UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I
THE UNIVERSITY OF YAOUNDÉ I
FACULTÉ DES ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
FACULTY OF ARTS, LETTERS AND SOCIAL SCIENCES
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CENTRE DE RECHERCHE ET DE FORMATION DOCTORALE EN
ARTS, LANGUES ET CULTURES
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POSTGRADUATE SCHOOL IN ARTS, LANGUAGES AND CULTURES
UNITÉ DE RECHERCHE DE FORMATION DOCTORALE
EN LANGUES ET LITTERATURE
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DOCTORAL RESEARCH UNIT FOR LANGUAGES AND LITTERATURE
DÉPARTEMENT DE LANGUES AFRICAINES ET LINGUISTIQUE
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DEPARTMENT OF AFRICAN LANGUAGES AND LINGUISTICS
DE LA STANDARDISATION DU KWAì? :
D'UNE ESQUISSE MORPHOLOGIQUE À
L'ORTHOGRAPHE
Mémoire présenté en vue de l'obtention d'un
Master en Linguistique appliquée
Par
Cyrille TALLA SANDEU
Licencié en Linguistique appliquée
Supervisé par
Etienne SADEMBOUO Professeur
Février 2020
DÉDICACE
la famille SANDEU
II
REMERCIEMENTS
Nous ne saurons présenter ce travail sans toutefois
témoigner notre gratitude à l'endroit de tous ceux et celles qui
ont contribué de près et de loin à sa
réalisation.
Nous voudrons exprimer notre reconnaissance
particulièrement au Pr Etienne SADEMBOUO qui nous a inculqué la
rigueur du travail scientifique en linguistique. Il a bien voulu
perpétuer cela en acceptant de diriger ce travail. Il a suivi de bout en
bout cette étude sur la langue kw ?. En plus d'être un directeur,
il a été vraiment un tuteur.
Nous tenons à remercier aussi de toute évidence
la Pr Florence TABE, Chef de Département de Langues africaines et
Linguistique, qui nous a toujours motivé à aimer la linguistique
de part ses enseignements et ses conseils.
Nous ne saurons omettre de témoigner notre
reconnaissance à l'endroit de tous nos enseignants du Département
de Langues africaines et Linguistique pour leur apport en tant que personnes
ressources à l'accomplissement de ce travail.
Nos remerciements vont également à l'endroit du
Dr Maxime MANIFI, Dr Paul Roger BASSONG, Dr Gaston BESSALA, Dr Gabriel DJOMENI,
Dr Adriel BEBINE, M. Etienne PONDI, M. Olivier MOUSSA, qui au-delà du
soutien, des encouragements, des conseils et des suggestions, ont
accepté de lire partiellement ou totalement ce travail en y apportant
des remarques et suggestions.
Toute notre gratitude est aussi manifestée à
l'endroit de M. Lucien BANGMI, M. Philippe HEYA, M. Patience YESSE, M. Jean
NYAMBE, Mme Justine MBUITCHO, nos informateurs qui n'ont ménagé
aucun effort pour nous fournir des données et nous guider dans le
recueil de celles-ci.
Nous témoignons enfin notre gratitude à Maman
Alice MAFFO, Maman Béatrice FOTSING, M. Landry KENGNE, Mlle Myriam
MABUGUIA, M. Remy TADJOU, M. Cédric OTTOU, M. Manassé HEUYA, Mlle
Raïssa NKOMO, M. Gervais GANDJENE, M. Pierre ESSOMBA, M. Éric
GUITA, Mlle Lydie KOUESSI, Mlle Tatiana ADJIFACK, Mme Rhoda AMANDONG, Mlle
Gilberte NKAMENI, Mlle Princesse KENFACK ainsi que tous ceux et celles qui ont
contribué d'une manière ou d'une autre à la
réalisation de cette entreprise.
III
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Fiche d'identification des
informateurs 7
Tableau 2: Phonèmes consonantiques
selon tientcheu tchameni (2008 :40) 20
Tableau 3: Phonèmes vocaliques selon
tientcheu tchameni (2008 :40) 20
Tableau 4: Tonèmes selon tientcheu
tchameni (2008 :40) 21
Tableau 5: Phonèmes consonantiques
29
Tableau 6: Phonèmes vocaliques 30
Tableau 8: Combinaisons dissyllabiques 38
Tableau 9: Distribution des phonèmes
en cv 45
Tableau 10: Distribution des phonèmes
consonantiques en cvc 46
Tableau 11: Préfixes des nominaux
indépendants 51
Tableau 12: Structures des thèmes
monosyllabiques 53
Tableau 13: Structures des thèmes
dissyllabiques 54
Tableau 14: Structures des thèmes
trisyllabiques 55
Tableau 15: Récapitulatif des
préfixes nominaux du kw ? 59
Tableau 16: Classification nominale du kw ?
64
Tableau 17: Classes nominales en m d mb
66
Tableau 18: Classes nominales en gh?m l '
67
Tableau 19: Genres du kw ? 70
Tableau 20: Adjectifs possessifs du kw ?
76
Tableau 21: Quantitatifs de la langue kw ?
79
Tableau 22: Pronoms personnels sujet et objet
80
Tableau 23: Pronoms personnels emphatiques
81
iv
Tableau 24: Pronoms personnels
réfléchis 82
Tableau 25: Quelques numéraux
cardinaux 84
Tableau 26: Quelques numéraux ordinaux
86
Tableau 27: Interrogatifs de la langue kw ?
87
Tableau 28: Quelques verbes à
l'infinitif 89
Tableau 29: Répartition des aspects
inhérents 96
Tableau 30: Graphèmes de l'alphabet du
kw ? 127
V
LISTE DES CARTES
Carte 1 : Carte linguistique de la
région du Littoral 11
Carte 2: Carte linguistique du
département du Nkam 12
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
Image 1: Liste de mots à analyser dans
le logiciel Cog 117
Image 2: Détails des mots
ndà?ndà? 118
Image 3: Fréquences des segments 119
Image 4: Matrice de similarité sur le
plan lexicale 119
Image 5: Comparaison entre le kw ? et le
ndà?ndà? 120
Image 6 : Comparaison entre le kw ? et le m d
mb 121
Image 7: Comparaison entre le
ndà?ndà? et le m d mb 121
Image 8: Présentation de l'analyse sous
forme arborescente 122
vi
SIGNES CONVENTIONNELS ET ABREVIATIONS
# limite de mot
( ) avec un chiffre indique
l'exemple
/ / valeur phonologique
[ ] valeur phonétique
| | valeur morphologique
« » traduction française
? indique le résultat
ACC Accompli
ADJ Adjectif
ADV Adverbe
AGLC Alphabet général des Langues
camerounaises
et. al. et autres
ALCAM Atlas linguistique du
Cameroun
ANACLAC Association nationale des Comités de Langues
camerounaises
API Alphabet phonétique
international
ASP Aspect
BV Base verbale
C Consonne
CERDOTOLA Centre international de Recherche et de Documentation
sur les Traditions et les Langues africaines
CL Classe nominale
COND Conditionnel
DEM Démonstratif
E.G.G Evaluation globale de Groupe
FUT Futur
I, II, III Genre (I, II, III)
IMP Impératif
INCH Inchoatif
IND Indicatif
INF Infinitif
INS Institut national de la
Statistique
N Nom
NEG Négation
NUM Numéral
Ø- Morphème zéro
PA Préfixe d'accord
PL Pluriel
POSS Possessif
PRS Présent
VII
PST Passé
PV Préfixe verbal
REL Relatif
RTT Recorded Text Testing
SBJV Subjonctif
SG Singulier
SIL Société internationale de
TB Ton bas
TH Ton haut
UNESCO Organisation des Nations unies pour l'éducation, la
science et la culture
TM Ton moyen
V Voyelle
Linguistique
VIII
R SUMÉ
Le présent travail porte sur une description du kwa',
langue Bantu-Grassfield du Cameroun. Cette étude voudrait être une
contribution à la préservation du patrimoine linguistico-culturel
qu'est le kwa', à la standardisation de son écriture et à
l'élaboration future du matériel didactique pour son
enseignement, bref c'est une contribution à sa promotion, comme la
politique linguistique du Cameroun le préconise. Il est question pour
nous ici de voir dans quelles mesures nous pouvons continuer le processus de
standardisation de cette langue qui est en grand danger de disparition selon
Bitjaa Kody (2004), et suivant les critères de l'UNESCO (2003). Pour ce
faire, nous nous proposons de décrire la structure morphologique de la
langue kwa', dans le but d'élaborer les principes d'une orthographe
standard de celle-ci basée sur les règles qui découlent
principalement de la description de la structure phonologique et morphologique
de ladite langue, ainsi que sur d'autres considérations
sociolinguistiques et pratiques. Pour réaliser la description du kwa',
nous avons procédé à une collecte de données
constituées de plus de 600 mots et expressions adaptés du
questionnaire de Bouquiaux (1976), transcrits en API. Nous avons eu recourt
à l'approche structurale de F. de Saussure à travers ses branches
fonctionnaliste de Martinet (1980) et distributionnelle de Bloomfield (1933)
pour analyser nos données. Après avoir revisité l'esquisse
phonologique réalisée par Tientcheu Tchameni en 2008, nous avons
découvert que la langue possède 43 phonèmes (27 consonnes
au lieu de 29, 16 voyelles au lieu de 17) et 5 tonèmes, lesquels
constituent la base du choix des graphèmes de l'alphabet. Nous nous
sommes également appuyé sur certains travaux antérieurs
pour mettre en exergue la structure syllabique des mots, identifier les classes
nominales (06) et les morphèmes d'accord des nominaux dépendants,
décrire sommairement le système verbal en ce qui concerne les
temps, les aspects et les modes des verbes (05). Concernant la question de la
standardisation du kwa', nous nous sommes servi du processus décrit par
Wiesemann et al. (1983) et Sadembouo (2001) pour présenter la situation
dialectale de ladite langue, sa standardisabilité, sa vitalité
ainsi que son unicité basée sur l'intercompréhension entre
les variétés linguistiques de l'aire géographique
considéré par opposition au bilinguisme entre le kwa' et les
langues voisines. Ici, le recours au logiciel Cog a permis de comparer les
variétés linguistiques et d'établir le degré de
similarité lexicale entre le kwa' et les parlers voisins et lointains (
nda'nda' 41.5% , m d mbá 40%) qui donne des scores qui font des parlers
considérés des langues distinctes nettement. Pour clore cette
analyse, nous avons élaboré et proposé un certain nombre
de principes orthographiques basés sur les conclusions de l'analyse
descriptive et sociolinguistique réalisée en amont, tout en
suivant Kay Williamson (1984) sur les qualités d'une bonne orthographe
basée sur la fidélité, la cohérence, la
praticabilité/la commodité, l'harmonisation et la
familiarité d'une part, et d'autre part en suivant les principes de
l'AGLC dans Tadadjeu et Sadembouo (1984) pour la graphisation des sons, des
tons et des mots. Ces principes orthographiques développés et
proposés incluent aussi l'écriture des préfixes nominaux /
préfixes de classe et leurs thèmes comme un seul mot, les
déterminants des nominaux (possessif, démonstratif, etc...) comme
des mots séparés. Aussi, les mots composés comme un
seul mot (nda = maison + ?gw? ' = termites > nda?gw? ' =
termitière), des mots redupliqués comme un seul mot (n?n?p =
entre-eux), l'adoption et l'intégration morpho-phonologique des mots
d'emprunt, les marqueurs de temps, aspects et modes des verbes comme
liés au radical verbal ; c'est-à-dire en un seul mot, mais le
marqueur de la négation (ka et ki) est séparé du verbe.
Mais toutes ces propositions faites ont besoin d'être adoptées et
pratiquées par les locuteurs du kwa' afin de s'assurer de la
viabilité de l'écriture standard proposé et du
système d'écriture adéquat et fiable pour tous.
ix
ABSTRACT
This work focuses on a description of Kwa', the
Bantu-Grassfield language of Cameroon. This study is intended to contribute to
the preservation of the linguistic and cultural heritage of Kwa', to the
standardization of its writing and to the future development of educational
materials for its teaching. In short, it is a contribution to its promotion, as
advocated by Cameroon's language policy. Our objective here is to see to what
extent we can continue the process of standardization of this language, which
is in great danger of extinction according to Bitjaa Kody (2004), and according
to the criteria of UNESCO (2003). In order to do so, we propose to describe the
morphological structure of the Kwa' language, with the aim of elaborating the
principles of a standard orthography of this language based on the rules that
derive mainly from the description of its phonological and morphological
structure , as well as other sociolinguistic and practical considerations. To
carry out the description of Kwa', we collected data consisting of more than
600 words and expressions adapted from Bouquiaux's questionnaire (1976) and
transcribed into IPA. We used F. de Saussure's structural approach through
Martinet's functionalist branch (1980) and Bloomfield's distributional branch
(1933) to analyze our data. After revisiting the phonological sketch made by
Tientcheu Tchameni in 2008, we discovered that the language has 43 phonemes (27
consonants instead of 29, 16 vowels instead of 17) and 5 tonemes, which form
the basis for the choice of graphemes of the alphabet. We have also relied on
some previous work to highlight the syllabic structure of words, identify the
nominal classes (06) and the agreement morphemes of the dependent nouns, and
describe summarily the verbal system with regard to tenses, aspects and moods
of verbs (05). Concerning the question of standardization of Kwa', we used the
process described by Wiesemann et al. (1983) and Sadembouo (2001) to present
the dialectal situation of that language, its standardizability, vitality and
uniqueness based on intercomprehension between the linguistic varieties of the
geographical area under consideration as opposed to bilingualism between Kwa'
and neighboring languages. Here, the use of the Cog software made it possible
to compare the linguistic varieties and to establish the degree of lexical
similarity between Kwa' and neighboring, distant languages (nda'nda' 41.5%, m d
mbá 40%). It gives scores that make these languages considered as
distinct languages. To conclude this analysis, we developed and proposed a
number of orthography principles based on the conclusions of the descriptive
and sociolinguistic analysis carried out earlier, while following Kay
Williamson (1984) on the qualities of good orthography based on fidelity,
coherence, practicability/convenience, harmonization and familiarity on the one
hand, and on the other hand following the principles of GACL in Tadadjeu and
Sadembouo (1984) for the graphization of sounds, tones and words. These
orthography principles developed and proposed also include the writing of the
nominal / noun prefixes and their themes as a single word, the determinants of
the nominals (possessive, demonstrative, etc...) as separate words. Also,
compound words as a single
word (nda = house + ?gw? ' = termites > nda?gw? ' = termite
mound), reduplicated words as a single word (n?n?p = among themselves),
morphophonological adoption and integration of borrowed words, the tenses,
aspects and moods markers of verbs as related to the verbal root; i.e. in a
single word, but the marker of negation (ka and ki) is separated from the verb.
However, all these proposals made need to be adopted and practiced by the
speakers of kwa' in order to ensure the viability of the proposed standard
orthography and the adequate and reliable writing system for all.
1
INTRODU TION G N RALE
Il nous semble judicieux de faire une présentation de
la langue que nous allons explorer, ainsi que sur le sujet. Il nous incombe
également de présenter les raisons qui nous ont motivé
pour le choix de ce sujet. Nous poursuivrons par la présentation de la
situation géolinguistique de ladite langue, ensuite nous donnerons un
aperçu historique de la communauté linguistique cible. Nous
donnerons après la situation socio-culturelle de la langue, sa situation
économique, sa situation dialectale ainsi que sa classification
linguistique. Nous indiquerons également l'état et l'importance
de la recherche sur celle-ci. Un accent particulier sera évidemment mis
sur les approches théoriques et la méthodologie à employer
au cours de cette étude ainsi que sur la méthode de travail et
les sources de données. In fine, nous présenterons une
organisation du contenu de ce travail.
1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
Contrairement à plusieurs langues grassfields, la
langue kw ? n'a pas fait l'objet d'un interêt particulier de la part des
linguistes. Cette langue a une population très faible et
jusqu'aujourd'hui, elle n'a pas fait l'objet d'un réel projet de
standardisation même si chaque travail éffectué sur une
langue participe à sa standardisation. D'après INS (Institut
national de la Statistique (agence du Littoral (2015 :48)), l'arrondissement du
Nord-Makombe a une superficie de 734 km2 et compte 3999 habitants
avec une densité moyenne de 7,5 habitants au km2. La langue
de cette localité est ignorée du grand public et risque de
disparaitre.
Néanmoins, notons que E. Brye (SIL) et E. Domche Teko
(2000) ont mené une recherche intitulée première
évaluation globale de la situation sociolinguistique chez les kwa'
(ALCAM : 990), et Tientcheu Tchameni (2008) a été la
première et la seule à jeter les prémisses d'une
étude scientifique de la langue à travers son mémoire de
Master intitulée esquisse phonologique du kw ' (code ALCAM 990) et
proposition d'une orthographe.
Compte tenu du statut du kw ? relevé par la
Société internationale de Linguistique (SIL), Bitjaa Kody (2004
:513) affirme que : « Les langues camerounaises en grand danger (GD) ont
un nombre de locuteurs inférieur à 10.000. Elles ne sont
utilisées, ni à la radio, ni dans la musique. ». Puisque le
kw ? est une langue nationale, non écrite et en grand danger, nous nous
sommes engagé à collecter et à analyser les données
afin d'en assurer la sauvegarde et la promotion.
2
Nous avons constaté que Tientcheu Tchameni (2008) a
commencé le processus de standardisation à travers une analyse
phonologique et une proposition de l'orthographe de la langue kw ?. C'est l'une
des raisons pour lesquelles nous avons décidé de continuer dans
la même lancée en partant des bases morphologiques de la langue
pour améliorer l'orthographe du kw ?. Cette amélioration tient en
compte les délimitations des mots.
L'une des raisons majeures qui nous a poussé à
nous intéresser à cette étude d'amélioration de
l'orthographe se situe à trois (03) niveaux, à savoir social,
scientifique et personnel. Sur le plan social, l'élaboration de cette
orthographe permettra à la communauté kw ? de pouvoir apprendre
à lire et écrire leur langue, de voir celle-ci être
enseignée dans leurs écoles à leurs enfants et participera
à la sauvegarde de ce patrimoine. Sur le plan scientifique, il a
été question non pas de s'arrêter au niveau de
l'orthographe des graphèmes (consonnes, voyelles et tons) mais de
présenter une délimitation des mots basée sur notre
étude morphologique. Sur ce même plan, notre travail contribue
à la documentation linguistique d'une langue en danger. Au niveau
personnel, il a été question pour nous de participer à la
sauvegarde d'une langue camerounaise en grand danger de disparition telle que
relevé par Bitjaa (2004). Nous voudrions contribuer à notre
manière au développement des langues africaines en
général, et des langues camerounaises en particulier. Aussi,
voudrions-nous confier cette contribution aux locuteurs kw ? et aux linguistes
chercheurs, pour leur permettre d'écrire la langue.
Par ailleurs, le contexte sociopolitique actuel qui est le n
tre semble être un atout permettant l'utilisation de la langue maternelle
pour enseigner les « cultures nationales ». L'importance de la langue
première dans la confection et la promotion du « bouquet du
multiculturalisme » relevée par Biya (1987 :117) et la mise en
place de la Commission nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du
Multiculturalisme est donc à souligner ici.
Les motivations ainsi présentées, Il est donc
important de préciser la question centrale à laquelle nous allons
dans notre analyse apporter quelques éléments de réponse.
Il s'agit de la problématique de notre étude.
2. PRO L MATIQUE
Le kw ? est l'une des multiples langues camerounaises qui est
restée longtemps sans réel travail scientifique. Cette situation
est certainement due à l'accès difficile à la zone
d'étude qu'est le département du Nkam dans la région du
Littoral, Cameroun. Sans réel travail pour sa promotion et sa
sauvegarde, cette richesse du patrimoine linguistique mondial
L'atteinte de ces objectifs est le but recherché dans
notre étude. Pour les atteindre, il importe de répondre aux
différentes questions de recherche proposées ci-dessous.
3
risquerait de disparaitre. Dès lors, nous nous
proposons de répondre à la question de savoir comment parvenir au
développement et à la promotion du kw ?, tout en documentant ce
patrimoine en grand danger de disparition ? Ou encore que faire afin de
promouvoir et de documenter le patrimoine linguistique en grand danger de
disparition qu'est le kw ? ?
De cette problématique, nous pouvons ressortir
l'objectif principal de notre recherche, et ainsi que les objectifs secondaires
qui en découlent.
3. L'O JETIF PRINCIPAL DE LA RECHERCHE
Notre étude s'inscrit dans un processus de
standardisation des langues à tradition non écrite. Il sera
question de mener une étude morphologique de la langue kw ? afin
d'améliorer la norme de lecture et d'écriture de ladite langue
proposée par Tientcheu Tchameni (2008). Cette amélioration se
repose principalement sur la délimitation des mots. Pour finir, nous
allons présenter les bases ou fondements du développement et de
l'usage de la forme écrite de la langue kw ?.
Après avoir présenté l'objetif principal
de notre étude, il nous incombe de présenter les objectifs
secondaires qui se rattachent à ce « grand » objectif et qui
constitueront les différentes axes du développement de notre
étude.
4. OBJECTIFS SECONDAIRES DE LA RECHERCHE
Les objectifs secondaires de cette étude
découlent de ce qui précède. Nous avons notre objectif
principal qui est d'analyser la morphologie de la langue afin de faire une
amélioration de l'orthographe avec une emphase sur la
délimitation des mots orthographiques kw ?.
Notre objectif principal se décline en objectifs
spécifiques suivants :
- vérifier les phonèmes et les tonèmes de la
langue kw ? ;
- décrire le comportement des éléments
morphologiques dans cette langue ;
- établir quelques prérequis pour la
standardisation du kw ? ;
- sur la base des caractéristiques d'une bonne
orthographe, proposer un alphabet et
les principes orthographiques améliorés de ladite
langue ;
4
5. QUESTIONS DE RECHERCHE
En fonction des objectifs que nous nous sommes fixés,
nous nous proposons d'examiner les questions découlant de notre
problématique. Il s'agit de :
- Quels sont les phonèmes et les tonèmes retenus
pour la langue kw ? ?
- Comment se comportent morphologiquement le nom et le verbe en
kw ? ?
- Sur quels éléments peut-on se fonder pour la
standardisation de la langue kw ? ?
- Quels sont l'alphabet et les normes orthographiques
améliorés qu'on peut proposer en tenant en compte les
caractéristiques d'une bonne orthographe ?
Ces questions de recherche n'entrainent pas des
hypothèses. Pour répondre à ces questions, il nous importe
d'adopter une méthodologie de travail qui nous mènera à
des fins objectives.
6. ADRE TH ORIQUE
Il s'agit ici de présenter le cadre d'analyse
théorique qui nous a guidé tout au long de notre étude
afin de mieux apprécier et supporter nos analyses. Nous avons donc fait
recours à la théorie structuraliste de Ferdinand De Saussure
à travers l'école fonctionnaliste d'André Martinet (1980)
ainsi que l'école américaine de Leonard De Bloomfield (1933). Le
fonctionnalisme nous permet de déterminer la fonction de chaque
élément, plus précisément en phonologie en ce qui
concerne l'établissement de la fonction distinctive des sons du langage.
Nous l'avons utilisé pour mieux apprécier les paires minimales
des sons que notre prédecesseure n'avait pas identifié comme
phonème de la langue kw ?. D'après ce courant de pensée,
les phonèmes n'ont pas de sens lorsqu'ils sont en isolation, mais permet
de différencier formellement des unités qui ont des sens
différents. Prenons en exemple les phonèmes /y et kx dans d y
« avoir, posséder , d kx « br ler » respectivement. Nous
constatons bien que ces deux phonèmes ont une fonction distinctive
lorsqu'ils se retrouvent dans les paires de mots kw ? présentée.
Le distributionnalisme quant à lui d'après Jean-Philippe Soh
(2014 :14) permet de « décrire les places des segments les uns par
rapport aux autres, dans un ensemble rigoureusement synchronique
d'énoncés et de mesurer les diverses contraintes
systématiques ». Pour ajouter à ce que Soh (2014) affirme,
nous précisons que dans le cadre de notre analyse morphologique, il
s'est agit au travers de ce courant de pensée, de segmenter nos
différentes phrases ou éléments de la chaine parlée
en unités distinctives en
5
fonction des positions de chaque élément dans
l'énoncé c'est-à-dire leur environnement. C'est donc cet
ensemble de principes généraux de l'analyse linguistique
structurale et synchronique qui va nous guider tout au long de notre analyse.
Nous avons également eu recours à l'approche sociolinguistique.
Cette approche met en relation les langues et la société car
d'après Sadembouo (2001 :25), « la sociolinguistique aborde les
faits linguistiques non pas en les décrivant, mais plut t du point de
vue du rapport qu'ils entretiennent avec la société, les usagers
des langues et, les acteurs de ces faits linguistiques ». Cette approche
nous a guidé lors de l'analyse des représentations et des
attitudes linguistiques des locuteurs kw ? recueillies auprès de
ceux-ci, dans le développement des aspects sociolinguistiques/pratiques
de l'orthographe et de la diffusion des normes établies.
Le cadre d'analyse sur lequel nous nous sommes appuyé
pour présenter nos analyses étant défini, nous allons donc
présenter les différentes méthodes qui nous ont permi
à élucider notre question centrale ; il s'agit du cadre
méthodologique.
7. CADRE MÉTHODOLOGIQUE
Pour parvenir à nos fins, nous nous servi d'une
méthode bidimensionnelle. La première est l'adaptation et
l'administration du questionnaire d'enquête linguistique extensive de L.
Bouquiaux et al. (1976) pour la vérification phonologique et la
description morphologie, et l'élaboration et l'administration d'un guide
d'entretien pour des informations sociolinguistiques, c'est-à-dire le
receuil des représentations et des attitudes de la population kw ?
envers la proposition d'une orthographe de leur langue.
7.1.1. L'enqu te p r le questionn ire d'enqu te
linguistique extensive
Nous avons utilisé une liste de mots et de syntagmes
adaptée de L. Bouquiaux et al. (1976). Ce questionnaire est
généralement utilisé pour les travaux de descriptions des
langues ; il est beaucoup plus utilisé pour la description phonologique,
morphologique et syntaxique. Dans notre étude, ce questionnaire nous a
permi de receuillir les équivalences dans notre langue d'étude
qu'est le kw ?. Ces équivalences ont été receuillies
auprès des locuteurs de la langue kw ? residant dans les villes de
Douala et de Yaoundé lors de nos multiples descentes sur le terrain, et
transcrites suivant l'Alphabet phonétique International (API). Nous
l'avons utilisé pour vérifier la phonologie faite
précédemment, et pour la description morphologique (nominale et
verbale) de la langue kw ?. Le dépouillement s'est
éffectué de manière mécanique, nous avons
analysé ces données manuellement, et plusieurs de ces
données constituent des illustrations dans notre travail ; notamment
dans les chapitres
6
portant sur la vérification phonologique et la
description morphologique. Donc, ce questionnaire nous a servi pour
l'élaboration des chapitres 1 et 2 de notre travail. Nous ne nous sommes
pas limité au questionnaire d'enquête linguistique extensive, mais
nous avons également faire recours un guide d'entretien pour mieux
élucider les questions qui constituent l'objet des chapitres 3 et 4.
Nous avons également utilisé quelques mots (200)
que nous avons receuilli les équivalences dans les langues kw ?, m d mb
et nd ?ndà? respectivement. Ces mots ont été receuillis
auprès des locuteurs de ces différentes langues et transcrits
suivant l'API. Pour ce questionnaire de mots portant sur le test de
similarité, nous avons fait un dépouillement automatique
grâce au logiciel Cog tout en utilisant la méthode
lexicostatistique proposée par Blair (1987). Communément connue
sous l'appélation de la méthode de Blair, elle se fonde sur la
similarité phonétique. Suivant cette méthode, chaque paire
de mots a été considérée comme apparentée ou
non selon le degré de similarité entre les paires de sons
comparées dans une paire de mots donnée. Les résultats
sont visibles à travers des captures d'écrans des analyses, que
nous avons inséré dans le chapitre 3.
7.1.2. L'enqu te p r le guide d'entretien
Nous avons constitué un guide d'entretien que nous
avons reparti en deux parties. La première partie nous renseigne sur
l'identification de chaque répondant. Quant à la seconde partie,
elle porte sur le questionnaire ; lequel comporte sept questions fermées
et ouvertes. Cette phase de l'étude réalisée dans notre
zone d'étude visait à déterminer les différentes
variantes de la langue kw ? ou encore à déterminer si sa
situation linguistique est homogène. Elle nous a également permis
de faire ressortir les attitudes de la communauté linguistique cible sur
une potentielle standardisation de leur langue. Elle a été
éffectuée dans les trois (03) cantons où sont
parlées cette langue à savoir le canton Moya, le canton Bakoua et
le canton Tongo, ainsi qu'auprès des locuteurs natifs installés
dans les villes de Douala et de Yaoundé respectivement. Ceci s'est fait
généralement par l'administration d'un questionnaire aux
populations de la communauté linguistique cible.
Nous avons eu recours à certaines personnes, locuteurs
natifs pour fournir et vérifier les données pour notre
travail.
7
7.1.3. Les informateurs
Lors de nos différentes descentes sur le terrain en
février 2018, septembre 2018 et juillet 2019 respectivement, nous avons
été assisté par quelques locuteurs natifs de la
communauté kw ?. Le tableau suivant (tableau 1) présente nos
informateurs ainsi que des informations les concernant.
Tableau 1: fiche d'identific tion des inform
teurs
NO
|
Noms et Prénoms
|
Age
|
Sexe
|
Niveau d'étude
|
Profession
|
Résidence
|
1
|
Bangmi Lucien
|
52
|
M
|
Universitaire
|
Contrôleur des postes
|
Douala
|
4
|
Fagnia Mirabelle
|
52
|
F
|
Secondaire
|
Ménagère
|
Yaoundé
|
2
|
Heya Philippe
|
65
|
M
|
Secondaire
|
Agent SONEL retraité
|
Douala
|
3
|
Mbuitcho Justine
|
47
|
F
|
Secondaire
|
Couturière
|
Yaoundé
|
5
|
Ngatchouop Moise
|
67
|
M
|
Primaire
|
Cultivateur
|
Fanda
|
6
|
6Nzeungang Roger
|
56
|
M
|
Secondaire
|
Comptable
|
Yaoundé
|
7
|
7SM Tokam
William
|
25
|
M
|
Universitaire
|
Étudiant
|
Douala et
Tongo
|
Dans la section suivante, nous allons passer en revue
l'ensemble des travaux qui ont été faits sur la langue
jusqu'ici.
8. RÉVUE DE LA LITTÉRATURE
Nos investigations dans les bibliothèques de l'ANACLAC,
du Département de Langues africaines et Linguistique, du CERDOTOLA et de
la SIL ont permis de faire une revue de la littérature sur la langue kw
? concernant notre sujet. Cette revue a été couronnée par
la découverte d'un travail de sociolinguistique réalisé
par les chercheurs de la SIL en 2000. Une étude réalisée
en 2000 pour l'obtention du dipl me de Maitrise en linguistique, portant sur
une esquisse phonologique et les perspectives de la standardisation de la
langue màm ny n. Nous avons découvert également une
étude portant sur les étapes vers la standardisation d'une langue
Bantu Grassfield, le k nswéynséy, réalisée en 2000.
Une thèse de Doctorat Ph.D en linguistique appliquée portant sur
le thème « a study of the phonological, morphological and syntactic
processes in the standardisation of limbum », réalisée en
2004 nous a aussi intéressée et enfin un travail de description
phonologique réalisé à l'Université de Dschang
en
8
2008 a été notre point de chute de cette revue.
Nous allons à présent exposer ces travaux sur lesquels nous nous
sommes appuyé. Il s'agira de présenter les éléments
que nous avons pu exploiter, tout en présentant les insuffisances et nos
apports pour l'amélioration dans le cadre de notre étude.
Brye, E. et Domche Teko, E., (2000) mènent la
première évaluation globale de la situation sociolinguistique
chez les kwa' (ALCAM : 990). Il s'agit là d'un aspect de la
sociolinguistique. Dans cette évaluation, les auteurs donnent un aper u
de la situation linguistique et sociolinguistique de la langue kw ?. Ces
orientations nous ont aidé lors de notre descente sur le terrain et nous
ont également permis de nous intéresser davantage à cette
langue aux vues de sa situation géographique et de sa proximité
linguistique avec les langues grassfields telle que présentée par
ces auteurs. Notons que cette étude ne va pas en profondeur comme
l'affirment les auteurs, du fait des difficultés d'accès aux
locuteurs dans leurs différents villages, difficultés
inhérentes au manque d'infrastructures routières. Ce travail se
veut de donner une vue plus claire de la présentation de la situation
linguistique et sociolinguistique chez les kw ?.
Concernant les travaux portant sur la standardisation plus
précisement, nous en avons retenu quatre. Il s'agit des travaux de Forku
(2000), Akeriweh (2000), Tabah Nforgwei (2004) et Tientcheu Tchameni (2008).
Forku (2000) a mené une étude intitulée a
sketch of phonology of màm ny n and standardization perspectives»
qui présente une phonologie structurale de cette langue, les
préliminaires pour la standardisation de celle-ci, ainsi qu'une
proposition d'alphabet et des règles de lecture et d'écriture.
L'auteur fait une analyse paradigmatique des sons de la langue pour en
ressortir les phonèmes, une analyse syntagmatique afin de ressortir les
combinaisons syllabiques possible entre les phonèmes attestés. Il
met également un point d'honneur sur l'analyse de la distribution des
structures tonales existantes dans la langue. Cette étude qui a pour
objectif principal de proposer un système d'écriture de la langue
Bantu, le màm ny n, est basée uniquement sur une analyse
phonologique structurale. L'auteur ne s'interesse guère à la
structure morphologique de la langue, ainsi qu'aux différentes
caractéristiques d'une bonne orthographe proposées tel que nous
l'aborderons dans notre travail.
Nous avons eu à explorer en détails
l'étude « a step towards the standardisation of k
nswéynséy (a grassfield bantu language) » menée par
Akeriweh en 2000. Cette étude se consacre à poser les jalons de
la standardisation dans la langue k nswéynséy. Pour ce faire,
9
l'auteur s'interesse tout comme Forku (2000) à mener
une analyse phonologique structurale de la langue k nswéynséy o
il met un accent particulier sur les facteurs linguistiques et
extralinguistiques qu'il présente en un chapitre de son travail. Lors de
la proposition de l'alphabet et des principes orthographiques, l'auteur fait
une présentation littérale des règles de formation des
mots sans une base morphologique, ce qui constitue notre apport dans cette
étude que nous menons.
Une autre étude, beaucoup plus étendue que les
précédentes exposées, est celle menée par Tabah
Nforgwei (2004). Cette étude intitulée a study of the
phonological, morphological and syntactic processes in the standardisation of
limbum» est clairement décrite suivant l'aspect phonologique,
morphologique et syntaxique pour une harmonization de l'orthographe de la
langue limbum. Ici, l'auteur procède par une comparaison des dialectes
Nord et Sud sur la base de la triptyque analytique phonologie, morphologie et
syntaxe. Ce travail a pour but ultime de présenter une norme standard de
l'orthographe que l'auteur utilise pour présenter une grammaire
pédagogique. Donc l'auteur, présente une grammaire de
l'enseignement de la langue limbum sur la base des comparaisons issues des
analyses descriptives des différentes variantes de la
langue. il ne s'intéresse pas aux
préalables à poser pour la standardisation, ni aux moyens de
consolidation de ce système d'écriture standard qui sont des
éléments sur lesquels repose notre système
d'écriture de la langue kw ? proposé.
Comme autre étude portant sur notre langue
d'étude qu'est le kw ?, Tientcheu Tchameni (2008) a mené une
étude qui porte sur une esquisse phonologique du kw ' (code ALCAM 990)
et proposition d'une orthographe. L'auteure fait le tout premier travail de
description sur cette langue non-explorée. Elle fait une analyse
phonologique de ladite langue et fait une proposition de règles de
lecture et d'écriture pouvant permettre aux membres de la
communauté ainsi qu'aux éventuels futurs chercheurs
d'écrire et de lire aisément celle-ci. Ce travail nous a servi
les phonèmes de la langue et une proposition d'orthographe sur laquelle
nous nous sommes appuyé pour proposer de nouvelles règles. Notons
que cette auteure ne prend pas en compte l'aspect morphologique dans sa
proposition d'orthographe. Cet élément que nous trouvons
indispensable pour tout système d'écriture est l'un des points
pertinents que nous explorons dans notre étude. Nous présentons
et adoptons nos règles sur la base des qualités d'une bonne
orthographe proposées par Williamson (1984), ainsi que les moyens de
consolidation du système d'écriture proposé.
10
La revue de la littérature ainsi
présentée, il nous semble judicieux et indispensable de
présenter la langue kw ? ainsi que la communauté dans laquelle
elle est employée.
9. SITUATION G O-LINGUISTIQUE DE LA LANGUE
La langue kw ? est l'une des langues bantu parlée au
Cameroun dans l'arrondissement du Nord-Makombé, dans le
département du Nkam de la région du Littoral. Elle est
parlée dans trois (03) cantons à savoir le canton Moya, le canton
Bakoua et le canton Tongo qui appartiennent tous à des chefferies de
2ème degré. Chacun de ces cantons regroupe plusieurs villages
ayant des chefferies de 3ème degré, mais très peu de ces
villages sont habités. Le kw ? dont le code ALCAM est [901] est
délimité au Nord par le ?asa [401] et le nd ?ndà? [980],
au Sud par le ndemli [502] et le tunen [511], à l'Ouest par le bakoko
[402] et à l'Est encore par le tunen [511]. Les locuteurs de ces zones o
le kw ? est parlée sont influencés par les langues majoritaires
voisines à savoir le nd ?ndà? et le m d mb .
9.1. Cartes linguistiques
Nous allons présenter tour à tour deux (02)
cartes linguistiques du kw ?. L'une vue sur le plan régional et l'autre
sur le plan départemental.
9.1.1. Carte linguistique régionale
La carte ci-dessous vous présente la situation de la
communauté linguistique kw ? dans la région du Littoral. Cette
carte nous permet de situer la langue d'étude dans sa région afin
de voir sa position par rapport aux autres langues de la région. Il
s'agit également de présenter sa position dans la région
par rapport à d'autres régions voisines.
11
Carte 1 : Carte linguistique de la
région du Littoral Binam Bikoi (éd.) (2012:31)
Nous constatons à travers cette carte que la langue kw
? (la zone verte foncée au nord de la carte) est parlée dans la
Région du Littoral. Elle est limitée au Nord par la Région
de l'Ouest et à l'Ouest par la Région du Centre. Il est
nécessaire de présenter une carte plus proche de la situation du
kw ?.
12
9.1.2. La carte linguistique départementale
Nous présentons ci-dessous la carte linguistique du
département du Nkam, département dans lequel la langue kw ? est
originaire. Elle nous permettra de mieux ressortir les langues avoisinantes
à notre langue d'étude. Ce qui nous permettra de clarifier la
situation linguistique de certaines d'entre elles qui sont plus proches
linguistiquement de notre langue d'étude.
