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De la standardisation du kwa. D'une esquisse morphologique à  l'orthographe.


par Cyrille TALLA SANDEU
Université de Yaoundé 1 - Master en Linguistique appliquée 2020
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I

THE UNIVERSITY OF YAOUNDÉ I

FACULTÉ DES ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

FACULTY OF ARTS, LETTERS AND SOCIAL SCIENCES

*******

CENTRE DE RECHERCHE ET DE
FORMATION DOCTORALE EN ARTS,
LANGUES ET CULTURES

*******

*******

POSTGRADUATE SCHOOL IN
ARTS, LANGUAGES AND
CULTURES

UNITÉ DE RECHERCHE DE
FORMATION DOCTORALE EN
LANGUES ET LITTERATURE

*******

*******

DOCTORAL RESEARCH UNIT
FOR LANGUAGES AND
LITTERATURE

DÉPARTEMENT DE LANGUES AFRICAINES ET LINGUISTIQUE

*******

DEPARTMENT OF AFRICAN
LANGUAGES AND LINGUISTICS

DE LA STANDARDISATION DU KWAì? :

D'UNE ESQUISSE MORPHOLOGIQUE À

L'ORTHOGRAPHE

Mémoire présenté en vue de l'obtention d'un Master en Linguistique appliquée

Par

Cyrille TALLA SANDEU

Licencié en Linguistique appliquée

Supervisé par

Etienne SADEMBOUO Professeur

Février 2020

DÉDICACE

la famille SANDEU

II

REMERCIEMENTS

Nous ne saurons présenter ce travail sans toutefois témoigner notre gratitude à l'endroit de tous ceux et celles qui ont contribué de près et de loin à sa réalisation.

Nous voudrons exprimer notre reconnaissance particulièrement au Pr Etienne SADEMBOUO qui nous a inculqué la rigueur du travail scientifique en linguistique. Il a bien voulu perpétuer cela en acceptant de diriger ce travail. Il a suivi de bout en bout cette étude sur la langue kw ?. En plus d'être un directeur, il a été vraiment un tuteur.

Nous tenons à remercier aussi de toute évidence la Pr Florence TABE, Chef de Département de Langues africaines et Linguistique, qui nous a toujours motivé à aimer la linguistique de part ses enseignements et ses conseils.

Nous ne saurons omettre de témoigner notre reconnaissance à l'endroit de tous nos enseignants du Département de Langues africaines et Linguistique pour leur apport en tant que personnes ressources à l'accomplissement de ce travail.

Nos remerciements vont également à l'endroit du Dr Maxime MANIFI, Dr Paul Roger BASSONG, Dr Gaston BESSALA, Dr Gabriel DJOMENI, Dr Adriel BEBINE, M. Etienne PONDI, M. Olivier MOUSSA, qui au-delà du soutien, des encouragements, des conseils et des suggestions, ont accepté de lire partiellement ou totalement ce travail en y apportant des remarques et suggestions.

Toute notre gratitude est aussi manifestée à l'endroit de M. Lucien BANGMI, M. Philippe HEYA, M. Patience YESSE, M. Jean NYAMBE, Mme Justine MBUITCHO, nos informateurs qui n'ont ménagé aucun effort pour nous fournir des données et nous guider dans le recueil de celles-ci.

Nous témoignons enfin notre gratitude à Maman Alice MAFFO, Maman Béatrice FOTSING, M. Landry KENGNE, Mlle Myriam MABUGUIA, M. Remy TADJOU, M. Cédric OTTOU, M. Manassé HEUYA, Mlle Raïssa NKOMO, M. Gervais GANDJENE, M. Pierre ESSOMBA, M. Éric GUITA, Mlle Lydie KOUESSI, Mlle Tatiana ADJIFACK, Mme Rhoda AMANDONG, Mlle Gilberte NKAMENI, Mlle Princesse KENFACK ainsi que tous ceux et celles qui ont contribué d'une manière ou d'une autre à la réalisation de cette entreprise.

III

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Fiche d'identification des informateurs 7

Tableau 2: Phonèmes consonantiques selon tientcheu tchameni (2008 :40) 20

Tableau 3: Phonèmes vocaliques selon tientcheu tchameni (2008 :40) 20

Tableau 4: Tonèmes selon tientcheu tchameni (2008 :40) 21

Tableau 5: Phonèmes consonantiques 29

Tableau 6: Phonèmes vocaliques 30

Tableau 8: Combinaisons dissyllabiques 38

Tableau 9: Distribution des phonèmes en cv 45

Tableau 10: Distribution des phonèmes consonantiques en cvc 46

Tableau 11: Préfixes des nominaux indépendants 51

Tableau 12: Structures des thèmes monosyllabiques 53

Tableau 13: Structures des thèmes dissyllabiques 54

Tableau 14: Structures des thèmes trisyllabiques 55

Tableau 15: Récapitulatif des préfixes nominaux du kw ? 59

Tableau 16: Classification nominale du kw ? 64

Tableau 17: Classes nominales en m d mb 66

Tableau 18: Classes nominales en gh?m l ' 67

Tableau 19: Genres du kw ? 70

Tableau 20: Adjectifs possessifs du kw ? 76

Tableau 21: Quantitatifs de la langue kw ? 79

Tableau 22: Pronoms personnels sujet et objet 80

Tableau 23: Pronoms personnels emphatiques 81

iv

Tableau 24: Pronoms personnels réfléchis 82

Tableau 25: Quelques numéraux cardinaux 84

Tableau 26: Quelques numéraux ordinaux 86

Tableau 27: Interrogatifs de la langue kw ? 87

Tableau 28: Quelques verbes à l'infinitif 89

Tableau 29: Répartition des aspects inhérents 96

Tableau 30: Graphèmes de l'alphabet du kw ? 127

V

LISTE DES CARTES

Carte 1 : Carte linguistique de la région du Littoral 11

Carte 2: Carte linguistique du département du Nkam 12

LISTE DES PHOTOGRAPHIES

Image 1: Liste de mots à analyser dans le logiciel Cog 117

Image 2: Détails des mots ndà?ndà? 118

Image 3: Fréquences des segments 119

Image 4: Matrice de similarité sur le plan lexicale 119

Image 5: Comparaison entre le kw ? et le ndà?ndà? 120

Image 6 : Comparaison entre le kw ? et le m d mb 121

Image 7: Comparaison entre le ndà?ndà? et le m d mb 121

Image 8: Présentation de l'analyse sous forme arborescente 122

vi

SIGNES CONVENTIONNELS ET ABREVIATIONS

# limite de mot

( ) avec un chiffre indique

l'exemple

/ / valeur phonologique

[ ] valeur phonétique

| | valeur morphologique

« » traduction française

? indique le résultat

ACC Accompli

ADJ Adjectif

ADV Adverbe

AGLC Alphabet général des Langues

camerounaises

et. al. et autres

ALCAM Atlas linguistique du

Cameroun

ANACLAC Association nationale des Comités de Langues

camerounaises

API Alphabet phonétique

international

ASP Aspect

BV Base verbale

C Consonne

CERDOTOLA Centre international de Recherche et de Documentation sur les Traditions et les Langues africaines

CL Classe nominale

COND Conditionnel

DEM Démonstratif

E.G.G Evaluation globale de Groupe

FUT Futur

I, II, III Genre (I, II, III)

IMP Impératif

INCH Inchoatif

IND Indicatif

INF Infinitif

INS Institut national de la

Statistique

N Nom

NEG Négation

NUM Numéral

Ø- Morphème zéro

PA Préfixe d'accord

PL Pluriel

POSS Possessif

PRS Présent

VII

PST Passé

PV Préfixe verbal

REL Relatif

RTT Recorded Text Testing

SBJV Subjonctif

SG Singulier

SIL Société internationale de

TB Ton bas

TH Ton haut

UNESCO Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture

TM Ton moyen

V Voyelle

Linguistique

VIII

R SUMÉ

Le présent travail porte sur une description du kwa', langue Bantu-Grassfield du Cameroun. Cette étude voudrait être une contribution à la préservation du patrimoine linguistico-culturel qu'est le kwa', à la standardisation de son écriture et à l'élaboration future du matériel didactique pour son enseignement, bref c'est une contribution à sa promotion, comme la politique linguistique du Cameroun le préconise. Il est question pour nous ici de voir dans quelles mesures nous pouvons continuer le processus de standardisation de cette langue qui est en grand danger de disparition selon Bitjaa Kody (2004), et suivant les critères de l'UNESCO (2003). Pour ce faire, nous nous proposons de décrire la structure morphologique de la langue kwa', dans le but d'élaborer les principes d'une orthographe standard de celle-ci basée sur les règles qui découlent principalement de la description de la structure phonologique et morphologique de ladite langue, ainsi que sur d'autres considérations sociolinguistiques et pratiques. Pour réaliser la description du kwa', nous avons procédé à une collecte de données constituées de plus de 600 mots et expressions adaptés du questionnaire de Bouquiaux (1976), transcrits en API. Nous avons eu recourt à l'approche structurale de F. de Saussure à travers ses branches fonctionnaliste de Martinet (1980) et distributionnelle de Bloomfield (1933) pour analyser nos données. Après avoir revisité l'esquisse phonologique réalisée par Tientcheu Tchameni en 2008, nous avons découvert que la langue possède 43 phonèmes (27 consonnes au lieu de 29, 16 voyelles au lieu de 17) et 5 tonèmes, lesquels constituent la base du choix des graphèmes de l'alphabet. Nous nous sommes également appuyé sur certains travaux antérieurs pour mettre en exergue la structure syllabique des mots, identifier les classes nominales (06) et les morphèmes d'accord des nominaux dépendants, décrire sommairement le système verbal en ce qui concerne les temps, les aspects et les modes des verbes (05). Concernant la question de la standardisation du kwa', nous nous sommes servi du processus décrit par Wiesemann et al. (1983) et Sadembouo (2001) pour présenter la situation dialectale de ladite langue, sa standardisabilité, sa vitalité ainsi que son unicité basée sur l'intercompréhension entre les variétés linguistiques de l'aire géographique considéré par opposition au bilinguisme entre le kwa' et les langues voisines. Ici, le recours au logiciel Cog a permis de comparer les variétés linguistiques et d'établir le degré de similarité lexicale entre le kwa' et les parlers voisins et lointains ( nda'nda' 41.5% , m d mbá 40%) qui donne des scores qui font des parlers considérés des langues distinctes nettement. Pour clore cette analyse, nous avons élaboré et proposé un certain nombre de principes orthographiques basés sur les conclusions de l'analyse descriptive et sociolinguistique réalisée en amont, tout en suivant Kay Williamson (1984) sur les qualités d'une bonne orthographe basée sur la fidélité, la cohérence, la praticabilité/la commodité, l'harmonisation et la familiarité d'une part, et d'autre part en suivant les principes de l'AGLC dans Tadadjeu et Sadembouo (1984) pour la graphisation des sons, des tons et des mots. Ces principes orthographiques développés et proposés incluent aussi l'écriture des préfixes nominaux / préfixes de classe et leurs thèmes comme un seul mot, les déterminants des nominaux (possessif, démonstratif, etc...) comme des mots séparés. Aussi, les mots composés comme un

seul mot (nda = maison + ?gw? ' = termites > nda?gw? ' = termitière), des mots redupliqués
comme un seul mot (n?n?p = entre-eux), l'adoption et l'intégration morpho-phonologique des mots d'emprunt, les marqueurs de temps, aspects et modes des verbes comme liés au radical verbal ; c'est-à-dire en un seul mot, mais le marqueur de la négation (ka et ki) est séparé du verbe. Mais toutes ces propositions faites ont besoin d'être adoptées et pratiquées par les locuteurs du kwa' afin de s'assurer de la viabilité de l'écriture standard proposé et du système d'écriture adéquat et fiable pour tous.

ix

ABSTRACT

This work focuses on a description of Kwa', the Bantu-Grassfield language of Cameroon. This study is intended to contribute to the preservation of the linguistic and cultural heritage of Kwa', to the standardization of its writing and to the future development of educational materials for its teaching. In short, it is a contribution to its promotion, as advocated by Cameroon's language policy. Our objective here is to see to what extent we can continue the process of standardization of this language, which is in great danger of extinction according to Bitjaa Kody (2004), and according to the criteria of UNESCO (2003). In order to do so, we propose to describe the morphological structure of the Kwa' language, with the aim of elaborating the principles of a standard orthography of this language based on the rules that derive mainly from the description of its phonological and morphological structure , as well as other sociolinguistic and practical considerations. To carry out the description of Kwa', we collected data consisting of more than 600 words and expressions adapted from Bouquiaux's questionnaire (1976) and transcribed into IPA. We used F. de Saussure's structural approach through Martinet's functionalist branch (1980) and Bloomfield's distributional branch (1933) to analyze our data. After revisiting the phonological sketch made by Tientcheu Tchameni in 2008, we discovered that the language has 43 phonemes (27 consonants instead of 29, 16 vowels instead of 17) and 5 tonemes, which form the basis for the choice of graphemes of the alphabet. We have also relied on some previous work to highlight the syllabic structure of words, identify the nominal classes (06) and the agreement morphemes of the dependent nouns, and describe summarily the verbal system with regard to tenses, aspects and moods of verbs (05). Concerning the question of standardization of Kwa', we used the process described by Wiesemann et al. (1983) and Sadembouo (2001) to present the dialectal situation of that language, its standardizability, vitality and uniqueness based on intercomprehension between the linguistic varieties of the geographical area under consideration as opposed to bilingualism between Kwa' and neighboring languages. Here, the use of the Cog software made it possible to compare the linguistic varieties and to establish the degree of lexical similarity between Kwa' and neighboring, distant languages (nda'nda' 41.5%, m d mbá 40%). It gives scores that make these languages considered as distinct languages. To conclude this analysis, we developed and proposed a number of orthography principles based on the conclusions of the descriptive and sociolinguistic analysis carried out earlier, while following Kay Williamson (1984) on the qualities of good orthography based on fidelity, coherence, practicability/convenience, harmonization and familiarity on the one hand, and on the other hand following the principles of GACL in Tadadjeu and Sadembouo (1984) for the graphization of sounds, tones and words. These orthography principles developed and proposed also include the writing of the nominal / noun prefixes and their themes as a single word, the determinants of the nominals (possessive, demonstrative, etc...) as separate words. Also, compound words as a single

word (nda = house + ?gw? ' = termites > nda?gw? ' = termite mound), reduplicated words as a
single word (n?n?p = among themselves), morphophonological adoption and integration of borrowed words, the tenses, aspects and moods markers of verbs as related to the verbal root; i.e. in a single word, but the marker of negation (ka and ki) is separated from the verb. However, all these proposals made need to be adopted and practiced by the speakers of kwa' in order to ensure the viability of the proposed standard orthography and the adequate and reliable writing system for all.

1

INTRODU TION G N RALE

Il nous semble judicieux de faire une présentation de la langue que nous allons explorer, ainsi que sur le sujet. Il nous incombe également de présenter les raisons qui nous ont motivé pour le choix de ce sujet. Nous poursuivrons par la présentation de la situation géolinguistique de ladite langue, ensuite nous donnerons un aperçu historique de la communauté linguistique cible. Nous donnerons après la situation socio-culturelle de la langue, sa situation économique, sa situation dialectale ainsi que sa classification linguistique. Nous indiquerons également l'état et l'importance de la recherche sur celle-ci. Un accent particulier sera évidemment mis sur les approches théoriques et la méthodologie à employer au cours de cette étude ainsi que sur la méthode de travail et les sources de données. In fine, nous présenterons une organisation du contenu de ce travail.

1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

Contrairement à plusieurs langues grassfields, la langue kw ? n'a pas fait l'objet d'un interêt particulier de la part des linguistes. Cette langue a une population très faible et jusqu'aujourd'hui, elle n'a pas fait l'objet d'un réel projet de standardisation même si chaque travail éffectué sur une langue participe à sa standardisation. D'après INS (Institut national de la Statistique (agence du Littoral (2015 :48)), l'arrondissement du Nord-Makombe a une superficie de 734 km2 et compte 3999 habitants avec une densité moyenne de 7,5 habitants au km2. La langue de cette localité est ignorée du grand public et risque de disparaitre.

Néanmoins, notons que E. Brye (SIL) et E. Domche Teko (2000) ont mené une recherche intitulée première évaluation globale de la situation sociolinguistique chez les kwa' (ALCAM : 990), et Tientcheu Tchameni (2008) a été la première et la seule à jeter les prémisses d'une étude scientifique de la langue à travers son mémoire de Master intitulée esquisse phonologique du kw ' (code ALCAM 990) et proposition d'une orthographe.

Compte tenu du statut du kw ? relevé par la Société internationale de Linguistique (SIL), Bitjaa Kody (2004 :513) affirme que : « Les langues camerounaises en grand danger (GD) ont un nombre de locuteurs inférieur à 10.000. Elles ne sont utilisées, ni à la radio, ni dans la musique. ». Puisque le kw ? est une langue nationale, non écrite et en grand danger, nous nous sommes engagé à collecter et à analyser les données afin d'en assurer la sauvegarde et la promotion.

2

Nous avons constaté que Tientcheu Tchameni (2008) a commencé le processus de standardisation à travers une analyse phonologique et une proposition de l'orthographe de la langue kw ?. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons décidé de continuer dans la même lancée en partant des bases morphologiques de la langue pour améliorer l'orthographe du kw ?. Cette amélioration tient en compte les délimitations des mots.

L'une des raisons majeures qui nous a poussé à nous intéresser à cette étude d'amélioration de l'orthographe se situe à trois (03) niveaux, à savoir social, scientifique et personnel. Sur le plan social, l'élaboration de cette orthographe permettra à la communauté kw ? de pouvoir apprendre à lire et écrire leur langue, de voir celle-ci être enseignée dans leurs écoles à leurs enfants et participera à la sauvegarde de ce patrimoine. Sur le plan scientifique, il a été question non pas de s'arrêter au niveau de l'orthographe des graphèmes (consonnes, voyelles et tons) mais de présenter une délimitation des mots basée sur notre étude morphologique. Sur ce même plan, notre travail contribue à la documentation linguistique d'une langue en danger. Au niveau personnel, il a été question pour nous de participer à la sauvegarde d'une langue camerounaise en grand danger de disparition telle que relevé par Bitjaa (2004). Nous voudrions contribuer à notre manière au développement des langues africaines en général, et des langues camerounaises en particulier. Aussi, voudrions-nous confier cette contribution aux locuteurs kw ? et aux linguistes chercheurs, pour leur permettre d'écrire la langue.

Par ailleurs, le contexte sociopolitique actuel qui est le n tre semble être un atout permettant l'utilisation de la langue maternelle pour enseigner les « cultures nationales ». L'importance de la langue première dans la confection et la promotion du « bouquet du multiculturalisme » relevée par Biya (1987 :117) et la mise en place de la Commission nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme est donc à souligner ici.

Les motivations ainsi présentées, Il est donc important de préciser la question centrale à laquelle nous allons dans notre analyse apporter quelques éléments de réponse. Il s'agit de la problématique de notre étude.

2. PRO L MATIQUE

Le kw ? est l'une des multiples langues camerounaises qui est restée longtemps sans réel travail scientifique. Cette situation est certainement due à l'accès difficile à la zone d'étude qu'est le département du Nkam dans la région du Littoral, Cameroun. Sans réel travail pour sa promotion et sa sauvegarde, cette richesse du patrimoine linguistique mondial

L'atteinte de ces objectifs est le but recherché dans notre étude. Pour les atteindre, il importe de répondre aux différentes questions de recherche proposées ci-dessous.

3

risquerait de disparaitre. Dès lors, nous nous proposons de répondre à la question de savoir comment parvenir au développement et à la promotion du kw ?, tout en documentant ce patrimoine en grand danger de disparition ? Ou encore que faire afin de promouvoir et de documenter le patrimoine linguistique en grand danger de disparition qu'est le kw ? ?

De cette problématique, nous pouvons ressortir l'objectif principal de notre recherche, et ainsi que les objectifs secondaires qui en découlent.

3. L'O JETIF PRINCIPAL DE LA RECHERCHE

Notre étude s'inscrit dans un processus de standardisation des langues à tradition non écrite. Il sera question de mener une étude morphologique de la langue kw ? afin d'améliorer la norme de lecture et d'écriture de ladite langue proposée par Tientcheu Tchameni (2008). Cette amélioration se repose principalement sur la délimitation des mots. Pour finir, nous allons présenter les bases ou fondements du développement et de l'usage de la forme écrite de la langue kw ?.

Après avoir présenté l'objetif principal de notre étude, il nous incombe de présenter les objectifs secondaires qui se rattachent à ce « grand » objectif et qui constitueront les différentes axes du développement de notre étude.

4. OBJECTIFS SECONDAIRES DE LA RECHERCHE

Les objectifs secondaires de cette étude découlent de ce qui précède. Nous avons notre objectif principal qui est d'analyser la morphologie de la langue afin de faire une amélioration de l'orthographe avec une emphase sur la délimitation des mots orthographiques kw ?.

Notre objectif principal se décline en objectifs spécifiques suivants :

- vérifier les phonèmes et les tonèmes de la langue kw ? ;

- décrire le comportement des éléments morphologiques dans cette langue ;

- établir quelques prérequis pour la standardisation du kw ? ;

- sur la base des caractéristiques d'une bonne orthographe, proposer un alphabet et

les principes orthographiques améliorés de ladite langue ;

4

5. QUESTIONS DE RECHERCHE

En fonction des objectifs que nous nous sommes fixés, nous nous proposons d'examiner les questions découlant de notre problématique. Il s'agit de :

- Quels sont les phonèmes et les tonèmes retenus pour la langue kw ? ?

- Comment se comportent morphologiquement le nom et le verbe en kw ? ?

- Sur quels éléments peut-on se fonder pour la standardisation de la langue kw ? ?

- Quels sont l'alphabet et les normes orthographiques améliorés qu'on peut proposer en tenant en compte les caractéristiques d'une bonne orthographe ?

Ces questions de recherche n'entrainent pas des hypothèses. Pour répondre à ces questions, il nous importe d'adopter une méthodologie de travail qui nous mènera à des fins objectives.

6. ADRE TH ORIQUE

Il s'agit ici de présenter le cadre d'analyse théorique qui nous a guidé tout au long de notre étude afin de mieux apprécier et supporter nos analyses. Nous avons donc fait recours à la théorie structuraliste de Ferdinand De Saussure à travers l'école fonctionnaliste d'André Martinet (1980) ainsi que l'école américaine de Leonard De Bloomfield (1933). Le fonctionnalisme nous permet de déterminer la fonction de chaque élément, plus précisément en phonologie en ce qui concerne l'établissement de la fonction distinctive des sons du langage. Nous l'avons utilisé pour mieux apprécier les paires minimales des sons que notre prédecesseure n'avait pas identifié comme phonème de la langue kw ?. D'après ce courant de pensée, les phonèmes n'ont pas de sens lorsqu'ils sont en isolation, mais permet de différencier formellement des unités qui ont des sens différents. Prenons en exemple les phonèmes /y et kx dans d y « avoir, posséder , d kx « br ler » respectivement. Nous constatons bien que ces deux phonèmes ont une fonction distinctive lorsqu'ils se retrouvent dans les paires de mots kw ? présentée. Le distributionnalisme quant à lui d'après Jean-Philippe Soh (2014 :14) permet de « décrire les places des segments les uns par rapport aux autres, dans un ensemble rigoureusement synchronique d'énoncés et de mesurer les diverses contraintes systématiques ». Pour ajouter à ce que Soh (2014) affirme, nous précisons que dans le cadre de notre analyse morphologique, il s'est agit au travers de ce courant de pensée, de segmenter nos différentes phrases ou éléments de la chaine parlée en unités distinctives en

5

fonction des positions de chaque élément dans l'énoncé c'est-à-dire leur environnement. C'est donc cet ensemble de principes généraux de l'analyse linguistique structurale et synchronique qui va nous guider tout au long de notre analyse. Nous avons également eu recours à l'approche sociolinguistique. Cette approche met en relation les langues et la société car d'après Sadembouo (2001 :25), « la sociolinguistique aborde les faits linguistiques non pas en les décrivant, mais plut t du point de vue du rapport qu'ils entretiennent avec la société, les usagers des langues et, les acteurs de ces faits linguistiques ». Cette approche nous a guidé lors de l'analyse des représentations et des attitudes linguistiques des locuteurs kw ? recueillies auprès de ceux-ci, dans le développement des aspects sociolinguistiques/pratiques de l'orthographe et de la diffusion des normes établies.

Le cadre d'analyse sur lequel nous nous sommes appuyé pour présenter nos analyses étant défini, nous allons donc présenter les différentes méthodes qui nous ont permi à élucider notre question centrale ; il s'agit du cadre méthodologique.

7. CADRE MÉTHODOLOGIQUE

Pour parvenir à nos fins, nous nous servi d'une méthode bidimensionnelle. La première est l'adaptation et l'administration du questionnaire d'enquête linguistique extensive de L. Bouquiaux et al. (1976) pour la vérification phonologique et la description morphologie, et l'élaboration et l'administration d'un guide d'entretien pour des informations sociolinguistiques, c'est-à-dire le receuil des représentations et des attitudes de la population kw ? envers la proposition d'une orthographe de leur langue.

7.1.1. L'enqu te p r le questionn ire d'enqu te linguistique extensive

Nous avons utilisé une liste de mots et de syntagmes adaptée de L. Bouquiaux et al. (1976). Ce questionnaire est généralement utilisé pour les travaux de descriptions des langues ; il est beaucoup plus utilisé pour la description phonologique, morphologique et syntaxique. Dans notre étude, ce questionnaire nous a permi de receuillir les équivalences dans notre langue d'étude qu'est le kw ?. Ces équivalences ont été receuillies auprès des locuteurs de la langue kw ? residant dans les villes de Douala et de Yaoundé lors de nos multiples descentes sur le terrain, et transcrites suivant l'Alphabet phonétique International (API). Nous l'avons utilisé pour vérifier la phonologie faite précédemment, et pour la description morphologique (nominale et verbale) de la langue kw ?. Le dépouillement s'est éffectué de manière mécanique, nous avons analysé ces données manuellement, et plusieurs de ces données constituent des illustrations dans notre travail ; notamment dans les chapitres

6

portant sur la vérification phonologique et la description morphologique. Donc, ce questionnaire nous a servi pour l'élaboration des chapitres 1 et 2 de notre travail. Nous ne nous sommes pas limité au questionnaire d'enquête linguistique extensive, mais nous avons également faire recours un guide d'entretien pour mieux élucider les questions qui constituent l'objet des chapitres 3 et 4.

