par la présentation de la
situation géolinguistique de ladite langue, ensuite nous donnerons un
aperçu historique de la communauté linguistique cible. Nous
donnerons après la situation socio-culturelle de la langue, sa situation
économique, sa situation dialectale ainsi que sa classification
linguistique. Nous indiquerons également l'état et l'importance
de la recherche sur celle-ci. Un accent particulier sera évidemment mis
sur les approches théoriques et la méthodologie à employer
au cours de cette étude ainsi que sur la méthode de travail et
les sources de données. In fine, nous présenterons une
organisation du contenu de ce travail.
1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
Contrairement à plusieurs langues grassfields, la
langue kw ? n'a pas fait l'objet d'un interêt particulier de la part des
linguistes. Cette langue a une population très faible et
jusqu'aujourd'hui, elle n'a pas fait l'objet d'un réel projet de
standardisation même si chaque travail éffectué sur une
langue participe à sa standardisation. D'après INS (Institut
national de la Statistique (agence du Littoral (2015 :48)), l'arrondissement du
Nord-Makombe a une superficie de 734 km2 et compte 3999 habitants
avec une densité moyenne de 7,5 habitants au km2. La langue
de cette localité est ignorée du grand public et risque de
disparaitre.
Néanmoins, notons que E. Brye (SIL) et E. Domche Teko
(2000) ont mené une recherche intitulée première
évaluation globale de la situation sociolinguistique chez les kwa'
(ALCAM : 990), et Tientcheu Tchameni (2008) a été la
première et la seule à jeter les prémisses d'une
étude scientifique de la langue à travers son mémoire de
Master intitulée esquisse phonologique du kw ' (code ALCAM 990) et
proposition d'une orthographe.
Compte tenu du statut du kw ? relevé par la
Société internationale de Linguistique (SIL), Bitjaa Kody (2004
:513) affirme que : « Les langues camerounaises en grand danger (GD) ont
un nombre de locuteurs inférieur à 10.000. Elles ne sont
utilisées, ni à la radio, ni dans la musique. ». Puisque le
kw ? est une langue nationale, non écrite et en grand danger, nous nous
sommes engagé à collecter et à analyser les données
afin d'en assurer la sauvegarde et la promotion.
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Nous avons constaté que Tientcheu Tchameni (2008) a
commencé le processus de standardisation à travers une analyse
phonologique et une proposition de l'orthographe de la langue kw ?. C'est l'une
des raisons pour lesquelles nous avons décidé de continuer dans
la même lancée en partant des bases morphologiques de la langue
pour améliorer l'orthographe du kw ?. Cette amélioration tient en
compte les délimitations des mots.
L'une des raisons majeures qui nous a poussé à
nous intéresser à cette étude d'amélioration de
l'orthographe se situe à trois (03) niveaux, à savoir social,
scientifique et personnel. Sur le plan social, l'élaboration de cette
orthographe permettra à la communauté kw ? de pouvoir apprendre
à lire et écrire leur langue, de voir celle-ci être
enseignée dans leurs écoles à leurs enfants et participera
à la sauvegarde de ce patrimoine. Sur le plan scientifique, il a
été question non pas de s'arrêter au niveau de
l'orthographe des graphèmes (consonnes, voyelles et tons) mais de
présenter une délimitation des mots basée sur notre
étude morphologique. Sur ce même plan, notre travail contribue
à la documentation linguistique d'une langue en danger. Au niveau
personnel, il a été question pour nous de participer à la
sauvegarde d'une langue camerounaise en grand danger de disparition telle que
relevé par Bitjaa (2004). Nous voudrions contribuer à notre
manière au développement des langues africaines en
général, et des langues camerounaises en particulier. Aussi,
voudrions-nous confier cette contribution aux locuteurs kw ? et aux linguistes
chercheurs, pour leur permettre d'écrire la langue.
Par ailleurs, le contexte sociopolitique actuel qui est le n
tre semble être un atout permettant l'utilisation de la langue maternelle
pour enseigner les « cultures nationales ». L'importance de la langue
première dans la confection et la promotion du « bouquet du
multiculturalisme » relevée par Biya (1987 :117) et la mise en
place de la Commission nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du
Multiculturalisme est donc à souligner ici.
Les motivations ainsi présentées, Il est donc
important de préciser la question centrale à laquelle nous allons
dans notre analyse apporter quelques éléments de réponse.
Il s'agit de la problématique de notre étude.
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