Carte 2 : Carte linguistique du département du
Nkam Binam Bikoi (éd.) (2012:37)
la lecture de cette carte, nous constatons que la langue kw ?
(représentée par la zone verte foncée sur la carte) dans
ce département précis est avoisinnée par les langues
bakoko [402], ?asaa [401], ndemli [502] et tunen [551].
Les cartes linguistiques du kw ? présentées, il
est aussi important de présenter sa généalogie.
13
10. APERCU HISTORIQUE
Lors des recherches faites sur la littérature produite
sur la communauté kwá?, nous n'avons pas pu trouver un document
qui relate de manière plus ou moins exhaustive l'histoire de ce
peuple.
Selon un de nos informateurs, la communauté kwá?
aurait quitté la région du Noun pour s'installer dans l'actuel
département du Ndé, limitrophe au département du Noun,
suite à l'invasion islamique menée par le roi Njoya. Après
quelques temps de cohabitation avec les habitants du Ndé qu'ils estiment
ne pas être assez propres, les ascendants des kwá? vont se
détacher d'eux en deux colonies : la première, dirigée par
le nommée Muyuka fonda le groupement de Milombé et la
deuxième, conduite par Tchoutang Nkem Disik qui alla créer celui
de Bakoua. C'est de ces deux (02) groupements que naitront tous les autres
groupements kwá?. Par ailleurs, l'aire kwá? a été
une zone de bataille pendant la guerre des indépendances au Cameroun.
Plusieurs personnes ne se reconnaissent pas dans le terme kwá? qui
désigne la langue, mais plutôt dans le terme
bàkákán pour certains et m d mà pour d'autres.
La langue kwá? est mal connue du grand public
probablement à cause de la méconnaissance du peuple en question,
de son état d'enclavement avancé et aussi de sa faible force
numérique. C'est pour cela que nous mettrons en exergue sa situation
socio-culturelle.
11. SITUATION SOCIO-CULTURELLE
Il serait important de faire une présentation
anthropologique de la communauté kwá? afin de mieux
l'appréhender. En dépit de la connaissance qu'elle a de Dieu
d'après leur religion importée (notamment la présence de
l'église protestante évangélique), il faut préciser
que la communauté kwá? ne bat pas en brèche sa croyance
aux forces de la nature.
Cependant, la connaissance de la socio-culture de cette
communauté ne se réduit pas uniquement à la religion, mais
beaucoup plus à la culture. Nous pouvons dire de la culture que c'est
l'expression ou la traduction d'un mode de vie propre à une
communauté. La communauté kwá? a su garder une partie de
ses habitudes evidemment folkloriques. Ceci est vérifiable à
travers la multiplicité des danses traditionnelles notamment le m ? qui
est une danse reservée aux hommes initiés, le mb? n
reservé aux femmes, ainsi le kû?gùlû?, le d
?á?. Le kwá? et le lù? reservés à toute
personne membre de cette communauté, des rites et rituels (le culte des
cranes, cérémonie de jumeaux, la cérémonie des
voyants (ou la divination) et le culte sous l'arbre) ainsi que certains
évènements culturels organisés annuellement dans certains
cantons de la communauté kwá? (la célébration de la
fille Tongo par exemple).
14
Il est également important noter que la plupart des
constructions sont faites en terre cuite dans ces différents cantons.
Les habitudes alimentaires sont beaucoup plus basées sur la consommation
des tubercules accompagnés de la sauce de pistache (graine de courge)
qui, est la céréale le plus consommée par la
communauté kw ?.
Nous allons également jetter un regard sur les
activités économiques pratiquées par les membres de la
communauté kw ?.
12. SITUATION ÉCONOMIQUE
La communauté kw ? vit en grande partie des
activités agro-pastorales telles que la pêche, la chasse et
l'agriculture de subsistance. Ils pratiquent entre autres la culture du macabo,
du cacao, de la banane, du plantain, des arachides, de la pistache, du
café, de la canne à sucre, ainsi que quelques cultures mara
chères à l'instar du piment, de la tomate etc....Le peuple kw ?
pratique l'élévage des caprins et de la volaille. Les
marchés se font une fois par semaine et de manière rotative
suivant les différents groupements que compte ce peuple. Certains
produits manufacturés comme le sel, le savon, produits de beauté
et produits de friperies sont présents les jours de marché. Le
jour du grand marché est le samedi. Notons également qu'à
travers la SOPALTO (Société coopérative des Palmeraies de
Tongo) installée à Tongo depuis 1994, plusieurs jeunes de la
localité et d'ailleurs sont recrutés, et travaillent pour la
production de l'huile de palme et ses dérivés. Relevons que
certains problèmes se posent encore avec acuité à savoir
le manque d'infrastructures routières, les problèmes
d'électrification, ainsi que les problèmes d'approvisionnement en
eau potable.
Cette situation ainsi présentée, nous allons
proposer une illustration de la classification linguistique à travers
des cartes.
13. CLASSIFICATION LINGUISTIQUE DU KWAì?
Il s'agit dans cette section de présenter la
classification de la langue kw ? à travers son arbre
généalogique. La classification de Binam Bikoi, éd. (2012)
place la langue kw ? dans le phylum Niger-kordofan, sous-phylum Niger-congo,
dans la famille Bénoué-congo, de la sous-famille Bantoide,
branche bantou, de la sous-branche Grassfields, du groupe Grassfields-Est et du
sous-groupe Bamiléké-central. Nous rendons ceci plus visible
à travers la représentation arborescente ci-dessous :
15
Phylum : Nilo-saharien Afro-asiatique
Niger-kordodafanien
Sous-phylum : Niger-Congo
Famille : Ouest-atlantique Bénoué-congo
Adamawa-oubnaguienne
Sous-famille : Jukonoide Cross-river Bendi
Bantoide
Branche : Mambiloide Bantou
Sous-branche: Jarawan Tivoide Ekoide Nyang Beboide
Grassfield Mbam Equatorial Zambèze
Groupe: Grassfield-Est Ring Momo Menchum
Sous-groupe: Ngemba
Bamiléké-central Noun Nord
Langue : kwaì? [901] nda'nda'[905]
ngombale[920] mengaka[930] ngombà[940] ngyemboÌoÌn[951]
yémba[952] gh?m l '[960] fe'efe'e[970]
Adapté de Binam Bikoi (éd) (2012)
16
14. PLAN DU CONTENU
Le présent travail se subdivise en deux (02) parties.
Chaque partie comporte deux (02) chapitres. Dans la première partie
intitulée rappels phonologiques et esquisse morphologique, nous allons
revisiter la phonologie de la langue kw ? tout en confrontant les
résultats de nos recherches à ceux de notre
prédécesseure, Tientcheu Tchameni (2008). Ceci fera l'objet de
notre premier chapitre pour cette partie. Le second chapitre de cette partie
s'intéressera davantage à l'analyse de la morphologie nominale et
verbale de la langue kw ?. Notre seconde partie intitulée les
perspectives de la standardisation de la langue kw ? est également
composée de deux (02) chapitres. Le premier s'intéresse aux
préliminaires ou prérequis pour la standardisation du kw ?. Le
second s'intéresse à l'alphabet et aux principes orthographiques
de la langue kw ?, et expose les conditions de la consolidation du processus de
standardisation par la mise sur pied d'un comité de langue.
PREMIÈRE PARTIE : QUELQUES ÉLÉMENTS DE LA
GRAMMAIRE
|
18
Cette première partie concerne le rappel phonologique
et propose une esquisse morphologique, composée de deux (02) chapitres,
cette partie permettre de faire ressortir le système phonologique ainsi
que la présentation de la morphologie de la langue kw ?. Il sera
question de faire un rappel du travail d'esquisse phonologique et de
proposition d'orthographe faite par notre prédecesseure Tientcheu
Tchameni (2008). Il s'agira pour nous de présenter les résultats
de son travail et vérifier suivant une opposition complète des
paires de sons de cette langue. Nous nous servirons de l'API pour la
transcription de nos données. Aussi, nous nous proposons de faire un
ajout des consonnes, des voyelles et des tons qui se sont revelé
pertinents dans la langue kw ? issus de nos données. Étant
donné que notre objectif est beaucoup centré sur une potentielle
standardisation de ladite langue, notre second chapitre proposera une esquisse
de la morphologie nominale et verbale de la langue kw ?. Ce travail de
morphologie sera mené de manière éfficiente dans des
travaux futurs. Dans ce chapitre, nous traiterons de la structure du nom, du
syntagme nominal et des classes nominales particulièrement pour ce qui
est de la partie reservée à la morphologie nominale. Dans la
partie reservée à la morphologie verbale, la structure du verbe,
du syntagme verbal ainsi que des modalités spatio-temporelles seront
présentées tour à tour.
19
CHAPITRE 1 : RAPPEL PHONOLOGIQUE
Il est question dans ce chapitre de revenir sur quelques
éléments de la phonologie de la langue kw ?. Il s'agit de
l'analyse sur le plan paradigmatique et sur le plan syntagmatique.
1.1. L'ANALYSE PARADIGMATIQUE
Cette section de notre chapitre porte sur l'analyse des sons
de la langue en opposition entre eux et/ou suivant leur distribution. Il sera
question de ressortir les phonèmes de la langue. Nous nous proposons de
faire un rappel de la phonologie de la langue et apporter un certain nombre
d'amendements. Nous allons tour à tour revenir sur le système
consonantique, le système vocalique et le système tonal. Nous
partons d'un corpus de mots en langue kw ? ; o nous allons faire un inventaire
de tous les sons et tons que nous propose notre corpus, présenter les
différents tableaux phoniques, relever des paires de mots en contexte
identique afin de distinguer les sons distincts de ceux qui sont allophones.
Nous interpréterons également des séquences de sons
présents dans notre corpus afin d'en déterminer les statuts.
À la fin de ce chapitre, nous confronterons nos résultats
à ceux de Tientcheu Tchameni (2008).
1.1.1. Vérification phonologique
Il s'agit dans cette section de revenir sur les
résultats de l'analyse phonologique proposée par Tientcheu
Tchameni (2008). Nous allons présenter dans des tableaux ses
phonèmes consonantiques, ses phonèmes vocaliques ainsi que ses
tonèmes.
1.1.1.1. Les phonèmes consonantiques
Nous allons les présenter dans un tableau semblable
à celui de l'API, mais sans mentionner les points et modes
d'articulation, les différentes consonnes qui ont été
reconnues comme distinctives d'après l'étude faite par Tientcheu
Tchameni (2008).
20
Tableau 2: Phonèmes consonantiques selon Tientcheu
Tchameni (2008 :40)
P
|
|
t
|
|
|
k
|
|
kf
|
B
|
|
d
|
|
|
g
|
|
|
M
|
|
n
|
|
J1
|
D
|
|
|
mb
|
|
nd
|
nd3
|
|
Dg
|
|
|
|
|
|
1f
|
|
kx
|
|
|
|
|
|
d3
|
|
gy
|
|
|
|
f
|
s
|
|
|
x
|
h
|
|
|
v
|
|
3
|
|
|
|
|
|
|
l
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
j
|
ui
|
|
w
|
Ce tableau laisse entrevoir que Tientcheu Tchameni (2008) a pu
inventorier vingt-neuf (29) phonèmes consonantiques parmi lesquelles
quatre (04) consonnes prénasales respectivement /mb/, /nd/, /nd3/ et
/Dg/. Le tableau suivant porte sur le système vocalique tel que
proposé par Tientcheu Tchameni (2008).
1.1.1.2. Les phonèmes vocaliques
Les phonèmes vocaliques retenus par Tientcheu Tchameni
(2008) dans son étude sont présentés dans le tableau
ci-dessous.
Tableau 3: Phonèmes vocaliques selon Tientcheu
Tchameni (2008 :40)
i
|
|
|
|
|
i
|
|
u
|
uu
|
|
u
|
uu
|
e
|
ee
|
ø
|
øø
|
|
|
|
|
o
|
|
E
|
EE
|
|
|
|
|
|
|
3
|
33
|
|
|
|
|
a
|
aa
|
|
|
|
|
Ce tableau indique que Tientcheu Tchameni (2008) a obtenu de
ses analyses vocaliques dix-sept (17) phonèmes dont dix (10) voyelles
simples et sept (07) voyelles longues.
21
1.1.1.3. Les tonèmes
Il s'agit des tons identifiés après une analyse
phonologique comme étant distincts des autres avec lesquels ils ont
été opposés. Nous allons également les
présenter dans un tableau ainsi qu'il suit.
Tableau 4: Tonèmes selon Tientcheu Tchameni (2008
:40)
Dans cette langue, Tientcheu Tchameni (2008) a ressorti cinq
(05) tonèmes dont trois (03) simples et deux (02) complexes ou
modulés.
1.1.3. Propositions issues de nos données
Nous ne présenterons pas toutes les étapes
préliminaires d'une analyse phonologique (inventaire phonique, tableaux
phoniques) puisqu'il s'agit juste d'une vérification des
résultats d'un travail antérieur. Par conséquent, nous
nous proposons de partir sur la base de quelques observations faites sur les
résultats de l'analyse de Tientcheu Tchameni (2008) et sur la base de
nos données recoltées. Mais avant toute chose, nous allons
éclairer le statut des séquences phoniques que nous avons
découvertes dans nos données collectées.
1.1.3.1. Interprétation des séquences
ambiguës
Pour Djomeni (2012:43), des séquences ambiguës
sont: « those whose interpretation is not easy to process. ». Il est
souhaitable de prime abord d'éclaircir le statut des séquences de
consonnes et de voyelles observées dans notre corpus. Ceci pour une
analyse adéquate et fiable de la phonologie de cette langue. Nous avons
fait face aux difficultés liées aux consonnes complexes notamment
les consonnes prénalisées et les successions de voyelles.
22
1.1.3.1.1. Consonnes prénasalisées
Certaines consonnes recensées en position initiale
peuvent avoir une fonction syllabique ou de prénasale. Dans ce contexte,
a-t-on à faire aux prénasales c'est-à-dire NC ou s'agit-il
des nasales syllabiques c'est-à-dire N+C, donc deux syllabes ? À
travers notre corpus, nous constatons qu'il y a une succession de consonnes
nasales et consonnes occlusives et fricatives en position initiale et en
position médiane. Nous avons également constaté que ces
consonnes-là peuvent apparaître seules. Ce qui signifie en
d'autres termes que les contextes sont mutuellement exclusifs. Étant
donné aussi que la langue n'admet pas de structure CC dans les cas
simples c'est-à-dire de succession quelconque de sons, cette succession
ne saurait être des consonnes distinctes. Sur ces bases, nous pouvons
admettre qu'il s'agit des prénasales. Nous allons présenter cela
à travers l'exemple (1) ci-dessous :
(1)
|
|
|
|
?g p nd mv
|
« la peau de l'animal » « le mari, l'époux
» « le deuil »
|
b ?g m nd tàmb
|
« boucle d'oreille » « l'homme » « le
chapeau »
|
|
À travers cet exemple, nous constatons qu'il ne s'agit
que des prénasales sonores car les nasales qui précèdent
les consonnes sourdes dans cette langue sont généralement des
nasales syllabiques comme nous le veront plus tard dans l'analyse.
Nous allons maintenant déterminer le statut des
différentes successions de voyelles que nous avons relevées de
notre corpus.
1.1.3.1.2. Les séquences vocaliques
La langue kw ? comporte des séquences vocaliques dont
nous déterminerons le statut phonologique afin d'adopter une bonne
orthographe de cette langue. Il s'agit des successions présentées
dans l'exemple (2) suivant :
(2)
u a k ? « bracelet »
u ? k ? ? « la flèche »
u e ?g èn « l'aigle »
u m? ? « la lune »
23
u i d ? « fondre »
u ? k ? « quatre »
i ? d b ? ?ó « s'enrouler »
i ? f ? « la tombe »
i a f à?nd? « le balai »
i u b ? « neuf »
Au vu de ces groupements, nous pouvons nous poser une question
fondamentale : Peut-on considérer ces groupements vocaliques comme des
diphtongues, ou pourrait-on parler d'un processus de labialisation et de
palatalisation ou encore d'un processus de formation de glides ? De prime
abord, nous sommes tenté d'affirmer que la langue kw ? fait état
de diphtongues. Dubois et al. (1973 :155) définissent la diphtongue
comme étant « une voyelle qui change une fois de timbre au cours de
son émission, de sorte que l'on entend une certaine qualité
vocalique au début de la diphtongue et une autre à la fin . En kw
?, on ne retrouve que les voyelles [i] et [u] en première position dans
ces groupements or on s'attendrait à avoir tout type à cette
position. Donc il ne s'agit aucunement des voyelles diphtongues. En revenant
sur la liste de l'exemple (2) précédent, nous nous rendons compte
de l'apparition de certaines voyelles basses en deuxième position. Ces
voyelles sont [a, ?, ?]. Il serait donc impensable d'avoir des consonnes
palatalisées et labialisées devant ces voyelles aussi basses.
Car, pour Chumbow et Ejimatswa (1984) cité par Nguendjio (1989:55),
consonants cannot be said to be palatalized or labialized before a vowel as low
as [a]. Since both processes of palatalization and labialization involve
raising of the tongue it would be unnatural for a low vowel to condition these
processes».
Les sons [i] et [u] apparaissant en première position
dans les groupements vocaliques subiraient des transformations et deviendraient
respectivement [w] et [j]. Ces voyelles peuvent être suivies de toute
autre voyelle, qu'elle soit haute ou basse.
D'o la règle suivante :
u w/ C___V et i j/ C_____V
Il s'agit donc de CwV et de CjV o
Cw et Cj correspondent respectivement à C + W et C
+ J.
Il est évident qu'il ne s'agit nullement d'un processus
de labialisation et de palatalisation, il s'agit plut t d'un processus de
formation de glides. Nous pouvons matérialiser cela dans l'exemple (3)
ci-dessous :
24
(3)
u i d ? [d ?w ] « fondre »
u e ?g èn / [?gwèn ] « l'aigle »
u E k è/ [kwE ] « quatre »
u /mE ? / [mè?w ] « la lune »
u a k ? [kw ?] « bracelet »
u ? k ? ? [kw? ?] « la flèche »
i E f E / [fjE ] « la tombe »
i a f à?ndE / [fjà?ndE ] « le balai »
i u b ? [bj ? ] « neuf »
i ? d b ? ?ó/ [d bj? ?ó] « s'enrouler
»
À la suite de ce processus, il s'en suit directement un
processus de perte de segment (désyllabation) pour reprendre Nguendjio
(1989 : 57). Dans notre cas précis, les voyelles [u] et [i] sont
porteuses de tons en structure profonde. Mais, une fois transformées en
semi-voyelles, elles perdent ce ton. Dans la langue kw ?, seules les nasales
syllabiques et voyelles sont porteuses de ton, car elles sont des noyaux de
syllabe.
1.1.4. Quelques observ tions sur les résult ts de
l'étude ntérieure
Ces observations se situent au niveau des consonnes, des
voyelles et des tons. Nous nous proposons de suivre évidemment cet ordre
défini c'est-à-dire commencer par les observations au niveau des
phonèmes consonantiques et au niveau des tonèmes en passant par
les voyelles.
1.1.4.1. Au niveau des phonèmes
consonantiques
L'analyse antérieure faite par Tientcheu Tchameni
(2008) a révélé que les consonnes ci-après sont des
phonèmes distincts de la langue kw ?. Il s'agit de : /b, d, m, n, mb, f,
v, t, s, n, nd, l, ?, ?, ?, ?, n?, kx, j, k, g, ?, ?g, w, h .
Dans la présente étude, nous ne reviendrons pas
sur l'analyse de chacun de ces phonèmes, car notre apport est de relever
les insuffisances et de les combler. Pour cette raison, nous essayerons de
montrer dans la suite de notre travail que certains phonèmes
présentés par notre prédécesseure ne peuvent en
aucun cas être des phonèmes de cette langue, et après nous
montrerons également la présence de certains phonèmes
non-identifiés par celle-ci.
25
1.1.4.1.1. Les phonèmes /p/ /g?/
/ui/ /kf/ /x/
Le phonème p identifié par Tientcheu Tchameni
(2008) comme étant distinctif ne l'est pas effectivement. Le son [p] est
en distribution complémentaire avec le son [b] tel que
présenté dans l'exemple (4) ci-dessous :
(4)
[p] [b]
?? p « pressoir » d bélé « pousser
»
? k? p « argent » bàà « poche
»
jép « leur » bà?à « maison
»
nép « eux » tàmb « chapeau »
apparait uniquement en position finale apparait en médiane
et en initiale
Nous pouvons donc remarquer que le [p] apparait uniquement en
finale de mot et [b] apparait en initiale et médiane. On pourrait penser
qu'il s'agit du [b] qui s'est assourdi en position finale. Donc [p] et [b] sont
deux allophones d'un même et unique phonème b .
Pour le phonème /? , nous n'avons eu aucun mot avec
celui-ci dans notre corpus. De plus c'est un son qui n'est pas aussi
attesté dans les langues voisines du kw ?.
Quant aux phonèmes /g /, /kf/, /x/, nous estimons
qu'ils résultent d'une erreur de transcription des données, car
ils n'apparaissent nulle part dans notre corpus. Nous pouvons également
penser qu'il s'agirait des consonnes /, /pf/ pour les deux premiers. Et pour
/x/, nous sommes tentés de dire qu'il serait une réalisation
contextuelle de / / (telle que nous l'avions identifié) puisqu'on le
retrouve dans un seul mot (xù « tambour ») de
l'étude de Tientcheu Tchameni (2008 :39).
Nous allons présenter les phonèmes que notre
prédécesseure n'a pas identifiés comme étant des
phonèmes distincts de la langue kw ?.
1.1.4.1.2. Les phonèmes /?/, /pf/, /bv/,
/?/
Les phonèmes / /, /pf/, /bv/ et /? n'ont pas
été identifiés par notre prédécesseure.
Étant donné que nous effectuons un travail de vérification
sur la base d'un travail antérieur, nous n'avons pas jugé
nécessaire de présenter toutes les oppositions mais uniquement
celles des consonnes que notre prédécesseure n'a pas
identifié et dont nous avons établi l'identité
phonologique telles que présentées ci-dessous.
26
1.1.4.1.3. Le phonème /?/
Cette consonne est phonétiquement perçue comme
une fricative, vélaire, sonore. Son identité phonologique est
établie à partir des rapprochements des mots de l'exemple (5)
ci-après :
(5)
?/kx d « avoir, posséder
» d kx « bruler »
?/k d à? « agrandir » d
kà? « éclater de rire »
1.1.4.1.4. Le phonème /pf/
Ce phonème est une consonne complexe. Sur le plan
phonétique, il est réalisé comme une affriquée,
labiodentale, sourde. Son identité phonologique relève des
rapprochements des mots de l'exemple (6) suivant :
(6)
pf/bv pf « cadavre » bv « deuil
»
pf/f m pf « cadavres »
m f « défunt, le disparu, feu »
1.1.4.1.5. Le phonème /bv/
Comme la précédente, ce phonème est une
consonne complexe. Sur le plan phonétique, il est réalisé
comme une affriquée, labiodentale, sonore. Son identité
phonologique relève de l'exemple
(7) des rapprochements suivants :
(7)
bv/pf déjà envisagé en
pf/bv bv/v m bv « les deuils » m v « le chien
»
27
1.1.4.1.6. Le phonème /?/
Il est phonétiquement réalisé comme une
consonne occlusive glottale sourde, ce phonème tient sa
particularité phonologique à travers les contrastes de l'exemple
(8) suivant :
(8)
?/h d wà2 « jeter »
d wàh « être têtu »
?/k d wà2 « jeter d wàk
« voyager »
Avant de passer aux voyelles, nous pouvons constater que
l'étude de notre Tientcheu Tchameni nous révèle cinq (05)
consonnes qui ne devraient pas être des phonèmes de la langue kw
2. Et à travers, nos propres analyses, nous avons eu quatre (04)
consonnes supplémentaires à savoir / , pf, bv et 2/ que celle-ci
n'a pas identifié comme phonèmes distincts.
1.1.4.2. Au niveau des phonèmes vocaliques
Comme précédemment avec les consonnes, nous
allons de prime abord présenter les voyelles qui ne devraient pas
être considérées comme des phonèmes et ensuite nous
allons présenter les voyelles distinctives que Tientcheu Tchameni (2008)
n'a pas identifiées comme tel.
1.1.4.2.1. Les phonèmes /i/, /o/, /??/, /?/et
/??/
En observant le tableau (3) qui est celui des voyelles
proposées par Tientcheu Tchameni (2008), nous aboutissons aux remarques
suivantes :
Les voyelles /?, o, ?? / ont été
proposées dans ce tableau comme étant distinctives or lors de
notre analyse, elles n'ont pas été identifiées comme tel.
Mais, en revenant sur la présentation de ces voyelles faite par
Tientcheu Tchameni (2008 :51-52) dans les paires minimales, nous nous
apercevons que ce qu'elle considère comme phonèmes de la langue
ne sont en principe que la résultante d'une transcription
inadéquate pour les voyelles [o] au lieu de [?], [??] au lieu de [?].
Pour la voyelle [?], elle n'apparait dans aucun mot de notre corpus. En plus,
son travail présente un seul mot dans son analyse o la voyelle apparait,
c'est-à-dire le mot [? ri] renvoyant à nourriture que
nous avons transcrit par [? ri]. Nous avons relevé les items suivants
:
(9)
[th? ? ] au lieu de [t? ] « père »
(le seul item avec cette voyelle)
[? ri] au lieu de [?wóri] « vol »
28
[d ? ? ] au lieu de [d ?o? ] « juger »
[d ? ?] au lieu de [d ?o?] « déterrer »
Nous constatons également que les phonèmes
vocaliques / /, et / / que nous avons identifiés n'apparaissent pas dans
le tableau (3) de Tientcheu Tchameni (2008).
Ces voyelles non-identifiées comme des unités
distinctives tirent leur statut phonologique des oppositions ci-dessous :
1.1.4.2.2. Le phonème /?/
Il est phonétiquement réalisé comme une
voyelle centrale. Ce phonème a une correspondante longue. Son
identité phonologique relève du contraste présenté
dans l'exemple ci-dessous :
(10)
?/a l ? « chaise »
l ? « ananas »
?/?? d l « empêcher, prévenir
» d l « cacher »
1.1.4.2.3. Le phonème /??/
(11)
??/? déjà attesté en /
??/aa d t « défricher,
déboiser »
d t « piéger, appâter »
Nous avons relevé et présenté les
phonèmes que nous n'avons pas attestés comme phonèmes
distincts à travers nos analyses. Nous avons par ailleurs
présenté les phonèmes supplémentaires que nous
avons identifié à travers notre analyse.
1.1.4.3. Au niveau des tonèmes
Pour ce qui est des tonèmes, nous nous accordons avec
le nombre et les différents tonèmes identifiés comme
distincts dans la langue kw ? tels que présentés dans le tableau
(4) ci-dessus. Il
29
s'agit évidemment de cinq (05) tonèmes donc deux
(02) complexes et trois (03) simples tels que présentés dans
l'exemple (12) ci-dessous :
(12)
? 03 tons simples :
Le ton haut b? « deux »
Le ton bas k? l? ? « banane plantain »
Le ton moyen m f « feuille »
? 02 tons complexes :
Le ton montant ? gw j « lion »
Le ton descendant mbê « côte (organe) »
Nous pouvons également constater à travers
l'exemple (12) ci-dessus qu'en plus des voyelles, nous pouvons également
avoir des nasales comme centres de syllabe : d'o l'appelation de nasales
syllabiques. Elles ne supportent que des tons simples.
Après avoir relevé et présenté les
phonèmes qui, d'après nos analyses ne sont pas distinctifs dans
la langue kw ?, nous avons également trouvé des phonèmes
supplémentaires aux phonèmes proposés.
Nous pouvons présenter ainsi les phonèmes qui
découlent de cette phonologie que nous avons pris le soin de
revérifier. Nous présentons ci-dessous les tableaux de nos
résultats concernant les phonèmes consonantiques et les
phonèmes vocaliques.
Tableau 5: Phonèmes consonantiques
|
|
t
|
|
|
k
|
?
|
|
b
|
|
d
|
|
|
g
|
|
|
m
|
|
n
|
|
?
|
?
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
mb
|
|
nd
|
nd3
|
|
?g
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
pf
|
|
?
|
|
kx
|
|
|
|
bv
|
|
d3
|
|
|
|
|
|
f
|
s
|
|
|
|
h
|
|
|
|
|
|
|
30
|
v
|
|
|
Y
|
|
|
|
l
|
|
|
|
|
|
|
j
|
|
w
|
|
Au terme de notre analyse consonantique, nous avons
identifié vingt-sept (27) phonèmes consonantiques dont quatre
(04) (marqués en gras) qui n'ont pas été identifiés
comme distinctifs par Tientcheu Tchameni (2008) (cf. tableau 2). Nous
présentons ci-dessous le tableau contenant les phonèmes
vocaliques que nous avons obtenus après nos analyses.
Tableau 6: Phonèmes vocaliques
i
|
|
|
|
|
|
|
|
u
|
uu
|
e
|
ee
|
ø
|
øø
|
?
|
??
|
|
|
E
|
|
|
|
0
|
00
|
|
|
|
|
a
|
aa
|
|
|
Pour ce qui est des voyelles, nous en avons pu identifier
seize (16) comme phonèmes de la langue kw ?. Nous notons
également que les voyelles centrales brèves et allongées
/?/, /??/ du tableau (06) n'ont pas été
identifiées par notre prédécesseure.
1.1.5. Conclusion
Cette section de notre chapitre 1 était
dédiée à une vérification de la phonologie au
niveau paradigmatique. Il a été question pour nous de
présenter les résultats obtenus par notre Tientcheu Tchameni
(2008) et de les confrontés aux n tres. Nous n'avons pas jugé
nécessaire de revenir sur les étapes préliminaires de
l'analyse phonologique (à savoir l'inventaire phonétique, le
dressage des tableaux phoniques principalement) parce qu'il ne s'agissait que
d'un travail de rappel. Nous avons mené cette vérification
à travers des paires minimales du corpus que nous avons
constituées. Nous avons ainsi mis à jour cinq (05)
tonèmes, seize (16) phonèmes vocaliques et vingt-sept (27)
phonèmes consonantiques. Le kw ? possède au total quarante-trois
(43) phonèmes et cinq (05) tonèmes.
31
1.2. L'ANALYSE SYNTAGMATIQUE
1.2.1. Introduction
Dans cette section réservée à la
syntagmatique, nous nous proposons de présenter les différentes
combinaisons possibles que les phonèmes identifiés lors de
l'analyse paradigmatique admettent entre eux. Dans la section
précédente, nous sommes partis des oppositions des paires
minimales de la langue kw ? pour vérifier les résultats de
l'étude antérieure. Dans cette section, nous n'allons plus
procéder à une vérification puisque nos résultats
obtenus à la paradigmatique divergent de ceux de notre
prédécesseure. Nous partirons sur les résultats obtenus de
l'étude faite par Tientcheu Tchameni afin de présenter la
manière dont ces phonèmes s'agencent pour former des syllabes.
Nous allons également examiner comment la combinaison des syllabes
concourt à la formation du mot dans la langue kw ?. Notre étude
sera donc basée sur la syllabation des éléments de notre
corpus et la distribution des phonèmes dans les types de syllabes kw
?.
1.2.2. La syllabe
La combinaison que font les phonèmes entre-eux dans la
chaine parlée nous pousse à nous intéresser à la
syllabe. La syllabe peut être considérée comme
l'unité de son plus grand que le phonème. Si
nous nous appuyons sur Wiesemann et al. (1983 :57), la syllabe est « comme
une unité de séquence de sons comprenant au moins un centre de
syllabe qui en est le sommet ou le noyau. » Étant donné que
nous étudions une langue bantu qui est différente, de par ses
caractéristiques, des autres langues indo-européennes, il ajoute
en affirmant : « mais les nasales [m, n, ?] et les liquides [l, r]
fonctionnent parfois comme des noyaux ou centres de syllabe. » Donc nous
pouvons avoir des consonnes syllabiques dans les langues bantu
particulièrement.
D'une manière générale, la syllabe est
constituée d'une attaque (généralement une consonne
apparaissant avant le noyau) et d'une rime (constituée du noyau et de la
coda). Le noyau représente le centre de syllabe qui est obligatoire.
L'attaque et la coda par contre sont deux extrémités
facultatives. Pour Wega Simeu (2016 :51), la syllabe est « une
unité fondamentale dans l'analyse phonologique ; elle est le domaine
d'application des processus phonologiques. » Nous pouvons avoir comme
représentation de la syllabe, la structure canonique ci-dessous :
32
ó (syllabe)
attaque rime
noyau coda
D'après les données observées de la
langue kw ?, la syllabe peut aussi être définie comme une
unité de séquence de sons ayant une voyelle ou une nasale portant
un ton. Donc la syllabe kw ? peut être constituée d'une attaque et
d'une rime ou tout simplement d'une rime. Il est important de préciser
que dans cette langue, le noyau de la syllabe porte toujours un ton. Nous
allons illustrer ci-dessous la syllabe kw ?.
(13)
ó (syllabe)
attaque rime
|
|
|
noyau
|
coda
|
|
t
|
k ?g mb
|
é
|
|
t
|
p
/
/
|
két « lieu »
?g p/ « poule » /mb / « cauris »
t « app t »
|
/
|
?
|
/
|
/? / « tu »
|
/
|
?
|
/
|
/? / « il/elle »
|
33
Les syllabes représentées ci-dessus sont
quelques illustrations des structures CVC, CV, et V qui constituent dans cette
langue des unités significatives. Nous n'avons pas fait mention des
nasales syllabiques parce qu'elles ne constituent pas des unités
significatives isolées dans cette langue. La syllabe kw ? peut se
joindre à une autre pour former un mot. De même, elle peut
être ouverte ou libre si elle n'a pas de marge post-nucléaire ou
coda, elle peut aussi être fermée ou entravée lorsqu'elle
possède une marge post-nucléaire. Nous allons illustrer ces
associations dans l'exemple suivant :
(14)
ó ó
attaque rime attaque rime
b è b è bèbè « chenille
»
t ? nd ? /t? nd? / « clou »
/ t ? t? / « intestin »
Les syllabes présentées dans l'exemple ci-dessus
sont quelques syllabes ouvertes combinées entre elles pour former un mot
phonologique dans la langue kw ?. Elles ont pour structure CV et V. Nous avons
également des syllabes fermées en langue kw ?,
c'est-à-dire de structure CVC. Ici, on note la présence de la
coda comme l'illustre l'exemple suivant :
34
(15)
ó
attaque rime
noyau coda
1f
?g p /?g p/ « poule »
2 /1f 2/ « bavardage »
k ? ? /k? ? « flèche »
Dans cette langue, nous avons remarqué une forte
présence du coup de glotte /2/ en position post-nucléaire. Nous
avons également noté beaucoup de prénasales en position
pré-nucléaire.
La syllabe ainsi présentée en langue kw 2, nous
allons à présent nous intéresser à sa
structure.
1.2.3. Les structures syllabiques
Nous nous proposons dans cette sous-section de
présenter les différentes structures syllabiques de la langue kw
2. Lorsqu'on parle de structure syllabique, on fait référence au
modèle consonne-voyelle o « C » représente la consonne
et « V » la voyelle. Il est important de préciser que nous
allons inclure les préfixes nominaux afin de présenter les mots
tels qu'ils sont. Dans cette langue, nous avons principalement quatre types de
syllabes à savoir la syllabe V, la syllabe , la syllabe CV et la syllabe
CVC. Ces types de syllabes nous aideront à dégager et
présenter les différentes structures syllabiques de notre
corpus.
1.2.3.1. Les structures des mots monosyllabiques
Les monosyllabes sont des types de syllabes n'admettant qu'un
seul centre de syllabe ou noyau. Dans notre corpus, nous avons recensé
les structures V, CV et CVC.
35
1.2.3.1.1. La structure V
Cette structure est très peu représentée
en kw ?. Nous n'avons pu recenser que deux (02) mots pour cette structure tel
qu'illustré dans l'exemple ci-dessous.
(16)
/ó/ « tu »
/? / « il/elle »
Nous remarquons qu'il s'agit des pronoms personnels sujets de
la langue kw ? et ces pronoms portent un ton haut. Il n'est pas possible
d'obtenir des verbes et des nominaux avec cette structure.
1.2.3.1.2. La structure CV
Cette structure est fortement représentée dans
la langue. Ne contenant pas de marge post-nucléaire, elle est
considérée comme une syllabe ouverte. Nous donnons dans l'exemple
ci-dessous quelques syllabes de cette structure.
(17)
n « le champ »
/? « la machette »
/só : / « la scie »
Nous constatons à travers l'exemple ci-dessus que les
monosyllabes à structure CV dans cette langue sont variées sur le
plan des phonèmes et des tonèmes.
1.2.3.1.3. La structure CVC
Il s'agit ici de la structure des syllabes fermées ou
encore entravées d'après Wiesemann et al. (1983). Dans la langue
kw ?, on dénombre plusieurs syllabes de cette structure comme le
démontre l'exemple ci-dessous :
(18)
/l ? « la chaise »
?g ? « la cloche »
fà?/ « le travail »
/k? p/ « la clôture »
36
Sur la base de notre corpus, il ressort que cette structure
est la plus représentée dans la langue kw ?. Elle est d'autant
diversifiée de par ses marges et son centre de syllabe.
Nous allons à présent quitter les structures
monosyllabiques pour examiner celles comportant deux (02) syllabes.
1.2.3.2. Les structures dissyllabiques
La langue kw ? présente plus de mots à
structures dissyllabiques que toutes les autres structures syllabiques. Nous
avons recensé au total sept (07) types de schémas dissyllabiques
à savoir :
CV.CV, CV.CVC,
CVC.CV, CVC.CVC, CVC.V, .CV, .CVC. Nous
allons présenter tour à tour ces différents schémas
syllabiques.
1.2.3.2.1. La structure
CV.CV
Il s'agit là de la structure la plus recurrente des
dissyllabes que nous avons inventoriées. Elle n'est constituée
que des syllabes ouvertes telles que présentées ci-dessous :
(20)
nd ?g « le seau »
s ?gà « la ficelle »
k nd? / « le lit »
d ? « la vérité »
À travers cet exemple, nous constatons une variation
des marges et noyaux des syllabes de cette structure dans la langue kw ?.
1.2.3.2.2. La structure CV.CVC
Cette structure est également
représentée parmi les dissyllabiques recensées. Elle est
constituée d'une syllabe ouverte et d'une syllabe entravée. Nous
l'illustrons à travers l'exemple suivant :
(21)
m mb ?/ « l'ennemi »
/w? két « la maladie »
v k? p/ « la mort »
/m? l ?/ « le pouce »
37
Notons que les éléments constituant la marge
post-nucléaire dans cette structure sont généralement des
phonèmes sourds tels que présentés dans l'exemple
ci-dessus.
1.2.3.2.3. La structure
CVC.CV
Cette structure est représentée par une syllabe
fermée et une syllabe ouverte telle que représentée dans
l'exemple ci-dessous :
(22)
/ ?mbè « la côte »
k ?t « le crâne »
/m? kf « la veuve »
fà?nà « le cultivateur »
Dans cet exemple, la post-marge de la première syllabe
est généralement soit une consonne nasale soit le coup de glotte.
