1.2. L'ANALYSE SYNTAGMATIQUE
1.2.1. Introduction
Dans cette section réservée à la
syntagmatique, nous nous proposons de présenter les différentes
combinaisons possibles que les phonèmes identifiés lors de
l'analyse paradigmatique admettent entre eux. Dans la section
précédente, nous sommes partis des oppositions des paires
minimales de la langue kw ? pour vérifier les résultats de
l'étude antérieure. Dans cette section, nous n'allons plus
procéder à une vérification puisque nos résultats
obtenus à la paradigmatique divergent de ceux de notre
prédécesseure. Nous partirons sur les résultats obtenus de
l'étude faite par Tientcheu Tchameni afin de présenter la
manière dont ces phonèmes s'agencent pour former des syllabes.
Nous allons également examiner comment la combinaison des syllabes
concourt à la formation du mot dans la langue kw ?. Notre étude
sera donc basée sur la syllabation des éléments de notre
corpus et la distribution des phonèmes dans les types de syllabes kw
?.
1.2.2. La syllabe
La combinaison que font les phonèmes entre-eux dans la
chaine parlée nous pousse à nous intéresser à la
syllabe. La syllabe peut être considérée comme
l'unité de son plus grand que le phonème. Si
nous nous appuyons sur Wiesemann et al. (1983 :57), la syllabe est « comme
une unité de séquence de sons comprenant au moins un centre de
syllabe qui en est le sommet ou le noyau. » Étant donné que
nous étudions une langue bantu qui est différente, de par ses
caractéristiques, des autres langues indo-européennes, il ajoute
en affirmant : « mais les nasales [m, n, ?] et les liquides [l, r]
fonctionnent parfois comme des noyaux ou centres de syllabe. » Donc nous
pouvons avoir des consonnes syllabiques dans les langues bantu
particulièrement.
D'une manière générale, la syllabe est
constituée d'une attaque (généralement une consonne
apparaissant avant le noyau) et d'une rime (constituée du noyau et de la
coda). Le noyau représente le centre de syllabe qui est obligatoire.
L'attaque et la coda par contre sont deux extrémités
facultatives. Pour Wega Simeu (2016 :51), la syllabe est « une
unité fondamentale dans l'analyse phonologique ; elle est le domaine
d'application des processus phonologiques. » Nous pouvons avoir comme
représentation de la syllabe, la structure canonique ci-dessous :
32
ó (syllabe)
attaque rime
noyau coda
D'après les données observées de la
langue kw ?, la syllabe peut aussi être définie comme une
unité de séquence de sons ayant une voyelle ou une nasale portant
un ton. Donc la syllabe kw ? peut être constituée d'une attaque et
d'une rime ou tout simplement d'une rime. Il est important de préciser
que dans cette langue, le noyau de la syllabe porte toujours un ton. Nous
allons illustrer ci-dessous la syllabe kw ?.
(13)
ó (syllabe)
attaque rime
|
|
|
noyau
|
coda
|
|
t
|
k ?g mb
|
é
|
|
t
|
p
/
/
|
két « lieu »
?g p/ « poule » /mb / « cauris »
t « app t »
|
/
|
?
|
/
|
/? / « tu »
|
/
|
?
|
/
|
/? / « il/elle »
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Les syllabes représentées ci-dessus sont
quelques illustrations des structures CVC, CV, et V qui constituent dans cette
langue des unités significatives. Nous n'avons pas fait mention des
nasales syllabiques parce qu'elles ne constituent pas des unités
significatives isolées dans cette langue. La syllabe kw ? peut se
joindre à une autre pour former un mot. De même, elle peut
être ouverte ou libre si elle n'a pas de marge post-nucléaire ou
coda, elle peut aussi être fermée ou entravée lorsqu'elle
possède une marge post-nucléaire. Nous allons illustrer ces
associations dans l'exemple suivant :
(14)
ó ó
attaque rime attaque rime
b è b è bèbè « chenille
»
t ? nd ? /t? nd? / « clou »
/ t ? t? / « intestin »
Les syllabes présentées dans l'exemple ci-dessus
sont quelques syllabes ouvertes combinées entre elles pour former un mot
phonologique dans la langue kw ?. Elles ont pour structure CV et V. Nous avons
également des syllabes fermées en langue kw ?,
c'est-à-dire de structure CVC. Ici, on note la présence de la
coda comme l'illustre l'exemple suivant :
34
(15)
ó
attaque rime
noyau coda
1f
?g p /?g p/ « poule »
2 /1f 2/ « bavardage »
k ? ? /k? ? « flèche »
Dans cette langue, nous avons remarqué une forte
présence du coup de glotte /2/ en position post-nucléaire. Nous
avons également noté beaucoup de prénasales en position
pré-nucléaire.
La syllabe ainsi présentée en langue kw 2, nous
allons à présent nous intéresser à sa
structure.
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