Nous avons également utilisé quelques mots (200) que nous avons receuilli les équivalences dans les langues kw ?, m d mb et nd ?ndà? respectivement. Ces mots ont été receuillis auprès des locuteurs de ces différentes langues et transcrits suivant l'API. Pour ce questionnaire de mots portant sur le test de similarité, nous avons fait un dépouillement automatique grâce au logiciel Cog tout en utilisant la méthode lexicostatistique proposée par Blair (1987). Communément connue sous l'appélation de la méthode de Blair, elle se fonde sur la similarité phonétique. Suivant cette méthode, chaque paire de mots a été considérée comme apparentée ou non selon le degré de similarité entre les paires de sons comparées dans une paire de mots donnée. Les résultats sont visibles à travers des captures d'écrans des analyses, que nous avons inséré dans le chapitre 3.

7.1.2. L'enqu te p r le guide d'entretien

Nous avons constitué un guide d'entretien que nous avons reparti en deux parties. La première partie nous renseigne sur l'identification de chaque répondant. Quant à la seconde partie, elle porte sur le questionnaire ; lequel comporte sept questions fermées et ouvertes. Cette phase de l'étude réalisée dans notre zone d'étude visait à déterminer les différentes variantes de la langue kw ? ou encore à déterminer si sa situation linguistique est homogène. Elle nous a également permis de faire ressortir les attitudes de la communauté linguistique cible sur une potentielle standardisation de leur langue. Elle a été éffectuée dans les trois (03) cantons où sont parlées cette langue à savoir le canton Moya, le canton Bakoua et le canton Tongo, ainsi qu'auprès des locuteurs natifs installés dans les villes de Douala et de Yaoundé respectivement. Ceci s'est fait généralement par l'administration d'un questionnaire aux populations de la communauté linguistique cible.

Nous avons eu recours à certaines personnes, locuteurs natifs pour fournir et vérifier les données pour notre travail.

7

7.1.3. Les informateurs

Lors de nos différentes descentes sur le terrain en février 2018, septembre 2018 et juillet 2019 respectivement, nous avons été assisté par quelques locuteurs natifs de la communauté kw ?. Le tableau suivant (tableau 1) présente nos informateurs ainsi que des informations les concernant.

Tableau 1: fiche d'identific tion des inform teurs

NO

Noms et Prénoms

Age

Sexe

Niveau d'étude

Profession

Résidence

1

Bangmi Lucien

52

M

Universitaire

Contrôleur des postes

Douala

4

Fagnia Mirabelle

52

F

Secondaire

Ménagère

Yaoundé

2

Heya Philippe

65

M

Secondaire

Agent SONEL retraité

Douala

3

Mbuitcho Justine

47

F

Secondaire

Couturière

Yaoundé

5

Ngatchouop Moise

67

M

Primaire

Cultivateur

Fanda

6

6Nzeungang Roger

56

M

Secondaire

Comptable

Yaoundé

7

7SM Tokam

William

25

M

Universitaire

Étudiant

Douala et

Tongo

Dans la section suivante, nous allons passer en revue l'ensemble des travaux qui ont été faits sur la langue jusqu'ici.

8. RÉVUE DE LA LITTÉRATURE

Nos investigations dans les bibliothèques de l'ANACLAC, du Département de Langues africaines et Linguistique, du CERDOTOLA et de la SIL ont permis de faire une revue de la littérature sur la langue kw ? concernant notre sujet. Cette revue a été couronnée par la découverte d'un travail de sociolinguistique réalisé par les chercheurs de la SIL en 2000. Une étude réalisée en 2000 pour l'obtention du dipl me de Maitrise en linguistique, portant sur une esquisse phonologique et les perspectives de la standardisation de la langue màm ny n. Nous avons découvert également une étude portant sur les étapes vers la standardisation d'une langue Bantu Grassfield, le k nswéynséy, réalisée en 2000. Une thèse de Doctorat Ph.D en linguistique appliquée portant sur le thème « a study of the phonological, morphological and syntactic processes in the standardisation of limbum », réalisée en 2004 nous a aussi intéressée et enfin un travail de description phonologique réalisé à l'Université de Dschang en

8

2008 a été notre point de chute de cette revue. Nous allons à présent exposer ces travaux sur lesquels nous nous sommes appuyé. Il s'agira de présenter les éléments que nous avons pu exploiter, tout en présentant les insuffisances et nos apports pour l'amélioration dans le cadre de notre étude.

Brye, E. et Domche Teko, E., (2000) mènent la première évaluation globale de la situation sociolinguistique chez les kwa' (ALCAM : 990). Il s'agit là d'un aspect de la sociolinguistique. Dans cette évaluation, les auteurs donnent un aper u de la situation linguistique et sociolinguistique de la langue kw ?. Ces orientations nous ont aidé lors de notre descente sur le terrain et nous ont également permis de nous intéresser davantage à cette langue aux vues de sa situation géographique et de sa proximité linguistique avec les langues grassfields telle que présentée par ces auteurs. Notons que cette étude ne va pas en profondeur comme l'affirment les auteurs, du fait des difficultés d'accès aux locuteurs dans leurs différents villages, difficultés inhérentes au manque d'infrastructures routières. Ce travail se veut de donner une vue plus claire de la présentation de la situation linguistique et sociolinguistique chez les kw ?.

Concernant les travaux portant sur la standardisation plus précisement, nous en avons retenu quatre. Il s'agit des travaux de Forku (2000), Akeriweh (2000), Tabah Nforgwei (2004) et Tientcheu Tchameni (2008).

Forku (2000) a mené une étude intitulée a sketch of phonology of màm ny n and standardization perspectives» qui présente une phonologie structurale de cette langue, les préliminaires pour la standardisation de celle-ci, ainsi qu'une proposition d'alphabet et des règles de lecture et d'écriture. L'auteur fait une analyse paradigmatique des sons de la langue pour en ressortir les phonèmes, une analyse syntagmatique afin de ressortir les combinaisons syllabiques possible entre les phonèmes attestés. Il met également un point d'honneur sur l'analyse de la distribution des structures tonales existantes dans la langue. Cette étude qui a pour objectif principal de proposer un système d'écriture de la langue Bantu, le màm ny n, est basée uniquement sur une analyse phonologique structurale. L'auteur ne s'interesse guère à la structure morphologique de la langue, ainsi qu'aux différentes caractéristiques d'une bonne orthographe proposées tel que nous l'aborderons dans notre travail.

Nous avons eu à explorer en détails l'étude « a step towards the standardisation of k nswéynséy (a grassfield bantu language) » menée par Akeriweh en 2000. Cette étude se consacre à poser les jalons de la standardisation dans la langue k nswéynséy. Pour ce faire,

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l'auteur s'interesse tout comme Forku (2000) à mener une analyse phonologique structurale de la langue k nswéynséy o il met un accent particulier sur les facteurs linguistiques et extralinguistiques qu'il présente en un chapitre de son travail. Lors de la proposition de l'alphabet et des principes orthographiques, l'auteur fait une présentation littérale des règles de formation des mots sans une base morphologique, ce qui constitue notre apport dans cette étude que nous menons.

Une autre étude, beaucoup plus étendue que les précédentes exposées, est celle menée par Tabah Nforgwei (2004). Cette étude intitulée a study of the phonological, morphological and syntactic processes in the standardisation of limbum» est clairement décrite suivant l'aspect phonologique, morphologique et syntaxique pour une harmonization de l'orthographe de la langue limbum. Ici, l'auteur procède par une comparaison des dialectes Nord et Sud sur la base de la triptyque analytique phonologie, morphologie et syntaxe. Ce travail a pour but ultime de présenter une norme standard de l'orthographe que l'auteur utilise pour présenter une grammaire pédagogique. Donc l'auteur, présente une grammaire de l'enseignement de la langue limbum sur la base des comparaisons issues des analyses descriptives des différentes variantes de la langue. il ne s'intéresse pas aux préalables à poser pour la standardisation, ni aux moyens de consolidation de ce système d'écriture standard qui sont des éléments sur lesquels repose notre système d'écriture de la langue kw ? proposé.

Comme autre étude portant sur notre langue d'étude qu'est le kw ?, Tientcheu Tchameni (2008) a mené une étude qui porte sur une esquisse phonologique du kw ' (code ALCAM 990) et proposition d'une orthographe. L'auteure fait le tout premier travail de description sur cette langue non-explorée. Elle fait une analyse phonologique de ladite langue et fait une proposition de règles de lecture et d'écriture pouvant permettre aux membres de la communauté ainsi qu'aux éventuels futurs chercheurs d'écrire et de lire aisément celle-ci. Ce travail nous a servi les phonèmes de la langue et une proposition d'orthographe sur laquelle nous nous sommes appuyé pour proposer de nouvelles règles. Notons que cette auteure ne prend pas en compte l'aspect morphologique dans sa proposition d'orthographe. Cet élément que nous trouvons indispensable pour tout système d'écriture est l'un des points pertinents que nous explorons dans notre étude. Nous présentons et adoptons nos règles sur la base des qualités d'une bonne orthographe proposées par Williamson (1984), ainsi que les moyens de consolidation du système d'écriture proposé.

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La revue de la littérature ainsi présentée, il nous semble judicieux et indispensable de présenter la langue kw ? ainsi que la communauté dans laquelle elle est employée.

9. SITUATION G O-LINGUISTIQUE DE LA LANGUE

La langue kw ? est l'une des langues bantu parlée au Cameroun dans l'arrondissement du Nord-Makombé, dans le département du Nkam de la région du Littoral. Elle est parlée dans trois (03) cantons à savoir le canton Moya, le canton Bakoua et le canton Tongo qui appartiennent tous à des chefferies de 2ème degré. Chacun de ces cantons regroupe plusieurs villages ayant des chefferies de 3ème degré, mais très peu de ces villages sont habités. Le kw ? dont le code ALCAM est [901] est délimité au Nord par le ?asa [401] et le nd ?ndà? [980], au Sud par le ndemli [502] et le tunen [511], à l'Ouest par le bakoko [402] et à l'Est encore par le tunen [511]. Les locuteurs de ces zones o le kw ? est parlée sont influencés par les langues majoritaires voisines à savoir le nd ?ndà? et le m d mb .

9.1. Cartes linguistiques

Nous allons présenter tour à tour deux (02) cartes linguistiques du kw ?. L'une vue sur le plan régional et l'autre sur le plan départemental.

9.1.1. Carte linguistique régionale

La carte ci-dessous vous présente la situation de la communauté linguistique kw ? dans la région du Littoral. Cette carte nous permet de situer la langue d'étude dans sa région afin de voir sa position par rapport aux autres langues de la région. Il s'agit également de présenter sa position dans la région par rapport à d'autres régions voisines.

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Carte 1 : Carte linguistique de la région du Littoral Binam Bikoi (éd.) (2012:31)

Nous constatons à travers cette carte que la langue kw ? (la zone verte foncée au nord de la carte) est parlée dans la Région du Littoral. Elle est limitée au Nord par la Région de l'Ouest et à l'Ouest par la Région du Centre. Il est nécessaire de présenter une carte plus proche de la situation du kw ?.

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9.1.2. La carte linguistique départementale

Nous présentons ci-dessous la carte linguistique du département du Nkam, département dans lequel la langue kw ? est originaire. Elle nous permettra de mieux ressortir les langues avoisinantes à notre langue d'étude. Ce qui nous permettra de clarifier la situation linguistique de certaines d'entre elles qui sont plus proches linguistiquement de notre langue d'étude.

Carte 2 : Carte linguistique du département du Nkam Binam Bikoi (éd.) (2012:37)

la lecture de cette carte, nous constatons que la langue kw ? (représentée par la zone verte foncée sur la carte) dans ce département précis est avoisinnée par les langues bakoko [402], ?asaa [401], ndemli [502] et tunen [551].

Les cartes linguistiques du kw ? présentées, il est aussi important de présenter sa généalogie.

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10. APERCU HISTORIQUE

Lors des recherches faites sur la littérature produite sur la communauté kwá?, nous n'avons pas pu trouver un document qui relate de manière plus ou moins exhaustive l'histoire de ce peuple.

Selon un de nos informateurs, la communauté kwá? aurait quitté la région du Noun pour s'installer dans l'actuel département du Ndé, limitrophe au département du Noun, suite à l'invasion islamique menée par le roi Njoya. Après quelques temps de cohabitation avec les habitants du Ndé qu'ils estiment ne pas être assez propres, les ascendants des kwá? vont se détacher d'eux en deux colonies : la première, dirigée par le nommée Muyuka fonda le groupement de Milombé et la deuxième, conduite par Tchoutang Nkem Disik qui alla créer celui de Bakoua. C'est de ces deux (02) groupements que naitront tous les autres groupements kwá?. Par ailleurs, l'aire kwá? a été une zone de bataille pendant la guerre des indépendances au Cameroun. Plusieurs personnes ne se reconnaissent pas dans le terme kwá? qui désigne la langue, mais plutôt dans le terme bàkákán pour certains et m d mà pour d'autres.

La langue kwá? est mal connue du grand public probablement à cause de la méconnaissance du peuple en question, de son état d'enclavement avancé et aussi de sa faible force numérique. C'est pour cela que nous mettrons en exergue sa situation socio-culturelle.

11. SITUATION SOCIO-CULTURELLE

Il serait important de faire une présentation anthropologique de la communauté kwá? afin de mieux l'appréhender. En dépit de la connaissance qu'elle a de Dieu d'après leur religion importée (notamment la présence de l'église protestante évangélique), il faut préciser que la communauté kwá? ne bat pas en brèche sa croyance aux forces de la nature.

Cependant, la connaissance de la socio-culture de cette communauté ne se réduit pas uniquement à la religion, mais beaucoup plus à la culture. Nous pouvons dire de la culture que c'est l'expression ou la traduction d'un mode de vie propre à une communauté. La communauté kwá? a su garder une partie de ses habitudes evidemment folkloriques. Ceci est vérifiable à travers la multiplicité des danses traditionnelles notamment le m ? qui est une danse reservée aux hommes initiés, le mb? n reservé aux femmes, ainsi le kû?gùlû?, le d ?á?. Le kwá? et le lù? reservés à toute personne membre de cette communauté, des rites et rituels (le culte des cranes, cérémonie de jumeaux, la cérémonie des voyants (ou la divination) et le culte sous l'arbre) ainsi que certains évènements culturels organisés annuellement dans certains cantons de la communauté kwá? (la célébration de la fille Tongo par exemple).

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Il est également important noter que la plupart des constructions sont faites en terre cuite dans ces différents cantons. Les habitudes alimentaires sont beaucoup plus basées sur la consommation des tubercules accompagnés de la sauce de pistache (graine de courge) qui, est la céréale le plus consommée par la communauté kw ?.

Nous allons également jetter un regard sur les activités économiques pratiquées par les membres de la communauté kw ?.

12. SITUATION ÉCONOMIQUE

La communauté kw ? vit en grande partie des activités agro-pastorales telles que la pêche, la chasse et l'agriculture de subsistance. Ils pratiquent entre autres la culture du macabo, du cacao, de la banane, du plantain, des arachides, de la pistache, du café, de la canne à sucre, ainsi que quelques cultures mara chères à l'instar du piment, de la tomate etc....Le peuple kw ? pratique l'élévage des caprins et de la volaille. Les marchés se font une fois par semaine et de manière rotative suivant les différents groupements que compte ce peuple. Certains produits manufacturés comme le sel, le savon, produits de beauté et produits de friperies sont présents les jours de marché. Le jour du grand marché est le samedi. Notons également qu'à travers la SOPALTO (Société coopérative des Palmeraies de Tongo) installée à Tongo depuis 1994, plusieurs jeunes de la localité et d'ailleurs sont recrutés, et travaillent pour la production de l'huile de palme et ses dérivés. Relevons que certains problèmes se posent encore avec acuité à savoir le manque d'infrastructures routières, les problèmes d'électrification, ainsi que les problèmes d'approvisionnement en eau potable.

Cette situation ainsi présentée, nous allons proposer une illustration de la classification linguistique à travers des cartes.

13. CLASSIFICATION LINGUISTIQUE DU KWAì?

Il s'agit dans cette section de présenter la classification de la langue kw ? à travers son arbre généalogique. La classification de Binam Bikoi, éd. (2012) place la langue kw ? dans le phylum Niger-kordofan, sous-phylum Niger-congo, dans la famille Bénoué-congo, de la sous-famille Bantoide, branche bantou, de la sous-branche Grassfields, du groupe Grassfields-Est et du sous-groupe Bamiléké-central. Nous rendons ceci plus visible à travers la représentation arborescente ci-dessous :

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Phylum : Nilo-saharien Afro-asiatique Niger-kordodafanien

Sous-phylum : Niger-Congo

Famille : Ouest-atlantique Bénoué-congo Adamawa-oubnaguienne

Sous-famille : Jukonoide Cross-river Bendi Bantoide

Branche : Mambiloide Bantou

Sous-branche: Jarawan Tivoide Ekoide Nyang Beboide Grassfield Mbam Equatorial Zambèze

Groupe: Grassfield-Est Ring Momo Menchum

Sous-groupe: Ngemba Bamiléké-central Noun Nord

Langue : kwaì? [901] nda'nda'[905] ngombale[920] mengaka[930] ngombà[940] ngyemboÌoÌn[951] yémba[952] gh?m l '[960] fe'efe'e[970]

Adapté de Binam Bikoi (éd) (2012)

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14. PLAN DU CONTENU

Le présent travail se subdivise en deux (02) parties. Chaque partie comporte deux (02) chapitres. Dans la première partie intitulée rappels phonologiques et esquisse morphologique, nous allons revisiter la phonologie de la langue kw ? tout en confrontant les résultats de nos recherches à ceux de notre prédécesseure, Tientcheu Tchameni (2008). Ceci fera l'objet de notre premier chapitre pour cette partie. Le second chapitre de cette partie s'intéressera davantage à l'analyse de la morphologie nominale et verbale de la langue kw ?. Notre seconde partie intitulée les perspectives de la standardisation de la langue kw ? est également composée de deux (02) chapitres. Le premier s'intéresse aux préliminaires ou prérequis pour la standardisation du kw ?. Le second s'intéresse à l'alphabet et aux principes orthographiques de la langue kw ?, et expose les conditions de la consolidation du processus de standardisation par la mise sur pied d'un comité de langue.

PREMIÈRE PARTIE : QUELQUES ÉLÉMENTS DE LA GRAMMAIRE

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Cette première partie concerne le rappel phonologique et propose une esquisse morphologique, composée de deux (02) chapitres, cette partie permettre de faire ressortir le système phonologique ainsi que la présentation de la morphologie de la langue kw ?. Il sera question de faire un rappel du travail d'esquisse phonologique et de proposition d'orthographe faite par notre prédecesseure Tientcheu Tchameni (2008). Il s'agira pour nous de présenter les résultats de son travail et vérifier suivant une opposition complète des paires de sons de cette langue. Nous nous servirons de l'API pour la transcription de nos données. Aussi, nous nous proposons de faire un ajout des consonnes, des voyelles et des tons qui se sont revelé pertinents dans la langue kw ? issus de nos données. Étant donné que notre objectif est beaucoup centré sur une potentielle standardisation de ladite langue, notre second chapitre proposera une esquisse de la morphologie nominale et verbale de la langue kw ?. Ce travail de morphologie sera mené de manière éfficiente dans des travaux futurs. Dans ce chapitre, nous traiterons de la structure du nom, du syntagme nominal et des classes nominales particulièrement pour ce qui est de la partie reservée à la morphologie nominale. Dans la partie reservée à la morphologie verbale, la structure du verbe, du syntagme verbal ainsi que des modalités spatio-temporelles seront présentées tour à tour.

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CHAPITRE 1 : RAPPEL PHONOLOGIQUE

Il est question dans ce chapitre de revenir sur quelques éléments de la phonologie de la langue kw ?. Il s'agit de l'analyse sur le plan paradigmatique et sur le plan syntagmatique.

1.1. L'ANALYSE PARADIGMATIQUE

Cette section de notre chapitre porte sur l'analyse des sons de la langue en opposition entre eux et/ou suivant leur distribution. Il sera question de ressortir les phonèmes de la langue. Nous nous proposons de faire un rappel de la phonologie de la langue et apporter un certain nombre d'amendements. Nous allons tour à tour revenir sur le système consonantique, le système vocalique et le système tonal. Nous partons d'un corpus de mots en langue kw ? ; o nous allons faire un inventaire de tous les sons et tons que nous propose notre corpus, présenter les différents tableaux phoniques, relever des paires de mots en contexte identique afin de distinguer les sons distincts de ceux qui sont allophones. Nous interpréterons également des séquences de sons présents dans notre corpus afin d'en déterminer les statuts. À la fin de ce chapitre, nous confronterons nos résultats à ceux de Tientcheu Tchameni (2008).

1.1.1. Vérification phonologique

Il s'agit dans cette section de revenir sur les résultats de l'analyse phonologique proposée par Tientcheu Tchameni (2008). Nous allons présenter dans des tableaux ses phonèmes consonantiques, ses phonèmes vocaliques ainsi que ses tonèmes.

1.1.1.1. Les phonèmes consonantiques

Nous allons les présenter dans un tableau semblable à celui de l'API, mais sans mentionner les points et modes d'articulation, les différentes consonnes qui ont été reconnues comme distinctives d'après l'étude faite par Tientcheu Tchameni (2008).

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Tableau 2: Phonèmes consonantiques selon Tientcheu Tchameni (2008 :40)

P

 

t

 
 

k

 

kf

B

 

d

 
 

g

 
 

M

 

n

 

J1

D

 
 

mb

 

nd

nd3

 

Dg

 
 
 
 
 

1f

 

kx

 
 
 
 
 

d3

 

gy

 
 
 

f

s

 
 

x

h

 
 

v

 

3

 
 
 
 
 
 

l

 
 
 
 
 
 
 
 
 

j

ui

 

w

Ce tableau laisse entrevoir que Tientcheu Tchameni (2008) a pu inventorier vingt-neuf (29) phonèmes consonantiques parmi lesquelles quatre (04) consonnes prénasales respectivement /mb/, /nd/, /nd3/ et /Dg/. Le tableau suivant porte sur le système vocalique tel que proposé par Tientcheu Tchameni (2008).

1.1.1.2. Les phonèmes vocaliques

Les phonèmes vocaliques retenus par Tientcheu Tchameni (2008) dans son étude sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 3: Phonèmes vocaliques selon Tientcheu Tchameni (2008 :40)

i

 
 
 
 

i

 

u

uu

 

u

uu

e

ee

ø

øø

 
 
 
 

o

 

E

EE

 
 
 
 
 
 

3

33

 
 
 
 

a

aa

 
 
 
 

Ce tableau indique que Tientcheu Tchameni (2008) a obtenu de ses analyses vocaliques dix-sept (17) phonèmes dont dix (10) voyelles simples et sept (07) voyelles longues.

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1.1.1.3. Les tonèmes

Il s'agit des tons identifiés après une analyse phonologique comme étant distincts des autres avec lesquels ils ont été opposés. Nous allons également les présenter dans un tableau ainsi qu'il suit.

Tableau 4: Tonèmes selon Tientcheu Tchameni (2008 :40)

r

 

`

 
 
 

A

 
 

Dans cette langue, Tientcheu Tchameni (2008) a ressorti cinq (05) tonèmes dont trois (03) simples et deux (02) complexes ou modulés.

1.1.3. Propositions issues de nos données

Nous ne présenterons pas toutes les étapes préliminaires d'une analyse phonologique (inventaire phonique, tableaux phoniques) puisqu'il s'agit juste d'une vérification des résultats d'un travail antérieur. Par conséquent, nous nous proposons de partir sur la base de quelques observations faites sur les résultats de l'analyse de Tientcheu Tchameni (2008) et sur la base de nos données recoltées. Mais avant toute chose, nous allons éclairer le statut des séquences phoniques que nous avons découvertes dans nos données collectées.

1.1.3.1. Interprétation des séquences ambiguës

Pour Djomeni (2012:43), des séquences ambiguës sont: « those whose interpretation is not easy to process. ». Il est souhaitable de prime abord d'éclaircir le statut des séquences de consonnes et de voyelles observées dans notre corpus. Ceci pour une analyse adéquate et fiable de la phonologie de cette langue. Nous avons fait face aux difficultés liées aux consonnes complexes notamment les consonnes prénalisées et les successions de voyelles.

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1.1.3.1.1. Consonnes prénasalisées

Certaines consonnes recensées en position initiale peuvent avoir une fonction syllabique ou de prénasale. Dans ce contexte, a-t-on à faire aux prénasales c'est-à-dire NC ou s'agit-il des nasales syllabiques c'est-à-dire N+C, donc deux syllabes ? À travers notre corpus, nous constatons qu'il y a une succession de consonnes nasales et consonnes occlusives et fricatives en position initiale et en position médiane. Nous avons également constaté que ces consonnes-là peuvent apparaître seules. Ce qui signifie en d'autres termes que les contextes sont mutuellement exclusifs. Étant donné aussi que la langue n'admet pas de structure CC dans les cas simples c'est-à-dire de succession quelconque de sons, cette succession ne saurait être des consonnes distinctes. Sur ces bases, nous pouvons admettre qu'il s'agit des prénasales. Nous allons présenter cela à travers l'exemple (1) ci-dessous :

(1)

 
 
 

?g p nd mv

« la peau de l'animal » « le mari, l'époux » « le deuil »

b ?g m nd tàmb

« boucle d'oreille » « l'homme » « le chapeau »

 

À travers cet exemple, nous constatons qu'il ne s'agit que des prénasales sonores car les nasales qui précèdent les consonnes sourdes dans cette langue sont généralement des nasales syllabiques comme nous le veront plus tard dans l'analyse.

Nous allons maintenant déterminer le statut des différentes successions de voyelles que nous avons relevées de notre corpus.