Notons également qu'il s'agit des mots composés pour la plupart
dans cette structure.
1.2.3.2.4. La structure CVC.CVC
Nous avons recensé quelques mots dans cette langue
comportant cette structure syllabique. L'exemple suivant nous permet de
matérialiser quelques-uns de ces mots.
(23)
tà?y ? « le chasseur »
nd ?l ?/ « le vin de raphia »
mbà?mbà?/ « le matin »
Tout comme la structure précédente, cette
structure est constituée des mots composés. Et, elle est
très peu représentée dans cette langue.
1.2.3.2.5. La structure CVC.V
Cette structure qui comporte juste le noyau dans la
deuxième syllabe est également attestée dans la langue
bien qu'elle soit très peu représentée. Nous donnons
quelques mots de cette structure dans l'exemple suivant :
Tel que annoncé plus haut, nous avons sept (07)
combinaisons de types de syllabes possibles pour la structure dissyllabiques en
kw 2 tel que présenté dans le tableau ci-haut.
38
(24)
/t 2 « le genou »
tà2à « l'escargot »
/m? 2? / « autre »
bà2à « maison »
Nous notons à travers cet exemple que dans ce type de
structure en kw 2, il n'y a que la consonne /?/ qui se place en
position de post-marge de la première syllabe.
L structure VC et V
Nous avons relevé dans notre corpus quelques mots de
cette langue ayant ces structures. L'exemple ci-dessous nous permet d'illustrer
ce cas.
(25)
? 2/ « le vagin »
? k ? « le squelette »
/m v / « le deuil »
s « l'eau »
Ces structures avec des nasales syllabiques comme
première syllabique ne sont pas assez fréquentes dans la langue
kw 2.
Nous nous proposons de résumer ces différentes
combinaisons des dissyllabiques dans le tableau suivant :
Tableau 7: combinaisons dissyllabiques
2ème syllabe 1ère syllabe
|
V
|
CV
|
CVC
|
|
V
|
-
|
-
|
-
|
-
|
CV
|
-
|
+
|
+
|
-
|
CVC
|
+
|
+
|
+
|
-
|
|
-
|
+
|
+
|
-
|
39
Dans cette langue, nous avons également des structures
contenant trois (03) types de syllabes. Il s'agit des structures
trisyllabiques.
1.2.3.3. Les structures trisyllabiques
Les structures trisyllabiques sont des structures comportant
trois (03) syllabes dans un même mot phonologique. Dans la langue kw ?,
nous avons dénombré quatre (04) types de trisyllabes. Il s'agit
des structures
CV.CV.CV, CV.CVC.V,
CVC.CV.CVC,
CVC.CV.CV. Nous allons présenter
tour à tour ces différents types de trisyllabiques
recensés.
1.2.3.3.1. La structure
CV.CV.CV
Elle constitue une partie importante des trisyllabes de la
langue kw ?. Nous l'illustrons à travers quelques cas dans l'exemple
ci-après.
(26)
/d k h / « l'aisselle »
/?? l? k « la souris »
/t n tàà « le bananier »
d wèlé « semer »
Dans cette langue, la grande partie de ce type de trisyllabe
se retrouve dans les verbes à la forme infinitive.
1.2.3.3.2. La structure CV.CVC.V
Cette structure comprend uniquement des verbes à la
forme infinitive dans la langue kw ? comme l'atteste l'exemple ci-dessous.
(27)
d f ? « chercher »
/ditó? « commencer »
d ?w? ?ó/ « arracher »
d k ? « grandir »
Nous constatons que la deuxième syllabe de cette
structure n'a que le coup de glotte comme post-marge et la dernière
syllabe de la structure est une voyelle portant toujours un ton haut.
40
1.2.3.3.3. La structure
CVC.CV.CV
Dans cette structure, la première syllabe est
fermée et les deux dernières sont ouvertes. Cette structure est
représentée dans cette langue à travers l'exemple
ci-après :
(28)
?gwö?m k « le mille-pattes »
mb nmb n « le cafard »
k ?n? nd? / « le seuil de la porte »
Nous remarquons que ce type n'est pas très
fréquent dans cette langue. Il s'agit le plus souvent des mots
composés.
1.2.3.3.4. La structure
CV.CV.CVC
Contrairement à la structure précédente,
cette structure débute avec deux syllabes ouvertes et se ferme avec une
syllabe entravée. Nous allons représenter quelques mots ayant
cette structure dans l'exemple ci-dessous :
(29)
k m kèt/ « le riz »
k bà?gàn « le crocodile »
Très peu de mots avec cette structure dans la langue.
Notons également que les mots de cet exemple sont des mots
composés.
Nous avons également découvert quelques mots
tétrasyllabiques.
1.2.3.4. Les structures tétrasyllabiques
Nous avons recensé quelques structures à quatre
syllabes. Il s'agit notamment des deux structures
CV.CV.CV.CV,
CVC.CV.CV.CV.
Nous avons pu inventorier trois mots avec cette
structure tels que présentés dans l'exemple suivant :
1.2.3.4.1. La structure
CV.CV.CV.CV
41
(30)
d b m ?è « la guêpe-maçon »
d jènè « voyager »
m ?ààk n / « le messager »
À travers cet exemple, nous notons que cette structure
n'est pas très représentée dans la langue kw ?.
Cette structure a été également
découverte dans cette langue juste avec un seul mot tel que
présenté dans l'exemple (31) ci-dessous :
(31)
b ?d b b « margouillat »
Nous remarquons à travers cet exemple que cette
structure est très peu représentée dans la langue kw ?
comme celle précédente, car nous n'avons pas assez de mots avec
cette structure.
Après avoir analysé et examiné la syllabe
et les différents types de syllabes en kw ?, la langue comporte quatre
(04) structures monosyllabiques, sept (07) structures dissyllabiques, quatre
(04) structures trisyllabiques et deux (02) structures quadrisyllabiques. La
plupart des trisyllabiques et des tétrasyllabiques résultent de
la composition. Nous allons à présent nous intéresser
à la distribution des différentes unités distinctives qui
forment la syllabe.
1.2.4. L distribution des phon mes et ton mes d ns les
structures syll biques
Dans cette sous-section, nous analyserons la fréquence
et la répartition des phonèmes au sein des structures syllabiques
que nous avons ressorties plus haut. Nous analyserons tour à tour les
monosyllabiques, les dissyllabiques, les trisyllabiques et les
tétrasyllabiques.
1.2.4.1. La distribution des tonèmes
Nous nous proposons ici d'identifier et d'analyser la
distribution des tonèmes. Il s'agit de savoir les tonèmes qui
apparaissent dans les types de syllabe retrouvés dans la langue kw ?.
Nous nous limiterons dans la distribution des tonèmes au niveau des
monosyllabes.
42
1.2.4.1.1. La structure V
Dans cette structure, nous n'avons que le tonème haut qui
est représenté. Nous le
présentons dans l'exemple ci-après :
(32)
/? / « tu »
/? / « il/elle »
Dans cette langue, nous avons uniquement deux (02) mots avec
cette structure. Ils sont invariables.
1.2.4.1.2. La structure CV
Dans cette structure, nous avons retrouvé le
tonème haut , le tonème bas , le tonème
moyen , le tonème bas-haut / et le tonème
haut-bas tels que présentés ci-dessous :
(33)
|
/vû/
|
« le deuil »
|
/t /
|
« la tête »
|
k
|
« le pangolin »
|
/b /
|
« le cauris »
|
/? /
|
« le poison »
|
k
|
« la corde »
|
kwè
|
« la chanson »
|
/bù/
|
« vous »
|
/k? / mbê
|
« le dos » « le c té »
|
|
|
Tous les cinq (05) tonèmes de la langue sont
représentés dans cette structure telle que le démontre
l'exemple (33) ci-dessus.
1.2.4.1.3. La structure CVC
Dans cette structure, tous les tonèmes sont
représentés sauf le tonème moyen /. Nous donnons quelques
mots avec cette structure dans l'exemple suivant :
43
(34) b n
|
« l'assiette »
|
/k? ?
|
« la flèche »
|
?w ?/
|
« le miel »
|
/? ?
|
« la chevelure »
|
/k? p/
|
« la boite »
|
s ?
|
« étales ! »
|
/fà?/
|
« le travail »
|
/mb ?
|
« la pluie »
|
Nous constatons par cet exemple, que pour les tonèmes
complexes, nous avons généralement une post-marge qui est une
nasale.
1.2.4.2. La distribution des phonèmes
vocaliques
Nous n'allons également nous intéresser
qu'à la structure monosyllabique pour présenter la distribution
des phonèmes vocaliques. Ceux-ci ont été recensés
dans la section précédente se rapportant à l'étude
paradigmatique. Tous les phonèmes vocaliques peuvent appartenir aux
combinaisons des structures monosyllabiques CV et CVC (sauf les voyelles
longues qui n'apparaissent pas dans les structures CVC). Nous présentons
dans l'exemple suivant quelques mots avec quelques uns de ces phonèmes
vocaliques.
(35)
t
|
« pousse ! »
|
/mb ?
|
« la pluie »
|
mbé
|
« le couteau »
|
/? m/
|
« le soleil »
|
lé?/
|
« le jour »
|
mb p
|
« la poussière »
|
/b? /
|
« deux »
|
j
|
« la chose »
|
/jép/
|
« votre »
|
t ?
|
« l'oreille »
|
s ?
t
|
« le mil »
« défriches ! »
|
/m? / ?gw? ?
|
« l'enfant » « le monde »
|
t
|
« cinq »
|
/s? ? /
|
« la scie »
|
Étant donné que les dissyllabes, les trisyllabes
et les tétrasyllabes résultent de la combinaison des structures
monosyllabiques, nous ne nous sommes intéressés qu'à
étudier la distribution des phonèmes vocaliques dans les
structures des monosyllabiques. Donc, nous n'étudierons pas la
distribution des phonèmes vocaliques dans les dissyllabiques,
trisyllabiques et tétrasyllabiques.
44
1.2.4.3. La distribution de la nasale homorganique
syllabique
Nous avons également relevé les nasales syllabiques
dans cette langue. Ces nasales
syllabiques généralement
représentées par la nasale homorganique épousent les
traits caractéristiques du phonème qu'elles
précèdent. Elles sont homorganiques. Cette nasale syllabique
porte toujours un ton bas . Nous proposons quelques mots o
l'on retrouve cette nasale syllabique dans l'exemple suivant :
(36)
tó/ « l'intestin »
m v « les chèvres »
? kw? 2/ « le pont »
? 2/ « un »
Nous constatons que dans cette langue la nasale
précède généralement une consonne sourde, à
l'exception de la consonne labiodentale v o la nasale ici est le marqueur
d'accord du pluriel.
1.2.4.4. La distribution des phonèmes
consonantiques
Nous allons présenter les phonèmes
consonantiques qui se réalisent en position d'attaque ou
pré-marge et ceux qui se réalisent en position de coda ou
post-marge seulement. Nous verrons également les consonnes qui se
réalisent dans les deux contextes, c'est-à-dire en position
pré-marge ainsi qu'en position post-marge. Nous nous proposons de ne
nous limiter qu'aux monosyllabiques, car les autres structures sont juste les
combinaisons de celles-ci. Nous allons présenter quelques mots à
structures monosyllabiques (notamment la structure CV et la structure CVC) dans
l'exemple suivant :
(37)
|
|
|
|
d /
|
« l'oeil »
|
/f ?
|
« la plaie »
|
/l? /
|
« la langue »
|
/b n
|
« l'assiette »
|
/t /
|
« l'arbre »
|
?w 2/
|
« le miel »
|
/ /
|
« le cou »
|
nd 2/
|
« la boisson »
|
/mb /
|
« la mamelle »
|
?gw j
|
« le lion »
|
/kw? /
|
« quatre »
|
/ m/
|
« dix »
|
?g
|
« le fusil »
|
/jép/
|
« leur »
|
/?èè
|
« le foie »
|
/nép/
|
« eux »
|
45
Nous nous proposons de présenter cette distribution des
phonèmes consonantiques dans des tableaux suivants. L'un pour la
structure monosyllabique CV et l'autre pour la structure monosyllabique CVC
respectivement.
Tableau 8: Distribution des phonèmes en
CV
V
C
|
a
|
aa
|
i
|
e
|
ee
|
E
|
0
|
00
|
|
|
|
|
uu
|
u
|
?
|
??
|
b
|
+
|
+
|
+
|
+
|
|
+
|
|
|
+
|
+
|
|
|
+
|
+
|
+
|
|
t
|
+
|
+
|
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
|
+
|
+
|
+
|
|
+
|
+
|
+
|
d
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
k
|
+
|
|
+
|
+
|
|
+
|
+
|
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
g
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
|
+
|
+
|
|
?g
|
+
|
+
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
+
|
|
|
|
+
|
+
|
+
|
nd
|
+
|
|
+
|
+
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
|
+
|
mb
|
+
|
|
+
|
+
|
|
+
|
+
|
|
+
|
+
|
|
|
+
|
+
|
|
|
m
|
+
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
+
|
|
|
|
+
|
+
|
|
n
|
+
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
+
|
+
|
|
|
|
|
+
|
+
|
?
|
+
|
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
+
|
|
|
|
+
|
+
|
|
?
|
+
|
+
|
+
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
f
|
+
|
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
v
|
|
|
+
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
+
|
|
|
s
|
+
|
|
+
|
+
|
|
+
|
+
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
pf
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
bv
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
+
|
|
|
h
|
+
|
|
+
|
+
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
j
|
+
|
|
+
|
+
|
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
|
|
+
|
+
|
+
|
|
46
w
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
l
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
|
|
+
|
+
|
|
+
|
+
|
+
|
f
|
+
|
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
|
|
|
+
|
+
|
|
?
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
n?
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
+
|
2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
kx
|
+
|
|
|
+
|
|
+
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
|
+
|
|
|
+
|
|
travers ce tableau, nous constatons qu'il y a des
phonèmes consonnantiques qui se réalisent en CV avec très
peu de phonèmes vocaliques. Nous avons le /d/ qui ne se réalise
dans cette structure qu'avec i . Nous avons également d'autres
phonèmes consonantiques qui ne se réalisent qu'avec deux ou trois
phonèmes vocaliques. Notons également que nous avons
relevé un phonème consonantique qui n'obéit pas à
cette structure. Il s'agit du coup de glotte 2/.
Nous allons maintenant nous intéresser à l'autre
structure monosyllabique. Il s'agit de la monosyllabe fermée ou
entravée CVC. Nous faisons cette distribution entre les phonèmes
consonantiques en position pré-marge et des consonnes apparaissant en
position post-marge tels que présentés dans le tableau suivant
:
Tableau 9: Distribution des phonèmes
consonantiques en CVC
C2
C1
|
b
|
t
|
m
|
n
|
?
|
j
|
l
|
2
|
b
|
|
|
|
+
|
+
|
|
|
+
|
t
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
+
|
d
|
|
|
|
|
|
|
|
|
k
|
|
+
|
+
|
|
+
|
|
|
+
|
g
|
+
|
|
|
|
+
|
|
|
|
47
À travers ce tableau, nous constatons que presque tous
les phonèmes consonantiques apparaissent en position pré-marge
(C1) sauf le phonème consonantique /2/. Nous remarquons
13g
|
+
|
|
|
|
+
|
+
|
+
|
+
|
nd
|
+
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
mb
|
+
|
|
+
|
|
+
|
|
|
+
|
m
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
n
|
+
|
+
|
|
|
+
|
|
|
|
13
|
|
|
+
|
|
|
|
|
+
|
?
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
+
|
f
|
|
+
|
|
|
+
|
|
|
+
|
v
|
|
+
|
+
|
|
+
|
|
|
+
|
s
|
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
pf
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
bv
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
h
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
j
|
+
|
|
|
|
|
|
|
+
|
w
|
|
|
|
|
|
+
|
+
|
+
|
l
|
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
1f
|
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
d3
|
|
|
|
|
+
|
|
|
+
|
nd3
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
kx
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
Y
|
|
|
+
|
|
+
|
|
|
+
|
48
également que les phonèmes ? et /2/ sont les
plus représentés en position post-marge (C2) dans la combinaison
de la structure CVC dans la langue kw 2.
Il était question dans cette section de définir
la syllabe kw 2 et ressortir et présenter les différents types de
syllabes avec leurs distributions. Nous avons analysé les combinaisons
des tonèmes et des phonèmes dans ces structures
identifiées. Nous avons identifié et présenté les
structures monosyllabiques, dissyllabiques, trisyllabiques et
tétrasyllabiques. Nous avons observé la distribution des
phonèmes en syllabes dans des structures monosyllabiques. Nous relevons
que la consonne glottale /2/ n'apparait jamais en position pré-marge
dans cette langue. Cette consonne et la consonne ? sont les plus
représentées en position de post-marge (C2) dans la structure
monosyllabique CVC.
1.2.5. Conclusion
Dans ce chapitre qui était réservé
à un rappel ou à une vérification phonologique, il en
ressort que les travaux antérieurs présentent quelques
insuffisances que nous avons essayé de combler. Il s'agit des
insuffisances observées au niveau de l'analyse, de la
présentation des consonnes et certaines voyelles ainsi qu'au niveau de
l'alphabet proposé. Nous avons mis en évidence vingt-sept (27)
consonnes, seize (16) voyelles et cinq (05) tons qui constituent tous les
phonèmes de la langue. Concernant l'analyse syntagmatique, nous avons
défini la syllabe kw 2. Nous avons identifié quatre (04) types de
structures syllabiques. Il s'agit des monosyllabes, des dissyllabes, des
trisyllabes et des tétrasyllabes qui ont été
éclatées en plusieurs structures respectivement. Notons
également la présence de la nasale syllabique qui est beaucoup
plus présente lorsqu'elle précède certaines consonnes
sourdes. Nous avons fait une distribution des tonèmes et phonèmes
sur la base des structures monosyllabiques de la langue kw 2. Le langage
étant doublement articulé, nous avons les éléments
de première articulation qui sont des monèmes et ceux de seconde
articulation qui sont des phonèmes (Martinet (1980)). Ainsi, pour
obtenir les éléments de première articulation, il faudrait
combiner ceux de la seconde articulation qui ont déjà
été relevé dans l'analyse de la phonologie. Nous allons
à présent nous intéresser à la morphologie nominale
et verbale qui constitue l'ossature de notre second chapitre de cette
première partie.
49
Parlant du nominal indépendant, il se
définit, selon B t Ba Njock (1970 :76), cité par Ndedje (2013
:108) comme :
CHAPITRE 2 : ESQUISSE DE LA MORPHOLOGIE NOMINALE ET
VERBALE
2.1. INTRODUCTION
Ce chapitre présente une esquisse morphologique de la
langue kw ? sans prétendre à une analyse exhaustive des faits
morphologiques. Nous nous intéresserons aux aspects susceptibles de
faire une délimitation du mot dans la langue. Ce chapitre porte
essentiellement sur une présentation du nominal dépendant, du
nominal indépendant et des classes nominales pour ce qui est de la
morphologie nominale. En ce qui concerne la morphologie verbale, elle est
axée sur la structure du verbe (infinitif et base verbale), les
modalités spatio-temporelles et la négation. Ces morphologies
permettront de poser les jalons d'une proposition d'orthographe de la langue
d'étude.
2.2. MORPHOLOGIE NOMINALE
Il est question pour nous de faire ressortir la structure du
nominal indépendant, quelques procédés de formation de
nouveaux substantifs dans la langue, ainsi que les préfixes d'accord ou
de classe nominale que présente la langue. Nous allons également
analyser quelques éléments qui entretiennent certaines relations
avec le substantif à savoir les adjectifs, les pronoms, les
numéraux et les interrogatifs. Ces déterminants reçoivent
généralement le nom de nominal dépendant. Ceci nous
permettra de voir la forme et la structure des substantifs de la langue kw ?.
Mais, nous allons commencer par le nominal indépendant de la langue kw ?
afin de ressortir sa structure.
2.2.1. Le nominal indépendant
En rappel à la phonologie, nous avons effectué
un travail de vérification en confrontant nos analyses à celles
de Tientcheu Tchameni (2008) car, il semble aurait omis certains
phonèmes distincts de la langue. Nous nous sommes limités
à la proposition de ces consonnes, voyelles et tons à l'esquisse
de l'analyse phonologique réalisée par notre prédecesseure
sur le kwa'. À présent, nous présentons le nominal
indépendant en examinant la structure du substantif afin de mettre en
évidence les radicaux nominaux ou thèmes par rapport aux affixes
qu'il peut présenter en isolation, puis en mettant en correlation le
lien de ces affixes dans la classification nominale du kw ?, par un tableau des
classes nominales.
50
Un constituant qui, dans un énoncé à
prédicat non verbal, est apte à assumer des fonctions
non-prédicatives. Cette définition fonctionnelle du nominal
permet d'établir deux grands groupes de nominaux qui contrastent sur le
plan syntagmatique et qui s'opposent au niveau paradigmatique. C'est ainsi
qu'on parlera de nominaux indépendants et de nominaux dépendants
à cause de l'indépendance des uns et l'obligation pour les autres
à s'associer aux premiers.
Le nominal indépendant, encore appelé substantif
ou tout simplement nom, est dans la langue kw ? une unité lexicale dont
le préfixe permet d'établir ou de dissocier le singulier du
pluriel. Le nominal est qualifié d'indépendant parce qu'il joue
un r le très important qui est celui de régir les accords de
l'énoncé à travers son préfixe. Dans la langue kw
?, le nominal indépendant se reconnait de par sa structure qui est
différente de celle du nominal dépendant.
2.2.1.1. Structure du nomin l indépend nt
kwa'?
Il s'agit ci-dessous des différents
éléments qui se mettent ensemble pour former le nominal
indépendant dans la langue kw ? comme dans plusieurs autres langues
bantu. Cette structure est la suivante :
NOMINAL INDEPENDANT/ SUBSTANTIF ===>> PREFIXE +
THEME
2.2.1.1.1. Le préfixe du nominal
indépendant
Il est important de préciser que morphologiquement, le
préfixe du substantif indique soit le singulier, soit le pluriel. Ces
préfixes sont antéposés aux thèmes. Du point de vue
de la segmentation, la caractéristique principale des préfixes
des nominaux indépendants kw ? qu'est le préfixe nominal se
présente sous les formes suivantes :
- Singulier : |ø-|, |m -|, |l-|, |d -|, |i- , m -|, m
-|
- Pluriel : |b? - , b - , nd- , N- , d -|, n -|
Ces différentes formes peuvent être
présentées dans le tableau suivant avec des illustrations pour
chaque cas.
51
Tableau 10: Préfixes des nominaux
indépendants
N°
|
SINGULIER
|
PLURIEL
|
1
|
|ø-|
-t 2 « le genou » -f « la plume »
|
I&-| (nasale homorganique) -t 2 « les
genoux »
m -f « les plumes »
|
2
|
|ø-|
ø-n? m? ?kw? 2 « la tortue »
ø-?à « l'animal »
|
|bi-|
b? -n? m? ?kw? 2 « les tortues » b?
-?à « les animaux »
|
3
|
|l-|
l- h « la pierre » l- ? « la chaise »
|
|nd-|
nd- h « les pierres » nd- ? « les chaises
»
|
4
|
Id i-|
d- « l'oeil, le nom »
d -k h « l'aisselle »
|
Imi-|
m- « les yeux, les noms »
m -k h « les aisselles »
|
5
|
Imi-|
m -nd « l'homme » m -?gwé « la
femme »
|
Ibi-|
b -nd « les hommes » b -?gwé «
les femmes »
|
6
|
Ii-|
j- « la chose » j-à « mon, ma »
|
Ib i-|
bj- « les choses » bj-à « mes »
|
7
|
Imù-|
m -mbèndÉ « le voisin » m -mb 2 «
l'ennemi »
|
|bi-|
b? -mbèndÉ « les voisins » b? -mb 2
« les ennemis »
|
8
|
Idi-|
d -nàà « l'herbe »
d -l « la chauve-souris »
|
Ini-|
n -nàà « les herbes »
n -l « les chauves-souris »
|
Le tableau ci-dessus nous permet de mieux visualer les
différents préfixes du nominal indépendant de la langue kw
2. Nous avons effectivement huit (08) préfixes pour le nominal
indépendant kw 2. Plusieurs de ces préfixes font l'objet de
transformation lorsqu'on se situe au niveau de la structure de surface de la
phrase. Il s'agit entre autres de :
52
En (1), le préfixe du nominal indépendant pour
le pluriel est une nasale représentée par |N-| qui s'assimile aux
traits du son avoisinant : c'est l'homorganisation.
-tù?û les genoux »
m -f ù les plumes »
En (4), le préfixe du nominal indépendant est d
- et m -| pour le singulier et le pluriel respectivement. Il peut avoir des cas
o on observe une élision de la voyelle de ce préfixe. Cela est
possible lorsque le thème du nominal indépendant commence par une
voyelle.
d- l'oeil, le nom » d -káh á l'aisselle
» m- les yeux, les noms » m -káh á les aisselles
»
En (5), on observe également le même
phénomène (se produisant en (4)) avec le préfixe du
nominal indépendant tel que présenté dans le tableau (10)
ci-dessus.
m -ndù l'homme » m -?gwé la
femme » b -ndù les hommes » b -?gwé les
femmes »
En (6), nous avons en structure profonde - et b -|
respectivement pour le singulier et le pluriel. Mais, en structure de surface
on observe un phénomène de palatalisation lorsque le thème
commence évidemment par une voyelle. Donc nous avons en structure de
surface - qui devient jet b -| qui devient |bj-|.
i- û -----9 j- û la chose » i-à ----9
j-à mon, ma » bi- û ---9 bj- û les choses »
bi-à ---9 bj-à mes »
53
Nous allons maintenant présenter le second
élément du nominal indépendant dans la langue kw ? tel que
décrit par la formule donnée plus haut. Il s'agit de la partie
invariable du nominal que l'on désigne généralement par le
thème.
2.2.1.1.2. Le thème du nominal indépend nt
kwaì?
Après avoir ressorti les différents
préfixes nominaux, nous allons à présent nous
intéresser aux radicaux ou thèmes des substantifs kw ?. Le
thème est l'élément fixe auquel se fixe un préfixe
nominal. C'est la partie invariable du nominal. Nous allons nous
intéresser aux structures syllabiques et tonales des thèmes des
nominaux indépendants de la langue kw ?. Nous commen ons par les
différentes structures syllabiques que les thèmes des nominaux
indépendants kw ? peuvent présenter.
2.2.1.2. Structure syll bique des th mes des nomin ux
kwa'?
Il s'agit de présenter les différentes
structures syllabiques des thèmes des nominaux indépendants de la
langue. En kw ?, les thèmes des nominaux sont en majorité, de
structure monosyllabique. Toutefois, nous avons identifié quelques
structures dissyllabiques et trisyllabiques.
2.2.1.2.1. Les thèmes monosyllabiques
Le tableau suivant présente les différentes
structures monosyllabiques des thèmes des nominaux indépendants
de la langue kw ?. Chacune de ces structures est accompagnée des
illustrations.
Tableau 11: Structures des thèmes
monosyllabiques
|
STRUCTURE
|
Singulier
|
Pluriel
|
Glose
|
|-V|
|
j-
|
bj-
|
chose / choses
|
j-à
|
bj-à
|
ma / mes
|
m-
|
b-
|
personne / personnes
|
|-VC|
|
l- ?
|
nd- ?
|
cuillère /cuillères
|
l-ém
|
nd-ém
|
cicatrice /cicatrices
|
j-? p
|
bj-? p
|
leur / leurs
|
|-CV|
|
-f
|
m -f
|
plume / plumes
|
ø-?à
|
b? -?à
|
animal / animaux
|
54
|
ø-?w?
|
b? -?w?
|
guerre / guerres
|
|-CVC|
|
mù-mb 2
|
b? -mb 2
|
ennemi / ennemis
|
ø-mbèp
|
b? -mbèp
|
viande / viandes
|
ø-mv t
|
b? -mv t
|
huile / huiles
|
partir de ce tableau, nous notons que les thèmes des
nominaux indépendants kwá2 présentent quatre (04)
structures monosyllabiques |-V, -VC, -CV, -CVC| respectivement tels que
présentés dans le tableau (11) ci-dessus.
Nous passons directement à la présentation des
structures dissyllabiques des thèmes des nominaux indépendants
kwá2.
2.2.1.2.2. Les thèmes dissyllabiques
ce niveau, il s'agit des thèmes ayant deux (02) syllabes.
Ils se présentent sous diverses structures telles que
présentées dans le tableau ci-dessous :
Tableau 12: Structures des thèmes
dissyllabiques
|
STRUCTURE
|
Singulier
|
Pluriel
|
Glose
|
|-CV.CV|
|
ø-d n
|
b? -d n
|
ordure / ordures
|
ø-mbùmù
|
b? -mbùmù
|
front / fronts
|
ø-nt nd?
|
b? -nt nd?
|
femme / femmes
|
|-CVC.V|
|
ø-tù2
|
ñ-tù2
|
genou / genoux
|
ø-fà2
|
b? -fà2
|
mensonge/ mensonges
|
ø-bà2à
|
b? bà2à
|
maison / maisons
|
|-CVC.CV|
|
ø-ntèpkü
|
b? -ntèpkü
|
cuisse / cuisses
|
ø-ndó?kü
|
b? -ndó?kü
|
orteil / orteils
|
ø- ?mbè
|
b? - ?mbè
|
côte / côtes
|
|-CV.CVC|
|
ø-m? lù2
|
b? -m? lù2
|
pouce / pouces
|
ø-bàlè2
|
b? -bàlè2
|
ville / villes
|
ø-s fà2
|
b? -s fà2
|
houe / houes
|
|-CVC.CVC|
|
ø-?kà??kà?
|
b? -?kà??kà?
|
papillon / papillons
|
ø-k mkét
|
b? -k mkét
|
morceau / morceaux
|
ø-fjá2mbø 2
|
b? - fj á2mbø 2
|
omoplate / omoplates
|
Cette section porte sur les schémas tonals que l'on
peut retrouver sur les radicaux ou thèmes nominaux du kwá?. Nous
avons recensé précédemment trois (03) tons ponctuels (ton
haut, ton bas
55
Pour ce qui est des thèmes dissyllabiques, nous avons
recensé cinq (05) structures différentes représentant les
différents thèmes qu'on peut avoir à partir de deux
syllabes. Nous avons recensé les structures |-CV.CV, -CVC.V, -CVC.CV,
-CV.CVC, -CVC.CVC| telles que présentées dans le tableau (10)
ci-dessus respectivement.
La sous-section suivante porte sur le dernier type de
structure syllabique qu'on a pu avoir pour les thèmes des nominaux
indépendants kwá?.
2.2.1.2.3. Les thèmes trisyllabiques
Dans cette langue, nonobstant le fait que les structures
trisyllabiques sont très rares dans la structure des radicaux
(thèmes) des nominaux, nous avons recensé quelques thèmes
de structure trisyllabique aux formes variées consignées dans le
tableau ci-dessous :
Tableau 13: Structures des thèmes
trisyllabiques
STRUCTURE
|
Singulier
|
Pluriel
|
Gloses
|
|
-CV.CV.CV|
|
ø-n?èn?ènè
|
bè-n?èn?ènè
|
urine / urines
|
ø-f n d
|
bè-f n m
|
cil / cils
|
ø-?kùbùn?ù
|
bè-?kùbùn?ù
|
lèvre / lèvres
|
|-CV.CV.CVC|
|
ø-? m? ?kw? '
|
bè-? m? ?kw? ?
|
tortue / tortues
|
ø-f n mbèp
|
bè-f n mbèp
|
boucher / bouchers
|
|
-CVC.CV.CV|
|
ø-mà?mbùnjá
|
bè-mà?mbùnj á
|
pêcheur / pêcheurs
|
ø-fà?nt n
|
bè-fà?t n
|
forgeron / forgerons
|
ø-mbùp?g? fû
|
bè-mbùp?g? fû
|
farine de maïs / farines de maïs
|
Nous pouvons dire que les radicaux des nominaux de cette
langue ont beaucoup plus de structures monosyllabiques et dissyllabiques que
trisyllabiques, car pour ce troisième type, nous n'avons trouvé
que trois types de structures. Il s'agit des structures
-CV.CV.CV, -CV.CV.CVC, -
CVC.CV.CV| telles que
présentées dans le tableau (13) ci-dessus.
Les structures syllabiques ainsi présentées, il
ne nous reste plus qu'à présenter également les structures
tonales des thèmes des nominaux indépendants de la langue
kwá?.
2.2.1.3. Structure tonale des radicaux nominaux
Nous allons vérifier les structures tonales des
thèmes avec deux (02) syllabes ou des thèmes dissyllabiques.
56
et ton moyen). En dehors du ton moyen, les tons haut et bas
peuvent se combiner et donner naissance aux tons modulés (bas-haut ou
haut-bas). Nous allons illustrer les schémas tonals attestés dans
les différentes structures analysées (monosyllabiques,
dissyllabiques et trisyllabiques).
2.2.1.3.1. Les monosyllabes
Les radicaux des nominaux indépendants d'une seule
syllabe peuvent avoir des structures tonales suite à des combinaisons
suivantes :
Ton haut , ton bas , ton moyen , ton montant et le ton
descendant
- Structure ton le
j- « chose » |ø-m? | « feu »
l-é?| « jour »
|ø-s ? « étoile » |ø-l? | «
langue (l'organe) »
- Structure ton le
|ø-k? ?| « pont » |ø-?g ?| « mois
» |ø-?àà « animal »
|ø-bàà « poche »
|ø-mbèp| « viande »
- Structure
|ø-nt « marché » |ø-nf « bois
» |ø-ns « eau »
|l- ? « chaise » |ø-k « pied »
- Structure
|ø-dù| « vieux » |j-ù| «
votre »
|ø-? ? « poil » |ø-t ? « oreille
»
- Structure
|ø-mbê « côté » |ø-k?
| « dos »
|ø-f | « poison » |ø-nt | « vivant
»
Nous constatons que tous les tons sont présents dans
cette catégorie, des simples aux complexes. C'est-à-dire qu'on
retrouve des monosyllabes avec des tons divers pour ce qui est du thème
des nominaux indépendants en kw ?.
57
2.2.1.3.2. Les dissyllabes
Les radicaux des nominaux indépendants dissyllabiques
peuvent avoir des structures tonales suivantes :
|-nt mb ?| « pilon » -tàmb « chapeau
»
- La structure B-H | | + | -nd ?g « seau
» |-n? nd? | « cour » |-fjà?nd? | « balai
»
|-n? mv « chèvre » -?k nd? | « lit
»
- La structure H-H | | + | |-s ?t | «
perdrix » -f ?ó| « vipère »
-d b « natte »
-bà?à « maison » -s ?gà
« ficelle » -mbà?à « bague »
- La structure B-B | | + |
|-t? n? | « clou »
-k nà? « arachide » -mbà? « tissu
»
|-kwà? | « collier » -v k? p| «
mort »
- La structure B-M | | + | | |-mèl ?|
« pouce » |-s? k « pantalon »
Notre intérêt va se porter à
présent sur les schèmes tonals des thèmes trisyllabiques
des nominaux indépendants de la langue kw ?.
- La structure M-M | | + | | -b k « plante
de pied » |-nd ?k « cheville »
Dans cette deuxième forme des schèmes tonals des
thèmes dissyllabiques des nominaux kw ?, nous avons cinq (05)
combinaisons. Et ces différentes combinaisons ne sont possibles qu'avec
les tons simples.
58
2.2.1.3.3. Les trisyllabes
Les radicaux des nominaux indépendants comportant trois
syllabes peuvent avoir les structures tonales suivantes :
- La structure B-B-B | | + | | + | |
|-n?èn?ènè « urine » -?k b nc «
lèvre »
- La structure H-B-B | | + | | + | | -t n
tàà « régime de banane » |-t n tàà
« bananier »
|
-f n mb? p| « boucher » -b l? l? | « canard
»
-d k ?sà « punition »
-l màs « citron »
|
- L structure -H-H | + | | + | | -k m
kÉt| « riz » -d f nd « forêt »
|
-kààs ?g « manioc »
|
- La structure H-H-B | | + | | + | |
-s s s « ciseaux » -d k mbè| « varan
» |-? m? ?kw? ?| « tortue »
- La structure B-M-M | | + | | + | |
|-k ?n k ? « caméléon » -mb nmb n «
cafard »
|-?gw? ns ns | « lézard »
|-?gw? m k « mille-pattes »
Comme pour les précédentes structures, nous
avons également fait des combinaisons de tons pour avoir divers
schèmes tel que présentés ci-dessus pour les thèmes
trissyllabiques des nominaux indépendants de la langue kw ?.
2.2.1.4. Les préfixes nominaux du
kwá?
Nous avons jugé nécessaire de présenter
un récapitulatif des préfixes des nominaux indépendants de
la langue kw ?. Afin de mieux comprendre le fonctionnement de ces
préfixes,
59
nous avons également consigné dans une des
colonnes de ce tableau certaines observations que nous avons faites de ces
préfixes. Ce récapitulatif est présenté dans le
tableau (14) ci-dessous.
Tableau 14: Récapitulatif des préfixes
nominaux du kwaì?
N°
|
Singulier
|
Pluriel
|
Exemples
|
Observations
|
1
|
ø-
|
-
|
-t ? « genou » -t ? « genoux »
ø-?épt « fesse »
-?épt « fesses » -k kwó?
« plaie » j -k kwó? « plaies »
ø-kw? j « lance » j -kw? j « lances
»
|
Ici, le singulier est matérialisé par un
morphème zéro et le pluriel est
matérialisé par une nasale syllabique
dépendamment de la
consonne qui suit, et porte généralement un
ton bas.
|
2
|
ø-
|
bè-
|
ø-mv t « huile »
bè-mv t « huiles »
ø-?à « animal »
bè-?à « animaux »
ø-?w? « guerre »
bè-?w? « guerres »
ø-n? m? jkw? ? « tortue »
bè-n? m? jkw? ?
« tortues »
|
Comme dans le cas précédant, le
singulier se distingue par le
morphème zéro antéposé
au thème et le pluriel est matérialisé par
|bè-|, est porté toujours par un ton bas.
|
3
|
l-
|
nd-
|
l-é? « jour » nd-é? « jours
»
l- h « pierre » nd- h « pierres » l- j
« chaise » nd- j « chaises »
l- ? « cuillère » nd- ? « cuillères
» l-ém « cicatrice » nd-ém « cicatrices
»
|
Le morphème |l-| est la marque du singulier et |nd-|
celle du pluriel. Donc |l-| devient |nd-| au pluriel comme l'indique
l'illustration cidessous :
|
4
|
d -
|
m -
|
d- « oeil, nom »
m- « yeux, noms »
|
Le morphème |d -| est la marque
du singulier et |m -| celle du
|
60
|
|
|
d -k h « aisselle » m -k h « aisselles »
|
pluriel. La voyelle du préfixe
nominal s'élide lorsque le thème du nominal
commence par une
voyelle. D'o les règles suivantes :
|d -| |d-|/____V
m -| |m-|/____V
|
5
|
m -
|
b -
|
m-? « enfant » b-? « enfants » m- «
personne » b-ùù « personnes »
m -nd «homme » b -nd « hommes »
m -?gwé « femme » b
-?gwé « femmes »
|
Le morphème |m -| est la marque
du singulier et |b -| celle du
pluriel. Nous observons également l'élision de
la voyelle
du préfixe lorsque le thème commence par une
voyelle. D'o les règles :
m -| |m-|/____V
b -| |b-|/____V
|
6
|
d -
|
n -
|
d -nàà « herbe »
n -nàà « herbes »
d -l « chauve-souris »
n -lé « chauves-souris »
|
Le morphème |d -| est la marque
du singulier et |n -| celle du pluriel.
|
Dans cette sous-section du travail, nous avons
étudié les structures syllabiques et tonales du nominal
indépendant en kw ?. Cette étude nous a permis de faire le
constat selon lequel le nominal indépendant du kw ? est constitué
d'un préfixe et d'un thème ou radical. Le préfixe qui se
greffe au thème ou radical marque soit le singulier soit le pluriel.
Nous avons dégagé douze (12) préfixes des nominaux
indépendants (donc six (06) pour le singulier et six (06) pour le
pluriel) dans la langue kw ?. Nous avons ressorti des structures
monosyllabiques, bisyllabiques et trisyllabiques, avec des structures tonales
variées pour ce qui était des thèmes des nominaux
indépendants de la langue kw ?. Nous allons à présent nous
intéresser aux classes nominales qui constituent l'un des
éléments sinon l'élément le plus important dans une
morphologie nominale des langues à classes comme la langue kw ?.
61
2.2.1.5. Classes nominales
Plusieurs auteurs proposent divers critères
d'identification des classes nominales dans les langues Bantu. Kadima (1969)
propose trois (03) critères qu'il faudrait appliquer pour
déterminer les classes nominales dans les langues à classes. Il
s'agit du préfixe nominal, du marqueur d'accord et de l'appariement.
D'autres à l'instar de Djomeni (2012 :64) estiment qu'il est possible de
ne prendre en compte que les schèmes d'accord, car en B mb l , l'on
observe des noms avec des mêmes schèmes d'accord qui n'ont pas le
même contenu sémantique et vice versa. En plus des préfixes
nominaux, nous nous sommes référés aux schèmes
d'accord du possessif kw ? pour déterminer plus objectivement les
différentes classes nominales dans cette langue.
Nous avons identifié six (06) classes nominales donc
trois (03) ayant la valeur du singulier et trois (03) ayant la valeur du
pluriel dans la langue kw ?.
2.2.1.5.1. Classe 1
Cette classe a pour préfixe d'accord (PA) |n-|. Elle
est subdivisée en trois (03) sous-classes avec pour préfixe
nominal - , m- et d -| respectivement pour les sous-classes 1a, 1b et 1c.
L'exemple ci-dessous nous présente quelques noms appartenant à
cette classe.
(38)
m- ? n-à
CL1b enfant PA-mon
« mon enfant »
- k nà? n-à
CL1a-arachide PA-mon
« mon arachide »
|
d - nàà n-à
CL1c- herbe PA-mon « mon herbe »
|
|
Comme nous pouvons l'observer dans l'exemple illustratif de
la classe 1, nous avons des préfixes nominaux différents mais le
schème d'accord reste le même partout.
2.2.1.5.2. Classe 2
Cette classe est la classe représentant les pluriels
de la classe 1 vue plus haut. Elle est représentée par le
préfixe d'accord |bj-|. Elle est également
subdivisée en trois (03) sous-classes avec les préfixes |b? - ,
b- et n -|. Nous présentons ci-dessous les noms appartenant à
cette classe du pluriel.
(39)
b- ? bj- b? - kwà bj-
CL2b enfant PA-mon CL2a-esclave PA-mon
« mes enfants » « mes esclaves »
62
À travers cet exemple, nous constatons que les accords
apparaissent toujours après les noms qu'ils déterminent. Tandis
que le préfixe nominal est toujours précédé et
rattaché au nom.
n - l bj-
CL2c-chauve-souris PA-ma « mes chauve-souris
»
Nous constatons à travers cet exemple comme dans le cas
précédent (classe 1) qu'on a trois (03) préfixes nominaux
différents mais supportant le même accord avec le
déterminant possessif.
2.2.1.5.3. Classe 3
Les noms de cette classe forment leur singulier avec un
préfixe d'accord commun qui est le morphème zéro
|ø-|. Les noms de cette classe sont regroupés en deux (02)
sous-classes à travers les préfixes nominaux différents.
Il s'agit notamment de la classe 3a matérialisé par le
morphème zéro |ø-| et la classe 3b
matérialisée par la nasale syllabique homorganique -|. travers
l'exemple ci-dessous, nous présentons quelques noms appartenant à
cette classe.
(40)
- k -
CL3a-pied PA-mon « mon pied »
|
m - f -
CL3b-plume PA-ma « ma plume »
|
|
Nous notons ici que cette classe forme son pluriel en classe
4. Et concernant la classe 3b le préfixe nominal épouse les
traits caractéristiques articulatoires de l'élément qui le
suit directement.
2.2.1.5.4. Classe 4
Cette classe marque le pluriel des noms de la classe 3.
Contrairement aux autres classes, elle n'est pas subdivisée. Elle se
traduit par le préfixe d'accord m-|. Les noms de cette classe ont le
morphème zéro |ø-| comme préfixe nominal. L'exemple
ci-dessous nous donne le fonctionnement de cette marque de classe.
(41)
- b m- ø- ? m-
CL4-main PA-ma CL4-bouche PA-ma
« mes mains » « mes bouches »
63
2.2.1.5.5. Classe 5
La classe 5 est traduite par le préfixe d'accord
dj-|. Les noms de cette classe sont subdivisés en deux (02)
sous-classes à savoir la classe 5a matérialisée
par |l-| et la classe 5b par d -|. Nous représentons quelques noms de
cette classe dans l'exemple ci-dessous.
(42)
l- ù? dj- á
CL5a-cuillère PA-ma « ma cuillère
»
|
d - káhá dj- á
CL5b-aisselle PA-mon « mon aisselle »
|
|
Dans cette langue, nous avons très peu de noms rentrant
dans la sous-classe 5b.
2.2.1.5.6. Classe 6
La classe 6 représente les noms au pluriel. Elle est
matérialisée par le préfixe d'accord |mj-|.
Elle est subdivisée en quatre (04) sous-classes à savoir la
classe 6a |nd-|, la classe 6b m -|, la classe 6c
|ø-| et la classe 6d -|. C'est la classe ayant le plus de subdivisions.
L'exemple ci-dessous illustre quelques noms de cette classe.
(43)
nd- à? mj- á
CL6a-village PA-mon « mes villages »
m - káhá mj- á CL6b-aisselle
PA-mon « mes aisselles »
|
ø- bèbè mj- á
CL6c-aile PA-mon « mes ailes »
- s ndànà mj- á CL6d-larme PA-ma
« mes larmes »
|
Les noms de la classe 6d n'ont pas de singulier dans cette
langue. Ces noms se réalisent uniquement au pluriel.
L'analyse complète du système de classe dans la
langue kwá? sur la base des préfixes d'accord nous montre que
cette langue a six (06) classes nominales. Les classes nominales
identifiées sont présentées dans le tableau suivant.
64
Tableau 15: l ssific tion nomin le du
kwaì?
Classe
|
Préfixe nominal
|
Schème d'accord du possessif
|
exemples
|
CL 1
(a)
|
ø-
|
n-à
|
- kwà n-à
CL1-esclave PA-mon « mon esclave »
|
CL 1
(b)
|
m-
|
m- ? n-à
CL1 enfant PA-mon « mon enfant »
|
CL 1
(c)
|
d -
|
d - l n-à
CL1-chauve-souris PA-mon « ma chauve-souris »
|
CL2 (a)
|
bè-
|
bj-
|
b? - k nà? bj-
CL2-arachide PA-mon « mes arachides »
|
CL2 (b)
|
b-
|
b- ? bj-
CL2 enfant PA-mon « mes enfants »
|
CL 2 (c)
|
n -
|
n - nàà bj-
CL2-herbe PA-mon « mes herbes »
|
CL3 (a)
|
ø-
|
-
|
- b -
CL3-main PA-ma « ma main »
|
CL 3 (b)
|
-
|
- ? -
CL3-bouche PA-ma « ma bouche »
|
CL4
|
ø-
|
m-
|
- b m-
CL4-main PA-ma « mes mains »
- k m-
|
65
|
|
|
CL4-pied PA-ma « mes pieds »
ø- ?ù m- á
CL4-bouche PA-ma « mes bouches »
|
CL5 (a)
|
l-
|
dj- á
|
l- ùhù dj- á
CL5-pierre PA-ma « ma pierre »
|
CL 5 (b)
|
d -
|
d - káhá dj- á
CL5-aisselle PA-mon « mon aisselle »
|
CL6 (a)
|
nd-
|
mj- á
|
nd- à? mj- á
CL6-village PA-mon « mes villages »
|
CL 6
(b)
|
m -
|
m - káhá mj- á
CL6-aisselle PA-mon « mes aisselles »
|
CL 6
(c)
|
ø-
|
|
|
CL6 (d)
|
-
|
- s ndànà mj- á
CL6-larme PA-ma « mes larmes »
|
Dans la présentation des six (06) classes de la langue
kwá? que nous avons identifiées ci-dessus, nous constatons que le
préfixe nominal est toujours lié au thème du nominal, et
le marqueur d'accord du possessif est toujours postposé au nominal qu'il
détermine. Par ailleurs, nous avons noté trois (03)
préfixes de classe pour le singulier et trois (03) également en
ce qui concerne le pluriel. Au terme de cette présentation des
différentes classes de la langue kwá?, nous pouvons conclure que
les préfixes d'accord du possessif nous renvoient au total 06 classes ;
donc 03 classes ayant la valeur du singulier et 03 classes ayant la valeur de
pluriel toutes subdivisées en sous-classe sauf la classse 4. Afin de
conclure ce qui précède sur le nombre de classes nominales
attestées en
66
kw ?, nous avons rapproché nos résultats à
ceux des langues avoisinantes comme le m d mb et le gh?m l '. Pour ce qui est
du m d mb , Kouankem (2011:77) nous fait savoir que « nouns in
m d mb fall roughly into five classes; when noun class membership
is established on the basis of the genitive pronominal agreement». Elle va
plus loin en proposant un tableau récapitulatif des classes nominales en
m d mb comme suit :
Tableau 16: classes nominales en m? d mb
classes
|
Proto bantu prefixes (welmers)
|
M d mb noun prefixes
|
Possessive agreement marker
|
examples
|
Gloss
|
1
|
m -
|
N-
|
m
|
nsh n m
nd m m -b -zw
|
my friend my husband my dog my wife
|
3
|
m -
|
ø-
|
m
|
nt b
t
s
|
my heart my hand my head my face
|
4
|
m -
|
N-
|
m m
|
m -b -s? -c? n -ts?
|
my lungs my teeth my necklace my water
|
5
|
d -
|
ø-
|
s m
|
cà? càk s?
|
my food my stomach my tooth
|
6
|
mà-
|
ø-
|
c m
|
d c m sh n c m
|
my husband my friends
|
En ce qui concerne la langue gh?m l ', Tala Teku (2015 :39)
nous fait savoir que cette langue a six classes nominales lorsqu'il cite Nissim
(1980) en ces mots : « six (06) noun classes are attested and classified
in numbers : three singular noun classes (1, 3, 5) and the three noun classes
(2, 4, 6) ». Il présente ensuite ces classes dans un tableau ainsi
qu'il suit :
67
Tableau 17: classes nominales en
gh?maìlaì'
Singular
|
Plural
|
person
|
class
|
prefix
|
pers
on
|
class
|
Prefix
|
1st
|
1
|
ø + j-
|
1st
|
2
|
p- +
|
2nd
|
3
|
ø + j-
|
2nd
|
4
|
m- +
|
3rd
|
5
|
ts- +
|
3rd
|
6
|
ts- +
|
En comparant ces données, nous constatons que nous
sommes très proches de ces langues en termes de classification nominale.
À travers le nombre de classe identifié, ceci prouve davantage
que le kw ? appartient à une même famille de langues que les
langues m d mb et gh?m l '. Il s'agit des langues du groupe grassfield-Est.
2.2.1.6. Genres en kwa'?
Le genre se définit en général comme
l'appariement de classes, même des noms ayant une classe au singulier,
sont susceptibles de ne pas avoir la même classe au pluriel. Djomeni
(2012 :80) va dans le même sens lorsqu'il affirme : « in bantu
languages, gender refers to a couple of nouns expressing the opposition
singular/plural. Therefore, gender is pairing of two nouns classes. » Pour
Bebiné (2018 :257), cette identification n'est que possible pour les
nominaux quantifiables. Il affirme que : « L'identification d'un genre
à partir de l'appariement de deux classes, o l'une est singulière
et l'autre, plurielle, s'applique pour les nominaux quantifiables mais bute
face à ceux non-quantifiables, puisque ces derniers ne donnent pas lieu
à une corrélation binaire (singulier / pluriel) et sont soit
singuliers, soit pluriels ou même neutres. » Si l'appariement en
genre était d'une rigidité absolue, on aurait uniquement 3 genres
pour une langue présentant 6 classes et 6 genres pour une langue
à 12 classes, pour ne citer que ces deux exemples. Mais l'appariement
peut se faire d'une classe X vers une classe Y et d'une classe X vers une
classe Z en fonction du marqueur d'accord.
En kw ?, au terme de l'appariement, nous avons pu ressortir
trois (03) genres reguliers, deux (02) genres irreguliers et deux (02)
monoclasses repartis ainsi qu'il suit :
68
2.2.1.6.1. Genres reguliers
On parle de genres reguliers lorsque les appariements suivent
l'ordre établi et ordonné c'est-à-dire la classe 1 et la
classe 2 forme une classe par exemple. Il a été recensé
suivant notre analyse trois (03) genres ayant cette connotation. Il s'agit du
:
- Genre I : CL1/2 - Genre II : CL3/4 - Genre III : CL5/6
2.2.1.6.1.1. Genre I : 1/2
Dans ce genre on retrouve des noms exprimant une relation de
parenté avec la nature humaine mais aussi les noms de choses. Ce genre
regroupe les classes 1 et 2 respectivement telles que présentées
ci-dessous.
(50)
m? t nà « mon orphelin » b? t bj
« mes orphelins »
k nà? nà « mon arachide » bèk
nà? bj « mes arachides »
d nàà nà « mon herbe » n
nàà bj « mes herbes »
2.2.1.6.1.2. Genre II : 3/4
Le genre II regroupe les noms de la classe 3 et les noms de
la classe 4. Les noms de ces classes sont généralement des noms
de certaines parties du corps. Mais on rencontre d'autres types de noms dans ce
genre tels présents dans l'exemple suivant.
(51) m f b
k
|
« ma feuille » « ma main » « mon pied
»
|
f m b m k m
|
« mes feuilles » « mes mains » « mes
pieds »
|
2.2.1.6.1.3. Genre III : 5/6
Ce genre regroupe les noms appartenant aux classes 5 et 6
respectivement. On retrouve ici quelques noms des parties du corps humain.
Il s'agit des nominaux qui n'obeissent pas à la
règle d'appariement de classe. Une monoclasse peut ne pas avoir soit
d'affiliation pour le singulier soit d'affiliation pour le pluriel.
69
(52)
d k h dj « mon aisselle » m k h
mj « mes aisselles »
d dj « mon oeil, mon nom » m mj
« mes yeux, mes noms »
l ? dj « ma cuillère » nd ?
mj « mes cuillères »
2.2.1.6.2. Genres irréguliers
Il s'agit ici des appariements qui ne respectent pas l'ordre
d'apparition des classes. Sur la base de nos analyses, deux (02) genres
irréguliers ont été identifiés à savoir :
- Genre IV : CL1/6 - Genre V : CL3/2
2.2.1.6.2.1. Genre IV : 1/6
Ce genre comprend des noms de la classe 1 qui forment leurs
pluriels en classe 6. Il s'agit généralement des noms de
certaines choses. Nous présentons quelques de ces noms dans l'exemple
ci-dessous :
(53)
t ?t nà « mon grenier » t ?t mj
« mes greniers »
mb nà « mon cauris » mb mj «
mes cauris »
2.2.1.6.2.2. Genre V : 3/2
Il s'agit dans ce genre des noms de la classe 3 qui forment
leur pluriel en classe 2. Nous présentons quelques de ces noms dans
l'exemple ci-dessous :
(54)
m v « mon chien » bèv bj « mes
chiens »
?à? « mon légume » bè?à?
bj « mes légumes »
2.2.1.6.3. Monoclasses
70
Dans la langue kw ?, nous avons recensé deux (02)
monoclasses. La première est une classe du singulier et la seconde une
classe du pluriel. Il s'agit des classes 3 et 6.
2.2.1.6.3.1. Classe 3a
Dans la classe 3, certains nominaux de la sous-classe
3a ne s'expriment pas au pluriel. L'exemple suivant nous permet de
présenter certains des nominaux rentrant dans cette classe du pluriel
:
(55)
d m? « ma fumée »
s « mon eau »
mb p « ma poussière »
C'est différent nominaux ne se réaliseraient pas
au pluriel dans la langue kw ? tel que le démontre l'exemple (55)
ci-dessus.
2.2.1.6.3.2. Classe 6d
Dans cette sous-classe de la classe du pluriel, nous avons
certains noms qui ne se réalisent qu'aux singuliers. L'exemple suivant
nous permet de mettre en relief certains de ces noms :
(56)
tó mj « mes intestins »
s ndànà mj « mes larmes »
travers cet exemple (56), nous constatons qu'il s'agit des
noms qui ne se réalisent pas au singulier dans cette langue.
Le tableau suivant présente un récapitulatif des
différents genres (accompagnés de leur préfixe de classe)
identifiés dans la langue kw ?.
Tableau 18: Genres du kwaì?
Catégorisation
|
Genres
|
classes
|
Genres réguliers
|
I
|
CL1/2
|
II
|
CL3/4
|
III
|
CL5/6
|
Genres irréguliers
|
IV
|
CL1/6
|
V
|
CL3/2
|
71
Nous pouvons aussi matérialiser cet appariement
à travers la représentation suivante :
CL 1 CL 2
CL 3 CL 4
CL 5 CL 6
Comme le démontre l'analyse effectuée plus haut,
le kw ? présente six (06) classes nominales reparties en cinq (05)
genres. Il s'agit de trois (03) genres réguliers et deux (02) genres
irréguliers. Nous avons également reléver des monoclasses
(classe 3a et classe 6d). La classification nominale de cette langue
a été faite à travers les préfixes de classe et les
déterminants du possessif. Étant donné que nous sommes
toujours dans l'étude du nominal indépendant, nous avons
trouvé nécessaire de ressortir certains procédés de
création de nouveaux mots dans la langue kw ?. Ces mots qui devront
également être intégrés dans la langue. Nous
montrerons dans le chapitre reservé à l'orthographe comment les
intégrer dans la langue.
2.2.2. Processus d'enrichissement du lexique kwa'?
Il s'agit d'un procédé par lequel une langue
obtient de nouveaux substantifs. En kw ?, nous avons recensé trois
procédés de création lexicale remarquables à savoir
la composition, la réduplication et l'emprunt. Ceci fera l'objet de
notre étude dans cette sous-section.
2.2.2.1. La composition
La composition est un procédé morphologique
permettant la formation d'une unité sémantique sur la base de
plusieurs autres éléments lexicaux susceptibles d'avoir une
autonomie dans un énoncé. Il s'agit dans cette langue plus
précisément d'une composition nominale. Pour éviter la
confusion qui pourrait naître entre un composé et un syntagme
nominal, nous avons pris en considération le point de vue de Guarisma
(2000 : 120) cité par Ndedje (2013 :149) qui invite le chercheur
à prendre en compte des éléments d'appréciation
tels que la commutation et la valeur sémantique, sans toutefois oublier
la fréquence d'emploi des lexèmes. Dans cette langue, les
nominaux composés les plus fréquents sont de type :
Substantif+substantif
mb? p + s = mbèpns
Viande + eau « poisson »
nd? + ?gwó? = nd? ?gwó?
Maison + termite « termitière »
72
mb? p + ji t = mbèpji t
Viande + corps « chair »
mó + m nd = móm nd
Enfant + homme « garçon »
nt + nd? = nt nd?
milieu + maison « famille »
fà2 + t n = fà2t n
Travail + fer « forgeron »
Substantif + numéral / nominal + numéral
I? p + I 2 « onze » unité + un
I? p + tsy? t + ? m + b? « vingt-trois »
unité + trois + dix + deux
I? p + t + kx + ? m + t « cent cinquante-cinq »
unité + cinq + cent + dix + cinq
Substantif + adverbe / nominal + adverbe
b + k « plante du pied » dessous + pied
fà? + nd? « chambre »
dedans + maison
Au vu de ce qui précède, nous constatons que le
procédé de la composition en kw 2 se présente sous
différentes formes à savoir le substantif et un autre substantif,
le substantif et le numéral ainsi que le substantif et l'adverbe. De ces
exemples, nous constatons que ces différents composés ont des
structures syllabiques variées telles que les structures CVC.CVC, CVC.
.CV,
CV.CV,
CVC.CV.CV, CV.CVC. Ces différentes
structures syllabiques respectent les structures
73
canoniques de la langue. Nous allons continuer avec l'autre
procédé d'enrichissement lexical qui, est focalisé sur la
répétition du mot source.
2.2.2.2. La réduplication
La réduplication est un processus morphologique qui se
produit dans plusieurs langues naturelles. Elle fait référence
à une répétition d'un mot ou d'une syllabe de
manière totale ou de manière partielle. Elle peut donc être
totale ou partielle. Elle est considérée comme totale lorsque
c'est tout le mot qui est repris et partielle lorsqu'il s'agit juste d'une
partie du mot qui est reprise.
Dans les langues bantu en général, ce processus
est très fréquent et les mots se rédupliquent pour des
raisons telles que décrites par Tabah Nforgwei (2004 :127) : «
words undergo the process for different functions such as onomatopoeic or
simply descriptive. In most cases, the reduplicated word that surfaces may not
have any direct semantic relationship with the original word. ». Dans
cette sous-section, nous traiterons de la réduplication totale dans
l'exemple ci-dessous.
(57)
b? « fou » b? b? « bêtement »
n? p « eux » n? pn? p « entre-eux »
t « cinq » t t « cinq partout »
ndà? « palabre » ndà?ndà? «
doucement »
mb ? « le matin » mb ?mb ? « l'aube »
nc ? « un » nc ?nc ? « ensemble »
nt ? « boule » nt ?nt ? « boulets »
nt? ? « beaucoup » nt? ?nt? ? « énorme
»
Nous constatons à travers l'exemple ci-dessus qu'il y'a
une répétition totale du mot de départ ou mot source.
Cette réduplication dans la plupart des cas permet de
matérialiser une mise ensemble ou une globalisation pour certains cas.
Nous n'avons pas pu identifier des cas de réduplication partielle. Ces
termes rédupliqués peuvent être de plusieurs
catégories grammaticales à savoir les adverbes, les noms et les
adjectifs.
74
2.2.2.3. Les subst ntifs d'emprunt
L'emprunt est un autre procédé d'enrichissement
lexical qui provient d'une part du contact entre les langues et d'autre part
des avancées scientifiques et technologiques. De ce fait, l'emprunt
permettrait à la langue réceptrice de se redynamiser et de faire
une certaine mise à jour suivant l'évolution et le contexte. Les
substantifs d'emprunt subissent des modifications sur le plan phonologique et
morphologique afin de s'adapter à la structure de la langue cible. Sur
le plan phonologique, nous constatons une adaptation du système
phonologique de la langue source vers la langue cible kw ?. Sur le plan de la
morphologie, on note également une conformité au niveau de la
structure syllabique (CV.CVC,
CV.CV,
CV.CV.CV,
CVC.CV...) lorsqu'on va vers la langue
source, respectant ainsi la morphologie de celle-ci.
T ble u : les subst ntifs d'emprunt
kwaì?
Langue source
|
Mot source
|
Substantif d'emprunt
|
Règle
phonologique
|
Glose
|
Anglais
|
Window ['w?nd ?]
|
w ndà
|
? u
? o
|
« la fenêtre »
|
Hammer ['hoem ]
|
h mà
|
oe a
a
|
« marteau »
|
School [sku:l]
|
s k l
|
ø u
u : u
|
« l'école »
|
Flower ['fla? ]
|
f lèwà
|
ø
a e
? w
a
|
« la fleur »
|
Motor ['m ?t ]
|
màtwà
|
? a
t tw
a
|
« la voiture »
|
Doctor ['d?kt ]
|
dóktà
|
? ?
a
|
« le docteur »
|
Soldier ['s ?l? ]
|
s n?à
|
? u
l n
a
|
« le soldat »
|
Cupboard ['kAb d]
|
kóbàs
|
A ?
a
d s
ø i
|
« l'armoire »
|
Français
|
Table [tabl]
|
tàbèlè
|
ø e / b_l
ø e/l_#
|
« la table »
|
Machine [ma?in]
|
mà? n
|
? ?
|
« la machine »
|
|
|
|
|
|
L'adjectif possessif en kw ? est monosyllabique avec des
structures |CV| et |CVC| ainsi présentées dans le tableau
ci-dessous.
75
D'après le tableau présenté ci-haut, nous
constatons que le kw ? a réadapté les substantifs
empruntés aux langues étrangères notamment le fran ais et
l'anglais suivant son système phonologique. La plupart de ces processus
phonologiques présentés dans le tableau sont des processus
phonologiques non-conditionnés. Concernant les structures syllabiques,
ces emprunts sont généralement dissyllabiques (
CV.CV, CV.CVC,
CVC.CV) pour la plus part et trisyllabiques (
CV.CV.CV) pour quelques uns.
Le nominal indépendant étant mis en vue, nous
allons également mettre en relief ces différents
éléments qui dépendent du nominal. Il s'agit du nominal
dépendant ou encore des déterminants. Dans la sous-section
suivante, nous explorerons les différents déterminants de la
langue kw ? sans pour autant être exhaustif.
2.2.3. Le nominal dépendant
Dans cette sous-section, nous mettrons en relief les
déterminants du substantif kw ?. Il s'agit là de certains
éléments lexicaux qui accompagnent le substantif en construisant
des liens de détermination avec celui-ci. Nous nous proposons ici
d'analyser quelques déterminants de la langue kw ?. Nous allons
commencer ainsi par les adjectifs.
2.2.3.1. Les adjectifs de l l ngue kwaì?
On appelle adjectif, tout lexème en rapport de
détermination avec un nom. Selon Wega Simeu (2016 :95), on appelle
adjectif dans les langues bantu
tout nominal dépendant qui accompagne le substantif
et dont la forme du préfixe dépend de celle du nominal
indépendant qu'il détermine. Autrement dit, dans les langues
bantu, l'adjectif a un thème mais son output ou sa forme syntaxique
dépend entièrement du nominal indépendant et du
préfixe substantival qui lui donne un préfixe dépendant
sans lequel il ne peut être un lexème.
En kw ?, nous distinguons cinq (05) types d'adjectifs à
savoir, les possessifs, les démonstratifs, les indéfinis, les
numéraux et les qualificatifs.
2.2.3.1.1. L' djectif possessif
En kw ?, l'adjectif possessif peut être variable
dépendamment du substantif qu'il détermine, que ce soit au
singulier ou au pluriel.
76
Tableau 19: djectifs possessifs du
kwaì?
personne
|
Structures des accords
|
Exemples
|
singulier
|
Pluriel
|
Singulier
|
pluriel
|
1ère
« mon/ma, mes »
|
di
mà nà à
|
bi
m
mi
|
0- f nà
CL1 - chef POSS « mon chef »
|
b? - f bià
CL2- chef POSS « mes chefs »
|
m- ? nà
CL1-enfant POSS « mon enfant »
|
b- ? bi
CL2-enfant POSS « mes enfants »
|
2ème
« ton/ta, tes »
|
di?
n? m? -?
|
bi?
m? mi?
|
0- t n?
CL1-tête POSS « ta tête »
|
b? - t bi?
CL2- tête POSS « tes têtes »
|
- p m n?
CL1-orange POSS « ton orange »
|
0- p m mi?
CL6-orange POSS
« tes oranges »
|
3ème
« son/sa, ses »
|
di
n
m -
|
b
m
|
-nd m
CL1-mari POSS « son mari »
|
b? -nd b
CL2-mari POSS « ses maris »
|
0-t? ?? m
CL3-trou POSS
« son trou »
|
b? -t? ?? b
CL2-trou POSS « ses trous »
|
4ème
« notre, nos »
|
di
n
m
|
bi
mi
m
|
-? ?
CL3-légume POSS « notre légume »
|
b? -? ? bi
CL2-légume Poss « nos légumes »
|
5ème
« votre, vos »
|
di
n m
|
bi
mi
m
|
l- ?
CL5-chaise POSS « votre chaise »
|
nd- ? bi
CL6-chaise POSS « vos chaises »
|
6ème
« leur, leurs »
|
di-? p n? p m? p ? p
|
bi? p mi? p m? p
|
m -bé ? p
CL3-marmite POSS « leur marmite »
|
0-bé m? p
CL4-marmite POSS « leurs marmites »
|
77
Sur un plan segmental, nous constatons que le préfixe
du possessif kw ? est | dj-, m-, n-, ø-| au singulier et qui
devient |bj-, m-, mj-| au pluriel. Le thème du
possessif quant à lui présente les structures |-V| (-a, -?, -i, -
, - ) et |-VC| (-?p).
2.2.3.1.2. Les adjectifs démonstratifs
Le démonstratif sert à situer un substantif dans
un espace. En kw ?, le démonstratif renseigne sur la localisation dans
l'espace d'un objet ou d'une personne. Le locuteur kw ? use de 3
manières pour exprimer la distance entre lui et l'objet
déterminé ; selon que l'objet est proche du locuteur, proche du
destinataire ou éloigné des deux.
2.2.3.1.2.1. Le démonstratif proche (du
locuteur)
Sa marque est nd . Ce monème est toujours
postposé au substantif qu'il détermine. Lorsqu'il est au pluriel,
il est préfixé de b -|. Nous illustrons ce type de
démonstratif dans l'exemple suivant.
(58)
Singulier Pluriel
m-? nd b-? b -nd
CL1-enfant DEM CL2- enfant PL-DEM
« cet enfant-ci » « ces enfants-ci »
ø-bà?à nd bè-bà?à b
-nd
CL3-maison DEM CL2-maison PL-DEM
« cette maison-ci » « ces maisons-ci »
ø-b nd m -b b -nd
CL1-oeuf DEM CL6-oeuf PL-DEM
« cet oeuf-ci » « ces oeufs-ci »
travers l'exemple ci-dessus, nous constatons que le
démonstratif proche du locuteur n'a qu'une seule forme
indépendamment de la classe du nom. Au singulier, il est
matérialisé par nd et au pluriel, on a b nd et ces
morphèmes sont toujours postposé au nominal qu'ils
déterminent. Qu'en est-il du démonstratif proche du destinataire
ou encore éloigné du destinateur.
2.2.3.1.2.2. Le démonstratif proche (du
destinataire)
Il se caractérise par le monème |nd? . Ce
monème est également postposé au substantif qu'il
détermine. Le pluriel se caractérise par le monème b -|
qui est préposé au démonstratif. L'exemple ci-dessous nous
renseigne plus à propos de ce type de démonstratif.
78
(59)
Singulier Pluriel
ø-bà?à nd? bè-bà?à b
- nd?
CL3-maison DEM CL2- maison PL-DEM
« la maison-là » « ces maisons-là
»
ø-b nd? m -b b - nd?
CL1-oeuf DEM CL6-oeuf PL-DEM
« l'oeuf-là » « ces oeufs-là
»
m-? nd? b-? b -nd?
CL1-enfant DEM CL2-enfant PL-DEM
« l'enfant-là » « ces enfants-là
»
L'exemple ci-dessus présente la matérialisation
du démonstratif proche du destinataire. Nous constatons que ce
démonstratif-là garde sa forme de base indépendamment de
la classe du nom qu'il qualifie. Nous avons aussi par ailleurs un type de
démonstratif qui est éloigné du locuteur et du
destinataire.
2.2.3.1.2.3. Le démonstratif éloigné
(loin du locuteur et du destinataire)
Lorsque l'objet décrit est éloigné du
locuteur et du destinataire, on utilise le démonstratif nd . Ce
morphème est également préposé/postposé
comme les précédents. La forme du pluriel reste uniforme comme
dans les cas précédents avec l'ajout de |b - comme l'illustre
l'exemple ci-dessous.
(60)
Singulier Pluriel
ø-bà?à nd bè-bà?à b
-nd
CL3-maison DEM CL2-maison PL-DEM
« cette maison là-bas » « ces maisons
là-bas »
ø-b nd m -b b -nd
CL1-oeuf DEM CL6-oeuf PL-DEM
« cet oeuf là-bas » « ces oeufs
là-bas »
79
m-? nd b-? b -nd
CL1-enfant DEM CL2-enfant PL-DEM
« cet enfant là-bas » « ces enfants
là-bas »
Nous constatons à travers l'exemple ci-dessous que le
démonstratif éloigné du locuteur et du destinataire reste
invariable quelle que soit la classe du nom qu'il détermine. Nous allons
à présent nous intéresser à un autre genre de
déterminant. Il s'agit des quantitatifs.
2.2.3.2. Les qu ntit tifs de l l ngue kwaì?
Nous avons identifié trois (03) morphèmes qui
caractérisent les quantitatifs en kw 2. Il s'agit de |mbèj n
« tout », |m? 2? | « autre, certain » et |?w
« aucun ». Notons que contrairement aux possessifs et aux
démonstratifs, les quantitatifs sont préposés au nom. Nous
les présentons dans le tableau suivant avec leur forme pluriel.
Tableau 20: Qu ntit tifs de l l ngue
kwaì?
singulier
|
glose
|
pluriel
|
Glose
|
mb? j n
|
« tout »
|
?kwà
|
« tous »
|
m? 2?
|
« autre/certain »
|
b -m? 2
|
«autres/certains »
|
?wà
|
« aucun »
|
mb 2jà mèj
|
« plusieurs/beaucoup »
|
Les quantitatifs ainsi présentés dans le tableau
ci-dessus, nous allons à présent les illustrer à travers
l'exemple suivant.
(61)
mb? j n m-?
tout CL1-enfant « tout enfant »
?kwà b-?
tous CL2-enfant « tous les enfants »
m? 2? -s ?
autre CL3-oiseau « autre/certain oiseau »
b -m? 2 ø-s ?
PL-autre CLA-oiseau « autres/certains oiseaux »
?wà m-
aucune CL1-personne « aucune personne » mb
2yà b-ùù
plusieurs CL2-personne « plusieurs personnes »
80
b? -bà?à m? y
CL2-maison beaucoup « beaucoup de maisons »
Nous constatons qu'en dehors de m? j « beaucoup »
qui se place en position finale, les autres quantitatifs sont toujours
antéposés au nom. Nous constatons également qu'ils sont
invariables quel que soit le nom déterminé.
2.2.3.3. Les pronoms de l l ngue kwaì?
On appelle pronom tout morphème lexical capable de
substituer ou de remplacer un nom (substantif). Pour Djomeni (2012:122), le
pronom « is a grammatical unit whose meaning brings it closer to the noun.
This explain why it can replace a noun. » Il s'agit donc d'un substitut du
nominal indépendant. En kw ?, nous distinguons les pronoms personnels,
les pronoms relatifs, ainsi que les pronoms interrogatifs.
2.2.3.3.1. Les pronoms personnels
Ces pronoms peuvent fonctionner comme sujet ou comme
complément d'objet du verbe. Nous en avons identifié 6 sous leur
forme sujet et leur forme objet. Nous les présentons dans le tableau
ci-dessous :
Tableau 21: pronoms personnels sujet et objet
|
PERSONNES
|
PRONOMS SUJET
|
PRONOMS OBJET
|
SINGULIER
|
1ère
|
m « je »
|
m « me, moi »
|
2ème
|
? « tu »
|
n? « te, toi »
|
3ème
|
, ? « il, elle »
|
n « le, la, lui »
|
PLURIEL
|
1ère
|
b « nous »
|
n « nous »
|
2ème
|
b « vous »
|
n « vous »
|
3ème
|
b? « ils, elles »
|
n? p « eux, les, leur»
|
Le tableau ci-dessus indique que les pronoms personnels objet
ont un |n-| comme préfixe sauf à la première personne du
singulier tandis que les pronoms personnels sujet possèdent le
préfixe |b-| aux trois personnes du pluriel et |m-| est valable comme
préfixe pour la première personne du pronom sujet et ainsi que du
pronom objet. Nous allons illustrer ces pronoms à travers l'exemple
ci-dessous.
81
(62)
Pf tpf t ?? ? l n? Moustique PRS-sucer sang te « Le
moustique te suce le sang »
M ø-s 2 k h
Je PST1-venir hier « Je suis venu hier »
B? n? ns
Ils PRS-boire eau « Ils boivent de l'eau »
f? bê m
PRS-donner couteau moi « Donne-moi le couteau »
Tà2j ? -v
Chasseur PST1-tuer lui « Le chasseur l'a tué
»
Contrairement aux pronoms sujets, les pronoms personnels objet
viennent toujours après le nominal et, très
généralement en position finale tel que l'illustre l'exemple
ci-dessus. Nous avons également un autre type de pronom personnel. Il
s'agit du pronom personnel emphatique.
- Les pronoms personnels emphatiques
Pour Simeu Wega (2016), le pronom emphatique « sert à
renforcer le sujet en excluant de l'action toute autre personne ou participant
. En kw 2, nous avons identifié 6 pronoms emphatiques tels que
présentés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 22: pronoms personnels emphatiques
|
PERSONNES
|
PRONOMS
|
GLOSES
|
SINGULIER
|
1ère
|
t 2nà
|
moi seul
|
2ème
|
t 2n?
|
toi seul
|
3ème
|
t 2n
|
lui seul
|
PLURIEL
|
1ère
|
t 2n
|
nous seuls
|
2ème
|
t 2n
|
vous seuls
|
3ème
|
t 2n? p
|
eux seuls
|
82
Nous constatons que le pronom personnel emphatique a un
préfixe commun à toutes les personnes. Il s'agit de t 2-| qui
signifie « seul . L'exemple ci-dessous nous permettra de mieux
appréhender ces différents pronoms personnels lorsqu'ils sont
employés dans des phrases.
(63)
M ø-s 2 k h t 2nà
Je PST1-venir hier moi seul « je suis venu moi seul hier
»
Bó n? ns t 2nèp
Ils PRS-boire eau eux seul « Ils boivent de l'eau eux
seuls »
travers l'exemple employé ci-dessus, nous nous rendons
compte que le pronom personnel emphatique occupe toujours la position finale
dans la phrase kw 2. Comme autre type de pronom personnel, nous avons les
pronoms personnels réfléchis.
- Les pronoms personnels réfléchis et
réciproques
Comme les précédents, ils servent
également à renforcer le sujet mais ils se différencient
dans la mesure o l'action se rapporte au sujet. Nous en avons également
recensé six (06) tels présentés dans le tableau
ci-dessous.