1.1.3.1.2. Les séquences vocaliques

La langue kw ? comporte des séquences vocaliques dont nous déterminerons le statut phonologique afin d'adopter une bonne orthographe de cette langue. Il s'agit des successions présentées dans l'exemple (2) suivant :

(2)

u a k ? « bracelet »

u ? k ? ? « la flèche »

u e ?g èn « l'aigle »

u m? ? « la lune »

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u i d ? « fondre »

u ? k ? « quatre »

i ? d b ? ?ó « s'enrouler »

i ? f ? « la tombe »

i a f à?nd? « le balai »

i u b ? « neuf »

Au vu de ces groupements, nous pouvons nous poser une question fondamentale : Peut-on considérer ces groupements vocaliques comme des diphtongues, ou pourrait-on parler d'un processus de labialisation et de palatalisation ou encore d'un processus de formation de glides ? De prime abord, nous sommes tenté d'affirmer que la langue kw ? fait état de diphtongues. Dubois et al. (1973 :155) définissent la diphtongue comme étant « une voyelle qui change une fois de timbre au cours de son émission, de sorte que l'on entend une certaine qualité vocalique au début de la diphtongue et une autre à la fin . En kw ?, on ne retrouve que les voyelles [i] et [u] en première position dans ces groupements or on s'attendrait à avoir tout type à cette position. Donc il ne s'agit aucunement des voyelles diphtongues. En revenant sur la liste de l'exemple (2) précédent, nous nous rendons compte de l'apparition de certaines voyelles basses en deuxième position. Ces voyelles sont [a, ?, ?]. Il serait donc impensable d'avoir des consonnes palatalisées et labialisées devant ces voyelles aussi basses. Car, pour Chumbow et Ejimatswa (1984) cité par Nguendjio (1989:55), consonants cannot be said to be palatalized or labialized before a vowel as low as [a]. Since both processes of palatalization and labialization involve raising of the tongue it would be unnatural for a low vowel to condition these processes».

Les sons [i] et [u] apparaissant en première position dans les groupements vocaliques subiraient des transformations et deviendraient respectivement [w] et [j]. Ces voyelles peuvent être suivies de toute autre voyelle, qu'elle soit haute ou basse.

D'o la règle suivante :

u w/ C___V et i j/ C_____V

Il s'agit donc de CwV et de CjV o Cw et Cj correspondent respectivement à C + W et C + J.

Il est évident qu'il ne s'agit nullement d'un processus de labialisation et de palatalisation, il s'agit plut t d'un processus de formation de glides. Nous pouvons matérialiser cela dans l'exemple (3) ci-dessous :

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(3)

u i d ? [d ?w ] « fondre »

u e ?g èn / [?gwèn ] « l'aigle »

u E k è/ [kwE ] « quatre »

u /mE ? / [mè?w ] « la lune »

u a k ? [kw ?] « bracelet »

u ? k ? ? [kw? ?] « la flèche »

i E f E / [fjE ] « la tombe »

i a f à?ndE / [fjà?ndE ] « le balai »

i u b ? [bj ? ] « neuf »

i ? d b ? ?ó/ [d bj? ?ó] « s'enrouler »

À la suite de ce processus, il s'en suit directement un processus de perte de segment (désyllabation) pour reprendre Nguendjio (1989 : 57). Dans notre cas précis, les voyelles [u] et [i] sont porteuses de tons en structure profonde. Mais, une fois transformées en semi-voyelles, elles perdent ce ton. Dans la langue kw ?, seules les nasales syllabiques et voyelles sont porteuses de ton, car elles sont des noyaux de syllabe.

1.1.4. Quelques observ tions sur les résult ts de l'étude ntérieure

Ces observations se situent au niveau des consonnes, des voyelles et des tons. Nous nous proposons de suivre évidemment cet ordre défini c'est-à-dire commencer par les observations au niveau des phonèmes consonantiques et au niveau des tonèmes en passant par les voyelles.

1.1.4.1. Au niveau des phonèmes consonantiques

L'analyse antérieure faite par Tientcheu Tchameni (2008) a révélé que les consonnes ci-après sont des phonèmes distincts de la langue kw ?. Il s'agit de : /b, d, m, n, mb, f, v, t, s, n, nd, l, ?, ?, ?, ?, n?, kx, j, k, g, ?, ?g, w, h .

Dans la présente étude, nous ne reviendrons pas sur l'analyse de chacun de ces phonèmes, car notre apport est de relever les insuffisances et de les combler. Pour cette raison, nous essayerons de montrer dans la suite de notre travail que certains phonèmes présentés par notre prédécesseure ne peuvent en aucun cas être des phonèmes de cette langue, et après nous montrerons également la présence de certains phonèmes non-identifiés par celle-ci.

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1.1.4.1.1. Les phonèmes /p/ /g?/ /ui/ /kf/ /x/

Le phonème p identifié par Tientcheu Tchameni (2008) comme étant distinctif ne l'est pas effectivement. Le son [p] est en distribution complémentaire avec le son [b] tel que présenté dans l'exemple (4) ci-dessous :

(4)

[p] [b]

?? p « pressoir » d bélé « pousser »

? k? p « argent » bàà « poche »

jép « leur » bà?à « maison »

nép « eux » tàmb « chapeau »

apparait uniquement en position finale apparait en médiane et en initiale

Nous pouvons donc remarquer que le [p] apparait uniquement en finale de mot et [b] apparait en initiale et médiane. On pourrait penser qu'il s'agit du [b] qui s'est assourdi en position finale. Donc [p] et [b] sont deux allophones d'un même et unique phonème b .

Pour le phonème /? , nous n'avons eu aucun mot avec celui-ci dans notre corpus. De plus c'est un son qui n'est pas aussi attesté dans les langues voisines du kw ?.

Quant aux phonèmes /g /, /kf/, /x/, nous estimons qu'ils résultent d'une erreur de transcription des données, car ils n'apparaissent nulle part dans notre corpus. Nous pouvons également penser qu'il s'agirait des consonnes /, /pf/ pour les deux premiers. Et pour /x/, nous sommes tentés de dire qu'il serait une réalisation contextuelle de / / (telle que nous l'avions identifié) puisqu'on le retrouve dans un seul mot (xù « tambour ») de l'étude de Tientcheu Tchameni (2008 :39).

Nous allons présenter les phonèmes que notre prédécesseure n'a pas identifiés comme étant des phonèmes distincts de la langue kw ?.

1.1.4.1.2. Les phonèmes /?/, /pf/, /bv/, /?/

Les phonèmes / /, /pf/, /bv/ et /? n'ont pas été identifiés par notre prédécesseure. Étant donné que nous effectuons un travail de vérification sur la base d'un travail antérieur, nous n'avons pas jugé nécessaire de présenter toutes les oppositions mais uniquement celles des consonnes que notre prédécesseure n'a pas identifié et dont nous avons établi l'identité phonologique telles que présentées ci-dessous.

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1.1.4.1.3. Le phonème /?/

Cette consonne est phonétiquement perçue comme une fricative, vélaire, sonore. Son identité phonologique est établie à partir des rapprochements des mots de l'exemple (5) ci-après :

(5)

?/kx d « avoir, posséder »
d kx « bruler »

?/k d à? « agrandir »
d kà? « éclater de rire »

1.1.4.1.4. Le phonème /pf/

Ce phonème est une consonne complexe. Sur le plan phonétique, il est réalisé comme une affriquée, labiodentale, sourde. Son identité phonologique relève des rapprochements des mots de l'exemple (6) suivant :

(6)

pf/bv pf « cadavre » bv « deuil »

pf/f m pf « cadavres »

m f « défunt, le disparu, feu »

1.1.4.1.5. Le phonème /bv/

Comme la précédente, ce phonème est une consonne complexe. Sur le plan phonétique, il est réalisé comme une affriquée, labiodentale, sonore. Son identité phonologique relève de l'exemple

(7) des rapprochements suivants :

(7)

bv/pf déjà envisagé en pf/bv bv/v m bv « les deuils » m v « le chien »

27

1.1.4.1.6. Le phonème /?/

Il est phonétiquement réalisé comme une consonne occlusive glottale sourde, ce phonème tient sa particularité phonologique à travers les contrastes de l'exemple (8) suivant :

(8)

?/h d wà2 « jeter »

d wàh « être têtu »

?/k d wà2 « jeter
d wàk « voyager »

Avant de passer aux voyelles, nous pouvons constater que l'étude de notre Tientcheu Tchameni nous révèle cinq (05) consonnes qui ne devraient pas être des phonèmes de la langue kw 2. Et à travers, nos propres analyses, nous avons eu quatre (04) consonnes supplémentaires à savoir / , pf, bv et 2/ que celle-ci n'a pas identifié comme phonèmes distincts.

1.1.4.2. Au niveau des phonèmes vocaliques

Comme précédemment avec les consonnes, nous allons de prime abord présenter les voyelles qui ne devraient pas être considérées comme des phonèmes et ensuite nous allons présenter les voyelles distinctives que Tientcheu Tchameni (2008) n'a pas identifiées comme tel.

1.1.4.2.1. Les phonèmes /i/, /o/, /??/, /?/et /??/

En observant le tableau (3) qui est celui des voyelles proposées par Tientcheu Tchameni (2008), nous aboutissons aux remarques suivantes :

Les voyelles /?, o, ?? / ont été proposées dans ce tableau comme étant distinctives or lors de notre analyse, elles n'ont pas été identifiées comme tel. Mais, en revenant sur la présentation de ces voyelles faite par Tientcheu Tchameni (2008 :51-52) dans les paires minimales, nous nous apercevons que ce qu'elle considère comme phonèmes de la langue ne sont en principe que la résultante d'une transcription inadéquate pour les voyelles [o] au lieu de [?], [??] au lieu de [?]. Pour la voyelle [?], elle n'apparait dans aucun mot de notre corpus. En plus, son travail présente un seul mot dans son analyse o la voyelle apparait, c'est-à-dire le mot [? ri] renvoyant à nourriture que nous avons transcrit par [? ri]. Nous avons relevé les items suivants :

(9)

[th? ? ] au lieu de [t? ] « père » (le seul item avec cette voyelle)

[? ri] au lieu de [?wóri] « vol »

28

[d ? ? ] au lieu de [d ?o? ] « juger »

[d ? ?] au lieu de [d ?o?] « déterrer »

Nous constatons également que les phonèmes vocaliques / /, et / / que nous avons identifiés n'apparaissent pas dans le tableau (3) de Tientcheu Tchameni (2008).

Ces voyelles non-identifiées comme des unités distinctives tirent leur statut phonologique des oppositions ci-dessous :

1.1.4.2.2. Le phonème /?/

Il est phonétiquement réalisé comme une voyelle centrale. Ce phonème a une correspondante longue. Son identité phonologique relève du contraste présenté dans l'exemple ci-dessous :

(10)

?/a l ? « chaise »

l ? « ananas »

?/?? d l « empêcher, prévenir »
d l « cacher »

1.1.4.2.3. Le phonème /??/

(11)

??/? déjà attesté en /

??/aa d t « défricher, déboiser »

d t « piéger, appâter »

Nous avons relevé et présenté les phonèmes que nous n'avons pas attestés comme phonèmes distincts à travers nos analyses. Nous avons par ailleurs présenté les phonèmes supplémentaires que nous avons identifié à travers notre analyse.

1.1.4.3. Au niveau des tonèmes

Pour ce qui est des tonèmes, nous nous accordons avec le nombre et les différents tonèmes identifiés comme distincts dans la langue kw ? tels que présentés dans le tableau (4) ci-dessus. Il

29

s'agit évidemment de cinq (05) tonèmes donc deux (02) complexes et trois (03) simples tels que présentés dans l'exemple (12) ci-dessous :

(12)

? 03 tons simples :

Le ton haut b? « deux »

Le ton bas k? l? ? « banane plantain »

Le ton moyen m f « feuille »

? 02 tons complexes :

Le ton montant ? gw j « lion »

Le ton descendant mbê « côte (organe) »

Nous pouvons également constater à travers l'exemple (12) ci-dessus qu'en plus des voyelles, nous pouvons également avoir des nasales comme centres de syllabe : d'o l'appelation de nasales syllabiques. Elles ne supportent que des tons simples.

Après avoir relevé et présenté les phonèmes qui, d'après nos analyses ne sont pas distinctifs dans la langue kw ?, nous avons également trouvé des phonèmes supplémentaires aux phonèmes proposés.

Nous pouvons présenter ainsi les phonèmes qui découlent de cette phonologie que nous avons pris le soin de revérifier. Nous présentons ci-dessous les tableaux de nos résultats concernant les phonèmes consonantiques et les phonèmes vocaliques.

Tableau 5: Phonèmes consonantiques

 
 

t

 
 

k

?

 

b

 

d

 
 

g

 
 

m

 

n

 

?

?

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

mb

 

nd

nd3

 

?g

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

pf

 

?

 

kx

 
 
 

bv

 

d3

 
 
 
 
 

f

s

 
 
 

h

 
 
 
 
 
 

30

v

 
 

Y

 
 
 

l

 
 
 
 
 
 

j

 

w

 

Au terme de notre analyse consonantique, nous avons identifié vingt-sept (27) phonèmes consonantiques dont quatre (04) (marqués en gras) qui n'ont pas été identifiés comme distinctifs par Tientcheu Tchameni (2008) (cf. tableau 2). Nous présentons ci-dessous le tableau contenant les phonèmes vocaliques que nous avons obtenus après nos analyses.

Tableau 6: Phonèmes vocaliques

i

 
 
 
 
 
 
 

u

uu

e

ee

ø

øø

?

??

 
 

E

 
 
 

0

00

 
 
 
 

a

aa

 
 

Pour ce qui est des voyelles, nous en avons pu identifier seize (16) comme phonèmes de la langue kw ?. Nous notons également que les voyelles centrales brèves et allongées /?/, /??/ du tableau (06) n'ont pas été identifiées par notre prédécesseure.

1.1.5. Conclusion

Cette section de notre chapitre 1 était dédiée à une vérification de la phonologie au niveau paradigmatique. Il a été question pour nous de présenter les résultats obtenus par notre Tientcheu Tchameni (2008) et de les confrontés aux n tres. Nous n'avons pas jugé nécessaire de revenir sur les étapes préliminaires de l'analyse phonologique (à savoir l'inventaire phonétique, le dressage des tableaux phoniques principalement) parce qu'il ne s'agissait que d'un travail de rappel. Nous avons mené cette vérification à travers des paires minimales du corpus que nous avons constituées. Nous avons ainsi mis à jour cinq (05) tonèmes, seize (16) phonèmes vocaliques et vingt-sept (27) phonèmes consonantiques. Le kw ? possède au total quarante-trois (43) phonèmes et cinq (05) tonèmes.

31

1.2. L'ANALYSE SYNTAGMATIQUE

1.2.1. Introduction

Dans cette section réservée à la syntagmatique, nous nous proposons de présenter les différentes combinaisons possibles que les phonèmes identifiés lors de l'analyse paradigmatique admettent entre eux. Dans la section précédente, nous sommes partis des oppositions des paires minimales de la langue kw ? pour vérifier les résultats de l'étude antérieure. Dans cette section, nous n'allons plus procéder à une vérification puisque nos résultats obtenus à la paradigmatique divergent de ceux de notre prédécesseure. Nous partirons sur les résultats obtenus de l'étude faite par Tientcheu Tchameni afin de présenter la manière dont ces phonèmes s'agencent pour former des syllabes. Nous allons également examiner comment la combinaison des syllabes concourt à la formation du mot dans la langue kw ?. Notre étude sera donc basée sur la syllabation des éléments de notre corpus et la distribution des phonèmes dans les types de syllabes kw ?.

1.2.2. La syllabe

La combinaison que font les phonèmes entre-eux dans la chaine parlée nous pousse à nous intéresser à la syllabe. La syllabe peut être considérée comme l'unité de son plus grand que le phonème. Si nous nous appuyons sur Wiesemann et al. (1983 :57), la syllabe est « comme une unité de séquence de sons comprenant au moins un centre de syllabe qui en est le sommet ou le noyau. » Étant donné que nous étudions une langue bantu qui est différente, de par ses caractéristiques, des autres langues indo-européennes, il ajoute en affirmant : « mais les nasales [m, n, ?] et les liquides [l, r] fonctionnent parfois comme des noyaux ou centres de syllabe. » Donc nous pouvons avoir des consonnes syllabiques dans les langues bantu particulièrement.

D'une manière générale, la syllabe est constituée d'une attaque (généralement une consonne apparaissant avant le noyau) et d'une rime (constituée du noyau et de la coda). Le noyau représente le centre de syllabe qui est obligatoire. L'attaque et la coda par contre sont deux extrémités facultatives. Pour Wega Simeu (2016 :51), la syllabe est « une unité fondamentale dans l'analyse phonologique ; elle est le domaine d'application des processus phonologiques. » Nous pouvons avoir comme représentation de la syllabe, la structure canonique ci-dessous :

32

ó (syllabe)

attaque rime

noyau coda

D'après les données observées de la langue kw ?, la syllabe peut aussi être définie comme une unité de séquence de sons ayant une voyelle ou une nasale portant un ton. Donc la syllabe kw ? peut être constituée d'une attaque et d'une rime ou tout simplement d'une rime. Il est important de préciser que dans cette langue, le noyau de la syllabe porte toujours un ton. Nous allons illustrer ci-dessous la syllabe kw ?.

(13)

ó (syllabe)

attaque rime

 
 
 

noyau

coda

 

t

k ?g mb

é

 

t

p

/

/

két « lieu »

?g p/ « poule » /mb / « cauris »

t « app t »

/

?

/

/? / « tu »

/

?

/

/? / « il/elle »

33

Les syllabes représentées ci-dessus sont quelques illustrations des structures CVC, CV, et V qui constituent dans cette langue des unités significatives. Nous n'avons pas fait mention des nasales syllabiques parce qu'elles ne constituent pas des unités significatives isolées dans cette langue. La syllabe kw ? peut se joindre à une autre pour former un mot. De même, elle peut être ouverte ou libre si elle n'a pas de marge post-nucléaire ou coda, elle peut aussi être fermée ou entravée lorsqu'elle possède une marge post-nucléaire. Nous allons illustrer ces associations dans l'exemple suivant :

(14)

ó ó

attaque rime attaque rime

b è b è bèbè « chenille »

t ? nd ? /t? nd? / « clou »

/ t ? t? / « intestin »

Les syllabes présentées dans l'exemple ci-dessus sont quelques syllabes ouvertes combinées entre elles pour former un mot phonologique dans la langue kw ?. Elles ont pour structure CV et V. Nous avons également des syllabes fermées en langue kw ?, c'est-à-dire de structure CVC. Ici, on note la présence de la coda comme l'illustre l'exemple suivant :

34

(15)

ó

attaque rime

noyau coda

1f

?g p /?g p/ « poule »

2 /1f 2/ « bavardage »

k ? ? /k? ? « flèche »

Dans cette langue, nous avons remarqué une forte présence du coup de glotte /2/ en position post-nucléaire. Nous avons également noté beaucoup de prénasales en position pré-nucléaire.

La syllabe ainsi présentée en langue kw 2, nous allons à présent nous intéresser à sa

structure.

1.2.3. Les structures syllabiques

Nous nous proposons dans cette sous-section de présenter les différentes structures syllabiques de la langue kw 2. Lorsqu'on parle de structure syllabique, on fait référence au modèle consonne-voyelle o « C » représente la consonne et « V » la voyelle. Il est important de préciser que nous allons inclure les préfixes nominaux afin de présenter les mots tels qu'ils sont. Dans cette langue, nous avons principalement quatre types de syllabes à savoir la syllabe V, la syllabe , la syllabe CV et la syllabe CVC. Ces types de syllabes nous aideront à dégager et présenter les différentes structures syllabiques de notre corpus.

1.2.3.1. Les structures des mots monosyllabiques

Les monosyllabes sont des types de syllabes n'admettant qu'un seul centre de syllabe ou noyau. Dans notre corpus, nous avons recensé les structures V, CV et CVC.

35

1.2.3.1.1. La structure V

Cette structure est très peu représentée en kw ?. Nous n'avons pu recenser que deux (02) mots pour cette structure tel qu'illustré dans l'exemple ci-dessous.

(16)

/ó/ « tu »

/? / « il/elle »

Nous remarquons qu'il s'agit des pronoms personnels sujets de la langue kw ? et ces pronoms portent un ton haut. Il n'est pas possible d'obtenir des verbes et des nominaux avec cette structure.

1.2.3.1.2. La structure CV

Cette structure est fortement représentée dans la langue. Ne contenant pas de marge post-nucléaire, elle est considérée comme une syllabe ouverte. Nous donnons dans l'exemple ci-dessous quelques syllabes de cette structure.

(17)

n « le champ »

/? « la machette »

/só : / « la scie »

Nous constatons à travers l'exemple ci-dessus que les monosyllabes à structure CV dans cette langue sont variées sur le plan des phonèmes et des tonèmes.

1.2.3.1.3. La structure CVC

Il s'agit ici de la structure des syllabes fermées ou encore entravées d'après Wiesemann et al. (1983). Dans la langue kw ?, on dénombre plusieurs syllabes de cette structure comme le démontre l'exemple ci-dessous :

(18)

/l ? « la chaise »

?g ? « la cloche »

fà?/ « le travail »

/k? p/ « la clôture »

36

Sur la base de notre corpus, il ressort que cette structure est la plus représentée dans la langue kw ?. Elle est d'autant diversifiée de par ses marges et son centre de syllabe.

Nous allons à présent quitter les structures monosyllabiques pour examiner celles comportant deux (02) syllabes.

1.2.3.2. Les structures dissyllabiques

La langue kw ? présente plus de mots à structures dissyllabiques que toutes les autres structures syllabiques. Nous avons recensé au total sept (07) types de schémas dissyllabiques à savoir : CV.CV, CV.CVC, CVC.CV, CVC.CVC, CVC.V, .CV, .CVC. Nous allons présenter tour à tour ces différents schémas syllabiques.

1.2.3.2.1. La structure CV.CV

Il s'agit là de la structure la plus recurrente des dissyllabes que nous avons inventoriées. Elle n'est constituée que des syllabes ouvertes telles que présentées ci-dessous :

(20)

nd ?g « le seau »

s ?gà « la ficelle »

k nd? / « le lit »

d ? « la vérité »

À travers cet exemple, nous constatons une variation des marges et noyaux des syllabes de cette structure dans la langue kw ?.

1.2.3.2.2. La structure CV.CVC

Cette structure est également représentée parmi les dissyllabiques recensées. Elle est constituée d'une syllabe ouverte et d'une syllabe entravée. Nous l'illustrons à travers l'exemple suivant :

(21)

m mb ?/ « l'ennemi »

/w? két « la maladie »

v k? p/ « la mort »

/m? l ?/ « le pouce »

37

Notons que les éléments constituant la marge post-nucléaire dans cette structure sont généralement des phonèmes sourds tels que présentés dans l'exemple ci-dessus.

1.2.3.2.3. La structure CVC.CV

Cette structure est représentée par une syllabe fermée et une syllabe ouverte telle que représentée dans l'exemple ci-dessous :

(22)

/ ?mbè « la côte »

k ?t « le crâne »

/m? kf « la veuve »

fà?nà « le cultivateur »

Dans cet exemple, la post-marge de la première syllabe est généralement soit une consonne nasale soit le coup de glotte. Notons également qu'il s'agit des mots composés pour la plupart dans cette structure.

1.2.3.2.4. La structure CVC.CVC

Nous avons recensé quelques mots dans cette langue comportant cette structure syllabique. L'exemple suivant nous permet de matérialiser quelques-uns de ces mots.

(23)

tà?y ? « le chasseur »

nd ?l ?/ « le vin de raphia »

mbà?mbà?/ « le matin »

Tout comme la structure précédente, cette structure est constituée des mots composés. Et, elle est très peu représentée dans cette langue.

1.2.3.2.5. La structure CVC.V

Cette structure qui comporte juste le noyau dans la deuxième syllabe est également attestée dans la langue bien qu'elle soit très peu représentée. Nous donnons quelques mots de cette structure dans l'exemple suivant :

Tel que annoncé plus haut, nous avons sept (07) combinaisons de types de syllabes possibles pour la structure dissyllabiques en kw 2 tel que présenté dans le tableau ci-haut.

38

(24)

/t 2 « le genou »

tà2à « l'escargot »

/m? 2? / « autre »

bà2à « maison »

Nous notons à travers cet exemple que dans ce type de structure en kw 2, il n'y a que la consonne /?/ qui se place en position de post-marge de la première syllabe.

L structure VC et V

Nous avons relevé dans notre corpus quelques mots de cette langue ayant ces structures. L'exemple ci-dessous nous permet d'illustrer ce cas.

(25)

? 2/ « le vagin »

? k ? « le squelette »

/m v / « le deuil »

s « l'eau »

Ces structures avec des nasales syllabiques comme première syllabique ne sont pas assez fréquentes dans la langue kw 2.

Nous nous proposons de résumer ces différentes combinaisons des dissyllabiques dans le tableau suivant :

Tableau 7: combinaisons dissyllabiques

2ème syllabe 1ère syllabe

V

CV

CVC

 

V

-

-

-

-

CV

-

+

+

-

CVC

+

+

+

-

 

-

+

+

-

39

Dans cette langue, nous avons également des structures contenant trois (03) types de syllabes. Il s'agit des structures trisyllabiques.

1.2.3.3. Les structures trisyllabiques

Les structures trisyllabiques sont des structures comportant trois (03) syllabes dans un même mot phonologique. Dans la langue kw ?, nous avons dénombré quatre (04) types de trisyllabes. Il s'agit des structures CV.CV.CV, CV.CVC.V, CVC.CV.CVC, CVC.CV.CV. Nous allons présenter tour à tour ces différents types de trisyllabiques recensés.

1.2.3.3.1. La structure CV.CV.CV

Elle constitue une partie importante des trisyllabes de la langue kw ?. Nous l'illustrons à travers quelques cas dans l'exemple ci-après.

(26)

/d k h / « l'aisselle »

/?? l? k « la souris »

/t n tàà « le bananier »

d wèlé « semer »

Dans cette langue, la grande partie de ce type de trisyllabe se retrouve dans les verbes à la forme infinitive.

1.2.3.3.2. La structure CV.CVC.V

Cette structure comprend uniquement des verbes à la forme infinitive dans la langue kw ? comme l'atteste l'exemple ci-dessous.

(27)

d f ? « chercher »

/ditó? « commencer »

d ?w? ?ó/ « arracher »

d k ? « grandir »

Nous constatons que la deuxième syllabe de cette structure n'a que le coup de glotte comme post-marge et la dernière syllabe de la structure est une voyelle portant toujours un ton haut.

40

1.2.3.3.3. La structure CVC.CV.CV

Dans cette structure, la première syllabe est fermée et les deux dernières sont ouvertes. Cette structure est représentée dans cette langue à travers l'exemple ci-après :

(28)

?gwö?m k « le mille-pattes »

mb nmb n « le cafard »

k ?n? nd? / « le seuil de la porte »

Nous remarquons que ce type n'est pas très fréquent dans cette langue. Il s'agit le plus souvent des mots composés.

1.2.3.3.4. La structure CV.CV.CVC

Contrairement à la structure précédente, cette structure débute avec deux syllabes ouvertes et se ferme avec une syllabe entravée. Nous allons représenter quelques mots ayant cette structure dans l'exemple ci-dessous :

(29)

k m kèt/ « le riz »

k bà?gàn « le crocodile »

Très peu de mots avec cette structure dans la langue. Notons également que les mots de cet exemple sont des mots composés.

Nous avons également découvert quelques mots tétrasyllabiques.

1.2.3.4. Les structures tétrasyllabiques

Nous avons recensé quelques structures à quatre syllabes. Il s'agit notamment des deux structures CV.CV.CV.CV, CVC.CV.CV.CV.

Nous avons pu inventorier trois mots avec cette structure tels que présentés dans l'exemple suivant :

1.2.3.4.1. La structure CV.CV.CV.CV

41

(30)

d b m ?è « la guêpe-maçon »

d jènè « voyager »

m ?ààk n / « le messager »

À travers cet exemple, nous notons que cette structure n'est pas très représentée dans la langue kw ?.

1.2.3.4.2. La structure CVC.CV.CV.CV

Cette structure a été également découverte dans cette langue juste avec un seul mot tel que présenté dans l'exemple (31) ci-dessous :

(31)

b ?d b b « margouillat »

Nous remarquons à travers cet exemple que cette structure est très peu représentée dans la langue kw ? comme celle précédente, car nous n'avons pas assez de mots avec cette structure.

Après avoir analysé et examiné la syllabe et les différents types de syllabes en kw ?, la langue comporte quatre (04) structures monosyllabiques, sept (07) structures dissyllabiques, quatre (04) structures trisyllabiques et deux (02) structures quadrisyllabiques. La plupart des trisyllabiques et des tétrasyllabiques résultent de la composition. Nous allons à présent nous intéresser à la distribution des différentes unités distinctives qui forment la syllabe.

1.2.4. L distribution des phon mes et ton mes d ns les structures syll biques

Dans cette sous-section, nous analyserons la fréquence et la répartition des phonèmes au sein des structures syllabiques que nous avons ressorties plus haut. Nous analyserons tour à tour les monosyllabiques, les dissyllabiques, les trisyllabiques et les tétrasyllabiques.

1.2.4.1. La distribution des tonèmes

Nous nous proposons ici d'identifier et d'analyser la distribution des tonèmes. Il s'agit de savoir les tonèmes qui apparaissent dans les types de syllabe retrouvés dans la langue kw ?. Nous nous limiterons dans la distribution des tonèmes au niveau des monosyllabes.

42

1.2.4.1.1. La structure V

Dans cette structure, nous n'avons que le tonème haut qui est représenté. Nous le

présentons dans l'exemple ci-après :

(32)

/? / « tu »

/? / « il/elle »

Dans cette langue, nous avons uniquement deux (02) mots avec cette structure. Ils sont invariables.

1.2.4.1.2. La structure CV

Dans cette structure, nous avons retrouvé le tonème haut , le tonème bas , le tonème

moyen , le tonème bas-haut / et le tonème haut-bas tels que présentés ci-dessous :

(33)

/vû/

« le deuil »

/t /

« la tête »

k

« le pangolin »

/b /

« le cauris »

/? /

« le poison »

k

« la corde »

kwè

« la chanson »

/bù/

« vous »

/k? / mbê

« le dos » « le c té »

 
 

Tous les cinq (05) tonèmes de la langue sont représentés dans cette structure telle que le démontre l'exemple (33) ci-dessus.

1.2.4.1.3. La structure CVC

Dans cette structure, tous les tonèmes sont représentés sauf le tonème moyen /. Nous donnons quelques mots avec cette structure dans l'exemple suivant :

43

(34)
b n

« l'assiette »

/k? ?

« la flèche »

?w ?/

« le miel »

/? ?

« la chevelure »

/k? p/

« la boite »

s ?

« étales ! »

/fà?/

« le travail »

/mb ?

« la pluie »

Nous constatons par cet exemple, que pour les tonèmes complexes, nous avons généralement une post-marge qui est une nasale.

1.2.4.2. La distribution des phonèmes vocaliques

Nous n'allons également nous intéresser qu'à la structure monosyllabique pour présenter la distribution des phonèmes vocaliques. Ceux-ci ont été recensés dans la section précédente se rapportant à l'étude paradigmatique. Tous les phonèmes vocaliques peuvent appartenir aux combinaisons des structures monosyllabiques CV et CVC (sauf les voyelles longues qui n'apparaissent pas dans les structures CVC). Nous présentons dans l'exemple suivant quelques mots avec quelques uns de ces phonèmes vocaliques.

(35)

t

« pousse ! »

/mb ?

« la pluie »

mbé

« le couteau »

/? m/

« le soleil »

lé?/

« le jour »

mb p

« la poussière »

/b? /

« deux »

j

« la chose »

/jép/

« votre »

t ?

« l'oreille »

s ?

t

« le mil »

« défriches ! »

/m? / ?gw? ?

« l'enfant » « le monde »

t

« cinq »

/s? ? /

« la scie »

Étant donné que les dissyllabes, les trisyllabes et les tétrasyllabes résultent de la combinaison des structures monosyllabiques, nous ne nous sommes intéressés qu'à étudier la distribution des phonèmes vocaliques dans les structures des monosyllabiques. Donc, nous n'étudierons pas la distribution des phonèmes vocaliques dans les dissyllabiques, trisyllabiques et tétrasyllabiques.

44

1.2.4.3. La distribution de la nasale homorganique syllabique

Nous avons également relevé les nasales syllabiques dans cette langue. Ces nasales

syllabiques généralement représentées par la nasale homorganique épousent les traits
caractéristiques du phonème qu'elles précèdent. Elles sont homorganiques. Cette nasale syllabique

porte toujours un ton bas . Nous proposons quelques mots o l'on retrouve cette nasale
syllabique dans l'exemple suivant :

(36)

tó/ « l'intestin »

m v « les chèvres »

? kw? 2/ « le pont »

? 2/ « un »

Nous constatons que dans cette langue la nasale précède généralement une consonne sourde, à l'exception de la consonne labiodentale v o la nasale ici est le marqueur d'accord du pluriel.

1.2.4.4. La distribution des phonèmes consonantiques

Nous allons présenter les phonèmes consonantiques qui se réalisent en position d'attaque ou pré-marge et ceux qui se réalisent en position de coda ou post-marge seulement. Nous verrons également les consonnes qui se réalisent dans les deux contextes, c'est-à-dire en position pré-marge ainsi qu'en position post-marge. Nous nous proposons de ne nous limiter qu'aux monosyllabiques, car les autres structures sont juste les combinaisons de celles-ci. Nous allons présenter quelques mots à structures monosyllabiques (notamment la structure CV et la structure CVC) dans l'exemple suivant :

(37)

 
 
 

d /

« l'oeil »

/f ?

« la plaie »

/l? /

« la langue »

/b n

« l'assiette »

/t /

« l'arbre »

?w 2/

« le miel »

/ /

« le cou »

nd 2/

« la boisson »

/mb /

« la mamelle »

?gw j

« le lion »

/kw? /

« quatre »

/ m/

« dix »

?g

« le fusil »

/jép/

« leur »

/?èè

« le foie »

/nép/

« eux »

45

Nous nous proposons de présenter cette distribution des phonèmes consonantiques dans des tableaux suivants. L'un pour la structure monosyllabique CV et l'autre pour la structure monosyllabique CVC respectivement.

Tableau 8: Distribution des phonèmes en CV

V

C

a

aa

i

e

ee

E

0

00

 
 
 
 

uu

u

?

??

b

+

+

+

+

 

+

 
 

+

+

 
 

+

+

+

 

t

+

+

 

+

+

+

+

+

 

+

+

+

 

+

+

+

d

 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

k

+

 

+

+

 

+

+

 
 
 
 
 
 

+

+

 

g

 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 

+

 

+

+

 

?g

+

+

 
 
 
 

+

+

 

+

 
 
 

+

+

+

nd

+

 

+

+

 

+

 

+

 
 
 
 
 

+

 

+

mb

+

 

+

+

 

+

+

 

+

+

 
 

+

+

 
 

m

+

 

+

 
 

+

 
 
 

+

 
 
 

+

+

 

n

+

 

+

 
 

+

 
 

+

+

 
 
 
 

+

+

?

+

 
 

+

 

+

 
 
 

+

 
 
 

+

+

 

?

+

+

+

+

 

+

 
 
 
 
 
 
 

+

+

 

f

+

 

+

+

+

+

+

+

+

 

+

+

+

+

+

+

v

 
 

+

 
 
 

+

 
 

+

 
 
 

+

 
 

s

+

 

+

+

 

+

+

+

 
 
 
 
 

+

+

 

pf

+

 
 
 
 

+

 
 
 

+

 
 
 
 

+

 

bv

 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

 
 
 

+

 
 

h

+

 

+

+

 

+

 
 
 
 
 
 
 
 

+

 

j

+

 

+

+

 

+

+

+

+

+

 
 

+

+

+

 

46

w

+

 
 

+

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+

+

l

+

+

+

+

+

+

+

+

 
 

+

+

 

+

+

+

f

+

 

+

+

+

+

+

+

+

+

 
 
 

+

+

 

?

+

 
 
 
 
 

+

+

 
 
 
 
 

+

+

 

n?

 
 
 
 
 
 

+

 
 
 
 
 
 

+

 

+

2

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

kx

+

 
 

+

 

+

 
 
 

+

 
 
 
 
 
 
 

+

+

 
 
 
 

+

 
 

+

 

+

 
 

+

 

travers ce tableau, nous constatons qu'il y a des phonèmes consonnantiques qui se réalisent en CV avec très peu de phonèmes vocaliques. Nous avons le /d/ qui ne se réalise dans cette structure qu'avec i . Nous avons également d'autres phonèmes consonantiques qui ne se réalisent qu'avec deux ou trois phonèmes vocaliques. Notons également que nous avons relevé un phonème consonantique qui n'obéit pas à cette structure. Il s'agit du coup de glotte 2/.

Nous allons maintenant nous intéresser à l'autre structure monosyllabique. Il s'agit de la monosyllabe fermée ou entravée CVC. Nous faisons cette distribution entre les phonèmes consonantiques en position pré-marge et des consonnes apparaissant en position post-marge tels que présentés dans le tableau suivant :

Tableau 9: Distribution des phonèmes consonantiques en CVC

C2

C1

b

t

m

n

?

j

l

2

b

 
 
 

+

+

 
 

+

t

 

+

 
 

+

 
 

+

d

 
 
 
 
 
 
 
 

k

 

+

+

 

+

 
 

+

g

+

 
 
 

+

 
 
 

47

À travers ce tableau, nous constatons que presque tous les phonèmes consonantiques apparaissent en position pré-marge (C1) sauf le phonème consonantique /2/. Nous remarquons

13g

+

 
 
 

+

+

+

+

nd

+

 
 
 

+

 
 

+

mb

+

 

+

 

+

 
 

+

m

 
 
 
 
 
 
 

+

n

+

+

 
 

+

 
 
 

13

 
 

+

 
 
 
 

+

?

 

+

 
 

+

 
 

+

f

 

+

 
 

+

 
 

+

v

 

+

+

 

+

 
 

+

s

 
 
 
 

+

 
 

+

pf

 

+

 
 
 
 
 
 

bv

 

+

 
 
 
 
 
 

h

 
 
 
 

+

 
 
 

j

+

 
 
 
 
 
 

+

w

 
 
 
 
 

+

+

+

l

 
 
 
 

+

 
 

+

1f

 

+

 
 
 
 
 

+

d3

 
 
 
 

+

 
 

+

nd3

 
 
 
 

+

 
 
 

2

 
 
 
 
 
 
 
 

kx

 
 
 
 
 
 
 

+

Y

 
 

+

 

+

 
 

+

48

également que les phonèmes ? et /2/ sont les plus représentés en position post-marge (C2) dans la combinaison de la structure CVC dans la langue kw 2.

Il était question dans cette section de définir la syllabe kw 2 et ressortir et présenter les différents types de syllabes avec leurs distributions. Nous avons analysé les combinaisons des tonèmes et des phonèmes dans ces structures identifiées. Nous avons identifié et présenté les structures monosyllabiques, dissyllabiques, trisyllabiques et tétrasyllabiques. Nous avons observé la distribution des phonèmes en syllabes dans des structures monosyllabiques. Nous relevons que la consonne glottale /2/ n'apparait jamais en position pré-marge dans cette langue. Cette consonne et la consonne ? sont les plus représentées en position de post-marge (C2) dans la structure monosyllabique CVC.

1.2.5. Conclusion

Dans ce chapitre qui était réservé à un rappel ou à une vérification phonologique, il en ressort que les travaux antérieurs présentent quelques insuffisances que nous avons essayé de combler. Il s'agit des insuffisances observées au niveau de l'analyse, de la présentation des consonnes et certaines voyelles ainsi qu'au niveau de l'alphabet proposé. Nous avons mis en évidence vingt-sept (27) consonnes, seize (16) voyelles et cinq (05) tons qui constituent tous les phonèmes de la langue. Concernant l'analyse syntagmatique, nous avons défini la syllabe kw 2. Nous avons identifié quatre (04) types de structures syllabiques. Il s'agit des monosyllabes, des dissyllabes, des trisyllabes et des tétrasyllabes qui ont été éclatées en plusieurs structures respectivement. Notons également la présence de la nasale syllabique qui est beaucoup plus présente lorsqu'elle précède certaines consonnes sourdes. Nous avons fait une distribution des tonèmes et phonèmes sur la base des structures monosyllabiques de la langue kw 2. Le langage étant doublement articulé, nous avons les éléments de première articulation qui sont des monèmes et ceux de seconde articulation qui sont des phonèmes (Martinet (1980)). Ainsi, pour obtenir les éléments de première articulation, il faudrait combiner ceux de la seconde articulation qui ont déjà été relevé dans l'analyse de la phonologie. Nous allons à présent nous intéresser à la morphologie nominale et verbale qui constitue l'ossature de notre second chapitre de cette première partie.

49

Parlant du nominal indépendant, il se définit, selon B t Ba Njock (1970 :76), cité par Ndedje (2013 :108) comme :

CHAPITRE 2 : ESQUISSE DE LA MORPHOLOGIE NOMINALE ET VERBALE

2.1. INTRODUCTION

Ce chapitre présente une esquisse morphologique de la langue kw ? sans prétendre à une analyse exhaustive des faits morphologiques. Nous nous intéresserons aux aspects susceptibles de faire une délimitation du mot dans la langue. Ce chapitre porte essentiellement sur une présentation du nominal dépendant, du nominal indépendant et des classes nominales pour ce qui est de la morphologie nominale. En ce qui concerne la morphologie verbale, elle est axée sur la structure du verbe (infinitif et base verbale), les modalités spatio-temporelles et la négation. Ces morphologies permettront de poser les jalons d'une proposition d'orthographe de la langue d'étude.

2.2. MORPHOLOGIE NOMINALE

Il est question pour nous de faire ressortir la structure du nominal indépendant, quelques procédés de formation de nouveaux substantifs dans la langue, ainsi que les préfixes d'accord ou de classe nominale que présente la langue. Nous allons également analyser quelques éléments qui entretiennent certaines relations avec le substantif à savoir les adjectifs, les pronoms, les numéraux et les interrogatifs. Ces déterminants reçoivent généralement le nom de nominal dépendant. Ceci nous permettra de voir la forme et la structure des substantifs de la langue kw ?. Mais, nous allons commencer par le nominal indépendant de la langue kw ? afin de ressortir sa structure.

2.2.1. Le nominal indépendant

En rappel à la phonologie, nous avons effectué un travail de vérification en confrontant nos analyses à celles de Tientcheu Tchameni (2008) car, il semble aurait omis certains phonèmes distincts de la langue. Nous nous sommes limités à la proposition de ces consonnes, voyelles et tons à l'esquisse de l'analyse phonologique réalisée par notre prédecesseure sur le kwa'. À présent, nous présentons le nominal indépendant en examinant la structure du substantif afin de mettre en évidence les radicaux nominaux ou thèmes par rapport aux affixes qu'il peut présenter en isolation, puis en mettant en correlation le lien de ces affixes dans la classification nominale du kw ?, par un tableau des classes nominales.

50

Un constituant qui, dans un énoncé à prédicat non verbal, est apte à assumer des fonctions non-prédicatives. Cette définition fonctionnelle du nominal permet d'établir deux grands groupes de nominaux qui contrastent sur le plan syntagmatique et qui s'opposent au niveau paradigmatique. C'est ainsi qu'on parlera de nominaux indépendants et de nominaux dépendants à cause de l'indépendance des uns et l'obligation pour les autres à s'associer aux premiers.

Le nominal indépendant, encore appelé substantif ou tout simplement nom, est dans la langue kw ? une unité lexicale dont le préfixe permet d'établir ou de dissocier le singulier du pluriel. Le nominal est qualifié d'indépendant parce qu'il joue un r le très important qui est celui de régir les accords de l'énoncé à travers son préfixe. Dans la langue kw ?, le nominal indépendant se reconnait de par sa structure qui est différente de celle du nominal dépendant.

2.2.1.1. Structure du nomin l indépend nt kwa'?

Il s'agit ci-dessous des différents éléments qui se mettent ensemble pour former le nominal indépendant dans la langue kw ? comme dans plusieurs autres langues bantu. Cette structure est la suivante :

NOMINAL INDEPENDANT/ SUBSTANTIF ===>> PREFIXE + THEME

2.2.1.1.1. Le préfixe du nominal indépendant

Il est important de préciser que morphologiquement, le préfixe du substantif indique soit le singulier, soit le pluriel. Ces préfixes sont antéposés aux thèmes. Du point de vue de la segmentation, la caractéristique principale des préfixes des nominaux indépendants kw ? qu'est le préfixe nominal se présente sous les formes suivantes :

- Singulier : |ø-|, |m -|, |l-|, |d -|, |i- , m -|, m -|

- Pluriel : |b? - , b - , nd- , N- , d -|, n -|

Ces différentes formes peuvent être présentées dans le tableau suivant avec des illustrations pour chaque cas.

51

Tableau 10: Préfixes des nominaux indépendants

SINGULIER

PLURIEL

1

|ø-|

-t 2 « le genou »
-f « la plume »

I&-| (nasale homorganique) -t 2 « les genoux »

m -f « les plumes »

2

|ø-|

ø-n? m? ?kw? 2 « la tortue » ø-?à « l'animal »

|bi-|

b? -n? m? ?kw? 2 « les tortues » b? -?à « les animaux »

3

|l-|

l- h « la pierre »
l- ? « la chaise »

|nd-|

nd- h « les pierres »
nd- ? « les chaises »

4

Id i-|

d- « l'oeil, le nom »

d -k h « l'aisselle »

Imi-|

m- « les yeux, les noms »

m -k h « les aisselles »

5

Imi-|

m -nd « l'homme » m -?gwé « la femme »

Ibi-|

b -nd « les hommes » b -?gwé « les femmes »

6

Ii-|

j- « la chose »
j-à « mon, ma »

Ib i-|

bj- « les choses »
bj-à « mes »

7

Imù-|

m -mbèndÉ « le voisin » m -mb 2 « l'ennemi »

|bi-|

b? -mbèndÉ « les voisins » b? -mb 2 « les ennemis »

8

Idi-|

d -nàà « l'herbe »

d -l « la chauve-souris »

Ini-|

n -nàà « les herbes »

n -l « les chauves-souris »

Le tableau ci-dessus nous permet de mieux visualer les différents préfixes du nominal indépendant de la langue kw 2. Nous avons effectivement huit (08) préfixes pour le nominal indépendant kw 2. Plusieurs de ces préfixes font l'objet de transformation lorsqu'on se situe au niveau de la structure de surface de la phrase. Il s'agit entre autres de :

52

En (1), le préfixe du nominal indépendant pour le pluriel est une nasale représentée par |N-| qui s'assimile aux traits du son avoisinant : c'est l'homorganisation.

-tù?û les genoux »

m -f ù les plumes »

En (4), le préfixe du nominal indépendant est d - et m -| pour le singulier et le pluriel respectivement. Il peut avoir des cas o on observe une élision de la voyelle de ce préfixe. Cela est possible lorsque le thème du nominal indépendant commence par une voyelle.

d- l'oeil, le nom » d -káh á l'aisselle » m- les yeux, les noms » m -káh á les aisselles »

En (5), on observe également le même phénomène (se produisant en (4)) avec le préfixe du nominal indépendant tel que présenté dans le tableau (10) ci-dessus.

m -ndù l'homme » m -?gwé la femme » b -ndù les hommes » b -?gwé les femmes »

En (6), nous avons en structure profonde - et b -| respectivement pour le singulier et le pluriel. Mais, en structure de surface on observe un phénomène de palatalisation lorsque le thème commence évidemment par une voyelle. Donc nous avons en structure de surface - qui devient jet b -| qui devient |bj-|.

i- û -----9 j- û la chose » i-à ----9 j-à mon, ma » bi- û ---9 bj- û les choses » bi-à ---9 bj-à mes »

53

Nous allons maintenant présenter le second élément du nominal indépendant dans la langue kw ? tel que décrit par la formule donnée plus haut. Il s'agit de la partie invariable du nominal que l'on désigne généralement par le thème.

2.2.1.1.2. Le thème du nominal indépend nt kwaì?

Après avoir ressorti les différents préfixes nominaux, nous allons à présent nous intéresser aux radicaux ou thèmes des substantifs kw ?. Le thème est l'élément fixe auquel se fixe un préfixe nominal. C'est la partie invariable du nominal. Nous allons nous intéresser aux structures syllabiques et tonales des thèmes des nominaux indépendants de la langue kw ?. Nous commen ons par les différentes structures syllabiques que les thèmes des nominaux indépendants kw ? peuvent présenter.

2.2.1.2. Structure syll bique des th mes des nomin ux kwa'?

Il s'agit de présenter les différentes structures syllabiques des thèmes des nominaux indépendants de la langue. En kw ?, les thèmes des nominaux sont en majorité, de structure monosyllabique. Toutefois, nous avons identifié quelques structures dissyllabiques et trisyllabiques.

2.2.1.2.1. Les thèmes monosyllabiques

Le tableau suivant présente les différentes structures monosyllabiques des thèmes des nominaux indépendants de la langue kw ?. Chacune de ces structures est accompagnée des illustrations.

Tableau 11: Structures des thèmes monosyllabiques

 

STRUCTURE

Singulier

Pluriel

Glose

|-V|

j-

bj-

chose / choses

j-à

bj-à

ma / mes

m-

b-

personne / personnes

|-VC|

l- ?

nd- ?

cuillère /cuillères

l-ém

nd-ém

cicatrice /cicatrices

j-? p

bj-? p

leur / leurs

|-CV|

-f

m -f

plume / plumes

ø-?à

b? -?à

animal / animaux

54

 

ø-?w?

b? -?w?

guerre / guerres

|-CVC|

mù-mb 2

b? -mb 2

ennemi / ennemis

ø-mbèp

b? -mbèp

viande / viandes

ø-mv t

b? -mv t

huile / huiles

partir de ce tableau, nous notons que les thèmes des nominaux indépendants kwá2 présentent quatre (04) structures monosyllabiques |-V, -VC, -CV, -CVC| respectivement tels que présentés dans le tableau (11) ci-dessus.

Nous passons directement à la présentation des structures dissyllabiques des thèmes des nominaux indépendants kwá2.

2.2.1.2.2. Les thèmes dissyllabiques

ce niveau, il s'agit des thèmes ayant deux (02) syllabes. Ils se présentent sous diverses structures telles que présentées dans le tableau ci-dessous :

Tableau 12: Structures des thèmes dissyllabiques

 

STRUCTURE

Singulier

Pluriel

Glose

|-CV.CV|

ø-d n

b? -d n

ordure / ordures

ø-mbùmù

b? -mbùmù

front / fronts

ø-nt nd?

b? -nt nd?

femme / femmes

|-CVC.V|

ø-tù2

ñ-tù2

genou / genoux

ø-fà2

b? -fà2

mensonge/ mensonges

ø-bà2à

b? bà2à

maison / maisons

|-CVC.CV|

ø-ntèpkü

b? -ntèpkü

cuisse / cuisses

ø-ndó?kü

b? -ndó?kü

orteil / orteils

ø- ?mbè

b? - ?mbè

côte / côtes

|-CV.CVC|

ø-m? lù2

b? -m? lù2

pouce / pouces

ø-bàlè2

b? -bàlè2

ville / villes

ø-s fà2

b? -s fà2

houe / houes

|-CVC.CVC|

ø-?kà??kà?

b? -?kà??kà?

papillon / papillons

ø-k mkét

b? -k mkét

morceau / morceaux

ø-fjá2mbø 2

b? - fj á2mbø 2

omoplate / omoplates

Cette section porte sur les schémas tonals que l'on peut retrouver sur les radicaux ou thèmes nominaux du kwá?. Nous avons recensé précédemment trois (03) tons ponctuels (ton haut, ton bas

55

Pour ce qui est des thèmes dissyllabiques, nous avons recensé cinq (05) structures différentes représentant les différents thèmes qu'on peut avoir à partir de deux syllabes. Nous avons recensé les structures |-CV.CV, -CVC.V, -CVC.CV, -CV.CVC, -CVC.CVC| telles que présentées dans le tableau (10) ci-dessus respectivement.