Tableau 23: pronoms personnels
réfléchis
|
PERSONNES
|
PRONOMS
|
GLOSES
|
SINGULIER
|
1ère
|
mb 2nà
|
moi-même
|
2ème
|
mb 2n?
|
toi-même
|
3ème
|
mb 2n
|
lui-même
|
PLURIEL
|
1ère
|
mb 2n
|
nous-mêmes
|
2ème
|
mb 2n
|
vous-mêmes
|
3ème
|
mb 2n? p
|
eux-mêmes
|
Le tableau ci-dessus nous présente les
différentes formes de pronoms personnels réfléchis en
fonction des personnes. Nous constatons que le préfixe mb 2 qui signifie
« même » est identique partout et que c'est le radical qui
varie d'une personne à une autre. L'exemple ci-dessous nous permettra de
mieux apprécier ces pronoms personnels réfléchis dans des
constructions syntaxiques.
Dans cette sous-section, nous allons examiner ces nominaux qui
peuvent fonctionner comme adjectifs et pronoms. Essono (2000 : 325)
définit les numéraux et les interrogatifs comme « des
83
(64)
? ø-v mo n mb n
3Sg PST1-tuer enfant Poss elle-même « elle a
tué son enfant elle-même »
o ø-no ns mb n?
2Sg PST1-boire eau toi-même « tu as bu de l'eau
toi-même »
Les exemples ci-dessus indiquent que le pronom personnel
réfléchi est toujours en position finale dans la construction
syntaxique. Nous allons à présent nous intéresser au
pronom relatif dans la langue kw ?.
2.2.3.3.2. Les relativiseurs
D'après Dubois et al. (2002 :408), « les pronoms
relatifs, appelés quelquefois conjonctifs, sont les mots qui servent
à établir une relation entre un nom ou un pronom qu'ils
représentent [...] et une proposition subordonnée dite relative
qui explique ou détermine l'antécédent. » Le pronom
relatif sert alors à relier deux propositions, l'une indépendante
et l'autre subordonnée. En kw ? il est matérialisé par le
morphème j . Cela est visible à travers l'exemple employé
ci-dessous.
(65)
M ?gwé j m ø-j s ? Femme REL 1Sg PST1-voire
venir « la femme que j'ai vue est venue »
B j ø-jà?
Main REL PST1-couper « la main qui a coupée »
Ndà bé j m ø-?à?à nd t
DEM marmite REL 1Sg PRS-porter lourd « cette marmite que je
porte est lourde »
Nous pouvons également constater qu'il n'y a pas de
différence entre un pronom relatif sujet et un pronom relatif objet dans
la langue kw ?. En observant de plus près l'exemple ci-dessus, nous
constatons l'absence d'accord du pronom avec son antécédent. Nous
pouvons dire qu'il s'agit ici d'un relativiseur et non d'un pronom relatif.
2.2.3.4. Les numéraux et les interrogatifs
84
pronoms adjectivaux. Ce sont des constituants qui connaissent une
translation grammaticale ». Cette sous-section sera donc consacrée
aux numéraux ainsi qu'aux interrogatifs.
2.2.3.4.1. Les numéraux cardinaux
Le numéral cardinal permet de quantifier un substantif. En
kw ? il est invariable et toujours postposé au substantif qu'il
détermine comme l'indique les exemples après le tableau
suivant.
Tableau 24: quelques numéraux
cardinaux
NOMBRE
|
NUMÉRAL CARDINAL
|
GLOSE
|
1
|
1 ?
|
« un »
|
2
|
b?
|
« deux »
|
3
|
?j? t
|
« trois »
|
4
|
kwè
|
« quatre »
|
5
|
t
|
« cinq »
|
6
|
t h
|
« six »
|
7
|
s mb?
|
« sept »
|
8
|
fómó
|
« huit »
|
9
|
bj ?
|
« neuf »
|
10
|
m
|
« dix »
|
11
|
1? p 1 ?
|
« onze »
|
12
|
1? p b?
|
« douze »
|
20
|
? m b?
|
« vingt »
|
50
|
? m t
|
« cinquante »
|
100
|
kx
|
« cent »
|
150
|
kx ? m t
|
« cent cinquante »
|
151
|
kx ? m t 1? p 1é?
|
« cent cinquante et un »
|
1000
|
1à?
|
« mil »
|
1151
|
1à? kx ? m t 1? p 1 ?
|
« mil cent cinquante et un »
|
1200
|
?à? kx b?
|
« mil deux cent »
|
1500
|
?à? kx t
|
« mil cinq cent »
|
2000
|
?à? b?
|
« deux mil »
|
10.000
|
?à? ? m
|
« dix mil »
|
85
Le tableau ci-dessus nous permet de voir que les
numéraux cardinaux de la langue respectent la même configuration
que celle du fran ais. Cela voudrait dire qu'on part des millièmes, on
forme les centaines, les dizaines et les unités. Notons également
que peu importe la classe du nom dans la langue kw ?, il ne s'accorde pas avec
le numéral. Donc le numéral reste invariable dans toute
construction syntaxique. Nous allons illustrer ces numéraux cardinaux
dans l'exemple suivant.
(66)
? -k n 1 ?
CL3-queue une « une queue »
b-? b?
CL2-enfant deux « deux enfants »
b? -bàà ?j? t
CL2-sac trois
« trois sacs »
b -nd kwè
CL2-homme quatre « quatre hommes »
b? -?àà kx b? 1é?
CL2-animal cent deux et un « deux cent un
animaux»
|
d- 1 ?
CL5-oeil un « un oeil »
m- b?
CL6-yeux deux
« deux yeux »
b? -s fà? s mb?
CL2-houe sept « sept houes »
b? -1èlèk 1? p t
CL2-souris unité cinq « quinze souris »
|
Au vu de l'exemple qui précède, nous constatons
que le numéral cardinal en kw ? vient toujours après le nom qu'il
détermine. Et comme mentionné plus haut, le numéral
cardinal kw ? reste invariable indépendemment de son emploi dans la
langue. Nous allons maintenant nous intéresser aux numéraux
ordinaux de la langue kw ?.
2.2.3.4.2. Les numéraux ordinaux
On emploie le numéral ordinal en kw ? pour donner
l'ordre d'apparition des choses, des personnes, des évènements,
etc... dans la langue kw ?. Le tableau suivant nous présente les
numéraux ordinaux de ladite langue.
Nous constatons que comme les numéraux cardinaux, les
numéraux ordinaux occupent la position finale. L'exception est faite par
le premier et le dernier qui occupent la position initiale
86
Tableau 25: Quelques numéraux ordinaux
|
NUMÉRAL ORDINAL
|
GLOSES
|
1er
|
M b h
|
« premier »
|
2e
|
d l n b?
|
« deuxième »
|
3e
|
d l n tsj? t
|
« troisième »
|
4e
|
d l n kw?
|
« quatrième »
|
5e
|
d l n t
|
« cinquième »
|
6e
|
d l n t h
|
« sixième »
|
7e
|
d l n s mb?
|
« septième »
|
8e
|
d l n f? m?
|
« huitième »
|
9e
|
d l n bj ?
|
« neuvième »
|
10e
|
d l n m
|
« dixième »
|
11e
|
d l n ?? p ? ?
|
« onzième »
|
20e
|
d l n ? m b?
|
« vingtième »
|
100e
|
d l n kx
|
« centième »
|
150e
|
d l n kx ? m t
|
« cent cinquantième »
|
151e
|
d l n kx ? m t ?? p ? ?
|
« cent cinquante unième »
|
1000e
|
d l n ?à?
|
« millième »
|
1151e
|
d l n ?à? kx ? m t ?? p ? ?
|
« mil cent cinquante unième »
|
Le tableau ci-dessus se résume à travers la
formule o le numeral ordinal se forme à partir de d l n plus le
numéral cardinal. Mais notons également que premier et
dernier ont des formes particulières. L'exemple ci-dessous
permet de mieux apprécier ces numeraux ordinaux.
(67)
m b h ?g? f premier maïs
« premier maïs »
?w t (d l n ) t mois cinquième
« cinquième mois »
|
m? d l n b? enfant deuxième
« deuxième enfant »
|
87
dans la construction syntaxique. Notons également que pour
les mots jours, mois et années, le
morphème d l n est facultatif tel que présenté plus haut
dans notre exemple.
2.2.3.5. Les interrogatifs
Les interrogatifs (INT) sont des adjectifs ou adverbes qui
permettent de poser une question portant sur un aspect bien
déterminé du nominal. Nous avons recensé huit (08)
déterminants interrogatifs en kw ?. Ils sont tous invariables. Nous les
présentons dans le tableau ci-dessous.
Tableau 26: Interrog tifs de l l ngue
kwaì?
Interrogatif
|
Glose
|
Exemple
|
s ?
|
« combien ?»
|
k? 1èlèk s ?
C'est souris INT
« C'est combien de souris ? »
|
k
|
« quoi ?»
|
mó ø-j k
Enfant PST1-voir INT
« Qu'est-ce que l'enfant a vu ? »
k ø-pf t mbèp
Int PST1-manger viande
« Qu'est-ce qui a mangé la viande ? »
|
h?
|
« o ? »
|
b -nd h?
CL2- homme INT
« O sont les hommes ? »
|
nd k
|
« Comment ? »
|
k? nd k
C'est INT
« Comment est-ce que ça va ? »
|
1 k
|
« quand ? »
|
ó ø-s ? 1 k
tu FUT1-venir INT
« Quand est-ce que tu viendras ? »
|
n k
|
« pourquoi ? »
|
? ø-ny ? n k
tu PRS-danser INT « Pourquoi danses-tu ? »
|
wó
|
« qui ? »
|
k? wó
c'est INT
« C'est qui ? »
wó ø-pf t mb? p
Int P1-manger viande « Qui a mangé de la viande
»
|
J n
|
« quel ? »
|
j n m
INT yeux
« Quels yeux »
j n d
INT oeil « Quel oeil »
|
88
Ce tableau présente tous les interrogatifs de la langue
kw ? avec des exemples pour chaque interrogatif. Les exemples employés
dans ce tableau nous montrent que l'interrogatif en kw ? est invariable et peut
occuper diverses positions en fonction de la structure de la phrase.
Il était question dans cette sous-section de
présenter le nominal dépendant et le nominal indépendant.
Nous avons pu ressortir la structure du nominal de prime abord, ressortir la
structure tonale des radicaux du thème du nominal. Nous avons
également identifié les classes nominales et les genres o nous
avons eu six (06) classes nominales regroupées en cinq genres (à
savoir trois (03) genres réguliers et deux (02) genres
irréguliers). Comme procédés d'enrichissement de la langue
kw ?, nous avons présenté le processus de la composition, de la
réduplication et de l'emprunt que fait la langue kw ? dans d'autres
langues afin de s'approprier de nouveaux termes et enrichir son vocabulaire.
Pour ce qui concernait les déterminants ou le nominal dépendant,
nous avons mis en relief quelques déterminants de la langue kw ?
à savoir les adjectifs, les quantitatifs, les pronoms, les
numéraux et les interrogatifs.
La sous-section réservée à la morphologie
nominale étant ainsi présentée, nous
procédérons à l'étude du verbe et du syntagme
verbal dans la langue kw ?.
2.3. MORPHOLOGIE VERBALE
Ici, il sera question pour nous d'analyser le verbe kw ?. Il
est défini généralement comme un mot de forme variable qui
exprime un procès ou une action faite ou subie par le sujet. Il peut
également indiquer un état du sujet. Selon Richards et Schmidt
(2010 :625), le verbe est « a word which (a) occurs as part of the
predicate of a sentence (b) carries markers of grammatical categories such as
tense, aspect, person, number and mood, and (c) refers to an action or state
». Il sera question d'identifier, de ressortir et analyser les
différents constituants de la structure du verbe dans sa forme
infinitive, ainsi que dans sa forme conjuguée. Nous analyserons
également les différents temps, aspects, modes, les extensions
verbales et la négation en kw ?.
2.3.3. L'infinitif du verbe kwa'?
L'infinitif est l'un des modes du verbe kw ? qui exprime
l'action d'une manière indéterminée. Pour Dubois et al.
(2002 :257), l'infinitif est « la forme nominale du verbe qui exprime
l'état ou l'action, mais sans porter de marques de nombre ni de personne
. L'infinitif kw ? est composé de 2 éléments à
savoir : un préfixe verbo-nominal (ou marque de l'infinitif) qui
appartiendrait à la classe 5, et une base verbale. Nous pouvons le
matérialiser ainsi qui suit :
89
Infinitif
Préfixe verbo-nominal base verbale
Structure infinitive du verbe kwaì?
Le tableau ci-dessous présente quelques verbes à
l'infinitif o nous avons segmenté le préfixe verbo-nominal et la
base verbale.
Tableau 27: Quelques verbes à
l'infinitif
Préfixe verbo-nominal
|
Base verbale
|
Glose
|
Formule
|
|
|
|
|d -|
|
|-bé|
|
« disparaitre »
|
Préfixe verbale
|
Infinitif
=
verbo-nominal
|
+
|
base
|
|d -|
|
|-t? ? |
|
« bruler »
|
|d -|
|
|-l h |
|
« tiédir »
|
|d -|
|
|-?? ?? |
|
« ouvrir »
|
|d -|
|
|-tà?s |
|
« déranger »
|
La marque de l'infinitif ou le préfixe verbo-nominal d
-| ne varie jamais et porte toujours un ton haut. Cette marque de l'infinitif
est un verbo-nominal parce qu'en plus de matérialiser l'infinitif, est
un préfixe de la classe 5. Cette forme de l'infinitif peut être
employée dans des contextes variées et remplir différentes
fonctions :
- l'infinitif peut être nominalisé et jouer le
rôle du sujet de la phrase comme dans l'exemple suivant :
(68)
d n? s b? ??
boire eau bon « boire de l'eau est bien »
|
d jéné t ? k b? ??
Marcher seul NEG bon
« marcher seul n'est pas conseillé »
|
- l'infinitif peut être employé après
d'autres verbes et leur servir de complément ou peut également
être employé après les verbes marquant la période
d'une action comme présentée dans l'exemple ci-dessous :
d ? b |- ? b |- èb-| - « souffler »
90
(69)
Mà ? d wèlé ?g? f
Je partir semer maïs « je vais semer le maïs
»
f -? n?è d pf t mb? p
Il PST2-vouloir manger viange « il voulait manger de la
viande »
2.3.4. La base verbale
Dans les langues bantu en général, une base
verbale est constituée d'un radical auquel s'adjoint un suffixe qui peut
être grammatical ou extensif. Cette base verbale qui constitue la partie
lexicale du verbe kw ? est donc constituée de deux (02)
éléments à savoir le radical verbal et la voyelle finale.
Nous la matérialisons à travers le graphe ci-dessous :
Base verbale
Radical verbal (voyelle finale)
Structure de l b se verb le kwaì?
Le schéma ci-dessus nous a permis d'obtenir la formule
suivante.
Base verbale = radical verbal + (voyelle
finale)
Quand nous appliquons cette formule à notre corpus,
nous constatons que la base verbale kw ? est constituée d'un radical
verbal et souvent d'une voyelle finale. Nous allons illustrer ci-dessous la
structure de la base verbale kw ? avec quelques verbes.
(70)
VERBE BASE VERBALE RADICAL VERBAL VOYELLE FINALE
GLOSE
d b h -b h -b h-| - « taper »
d s ? -s ? -s ?-| - « venir »
d bé -bé |-bé| « disparaitre »
d f? l |-f? l6| |-f? l-|
|
|-6| « tomber »
|
91
Au vu de l'exemple ci-dessus, nous constatons que le radical
verbal a généralement une structure |-CVC-| et |-CV et lorsqu'il
y'a un suffixe verbal, il s'agit toujours d'une voyelle qui porte un ton
haut.
Nous allons à présent nous intéresser aux
différentes dimensions temporelles de la langue
kw ?.
2.3.5. Les différents temps et leurs marques
En kw ?, nous avons trois (03) dimensions temporelles à
savoir :
- trois (03) temps passés ; - un (01) temps présent
; - trois (03) temps futurs.
Par souci d'économie, nous utiliserons les
abréviations suivantes pour marquer nos différents temps dans nos
exemples. Il s'agit de :
PST pour le passé PRS
pour le présent FUT pour le futur
2.3.5.1. Le temps passé
Le passé tel que définit par Dubois et al. (2002
:351) est « un temps situant l'énoncé dans un moment avant
l'instant présent, avant le maintenant ». Le passé est un
temps qui vient avant le temps présent ou encore avant l'action
présente. En kw ?, nous distinguons trois (03) types de temps
passé à savoir le passé 1 (PST1) marqué par le
morphème |ø-|, le passé 2 (PST2) marqué par f -| et
le passé 3 (PST3) marqué par |l? ?|. Nous allons présenter
ci-dessous ces différentes subdivisions du temps passé.
2.3.5.1.1. Le passé 1 (PST1)
Encore appelé passé immédiat, il s'agit
de la première subdivision du temps passé. Il est
matérialisé morphologiquement à travers le morphème
zéro |ø- . On l'emploie lorsqu'on veut décrire une action
ou un fait qui a eu lieu le jour même de l'énonciation. Il ne peut
en aucun cas décrire une action en dehors de ce cadre temporel.
L'exemple ci-dessous nous permet de mieux illustrer ce passé 1 en kw
?.
(71)
92
ø-pf t mbèp m -j ? mb? p
3Sg PST1-manger viande 1Sg PST1-couper viande
« il a mangé de la viande » « J'ai
coupé la viande »
À travers cet exemple (71), il s'agit d'une action qui
a lieu le même jour de l'énonciation. Le marqueur du temps est
matérialisé toujours par un morphème zéro
|ø-|.
2.3.5.1.2. Le passé 2 (PST2)
Le passé 2 encore appelé passé
récent est employé pour des actions qui ont eu lieu il y a un ou
deux jours voire une semaine avant le moment de l'énonciation. Il ne
peut en aucun cas traduire un passé immédiat ou lointain. Il se
matérialise à travers le morphème f -|, qui porte toujours
un ton haut. L'exemple suivant va nous permettre de mieux appréhender
cela.
(72)
f -pf t mb? p b f -?w n?
3Sg PST2-manger viande 1Pl PST2-couper bois
« Il mangeait de la viande » « Nous avons
coupé du bois »
L'exemple (72) ci-dessus nous présente un passé
récent o l'action a lieu non pas le jour de l'énonciation comme
le passé 1 mais deux (02) voire une semaine avant le moment o l'on
parle. Il est toujours matérialisé par le morphème f -|
avec un ton haut.
2.3.5.1.3. Le passé 3 (PST3)
Encore appelé passé lointain, le passé 3
est matérialisé par le morphème |l? ?- . Il permet de
décrire une action qui a eu lieu plusieurs semaines, plusieurs mois
voire des années avant le moment o l'on parle. C'est le temps le plus
utilisé pour les contes et les récits. L'exemple suivant nous
donne quelques phrases o ce temps est matérialisé.
(73)
l? ?-pf t mb? p
3Sg PST3-manger viande « Il avait mangé de la viande
»
bó l? ?-j f
Enfants PST3-voir chef
« Les enfants avaient vu le chef »
|
b l? ?-?w n?
1Pl PST3-couper bois
« Nous avions coupé du bois »
|
93
L'exemple ci-dessus nous permet de voir que le morphème
du passé 3 |l? ?-| se joint comme un élément
préfixal à la base verbale afin de nous situer dans un
passé lointain. Ce morphème du passé lointain est toujours
porteur d'un ton bas.
Les divisions du temps passé ainsi
présentées, nous allons à présent nous
intéresser au temps présent.
2.3.5.2. Le temps présent
Le présent peut caractériser aussi bien le
moment de l'énonciation, le contemporain de celui-ci, ainsi que les
vérités toujours vraies, atemporelles. Pour Soh (2014 :258),
c'est « un temps du réel vécu, qui exprime le plus souvent
l'aspect perfectif ». Le présent kw ? est marqué par un ton
grammatical. Il s'agit du ton bas [ ] qui se joint au radical verbal pour
donner un ton montant lorsque le radical verbal porte un ton haut. Et, lorsque
le radical verbal porte un autre ton, il n'y a pas une manifestation
morphologique du présent. L'exemple ci-dessous nous en dit plus sur le
présent en kw ?.
(74)
d s « laver »
bó s h m -b n
3Pl PRS-laver CL4 assiette « ils lavent les assiettes
»
d nd ? « cultiver »
m nd ? ?gw? ?nà
1Sg PRS-cultiver billon
« je cultive le billon »
d t « briller »
? m t
soleil PRS-briller « le soleil brille »
d ? « empoisonner »
hèy ? ? ?? l? k heya PRS-empoisonner repas souris
« Heya empoisonne le repas de la souris »
travers cet exemple, nous voyons clairement que dans certains
cas, le ton peut avoir une fonction grammaticale comme l'illustre le
présent de la langue kw ?. Nous allons nous intéresser à
la dernière dimension du temps qu'est le futur.
2.3.5.3. Le temps futur
Selon Dubois et al. (2002 :211), le futur « est un temps
situant l'énoncé dans un moment après l'instant
présent, après le « maintenant . Donc le futur peut
être considéré comme le temps venant après le temps
présent. Dans la langue kw ?, nous avons identifié trois (03)
divisions du
94
temps futur à savoir le futur 1 matérialisé
par lé-|, le futur 2 matérialisé par |? - et le futur 3
par lé?-|.
2.3.5.3.1. Le futur 1 (FUT1)
Il est utilisé pour décrire les
évènements qui ont lieu dans la journée du jour de
l'énonciation. En kw 2, le futur proche ou FUT1 est toujours
matérialisé par le morphème |lé- tel que l'illustre
l'exemple ci-dessous.
(75)
mà lé-w 2 n tà2
1Sg FUT1-jeter banane « Je vais jeter la banane »
|
bù lé-pf t mbèp
1Pl FUT1-manger viande
« Nous allons manger de la viande »
|
|
L'exemple ci-dessus nous permet de voir que le futur 1 en
langue kw 2 est morphologiquement représenté par le
morphème lé- | qui précède toujours la base verbale
du verbe conjugué. Les évènements exprimés vont se
dérouler le jour même de l'énonciation.
2.3.5.3.2. Le futur 2 (FUT2)
Le futur 2 en abrégé FUT2, est ce type de futur
qui est utilisé pour exprimer les actions qui
vont se dérouler le lendemain du jour de
l'énonciation. Son marqueur spécifique est -| dans la langue
kw 2 tel que le démontre l'exemple suivant.
(76)
mó -?w
bó - l 2
3Pl FUT2-partir village « ils iront au village »
?
enfant FUT2-couper bois « l'enfant coupera du bois
»
Contrairement au futur proche qui est marqué par
lé-|, le futur lointain est marqué par le morphème | - en
position préfixale à la base verbale dans la langue kw 2.
2.3.5.3.3. Le futur 3 (FUT3)
Le futur incertain kw 2 ou encore indéterminé
exprime des actions incertaines qui auront lieu dans un moment
éloigné de celui de l'énonciation ou encore celui du jour
de l'énonciation. L'action n'est pas s re d'être
réalisée lorsqu'on se situe dans ce futur. Il est
matérialisé par le morphème |lé2-| tel que
présenté dans l'exemple ci-dessous.
95
(77)
m lé2-pf t n tà2 bó lé2-w 2 mb? p
1Sg FUT3-manger banane 3Pl FUT3-jeter viande
« je mangerai une banane » « ils jetteront la
viande »
travers l'exemple ci-dessus, nous constatons que le futur
incertain est matérialisé par le morphème lé2-|
portant toujours un ton haut. Il n'y a aucune certitude par rapport à la
réalisation des actions de manger une banane et de fetter
la viande.
Dans cette sous-section réservée aux dimensions
temporelles de la langue kw 2, nous avons identifié trois formes de
passé, une forme pour le présent et trois formes également
pour le temps futur. Les différents marqueurs de ces formes de temps
sont toujours préfixés à la base verbale du verbe
conjugué pour les marqueurs morphologiquement
représentés.
Nous allons nous intéresser à un autre
élément déterminant du verbe en langue kw 2 dans la sous
section suivante. Il s'agit de l'aspect.
2.3.6. L' spect en kwa'?
De manière générale, l'aspect
présente la manière dont quelqu'un ou quelque chose est
présenté à la vue. Pour Galisson et Coste (1986 :50), on
entend par aspect « les valeurs qui se rapportent à
l'accomplissement du procès, indépendemment du procès
lui-même ». Dans le domaine qui nous intéresse, l'aspect est
la manière dont une situation exprimée par le verbe est saisie
dans son développement par le locuteur. Nous pouvons classer ces aspects
en plusieurs catégories telles que présentées
ci-dessous.
- les aspects inhérents ;
- les aspects lexicalisés et grammaticalisés ; -
les aspects dérivés (du radical verbal).
Nous allons présenter tour à tour ces
différentes catégories d'aspects en prenant pour appui la langue
kw 2 qui est notre langue cible.
2.3.6.1. Les aspects inhérents
Ces types d'aspects concernent les lexèmes
indépendants qui portent en eux l'idée à exprimer. Nous
allons vous présenter ces différents aspects qui sont
indépendants du verbe kw 2. Il s'agit des aspects inhérents
dynamiques et non-dynamiques.
96
Nous allons nous inspirés du tableau ci-dessous
proposé par Nganmou (1991 :165) o sont ressorties les différentes
formes et types d'aspects inhérents. Dans ce tableau, on note deux
grandes formes (dynamiques et non-dynamiques) qui sont réparties toutes
deux en types téliques et atéliques. Ces types sont
également sectionnés en instantané et longue durée
pour chacun des types. Nous allons utiliser ce tableau afin de présenter
les verbes qui se rapportent à chaque type.
Tableau 28: répartition des aspects
inhérents
Dynamiques
|
Non-dynamiques
|
Téliques
|
Atéliques
|
téliques
|
Atéliques
|
Instantané
|
Longue durée
|
Instantané
|
Longue durée
|
Instantané
|
Longue durée
|
Longue durée
|
d ?w
« couper »
|
D kwèlé bà?à
« construire la maison »
|
d kwéhé
« tousser »
|
D v sè
« tomber »
|
d lé?
« rêver »
|
d lé
« dormir »
|
d l
« pleurer »
|
Ces différents aspects inhérents qu'on retrouve
dans le tableau ci-dessus sont également des aspects lexicalisés,
car ils sont marqués par des unités lexicales.
Concernant l'inchoatif, et le complétif qui sont
exprimés en partie par des lexèmes, nous les avons
identifiés comme des aspects grammaticalisés en kw ?. Ils sont
présentés ci-dessous.
2.3.6.2. Les aspects grammaticalisés
2.3.6.2.1. L'incho tif
Il marque une action qui va grandissante ou un état
dont le déroulement est, était ou sera encore au début. Il
s'exprime en kw ? par l'expression dIt 2I suivie de la forme
infinitive du verbe. L'exemple suivant nous permet de mieux apprécier
cela.
(78)
M nà d t? ? d b n n?
Muna INCH couper bois
« Muna vient de commencer à couper la viande
»
M nà d t? ? d pf t mbèp
Muna INCH manger viande
« Muna vient de commencer à manger les arachides
»
97
Tel que le montrent les exemples ci-dessus, l'inchoatif ne peut
être utilisé qu'au temps présent.
2.3.6.2.2. Le complétif
Le complétif est marqué par m h suivie de
la forme infinitive du verbe. Il exprime l'achèvement du
déroulement de l'évènement impliqué dans le verbe
kw 2 tel que présenté dans l'exemple ci-dessous.
(79)
mó ø-m h d ?
Enfant PST1-COMP manger « L'enfant a fini de manger
»
|
ø-m h d b n?
3Sg PST1-COMP couper bois
« il a fini de fendre le bois »
|
|
Nous constatons à travers cet exemple (79) que le
complétif dans la langue kw 2 se présente
généralement au passé 1 et porte également la
marque de ce passé. Nous allons dans les lignes qui suivent
présenter la dernière catégorie d'aspect identifiée
dans la langue kw 2.
2.3.6.3. Les aspects dérivés
Ils sont obtenus à partir de la forme du radical du
verbe. C'est-à-dire la forme du verbe non encore modifiée. Cette
forme, est encore appelée l'aspect neutre. Il n'est pas comme un aspect
en tant que tel, car dans sa définition, il peut se rattacher au
perfectif ou à l'imperfectif ou même à rien du tout, tel
que le font ressortir les exemples ci-dessous :
(80)
l? 2-?w l? 2-k -d b
3Sg PST3-couper 3Sg PST3-NEG-frapper
« il coupa » « il ne frappa pas »
mb nd f -k -d b -s 2
Si COND 3Sg PST2-NEG-frapper lui 3Sg FUT2-venir « S'il ne
l'avait pas frappé il serait venu »
Dans les deux premiers cas de l'exemple (80) ci-dessus,
l'aspect du verbe est perfectif. Pour le troisième cas, le verbe est
marqué par l'aspect imperfectif.
Nous allons à présent nous intéresser un peu
plus au perfectif et à l'imperfectif.
2.3.6.3.1. Le perfectif
Nous rappelons ici que le perfectif caractérise des
situations dont le déroulement est accompli et perçu comme un
tout global. Le perfectif est exprimé par un suffixe à ton
flottant bas qui se
travers l'exemple (82) ci-dessus, nous remarquons que le
morphème du progressif |nO-| s'insère entre le morphème du
temps et le radical verbal.
98
place immédiatement après le premier
élément du groupe verbal. Mais, avec un verbe à ton bas,
le ton du perfectif se simplifie avec celui du verbe et on n'a plus qu'un seul
ton bas. L'exemple ci-dessous nous permet de mieux apprécier cela.
(81)
l? 2 ?w n?
l? 2 ?w n?
Il PST3 couper.PERF bois « Il coupa le bois. »
|
l? 2 d b mO
l? 2 d b mO
Il PST3 frapper.PERF enfant « Il frappa l'enfant.
»
|
En observant attentivement l'exemple ci-dessus, on constate
que le perfectif est marqué dans la langue kw 2 par un ton bas [ ] qui
se joint au ton du radical verbal. Ceci entraine automatiquement une modulation
tonale au niveau du verbe qui fait l'action.
2.3.6.3.2. L'imperfectif
L'imperfectif est le second aspect dérivé de la
forme du radical du verbe. Il renseigne sur les diverses phases qui rentrent
dans le déroulement d'un évènement et considère par
conséquent une situation de l'intérieur. Il peut de ce fait
cerner le début, la progression et la fin d'une action ou d'un
état.
2.3.6.3.2.1. Le progressif
Le progressif marque les situations dont le déroulement
est en cours de réalisation. Il est exprimé en kw 2 par le
morphème |nO-|. Nous allons mieux présenter cela dans l'exemple
illustratif ci-dessous.
(82)
Heya nO-n ? b
Heya PROG.PRS.préparer couscous
« Heya est en train de préparer le couscous.
»
T t l? 2-nO-pf t mb? p
titi PST3-PROG-manger viande
« Titi était en train de manger la viande.»
|
bO nO-kép ?à?
3Pl PROG.PRS.cueillir légume
« Ils sont en train de cueillir les légumes.
»
|
99
2.3.6.3.2.2. L'itér tif
L'aspect itératif implique des évènements
récurrents. Il est marqué par ? -| qui devient dans certains cas
par le morphème k -| tel que présenté dans l'exemple
ci-dessous.
(83)
bèbèn ? -ø-b 2 n?
bèbèna ITER-PST1-fendre bois «
Bèbèna a encore fendu le bois. »
|
kàms k -pf t mb? p
kàms ITER-PRS-manger viande
« Il mange encore de la viande. »
|
Nous constatons à travers cet exemple que le
morphème varie en fonction du verbe. Nous nous rendons également
compte que ce morphème porte toujours un ton montant.
Il était question ici de présenter les
différents aspects relevés dans la morphologie verbale de la
langue kw 2. Nous avons relevé et présenté les aspects
inhérents, les aspects lexicalisés ou grammaticalisés et
les aspects dérivés. Nous allons maintenant exposer les
différents modes retrouvés dans la langue kw 2.
2.3.7. Les modes
D'après Wiesemann et al. (1983 :103), le mode «
exprime l'attitude du locuteur ou de l'agent vis-à-vis de l'action qui
se déroule . Allant dans le même sens, Nganmou (1991 :190) affirme
que le mode « exprime l'attitude du sujet parlant non seulement
vis-à-vis de l'action mais de toute situation qui se
déroule». Alors que le verbe exprime un procès qui est fait
ou subit par un sujet, le mode est donc, selon ces définitions, la
manière selon laquelle un sujet con oit et présente l'action
exprimée par le verbe.
Dans la langue kw 2, nous avons identifié quatre modes
à savoir le mode infinitif, le mode indicatif, le mode impératif
et le mode conditionnel. Nous allons exposer tour à tour ces
différents modes de la langue kw 2.
2.3.7.1. Le mode infinitif
Dans la langue kw 2, le mode infinitif est un mode non
personnel et non temporel. Il ne fait aucune allusion ni à la personne,
ni au temps, car son emploi n'est pas pertinent. L'exemple ci-dessous illustre
au mieux ce mode dans la langue kw 2.
100
(84)
d kw? ? fà? b? ?ó d ? k -b? b? ? j
Aimer travail bien voler NEG-PRS-être bon chose
« Aimer le travail est bien. » « Voler n'est pas
une bonne chose.»
d b (b? ) tà? m ? d ? ?
Accoucher (PRS-être) dur je PRS-partir couper bois
« Accoucher est difficile. » « je vais aller
couper du bois »
À travers cet exemple, nous constatons que la forme de
l'infinitif reste la même c'est-à-dire le verbe dans sa forme
canonique. Il pourrait s'agir d'une forme de nominalisation du verbe lorsqu'il
est à l'infinitif.
2.3.7.2. Le mode indicatif
Encore appelé mode réel, l'indicatif fait
référence s'inscrit dans le réalisable, donc par ce fait
s'installe dans le réel. Les différentes formes verbales de ce
mode présentent les actions ou le procès dans sa forme
réelle. Le procès peut se dérouler dans un temps
passé, être en train de se dérouler (temps présent)
ou encore se dérouler dans un avenir ou au futur. Donc, l'indicatif se
définit sur la base de trois périodes de temps : passé,
présent et futur.
Au regard des autres modes, l'indicatif serait le mode le
plus riche et varié en termes de temps. Nous avons identifié
précédemment au total trois passés, un présent et
trois futurs. Nous ne reviendrons pas sur la présentation de toutes ces
dimensions temporelles étant donné que nous les avons
déjà présentées plus haut dans la sous-section
reservée aux temps. L'exemple ci-dessous nous montre une illustration de
ce mode dans la langue kw ?.
(85)
N m ø-s ? l ?
Numa PST1-venir village « Numa est venu au village.
»
N m f -s ? l ?
Numa PST2-venir village « Numa était venu au village
»
N m lé?-s ? l ?
Numa FUT3-venir village « Numa viendra au village »
|
? s ? l ?
3Sg PRS-venir village « Il vient au village.»
T t -s ? l ?
Titi FUT2-venir village « Titi va venir au village»
|
101
Comme le montre l'exemple ci-dessus, l'indicatif regroupe
toutes les dimensions temporelles que nous avons présentées
précédemment, à savoir les temps du passé qui sont
au nombre de trois (03), le temps du présent et les temps du futur qui
sont également repartis en trois (03). L'indicatif est
matérialisé en kw ? par la réalisation ou le contenu
même de l'énoncé ; nous nous situons dans le contexte
d'énonciation qui met en exergue ce réel ou cet indicatif dont
fait mention ce mode.
2.3.7.3. Le mode impératif
Wagner et Pinchon (1962 :338) définissent le mode
impératif comme :
Un mode d'action. On ne s'en sert pas pour narrer, pour
décrire, mais pour ordonner, persuader, c'est à dire en vue de
provoquer un résultat. Son emploi est toujours motivé par un
mouvement affectif. Il implique un dialogue (réel ou fictif) au cours
duquel le locuteur cherche à agir sur quelque chose.
Ainsi défini, ce mode est l'expression de l'ordre ou du
souhait qui doit être exécuté par une personne
quelconque.
Pour l'exprimer en kw ?, la deuxième personne du
singulier, la première et la deuxième personne du pluriel sont
généralement utilisées. Le mode impératif est
utilisé dans cette langue uniquement avec le temps présent tel
que décrit dans l'exemple ci-dessous.
(86)
s ?
PRS-sortir « Sors »
b s ?
PRS-sortir « Sortons »
|
b s ?
PRS-sortir
« Sortez »
?w
PRS-couper « Coupe »
|
b ?w
PRS-couper « Coupons »
b ?w
PRS-couper « Coupez »
|
travers cet exemple, nous nous apercevons que ce mode n'est
employé qu'avec le temps présent. Dans ce mode, on enlève
le préfixe verbo-nominal pour ne garder que la base verbale. Nous
pouvons également nous rendre compte que lorsque nous nous situons
à l'impératif du singulier, c'est-à-dire la
deuxième personne du singulier, le pronom personnel n'est pas
marqué, contrairement à la deuxième et à la
troisième personne du pluriel o les pronoms personnels correspondants
sont marqués.
2.3.7.4. Le mode conditionnel
Le conditionnel fait référence à une
éventualité conditionnée. Il est matérialisé
en kw ? par le morphème |bè-| et est postposé au sujet
comme présenté dans l'exemple ci-dessous.
102
(87)
S -nà bè-d s ? mb? b ø- l ?
Ami POSS COND-venir ce que nous PST1-partir village « Si
mon ami venait nous partirions au village. »
? b? -f ? ? mà lé?-n ? k? l? ?
3Sg COND-PRS-ramasser bois je FUT3-préparer
plantain « S'il ramasse du bois, je préparerais du plantain
»
Nous constatons que le morphème du conditionnel
|bè-| reste constant avec un ton bas et est toujours suivi du verbe
conjugué.
Arrivé au terme de cette sous-section consacrée
aux modes de la langue kw ?, il en ressort de l'analyse que le kw ? a quatre
modes et c'est le mode indicatif qui est le plus productif dans cette langue,
car elle regroupe tous les temps identifiés dans cette langue. Nous
allons nous intéresser dès à présent à la
forme négative.
2.3.8. La négation
Selon Dubois et al. (2002 :334), la négation est un
« mode de la phrase de base [...] consistant à nier le
prédicat de la phrase [...] ».
Ces auteurs distinguent quatre types de phrases de base
à savoir : la phrase déclarative, la phrase interrogative, la
phrase exclamative et la phrase impérative. Étant donné
que la négation porte sur les différents prédicats de ces
phrases, nous parlerons alors de la phrase déclarative négative,
la phrase interro-négative et de la phrase impérative
négative.
Dans la langue kw ?, la négation se manifeste par la
présence du morphème k et kà et précède
toujours le prédicat. Nous allons présenter la négation en
kw ? suivant les différents modes de conjugaison que nous avons
identifiés plus haut.
2.3.8.1. L nég tion à l'infinitif
Nous avons relevé précédemment que
l'infinitif est un mode atemporel et impersonnel. La négation ici se
matérialise par k qui précède toujours le morphème
de l'infinitif ainsi que le radical verbal tel qu'exposé à
travers l'exemple ci-dessous.