La sous-section suivante porte sur le dernier type de structure syllabique qu'on a pu avoir pour les thèmes des nominaux indépendants kwá?.

2.2.1.2.3. Les thèmes trisyllabiques

Dans cette langue, nonobstant le fait que les structures trisyllabiques sont très rares dans la structure des radicaux (thèmes) des nominaux, nous avons recensé quelques thèmes de structure trisyllabique aux formes variées consignées dans le tableau ci-dessous :

Tableau 13: Structures des thèmes trisyllabiques

STRUCTURE

Singulier

Pluriel

Gloses

| -CV.CV.CV|

ø-n?èn?ènè

bè-n?èn?ènè

urine / urines

ø-f n d

bè-f n m

cil / cils

ø-?kùbùn?ù

bè-?kùbùn?ù

lèvre / lèvres

|-CV.CV.CVC|

ø-? m? ?kw? '

bè-? m? ?kw? ?

tortue / tortues

ø-f n mbèp

bè-f n mbèp

boucher / bouchers

| -CVC.CV.CV|

ø-mà?mbùnjá

bè-mà?mbùnj á

pêcheur / pêcheurs

ø-fà?nt n

bè-fà?t n

forgeron / forgerons

ø-mbùp?g? fû

bè-mbùp?g? fû

farine de maïs / farines de maïs

Nous pouvons dire que les radicaux des nominaux de cette langue ont beaucoup plus de structures monosyllabiques et dissyllabiques que trisyllabiques, car pour ce troisième type, nous n'avons trouvé que trois types de structures. Il s'agit des structures -CV.CV.CV, -CV.CV.CVC, - CVC.CV.CV| telles que présentées dans le tableau (13) ci-dessus.

Les structures syllabiques ainsi présentées, il ne nous reste plus qu'à présenter également les structures tonales des thèmes des nominaux indépendants de la langue kwá?.

2.2.1.3. Structure tonale des radicaux nominaux

Nous allons vérifier les structures tonales des thèmes avec deux (02) syllabes ou des thèmes dissyllabiques.

56

et ton moyen). En dehors du ton moyen, les tons haut et bas peuvent se combiner et donner naissance aux tons modulés (bas-haut ou haut-bas). Nous allons illustrer les schémas tonals attestés dans les différentes structures analysées (monosyllabiques, dissyllabiques et trisyllabiques).

2.2.1.3.1. Les monosyllabes

Les radicaux des nominaux indépendants d'une seule syllabe peuvent avoir des structures tonales suite à des combinaisons suivantes :

Ton haut , ton bas , ton moyen , ton montant et le ton descendant

- Structure ton le

j- « chose » |ø-m? | « feu » l-é?| « jour »

|ø-s ? « étoile » |ø-l? | « langue (l'organe) »

- Structure ton le

|ø-k? ?| « pont » |ø-?g ?| « mois » |ø-?àà « animal »

|ø-bàà « poche » |ø-mbèp| « viande »

- Structure

|ø-nt « marché » |ø-nf « bois » |ø-ns « eau »

|l- ? « chaise » |ø-k « pied »

- Structure

|ø-dù| « vieux » |j-ù| « votre »

|ø-? ? « poil » |ø-t ? « oreille »

- Structure

|ø-mbê « côté » |ø-k? | « dos »

|ø-f | « poison » |ø-nt | « vivant »

Nous constatons que tous les tons sont présents dans cette catégorie, des simples aux complexes. C'est-à-dire qu'on retrouve des monosyllabes avec des tons divers pour ce qui est du thème des nominaux indépendants en kw ?.

57

2.2.1.3.2. Les dissyllabes

Les radicaux des nominaux indépendants dissyllabiques peuvent avoir des structures tonales suivantes :

|-nt mb ?| « pilon » -tàmb « chapeau »

- La structure B-H | | + | -nd ?g « seau » |-n? nd? | « cour » |-fjà?nd? | « balai »

|-n? mv « chèvre » -?k nd? | « lit »

- La structure H-H | | + | |-s ?t | « perdrix » -f ?ó| « vipère »

-d b « natte »

-bà?à « maison »
-s ?gà « ficelle »
-mbà?à « bague »

- La structure B-B | | + |

|-t? n? | « clou »

-k nà? « arachide » -mbà? « tissu »

|-kwà? | « collier » -v k? p| « mort »

- La structure B-M | | + | | |-mèl ?| « pouce » |-s? k « pantalon »

Notre intérêt va se porter à présent sur les schèmes tonals des thèmes trisyllabiques des nominaux indépendants de la langue kw ?.

- La structure M-M | | + | | -b k « plante de pied » |-nd ?k « cheville »

Dans cette deuxième forme des schèmes tonals des thèmes dissyllabiques des nominaux kw ?, nous avons cinq (05) combinaisons. Et ces différentes combinaisons ne sont possibles qu'avec les tons simples.

58

2.2.1.3.3. Les trisyllabes

Les radicaux des nominaux indépendants comportant trois syllabes peuvent avoir les structures tonales suivantes :

- La structure B-B-B | | + | | + | | |-n?èn?ènè « urine » -?k b nc « lèvre »

- La structure H-B-B | | + | | + | | -t n tàà « régime de banane » |-t n tàà « bananier »

-f n mb? p| « boucher » -b l? l? | « canard »

-d k ?sà « punition »

-l màs « citron »

- L structure -H-H | + | | + | | -k m kÉt| « riz » -d f nd « forêt »

-kààs ?g « manioc »

- La structure H-H-B | | + | | + | |

-s s s « ciseaux » -d k mbè| « varan »
|-? m? ?kw? ?| « tortue »

- La structure B-M-M | | + | | + | |

|-k ?n k ? « caméléon » -mb nmb n « cafard »

|-?gw? ns ns | « lézard » |-?gw? m k « mille-pattes »

Comme pour les précédentes structures, nous avons également fait des combinaisons de tons pour avoir divers schèmes tel que présentés ci-dessus pour les thèmes trissyllabiques des nominaux indépendants de la langue kw ?.

2.2.1.4. Les préfixes nominaux du kwá?

Nous avons jugé nécessaire de présenter un récapitulatif des préfixes des nominaux indépendants de la langue kw ?. Afin de mieux comprendre le fonctionnement de ces préfixes,

59

nous avons également consigné dans une des colonnes de ce tableau certaines observations que nous avons faites de ces préfixes. Ce récapitulatif est présenté dans le tableau (14) ci-dessous.

Tableau 14: Récapitulatif des préfixes nominaux du kwaì?

Singulier

Pluriel

Exemples

Observations

1

ø-

-

-t ? « genou » -t ? « genoux » ø-?épt « fesse »

-?épt « fesses »
-k kwó? « plaie » j -k kwó? « plaies » ø-kw? j « lance » j -kw? j « lances »

Ici, le singulier est matérialisé par un morphème zéro et le pluriel est

matérialisé par une nasale
syllabique dépendamment de la

consonne qui suit, et porte
généralement un ton bas.

2

ø-

bè-

ø-mv t « huile »

bè-mv t « huiles »

ø-?à « animal »

bè-?à « animaux »

ø-?w? « guerre »

bè-?w? « guerres »

ø-n? m? jkw? ? « tortue »

bè-n? m? jkw? ?

« tortues »

Comme dans le cas précédant, le

singulier se distingue par le

morphème zéro antéposé au
thème et le pluriel est matérialisé par |bè-|, est porté toujours par un ton bas.

3

l-

nd-

l-é? « jour » nd-é? « jours »

l- h « pierre »
nd- h « pierres » l- j « chaise » nd- j « chaises »

l- ? « cuillère » nd- ? « cuillères » l-ém « cicatrice » nd-ém « cicatrices »

Le morphème |l-| est la marque du singulier et |nd-| celle du pluriel. Donc |l-| devient |nd-| au pluriel comme l'indique l'illustration cidessous :

4

d -

m -

d- « oeil, nom »

m- « yeux, noms »

Le morphème |d -| est la marque

du singulier et |m -| celle du

60

 
 
 

d -k h « aisselle » m -k h « aisselles »

pluriel. La voyelle du préfixe

nominal s'élide lorsque le thème du nominal commence par une

voyelle. D'o les règles
suivantes :

|d -| |d-|/____V

m -| |m-|/____V

5

m -

b -

m-? « enfant » b-? « enfants » m- « personne » b-ùù « personnes »

m -nd «homme » b -nd « hommes »

m -?gwé « femme » b -?gwé « femmes »

Le morphème |m -| est la marque

du singulier et |b -| celle du

pluriel. Nous observons
également l'élision de la voyelle

du préfixe lorsque le thème
commence par une voyelle. D'o les règles :

m -| |m-|/____V

b -| |b-|/____V

6

d -

n -

d -nàà « herbe »

n -nàà « herbes »

d -l « chauve-souris »

n -lé « chauves-souris »

Le morphème |d -| est la marque

du singulier et |n -| celle du
pluriel.

Dans cette sous-section du travail, nous avons étudié les structures syllabiques et tonales du nominal indépendant en kw ?. Cette étude nous a permis de faire le constat selon lequel le nominal indépendant du kw ? est constitué d'un préfixe et d'un thème ou radical. Le préfixe qui se greffe au thème ou radical marque soit le singulier soit le pluriel. Nous avons dégagé douze (12) préfixes des nominaux indépendants (donc six (06) pour le singulier et six (06) pour le pluriel) dans la langue kw ?. Nous avons ressorti des structures monosyllabiques, bisyllabiques et trisyllabiques, avec des structures tonales variées pour ce qui était des thèmes des nominaux indépendants de la langue kw ?. Nous allons à présent nous intéresser aux classes nominales qui constituent l'un des éléments sinon l'élément le plus important dans une morphologie nominale des langues à classes comme la langue kw ?.

61

2.2.1.5. Classes nominales

Plusieurs auteurs proposent divers critères d'identification des classes nominales dans les langues Bantu. Kadima (1969) propose trois (03) critères qu'il faudrait appliquer pour déterminer les classes nominales dans les langues à classes. Il s'agit du préfixe nominal, du marqueur d'accord et de l'appariement. D'autres à l'instar de Djomeni (2012 :64) estiment qu'il est possible de ne prendre en compte que les schèmes d'accord, car en B mb l , l'on observe des noms avec des mêmes schèmes d'accord qui n'ont pas le même contenu sémantique et vice versa. En plus des préfixes nominaux, nous nous sommes référés aux schèmes d'accord du possessif kw ? pour déterminer plus objectivement les différentes classes nominales dans cette langue.

Nous avons identifié six (06) classes nominales donc trois (03) ayant la valeur du singulier et trois (03) ayant la valeur du pluriel dans la langue kw ?.

2.2.1.5.1. Classe 1

Cette classe a pour préfixe d'accord (PA) |n-|. Elle est subdivisée en trois (03) sous-classes avec pour préfixe nominal - , m- et d -| respectivement pour les sous-classes 1a, 1b et 1c. L'exemple ci-dessous nous présente quelques noms appartenant à cette classe.

(38)

m- ? n-à

CL1b enfant PA-mon

« mon enfant »

- k nà? n-à

CL1a-arachide PA-mon

« mon arachide »

d - nàà n-à

CL1c- herbe PA-mon « mon herbe »

 

Comme nous pouvons l'observer dans l'exemple illustratif de la classe 1, nous avons des préfixes nominaux différents mais le schème d'accord reste le même partout.

2.2.1.5.2. Classe 2

Cette classe est la classe représentant les pluriels de la classe 1 vue plus haut. Elle est représentée par le préfixe d'accord |bj-|. Elle est également subdivisée en trois (03) sous-classes avec les préfixes |b? - , b- et n -|. Nous présentons ci-dessous les noms appartenant à cette classe du pluriel.

(39)

b- ? bj- b? - kwà bj-

CL2b enfant PA-mon CL2a-esclave PA-mon

« mes enfants » « mes esclaves »

62

À travers cet exemple, nous constatons que les accords apparaissent toujours après les noms qu'ils déterminent. Tandis que le préfixe nominal est toujours précédé et rattaché au nom.

n - l bj-

CL2c-chauve-souris PA-ma « mes chauve-souris »

Nous constatons à travers cet exemple comme dans le cas précédent (classe 1) qu'on a trois (03) préfixes nominaux différents mais supportant le même accord avec le déterminant possessif.

2.2.1.5.3. Classe 3

Les noms de cette classe forment leur singulier avec un préfixe d'accord commun qui est le morphème zéro |ø-|. Les noms de cette classe sont regroupés en deux (02) sous-classes à travers les préfixes nominaux différents. Il s'agit notamment de la classe 3a matérialisé par le morphème zéro |ø-| et la classe 3b matérialisée par la nasale syllabique homorganique -|. travers l'exemple ci-dessous, nous présentons quelques noms appartenant à cette classe.

(40)

- k -

CL3a-pied PA-mon « mon pied »

m - f -

CL3b-plume PA-ma « ma plume »

 

Nous notons ici que cette classe forme son pluriel en classe 4. Et concernant la classe 3b le préfixe nominal épouse les traits caractéristiques articulatoires de l'élément qui le suit directement.

2.2.1.5.4. Classe 4

Cette classe marque le pluriel des noms de la classe 3. Contrairement aux autres classes, elle n'est pas subdivisée. Elle se traduit par le préfixe d'accord m-|. Les noms de cette classe ont le morphème zéro |ø-| comme préfixe nominal. L'exemple ci-dessous nous donne le fonctionnement de cette marque de classe.

(41)

- b m- ø- ? m-

CL4-main PA-ma CL4-bouche PA-ma

« mes mains » « mes bouches »

63

2.2.1.5.5. Classe 5

La classe 5 est traduite par le préfixe d'accord dj-|. Les noms de cette classe sont subdivisés en deux (02) sous-classes à savoir la classe 5a matérialisée par |l-| et la classe 5b par d -|. Nous représentons quelques noms de cette classe dans l'exemple ci-dessous.

(42)

l- ù? dj- á

CL5a-cuillère PA-ma « ma cuillère »

d - káhá dj- á

CL5b-aisselle PA-mon « mon aisselle »

 

Dans cette langue, nous avons très peu de noms rentrant dans la sous-classe 5b.

2.2.1.5.6. Classe 6

La classe 6 représente les noms au pluriel. Elle est matérialisée par le préfixe d'accord |mj-|. Elle est subdivisée en quatre (04) sous-classes à savoir la classe 6a |nd-|, la classe 6b m -|, la classe 6c |ø-| et la classe 6d -|. C'est la classe ayant le plus de subdivisions. L'exemple ci-dessous illustre quelques noms de cette classe.

(43)

nd- à? mj- á

CL6a-village PA-mon « mes villages »

m - káhá mj- á CL6b-aisselle PA-mon « mes aisselles »

ø- bèbè mj- á CL6c-aile PA-mon « mes ailes »

- s ndànà mj- á CL6d-larme PA-ma « mes larmes »

Les noms de la classe 6d n'ont pas de singulier dans cette langue. Ces noms se réalisent uniquement au pluriel.

L'analyse complète du système de classe dans la langue kwá? sur la base des préfixes d'accord nous montre que cette langue a six (06) classes nominales. Les classes nominales identifiées sont présentées dans le tableau suivant.

64

Tableau 15: l ssific tion nomin le du kwaì?

Classe

Préfixe nominal

Schème d'accord du possessif

exemples

CL 1

(a)

ø-

n-à

- kwà n-à

CL1-esclave PA-mon « mon esclave »

CL 1

(b)

m-

m- ? n-à

CL1 enfant PA-mon « mon enfant »

CL 1

(c)

d -

d - l n-à

CL1-chauve-souris PA-mon « ma chauve-souris »

CL2 (a)

bè-

bj-

b? - k nà? bj-

CL2-arachide PA-mon « mes arachides »

CL2 (b)

b-

b- ? bj-

CL2 enfant PA-mon « mes enfants »

CL 2 (c)

n -

n - nàà bj-

CL2-herbe PA-mon « mes herbes »

CL3 (a)

ø-

-

- b -

CL3-main PA-ma « ma main »

CL 3 (b)

-

- ? -

CL3-bouche PA-ma « ma bouche »

CL4

ø-

m-

- b m-

CL4-main PA-ma « mes mains »

- k m-

65

 
 
 

CL4-pied PA-ma « mes pieds »

ø- ?ù m- á

CL4-bouche PA-ma « mes bouches »

CL5 (a)

l-

dj- á

l- ùhù dj- á

CL5-pierre PA-ma « ma pierre »

CL 5 (b)

d -

d - káhá dj- á

CL5-aisselle PA-mon « mon aisselle »

CL6 (a)

nd-

mj- á

nd- à? mj- á

CL6-village PA-mon « mes villages »

CL 6

(b)

m -

m - káhá mj- á

CL6-aisselle PA-mon « mes aisselles »

CL 6

(c)

ø-

 
 

CL6 (d)

-

- s ndànà mj- á

CL6-larme PA-ma
« mes larmes »

Dans la présentation des six (06) classes de la langue kwá? que nous avons identifiées ci-dessus, nous constatons que le préfixe nominal est toujours lié au thème du nominal, et le marqueur d'accord du possessif est toujours postposé au nominal qu'il détermine. Par ailleurs, nous avons noté trois (03) préfixes de classe pour le singulier et trois (03) également en ce qui concerne le pluriel. Au terme de cette présentation des différentes classes de la langue kwá?, nous pouvons conclure que les préfixes d'accord du possessif nous renvoient au total 06 classes ; donc 03 classes ayant la valeur du singulier et 03 classes ayant la valeur de pluriel toutes subdivisées en sous-classe sauf la classse 4. Afin de conclure ce qui précède sur le nombre de classes nominales attestées en

66

kw ?, nous avons rapproché nos résultats à ceux des langues avoisinantes comme le m d mb et le gh?m l '. Pour ce qui est du m d mb , Kouankem (2011:77) nous fait savoir que « nouns in

m d mb fall roughly into five classes; when noun class membership is established on the basis of the genitive pronominal agreement». Elle va plus loin en proposant un tableau récapitulatif des classes nominales en m d mb comme suit :

Tableau 16: classes nominales en m? d mb

classes

Proto bantu prefixes (welmers)

M d mb noun prefixes

Possessive agreement marker

examples

Gloss

1

m -

N-

m

nsh n m

nd m
m -b -zw

my friend my husband my dog my wife

3

m -

ø-

m

nt b

t

s

my heart my hand my head my face

4

m -

N-

m m

m -b -s? -c? n -ts?

my lungs my teeth my necklace my water

5

d -

ø-

s m

cà? càk s?

my food my stomach my tooth

6

mà-

ø-

c m

d c m sh n c m

my husband my friends

En ce qui concerne la langue gh?m l ', Tala Teku (2015 :39) nous fait savoir que cette langue a six classes nominales lorsqu'il cite Nissim (1980) en ces mots : « six (06) noun classes are attested and classified in numbers : three singular noun classes (1, 3, 5) and the three noun classes (2, 4, 6) ». Il présente ensuite ces classes dans un tableau ainsi qu'il suit :

67

Tableau 17: classes nominales en gh?maìlaì'

Singular

Plural

person

class

prefix

pers

on

class

Prefix

1st

1

ø + j-

1st

2

p- +

2nd

3

ø + j-

2nd

4

m- +

3rd

5

ts- +

3rd

6

ts- +

En comparant ces données, nous constatons que nous sommes très proches de ces langues en termes de classification nominale. À travers le nombre de classe identifié, ceci prouve davantage que le kw ? appartient à une même famille de langues que les langues m d mb et gh?m l '. Il s'agit des langues du groupe grassfield-Est.

2.2.1.6. Genres en kwa'?

Le genre se définit en général comme l'appariement de classes, même des noms ayant une classe au singulier, sont susceptibles de ne pas avoir la même classe au pluriel. Djomeni (2012 :80) va dans le même sens lorsqu'il affirme : « in bantu languages, gender refers to a couple of nouns expressing the opposition singular/plural. Therefore, gender is pairing of two nouns classes. » Pour Bebiné (2018 :257), cette identification n'est que possible pour les nominaux quantifiables. Il affirme que : « L'identification d'un genre à partir de l'appariement de deux classes, o l'une est singulière et l'autre, plurielle, s'applique pour les nominaux quantifiables mais bute face à ceux non-quantifiables, puisque ces derniers ne donnent pas lieu à une corrélation binaire (singulier / pluriel) et sont soit singuliers, soit pluriels ou même neutres. » Si l'appariement en genre était d'une rigidité absolue, on aurait uniquement 3 genres pour une langue présentant 6 classes et 6 genres pour une langue à 12 classes, pour ne citer que ces deux exemples. Mais l'appariement peut se faire d'une classe X vers une classe Y et d'une classe X vers une classe Z en fonction du marqueur d'accord.

En kw ?, au terme de l'appariement, nous avons pu ressortir trois (03) genres reguliers, deux (02) genres irreguliers et deux (02) monoclasses repartis ainsi qu'il suit :

68

2.2.1.6.1. Genres reguliers

On parle de genres reguliers lorsque les appariements suivent l'ordre établi et ordonné c'est-à-dire la classe 1 et la classe 2 forme une classe par exemple. Il a été recensé suivant notre analyse trois (03) genres ayant cette connotation. Il s'agit du :

- Genre I : CL1/2 - Genre II : CL3/4 - Genre III : CL5/6

2.2.1.6.1.1. Genre I : 1/2

Dans ce genre on retrouve des noms exprimant une relation de parenté avec la nature humaine mais aussi les noms de choses. Ce genre regroupe les classes 1 et 2 respectivement telles que présentées ci-dessous.

(50)

m? t nà « mon orphelin » b? t bj « mes orphelins »

k nà? nà « mon arachide » bèk nà? bj « mes arachides »

d nàà nà « mon herbe » n nàà bj « mes herbes »

2.2.1.6.1.2. Genre II : 3/4

Le genre II regroupe les noms de la classe 3 et les noms de la classe 4. Les noms de ces classes sont généralement des noms de certaines parties du corps. Mais on rencontre d'autres types de noms dans ce genre tels présents dans l'exemple suivant.

(51) m f b

k

« ma feuille » « ma main » « mon pied »

f m b m k m

« mes feuilles » « mes mains » « mes pieds »

2.2.1.6.1.3. Genre III : 5/6

Ce genre regroupe les noms appartenant aux classes 5 et 6 respectivement. On retrouve ici quelques noms des parties du corps humain.

Il s'agit des nominaux qui n'obeissent pas à la règle d'appariement de classe. Une monoclasse peut ne pas avoir soit d'affiliation pour le singulier soit d'affiliation pour le pluriel.

69

(52)

d k h dj « mon aisselle » m k h mj « mes aisselles »

d dj « mon oeil, mon nom » m mj « mes yeux, mes noms »

l ? dj « ma cuillère » nd ? mj « mes cuillères »

2.2.1.6.2. Genres irréguliers

Il s'agit ici des appariements qui ne respectent pas l'ordre d'apparition des classes. Sur la base de nos analyses, deux (02) genres irréguliers ont été identifiés à savoir :

- Genre IV : CL1/6 - Genre V : CL3/2

2.2.1.6.2.1. Genre IV : 1/6

Ce genre comprend des noms de la classe 1 qui forment leurs pluriels en classe 6. Il s'agit généralement des noms de certaines choses. Nous présentons quelques de ces noms dans l'exemple ci-dessous :

(53)

t ?t nà « mon grenier » t ?t mj « mes greniers »

mb nà « mon cauris » mb mj « mes cauris »

2.2.1.6.2.2. Genre V : 3/2

Il s'agit dans ce genre des noms de la classe 3 qui forment leur pluriel en classe 2. Nous présentons quelques de ces noms dans l'exemple ci-dessous :

(54)

m v « mon chien » bèv bj « mes chiens »

?à? « mon légume » bè?à? bj « mes légumes »

2.2.1.6.3. Monoclasses

70

Dans la langue kw ?, nous avons recensé deux (02) monoclasses. La première est une classe du singulier et la seconde une classe du pluriel. Il s'agit des classes 3 et 6.

2.2.1.6.3.1. Classe 3a

Dans la classe 3, certains nominaux de la sous-classe 3a ne s'expriment pas au pluriel. L'exemple suivant nous permet de présenter certains des nominaux rentrant dans cette classe du pluriel :

(55)

d m? « ma fumée »

s « mon eau »

mb p « ma poussière »

C'est différent nominaux ne se réaliseraient pas au pluriel dans la langue kw ? tel que le démontre l'exemple (55) ci-dessus.

2.2.1.6.3.2. Classe 6d

Dans cette sous-classe de la classe du pluriel, nous avons certains noms qui ne se réalisent qu'aux singuliers. L'exemple suivant nous permet de mettre en relief certains de ces noms :

(56)

tó mj « mes intestins »

s ndànà mj « mes larmes »

travers cet exemple (56), nous constatons qu'il s'agit des noms qui ne se réalisent pas au singulier dans cette langue.

Le tableau suivant présente un récapitulatif des différents genres (accompagnés de leur préfixe de classe) identifiés dans la langue kw ?.

Tableau 18: Genres du kwaì?

Catégorisation

Genres

classes

Genres réguliers

I

CL1/2

II

CL3/4

III

CL5/6

Genres irréguliers

IV

CL1/6

V

CL3/2

71

Nous pouvons aussi matérialiser cet appariement à travers la représentation suivante :

CL 1 CL 2

CL 3 CL 4

CL 5 CL 6

Comme le démontre l'analyse effectuée plus haut, le kw ? présente six (06) classes nominales reparties en cinq (05) genres. Il s'agit de trois (03) genres réguliers et deux (02) genres irréguliers. Nous avons également reléver des monoclasses (classe 3a et classe 6d). La classification nominale de cette langue a été faite à travers les préfixes de classe et les déterminants du possessif. Étant donné que nous sommes toujours dans l'étude du nominal indépendant, nous avons trouvé nécessaire de ressortir certains procédés de création de nouveaux mots dans la langue kw ?. Ces mots qui devront également être intégrés dans la langue. Nous montrerons dans le chapitre reservé à l'orthographe comment les intégrer dans la langue.

2.2.2. Processus d'enrichissement du lexique kwa'?

Il s'agit d'un procédé par lequel une langue obtient de nouveaux substantifs. En kw ?, nous avons recensé trois procédés de création lexicale remarquables à savoir la composition, la réduplication et l'emprunt. Ceci fera l'objet de notre étude dans cette sous-section.

2.2.2.1. La composition

La composition est un procédé morphologique permettant la formation d'une unité sémantique sur la base de plusieurs autres éléments lexicaux susceptibles d'avoir une autonomie dans un énoncé. Il s'agit dans cette langue plus précisément d'une composition nominale. Pour éviter la confusion qui pourrait naître entre un composé et un syntagme nominal, nous avons pris en considération le point de vue de Guarisma (2000 : 120) cité par Ndedje (2013 :149) qui invite le chercheur à prendre en compte des éléments d'appréciation tels que la commutation et la valeur sémantique, sans toutefois oublier la fréquence d'emploi des lexèmes. Dans cette langue, les nominaux composés les plus fréquents sont de type :

Substantif+substantif

mb? p + s = mbèpns

Viande + eau « poisson »

nd? + ?gwó? = nd? ?gwó?

Maison + termite « termitière »

72

mb? p + ji t = mbèpji t

Viande + corps « chair »

mó + m nd = móm nd

Enfant + homme « garçon »

nt + nd? = nt nd?

milieu + maison « famille »

fà2 + t n = fà2t n

Travail + fer « forgeron »

Substantif + numéral / nominal + numéral

I? p + I 2 « onze »
unité + un

I? p + tsy? t + ? m + b? « vingt-trois »

unité + trois + dix + deux

I? p + t + kx + ? m + t « cent cinquante-cinq »

unité + cinq + cent + dix + cinq

Substantif + adverbe / nominal + adverbe

b + k « plante du pied »
dessous + pied

fà? + nd? « chambre »

dedans + maison

Au vu de ce qui précède, nous constatons que le procédé de la composition en kw 2 se présente sous différentes formes à savoir le substantif et un autre substantif, le substantif et le numéral ainsi que le substantif et l'adverbe. De ces exemples, nous constatons que ces différents composés ont des structures syllabiques variées telles que les structures CVC.CVC, CVC. .CV, CV.CV, CVC.CV.CV, CV.CVC. Ces différentes structures syllabiques respectent les structures

73

canoniques de la langue. Nous allons continuer avec l'autre procédé d'enrichissement lexical qui, est focalisé sur la répétition du mot source.

2.2.2.2. La réduplication

La réduplication est un processus morphologique qui se produit dans plusieurs langues naturelles. Elle fait référence à une répétition d'un mot ou d'une syllabe de manière totale ou de manière partielle. Elle peut donc être totale ou partielle. Elle est considérée comme totale lorsque c'est tout le mot qui est repris et partielle lorsqu'il s'agit juste d'une partie du mot qui est reprise.

Dans les langues bantu en général, ce processus est très fréquent et les mots se rédupliquent pour des raisons telles que décrites par Tabah Nforgwei (2004 :127) : « words undergo the process for different functions such as onomatopoeic or simply descriptive. In most cases, the reduplicated word that surfaces may not have any direct semantic relationship with the original word. ». Dans cette sous-section, nous traiterons de la réduplication totale dans l'exemple ci-dessous.

(57)

b? « fou » b? b? « bêtement »

n? p « eux » n? pn? p « entre-eux »

t « cinq » t t « cinq partout »

ndà? « palabre » ndà?ndà? « doucement »

mb ? « le matin » mb ?mb ? « l'aube »

nc ? « un » nc ?nc ? « ensemble »

nt ? « boule » nt ?nt ? « boulets »

nt? ? « beaucoup » nt? ?nt? ? « énorme »

Nous constatons à travers l'exemple ci-dessus qu'il y'a une répétition totale du mot de départ ou mot source. Cette réduplication dans la plupart des cas permet de matérialiser une mise ensemble ou une globalisation pour certains cas. Nous n'avons pas pu identifier des cas de réduplication partielle. Ces termes rédupliqués peuvent être de plusieurs catégories grammaticales à savoir les adverbes, les noms et les adjectifs.

74

2.2.2.3. Les subst ntifs d'emprunt

L'emprunt est un autre procédé d'enrichissement lexical qui provient d'une part du contact entre les langues et d'autre part des avancées scientifiques et technologiques. De ce fait, l'emprunt permettrait à la langue réceptrice de se redynamiser et de faire une certaine mise à jour suivant l'évolution et le contexte. Les substantifs d'emprunt subissent des modifications sur le plan phonologique et morphologique afin de s'adapter à la structure de la langue cible. Sur le plan phonologique, nous constatons une adaptation du système phonologique de la langue source vers la langue cible kw ?. Sur le plan de la morphologie, on note également une conformité au niveau de la structure syllabique (CV.CVC, CV.CV, CV.CV.CV, CVC.CV...) lorsqu'on va vers la langue source, respectant ainsi la morphologie de celle-ci.

T ble u : les subst ntifs d'emprunt kwaì?

Langue source

Mot source

Substantif d'emprunt

Règle

phonologique

Glose

Anglais

Window ['w?nd ?]

w ndà

? u

? o

« la fenêtre »

Hammer ['hoem ]

h mà

oe a

a

« marteau »

School [sku:l]

s k l

ø u

u : u

« l'école »

Flower ['fla? ]

f lèwà

ø

a e

? w

a

« la fleur »

Motor ['m ?t ]

màtwà

? a

t tw

a

« la voiture »

Doctor ['d?kt ]

dóktà

? ?

a

« le docteur »

Soldier ['s ?l? ]

s n?à

? u

l n

a

« le soldat »

Cupboard ['kAb d]

kóbàs

A ?

a

d s

ø i

« l'armoire »

Français

Table [tabl]

tàbèlè

ø e / b_l

ø e/l_#

« la table »

Machine [ma?in]

mà? n

? ?

« la machine »

 
 
 
 
 

L'adjectif possessif en kw ? est monosyllabique avec des structures |CV| et |CVC| ainsi présentées dans le tableau ci-dessous.

75

D'après le tableau présenté ci-haut, nous constatons que le kw ? a réadapté les substantifs empruntés aux langues étrangères notamment le fran ais et l'anglais suivant son système phonologique. La plupart de ces processus phonologiques présentés dans le tableau sont des processus phonologiques non-conditionnés. Concernant les structures syllabiques, ces emprunts sont généralement dissyllabiques ( CV.CV, CV.CVC, CVC.CV) pour la plus part et trisyllabiques ( CV.CV.CV) pour quelques uns.

Le nominal indépendant étant mis en vue, nous allons également mettre en relief ces différents éléments qui dépendent du nominal. Il s'agit du nominal dépendant ou encore des déterminants. Dans la sous-section suivante, nous explorerons les différents déterminants de la langue kw ? sans pour autant être exhaustif.

2.2.3. Le nominal dépendant

Dans cette sous-section, nous mettrons en relief les déterminants du substantif kw ?. Il s'agit là de certains éléments lexicaux qui accompagnent le substantif en construisant des liens de détermination avec celui-ci. Nous nous proposons ici d'analyser quelques déterminants de la langue kw ?. Nous allons commencer ainsi par les adjectifs.

2.2.3.1. Les adjectifs de l l ngue kwaì?

On appelle adjectif, tout lexème en rapport de détermination avec un nom. Selon Wega Simeu (2016 :95), on appelle adjectif dans les langues bantu

tout nominal dépendant qui accompagne le substantif et dont la forme du préfixe dépend de celle du nominal indépendant qu'il détermine. Autrement dit, dans les langues bantu, l'adjectif a un thème mais son output ou sa forme syntaxique dépend entièrement du nominal indépendant et du préfixe substantival qui lui donne un préfixe dépendant sans lequel il ne peut être un lexème.

En kw ?, nous distinguons cinq (05) types d'adjectifs à savoir, les possessifs, les démonstratifs, les indéfinis, les numéraux et les qualificatifs.

2.2.3.1.1. L' djectif possessif

En kw ?, l'adjectif possessif peut être variable dépendamment du substantif qu'il détermine, que ce soit au singulier ou au pluriel.

76

Tableau 19: djectifs possessifs du kwaì?

personne

Structures des accords

Exemples

singulier

Pluriel

Singulier

pluriel

1ère

« mon/ma, mes »

di

mà nà à

bi

m

mi

0- f nà

CL1 - chef POSS
« mon chef »

b? - f bià

CL2- chef POSS
« mes chefs »

m- ? nà

CL1-enfant POSS « mon enfant »

b- ? bi

CL2-enfant POSS
« mes enfants »

2ème

« ton/ta, tes »

di?

n? m? -?

bi?

m? mi?

0- t n?

CL1-tête POSS
« ta tête »

b? - t bi?

CL2- tête POSS
« tes têtes »

- p m n?

CL1-orange POSS
« ton orange »

0- p m mi?

CL6-orange POSS

« tes oranges »

3ème

« son/sa, ses »

di

n

m -

b

m

-nd m

CL1-mari POSS
« son mari »

b? -nd b

CL2-mari POSS
« ses maris »

0-t? ?? m

CL3-trou POSS

« son trou »

b? -t? ?? b

CL2-trou POSS
« ses trous »

4ème

« notre, nos »

di

n

m

bi

mi

m

-? ?

CL3-légume POSS « notre légume »

b? -? ? bi

CL2-légume Poss « nos légumes »

5ème

« votre, vos »

di

n m

bi

mi

m

l- ?

CL5-chaise POSS « votre chaise »

nd- ? bi

CL6-chaise POSS
« vos chaises »

6ème

« leur, leurs »

di-? p n? p m? p ? p

bi? p
mi? p
m? p

m -bé ? p

CL3-marmite POSS « leur marmite »

0-bé m? p

CL4-marmite POSS « leurs marmites »

77

Sur un plan segmental, nous constatons que le préfixe du possessif kw ? est | dj-, m-, n-, ø-| au singulier et qui devient |bj-, m-, mj-| au pluriel. Le thème du possessif quant à lui présente les structures |-V| (-a, -?, -i, - , - ) et |-VC| (-?p).

2.2.3.1.2. Les adjectifs démonstratifs

Le démonstratif sert à situer un substantif dans un espace. En kw ?, le démonstratif renseigne sur la localisation dans l'espace d'un objet ou d'une personne. Le locuteur kw ? use de 3 manières pour exprimer la distance entre lui et l'objet déterminé ; selon que l'objet est proche du locuteur, proche du destinataire ou éloigné des deux.

2.2.3.1.2.1. Le démonstratif proche (du locuteur)

Sa marque est nd . Ce monème est toujours postposé au substantif qu'il détermine. Lorsqu'il est au pluriel, il est préfixé de b -|. Nous illustrons ce type de démonstratif dans l'exemple suivant.

(58)

Singulier Pluriel

m-? nd b-? b -nd

CL1-enfant DEM CL2- enfant PL-DEM

« cet enfant-ci » « ces enfants-ci »

ø-bà?à nd bè-bà?à b -nd

CL3-maison DEM CL2-maison PL-DEM

« cette maison-ci » « ces maisons-ci »

ø-b nd m -b b -nd

CL1-oeuf DEM CL6-oeuf PL-DEM

« cet oeuf-ci » « ces oeufs-ci »

travers l'exemple ci-dessus, nous constatons que le démonstratif proche du locuteur n'a qu'une seule forme indépendamment de la classe du nom. Au singulier, il est matérialisé par nd et au pluriel, on a b nd et ces morphèmes sont toujours postposé au nominal qu'ils déterminent. Qu'en est-il du démonstratif proche du destinataire ou encore éloigné du destinateur.

2.2.3.1.2.2. Le démonstratif proche (du destinataire)

Il se caractérise par le monème |nd? . Ce monème est également postposé au substantif qu'il détermine. Le pluriel se caractérise par le monème b -| qui est préposé au démonstratif. L'exemple ci-dessous nous renseigne plus à propos de ce type de démonstratif.

78

(59)

Singulier Pluriel

ø-bà?à nd? bè-bà?à b - nd?

CL3-maison DEM CL2- maison PL-DEM

« la maison-là » « ces maisons-là »

ø-b nd? m -b b - nd?

CL1-oeuf DEM CL6-oeuf PL-DEM

« l'oeuf-là » « ces oeufs-là »

m-? nd? b-? b -nd?

CL1-enfant DEM CL2-enfant PL-DEM

« l'enfant-là » « ces enfants-là »

L'exemple ci-dessus présente la matérialisation du démonstratif proche du destinataire. Nous constatons que ce démonstratif-là garde sa forme de base indépendamment de la classe du nom qu'il qualifie. Nous avons aussi par ailleurs un type de démonstratif qui est éloigné du locuteur et du destinataire.

2.2.3.1.2.3. Le démonstratif éloigné (loin du locuteur et du destinataire)

Lorsque l'objet décrit est éloigné du locuteur et du destinataire, on utilise le démonstratif nd . Ce morphème est également préposé/postposé comme les précédents. La forme du pluriel reste uniforme comme dans les cas précédents avec l'ajout de |b - comme l'illustre l'exemple ci-dessous.

(60)

Singulier Pluriel

ø-bà?à nd bè-bà?à b -nd

CL3-maison DEM CL2-maison PL-DEM

« cette maison là-bas » « ces maisons là-bas »

ø-b nd m -b b -nd

CL1-oeuf DEM CL6-oeuf PL-DEM

« cet oeuf là-bas » « ces oeufs là-bas »

79

m-? nd b-? b -nd

CL1-enfant DEM CL2-enfant PL-DEM

« cet enfant là-bas » « ces enfants là-bas »

Nous constatons à travers l'exemple ci-dessous que le démonstratif éloigné du locuteur et du destinataire reste invariable quelle que soit la classe du nom qu'il détermine. Nous allons à présent nous intéresser à un autre genre de déterminant. Il s'agit des quantitatifs.

2.2.3.2. Les qu ntit tifs de l l ngue kwaì?

Nous avons identifié trois (03) morphèmes qui caractérisent les quantitatifs en kw 2. Il s'agit de |mbèj n « tout », |m? 2? | « autre, certain » et |?w « aucun ». Notons que contrairement aux possessifs et aux démonstratifs, les quantitatifs sont préposés au nom. Nous les présentons dans le tableau suivant avec leur forme pluriel.

Tableau 20: Qu ntit tifs de l l ngue kwaì?

singulier

glose

pluriel

Glose

mb? j n

« tout »

?kwà

« tous »

m? 2?

« autre/certain »

b -m? 2

«autres/certains »

?wà

« aucun »

mb 2jà mèj

« plusieurs/beaucoup »

Les quantitatifs ainsi présentés dans le tableau ci-dessus, nous allons à présent les illustrer à travers l'exemple suivant.

(61)

mb? j n m-?

tout CL1-enfant « tout enfant »

?kwà b-?

tous CL2-enfant « tous les enfants »

m? 2? -s ?

autre CL3-oiseau « autre/certain oiseau »

b -m? 2 ø-s ?

PL-autre CLA-oiseau « autres/certains oiseaux »

?wà m-

aucune CL1-personne « aucune personne »
mb 2yà b-ùù

plusieurs CL2-personne « plusieurs personnes »

80

b? -bà?à m? y

CL2-maison beaucoup « beaucoup de maisons »

Nous constatons qu'en dehors de m? j « beaucoup » qui se place en position finale, les autres quantitatifs sont toujours antéposés au nom. Nous constatons également qu'ils sont invariables quel que soit le nom déterminé.

2.2.3.3. Les pronoms de l l ngue kwaì?

On appelle pronom tout morphème lexical capable de substituer ou de remplacer un nom (substantif). Pour Djomeni (2012:122), le pronom « is a grammatical unit whose meaning brings it closer to the noun. This explain why it can replace a noun. » Il s'agit donc d'un substitut du nominal indépendant. En kw ?, nous distinguons les pronoms personnels, les pronoms relatifs, ainsi que les pronoms interrogatifs.

2.2.3.3.1. Les pronoms personnels

Ces pronoms peuvent fonctionner comme sujet ou comme complément d'objet du verbe. Nous en avons identifié 6 sous leur forme sujet et leur forme objet. Nous les présentons dans le tableau ci-dessous :

Tableau 21: pronoms personnels sujet et objet

 

PERSONNES

PRONOMS SUJET

PRONOMS OBJET

SINGULIER

1ère

m « je »

m « me, moi »

2ème

? « tu »

n? « te, toi »

3ème

, ? « il, elle »

n « le, la, lui »

PLURIEL

1ère

b « nous »

n « nous »

2ème

b « vous »

n « vous »

3ème

b? « ils, elles »

n? p « eux, les, leur»

Le tableau ci-dessus indique que les pronoms personnels objet ont un |n-| comme préfixe sauf à la première personne du singulier tandis que les pronoms personnels sujet possèdent le préfixe |b-| aux trois personnes du pluriel et |m-| est valable comme préfixe pour la première personne du pronom sujet et ainsi que du pronom objet. Nous allons illustrer ces pronoms à travers l'exemple ci-dessous.

81

(62)

Pf tpf t ?? ? l n?
Moustique PRS-sucer sang te « Le moustique te suce le sang »

M ø-s 2 k h

Je PST1-venir hier
« Je suis venu hier »

B? n? ns

Ils PRS-boire eau « Ils boivent de l'eau »

f? bê m

PRS-donner couteau moi « Donne-moi le couteau »

Tà2j ? -v

Chasseur PST1-tuer lui « Le chasseur l'a tué »

Contrairement aux pronoms sujets, les pronoms personnels objet viennent toujours après le nominal et, très généralement en position finale tel que l'illustre l'exemple ci-dessus. Nous avons également un autre type de pronom personnel. Il s'agit du pronom personnel emphatique.

- Les pronoms personnels emphatiques

Pour Simeu Wega (2016), le pronom emphatique « sert à renforcer le sujet en excluant de l'action toute autre personne ou participant . En kw 2, nous avons identifié 6 pronoms emphatiques tels que présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 22: pronoms personnels emphatiques

 

PERSONNES

PRONOMS

GLOSES

SINGULIER

1ère

t 2nà

moi seul

2ème

t 2n?

toi seul

3ème

t 2n

lui seul

PLURIEL

1ère

t 2n

nous seuls

2ème

t 2n

vous seuls

3ème

t 2n? p

eux seuls

82

Nous constatons que le pronom personnel emphatique a un préfixe commun à toutes les personnes. Il s'agit de t 2-| qui signifie « seul . L'exemple ci-dessous nous permettra de mieux appréhender ces différents pronoms personnels lorsqu'ils sont employés dans des phrases.

(63)

M ø-s 2 k h t 2nà

Je PST1-venir hier moi seul
« je suis venu moi seul hier »

Bó n? ns t 2nèp

Ils PRS-boire eau eux seul
« Ils boivent de l'eau eux seuls »

travers l'exemple employé ci-dessus, nous nous rendons compte que le pronom personnel emphatique occupe toujours la position finale dans la phrase kw 2. Comme autre type de pronom personnel, nous avons les pronoms personnels réfléchis.

- Les pronoms personnels réfléchis et réciproques

Comme les précédents, ils servent également à renforcer le sujet mais ils se différencient dans la mesure o l'action se rapporte au sujet. Nous en avons également recensé six (06) tels présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 23: pronoms personnels réfléchis

 

PERSONNES

PRONOMS

GLOSES

SINGULIER

1ère

mb 2nà

moi-même

2ème

mb 2n?

toi-même

3ème

mb 2n

lui-même

PLURIEL

1ère

mb 2n

nous-mêmes

2ème

mb 2n

vous-mêmes

3ème

mb 2n? p

eux-mêmes

Le tableau ci-dessus nous présente les différentes formes de pronoms personnels réfléchis en fonction des personnes. Nous constatons que le préfixe mb 2 qui signifie « même » est identique partout et que c'est le radical qui varie d'une personne à une autre. L'exemple ci-dessous nous permettra de mieux apprécier ces pronoms personnels réfléchis dans des constructions syntaxiques.

Dans cette sous-section, nous allons examiner ces nominaux qui peuvent fonctionner comme adjectifs et pronoms. Essono (2000 : 325) définit les numéraux et les interrogatifs comme « des

83

(64)

? ø-v mo n mb n

3Sg PST1-tuer enfant Poss elle-même « elle a tué son enfant elle-même »

o ø-no ns mb n?

2Sg PST1-boire eau toi-même
« tu as bu de l'eau toi-même »

Les exemples ci-dessus indiquent que le pronom personnel réfléchi est toujours en position finale dans la construction syntaxique. Nous allons à présent nous intéresser au pronom relatif dans la langue kw ?.

2.2.3.3.2. Les relativiseurs

D'après Dubois et al. (2002 :408), « les pronoms relatifs, appelés quelquefois conjonctifs, sont les mots qui servent à établir une relation entre un nom ou un pronom qu'ils représentent [...] et une proposition subordonnée dite relative qui explique ou détermine l'antécédent. » Le pronom relatif sert alors à relier deux propositions, l'une indépendante et l'autre subordonnée. En kw ? il est matérialisé par le morphème j . Cela est visible à travers l'exemple employé ci-dessous.

(65)

M ?gwé j m ø-j s ?
Femme REL 1Sg PST1-voire venir « la femme que j'ai vue est venue »

B j ø-jà?

Main REL PST1-couper « la main qui a coupée »

Ndà bé j m ø-?à?à nd t

DEM marmite REL 1Sg PRS-porter lourd « cette marmite que je porte est lourde »

Nous pouvons également constater qu'il n'y a pas de différence entre un pronom relatif sujet et un pronom relatif objet dans la langue kw ?. En observant de plus près l'exemple ci-dessus, nous constatons l'absence d'accord du pronom avec son antécédent. Nous pouvons dire qu'il s'agit ici d'un relativiseur et non d'un pronom relatif.

2.2.3.4. Les numéraux et les interrogatifs

84

pronoms adjectivaux. Ce sont des constituants qui connaissent une translation grammaticale ». Cette sous-section sera donc consacrée aux numéraux ainsi qu'aux interrogatifs.

2.2.3.4.1. Les numéraux cardinaux

Le numéral cardinal permet de quantifier un substantif. En kw ? il est invariable et toujours postposé au substantif qu'il détermine comme l'indique les exemples après le tableau suivant.

Tableau 24: quelques numéraux cardinaux

NOMBRE

NUMÉRAL CARDINAL

GLOSE

1

1 ?

« un »

2

b?

« deux »

3

?j? t

« trois »

4

kwè

« quatre »

5

t

« cinq »

6

t h

« six »

7

s mb?

« sept »

8

fómó

« huit »

9

bj ?

« neuf »

10

m

« dix »

11

1? p 1 ?

« onze »

12

1? p b?

« douze »

20

? m b?

« vingt »

50

? m t

« cinquante »

100

kx

« cent »

150

kx ? m t

« cent cinquante »

151

kx ? m t 1? p 1é?

« cent cinquante et un »

1000

1à?

« mil »

1151

1à? kx ? m t 1? p 1 ?

« mil cent cinquante et un »

1200

?à? kx b?

« mil deux cent »

1500

?à? kx t

« mil cinq cent »

2000

?à? b?

« deux mil »

10.000

?à? ? m

« dix mil »

85

Le tableau ci-dessus nous permet de voir que les numéraux cardinaux de la langue respectent la même configuration que celle du fran ais. Cela voudrait dire qu'on part des millièmes, on forme les centaines, les dizaines et les unités. Notons également que peu importe la classe du nom dans la langue kw ?, il ne s'accorde pas avec le numéral. Donc le numéral reste invariable dans toute construction syntaxique. Nous allons illustrer ces numéraux cardinaux dans l'exemple suivant.

(66)

? -k n 1 ?

CL3-queue une « une queue »

b-? b?

CL2-enfant deux « deux enfants »

b? -bàà ?j? t

CL2-sac trois

« trois sacs »

b -nd kwè

CL2-homme quatre « quatre hommes »

b? -?àà kx b? 1é?

CL2-animal cent deux et un
« deux cent un animaux»

d- 1 ?

CL5-oeil un
« un oeil »

m- b?

CL6-yeux deux

« deux yeux »

b? -s fà? s mb?

CL2-houe sept « sept houes »

b? -1èlèk 1? p t

CL2-souris unité cinq « quinze souris »

Au vu de l'exemple qui précède, nous constatons que le numéral cardinal en kw ? vient toujours après le nom qu'il détermine. Et comme mentionné plus haut, le numéral cardinal kw ? reste invariable indépendemment de son emploi dans la langue. Nous allons maintenant nous intéresser aux numéraux ordinaux de la langue kw ?.

2.2.3.4.2. Les numéraux ordinaux

On emploie le numéral ordinal en kw ? pour donner l'ordre d'apparition des choses, des personnes, des évènements, etc... dans la langue kw ?. Le tableau suivant nous présente les numéraux ordinaux de ladite langue.

Nous constatons que comme les numéraux cardinaux, les numéraux ordinaux occupent la position finale. L'exception est faite par le premier et le dernier qui occupent la position initiale

86

Tableau 25: Quelques numéraux ordinaux

 

NUMÉRAL ORDINAL

GLOSES

1er

M b h

« premier »

2e

d l n b?

« deuxième »

3e

d l n tsj? t

« troisième »

4e

d l n kw?

« quatrième »

5e

d l n t

« cinquième »

6e

d l n t h

« sixième »

7e

d l n s mb?

« septième »

8e

d l n f? m?

« huitième »

9e

d l n bj ?

« neuvième »

10e

d l n m

« dixième »

11e

d l n ?? p ? ?

« onzième »

20e

d l n ? m b?

« vingtième »

100e

d l n kx

« centième »

150e

d l n kx ? m t

« cent cinquantième »

151e

d l n kx ? m t ?? p ? ?

« cent cinquante unième »

1000e

d l n ?à?

« millième »

1151e

d l n ?à? kx ? m t ?? p ? ?

« mil cent cinquante unième »

Le tableau ci-dessus se résume à travers la formule o le numeral ordinal se forme à partir de d l n plus le numéral cardinal. Mais notons également que premier et dernier ont des formes particulières. L'exemple ci-dessous permet de mieux apprécier ces numeraux ordinaux.