(88)
d b k ? û b? ?ó d b k lé tà?
tre NEG bagarrer bien tre NEG dormir difficile
« Ne pas bagarrer est bien. » « Ne pas dormir la
nuit est difficile. »
103
Nous constatons à travers cet exemple que le marqueur
de la négation apparait toujours avant le verbe dans cette langue
2.3.8.2. L nég tion à l'indic tif
Nous avons dit plus haut que le mode indicatif est le plus
varié et riche de part les différents temps qu'il regorge.
Nonobstant le fait qu'il y ait plusieurs temps dans ce mode, la marque de la
négation est la même pour tous ces temps. Nous ne
présenterons pas toutes les constructions avec les differentes divisions
temporelles observées dans la langue kw 2. Nous n'allons retenir que
quelques uns qui nous permettront d'illustrer cette négation. C'est le
morphème k qui fait office de marque de la négation à
l'indicatif dans la langue kw 2 tel que décrit dans l'exemple
suivant.
(89)
t? ?g? k f -? b
Tongo NEG PST2-manger couscous
« Tongo n'avait pas mangé du couscous. »
m nà k ? b
Muna NEG PRS-manger couscous « Muna ne mange pas du
couscous »
M nà k l? 2-? b
Muna NEG PST3-manger couscous « muna ne mangea pas du
couscous »
|
bó k ø-? b
Ils NEG PST1-manger coucous
« ils n'ont pas mangé du couscous »
M nà k lé2-? b
Muna NEG FUT2-manger couscous « Muna ne mangera pas du
couscous »
|
|
Nous constatons que dans cet exemple, le marqueur de la
négation précède toujours le verbe conjugué au mode
indicatif dans la langue kw 2 et est le même |kí|.
2.3.8.3. L nég tion à l'impér
tif
Comme vu précédemment, l'impératif fait
référence à un ordre. Contrairement au mode indicatif, la
négation ici est marquée par kà et précède
toujours le verbe dans la langue kw 2 comme présenté dans
l'exemple suivant.
(90)
kà s 2
NEG venir
« Ne viens pas ! »
b kà s 2
Nous NEG venir
« Ne venons pas ! »
|
b kà s 2
Vous NEG venir « Ne venez pas ! »
kà ?w
NEG couper
« Ne coupe pas ! »
|
b kà ?w
Nous NEG couper
« Ne coupons pas ! »
b kà ?w Vous NEG couper « Ne coupez pas ! »
|
104
À travers une observation minutieuse de l'exemple
ci-dessus, nous constatons que le marqueur de la négation apparait en
initiale lorsque la phrase n'a pas un sujet morphologiquement
représenté. Or, lorsque la phrase contient un sujet
morphologiquement représenté, le marqueur de la négation
vient toujours après celui-ci et avant le verbe conjugué.
Au terme de l'analyse de la négation en langue kw ?,
nous avons relevé deux (02) formes à savoir k pour le mode
impératif et k pour les autres modes relevés dans la langue kw
?.
2.4. CONCLUSION
Nous avons présenté la morphologie de la langue
kw ? en deux sous-sections, en distinguant la morphologie nominale de la
morphologie verbale. S'agissant de la morphologie nominale, nous avons
décrit le nominal indépendant puis le nominal dépendant.
Nous avons dans la seconde sous-section exploré la morphologie verbale
du kw ? en faisant ressortir la structure canonique du verbe kw ?, en
présentant les différentes modalités spatio-temporelles
(Temps, Aspect et Mode) de la langue kw ?, tout en y associant l'analyse de la
négation. Ce faisant, nous avons identifié trois (03) formes de
passé, une (01) forme du présent et trois (03) formes du futur
pour ce qui est des dimensions temporelles. En ce qui concerne les aspects,
nous avons identifié principalement trois (03) types, les aspects
inhérents, les aspects lexicalisés ou grammaticalisés et
les aspects dérivés respectivement. Nous avons également
identifié le mode infinitif, le mode indicatif, le mode impératif
et le mode conditionnel qui ont chacun été associés
à l'analyse de la négation.
L'esquisse de l'analyse descriptive faite dans cette
première partie va nous aider, à la lumière des
résultats obtenus, à mener à bien la seconde partie qui
est pratique et qui porte sur le développement et la standardisation de
l'écriture de la langue.
DEUXIEME PARTIE : LES PERSPECTIVES DE LA STANDARDISATION DE LA LANGUE
KWAì?
|
106
Cette seconde partie de notre travail s'intéresse aux
perspectives de la standardisation de la langue kw ?. Elle est centrée
autour de deux chapitres. Le premier expose les préliminaires ou les
prérequis pour une standardisation de la langue kw ?. Nous allons ici
nous intéresser à la situation dialectale, à la
présence du bilinguisme, au degré de vitalité et de
viabilité de la langue, à l'attitude de la communauté
linguistique cible par rapport à la langue écrite. Nous
examinerons aussi les questions liées au choix d'un dialecte de
référence standard, à la migration de la population ainsi
que les facteurs socio-économiques qui soutiennent une langue
standardisée. Nous ferons un détour pour évaluer le test
de compréhension entre le kw ? et les parlers avoisinants et dominants.
Cette analyse nous permettra d'apprécier dans quelle mesure le processus
de standardisation de la langue kwá? peut être envisagé
sereinement. Au second chapitre, nous allons présenter l'alphabet et les
principes orthographiques pour la standardisation et la modernisation de la
langue kw ?.
107
CHAPITRE 3 : LES PRELIMINAIRES POUR UNE
STANDARDISATION DE LA LANGUE KWAì?
3.1. INTRODUCTION
Dans ce chapitre, nous présentons des
préliminaires pour une standardisation à la lumière des
travaux de Sadembouo (2001), pour transformer une langue de la tradition orale
en celle écrite. Il est également important de préciser
avec Wiesemann (1987 :1) que la standardisation d'une langue non-écrite
est un processus. Pour paraphraser Sadembouo (2001 :375), la standardisation
consiste à identifier et établir une forme unique à
l'écrit pour les parlers dont l'intercompréhension est
avérée, et qui sera la forme officielle à l'écrit
uniquement, celle qui peut être enseignée à toute personne,
locuteur ou non. D'après Akeriweh (2000 :94), nous avons quatre (04)
principales étapes de standardisation d'une langue, à savoir : le
choix du dialecte de référence, la codification,
l'élaboration du matériel didactique et l'acception de la
proposition par les membres de la communauté cible. Cependant, compte
tenu du travail qui est le n tre, nous nous limiterons à la description
des deux (02) premières étapes et les études futures
pourront se pencher davantage sur les autres aspects de la standardisation de
la langue kw ?. Nous examinerons au fur et à mesure les
différents critères proposés par Sadembouo (2001), car un
seul critère seul ne suffirait pour ériger un dialecte au statut
de standard. Nous appliquerons à nos 03 variantes principales notamment
la variante du canton Bakoua, la variante du canton Tongo et la variante du
canton Moya, quelques critères qui nous permettront éfficacement
de déterminer le dialecte de référence. Ces
critères sont fondés sur des considérations
sociolinguistiques.
3.2. PREREQUIS POUR UNE STANDARDISATION DU KWA'?
Dans cette sous-section, nous allons évaluer la
possibilité d'une éventuelle standardisation de la langue kw ? en
tenant compte des critères de vitalité et de viabilité
d'une langue sous la forme standard proposés par Sadembouo (2001). Il
s'agit des considérations sociolinguistiques, organisationnelles et
sociopolitiques (Sadembouo (2001)) telles que présentées
ci-dessous. Nous allons également nous appuyer sur les
éléments statistiques relevant du dépouillement du
questionnaire portant sur la pratique et l'usage des langues que nous avons
administré dans la communauté kw ? aux locuteurs natifs, lors de
notre descente dans cette zone, ainsi que des observations que nous avons
faites sur les pratiques et usages linguistiques durant notre séjour.
108
3.2.1. La situation dialectale
Il s'agit ici du choix d'un éventuel dialecte de
référence standard qui se base sur une certaine variation au sein
d'une même langue. Ceci est valable lorsqu'il n y a pas une certaine
homogénéité entre les différentes manières
de parler la langue par les locuteurs. Même si cela n'impacte pas sur la
communication orale, il faudrait choisir de commun accord l'un des parlers qui
sera utilisé pour la forme écrite de la langue. Il est important
de rappeler que le choix de cette variante obéit à certains
critères. Parlant de ces critères, Wiesemann et al. (1983 :142)
affirment :
Le choix du dialecte de référence peut
être fait par un individu, chercheur ou spécialiste avisé
f...]. Dans l'un ou l'autre cas, tous les dialectes de la langue sont soumis
aux critères ci-dessous. Ils sont d'inégale importance : certains
sont primordiaux c'est-à-dire nécessaires et suffisants pour un
choix judicieux et acceptable , · d'autres sont tout simplement
nécessaires et ne suffisent pas à eux seuls pour identifier un
dialecte de référence acceptable , · d'autres sont
plutôt marginaux, constituant des arguments supplémentaires pour
supporter le choix d'un dialecte.
D'après INS (2015 :48), l'arrondissement du
Nord-Makombe a une superficie de 734 km2, compte 3999 habitants avec
une densité moyenne de 7,5 habitants au km2. La langue kw ?
est parlée dans 03 cantons de l'arrondissement du Nord-Makombe, avec
chacun une chefferie de 2ème degré (Moya, Bakoua et Tongo).
Chacun des trois (03) cantons compte une dizaine de villages, mais seuls 06
villages à savoir Moya, Nkong-Bakoua, Ngoma-Bakoua, Fanda, Tongo,
Milombe et Ndoulah sont réellement pourvus d'habitats et de population
aujourd'hui tandis que les autres sont inhabités.
Lors de notre enquête dans ces différents
cantons, les personnes interrogées, soient 98% des 140 personnes
intérrogées, nous ont laissé entendre qu'il n'y avait pas
de problème d'intercompréhension entre elles. Elles nous ont
également laissé entendre que l'intercompréhension est
très forte au point o il n'est pas aisé de déterminer le
canton d'un locuteur à travers son accent. Ceci démontre que la
situation dialectale du kw ? est homogène même si on ne pourrait
pas uniquement se baser sur ce que disent les populations. Cette
homogénéité de la langue favoriserait une adoption plus
aisée d'une forme graphique par les membres de la communauté.
Ceci favorise une mise en place d'un projet de standardisation, car on
n'assistera pas à une multiplicité de formes standards
concurentes et tout locuteur se reconnaitra dans la forme écrite de la
langue.
109
En dehors du choix du dialecte de référence
standard, la standardisation d'une langue nécessite aussi une certaine
viabilité de celle-ci sous la forme standard. Il sera question ici de
voir si la langue kw ? peut être mise par écrit et adoptée
sous une forme standard par sa population. Cette viabilité obéit
à certains critères qui ne sont pas absolus et toujours pris
ensembles tel qu'exposé ci-après.
3.2.2. La présence d'un bilinguisme
Pour une langue en voie d'être standardisée, il
ne devrait pas avoir dans la communauté linguistique cible une situation
de bilinguisme social transitoire. Wiesemann et al. (1983 : 139)
définissent cette situation comme « la situation d'une langue, par
exemple A, dont la majorité des locuteurs ont appris une langue
véhiculaire, par exemple B, et utilisent cette dernière à
tel point que leurs enfants apprennent B comme langue maternelle et sont
susceptibles d'abandonner définitivement l'usage de A ». Parmi les
personnes que nous avons interrogées durant notre enquête sur le
terrain, plus de 70% (environ 98 personnes sur les 140 interviewées) ont
affirmé avoir des aptitudes à comprendre, plus qu'à parler
l'une des langues voisines qu'est le m d mb . Il est bon de noter que cette
situation de bilinguisme n'est pas une situation de compréhension
inhérente ou héréditaire aux locuteurs kw ?, mais
plutôt une situation de compréhension acquise due au contact entre
les locuteurs kw ? et les locuteurs m d mb . Donc la langue kw ? conserve
toutes ses chances de viabilité sous la forme écrite. Comme
langues étrangères présentes, nous notons une forte
utilisation du Français et quelquefois du Pidgin-English. Afin
d'apporter une clarification plus objective à cette situation, nous
ferons une analyse statistique de quelques mots des langues kw ?, m d mb et
ndà?ndà? à la suite de notre analyse.
Ce bilinguisme ne peut conduire à la disparition de la
langue kw ?. Car la communauté kw ? manifeste le désir ardent de
voir sa langue se doter d'un système d'écriture, des ouvrages
ainsi que l'insertion de celle-ci dans le système éducatif comme
des langues avoisinantes à l'instar du du l , du ndà?ndà?,
du ?àsàa et du m d mb pour ne citer que celles-ci. Il faudrait
prendre en considération également le nombre de personnes
susceptibles de parler cette langue afin de voir si elle peut être fiable
ou pas sous sa forme écrite.
3.2.3. Le nombre de locuteurs
Il est avéré que lorsqu'une langue a beaucoup de
locuteurs, elle est susceptible d'être viable sous sa forme
écrite. Ce qui suppose que les locuteurs de cette langue sont
susceptibles d'utiliser celle-ci sous la forme écrite. Parlant de ces
locuteurs, il faudrait un nombre conséquent pour que la langue cible
soit viable sous sa forme écrite. Les travaux de Wiesemann et al. (2000
:134)
110
suggèrent que le seuil de viabilité d'une langue
sous sa forme écrite est de dix mille (10.000) personnes. Mais les
mêmes auteurs pensent qu'on pourrait faire des concessions pour aller
bien en deçà de ce seuil fixé pour certaines
communautés. Ils affirment : « on peut aller bien en
deçà de ce seuil, surtout quand il s'agit d'une communauté
minoritaire qui est isolée et qui a de la peine à
s'intégrer aux autres. » Nous avons constaté que la
communauté linguistique kw ? est une communauté minoritaire et
isolée dans le département du Nkam. Malgré le fait que les
estimations de la population kw ? donnent moins de 5.000 locuteurs, ce qui est
inférieur au seuil requis qui est de 10.000 locuteurs, nous pensons
qu'il serait utile de consentir des ressources et des énergies pour
développer et par-dessus tout protéger ce patrimoine
linguistico-culturel de la communauté kw ?. Ainsi, le critère du
nombre de locuteurs ne saurait seul être un frein à la mise par
écrit de cette langue qui constitue également un
élément du patrimoine linguistique mondial. En plus, l'UNESCO
préconise la protection des minorités et souhaite que chaque
communauté ait accès à l'éducation dans sa langue
afin de rendre plus possible et plus accessible le processus de l'enseignant
apprentissage. Ne dit-on pas souvent que chaque culture exprime une
manière de voir le monde ; l'on ne saurait laisser cette vision du monde
disparaitre au grand dam d'un critère aussi primordial qu'il soit. Il
faut également souligner que la communauté doit également
être impliquée dans la promotion ou la standardisation car elle a
également son mot à dire.
3.2.4. Le besoin apparent de communication écrite
dans la langue considérée
La communauté ne doit en aucun cas être en marge
des projets visant au développement de celle-ci. Si nous
développons la forme écrite d'une langue, elle est
destinée à une communauté linguistique qui peut l'adopter
ou la rejeter. Donc dans les normes, c'est la communauté qui doit
exprimer le souhait de voir également sa langue dotée d'un
système d'écriture. Wiesemann et al. (2000 :135), nous
renseignent sur le fait que le besoin de communication écrite s'exprime
à travers certains domaines d'utilisation de la langue, et citent :
« il s'agit des domaines tels que l'éducation (formelle ou
informelle), la culture (transmise par les contes, les légendes, les
devinettes, les chants, etc.), l'information, la religion etc... Il peut aussi
s'agir de la nécessité d'améliorer et de renforcer
l'utilisation orale de la langue par les générations montantes .
À la question de savoir s'elles voudraient voir également leur
langue développée sous une forme écrite, 97% (soit 135 sur
140 personnes interrogées) ont émis le voeu de voir leur langue
développée également sous la forme écrite et
par-dessus tout enseignée dans leurs écoles comme c'est le cas
avec les langues avoisinantes. Par conséquent, les membres de la
communauté ont exprimé ce besoin apparent de voir aussi le kw ?
développé par écrit et inscrit dans les programmes
scolaires. Si nous devions nous en tenir à ce seul critère, il
n'y aurait aucune contestation de la part de la communauté kw ? de voir
leur langue avec un système de communication écrite. Tout ceci
concourt à la viabilité de
111
cette langue et permettrait également aux membres de
cette communauté d'évacuer la frustration de ne pas voir leur
langue dans leurs écoles, sachant que les langues de leurs voisins sont
mises à écrit et sont enseignées dans les écoles.
Il ne suffit pas pour la communauté d'exprimer ce besoin, mais celle-ci,
à travers ses locuteurs, doit se déployer aux côtés
des chercheurs et s'engager dans ce processus de développement de sa
langue.
3.2.5. L'eng gement des locuteurs d ns l st nd rdis tion
de leur l ngue
Un projet de standardisation d'une langue n'est pas uniquement
l'affaire des linguistes mais nécessite également la
participation des locuteurs de ladite langue. Car comme disent Wiesemann et al.
(1983 :139), la standardisation est normalement et avant tout l'oeuvre des
locuteurs et l'élite intellectuelle est le premier concerné. En
ce qui concerne les locuteurs kw ? avec lesquels nous avons
réalisé ce travail, ils sont non seulement toujours
motivés et davantage prêts à travailler. Mais aussi,
à apprendre de temps en temps lorsque nous leur offrons
l'opportunité, d'apercevoir avec un oeil de linguiste un
phénomène qu'il ne pouvait apercevoir encore moins expliquer. Ils
sont également prêts à mettre des moyens afin de
réaliser avec eux comme auteurs des manuels qui serviront à
l'enseignement apprentissage de leur langue. En plus, les chefs des
différents cantons que nous avons visités n'ont pas
hésité à nous accorder l'autorisation de mener des
recherches sur leurs territoires. Certains sont allés au-delà en
nous fournissant plus d'informations que prévues dans différents
domaines. Nous avons également eu l'approbation du chef du canton Tongo,
par ailleurs jeune intellectuel, d'être l'un de nos principaux
informateurs. Ceci est la preuve que l'engagement effectif des locuteurs de la
communauté kw ? y est pour la standardisation de leur langue. Et, cet
engagement ne peut que constituer un élément important des
critères de viabilité de ladite langue sous sa forme
écrite. Cet engagement devrait être accompagné de la mise
sur pied d'un groupe de personnes de tout bord pour réfléchir sur
les problèmes de la langue.
3.2.6. L'existence d'une gence de st nd rdis tion
Généralement appelé comité
d'étude de la langue, pour Sadembouo (2001), il s'agit d'une structure
de concertation et de coordination. Il s'agit d'une instance regroupant
certains locuteurs de la communauté et souvent des étrangers
(conseillers techniques) qui oeuvrent pour la promotion d'une
littérature écrite dans leur langue. Elle s'engage
généralement dans la production et la diffusion de la
littérature disponible dans la langue. Bref elle s'assure
également de mettre sur pied des programmes d'alphabétisation
dans leur langue pour permettre un accroissement des alphabétisés
en celle-ci. Elle est pour nos langues ce que l'académie fran aise est
pour la langue française, c'est-à-dire qu'elle veille
également au bon usage de la langue.
112
En ce qui concerne la communauté kwá?, il n'en
existe pas encore, mais 70% (soit 98 sur 140) des personnes que nous avons
intérrogées nous ont laissé entendre que l'élite
pourrait mettre les moyens en jeu pour une telle initiative. Donc cette
existance potentielle d'un comité d'étude de langue kwá?
pourrait favoriser davantage notre engagement à développer et
protéger cette langue en grand danger de disparition et surtout
constitue un critère de viabilité recherchée. Ce
critère est également validé à 97 % en ce qui
concerne le développement d'une forme écrite de la langue
kwá?. Il faudrait également que nous nous rassurions que si nous
développons une forme écrite, elle sera utilisée pour le
savoir. Il suffit simplement de s'intérroger si cette langue est
utilisée dans les activités quotidiennes des membres. Il s'agit
de la vitalité de la langue. Elle est également l'un des
critères de sa viabilité sous la forme écrite.
3.2.7. La vitalité de la langue sous la forme
écrite
La standardisation concerne également l'usage de la
langue dans les activités quotidiennes de la communauté
linguistique cible, comme l'affirme Forku Tsafack (2000:85) en ces termes :
« standardization of languages in Africa is based on the practical need of
the written form of the languages in daily life activities by the speakers.
» Nous pouvons comprendre que le projet de standardisation d'une langue
repond à un besoin pratique qui, est le développement de la forme
écrite de la langue. Cette forme écrite sera utilisée par
les populations dans leurs différentes activités quotidiennes.
3.2.7.1. L'utilis tion de l l ngue au sein de la
communauté
Dans les trois (03) cantons de la communauté
kwá? tels que mentionnés plus haut, la langue kwá? est
utilisée entre les habitations et les plantations. Elle est
également utilisée dans les différents marchés de
ces cantons, lors des cérémonies de mariage et de
funérailles, où les négociations sont faites en cette
langue, lors des rituels, ainsi que les chants. Les membres de la
communauté utilisent également leur langue pour communiquer avec
leurs ancêtres, pour régler leurs différends à la
chefferie. L'utilisation d'une langue étrangère ici est
conditionnée généralement lorsque l'un des interlocuteurs
n'est pas un locuteur de la langue kwá?. Ceci permet de voir que la
langue est utilisée dans la communauté dans leurs interactions
à divers niveaux.
3.2.7.2. L'utilis tion de l l ngue u sein de l commun
uté religieuse
Dans les différentes églises protestantes de la
communauté, le pasteur prêche généralement en
français puisqu'il n'est pas locuteur de la langue de la
communauté. Il y a généralement quelqu'un pour
interpréter en langue kwá? pour une compréhension de tous.
Dans ces églises, les chants sont exécutés en langue
duál á, en m d mb , en français et aussi en kwá?
(bien qu'ils ne
113
soient pas consignés par écrit). Les annonces de
l'église sont faites en fran ais et puis interprétées en
langue kw ?. C'est dire que même au sein de l'église, la langue kw
? est toujours employée et ceci favorise sa vitalité.
Nous pouvons également noter que Sadembouo (2019 :78)
propose des actions qui peuvent être entreprises par les chercheurs pour
donner de la vitalité aux langues en danger comme le kw ?. Il propose
entre autres une description de la langue, l'établissement d'un
système d'écriture, l'utilisation de ces langues dans les
programmes d'alphabétisation en faveur de la communauté cible, la
mise sur pied d'une littérature variée, la modernisation de la
langue ainsi que la mise sur pied d'un comité de langue. Notre travail
vise à contribuer à la vitalité de cette langue en grand
danger de disparition (Bitjaa Kody (2004)).
Pour Sadembouo (2001 :620), « il convient de conclure que
plus l'usage oral d'une langue est diversifié, étendu à
tous les domaines de la vie courante et à toutes les
générations, plus sa vitalité est assurée dans
l'avenir, comme elle l'est déjà dans le présent, et sa
viabilité garantie ».
3.2.8. Dialecte de référence pour la forme
écrite de la langue
On parle de dialecte de référence standard
uniquement dans les situations o l'on observe une variation de la langue,
c'est-à-dire un changement au niveau des parlers d'une même
langue, d'une zone (quartier ou village) à l'autre. Là, on parle
d'une absence d'homogénéité dans la manière de
parler une même langue. Ceci n'est pas le cas de la langue kw ? où
nous sommes face à une situation homogène, c'est-à-dire
que les locuteurs des 03 cantons qui constituent la communauté
linguistique kw ? parlent la langue avec très peu de variation. Brye et
Domche Teko (2000 :5), présentent un regroupement de plusieurs villages
qui parleraient le kw ?. Ils l'ont fait à travers une étude de
similarité lexicostatistique des parlers de Bakoua, de Tongo, de Mbyam,
de Bangou et de Bazou basée sur 126 mots. Ces auteurs ont fait ressortir
une matrice de similarité, et de là, deux (02) grands groupes de
langues qui se présentent ainsi qu'il suit :
114
Matrice de similarité :
A
|
kw ?
|
|
|
|
|
B
|
ngu (Tongo)
|
87, 71
|
|
|
|
C
|
Mbyam
|
41, 25
|
38, 34
|
|
|
D
|
Bangou
|
33, 96
|
33, 75
|
55, 00
|
|
E
|
Bazou
|
46, 05
|
42, 09
|
67, 09
|
62, 96
|
Kwaì? ngu Mbyam Bangou Bazou
A B C D E Des calculs se dégagent 02 grands
groupes de langues :
Groupe de 87% Groupe de 67%
Kw ? Bazou
Ngu (Tongo) Mbyam
Bangou
Pour les personnes enquêtées, il n'y a pas
d'intercompréhension entre ceux qui sont à Mbyam et ceux des
cantons kw ?. Donc le village Mbyam, malgré la proximité
géographique avec les Moya serait plus proche de l'aire
ndà?ndà? avec la forme du parler de Bazou.
Le kw ?, sur le plan lexicostatistique, est une unité
Àlangue distincte des parlers voisins, avec ses trois (03) cantons
(Moya, Bakoua et Tongo). Nous n'avons pas jugé utile de recourir encore
à la méthode de l'évaluation globale de groupe (EGG) et au
test de textes enregistrés (Recorded Text Testing (RTT)) car le statut
du kw ? avait déjà été déterminé
à travers la méthode de la lexicostatistique.
3.2.9. La migration
En plus des critères décrits ci-dessus, nous
avons également interrogé nos enquêtés au sujet de
l'intermariage, de la migration ainsi que le développement local afin de
mieux évaluer la vitalité de la langue kw ? d'une part, et un
potentiel succès de développement de la langue via un programme
d'alphabétisation de masse. En ce qui concerne les migrations, nous
avons constaté la présence d'un nombre significatif
d'étrangers venus de plusieurs autres contrées soit pour trouver
du travail à la SOPALTO (Société coopérative des
Palmeraies de Tongo) installée depuis 1994, soit pour s'installer et
travailler dans les champs à leur propre compte, car il parait que les
sols sont très fertiles par là. Nous avons rencontré
certaines personnes des régions du grand Nord Cameroun, de la
région du Nord-Ouest, des groupements de Bangangté, de Bazou, de
Nkondjock, de Bamendou
115
et de Dschang. Donc contrairement à Brye et Domche Teko
(2000 :9) qui affirment qu': « Il faut signaler qu'aucun étranger
ne vient de l'extérieur pour y rechercher un emploi », nous avons
à travers notre descente sur le terrain constaté une
présence de plusieurs personnes venues d'autres contrées plus ou
moins éloignées des cantons kw ?. Il s'agit
précisément de onze (11) personnes venant du Département
de la Ménoua à l'Ouest du Cameroun que nous avons
retrouvées chez les Milombe. Il y a en a qui sont venus du Nord-Ouest et
du grand Nord qui résident à Tongo et travaillent à la
SOPALTO située à Tongo. Un potentiel programme
d'alphabétisation (en langue seconde) de masse serait la bienvenue dans
cette communauté pour permettre d'accroitre le nombre de locuteurs et de
favoriser l'intégration linguistico-culturelle de ces étrangers.
Car ceux-ci ont également au cours de nos échanges exprimé
le désir d'apprendre à lire et à écrire la langue
de la localité dans laquelle ils se trouvent c'est-à-dire le kw
?.
3.2.10. Les facteurs socio-économiques
Dans cette sous-section, il est question d'examiner les
facteurs socio-économiques qui permettraient à travers leur
nature, une élaboration éventuelle des programmes
d'alphabétisation de masse au sein de la communauté linguistique
kw ? et en langue kw ?. Malgré l'accès difficile surtout en
saison de pluies d'un canton à un autre, il faudrait faire savoir qu'il
y a néanmoins une liaison entre les différents villages de ces
cantons. Ceci favorise l'écoulement des produits des plantations d'un
lieu à un autre. Le contact et ou les échanges avec
l'extérieur se font déjà à voiture et à
moto, indépendamment de la saison. Les échanges commerciaux se
déroulent de manière hebdomadaire entre les commer ants venus
d'ailleurs et les autochtones. Nous avons également constaté la
présence d'une grande usine de production d'huile de palme et ses
dérivés associés à sa palmeraie. Il s'agit de la
SOPALTO qui est installée à Tongo et emploie des centaines de
jeunes de la communauté et ceux venus d'ailleurs. Un potentiel programme
d'alphabétisation permettrait tant aux commer ants venus d'ailleurs
qu'aux employés de la SOPALTO de mieux échanger avec les
autochtones et faciliter leur plus grande intégration. Ce programme
pourrait permettre d'augmenter le nombre de locuteurs de la langue. Tout ceci
contribue à sa viabilité sous la forme écrite et orale.
Ici, une raison de plus d'engager ce processus de standardisation de cette
langue. Nous allons également présenter l'orientation politique
qui favorise le projet de standardisation de la langue kw ?.
3.2.11. L'orient tion politique
Le processus de standardisation et de promotion linguistique
doit être motivé par un certain nombre d'actes s'inscrivant dans
une orientation de politique générale de gestion des langues au
sein d'un térritoire. Lorsque ce n'est pas le cas, la réussite
d'un projet de standardisation est
116
hypothétique et le degré de sa viabilité
faible à cause de la peur des participants à s'y engager pour ne
pas avoir de résultats.
Au cameroun, l'orientation en matière de gestion des
langues s'entrevoit de plusieurs manières. Il s'agit entre autres d'une
déclaration politique de Biya (1987 :116) dans son célèbre
livre-programme, qui soutient la promotion des langues nationales en ces
termes, « ...au niveau ethnique, il faut encourager le
développement de toutes les langues nationales, véhicules
privilégiés des cultures ethniques. Il importe de ce fait que
chaque langue exprime la culture qu'elle véhicule... » ; Il s'agit
aussi de la loi no96/06 du 18 janvier 1996 portant revision de la
constitution du 02 juin 1972, o il est mentionné au titre premier,
article premier, alinéa 3 que : « la République du Cameroun
adopte l'anglais et le fran ais comme langues officielles d'égale
valeur. Elle garantit la promotion du bilinguisme sur toute l'étendue du
territoire. Elle oeuvre pour la protection et la promotion des langues
nationales». Il s'agit également de la loi d'orientation
no 98/004 du 14 avril 1998 de l'éducation au cameroun qui
consacre l'enseignement des langues nationales comme partie intégrante
du programme, la loi no2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les
règles applicables aux communes et aux régions, où il est
stipulé au titre III, chapitre III à la section III que la
compétence revient aux communes de gérer la culture et de
promouvoir les langues nationales. Et avec Boum Ndongo (2013) citée par
Mbongue (2019 :47), l'orientation de l'enseignant secondaire a changé
avec l'arrêté ministériel de septembre 2008, créant
au sein de l'Ecole normale supérieure de Yaoundé, un laboratoire
et un département de Langues et Cultures camerounaises.
Ainsi, tous ces choix politiques en faveur des langues
nationales ne peuvent être qu'un atout non négligeable de la
viabilité des langues camerounaises en général et de la
langue kw ? de manière particulière.
3.3. TEST LEXICO-STATISTIQUE AVEC LES LANGUES
VOISINES
Ne faisant aucunement partie des critères
susmentionnés permettant de voir si une langue est en mesure
d'être standardisée ou pas, nous avons jugé
nécessaire (constatant le niveau de familiarité que les locuteurs
kw ? ont de manière particulière avec leurs voisins nd
?ndà? de Bazou et m d mb de bangangté, peut être d à
l'exode), de faire une comparaison lexicostatistique de ces différents
parlers afin de ressortir leur niveau de similarité et de dissemblance.
Nous nous sommes limités à la comparaison du kw ? avec ces deux
langues uniquement (le nd ?ndà? et le m d mb ) d au fait du
rapprochement des locuteurs desdites langues, et aussi à cause de la
classification linguistique de celles-ci. Les autres langues avoisinantes comme
le ?àsà , le bàk koÌ, le ndeml et le tunen
principalement ne font pas partie de la même famille linguistique que le
kw ?
117
et les locuteurs desdites langues ne sont pas aussi
socialement proches de ceux du kw ?. Ceci nous permettra également de
démontrer que le kw ? est une unité-langue à part
entière vu que celle-ci est quasi-monodialectale comme nous l'avons
mentionné plus haut.
Pour y parvenir, nous sommes partis sur la base d'un
questionnaire de 200 mots dont nous avons trouvé des correspondances en
nd ?ndà?, en kw ? et en m d mb auprès de nos informateurs
(confère Annexe 3). Ces données ont été transcrites
en A.P.I car le logiciel utilisé pour l'analyse ne reconnait que les
symboles de cet alphabet.
Pour plus d'objectivité au niveau des résultats,
nous avons opté pour le logiciel COG version 1.3.2.10014 mis au point en
2018 par SIL International. Il s'agit d'un logiciel qui permet de comparer les
langues en utilisant la lexicostatistique ainsi que les techniques de la
linguistique comparative. Ce logiciel va de l'introduction des données
(input) jusqu'à l'analyse en passant par la comparaison des mots qui y
sont introduits. Pour analyser nos données utilisant ce logiciel, nous
avons la possibilité d'entrer directement nos mots dans le logiciel, de
l'importer à partir d'un fichier du logiciel wordsurv (beaucoup plus
spécialisé dans la phonostatistique afin de ressortir la distance
entre les variantes potentielles d'une même langue) ou à partir
d'un fichier Excel enregistré au format texte (.txt). Nous sommes parti
d'un fichier excel pour entrer nos données dans le logiciel. L'image
suivante présente la disposition des mots dans le logiciel Cog.
Image 1: la liste de mots à analyser dans le
logiciel Cog
À travers cette image, nous pouvons apercevoir un
tableau avec un grand titre « Word lists » qui a 4 lignes et
plusieurs colonnes. La première ligne du tableau contient les gloses des
mots transcrits, la deuxième ligne présente les mots transcrits
en langue kw ?, la troisième ligne, les
118
mots en langue m d mb et la quatrième ligne
présente les mots en langue nd ?ndà?. Nous avons un onglet sur
l'image qui nous précise que nous sommes dans le « input » du
sous-onglet « Word lists » c'est-à-dire l'introduction des
éléments à analyser. Dans cet onglet, nous avons
également divers autres éléments. L'image suivante permet
d'illustrer un autre sous-onglet.
Image 2: les détails des mots nd
?ndà?
Cette image présente le sous-onglet
dénommé « varieties ». Ici, le logiciel présente
une des langues ou variétés de langues introduites pour analyse.
Nous avons choisi au hasard ici la langue nd ?ndà? et à travers
l'image ci-dessus, on peut apprécier la segmentation avec des
statistiques faites par le logiciel. Donc, pour chaque mot, le logiciel fait
automatiquement une segmentation syllabique d'une part et d'autre part, le
logiciel présente un inventaire de tous les sons avec des
probabilités en pourcentage et des fréquences que l'on peut
observer à droite sur l'image. Nous avons également la
possibilité de ressortir les sons avec à chaque fois les
occurrences dans chacune des langues ou variétés de langue.
119
Image 3: les fréquences des segments
En observant l'image ci-dessus, nous constatons que le
logiciel fait une présentation de tous les sons
répertoriés dans les mots des 3 langues, introduits comme «
input ». Ici, nous constatons que les sons sont regroupés en
fonction de leurs caractéristiques (point d'articulation principalement)
et pour chaque son identifié, le logiciel présente le nombre de
ses occurrences dans chacune des langues concernées par l'analyse. Il
s'agit là des fréquences des segments d'après le logiciel.
Nous allons dès à présent nous intéresser au
deuxième onglet du logiciel qui concerne la comparaison
elle-même.
Image 4: la matrice de similarité sur le plan
lexicale
120
Après avoir importé la liste de mots dans le
logiciel, nous pouvons de manière automatique aligner et calculer la
similarité (lexicale ou phonétique) pour chaque paire de mots et
identifier les correspondances sonores régulières. L'image
ci-dessus nous présente la matrice de similarité lexicale entre
nos 3 langues. À travers cette image capturée du logiciel, nous
constatons que la similarité lexicale entre le kw ? et le nd
?ndà? est de 41%, et de 40% entre le kw ? et le m d mb . Nous pouvons
également visualiser par paire de langues et de manière plus
détaillée cette matrice de similarité ci-dessous.
Image 5: comp r ison entre le kwaì? et le nd
?ndà?
L'image ci-dessus présente une comparaison plus
détaillée entre deux parlers, le kw ? et le nd ?ndà?. Nous
pouvons observer entre ces deux langues une similarité lexicale de
41,05% et une similarité phonétique de 63,19%. Ces
similarités sont ressorties sur la base des comparaisons des mots que le
logiciel, en fonction des rapprochements, attribuent un pourcentage quelconque
pour chaque paire tel qu'on peut observer au bas de l'image.
121
Image 6 : comp r ison entre le kwaì? et le
màd mb
La même comparaison faite avec le m d mb , nous
constatons à travers l'image ci-dessus un éloignement entre le kw
? et le nd ?ndà?. Nous observons une similarité lexicale entre
ces deux langues qui est de 40,10% et une similarité phonétique
qui se situe à 62,98%. Nous avons également de manière
délibérée recherché la similarité entre le
nd ?ndà? et le m d mb .
Image 7: comparaison entre le nd ?ndà? et le m? d
mb
122
travers les résultats observés dans l'image
ci-dessus, nous constatons que le nd ?ndà? et le m d mb sont plus
proches par rapport au kw ?. En effet, nous observons une similarité
lexicale située à 73,74% et une similarité
phonétique qui se situe à 81,28%.
Après analyse de nos données, nous constatons
que suivant la matrice de similarité, il existe un rapprochement lexical
de 40.10% et un rapprochement phonétique de 62.98% entre le kw ? et le m
d mb . En ce qui concerne le rapprochement entre le kw ? et le nd ?ndà?,
la similarité lexicale est de 41.05% et la similarité
phonétique est de 63.19%. Cependant, force est de constater que sur la
base des données collectées, la similarité lexicale et
phonétique entre le m d mb et le ndà?ndà? est très
considérable, donc respectivement 73.74% et 81.28%.
L'analyse de ces résultats par le logiciel est
décrite suivant un graphe tels que présentés par les
images ci-dessous.
Image 8: présent tion de l' n lyse sous forme
arborescente
travers cette image, nous observons une distance entre le kw ?
et les deux autres langues. Or, ces deux autres langues semblent être
plus proches l'une de l'autre. Donc, nous pouvons à travers cette
analyse via le logiciel Cog, tirer la conclusion selon laquelle le kw ? est une
unité-langue à part entière tout comme le nd ?ndà?
et le m d mb .