(67)

m b h ?g? f premier maïs

« premier maïs »

?w t (d l n ) t mois cinquième

« cinquième mois »

m? d l n b? enfant deuxième

« deuxième enfant »

87

dans la construction syntaxique. Notons également que pour les mots jours, mois et années, le morphème d l n est facultatif tel que présenté plus haut dans notre exemple.

2.2.3.5. Les interrogatifs

Les interrogatifs (INT) sont des adjectifs ou adverbes qui permettent de poser une question portant sur un aspect bien déterminé du nominal. Nous avons recensé huit (08) déterminants interrogatifs en kw ?. Ils sont tous invariables. Nous les présentons dans le tableau ci-dessous.

Tableau 26: Interrog tifs de l l ngue kwaì?

Interrogatif

Glose

Exemple

s ?

« combien ?»

k? 1èlèk s ?

C'est souris INT

« C'est combien de souris ? »

k

« quoi ?»

mó ø-j k

Enfant PST1-voir INT

« Qu'est-ce que l'enfant a vu ? »

k ø-pf t mbèp

Int PST1-manger viande

« Qu'est-ce qui a mangé la viande ? »

h?

« o ? »

b -nd h?

CL2- homme INT

« O sont les hommes ? »

nd k

« Comment ? »

k? nd k

C'est INT

« Comment est-ce que ça va ? »

1 k

« quand ? »

ó ø-s ? 1 k

tu FUT1-venir INT

« Quand est-ce que tu viendras ? »

n k

« pourquoi ? »

? ø-ny ? n k

tu PRS-danser INT
« Pourquoi danses-tu ? »

« qui ? »

k? wó

c'est INT

« C'est qui ? »

wó ø-pf t mb? p

Int P1-manger viande
« Qui a mangé de la viande »

J n

« quel ? »

j n m

INT yeux

« Quels yeux »

j n d

INT oeil
« Quel oeil »

88

Ce tableau présente tous les interrogatifs de la langue kw ? avec des exemples pour chaque interrogatif. Les exemples employés dans ce tableau nous montrent que l'interrogatif en kw ? est invariable et peut occuper diverses positions en fonction de la structure de la phrase.

Il était question dans cette sous-section de présenter le nominal dépendant et le nominal indépendant. Nous avons pu ressortir la structure du nominal de prime abord, ressortir la structure tonale des radicaux du thème du nominal. Nous avons également identifié les classes nominales et les genres o nous avons eu six (06) classes nominales regroupées en cinq genres (à savoir trois (03) genres réguliers et deux (02) genres irréguliers). Comme procédés d'enrichissement de la langue kw ?, nous avons présenté le processus de la composition, de la réduplication et de l'emprunt que fait la langue kw ? dans d'autres langues afin de s'approprier de nouveaux termes et enrichir son vocabulaire. Pour ce qui concernait les déterminants ou le nominal dépendant, nous avons mis en relief quelques déterminants de la langue kw ? à savoir les adjectifs, les quantitatifs, les pronoms, les numéraux et les interrogatifs.

La sous-section réservée à la morphologie nominale étant ainsi présentée, nous procédérons à l'étude du verbe et du syntagme verbal dans la langue kw ?.

2.3. MORPHOLOGIE VERBALE

Ici, il sera question pour nous d'analyser le verbe kw ?. Il est défini généralement comme un mot de forme variable qui exprime un procès ou une action faite ou subie par le sujet. Il peut également indiquer un état du sujet. Selon Richards et Schmidt (2010 :625), le verbe est « a word which (a) occurs as part of the predicate of a sentence (b) carries markers of grammatical categories such as tense, aspect, person, number and mood, and (c) refers to an action or state ». Il sera question d'identifier, de ressortir et analyser les différents constituants de la structure du verbe dans sa forme infinitive, ainsi que dans sa forme conjuguée. Nous analyserons également les différents temps, aspects, modes, les extensions verbales et la négation en kw ?.

2.3.3. L'infinitif du verbe kwa'?

L'infinitif est l'un des modes du verbe kw ? qui exprime l'action d'une manière indéterminée. Pour Dubois et al. (2002 :257), l'infinitif est « la forme nominale du verbe qui exprime l'état ou l'action, mais sans porter de marques de nombre ni de personne . L'infinitif kw ? est composé de 2 éléments à savoir : un préfixe verbo-nominal (ou marque de l'infinitif) qui appartiendrait à la classe 5, et une base verbale. Nous pouvons le matérialiser ainsi qui suit :

89

Infinitif

Préfixe verbo-nominal base verbale

Structure infinitive du verbe kwaì?

Le tableau ci-dessous présente quelques verbes à l'infinitif o nous avons segmenté le préfixe verbo-nominal et la base verbale.

Tableau 27: Quelques verbes à l'infinitif

Préfixe verbo-nominal

Base verbale

Glose

Formule

 
 
 

|d -|

|-bé|

« disparaitre »

Préfixe verbale

Infinitif

=

verbo-nominal

+

base

|d -|

|-t? ? |

« bruler »

|d -|

|-l h |

« tiédir »

|d -|

|-?? ?? |

« ouvrir »

|d -|

|-tà?s |

« déranger »

La marque de l'infinitif ou le préfixe verbo-nominal d -| ne varie jamais et porte toujours un ton haut. Cette marque de l'infinitif est un verbo-nominal parce qu'en plus de matérialiser l'infinitif, est un préfixe de la classe 5. Cette forme de l'infinitif peut être employée dans des contextes variées et remplir différentes fonctions :

- l'infinitif peut être nominalisé et jouer le rôle du sujet de la phrase comme dans l'exemple suivant :

(68)

d n? s b? ??

boire eau bon
« boire de l'eau est bien »

d jéné t ? k b? ??

Marcher seul NEG bon

« marcher seul n'est pas conseillé »

- l'infinitif peut être employé après d'autres verbes et leur servir de complément ou peut également être employé après les verbes marquant la période d'une action comme présentée dans l'exemple ci-dessous :

d ? b |- ? b |- èb-| - « souffler »

90

(69)

Mà ? d wèlé ?g? f

Je partir semer maïs
« je vais semer le maïs »

f -? n?è d pf t mb? p

Il PST2-vouloir manger viange
« il voulait manger de la viande »

2.3.4. La base verbale

Dans les langues bantu en général, une base verbale est constituée d'un radical auquel s'adjoint un suffixe qui peut être grammatical ou extensif. Cette base verbale qui constitue la partie lexicale du verbe kw ? est donc constituée de deux (02) éléments à savoir le radical verbal et la voyelle finale. Nous la matérialisons à travers le graphe ci-dessous :

Base verbale

Radical verbal (voyelle finale)

Structure de l b se verb le kwaì?

Le schéma ci-dessus nous a permis d'obtenir la formule suivante.

Base verbale = radical verbal + (voyelle finale)

Quand nous appliquons cette formule à notre corpus, nous constatons que la base verbale kw ? est constituée d'un radical verbal et souvent d'une voyelle finale. Nous allons illustrer ci-dessous la structure de la base verbale kw ? avec quelques verbes.

(70)

VERBE BASE VERBALE RADICAL VERBAL VOYELLE FINALE GLOSE

d b h -b h -b h-| - « taper »

d s ? -s ? -s ?-| - « venir »

d bé -bé |-bé| « disparaitre »

d f? l |-f? l6| |-f? l-|

|-6| « tomber »

91

Au vu de l'exemple ci-dessus, nous constatons que le radical verbal a généralement une structure |-CVC-| et |-CV et lorsqu'il y'a un suffixe verbal, il s'agit toujours d'une voyelle qui porte un ton haut.

Nous allons à présent nous intéresser aux différentes dimensions temporelles de la langue

kw ?.

2.3.5. Les différents temps et leurs marques

En kw ?, nous avons trois (03) dimensions temporelles à savoir :

- trois (03) temps passés ; - un (01) temps présent ; - trois (03) temps futurs.

Par souci d'économie, nous utiliserons les abréviations suivantes pour marquer nos différents temps dans nos exemples. Il s'agit de :

PST pour le passé PRS pour le présent FUT pour le futur 2.3.5.1. Le temps passé

Le passé tel que définit par Dubois et al. (2002 :351) est « un temps situant l'énoncé dans un moment avant l'instant présent, avant le maintenant ». Le passé est un temps qui vient avant le temps présent ou encore avant l'action présente. En kw ?, nous distinguons trois (03) types de temps passé à savoir le passé 1 (PST1) marqué par le morphème |ø-|, le passé 2 (PST2) marqué par f -| et le passé 3 (PST3) marqué par |l? ?|. Nous allons présenter ci-dessous ces différentes subdivisions du temps passé.

2.3.5.1.1. Le passé 1 (PST1)

Encore appelé passé immédiat, il s'agit de la première subdivision du temps passé. Il est matérialisé morphologiquement à travers le morphème zéro |ø- . On l'emploie lorsqu'on veut décrire une action ou un fait qui a eu lieu le jour même de l'énonciation. Il ne peut en aucun cas décrire une action en dehors de ce cadre temporel. L'exemple ci-dessous nous permet de mieux illustrer ce passé 1 en kw ?.

(71)

92

ø-pf t mbèp m -j ? mb? p

3Sg PST1-manger viande 1Sg PST1-couper viande

« il a mangé de la viande » « J'ai coupé la viande »

À travers cet exemple (71), il s'agit d'une action qui a lieu le même jour de l'énonciation. Le marqueur du temps est matérialisé toujours par un morphème zéro |ø-|.

2.3.5.1.2. Le passé 2 (PST2)

Le passé 2 encore appelé passé récent est employé pour des actions qui ont eu lieu il y a un ou deux jours voire une semaine avant le moment de l'énonciation. Il ne peut en aucun cas traduire un passé immédiat ou lointain. Il se matérialise à travers le morphème f -|, qui porte toujours un ton haut. L'exemple suivant va nous permettre de mieux appréhender cela.

(72)

f -pf t mb? p b f -?w n?

3Sg PST2-manger viande 1Pl PST2-couper bois

« Il mangeait de la viande » « Nous avons coupé du bois »

L'exemple (72) ci-dessus nous présente un passé récent o l'action a lieu non pas le jour de l'énonciation comme le passé 1 mais deux (02) voire une semaine avant le moment o l'on parle. Il est toujours matérialisé par le morphème f -| avec un ton haut.

2.3.5.1.3. Le passé 3 (PST3)

Encore appelé passé lointain, le passé 3 est matérialisé par le morphème |l? ?- . Il permet de décrire une action qui a eu lieu plusieurs semaines, plusieurs mois voire des années avant le moment o l'on parle. C'est le temps le plus utilisé pour les contes et les récits. L'exemple suivant nous donne quelques phrases o ce temps est matérialisé.

(73)

l? ?-pf t mb? p

3Sg PST3-manger viande « Il avait mangé de la viande »

bó l? ?-j f

Enfants PST3-voir chef

« Les enfants avaient vu le chef »

b l? ?-?w n?

1Pl PST3-couper bois

« Nous avions coupé du bois »

93

L'exemple ci-dessus nous permet de voir que le morphème du passé 3 |l? ?-| se joint comme un élément préfixal à la base verbale afin de nous situer dans un passé lointain. Ce morphème du passé lointain est toujours porteur d'un ton bas.

Les divisions du temps passé ainsi présentées, nous allons à présent nous intéresser au temps présent.

2.3.5.2. Le temps présent

Le présent peut caractériser aussi bien le moment de l'énonciation, le contemporain de celui-ci, ainsi que les vérités toujours vraies, atemporelles. Pour Soh (2014 :258), c'est « un temps du réel vécu, qui exprime le plus souvent l'aspect perfectif ». Le présent kw ? est marqué par un ton grammatical. Il s'agit du ton bas [ ] qui se joint au radical verbal pour donner un ton montant lorsque le radical verbal porte un ton haut. Et, lorsque le radical verbal porte un autre ton, il n'y a pas une manifestation morphologique du présent. L'exemple ci-dessous nous en dit plus sur le présent en kw ?.

(74)

d s « laver »

bó s h m -b n

3Pl PRS-laver CL4 assiette « ils lavent les assiettes »

d nd ? « cultiver »

m nd ? ?gw? ?nà

1Sg PRS-cultiver billon

« je cultive le billon »

d t « briller »

? m t

soleil PRS-briller « le soleil brille »

d ? « empoisonner »

hèy ? ? ?? l? k
heya PRS-empoisonner repas souris « Heya empoisonne le repas de la souris »

travers cet exemple, nous voyons clairement que dans certains cas, le ton peut avoir une fonction grammaticale comme l'illustre le présent de la langue kw ?. Nous allons nous intéresser à la dernière dimension du temps qu'est le futur.

2.3.5.3. Le temps futur

Selon Dubois et al. (2002 :211), le futur « est un temps situant l'énoncé dans un moment après l'instant présent, après le « maintenant . Donc le futur peut être considéré comme le temps venant après le temps présent. Dans la langue kw ?, nous avons identifié trois (03) divisions du

94

temps futur à savoir le futur 1 matérialisé par lé-|, le futur 2 matérialisé par |? - et le futur 3 par lé?-|.

2.3.5.3.1. Le futur 1 (FUT1)

Il est utilisé pour décrire les évènements qui ont lieu dans la journée du jour de l'énonciation. En kw 2, le futur proche ou FUT1 est toujours matérialisé par le morphème |lé- tel que l'illustre l'exemple ci-dessous.

(75)

mà lé-w 2 n tà2

1Sg FUT1-jeter banane « Je vais jeter la banane »

bù lé-pf t mbèp

1Pl FUT1-manger viande

« Nous allons manger de la viande »

 

L'exemple ci-dessus nous permet de voir que le futur 1 en langue kw 2 est morphologiquement représenté par le morphème lé- | qui précède toujours la base verbale du verbe conjugué. Les évènements exprimés vont se dérouler le jour même de l'énonciation.

2.3.5.3.2. Le futur 2 (FUT2)

Le futur 2 en abrégé FUT2, est ce type de futur qui est utilisé pour exprimer les actions qui

vont se dérouler le lendemain du jour de l'énonciation. Son marqueur spécifique est -| dans la
langue kw 2 tel que le démontre l'exemple suivant.

(76)

mó -?w

bó - l 2

3Pl FUT2-partir village « ils iront au village »

?

enfant FUT2-couper bois
« l'enfant coupera du bois »

Contrairement au futur proche qui est marqué par lé-|, le futur lointain est marqué par le morphème | - en position préfixale à la base verbale dans la langue kw 2.

2.3.5.3.3. Le futur 3 (FUT3)

Le futur incertain kw 2 ou encore indéterminé exprime des actions incertaines qui auront lieu dans un moment éloigné de celui de l'énonciation ou encore celui du jour de l'énonciation. L'action n'est pas s re d'être réalisée lorsqu'on se situe dans ce futur. Il est matérialisé par le morphème |lé2-| tel que présenté dans l'exemple ci-dessous.

95

(77)

m lé2-pf t n tà2 bó lé2-w 2 mb? p

1Sg FUT3-manger banane 3Pl FUT3-jeter viande

« je mangerai une banane » « ils jetteront la viande »

travers l'exemple ci-dessus, nous constatons que le futur incertain est matérialisé par le morphème lé2-| portant toujours un ton haut. Il n'y a aucune certitude par rapport à la réalisation des actions de manger une banane et de fetter la viande.

Dans cette sous-section réservée aux dimensions temporelles de la langue kw 2, nous avons identifié trois formes de passé, une forme pour le présent et trois formes également pour le temps futur. Les différents marqueurs de ces formes de temps sont toujours préfixés à la base verbale du verbe conjugué pour les marqueurs morphologiquement représentés.

Nous allons nous intéresser à un autre élément déterminant du verbe en langue kw 2 dans la sous section suivante. Il s'agit de l'aspect.

2.3.6. L' spect en kwa'?

De manière générale, l'aspect présente la manière dont quelqu'un ou quelque chose est présenté à la vue. Pour Galisson et Coste (1986 :50), on entend par aspect « les valeurs qui se rapportent à l'accomplissement du procès, indépendemment du procès lui-même ». Dans le domaine qui nous intéresse, l'aspect est la manière dont une situation exprimée par le verbe est saisie dans son développement par le locuteur. Nous pouvons classer ces aspects en plusieurs catégories telles que présentées ci-dessous.

- les aspects inhérents ;

- les aspects lexicalisés et grammaticalisés ; - les aspects dérivés (du radical verbal).

Nous allons présenter tour à tour ces différentes catégories d'aspects en prenant pour appui la langue kw 2 qui est notre langue cible.

2.3.6.1. Les aspects inhérents

Ces types d'aspects concernent les lexèmes indépendants qui portent en eux l'idée à exprimer. Nous allons vous présenter ces différents aspects qui sont indépendants du verbe kw 2. Il s'agit des aspects inhérents dynamiques et non-dynamiques.

96

Nous allons nous inspirés du tableau ci-dessous proposé par Nganmou (1991 :165) o sont ressorties les différentes formes et types d'aspects inhérents. Dans ce tableau, on note deux grandes formes (dynamiques et non-dynamiques) qui sont réparties toutes deux en types téliques et atéliques. Ces types sont également sectionnés en instantané et longue durée pour chacun des types. Nous allons utiliser ce tableau afin de présenter les verbes qui se rapportent à chaque type.

Tableau 28: répartition des aspects inhérents

Dynamiques

Non-dynamiques

Téliques

Atéliques

téliques

Atéliques

Instantané

Longue durée

Instantané

Longue durée

Instantané

Longue durée

Longue durée

d ?w

« couper »

D kwèlé bà?à

« construire la maison »

d kwéhé

« tousser »

D v sè

« tomber »

d lé?

« rêver »

d lé

« dormir »

d l

« pleurer »

Ces différents aspects inhérents qu'on retrouve dans le tableau ci-dessus sont également des aspects lexicalisés, car ils sont marqués par des unités lexicales.

Concernant l'inchoatif, et le complétif qui sont exprimés en partie par des lexèmes, nous les avons identifiés comme des aspects grammaticalisés en kw ?. Ils sont présentés ci-dessous.

2.3.6.2. Les aspects grammaticalisés

2.3.6.2.1. L'incho tif

Il marque une action qui va grandissante ou un état dont le déroulement est, était ou sera encore au début. Il s'exprime en kw ? par l'expression dIt 2I suivie de la forme infinitive du verbe. L'exemple suivant nous permet de mieux apprécier cela.

(78)

M nà d t? ? d b n n?

Muna INCH couper bois

« Muna vient de commencer à couper la viande »

M nà d t? ? d pf t mbèp

Muna INCH manger viande

« Muna vient de commencer à manger les arachides »

97

Tel que le montrent les exemples ci-dessus, l'inchoatif ne peut être utilisé qu'au temps présent.

2.3.6.2.2. Le complétif

Le complétif est marqué par m h suivie de la forme infinitive du verbe. Il exprime l'achèvement du déroulement de l'évènement impliqué dans le verbe kw 2 tel que présenté dans l'exemple ci-dessous.

(79)

mó ø-m h d ?

Enfant PST1-COMP manger « L'enfant a fini de manger »

ø-m h d b n?

3Sg PST1-COMP couper bois

« il a fini de fendre le bois »

 

Nous constatons à travers cet exemple (79) que le complétif dans la langue kw 2 se présente généralement au passé 1 et porte également la marque de ce passé. Nous allons dans les lignes qui suivent présenter la dernière catégorie d'aspect identifiée dans la langue kw 2.

2.3.6.3. Les aspects dérivés

Ils sont obtenus à partir de la forme du radical du verbe. C'est-à-dire la forme du verbe non encore modifiée. Cette forme, est encore appelée l'aspect neutre. Il n'est pas comme un aspect en tant que tel, car dans sa définition, il peut se rattacher au perfectif ou à l'imperfectif ou même à rien du tout, tel que le font ressortir les exemples ci-dessous :

(80)

l? 2-?w l? 2-k -d b

3Sg PST3-couper 3Sg PST3-NEG-frapper

« il coupa » « il ne frappa pas »

mb nd f -k -d b -s 2

Si COND 3Sg PST2-NEG-frapper lui 3Sg FUT2-venir « S'il ne l'avait pas frappé il serait venu »

Dans les deux premiers cas de l'exemple (80) ci-dessus, l'aspect du verbe est perfectif. Pour le troisième cas, le verbe est marqué par l'aspect imperfectif.

Nous allons à présent nous intéresser un peu plus au perfectif et à l'imperfectif.

2.3.6.3.1. Le perfectif

Nous rappelons ici que le perfectif caractérise des situations dont le déroulement est accompli et perçu comme un tout global. Le perfectif est exprimé par un suffixe à ton flottant bas qui se

travers l'exemple (82) ci-dessus, nous remarquons que le morphème du progressif |nO-| s'insère entre le morphème du temps et le radical verbal.

98

place immédiatement après le premier élément du groupe verbal. Mais, avec un verbe à ton bas, le ton du perfectif se simplifie avec celui du verbe et on n'a plus qu'un seul ton bas. L'exemple ci-dessous nous permet de mieux apprécier cela.

(81)

l? 2 ?w n?

l? 2 ?w n?

Il PST3 couper.PERF bois
« Il coupa le bois. »

l? 2 d b mO

l? 2 d b mO

Il PST3 frapper.PERF enfant
« Il frappa l'enfant. »

En observant attentivement l'exemple ci-dessus, on constate que le perfectif est marqué dans la langue kw 2 par un ton bas [ ] qui se joint au ton du radical verbal. Ceci entraine automatiquement une modulation tonale au niveau du verbe qui fait l'action.

2.3.6.3.2. L'imperfectif

L'imperfectif est le second aspect dérivé de la forme du radical du verbe. Il renseigne sur les diverses phases qui rentrent dans le déroulement d'un évènement et considère par conséquent une situation de l'intérieur. Il peut de ce fait cerner le début, la progression et la fin d'une action ou d'un état.

2.3.6.3.2.1. Le progressif

Le progressif marque les situations dont le déroulement est en cours de réalisation. Il est exprimé en kw 2 par le morphème |nO-|. Nous allons mieux présenter cela dans l'exemple illustratif ci-dessous.

(82)

Heya nO-n ? b

Heya PROG.PRS.préparer couscous

« Heya est en train de préparer le couscous. »

T t l? 2-nO-pf t mb? p

titi PST3-PROG-manger viande

« Titi était en train de manger la viande.»

bO nO-kép ?à?

3Pl PROG.PRS.cueillir légume

« Ils sont en train de cueillir les légumes. »

99

2.3.6.3.2.2. L'itér tif

L'aspect itératif implique des évènements récurrents. Il est marqué par ? -| qui devient dans certains cas par le morphème k -| tel que présenté dans l'exemple ci-dessous.

(83)

bèbèn ? -ø-b 2 n?

bèbèna ITER-PST1-fendre bois
« Bèbèna a encore fendu le bois. »

kàms k -pf t mb? p

kàms ITER-PRS-manger viande

« Il mange encore de la viande. »

Nous constatons à travers cet exemple que le morphème varie en fonction du verbe. Nous nous rendons également compte que ce morphème porte toujours un ton montant.

Il était question ici de présenter les différents aspects relevés dans la morphologie verbale de la langue kw 2. Nous avons relevé et présenté les aspects inhérents, les aspects lexicalisés ou grammaticalisés et les aspects dérivés. Nous allons maintenant exposer les différents modes retrouvés dans la langue kw 2.

2.3.7. Les modes

D'après Wiesemann et al. (1983 :103), le mode « exprime l'attitude du locuteur ou de l'agent vis-à-vis de l'action qui se déroule . Allant dans le même sens, Nganmou (1991 :190) affirme que le mode « exprime l'attitude du sujet parlant non seulement vis-à-vis de l'action mais de toute situation qui se déroule». Alors que le verbe exprime un procès qui est fait ou subit par un sujet, le mode est donc, selon ces définitions, la manière selon laquelle un sujet con oit et présente l'action exprimée par le verbe.

Dans la langue kw 2, nous avons identifié quatre modes à savoir le mode infinitif, le mode indicatif, le mode impératif et le mode conditionnel. Nous allons exposer tour à tour ces différents modes de la langue kw 2.

2.3.7.1. Le mode infinitif

Dans la langue kw 2, le mode infinitif est un mode non personnel et non temporel. Il ne fait aucune allusion ni à la personne, ni au temps, car son emploi n'est pas pertinent. L'exemple ci-dessous illustre au mieux ce mode dans la langue kw 2.

100

(84)

d kw? ? fà? b? ?ó d ? k -b? b? ? j

Aimer travail bien voler NEG-PRS-être bon chose

« Aimer le travail est bien. » « Voler n'est pas une bonne chose.»

d b (b? ) tà? m ? d ? ?

Accoucher (PRS-être) dur je PRS-partir couper bois

« Accoucher est difficile. » « je vais aller couper du bois »

À travers cet exemple, nous constatons que la forme de l'infinitif reste la même c'est-à-dire le verbe dans sa forme canonique. Il pourrait s'agir d'une forme de nominalisation du verbe lorsqu'il est à l'infinitif.

2.3.7.2. Le mode indicatif

Encore appelé mode réel, l'indicatif fait référence s'inscrit dans le réalisable, donc par ce fait s'installe dans le réel. Les différentes formes verbales de ce mode présentent les actions ou le procès dans sa forme réelle. Le procès peut se dérouler dans un temps passé, être en train de se dérouler (temps présent) ou encore se dérouler dans un avenir ou au futur. Donc, l'indicatif se définit sur la base de trois périodes de temps : passé, présent et futur.

Au regard des autres modes, l'indicatif serait le mode le plus riche et varié en termes de temps. Nous avons identifié précédemment au total trois passés, un présent et trois futurs. Nous ne reviendrons pas sur la présentation de toutes ces dimensions temporelles étant donné que nous les avons déjà présentées plus haut dans la sous-section reservée aux temps. L'exemple ci-dessous nous montre une illustration de ce mode dans la langue kw ?.

(85)

N m ø-s ? l ?

Numa PST1-venir village « Numa est venu au village. »

N m f -s ? l ?

Numa PST2-venir village « Numa était venu au village »

N m lé?-s ? l ?

Numa FUT3-venir village « Numa viendra au village »

? s ? l ?

3Sg PRS-venir village « Il vient au village.»

T t -s ? l ?