123
3.4. CONCLUSION
Les résultats de nos investigations auprès des
locuteurs interrogés dans les différents cantons kw ? indiquent
que tout le monde parle quasiment de la même manière sans une
différenciation remarquable de prononciation apparente. La
compréhension et l'usage de certaines langues voisines sont le fruit
d'une acquisition et, sont limitées à ceux qui ont
été exposés à elles. L'utilisation de la langue kw
? dans la communauté religieuse, dans les activités quotidiennes
de la communauté cible, lors des cérémonies, etc., indique
qu'il y a un besoin pressant du développement de la forme écrite
de ladite langue. L'attitude de la communauté pour le
développement de sa langue est très positive malgré le
fait qu'un comité de langue n'ait pas encore vu le jour. À la
question de savoir s'ils aimeraient voir leur langue enseignée dans
leurs écoles, tous ont répondu positivement. Aussi, à la
question de savoir s'ils aimeraient apprendre à lire et à
écrire leur langue, la majorité absolue a-t-elle répondu
favorablement avec des justifications. Pour certains, ils aimeraient voir leur
langue être développée comme les langues avoisinantes, et
pour d'autres, ils aimeraient préserver et transmettre à leurs
descendants leur identité propre. À travers l'analyse
lexicostatistique réalisée avec le logiciel Cog, nous constatons
que le kw ? est très distant du nd ?ndà? et du m d mb
malgré le rapprochement des locuteurs de ces différentes
communautés linguistiques. Par conséquent, le kw ? comme les
langues voisines, gagnerait à avoir son propre système
d'écriture. Contrairement à ce que (Brye et Domche Teko (2000)
ont affirmé il y a de cela vingt (20) ans, nous pensons qu'un projet de
développement ou de standardisation serait le bienvenu afin de
préserver, conserver, promouvoir et moderniser cette langue
restée longtemps abandonnée par les chercheurs.
124
HAPITRE : ALPHA ET ET PRIN IPES ORTHOGRAPHIQUES DU
KWAì?
4.1. INTRODUCTION
Ce chapitre a pour but de faire une proposition d'alphabet et
des principes orthographiques de la langue. Bref, il s'agit d'une proposition
du système d'écriture revu du kw ?. Il est important de
préciser que notre proposition n'est pas la première en la
matière puisque Tientcheu Tchameni (2008) a fait une proposition dans le
cadre de la redaction de son mémoire de Master à
l'université de Dschang. C'est sur la base de quelques insuffisances
relevées dans ledit travail que nous nous proposons de réajuster
le système d'écriture de la langue kw ?. Notre proposition
s'appuie sur le fait que nous avons étendu notre recherche à la
morphologie. Ainsi, l'orthographe proposée tiendra pour base les
résultats tant de l'analyse phonologique que de l'analyse morphologique
afin de proposer une délimitation des mots dans la langue kw ?.
Pour arriver à un système d'écriture
acceptable et fiable, il faudrait mettre sur pied selon Wiesemann et al.
(1983:129) une graphie, c'est-à-dire un alphabet et les principes
orthographiques, une standardisation1, et une modernisation qui fait
référence à la création de nouveaux mots et de
nouvelles expressions existantes. En l'absence d'une véritable variation
dialectale, nous nous appesantirons sur l'aspect orthographique sans toutefois
mettre un accent particulier sur le choix du dialecte standard. La section
suivante porte sur les qualités d'une bonne orthographe telles que
proposées par Kay Williamson (1984).
4.2. LES QUALIT S D'UNE ONNE ORTHOGRAPHE
Selon Williamson (1984), pour q'une orthographe soit
jugée fiable et acceptable, elle devrait se conformer à un
certain nombre de principes. Il propose cinq (05) principes à savoir la
fidélité, la cohérence, la practicabilité ou la
commodité, l'harmonisation et la familiarité. Il précise
également que les deux premiers principes sont supérieurs aux
autres, mais qu'aucun des principes n'est à négliger. Ces
qualités seront quelques fois appliquées pour le système
d'écriture que nous proposons. La prise en compte de ces principes
traduirait la fiabilité et l'acceptabilité de l'orthographe de
notre langue d'étude. Dès lors, cette orthographe pourrait
être considérée comme une bonne orthographe si et seulement
si les locuteurs de la langue la pratique et l'adopte.
langue
1 Elle consiste à trouver une forme ou une
variété de la langue qui servira de norme pour la forme
écrite de la
125
4.2.1. La fidélité
Parlant du principe de fidélité, Williamson
(1984) indique qu'il s'agit de conserver le même nombre de
graphèmes que le même nombre de phonèmes identifiés.
Si l'on a identifié au préalable six (06) phonèmes
vocaliques, l'on devrait avoir également six (06) graphèmes
vocaliques de peur de se retrouver dans une ambiguité. Il
préconise également de ne pas utiliser des allophones comme
graphèmes au risque d'être redondant. Dans le cadre de la
proposition de l'alphabet kw ?, nous allons prendre en compte uniquement les
phonèmes, c'est-à-dire les sons qui se sont revélés
distinctifs dans la langue kw ? de part l'analyse de leur statut
phonologique.
4.2.2. La cohérence
Sur le plan orthographique, la cohérence renvoit
à la correspondance entre le nombre de lettres et des sons. Donc, un
symbole sera utilisé pour un son afin d'éviter
l'incohérence au niveau de l'alphabet. Car si pour un seul son, on a
deux représentations différentes, cela preterait à
confusion lors de la mise par écrit de la langue. Les mots aussi devront
être séparés selon une certaine cohérence
établie sur la base des structures syllabiques identifiées. Donc,
à partir des études descriptives faites de la phonologie, nous
allons nous baser sur la partie reservée à la syllabation pour
une meilleure délimitation des mots dans la langue kw ?.
4.2.3. La commodité
Williamson (1984) propose d'utiliser pour l'alphabet des
graphèmes ou symboles qui seront faciles à représenter par
toute personne. Ces symboles devraient être faciles à
représenter tant pour l'écriture manuelle qu'avec les machines
à écrire ou les ordinateurs. Ici, il est question de choisir pour
l'alphabet kw ? des graphèmes qui seraient facile à
matérialiser par les apprenants tant pour l'écriture manuelle que
pour la saisie des mots et ou textes à travers des ordinateurs
déjà présents sur le marché. Donc, il ne faudrait
pas que les symboles soient difficiles à matérialiser pour les
apprenants, sinon cela pourrait être un frein à la
viabilité de la langue sur le plan écrit.
4.2.4. L'h rmonis tion
Encore appelée principe de similarité
d'après Wolff (1954 :8-9), l'harmonisation exige que la proposition
d'orthographe prenne en compte les orthographes des langues avoisinantes. Ce
principe permettrait aux locuteurs en plus d'écrire leur langue,
d'écrire également les langues voisines presque de la même
manière. Étant donné que les langues voisines à la
langue kw ? utilisent les graphèmes et les principes orthographiques de
l'AGLC, nous allons également nous baser sur cet alphabet pour proposer
les graphèmes et les principes orthographiques de la langue
126
kw ?. Car ceci permettrait une certaine accomodation des
principes d'écritures sans risque majeur pour des personnes qui se
deplacerait d'une zone linguistique à une autre.
4.2.5. La familiarité
Le principe de familiarité permet de prendre en compte
les habitudes orthographiques afin de s'assurer que les principes
orthographiques proposés sont mieux adaptés par rapport à
ce qui existe déjà. Donc pour éviter un rejet d'une
orthographe par les membres de la communauté, il faudrait prendre en
compte ce qu'ils savent déjà concernant les habitudes
orthographiques. Pour ce qui est de la communauté kw ?, nous tiendrons
en compte le fait que la quasi-totalité utilise la langue fran aise
à l'écrit. Donc nous devrions en tenir compte lors du choix des
graphèmes ou lettres de l'alphabet à proposer.
4.3. L'ALPHA ET KWA'?
L'alphabet est défini par opposition à
l'orthographe comme étant : « l'ensemble des graphèmes
utilisés pour écrire une langue. Une orthographe est l'ensemble
des principes conventionnels permettant d'écrire et de lire correctement
une langue. » Tadadjeu et Sadembouo (1984 :4). Après avoir
adopté les transcriptions phonétique et phonologique pour la
représentation des sons et des phonèmes respectivement, nous
allons nous intéresser à la transcription orthographique à
des fins d'écriture de la langue kwá?. Pour qu'aucune
transcription soit acceptée par la communauté linguistique cible,
Wiesemann et al. (2000 :143) recommande de prendre en compte certaines
considérations sociologiques. Il s'agit notammment des formes de
transcriptions de la/des langue(s) étrangère(s)
déjà apprise(s) et utilisée(s) par les membres de la
communauté pour leur communication écrite. Cette
considération sociologique est également avantageuse sur le plan
pédagogique car elle faciliterait un apprentissage rapide au vu de la
maitrise de l'écriture. Pour ce qui est du système
d'écriture de la langue kwá?, nous tienddrons en compte les
habitudes d'écritures de la langue fran aise qui est en usage dans cette
communauté pour la communication écrite.
En plus des graphèmes consonantiques et vocaliques,
nous présenterons également des graphèmes tonals
étant donné le caractère tonal de la langue
d'étude.
Les symboles proposés tiennent leur origine de
l'Alphabet général des Langues camerounaises (AGLC) qui lui
également, tient son origine des alphabets grec et romain. Cet alphabet
préconise une simplification des graphes pour l'orthographe et
préconise le non marquage du ton le plus fréquent dans la langue
afin d'éviter la surcharge de l'écriture.
127
Sur la base des vérifications phonologiques que nous
avons menées au travers de l'étude de Tientcheu Tchameni (2008),
nous avons proposé l'alphabet suivant en majuscule et en minuscule.
Certains sons complexes qui ont déjà leurs équivalences
simples ne seront plus pris en compte dans l'alphabet. Ils pourraient
être enseignés comme une succession de consonnes ou voyelles. Il
s'agit des consonnes (bv, mb, nd, nj, ?g) et des voyelles (aa, ee, ,
øø, ??, uu, )
A a, B b, C c, D d, E e, ? E, ? , F f, G g, Gh gh, H h, I i, J
j, K k, Kx kx, L l, M m, N n, Ny ny, ? ?, Ø ø, ? ?, Pf pf, S s, T
t, U u, ? , V v, W w, Y y, '.
Nous aurons au total trente-un (31) graphèmes (22
consonnes et 09 voyelles). Nous avons retenu 4 tons sur les 5 identifiés
par l'analyse phonologique comme tonèmes distincts. Seul le ton haut
n'est pas marqué à l'orthographe car il est le plus
fréquent dans la langue. Cette fréquence a été
déterminée sur la base des données que nous avons
recueillies sur cette langue.
Nous avons choisi l'ordre conventionnel des graphèmes
du fran ais et de l'anglais parce que les locuteurs sont en permanence au
contact avec ces langues, d'o une familiarisation avec celles-ci. Le tableau
ci-dessous présente les symboles utilisés, leurs correspondances
graphémiques et des mots illustratifs en kw ?, avec des gloses en
français.
Tableau 29: Gr ph mes de l' lph bet du
kwaì?
Symboles utilisés
|
Graphèmes proposés
|
Illustrations
|
gloses
|
[a]
|
/a/
|
A a
|
ma
|
« je »
|
[b]
|
/b/
|
B b
|
bebè
|
« la chenille »
|
[?]
|
/?/
|
C c
|
cà
|
« la nourriture »
|
[d]
|
/d/
|
D d
|
dikambE
|
« le varan »
|
[e]
|
/e/
|
E e
|
dibele
|
« germer »
|
[E]
|
/E/
|
? E
|
tE
|
« le père »
|
[ ]
|
/ /
|
?
|
l ?
|
« la chaise »
|
[f]
|
/f/
|
F f
|
m f
|
« la feuille »
|
[g]
|
/g
|
G g
|
? g b
|
« la peau de l'animal »
|
[ ]
|
/ /
|
Gh gh
|
gh ?g? ?
|
« l'étranger, le visiteur »
|
[h]
|
/h/
|
H h
|
yehe
|
« le totem »
|
[i]
|
/i/
|
I i
|
s
|
« l'eau »
|
[?]
|
/?/
|
J j
|
jE p
|
« les légumes »
|
[k]
|
/k/
|
K k
|
k? l? ?
|
« la banane plantain »
|
128
[kx]
|
/kx/
|
Kx kx
|
dikx
|
« fuir »
|
[l]
|
/l/
|
L l
|
dil?
|
« quémander »
|
[m]
|
/m/
|
M m
|
m nd
|
« l'homme »
|
[n]
|
/n/
|
N n
|
c? b?
|
« la parole »
|
[?]
|
/?/
|
Ny ny
|
ny t
|
« le corps »
|
[?]
|
?
|
D ?
|
?gà?
|
« le possesseur »
|
[ø]
|
/ø/
|
Ø ø
|
b '
|
« l'igname »
|
[?]
|
/?/
|
? ?
|
b?
|
« ils ou elles »
|
[pf]
|
/pf/
|
Pf pf
|
pfètpf? t
|
« la mouche »
|
[s]
|
/s/
|
S s
|
s? ?
|
« la dent »
|
[t]
|
/t/
|
T t
|
n tà'
|
« la banane »
|
[u]
|
/u/
|
U u
|
? k n
|
« la queue »
|
[ ]
|
/ /
|
U
|
nù
|
« vous »
|
[v]
|
/v/
|
V v
|
v
|
« l'os »
|
[w]
|
/w/
|
W w
|
w?
|
« qui ? »
|
[j]
|
/j/
|
Y y
|
diyaa
|
« s'intensifier »
|
[2]
|
/2/
|
'
|
fà'
|
« le travail »
|
L'emploi de ces graphèmes proposés dans leurs
combinaisons pour former des énoncés nécessite
l'accompagnement d'un ensemble de règles appelées principes
orthographiques.
4.4. LES PRINCIPES ORTHOGRAPHIQUES
Il est question pour nous ici d'élaborer des principes
ou des normes de lecture et d'écriture de la langue kw 2 sur la base des
graphèmes issus des analyses phonologiques et morphologiques faites plus
haut. Pour Wega Simeu (2016 :271), « le comment lire et écrire une
langue c'est simplement ce que l'on appelle l'orthographe ». Pour une
meilleure lisibilité et une économie de formes, Wiesemann et al.
(2000) recommande d'utiliser l'écriture « script » en lieu et
place de l'écriture cursive qui ne prend pas en compte l'écriture
les formes utilisées par les ordinateurs et sont également de
plusieurs formes. Les problèmes relatifs à la mise sur pied des
principes orthographiques d'une langue sont pour Wiesemann et al. (2000 :149)
l'interprétation des graphies retenues, la neutralisation de certains
phonèmes, la délimitation du mot ainsi que l'établissement
des règles de ponctuation. Pour ce qui est de la langue kw 2, nous
n'allons pas nous intéresser à la neutralisation puisque nos
résultats ne présentent aucun cas de ce phénomène.
Alors, nous allons proposer un ensemble de règles qui permettront de
bien lire et bien écrire le kw 2. Ces principes ou
129
règles concernent les graphèmes consonantiques,
les graphèmes vocaliques et les graphèmes tonals d'une part.
D'autre part, ils (ces principes) concernent la délimitation du mot (mot
simple, mot composé et les emprunts) en contexte et en isolation et les
règles de ponctuation.
4.4.1. Principes orthographiques des tons
Tadadjeu et Sadembouo (1984 :19), en ce qui concerne le
principe de notation des tons, suggèrent de marquer trois tons,
lorsqu'on a quatre niveaux de tons ponctuels. S'agissant du ton non
marqué, il s'agit du ton le plus fréquent.
En kw ?, nous avons trois (03) niveaux de tons ponctuels
à savoir le ton haut, le ton bas et le ton moyen. Le ton haut
généralement matérialisé par l'accent aigu ( ) est
le plus fréquent et par conséquent ne sera pas marqué dans
l'orthographe de cette langue. Cette détermination de la
fréquence s'est faite par observation et par décompte des mots et
de certains textes de la langue que nous avons recueillis. Le ton bas sera
marqué par un accent grave noté ( ) et le ton moyen par une barre
horizontale notée ( ), sur le centre de la syllabe.
Concernant les tons modulés, nous n'allons pas les
dissocier en tons simples comme proposé par Tadadjeu et Sadembouo (1983)
car dans cette langue il y a des voyelles longues. Donc nous les
écrirerons tels qu'identifiées à savoir ( ) pour le ton
montant ou bas-haut et ( ) pour le ton descendant ou haut-bas. Nous illustrons
ce principe à travers l'exemple suivant :
(91)
baanz « poche »
bà? « échange »
bebè « chenille »
b l? l? « canard »
bin « danse »
dis ? « détruire »
?g? « jeu »
?gw? ? s s « lézard »
nd? ? « paresseux »
130
4.4.2. Principes orthographiques des consonnes
Les séquences de phonèmes consonantiques /mb/,
/bv , nd , ?g doivent être apprises/enseignées comme étant
une succession de consonnes étant donné que chacun de ses
graphèmes apparait déjà sous la forme simple. Mais,
lorsqu'il y a en lieu et place de la consonne orale sonore une consonne orale
sourde, la nasale qui précède celle-ci est une nasale syllabique
homorganique. Cette nasale syllabique devra toujours porter un ton bas dans
cette langue, comme l'illustre l'exemple suivant :
(91)
mbê « couteau »
nda « maison »
?g b « poule »
s « eau »
m f « vent »
? kèt « pénis »
Pour ce qui est des glides w et y, elles ont
été identifiées non seulement comme des
représentations des phonèmes u et y respectivement entre une
consonne et une voyelle contiguë ; mais aussi elles ont été
identifiées comme des phonèmes consonantiques distincts dans
cette langue. Cependant, nous proposons qu'elles soient maintenues comme telles
dans toutes les positions d'un mot. Nous illustrons ce principe à
travers l'exemple suivant :
(92)
?gw y « lion »
?kw? « quatre »
d byó?ó « s'enrouler »
d y « être abondant »
y? b « votre »
w? két « maladie »
Tout digraphe consonantique présent dans l'alphabet
proposé, étant donné qu'il ne constitue qu'une seule
unité doit être écrit et lu comme un monographe dans cette
langue. Exception faite de mb, nd, mv, ?g, ny, bv et nj qui seront
écrits et lus comme une succession de de deux monographes. Car lorsque
les deux graphèmes qui constituent le digraphe identifié sont
présents dans l'alphabet de la langue, il n'est plus nécessaire
d'introduire encore ce digraphe
131
comme un graphème qui faudra encore apprendre à
lire et à écrire. L'exemple suivant illustre quelques cas :
(93)
pfètpf? t « mouche » un seul graphème
nj « vieux » succession de n+j
?gà? « possesseur » succession de ?+g
difanda « forêt » succession de n+d
L'apostrophe doit être utilisée ici comme
graphème pour représenter la consonne glottale
généralement appelée « le coup de glotte ».
Cette consonne ne peut occuper que la position médiane et la position
finale. Dans cette langue, elle n'apparait pas en position initiale tel que
présenté dans l'exemple ci-après :
(94)
bà'à « maison »
tà'y ? « chasseur »
sufà' « houe »
4.4.3. Principes orthographiques des voyelles
Toutes les voyelles perçues comme longues comme : aa, ee,
, uu, 00, 00, sont
représentées par le redoublement de la
même voyelle dans le centre de la syllabe et doivent avoir un même
niveau tonal comme dans l'exemple ci-après :
(95)
bàà « poche »
dit « écrire »
dil « cacher »
l l « chauve-souris »
b « fant me »
dif00 « ramasser »
c « poison »
Toutes les voyelles (brèves et longues)
répertoriées et proposées dans l'alphabet de la langue
doivent être écrites et lues telles qu'elles sont
présentées dans l'exemple ci-dessous. Ce qui signifie qu'un signe
ou symbole pour être le reflet d'un seul son et un son doit pouvoir
être matérialisé par un seul symbole ou signe.
132
(96)
k? l? ? « banane plantain »
yehe « totem »
fi « pus »
t « marché »
su « soupe »
s?? « scie »
nyàà « animal »
Toutes les voyelles perçues comme étant longues
doivent être à un même niveau tonal. Ces voyelles longues
n'admettent pas de tons complexes ou modulés, c'est-à-dire que
chacune des voyelles doit avoir le même ton simple comme
présentées dans l'exemple suivant :
(97)
bàà « sac »
dit « écrire »
dil « cacher »
l l « la chauve-souris »
4.4.4. Principes de délimitation des mots
Après avoir établit l'alphabet de la langue, le
problème crucial reste celui de la délimitation du mot. Wolff
(1954:17) cité par Williamson (1984) le dit si bien lorsqu'il affirme:
« the most difficult problem remaining after the alphabet itself is made
is the problem of what can be, or cannot be, written as a word ». Il est
d'autant plus difficile dans la mesure o si un texte qui est écrit en
français est demandé à six personnes de le traduire et
écrire en kw ?, on aura une représentation de mot à mot
comme dans le texte de départ. Il serait impossible de présenter
convénablement et justifier les règles qui couvriraient toutes
les possiblités concernant la délimitation. Dès lors,
plusieurs règles de délimitation des mots seraient alors
arbitraires. Il serait important de mettre de coté le principe selon
lequel si une langue X a 10 lettres, l'autre devrait avoir automatiquement le
même nombre de lettres. Ceci viole le principe de fidélité
tel qu'énoncé plus haut.
Ici, il s'agit des règles de délimitation et
d'écriture des mots proposées pour l'orthographe de la langue kw
?. Le mot en lui-même n'est pas toujours facile à définir
et peut varier d'une langue à une autre. Pour Wolff (1954), le mot peut
être défini comme « a unit consisting of one or more sounds
which can stand alone ». Donc si nous avons un élément qui
ne saurait rester seul mais qui
133
se combine toujours avec un autre element, il ne serait pas un
mot mais plutôt un affixe. Mais, Wiesemann et al. (1983 :151,152)
proposent une pléthore de critères permettant de comprendre ce
qu'est le mot. Nous allons nous fonder sur ces critères et sur les
résultats de nos analyses morphologiques pour proposer ce qui doit
être considéré comme mot dans la langue kw ?. Le mot
phonologique sera à la base de la délimitation du mot
orthographique dans cette langue. Le mot orthographique, est une
séquence de graphèmes sémantiquement autonome et comprise
entre deux espaces (blancs sémantiques) dans un texte (Bebiné
(2018 :105). Nous distinguerons principalement parmi les mots orthographiques,
les nominaux et les verbaux issus de nos résultats morphologiques.
4.4.4.1. Les nominaux
Les règles que nous allons établir vont
concerner tour à tour les substantifs dans leur forme canonique et
dérivée, les déterminants, les procédés de
formation de nouveaux mots (composition, réduplication et emprunt) ainsi
que les classes nominales.
4.4.4.1.1. Les substantifs canoniques et
dérivés
Dans cette langue, qu'il ait une forme canonique ou
dérivée, le substantif présente une même structure
en kw ?. Le substantif est composé d'un préfixe et d'un
thème. On ne saurait dissocier ce préfixe du thème. Donc,
les deux (02) mis ensembles vont constituer un mot orthographique dans la
langue comme l'illustre les exemples suivants :
(99)
b -nd b nd « homme »
m-? m? « enfant »
di-kaha dikaha « aisselle »
ø-?gà?gà ?gà?gà «
araignée »
4.4.4.1.2. Les déterminants
Dans la langue kw ?, seul le possessif s'accorde avec le
substantif auquel il s'associe. Les autres déterminants dans cette
langue restent invariables peu importe le nom qu'ils déterminent. Ces
déterminants peuvent être séparés du nom par un
autre élément. Ceci nous permet de dire que les
déterminants ne sont pas des affixes. Nous proposons de séparer
le déterminant kw ? du substantif afin d'en faire deux (02) mots
phonologiques distincts bien que ces déterminants soient
dépendants du substantif. Nous l'illustrons à travers l'exemple
ci-dessous :
134
(100)
b l? l? nà « mon
canard » b l? l? m? nà « le canard
de mon enfant »
b nd b? « deux hommes
»
nda m? « cet enfant
»
mb hi ?g? fu « premier
maïs » mb hi le' ?g? fu « premier jour
du maïs »
4.4.4.1.3. Les procédés de formation de
nouveaux mots
Nous allons ici nous intéresser aux mots
composés, aux mots redupliqués et aux emprunts en kw ? afin de
délimiter ce qui peut être considéré comme mot
orthographique dans cette langue.
4.4.4.1.3.1. Les mots composés
Les mots composés dans cette langue vont consister
à juxtaposer deux mots indépendants dans la langue pour avoir un
nouveau mot. Lorsque cette combinaison n'enfreint pas à la combinaison
identifiée dans la morphologie, ce composé devrait
s'écrire sans espace, c'est-à-dire en un seul mot tel que
présenté dans l'exemple ci-dessous :
(101)
k « haricot » mikèt « blanc (homme) »
k mik t « riz »
nda « maison » ?gw?' « termite »
nd??gw?' « termitière »
bàà « sac » nji « tissu »
bàànji « la poche »
dif n « vendre » mb?p « viande » f n
mb?p « le boucher »
4.4.4.1.3.2. Les mots redupliqués
Il s'agit ici d'une répétition partielle ou
totale de la forme de base d'un mot pour en former un autre. Comme dans le cas
des mots composés, les mots rédupliqués n'enfreignent pas
les règles et, nous allons considérer cette combinaison comme un
seul mot dans la langue kw ? comme illustré dans l'exemple ci-dessous
:
(102)
b? b? « bêtement »
n? n? p « entre eux »
mb 'mb ' « l'aube »
135
4.4.4.1.3.3. Les mots empruntés
Dans la langue kw ?, les mots empruntés que nous avons
observés respectent la structure morphologique de cette langue. Ils
s'adaptent également en fonction du système phonologique de la
langue. Nous pouvons alors les intégrer comme mot orthographique dans
cette langue puisqu'ils n'enfreignent aucune règle. L'exemple ci-dessous
nous permet de mentionner quelques uns de ces mots empruntés et
intégrés dans la langue kw ?.
(103)
k?bàs « l'armoire »
hamà « le marteau »
?gub « la chaussure »
s njà « le pagne »
4.4.4.1.4. Les classes nominales
Étant donné que cette langue est une langue
à classe comme de nombreuses autres langues bantu, nous nous devons de
proposer une manière ou un principe d'écriture des
différents préfixes de classe que nous avons pu identifier dans
la langue. Il s'agit en d'autres termes de la délimitation du
préfixe qui marque l'accord dans la langue. Nous proposons que ce
préfixe de classe soit lié avec la base nominale comme
illustré dans l'exemple suivant :
(104)
di+kaha dikaha
CL5 aisselle aisselle
b +?gwé b ?gwe
CL1 femme femme
nd+e' nde'
CL6 jour jours
4.4.4.2. Les verbaux
Ici, nous nous intéresserons uniquement aux
règles d'écriture et de délimitation des verbes à
la forme fléchie. Les verbes à la forme infinitive sont
considérés comme des verbo-nominaux et par
136
conséquent, sont régis par les règles des
nominaux canoniques vus plus haut. Par conséquent, nous allons nous
intéresser au verbe conjugué.
4.4.4.2.1. Les marqueurs spatio-temporels
Nous allons nous intéresser ici à la
délimitation du marqueur du temps, du mode et de l'aspect dans la langue
kwa'. Les morphèmes qui représentent les temps, les aspects et
les modes devront être rattachés au verbe dans la phrase comme
illustré dans l'exemple ci-dessous :
(105)
N m f -s ? l ?
Numa PST2-venir village « Numa était venu au village
»
? bè-ø-f ? ? mà lé?-n ? k? l? ?
il COND-PRS-ramasser bois je FUT3-préparer
plantain « S'il ramasse du bois, je préparerais du plantain
»
4.4.4.2.2. Les marqueurs de la négation
Dans cette langue, nous avons relevé deux (02) formes
de la négation et ce dépendemment du mode : il s'agit de
kà pour le mode impératif et de kí pour les autres modes
identifiés. Nous proposons d'écrire toute la particule marquant
la négation et de manière séparée comme un mot
distinct des autres mots de la phrase. Ceci est illustré à
travers l'exemple suivant :
(106)
d b k lé tà?
tre NEG dormir difficile
« Ne pas dormir la nuit est difficile. »
M nà k l? ?-? b
Muna NEG PST3-manger couscous « muna ne mangea pas du
couscous »
kà s ?
NEG venir
« Ne viens pas ! »
137
4.3.5. Principes de ponctuation
On appliquera dans cette langue les mêmes conventions de
notations de ponctuation comme dans les autres langues notamment les langues
indo-européennes et les langues bantu. On utilisera les marques de
ponctuation telles que :
- le point (.) pour matérialiser la fin d'un
énoncé ;
- la virgule (,) pour distinguer à l'intérieur de
la phrase des mots ou prépositions utiles de
séparer, pour marquer la pause ;
- le point-virgule (;) pour séparer deux
éléments de la phrase indépendants grammaticalement
mais ayant une liaison logique ;
- les deux-points (:) pour introduire une
énumération, une explication ou une citation ;
- le point d'interrogation ( ?) pour marquer une question ;
- le point d'exclamation ( !) pour les interjections et les
phrases émotives ;
- les guillemets (« ») pour isoler un mot à
l'intérieur d'un énoncé ;
- les majuscules seront employées en début de
phrase, en position initiale des noms propres
de personne, des toponymes et de nationalité ;
Ces principes relatifs à la ponctuation sont mis en
valeurs dans le texte illustratif que nous avons annexé (cf. annexe 2)
à ce travail pour évidemment matérialiser l'orthographe de
la langue kw ?.
4.5. DE LA VIA ILIT DE L' RITURE STANDARD DU
KWÁ?
Il s'agit de présenter des actions de
post-standardisation pour établir et maintenir véritablement la
standardisation du kwá?. Ceci va de la mise sur pied d'un comité
de développement de la langue à la détermination de son
fonctionnement en passant par ses fonctions. Il y est question de prendre en
compte la question de la nécessité de la modernisation du stock
lexical de la langue (par le recours aux principes énoncés en
2.2.2.). Pour ce faire, plusieurs facteurs sociopolitiques devraient être
pris en compte pour favoriser ou accompagner ce processus de maintien
véritable du projet de développement de la langue sur le plan de
l'écrit.
4.5.1. De l mise sur pied d'un comité de l ngue :
sa fonction et son fonctionnement
Il s'agit d'une structure d'encadrement qui sera mise sur pied
ayant la responsabilité de mener à bien le programme de
développement de la langue kwá? sur le plan écrit. Cette
structure qui pourrait être dénommée comité de
développement de la langue kwá? serait constituée
des
138
membres actifs et engagés de la communauté, des
ressortissants de tous les groupements qui parlent la langue, des
ressortissants de toutes les sensibilités sociales.
Ces membres constituent le personnel qui sera en charge de la
production du matériel écrit notamment
l'abécédaire, le présyllabaire, le syllabaire, le
post-syllabaire, le manuel de transition, le lexique bilingue de base, le guide
orthographique, le manuel de grammaire, etc... ou la création d'un
environnement lettré en langue kwa'. Cette promotion de la
littérature passe par une production régulière et
variée tout en encourageant les nouveaux lettrés à plus de
productions, dépendamment du sujet traité. Ceci implique la
nécessité, telle que proposée par Sadembouo (2001 :660),
« de créer un cadre de communication écrite
régulière tel qu'un journal local en langue maternelle. ».
La formation des formateurs pour les programmes d'alphabétisation dans
la communauté linguistique kwa' devra être axée sur
l'initiation à la lecture et à l'écriture de la langue
kwa', sur les différentes techniques développées pour
l'enseignement/apprentissage de cette langue, ainsi que sur l'initiation
à l'utilisation du matériel développé.
Après cette présentation de la fonction et du
fonctionnement d'un comité de développement de la langue kwa', il
est nécessaire de questionner la modernisation du stock lexical de la
langue, qui est un autre défi auquel les membres du comité de
langue seront confrontés.
4.5.2. De la nécessité de la modernisation
du stock lexical de la langue
Il s'agit ici de favoriser l'enrichissement du lexique de la
langue kwá'. Ceci devra se faire par les membres du comité de
langue, en prenant en compte les processus d'enrichissement de la langue. Il
s'agit de trouver des équivalents dans la langue kwá', des termes
présents dans nos langues officielles. Manifi (2013 :116) distingue deux
sortes de termes auxquels il est important de trouver des équivalents :
il s'agit des termes nécessitant une recherche terminologique et ceux
nécessitant une création lexicale. Concernant les termes qui
nécessitent une recherche terminologique, il s'agit des termes propres
à la langue qui sont restés longtemps sans être
utilisés ou qui sont utilisés à une fréquence
très basse. Il peut également être question de donner de
nouveaux sens à certains termes déjà présents et
connus dans la langue. Pour ce qui est de la création lexicale, il
existe plusieurs procédés qui permettent de trouver des
équivalences. Nous pouvons procéder par l'innovation
sémantique, par l'innovation lexicale et par l'emprunt. Parlant de
l'innovation sémantique, cela pourrait se faire en langue kwa' par
extension ou par restriction des termes à y introduire. Et pour ce qui
est de l'innovation lexicale, la composition et la dérivation sont des
principaux processus qu'il faudrait prendre en compte à ce niveau.
Étant donné qu'aucune langue ne se passe de l'emprunt, car
celui-ci participe de l'adoption des mots des langues
139
étrangères dans la langue kwa'. Ceci favorise la
création des néologismes dans la langue. Donc les membres du
comité de langue auront la responsabilité de favoriser
l'intégration des nouveaux termes dans leur langue.
Ceci permettrait à cette langue d'exprimer les
réalités d'autres cultures, d'intégrer des concepts venus
des progrès scientifiques et technologiques, de développer des
vocabulaires spécialisés c'est-à-dire de développer
un lexique pour le domaine de la santé, de l'éducation, de
l'économie, de la justice, de l'agronomie etc. Tout ceci participe
à la modernisation de la langue c'est-à-dire à
l'expression des concepts modernes par la langue.
L'effectivité de toutes ces actions de la
viabilité de l'écriture de la langue kwá? repose sur
certains facteurs sociopolitiques qu'il faudrait prendre en compte.
4.5.3. Les facteurs sociopolitiques à prendre en
compte dans une post-standardisation
La prise en compte des facteurs sociologiques implique la
considération du fonctionnement des comités des langues
standardisées voisines. Ceci permettra de retenir les points forts qui
favorisent le développement de ces langues. Elle permettra
également de s'inspirer du modèle d'organisation et de
fonctionnement de ces comités de langues voisines. Il est
également à noter que le développement de la langue kwa'
pourrait favoriser l'augmentation du poids économique de cette
communauté linguistique, grâce aux recettes issues de la vente du
matériel développé et produit, et grâce à
l'organisation des classes d'alphabétisation fonctionnelle.
Pour y parvenir, les membres de la communauté
regroupés en comité de développement de la langue doivent
se faire accompagner par les pouvoirs publics. Sur la base de l'orientation
politique développée au chapitre 3 concernant les
prérequis pour une standardisation, plusieurs textes de lois,
décrets et arrêtés favorisent cette implication du
politique dans le maintien de la standardisation de la langue kwa'. Donc, les
membres du comité de langue doivent émettre sans cesse le voeu
d'être soutenus par leur collectivité territoriale
décentralisée et les élus locaux de manière
particulière dans leurs différentes activités de
développement de la langue. Ces membres-là doivent
également s'approcher des instances éducatives pour solliciter
l'introduction de leur langue dans le système éducatif, d'o le
rôle prépondérant du politique dans le maintien et la
sauvegarde du programme de standardisation de la langue kwá?.
140
4.6. CONCLUSION
Il a été question dans ce chapitre pour nous de
proposer un alphabet et des principes de lecture et d'écriture de la
langue kw ?. Nous avons au préalable présenté les cinq
(05) principes proposés par Williamson (1984) qui fondent une bonne
orthographe. La fidélité, la cohérence, la
commodité, l'harmonisation et la familiarité de l'orthographe
sont ces principes en question. Sur la base des vérifications
phonologiques, nous avons obtenu trente-un (31) lettres ou graphèmes et
(04) tons tenant en compte des prononciations phonétiques. Ces
graphèmes ont été proposés suivant les
graphèmes de l'AGLC. En nous basant sur les habitudes scripturales des
locuteurs kw ?, nous avons proposé l'ordre des lettres de l'alphabet
fran ais et anglais auxquels ils sont familiers. Nous avons
élaboré et proposé des principes orthographiques
basés sur l'analyse phonologique et sur l'analyse morphologique, qui
s'accommodent aux systèmes orthographiques de plusieurs
communautés linguistiques au Cameroun. Ce système orthographique
prend en compte la délimitation du mot dans la langue kwa'. Au vu de
cela, nous avons identifié quelques facteurs sociologiques et politiques
devraient être pris en compte pour le suivi et le maintien d'une bonne
orthographe qui passent par une mise sur pied d'un comité de langue et
une nécessité de la modernisation du lexique de la langue. En
d'autres termes il s'agit des actions post-standardisation qui garantiraient la
viabilité de la langue kwa' sur le plan écrit. Donc un projet de
standardisation se doit d'être maintenu et suivi afin de garantir la
pérennisation du processus de développement de la langue.
141
ON LUSION G N RALE
In fine, il a été question dans notre travail de
faire un pas vers la standardisation de la langue kw ?, partant d'une esquisse
morphologique. Pour y parvenir, nous avons proposé quelques principes
qui permettront aux locuteurs kw ? de lire et d'écrire correctement leur
langue. Nous sommes parti sur une base de la méthode structuraliste qui
est descriptive et explicative. L'objectif principal de ce travail était
d'étudier les éléments distinctifs et ceux significatifs
afin de jeter les bases d'une standardisation.
En ce qui concernait l'analyse des unités distinctives,
nous avons mené une analyse paradigmatique pour en distinguer les
phonèmes (consonnes, voyelles et tons) des allophones et l'analyse
syntagmatique nous a permis de déterminer les différentes
structures syllabiques ainsi que les combinaisons possibles que l'on peut
obtenir à partir des phonèmes retenus. La vérification de
l'analyse paradigmatique nous a permis d'en ressortir cinq (05) tonèmes,
seize (16) phonèmes vocaliques et vingt-sept (27) phonèmes
consonantiques. Parlant de l'analyse syntagmatique, nous avons ressorti les
syllabes de types monosyllabiques (V, CV, CVC, ), dissyllabiques (
CV.CV, CV.CVC,
CVC.CV, CVC.CVC, CVC.V, .CVC) et les
trisyllabiques (
CV.CV.CV, CV.CVC.V,
CV.CV.CVC,
CVC.CV.CV) et les tétrasyllabiques
(
CV.CV.CV.CV,
CVC.CV.CV.CV.). Nous avons
également ressorti une distribution des tonèmes avec les
monosyllabes, une distribution de la nasale homorganique et une distribution
des voyelles et consonnes présentées dans des tableaux.
L'analyse des unités significatives a porté sur
une esquisse de la morphologie nominale et verbale. Parlant de la morphologie
nominale, l'analyse nous a révélé que le nominal
dépendant kw ? est constitué d'un préfixe et d'un radical.
Le préfixe marquant généralement le singulier ou le
pluriel, donne lieu aux classes nominales. Nous avons fait ressortir six (06)
classes reparties en cinq (05) genres (trois (03) genres reguliers et deux (02)
irreguliers). En ce qui concerne le verbe, nous avons relevé que
l'infinitif kw ? est composé d'un préfixe verbo-nominal
invariable d -| et d'une base verbale. Pour ce qui est de la base verbale, elle
est constituée d'un radical verbal et d'un suffixe verbal qui,
généralement est une voyelle. La langue kw ? comporte sept (07)
temps verbaux à savoir trois (03) passés, un (01) présent
et trois (03) futurs. Nous avons pu inventorier trois (03) catégories
d'aspects (inhérents, lexicalisés ou grammaticales et
dérivés) qui se répartissent en deux (02) groupes dont les
perfectifs et les imperfectifs. Quatre (04) modes ont été
identifiés. L'infinitif qui est atemporel et impersonnel, l'indicatif,
l'impératif et le conditionnel. Les marques de négation qui sont
au nombre de 02 (deux) à savoir k - et k -| ont été
relevées pour les modes infinitif, indicatif et impératif.
142
L'analyse des bases pour une standardisation a indiqué
une homogénéité dans la manière de parler des
locuteurs des différents cantons de la communauté kw ?.
L'utilisation forte remarquable de la langue kw ? quotidiennement dans leurs
activités et le voeu exprimé par les membres de la
communauté kw ? de pouvoir apprendre à lire et à
écrire leur langue et de voir celle-ci enseigner dans leurs
écoles comme les langues voisines est significative pour
développer un système d'écriture de cette langue. Une
proposition d'alphabet a été faite. Pour faciliter une meilleure
écriture et lecture, nous avons proposé quelques principes
tonals, vocaliques, consonantiques et les principes de mots et phrases. En plus
de cela, nous pouvons ajouter l'impérieuse nécessité de
standardiser cette langue au regard de certaines critères qu'elle ne
respecte pas. Car il s'agit d'une des actions encouragées par l'UNESCO
pour la promotion de la diversité linguistique et le multilinguisme.
En dépit de la nature scientifique de ce travail, il
s'agit juste d'un pas vers la standardisation au travers d'une esquisse de la
morphologie de la langue.
Nos conclusions pourront faire l'objet d'une analyse plus
approfondie de la morphologie (nominale et verbale) de certains points comme le
groupe verbal, les extensions verbales et bien d'autres qui n'ont pas retenu
notre attention. Aussi, l'analyse générative et autosegmentale de
la tonologie et la morphophonologie pourront-elles contribuer de manière
éfficiente à une orthographe complète de la langue
kwa'.
D'autres recherches sont aussi très attendues dans la
standardisation, car elle est un processus qui se doit d'être suivi de
bout en bout et graduellement. Notons également que cette recherche
n'est pas uniquement une contribution pour la langue kwa' mais une contribution
pour l'étude des langues camerounaises en général.
143
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146
ANNEXES
1- Guide d'entretien
hème vers une standardisation du kw ? d'une
esquisse morphologique à l'orthographe
GUIDE D'ENTRETIEN
I- IDENTIFICATION DU REPONDANT
1. Sexe
2. Age
3. Lieu de résidence actuel:
village/ville/canton/quartier
4. Profession
5. Niveau d'instruction
? Non scolarisé
? primaire
? Secondaire
? secondaire
? universitaire
6.
|
Langue maternelle du
père variante village
|
|
|
7.
|
Langue maternelle de la
mère variante village
|
|
|
8.
|
Langue maternelle de l'époux (se)
variante village
|
|
|
|
II-
|
QUESTIONNAIRE
|
|
|
1.
|
Saviez-vous qu'on peut lire et écrire en langue kw '?
|
oui
|
non
|
2.
|
Avez-vous déjà appris à lire et à
écrire en langue kw '?
|
oui
|
non
|
3.
|
Aimeriez-vous lire et écrire en cette langue?
|
Oui
|
non
|
|
Pourquoi?
4.
147
Avec les personnes de quels villages parlez vous et vous
comprenez mutuellement sans difficultés ?
5. Souhaiteriez-vous que votre langue soit enseignée dans
vos écoles? Oui Non Et à défaut de votre
langue, quelle(s) autre(s) langue(s)
camerounaise(s)
6. Votre langue n'est pas parlée de la même fa on
dans tous les villages o les gens se comprennent : la variante de quel(s)
village(s) peut-on choisir pour écrire les
livres ?
7. Quelle est la 2è variante qu'on peut
choisir et qui peut aussi arranger tout le monde ?
148
2- Illustr tion de l'orthogr phe et des principes
orthographiques
a- Texte 1 : conte 1
Le texte que nous présentons ci-dessous est un extrait
d'un conte recueilli auprès d'un informateur kwa'. Il nous permet ainsi
de nous exercer tout en montrant aux autres comment écrire et lire la
langue kwa' en respectant les règles proposées.
Dans notre texte, la présentation est de mise. La
première ligne est la transcription phonétique, la
deuxième ligne est la transcription phonémique, la
troisième correspond à la forme orthographique et la
dernière est une traduction littérale. La traduction dynamique
sera donnée en un bloc de texte à la fin.
nsi
|
sùhû
|
mb5
|
lû
|
mbj-ép]
|
nsi
|
sùhû
|
mb5
|
lû
|
mbj-ép /
|
nsi
|
sùhu
|
mb3
|
lû
|
mby-ép.
|
eau
|
se laver
|
avec
|
mari
|
poss pl.
|
[J5mk tt] /j 5mkùtt/ Y5mk tt Conte
[ 15rj mb 5-rjkh ti rjg5 tsjkt]
/15rj mb 5-rjkh ti rjg5 tsjkt/
c3rj mb 5-rjkh u rjg5 tsyct
Histoire pl.enfant fille trois
[mb 5-rjkh rjg5 tsjkt yô m è
/ mb 5-rjkh rjg5 tsjkt yô mè
Mb 5-rjkh u rjg5 tsyct ghô m è
pl.enfant fille trois partir prep
[rjkû mè nsi b5 j 66
mbàrjmbi]
/rjkû mè nsi b5 j 66
mbàrjmbi/
IJkû mè nsi b m jøø mb
àrjmbi
Arrivés prep eau ils voir noix de
palmiste
[ji b5 1 b é sG?û mbé
nsi]
/ji b5 1 b é sG?û mbé
nsi/
yi
b m 1 cbc su?u mbé nsi.
Rel on presser verser côté eau
149
[mbèwôlô l 3 h 3 j i
lùhù nd3 i tf a m mb àr j]
/mbèwôlô l 3 h 3 j i
lùhù nd3 i tf a m mb àr j/
Mbèwôlô l 3h 3 yi
lùhù nji c a m mb àr j.
Chacune prendre poss pierre prep casser
palmiste
[kittx? sq mb 3 mbyànd36 b 3 tf a m pf3 t3 ? mb
àr j]
/ kittx? sq mb 3 mbyànd3 t b 3 tf a m pf3 t3 ?
mb àr j/
Kitu'so mb 3 Mbyànju b 3 c am pf3 t3' mb
àrj
Kitouseu conj. Mbiandju elles casser rond
palmiste
[mb a fÉ lû mbj-ép]
/mb a fÉ lû mbj- 43/
mb a fe lû mby-ép
Conj. donner fiancé poss pl.
[j àrjg 3 tf a m mbi pf3 t3 ? mb àrj ki
pfitt]
/j àrjg3 tf a m mbi pf3 t3 ? mb àrj ki
pfitt/
Yârjg 3 c am mbi pf3 t3' mb àrj ki
pfut
Yango casser poss rond palmiste conj
manger
[kittx? sq mb 3 mbyànd36 b 3 pftxl É
mbà kétmbi mb àr j]
/kittx? sq mb 3 mbyànd36 b 3 pftxl É
mbà kétmbi mb àr j/
Kitu' so mb 3 Mbyànju b 3 pfulc mbàket
mbi mb àrj
Kitouseu conj. Mbiandju elles manger morceau seul
palmiste
[Jârjg 3 fé mbàkét mb
àrj mb tx ndtx-mi]
/ Jârjg 3 fé mbàkét mb
àrj mb tx ndtx-mi/
yârjg3 fe mbàket mb àrj mbu
ndu-mi
Yango donner morceau palmiste prep fiancé
poss.
[tàm b 3 m ihi dipftit mb àr
j]
/tàm b 3 m ihi dipftit mb àr
j/
Tàm b 3 mihi dipfut mb àr j,
Moment ils finir manger palmiste
[b 3 t3 ? distx ,pi nèp]
/b 3 t3 ? distx ,pi nèp/
b 3 t3' disu nyi nèp.
ils commencer laver corps poss
[tà? j tx sâ?kàrj m a pùtm
v m3 nsi]
/ tà? j tx sâ?kàrj m a pùtm
v m3 nsi/
Tà' yu sa'kàrj manyùtm vu m3
nsi.
Une chose sortir ciel tomber prep eau
n
150
k ? mb mb n? ? ?- p k
n k ? mb mb n? ? ?- p k
' mb b nj ? ' p k i.
Fiancé Kituseu conj Mbiandju soulever elle fuir avec
n j ?g ? - m n k
n j ?g ? - m n k ?g ny -i m n kø.
Fiancé yango laisser elle prep eau fuir
m j b l m k ? n p]
m j b l m k ? n p/
b l m k ?i n p
Quelq ' n rel cacher observer eux
[t ? j p k /t ? j p k t ' diy p k
Commencer chanter chant
j ?g mbj n? m j n
j ?g mbj n? m j n
?g su b nj m j n
Yango ami Mbiandju mayanaaa
j ?g k ? m j n
j ?g k ? m j n
?g su ' m n
Yango ami Kituseu mayanaaa
j ?g pf t pf t ? pf t ? l l j
j ?g pf t pf t ? pf t ? l l j
?g pf t pf t ' pf t ' l l i
Yango manger rond rond avaler elle ayaaa
151
Conte : L'histoire de trois jeunes
filles
Trois jeunes filles partaient au marigot se laver avec leurs
fiancés. Arrivés au marigot, elles ont vu les noix de palmiste
qu'on avait pressé et versé au bord de l'eau. Chacune a pris sa
pierre pour casser les noix. Kitouseu et Mbiandju ont cassé les
palmistes tout ronds et les ont donnés à leurs fiancés.
Yango a cassé les palmistes tout ronds et a mangé. Kitouseu et
Mbiandju ont mangé uniquement les palmistes concassés tandis que
Yango a donné des palmistes concassés à son fiancé.
Lorsqu'ils ont fini de manger, ils ont commencé à se laver.
Soudain, quelque chose d'étrange provenant du ciel tomba dans l'eau. Les
fiancés de Kitouseu et de Mbiandju les portèrent et
s'enfuyèrent avec elles. Le fiancé de Yango abandonna celle-ci et
s'enfuya. Celle-ci fut avalée par cette chose. Quelqu'un qui
était caché et les observait se mit à chanter :
Yango, amie de Mbiandju mayanaaa
Yango, amie de Kituseu mayanaaa
Yango a mangé les palmistes tout ronds et ceux-ci l'ont
avalé ayaaa
152
b- Liste de mots illustratifs
baanz « poche »
bà? « Échange »
bebè « Chenille »
|
d b macè dib ? dic? '?
|
« guêpe »
« être pauvre » « Décortiquer
»
|
b l? l?
|
« Canard »
|
dicèle
|
« Enlever du sol »
|
bin
|
« Danse »
|
dic
|
« Empoisonner »
|
b '
|
« Igname »
|
dic 'u
|
« creuser »
|
b 'd baabaa
|
« Margouillat »
|
dic '
|
« creuser »
|
c? p
|
« Chat tigre »
|
dicuhi
|
« Picorer »
|
cim??kw? ? '
|
« Tortue »
|
dicuhu
|
« Mordre »
|
citàà
|
« Grillon »
|
dicw? li
|
« cirer »
|
c
|
« Poison »
|
difand
|
« Forêt »
|
d bà'
|
« Tabac »
|
dif?
|
« prêter »
|
dibà'a
|
« Rendre »
|
dif? l
|
« Écorcher »
|
dibà'a
|
« tisser »
|
dif?
|
« donner »
|
dibà'i
|
« balayer »
|
dif?
|
« offrir »
|
dibe
|
« Perdre »
|
difèl?
|
« Voler »
|
dibèle
|
« Pousser »
|
dif hi
|
« Enterrer »
|
d b? m
|
« Grenouille »
|
difini
|
« Vendre »
|
dibimi
|
« Accepter »
|
diføhø
|
« Souffler »
|
dibu'gh ?
|
« sonner »
|
dighà?a
|
« refuser »
|
dibu'u
|
« Jouer »
|
digh m
|
« Prier »
|
dib hu
|
« Aboyer »
|
digh yènè
|
« voyager »
|
153
digh
|
« Avoir »
|
dinya'i
|
« Espionner »
|
digh
|
« faire »
|
diny n?
|
« Danser »
|
digh njè
|
« avoir besoin »
|
di?a't se
|
« décharger »
|
dikamb?
|
« Varan »
|
dis ?a
|
« Détruire »
|
d k?t
|
« barrage de poisson »
|
dis s
|
« ciseaux »
|
dik? b?
|
« cueillir »
|
d s
|
« Roseau »
|
dik?l?
|
« Charger »
|
d s '
|
« Hibou »
|
dikh
|
« fuir »
|
dis 'u
|
« laver »
|
dik '
|
« Éclore »
|
dis ?u
|
« mener »
|
dik hu
|
« Obtenir »
|
dità'a
|
« Chasser »
|
dikwà'i
|
« Caqueter »
|
dita'y ?
|
« faire la chasse »
|
dilàa
|
« Pleurer »
|
dita?a
|
« Marchander »
|
dil?h?
|
« Dessiner »
|
dit???
|
« Chanter »
|
dil '
|
« cultiver »
|
dit???
|
« Siffler »
|
diletan
|
« Louer »
|
dit m
|
« coudre »
|
dil?m?
|
« Blesser »
|
dit ?
|
« Attacher »
|
dil '
|
« Esquiver »
|
ditøø
|
« Défricher »
|
dinà
|
« Fête »
|
ditu
|
« envoyer »
|
d n
|
« Herbes »
|
dit 'u
|
« puiser »
|
d nàà
|
« ordure »
|
divi
|
« égorger »
|
dina?nd?
|
« Épouser »
|
diwèle
|
« semer »
|
din? bi
|
« réparer »
|
diya'a
|
« traverser »
|
dinj bi
|
« vaincre »
|
diy?b?
|
« Chanter »
|
154
diy?b?
|
« Atterrir »
|
kwè
|
« Chanson »
|
diyu
|
« acheter »
|
lamas
|
« Citron »
|
fà'
|
« travail »
|
lamoÌ
|
« lampe »
|
f? t
|
« Bouc »
|
l ?
|
« chaise »
|
feh
|
« paix »
|
l l
|
« Chauve À souris »
|
f nyw?
|
« Vipère »
|
lu?
|
« Musique »
|
fyè
|
« Tombe »
|
matà
|
« natte »
|
gh m
|
« Vénération
|
m bà?
|
« Mûr »
|
gh ?
|
« clocher »
|
mbà?
|
« Noyau »
|
hamà
|
« marteau »
|
mbê
|
« couteau »
|
ka
|
« Pangolin »
|
mb? b?
|
« Aile »
|
kaant? t
|
« crabe »
|
mb? pns
|
« Poisson »
|
kààsi?ga
|
« Manioc »
|
mbi
|
« Noix de palme »
|
kàfe
|
« Café »
|
mb nmb n
|
« Cafard »
|
kakù
|
« charge »
|
mb
|
« cauris »
|
kànù
|
« Pirogue »
|
mbu'
|
« Épervier »
|
ket
|
« Lieu »
|
mbunja
|
« filet de pêche »
|
k??n k ?
|
« Caméléon »
|
m bù? ù
|
« Gésier »
|
kùbàngàn
|
« Crocodile »
|
m bùù
|
« OEufs
|
kùmik? t
|
« Riz »
|
mbùùnji'
|
« Mangouste »
|
künd?
|
« lit »
|
m?nd?
|
« Adultère »
|
kw? '
|
« Épi »
|
mfa?
|
« Pas animal »
|
kw? ?
|
« Flèche »
|
mf? ?
|
« Taureau »
|
155
mf
|
« Cadavre »
|
nj ?
|
« prix »
|
m f
|
« Plumes »
|
jw?
|
« Dette »
|
mf t
|
« Moustique »
|
t?
|
« aiguille »
|
m n?'
|
« Trompe »
|
nt?
|
« épée »
|
mvi
|
« Chèvre »
|
ntsy? ??
|
« Ver de terre »
|
mv
|
« Chien »
|
n tà'
|
« Banane »
|
c? p
|
« Fétiche »
|
nyà'
|
« Aubergine »
|
nc bi
|
« Griffe »
|
nyàà
|
« Animal »
|
nci
|
« bois »
|
nyààl ?
|
« Cheval »
|
c t
|
« Pousse-pousse »
|
ny?t
|
« Buffle »
|
cw?
|
« Guerre »
|
nyi
|
« machette »
|
nda'à
|
« cadeau »
|
nywoÌ
|
« Serpent »
|
nd? ?
|
« Malédiction »
|
?gaa
|
« Fusil »
|
nd? ?
|
« Corne »
|
?g p
|
« Poule »
|
nd? ?
|
« Paresseux »
|
?goÌfu
|
« Maiis »
|
nd? ?gw?'
|
« Termitière »
|
?g p
|
« Peau »
|
nd? p
|
« fil »
|
?gwabà
|
« Goyave »
|
nd
|
« Liane »
|
?gwa?
|
« Chique »
|
nja
|
« hache »
|
? gw y
|
« Lion »
|
nja'
|
« Sésame »
|
?gwó'
|
« Termite »
|
nja?
|
« Balafon »
|
?gw?
|
« Jeu »
|
nj??
|
« Épine »
|
?gw? ?
|
« Sillule »
|
nji
|
« tissus »
|
? gw? ? ns ns
|
« Lézard »
|
156
y ' « piège »
?gwèn « Aigle »
?kànà « Nid »
?k?p « Argent »
? k tu' « Soldat »
? k n « Queue »
p? p? « Papaye »
p si « Chat »
s? ? « scie »
se « Dieu »
s?? « Oiseau »
sufà' « houe »
susà?nt?? « Piment »
t « appât »
tà'à « Escargot »
t? nd? « clou »
tehenj « Carrefour »
toÌmatoÌ « Tomate »
t « Arbre »
t ' « Crapaud »
t n « Fer »
v « Deuil »
yènè « Voyage »
yit « champ »
157
3- Corpus de mots pour une analyse comparative
No kwaì? m? d mb ndà?ndà?
gloses
1 künd? K nd K nd3 lit
2 l ? nd3 ? nd3ó? chaise
3 l ámô l ámbù l ámbù
lampe
4 fà2 f 2 fà2 travail
5 hámà hámà hámà
marteau
6 nd3 á j nd3ô hache
7 d s ãs s sàs s sàs ciseaux
8 d t m n tám n táp coudre
9 nd? p nd p ndèp fil
10 b nz b nzw bj nzw poche
11 d bà2 á n b 2 n bà2à tisser
12 d bà n b 2nd n b 2ns balayer
13 d sù2û n s? 2ó n sùhû
laver
14 d t?ù û n tsw 2 n tsùhû
creuser
15 d l 2 n nd3 2 n z 2 cultiver
16 d wèlé n w l n t? semer
17 d k? b? n káp n káp cueillir
18 d sù? û n s 2 n sô2 emmener
19 d tá2j ù? n tá2j? ? n tá2j
ù? faire la chasse
20 t? kyèp kyàp poison
21 mbé mb mb couteau
22 mbûnd3 á mbûnd3 á mbûnd3
á filet de pèche
23 j w 2 3ô2 piège
24 d kh n kx n kxö fuir
25 d v n wàl n w égorger
26 d nd3è n d3 p n t? ? avoir besoin
27 d f? n f n há donner
28 d b ? n bwó? n bû? être pauvre
158
29 mb mb mb cauris
30 d j û n ? n n j û acheter
31 nd?ù? nd?? ? nd?ù? prix
32 ndá?à nd ? ndà?à cadeau
33 d fó n f n x prêter
34 d f? n kù n kù offrir
35 d à? á n h? n á? refuser
36 d jènè n n nwákà n
hàwákà voyager
37 d j á á n j á? á n j á?
á traverser
38 d tû n t?ûm n t? p envoyer
39 kákù kákù kákù
charge
40 d ? á?t sé n t s n t?w sé
décharger
41 féh káp káp paix
42 d nd? b n ? n zó vaincre
43 nt? mb f? mb fà? épée
44 mátà mátà mátà
natte
45 ? ?w? ?wá? cloche
46 d bû? ? n bù??w? n bù??wá?
sonner
47 d n n faire
48 d n? b n nàpt n nàps réparer
49 nt? t?w? n kx bois
50 d t? ? n tsw? ?ó n tswù? û ouvrir
51 s? ? s s scie
52 t? nd? ? loÌ ? lù clou
53 ñt? nt nt aiguille
54 n? nzw nz tissus
55 nd? t?wèl n ts ?t n t?wés cirer
56 d tù?û n t?ù? û n
tù?û puiser
57 d nàà ndoÌt l ndoÌt? ordure
58 j t khwèt gbw champ
59 d t n t nd n ?woÌs défricher
159
60 s fà? s fà? s fà? houe
61 ? ?w ? machette
62 d t?? ?? n k pt n k ps décortiquer
63 d t?èlé n t? ? n t?? ?? enlever du sol
64 d t ? n pf l n kw l attacher
65 d tà? n tà? n tà? chasser
66 kw? ? k k? ? flèche
67 t n t? ? t fer
68 d l ? n l ? n d?oÌ? esquiver
69 d l m n mà?f ? n l ?n blesser
70 d f? l n f l n f écorcher
71 d n n avoir
72 d bà? n b ? n bà? rendre
73 ?k? p ?k p ?k p argent
74 bà? b? nd b ?s échange
75 d f n n s n n sw vendre
76 d t ? n t? n t ? marchander
77 d lét n n l n n l n louer
78 d?w? nd? nd? dette
79 d b m n b m n b p accepter
80 jènè w kà w kà voyage
81 d bé n b n b perdre
82 téhén? kàréf t
kàréf t carrefour
83 kàn t? t? m ? t? t? mà? pirogue
84 d k? l? n t n ? charger
85 d f nd b ? b ? foret
86 t?w? nt? nt? guerre
87 ? k t ? ?g t? ? ?g t? ? soldat
88 d ? ? n ?à? n ?à? espionner
89 ?g ?g ?g fusil
90 d s ? n s? nd n s ?s détruire
160
91 d j? b? n j p n j p chanter
92 d t? ?? n t f n n t? ?f siffler
93 d ? n n ? ?s? n ? ?s ? danser
94 d b ? n s? n s ? jouer
95 d l? h? n l ? n ?wà? dessiner
96 d b? h n k p n kx p tailler
97 d bà? nd bà? d bà? tabac
98 sé ns ns dieu
99 d t? n kx p n kxàp empoisonner
100 d nà t? ?nd t? ?ns fête
101 m? nd? m? nd m nj adultère
102 d là? n kxà? n kwà? pleurer
103 l ? l? ? l ? musique
104 mf pf pf cadavre
105 fj? f f tombe
106 mf? ? mf? ? mf? ? taureau
107 f? t mb pbr mb pnzw bouc
108 b l? l? nd? ?fàw nd? ?fàw canard
109 ?ààl ? ? nd? ? ?? nd?? ? cheval
110 p s b s b ? chat
111 t?? p t?w? t b ? chat tigre
112 mb nd? ? nd?àd ? nd?àd h mangouste
113 ?gw j ?gw j ?gw j lion
114 nd? ? nd nd? ? corne
115 nd? ? nd nd? ?? paresseux
116 nd? b h n bàp n bàp aboyer
117 s ? s ? s ? oiseau
118 nd? s ? mbh ? nz ? hibou
119 mb ? sà?mb ? sà?mb ? épervier
120 m f f f plumes
121 m b ? ?gwàlà? ?gwàlà?
gésier
161
122 m bùù mb m mb p oeufs
123 d fèl? n f l n f voler
124 d kwà2 n kwà2d n kwà2s caqueter
125 d t?ûh n t?? 2d n t?? 2s picorer
126 mb? ps mbàps mbàps poisson
127 káá t? t káánt t
kóóndù crabe
128 tà2à tà2 át?ó?
tà2 áts û? escargot
129 f ?w? sw ?û swé?û vipère
130 ? gw? ? ns ns ?gwoÌns s ?gwoÌns s
lézard
131 k ?n k ? kù2t?w ? koÌ2t?wá?
caméléon
132 tù2 mb tù2 mb tù2 crapaud
133 t? mèk? 2 t?ûmàkù2 t?
màk? 2 tortue
134 kwè kh t? chanson
135 b n s? s á? danse
136 nd? á? nd? á? nd? á? balafon
137 d f h ] n fj 2 n f? hó souffler
138 ?gw? ? s? s á? jeu
139 d m n t?à2d n t?à2s prier
140 t?èp ?kj p ?kjàp fétiche
141 nd? ? ndù ndù malédiction
142 d ná?ndè n n? nd n ná?nd?
épouser
143 v v v deuil
144 d f h n t?w? ? n t ? enterrer
145 ?àà ? ?? animal
146 mv mbr nzw chèvre
147 ?g p ?g p ?gûp poule
148 mv mbr mv chien
149 ?? t ?? t? ?? t?? buffle
150 ká k? 2 káhá pangolin
151 l l nd nd 2 nd nd 2 chauve-souris
152 ?gùp ?gùp ?gùb peau
162
153 ? kùnù kw n ?k queue
154 ?gwèn nzw mbû2 nd? mbû2 aigle
155 mb? b? mb ãp mb ãb aile
156 nt? b kx p kàb griffe
157 ?kànà k kâ nid
158 d j? b? n jàb n jàb atterrir
159 d tó?ó n j ûp n j p chantonner
160 d k 2 n k 2 n kx? 2ó éclore
161 ? gw? ? ?g ns ?g ns silure
162 ?woÌ ?û ?û serpent
163 bù2d b ááb áá
bù2l b áb á2 bù2l b áb á2
margouillard
164 d kámb? ?ûkxùkwà ?ûkx
kwà varan
165 d b? m m t?ù2 mb tù2 grenouille
166 d t?ûhû n t?ókó n
t?ùhû mordre
167 mb nmb n mb? mb? n nzw nzw cafard
168 ?gwó2 t? 2?gû2 t? 2?gó2 termite
169 ?gwá? ?gw? ?gwá? chique
170 t? tàà s tâ s tâ grillon
171 bébè mb b t ? hè chenille
172 ntsj? ?ó nt t nt?woÌ2 nt t nt?woÌ2
ver de terre
173 mf t mûsk tù mùsk toÌ
moustique
174 d bùmát?è
hàmàkáká hàmàkáká
guêpe
175 nd? ?gwó2 bà2t? 2?gû2 bà2
át? 2?gó2 termitière
176 t t? t? t? arbre
177 nd? nàà n nâ ? mj â herbes
178 d sù ?ká2n s? ? ?ká2? ?? ? roseau
179 nd?ó? nd? nd?ó? épine
180 nd l nd?oÌ liane
181 mbà? mbè mbà? noyau
182 kw? 2 kù2 koÌ2 épi
183 nùtá2 bànànà
bànànà banane
163
184 l m s l m s l m s citron
185 p? p? p? p? p? p? papaye
186 toÌm toÌ toÌm toÌ toÌm
t tomate
187 s sà?nt? ? s? ? s piment
188 ?à? ? ? ? ? aubergine
189 kààs ?g kàs là? kàs
là manioc
190 b ? b ? k ? igname
191 ?goÌf ?g f t ?goÌf maïs
192 k m k? t pf nm kàl k m k? l riz
193 nd? ? mb bjoÌ? mb bjoÌ? sésame
194 mb mb? mbà? noix de palme
195 kàfé kàfé kàfé
café
196 d bèlé n t? n n t? pousser
197 m bà? mb ?nd nb ?nd? mûr
198 két nd? ? nz ? lieu
199 nd nd maison maison
200 kw? kwà kwà quatre
164
TABLE DES MATIERES
DÉDICACE i
REMERCIEMENTS ii
LISTE DES TABLEAUX iii
LISTE DES CARTES v
LISTE DES PHOTOGRAPHIES v
SIGNES CONVENTIONNELS ET ABREVIATIONS vi
R SUM viii
ABSTRACT ix
INTRODU TION G N RALE 1
1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 1
2. PRO L MATIQUE 2
3. L'O JETIF PRIN IPAL DE LA RE HER HE 3
4. OBJECTIFS SECONDAIRES DE LA RECHERCHE 3
5. QUESTIONS DE RECHERCHE 4
6. CADRE TH ORIQUE 4
7. CADRE MÉTHODOLOGIQUE 5
7.1.1. L'enqu te p r le questionn ire d'enqu te
linguistique extensive 5
7.1.2. L'enqu te p r le guide d'entretien 6
7.1.3. Les informateurs 7
8. RÉVUE DE LA LITTÉRATURE 7
9. SITUATION G O-LINGUISTIQUE DE LA LANGUE
10
9.1. Cartes linguistiques 10
9.1.1. Carte linguistique régionale
10
9.1.2. La carte linguistique départementale
12
10. APERCU HISTORIQUE 13
11. SITUATION SOCIO-CULTURELLE 13
12.
165
SITUATION ÉCONOMIQUE 14
13. CLASSIFI ATION LINGUISTIQUE DU KWAì?
14
14. PLAN DU CONTENU 16
PREMIÈRE PARTIE : QUELQUES ÉLÉMENTS
DE LA GRAMMAIRE 17
CHAPITRE 1 : RAPPEL PHONOLOGIQUE 19
1.1. L'ANALYSE PARADIGMATIQUE 19
1.1.1. Vérification phonologique 19
1.1.1.1. Les phonèmes consonantiques
19
1.1.1.2. Les phonèmes vocaliques 20
1.1.1.3. Les tonèmes 21
1.1.3. Propositions issues de nos données
21
1.1.3.1. Interprétation des séquences
ambiguës 21
1.1.3.1.1. Consonnes prénasalisées
22
1.1.3.1.2. Les séquences vocaliques 22
1.1.4. Quelques observ tions sur les résult ts de
l'étude ntérieure 24
1.1.4.1. Au niveau des phonèmes consonantiques
24
1.1.4.1.1. Les phonèmes /p/ /g?/ /?/ /kf/ /x/
25
1.1.4.1.2. Les phonèmes /?/, /pf/, /bv/, /?/
25
1.1.4.1.3. Le phonème /?/ 26
1.1.4.1.4. Le phonème /pf/ 26
1.1.4.1.5. Le phonème /bv/ 26
1.1.4.1.6. Le phonème /?/ 27
1.1.4.2. Au niveau des phonèmes vocaliques
27
1.1.4.2.1. Les phonèmes /?/, /o/, /??/, /?/et /??/
27
1.1.4.2.2. Le phonème /?/ 28
1.1.4.2.3. Le phonème /??/ 28
1.1.4.3. Au niveau des tonèmes 28
1.1.5. Conclusion 30
166
1.2. L'ANALYSE SYNTAGMATIQUE 31
1.2.2. La syllabe 31
1.2.3. Les structures syllabiques 34
1.2.3.1. Les structures des mots monosyllabiques
34
1.2.3.1.1. La structure V 35
1.2.3.1.2. La structure CV 35
1.2.3.1.3. La structure CVC 35
1.2.3.2. Les structures dissyllabiques 36
1.2.3.2.1. La structure
CV.CV 36
1.2.3.2.2. La structure CV.CVC 36
1.2.3.2.3. La structure
CVC.CV
37
1.2.3.2.4. La structure CVC.CVC 37
1.2.3.2.5. La structure CVC.V 37
L structure V et V 38
1.2.3.3. Les structures trisyllabiques 39
1.2.3.3.1. La structure
CV.CV.CV
39
1.2.3.3.2. La structure CV.CVC.V 39
1.2.3.3.3. La structure
CVC.CV.CV
40
1.2.3.3.4. La structure
CV.CV.CVC
40
1.2.3.4. Les structures tétrasyllabiques
40
1.2.3.4.1. La structure
CV.CV.CV.CV
40
1.2.3.4.2. La structure
CVC.CV.CV.CV
41
1.2.4. L distribution des phon mes et ton mes d ns les
structures syll biques 41
1.2.4.1. La distribution des tonèmes
41
1.2.4.1.1. La structure V 42
1.2.4.1.2. La structure CV 42
1.2.4.1.3. La structure CVC 42
1.2.4.2. La distribution des phonèmes vocaliques
43
167
1.2.4.3. L distribution de l n s le homorg nique syll
bique 44
1.2.4.4. La distribution des phonèmes
consonantiques 44
1.2.5. Conclusion 48
CHAPITRE 2 : ESQUISSE DE LA MORPHOLOGIE NOMINALE ET
VERBALE 49
2.1. INTRODUCTION 49
2.2. MORPHOLOGIE NOMINALE 49
2.2.1. Le nominal indépendant 49
2.2.1.1. Structure du nomin l indépend nt
kwaì? 50
2.2.1.1.1. Le préfixe du nominal
indépendant 50
2.2.1.1.2. Le th me du nomin l indépend nt
kwaì? 53
2.2.1.2. Structure syll bique des th mes des nomin ux
kwaì? 53
2.2.1.2.1. Les thèmes monosyllabiques
53
2.2.1.2.2. Les thèmes dissyllabiques
54
2.2.1.2.3. Les thèmes trisyllabiques
55
2.2.1.3. Structure tonale des radicaux nominaux
55
2.2.1.3.1. Les monosyllabes 56
2.2.1.3.2. Les dissyllabes 57
2.2.1.3.3. Les trisyllabes 58
2.2.1.4. Les préfixes nominaux du
kwá? 58
2.2.1.5. Classes nominales 61
2.2.1.5.1. Classe 1 61
2.2.1.5.2. Classe 2 61
2.2.1.5.3. Classe 3 62
2.2.1.5.4. Classe 4 62
2.2.1.5.5. Classe 5 63
2.2.1.5.6. Classe 6 63
2.2.1.6. Genres en kwaì? 67
2.2.1.6.1. Genres reguliers 68
168
2.2.1.6.2. Genres irréguliers 69
2.2.1.6.3. Monoclasses 69
2.2.2. Processus d'enrichissement du lexique
kwaì? 71
2.2.2.1. La composition 71
2.2.2.2. La réduplication 73
2.2.2.3. Les subst ntifs d'emprunt 74
2.2.3. Le nominal dépendant 75
2.2.3.1. Les djectifs de l l ngue kwaì?
75
2.2.3.1.1. L' djectif possessif 75
2.2.3.1.2. Les adjectifs démonstratifs
77
2.2.3.2. Les quantitatifs de l l ngue kwaì?
79
2.2.3.3. Les pronoms de l l ngue kwaì?
80
2.2.3.3.1. Les pronoms personnels 80
2.2.3.3.2. Les relativiseurs 83
2.2.3.4. Les numéraux et les interrogatifs
83
2.2.3.4.1. Les numéraux cardinaux 84
2.2.3.4.2. Les numéraux ordinaux 85
2.2.3.5. Les interrogatifs 87
2.3. MORPHOLOGIE VERBALE 88
2.3.3. L'infinitif du verbe kwaì? 88
2.3.4. La base verbale 90
2.3.5. Les différents temps et leurs marques
91
2.3.5.1. Le temps passé 91
2.3.5.1.1. Le passé 1 (PST1) 91
2.3.5.1.2. Le passé 2 (PST2) 92
2.3.5.1.3. Le passé 3 (PST3) 92
2.3.5.2. Le temps présent 93
2.3.5.3. Le temps futur 93
169
2.3.5.3.1. Le futur 1 (FUT1) 94
2.3.5.3.2. Le futur 2 (FUT2) 94
2.3.5.3.3. Le futur 3 (FUT3) 94
2.3.6. L' spect en kwaì? 95
2.3.6.1. Les aspects inhérents 95
2.3.6.2. Les aspects grammaticalisés
96
2.3.6.2.1. L'incho tif 96
2.3.6.2.2. Le complétif 97
2.3.6.3. Les aspects dérivés 97
2.3.6.3.1. Le perfectif 97
2.3.6.3.2. L'imperfectif 98
2.3.7. Les modes 99
2.3.7.1. Le mode infinitif 99
2.3.7.2. Le mode indicatif 100
2.3.7.3. Le mode impératif 101
2.3.7.4. Le mode conditionnel 101
2.3.8. La négation 102
2.3.8.1. L nég tion à l'infinitif
102
2.3.8.2. L nég tion à l'indic tif
103
2.3.8.3. L nég tion à l'impér tif
103
2.4. CONCLUSION 104
DEUXIEME PARTIE : LES PERSPE TIVES DE LA STANDARDISATION
DE LA LANGUE
KWAì? 105
HAPITRE : LES PRELIMINAIRES POUR UNE STANDARDISATION DE
LA LANGUE
KWAì? 107
3.1. INTRODUCTION 107
3.2. PREREQUIS POUR UNE STANDARDISATION DU KWAì?
107
3.2.1. La situation dialectale 108
3.2.2. L présence d'un bilinguisme 109
170
3.2.3. Le nombre de locuteurs 109
3.2.4. Le besoin apparent de communication écrite
dans la langue considérée 110
3.2.5. L'eng gement des locuteurs d ns l standardisation
de leur langue 111
3.2.6. L'existence d'une gence de st nd rdis tion
111
3.2.7. La vitalité de la langue sous la forme
écrite 112
3.2.7.1. L'utilis tion de l l ngue u sein de l commun
uté 112
3.2.7.2. L'utilis tion de l l ngue u sein de l commun
uté religieuse 112
3.2.8. Dialecte de référence pour la forme
écrite de la langue 113
3.2.9. La migration 114
3.2.10. Les facteurs socio-économiques
115
3.2.11. L'orient tion politique 115
3.3. TEST LEXICO-STATISTIQUE AVEC LES LANGUES VOISINES
116
3.4. CONCLUSION 123
HAPITRE : ALPHA ET ET PRIN IPES ORTHOGRAPHIQUES DU
KWAì? 124
4.1. INTRODUCTION 124
4.2. LES QUALIT S D'UNE ONNE ORTHOGRAPHE 124
4.2.1. La fidélité 125
4.2.2. La cohérence 125
4.2.3. La commodité 125
4.2.4. L'h rmonis tion 125
4.2.5. La familiarité 126
4.3. L'ALPHA ET KWAì? 126
4.4. LES PRINCIPES ORTHOGRAPHIQUES 128
4.4.1. Principes orthographiques des tons 129
4.4.2. Principes orthographiques des consonnes
130
4.4.3. Principes orthographiques des voyelles
131
4.4.4. Principes de délimitation des mots
132
4.4.4.1. Les nominaux 133
171
4.4.4.1.1. Les substantifs canoniques et
dérivés 133
4.4.4.1.2. Les déterminants 133
4.4.4.1.3. Les procédés de formation de
nouveaux mots 134
4.4.4.1.4. Les classes nominales 135
4.4.4.2. Les verbaux 135
4.4.4.2.1. Les marqueurs spatio-temporels 136
4.4.4.2.2. Les marqueurs de la négation
136
4.3.5. Principes de ponctuation 137
4.5. DE LA VIA ILIT DE L' RITURE STANDARD DU
KWÁ? 137
4.5.1. De l mise sur pied d'un comité de l ngue :
sa fonction et son fonctionnement 137
4.5.2. De la nécessité de la modernisation
du stock lexical de la langue 138
4.5.3. Les facteurs sociopolitiques à prendre en
compte dans une post-standardisation 139
4.6. CONCLUSION 140
ON LUSION G N RALE 141
R F REN ES I LIOGRAPHIQUES 143
ANNEXES 146
1- Guide d'entretien 146
2- Illustr tion de l'orthogr phe et des principes orthogr
phiques 148
a- Texte 1 : conte 1 148
b- Liste de mots illustratifs 152
3- Corpus de mots pour une analyse comparative
157
TABLE DES MATIERES 164
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