Titi FUT2-venir village « Titi va venir au village»

101

Comme le montre l'exemple ci-dessus, l'indicatif regroupe toutes les dimensions temporelles que nous avons présentées précédemment, à savoir les temps du passé qui sont au nombre de trois (03), le temps du présent et les temps du futur qui sont également repartis en trois (03). L'indicatif est matérialisé en kw ? par la réalisation ou le contenu même de l'énoncé ; nous nous situons dans le contexte d'énonciation qui met en exergue ce réel ou cet indicatif dont fait mention ce mode.

2.3.7.3. Le mode impératif

Wagner et Pinchon (1962 :338) définissent le mode impératif comme :

Un mode d'action. On ne s'en sert pas pour narrer, pour décrire, mais pour ordonner, persuader, c'est à dire en vue de provoquer un résultat. Son emploi est toujours motivé par un mouvement affectif. Il implique un dialogue (réel ou fictif) au cours duquel le locuteur cherche à agir sur quelque chose.

Ainsi défini, ce mode est l'expression de l'ordre ou du souhait qui doit être exécuté par une personne quelconque.

Pour l'exprimer en kw ?, la deuxième personne du singulier, la première et la deuxième personne du pluriel sont généralement utilisées. Le mode impératif est utilisé dans cette langue uniquement avec le temps présent tel que décrit dans l'exemple ci-dessous.

(86)

s ?

PRS-sortir « Sors »

b s ?

PRS-sortir
« Sortons »

b s ?

PRS-sortir

« Sortez »

?w

PRS-couper « Coupe »

b ?w

PRS-couper
« Coupons »

b ?w

PRS-couper
« Coupez »

travers cet exemple, nous nous apercevons que ce mode n'est employé qu'avec le temps présent. Dans ce mode, on enlève le préfixe verbo-nominal pour ne garder que la base verbale. Nous pouvons également nous rendre compte que lorsque nous nous situons à l'impératif du singulier, c'est-à-dire la deuxième personne du singulier, le pronom personnel n'est pas marqué, contrairement à la deuxième et à la troisième personne du pluriel o les pronoms personnels correspondants sont marqués.

2.3.7.4. Le mode conditionnel

Le conditionnel fait référence à une éventualité conditionnée. Il est matérialisé en kw ? par le morphème |bè-| et est postposé au sujet comme présenté dans l'exemple ci-dessous.

102

(87)

S -nà bè-d s ? mb? b ø- l ?

Ami POSS COND-venir ce que nous PST1-partir village
« Si mon ami venait nous partirions au village. »

? b? -f ? ? mà lé?-n ? k? l? ?

3Sg COND-PRS-ramasser bois je FUT3-préparer plantain
« S'il ramasse du bois, je préparerais du plantain »

Nous constatons que le morphème du conditionnel |bè-| reste constant avec un ton bas et est toujours suivi du verbe conjugué.

Arrivé au terme de cette sous-section consacrée aux modes de la langue kw ?, il en ressort de l'analyse que le kw ? a quatre modes et c'est le mode indicatif qui est le plus productif dans cette langue, car elle regroupe tous les temps identifiés dans cette langue. Nous allons nous intéresser dès à présent à la forme négative.

2.3.8. La négation

Selon Dubois et al. (2002 :334), la négation est un « mode de la phrase de base [...] consistant à nier le prédicat de la phrase [...] ».

Ces auteurs distinguent quatre types de phrases de base à savoir : la phrase déclarative, la phrase interrogative, la phrase exclamative et la phrase impérative. Étant donné que la négation porte sur les différents prédicats de ces phrases, nous parlerons alors de la phrase déclarative négative, la phrase interro-négative et de la phrase impérative négative.

Dans la langue kw ?, la négation se manifeste par la présence du morphème k et kà et précède toujours le prédicat. Nous allons présenter la négation en kw ? suivant les différents modes de conjugaison que nous avons identifiés plus haut.

2.3.8.1. L nég tion à l'infinitif

Nous avons relevé précédemment que l'infinitif est un mode atemporel et impersonnel. La négation ici se matérialise par k qui précède toujours le morphème de l'infinitif ainsi que le radical verbal tel qu'exposé à travers l'exemple ci-dessous.

(88)

d b k ? û b? ?ó d b k lé tà?

tre NEG bagarrer bien tre NEG dormir difficile

« Ne pas bagarrer est bien. » « Ne pas dormir la nuit est difficile. »

103

Nous constatons à travers cet exemple que le marqueur de la négation apparait toujours avant le verbe dans cette langue

2.3.8.2. L nég tion à l'indic tif

Nous avons dit plus haut que le mode indicatif est le plus varié et riche de part les différents temps qu'il regorge. Nonobstant le fait qu'il y ait plusieurs temps dans ce mode, la marque de la négation est la même pour tous ces temps. Nous ne présenterons pas toutes les constructions avec les differentes divisions temporelles observées dans la langue kw 2. Nous n'allons retenir que quelques uns qui nous permettront d'illustrer cette négation. C'est le morphème k qui fait office de marque de la négation à l'indicatif dans la langue kw 2 tel que décrit dans l'exemple suivant.

(89)

t? ?g? k f -? b

Tongo NEG PST2-manger couscous

« Tongo n'avait pas mangé du couscous. »

m nà k ? b

Muna NEG PRS-manger couscous « Muna ne mange pas du couscous »

M nà k l? 2-? b

Muna NEG PST3-manger couscous « muna ne mangea pas du couscous »

bó k ø-? b

Ils NEG PST1-manger coucous

« ils n'ont pas mangé du couscous »

M nà k lé2-? b

Muna NEG FUT2-manger couscous « Muna ne mangera pas du couscous »

 

Nous constatons que dans cet exemple, le marqueur de la négation précède toujours le verbe conjugué au mode indicatif dans la langue kw 2 et est le même |kí|.

2.3.8.3. L nég tion à l'impér tif

Comme vu précédemment, l'impératif fait référence à un ordre. Contrairement au mode indicatif, la négation ici est marquée par kà et précède toujours le verbe dans la langue kw 2 comme présenté dans l'exemple suivant.

(90)

kà s 2

NEG venir

« Ne viens pas ! »

b kà s 2

Nous NEG venir

« Ne venons pas ! »

b kà s 2

Vous NEG venir
« Ne venez pas ! »

kà ?w

NEG couper

« Ne coupe pas ! »

b kà ?w

Nous NEG couper

« Ne coupons pas ! »

b kà ?w Vous NEG couper « Ne coupez pas ! »

104

À travers une observation minutieuse de l'exemple ci-dessus, nous constatons que le marqueur de la négation apparait en initiale lorsque la phrase n'a pas un sujet morphologiquement représenté. Or, lorsque la phrase contient un sujet morphologiquement représenté, le marqueur de la négation vient toujours après celui-ci et avant le verbe conjugué.

Au terme de l'analyse de la négation en langue kw ?, nous avons relevé deux (02) formes à savoir k pour le mode impératif et k pour les autres modes relevés dans la langue kw ?.

2.4. CONCLUSION

Nous avons présenté la morphologie de la langue kw ? en deux sous-sections, en distinguant la morphologie nominale de la morphologie verbale. S'agissant de la morphologie nominale, nous avons décrit le nominal indépendant puis le nominal dépendant. Nous avons dans la seconde sous-section exploré la morphologie verbale du kw ? en faisant ressortir la structure canonique du verbe kw ?, en présentant les différentes modalités spatio-temporelles (Temps, Aspect et Mode) de la langue kw ?, tout en y associant l'analyse de la négation. Ce faisant, nous avons identifié trois (03) formes de passé, une (01) forme du présent et trois (03) formes du futur pour ce qui est des dimensions temporelles. En ce qui concerne les aspects, nous avons identifié principalement trois (03) types, les aspects inhérents, les aspects lexicalisés ou grammaticalisés et les aspects dérivés respectivement. Nous avons également identifié le mode infinitif, le mode indicatif, le mode impératif et le mode conditionnel qui ont chacun été associés à l'analyse de la négation.

L'esquisse de l'analyse descriptive faite dans cette première partie va nous aider, à la lumière des résultats obtenus, à mener à bien la seconde partie qui est pratique et qui porte sur le développement et la standardisation de l'écriture de la langue.

DEUXIEME PARTIE : LES PERSPECTIVES DE LA STANDARDISATION DE LA LANGUE KWAì?

106

Cette seconde partie de notre travail s'intéresse aux perspectives de la standardisation de la langue kw ?. Elle est centrée autour de deux chapitres. Le premier expose les préliminaires ou les prérequis pour une standardisation de la langue kw ?. Nous allons ici nous intéresser à la situation dialectale, à la présence du bilinguisme, au degré de vitalité et de viabilité de la langue, à l'attitude de la communauté linguistique cible par rapport à la langue écrite. Nous examinerons aussi les questions liées au choix d'un dialecte de référence standard, à la migration de la population ainsi que les facteurs socio-économiques qui soutiennent une langue standardisée. Nous ferons un détour pour évaluer le test de compréhension entre le kw ? et les parlers avoisinants et dominants. Cette analyse nous permettra d'apprécier dans quelle mesure le processus de standardisation de la langue kwá? peut être envisagé sereinement. Au second chapitre, nous allons présenter l'alphabet et les principes orthographiques pour la standardisation et la modernisation de la langue kw ?.

107

CHAPITRE 3 : LES PRELIMINAIRES POUR UNE STANDARDISATION DE LA
LANGUE KWAì?

3.1. INTRODUCTION

Dans ce chapitre, nous présentons des préliminaires pour une standardisation à la lumière des travaux de Sadembouo (2001), pour transformer une langue de la tradition orale en celle écrite. Il est également important de préciser avec Wiesemann (1987 :1) que la standardisation d'une langue non-écrite est un processus. Pour paraphraser Sadembouo (2001 :375), la standardisation consiste à identifier et établir une forme unique à l'écrit pour les parlers dont l'intercompréhension est avérée, et qui sera la forme officielle à l'écrit uniquement, celle qui peut être enseignée à toute personne, locuteur ou non. D'après Akeriweh (2000 :94), nous avons quatre (04) principales étapes de standardisation d'une langue, à savoir : le choix du dialecte de référence, la codification, l'élaboration du matériel didactique et l'acception de la proposition par les membres de la communauté cible. Cependant, compte tenu du travail qui est le n tre, nous nous limiterons à la description des deux (02) premières étapes et les études futures pourront se pencher davantage sur les autres aspects de la standardisation de la langue kw ?. Nous examinerons au fur et à mesure les différents critères proposés par Sadembouo (2001), car un seul critère seul ne suffirait pour ériger un dialecte au statut de standard. Nous appliquerons à nos 03 variantes principales notamment la variante du canton Bakoua, la variante du canton Tongo et la variante du canton Moya, quelques critères qui nous permettront éfficacement de déterminer le dialecte de référence. Ces critères sont fondés sur des considérations sociolinguistiques.

3.2. PREREQUIS POUR UNE STANDARDISATION DU KWA'?

Dans cette sous-section, nous allons évaluer la possibilité d'une éventuelle standardisation de la langue kw ? en tenant compte des critères de vitalité et de viabilité d'une langue sous la forme standard proposés par Sadembouo (2001). Il s'agit des considérations sociolinguistiques, organisationnelles et sociopolitiques (Sadembouo (2001)) telles que présentées ci-dessous. Nous allons également nous appuyer sur les éléments statistiques relevant du dépouillement du questionnaire portant sur la pratique et l'usage des langues que nous avons administré dans la communauté kw ? aux locuteurs natifs, lors de notre descente dans cette zone, ainsi que des observations que nous avons faites sur les pratiques et usages linguistiques durant notre séjour.

108

3.2.1. La situation dialectale

Il s'agit ici du choix d'un éventuel dialecte de référence standard qui se base sur une certaine variation au sein d'une même langue. Ceci est valable lorsqu'il n y a pas une certaine homogénéité entre les différentes manières de parler la langue par les locuteurs. Même si cela n'impacte pas sur la communication orale, il faudrait choisir de commun accord l'un des parlers qui sera utilisé pour la forme écrite de la langue. Il est important de rappeler que le choix de cette variante obéit à certains critères. Parlant de ces critères, Wiesemann et al. (1983 :142) affirment :

Le choix du dialecte de référence peut être fait par un individu, chercheur ou spécialiste avisé f...]. Dans l'un ou l'autre cas, tous les dialectes de la langue sont soumis aux critères ci-dessous. Ils sont d'inégale importance : certains sont primordiaux c'est-à-dire nécessaires et suffisants pour un choix judicieux et acceptable ,
· d'autres sont tout simplement nécessaires et ne suffisent pas à eux seuls pour identifier un dialecte de référence acceptable ,
· d'autres sont plutôt marginaux, constituant des arguments supplémentaires pour supporter le choix d'un dialecte.

D'après INS (2015 :48), l'arrondissement du Nord-Makombe a une superficie de 734 km2, compte 3999 habitants avec une densité moyenne de 7,5 habitants au km2. La langue kw ? est parlée dans 03 cantons de l'arrondissement du Nord-Makombe, avec chacun une chefferie de 2ème degré (Moya, Bakoua et Tongo). Chacun des trois (03) cantons compte une dizaine de villages, mais seuls 06 villages à savoir Moya, Nkong-Bakoua, Ngoma-Bakoua, Fanda, Tongo, Milombe et Ndoulah sont réellement pourvus d'habitats et de population aujourd'hui tandis que les autres sont inhabités.

Lors de notre enquête dans ces différents cantons, les personnes interrogées, soient 98% des 140 personnes intérrogées, nous ont laissé entendre qu'il n'y avait pas de problème d'intercompréhension entre elles. Elles nous ont également laissé entendre que l'intercompréhension est très forte au point o il n'est pas aisé de déterminer le canton d'un locuteur à travers son accent. Ceci démontre que la situation dialectale du kw ? est homogène même si on ne pourrait pas uniquement se baser sur ce que disent les populations. Cette homogénéité de la langue favoriserait une adoption plus aisée d'une forme graphique par les membres de la communauté. Ceci favorise une mise en place d'un projet de standardisation, car on n'assistera pas à une multiplicité de formes standards concurentes et tout locuteur se reconnaitra dans la forme écrite de la langue.

109

En dehors du choix du dialecte de référence standard, la standardisation d'une langue nécessite aussi une certaine viabilité de celle-ci sous la forme standard. Il sera question ici de voir si la langue kw ? peut être mise par écrit et adoptée sous une forme standard par sa population. Cette viabilité obéit à certains critères qui ne sont pas absolus et toujours pris ensembles tel qu'exposé ci-après.

3.2.2. La présence d'un bilinguisme

Pour une langue en voie d'être standardisée, il ne devrait pas avoir dans la communauté linguistique cible une situation de bilinguisme social transitoire. Wiesemann et al. (1983 : 139) définissent cette situation comme « la situation d'une langue, par exemple A, dont la majorité des locuteurs ont appris une langue véhiculaire, par exemple B, et utilisent cette dernière à tel point que leurs enfants apprennent B comme langue maternelle et sont susceptibles d'abandonner définitivement l'usage de A ». Parmi les personnes que nous avons interrogées durant notre enquête sur le terrain, plus de 70% (environ 98 personnes sur les 140 interviewées) ont affirmé avoir des aptitudes à comprendre, plus qu'à parler l'une des langues voisines qu'est le m d mb . Il est bon de noter que cette situation de bilinguisme n'est pas une situation de compréhension inhérente ou héréditaire aux locuteurs kw ?, mais plutôt une situation de compréhension acquise due au contact entre les locuteurs kw ? et les locuteurs m d mb . Donc la langue kw ? conserve toutes ses chances de viabilité sous la forme écrite. Comme langues étrangères présentes, nous notons une forte utilisation du Français et quelquefois du Pidgin-English. Afin d'apporter une clarification plus objective à cette situation, nous ferons une analyse statistique de quelques mots des langues kw ?, m d mb et ndà?ndà? à la suite de notre analyse.

Ce bilinguisme ne peut conduire à la disparition de la langue kw ?. Car la communauté kw ? manifeste le désir ardent de voir sa langue se doter d'un système d'écriture, des ouvrages ainsi que l'insertion de celle-ci dans le système éducatif comme des langues avoisinantes à l'instar du du l , du ndà?ndà?, du ?àsàa et du m d mb pour ne citer que celles-ci. Il faudrait prendre en considération également le nombre de personnes susceptibles de parler cette langue afin de voir si elle peut être fiable ou pas sous sa forme écrite.

3.2.3. Le nombre de locuteurs

Il est avéré que lorsqu'une langue a beaucoup de locuteurs, elle est susceptible d'être viable sous sa forme écrite. Ce qui suppose que les locuteurs de cette langue sont susceptibles d'utiliser celle-ci sous la forme écrite. Parlant de ces locuteurs, il faudrait un nombre conséquent pour que la langue cible soit viable sous sa forme écrite. Les travaux de Wiesemann et al. (2000 :134)

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suggèrent que le seuil de viabilité d'une langue sous sa forme écrite est de dix mille (10.000) personnes. Mais les mêmes auteurs pensent qu'on pourrait faire des concessions pour aller bien en deçà de ce seuil fixé pour certaines communautés. Ils affirment : « on peut aller bien en deçà de ce seuil, surtout quand il s'agit d'une communauté minoritaire qui est isolée et qui a de la peine à s'intégrer aux autres. » Nous avons constaté que la communauté linguistique kw ? est une communauté minoritaire et isolée dans le département du Nkam. Malgré le fait que les estimations de la population kw ? donnent moins de 5.000 locuteurs, ce qui est inférieur au seuil requis qui est de 10.000 locuteurs, nous pensons qu'il serait utile de consentir des ressources et des énergies pour développer et par-dessus tout protéger ce patrimoine linguistico-culturel de la communauté kw ?. Ainsi, le critère du nombre de locuteurs ne saurait seul être un frein à la mise par écrit de cette langue qui constitue également un élément du patrimoine linguistique mondial. En plus, l'UNESCO préconise la protection des minorités et souhaite que chaque communauté ait accès à l'éducation dans sa langue afin de rendre plus possible et plus accessible le processus de l'enseignant apprentissage. Ne dit-on pas souvent que chaque culture exprime une manière de voir le monde ; l'on ne saurait laisser cette vision du monde disparaitre au grand dam d'un critère aussi primordial qu'il soit. Il faut également souligner que la communauté doit également être impliquée dans la promotion ou la standardisation car elle a également son mot à dire.

3.2.4. Le besoin apparent de communication écrite dans la langue considérée

La communauté ne doit en aucun cas être en marge des projets visant au développement de celle-ci. Si nous développons la forme écrite d'une langue, elle est destinée à une communauté linguistique qui peut l'adopter ou la rejeter. Donc dans les normes, c'est la communauté qui doit exprimer le souhait de voir également sa langue dotée d'un système d'écriture. Wiesemann et al. (2000 :135), nous renseignent sur le fait que le besoin de communication écrite s'exprime à travers certains domaines d'utilisation de la langue, et citent : « il s'agit des domaines tels que l'éducation (formelle ou informelle), la culture (transmise par les contes, les légendes, les devinettes, les chants, etc.), l'information, la religion etc... Il peut aussi s'agir de la nécessité d'améliorer et de renforcer l'utilisation orale de la langue par les générations montantes . À la question de savoir s'elles voudraient voir également leur langue développée sous une forme écrite, 97% (soit 135 sur 140 personnes interrogées) ont émis le voeu de voir leur langue développée également sous la forme écrite et par-dessus tout enseignée dans leurs écoles comme c'est le cas avec les langues avoisinantes. Par conséquent, les membres de la communauté ont exprimé ce besoin apparent de voir aussi le kw ? développé par écrit et inscrit dans les programmes scolaires. Si nous devions nous en tenir à ce seul critère, il n'y aurait aucune contestation de la part de la communauté kw ? de voir leur langue avec un système de communication écrite. Tout ceci concourt à la viabilité de

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cette langue et permettrait également aux membres de cette communauté d'évacuer la frustration de ne pas voir leur langue dans leurs écoles, sachant que les langues de leurs voisins sont mises à écrit et sont enseignées dans les écoles. Il ne suffit pas pour la communauté d'exprimer ce besoin, mais celle-ci, à travers ses locuteurs, doit se déployer aux côtés des chercheurs et s'engager dans ce processus de développement de sa langue.

3.2.5. L'eng gement des locuteurs d ns l st nd rdis tion de leur l ngue

Un projet de standardisation d'une langue n'est pas uniquement l'affaire des linguistes mais nécessite également la participation des locuteurs de ladite langue. Car comme disent Wiesemann et al. (1983 :139), la standardisation est normalement et avant tout l'oeuvre des locuteurs et l'élite intellectuelle est le premier concerné. En ce qui concerne les locuteurs kw ? avec lesquels nous avons réalisé ce travail, ils sont non seulement toujours motivés et davantage prêts à travailler. Mais aussi, à apprendre de temps en temps lorsque nous leur offrons l'opportunité, d'apercevoir avec un oeil de linguiste un phénomène qu'il ne pouvait apercevoir encore moins expliquer. Ils sont également prêts à mettre des moyens afin de réaliser avec eux comme auteurs des manuels qui serviront à l'enseignement apprentissage de leur langue. En plus, les chefs des différents cantons que nous avons visités n'ont pas hésité à nous accorder l'autorisation de mener des recherches sur leurs territoires. Certains sont allés au-delà en nous fournissant plus d'informations que prévues dans différents domaines. Nous avons également eu l'approbation du chef du canton Tongo, par ailleurs jeune intellectuel, d'être l'un de nos principaux informateurs. Ceci est la preuve que l'engagement effectif des locuteurs de la communauté kw ? y est pour la standardisation de leur langue. Et, cet engagement ne peut que constituer un élément important des critères de viabilité de ladite langue sous sa forme écrite. Cet engagement devrait être accompagné de la mise sur pied d'un groupe de personnes de tout bord pour réfléchir sur les problèmes de la langue.

3.2.6. L'existence d'une gence de st nd rdis tion

Généralement appelé comité d'étude de la langue, pour Sadembouo (2001), il s'agit d'une structure de concertation et de coordination. Il s'agit d'une instance regroupant certains locuteurs de la communauté et souvent des étrangers (conseillers techniques) qui oeuvrent pour la promotion d'une littérature écrite dans leur langue. Elle s'engage généralement dans la production et la diffusion de la littérature disponible dans la langue. Bref elle s'assure également de mettre sur pied des programmes d'alphabétisation dans leur langue pour permettre un accroissement des alphabétisés en celle-ci. Elle est pour nos langues ce que l'académie fran aise est pour la langue française, c'est-à-dire qu'elle veille également au bon usage de la langue.

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En ce qui concerne la communauté kwá?, il n'en existe pas encore, mais 70% (soit 98 sur 140) des personnes que nous avons intérrogées nous ont laissé entendre que l'élite pourrait mettre les moyens en jeu pour une telle initiative. Donc cette existance potentielle d'un comité d'étude de langue kwá? pourrait favoriser davantage notre engagement à développer et protéger cette langue en grand danger de disparition et surtout constitue un critère de viabilité recherchée. Ce critère est également validé à 97 % en ce qui concerne le développement d'une forme écrite de la langue kwá?. Il faudrait également que nous nous rassurions que si nous développons une forme écrite, elle sera utilisée pour le savoir. Il suffit simplement de s'intérroger si cette langue est utilisée dans les activités quotidiennes des membres. Il s'agit de la vitalité de la langue. Elle est également l'un des critères de sa viabilité sous la forme écrite.

3.2.7. La vitalité de la langue sous la forme écrite

La standardisation concerne également l'usage de la langue dans les activités quotidiennes de la communauté linguistique cible, comme l'affirme Forku Tsafack (2000:85) en ces termes : « standardization of languages in Africa is based on the practical need of the written form of the languages in daily life activities by the speakers. » Nous pouvons comprendre que le projet de standardisation d'une langue repond à un besoin pratique qui, est le développement de la forme écrite de la langue. Cette forme écrite sera utilisée par les populations dans leurs différentes activités quotidiennes.

3.2.7.1. L'utilis tion de l l ngue au sein de la communauté

Dans les trois (03) cantons de la communauté kwá? tels que mentionnés plus haut, la langue kwá? est utilisée entre les habitations et les plantations. Elle est également utilisée dans les différents marchés de ces cantons, lors des cérémonies de mariage et de funérailles, où les négociations sont faites en cette langue, lors des rituels, ainsi que les chants. Les membres de la communauté utilisent également leur langue pour communiquer avec leurs ancêtres, pour régler leurs différends à la chefferie. L'utilisation d'une langue étrangère ici est conditionnée généralement lorsque l'un des interlocuteurs n'est pas un locuteur de la langue kwá?. Ceci permet de voir que la langue est utilisée dans la communauté dans leurs interactions à divers niveaux.

3.2.7.2. L'utilis tion de l l ngue u sein de l commun uté religieuse

Dans les différentes églises protestantes de la communauté, le pasteur prêche généralement en français puisqu'il n'est pas locuteur de la langue de la communauté. Il y a généralement quelqu'un pour interpréter en langue kwá? pour une compréhension de tous. Dans ces églises, les chants sont exécutés en langue duál á, en m d mb , en français et aussi en kwá? (bien qu'ils ne

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soient pas consignés par écrit). Les annonces de l'église sont faites en fran ais et puis interprétées en langue kw ?. C'est dire que même au sein de l'église, la langue kw ? est toujours employée et ceci favorise sa vitalité.

Nous pouvons également noter que Sadembouo (2019 :78) propose des actions qui peuvent être entreprises par les chercheurs pour donner de la vitalité aux langues en danger comme le kw ?. Il propose entre autres une description de la langue, l'établissement d'un système d'écriture, l'utilisation de ces langues dans les programmes d'alphabétisation en faveur de la communauté cible, la mise sur pied d'une littérature variée, la modernisation de la langue ainsi que la mise sur pied d'un comité de langue. Notre travail vise à contribuer à la vitalité de cette langue en grand danger de disparition (Bitjaa Kody (2004)).

Pour Sadembouo (2001 :620), « il convient de conclure que plus l'usage oral d'une langue est diversifié, étendu à tous les domaines de la vie courante et à toutes les générations, plus sa vitalité est assurée dans l'avenir, comme elle l'est déjà dans le présent, et sa viabilité garantie ».

3.2.8. Dialecte de référence pour la forme écrite de la langue

On parle de dialecte de référence standard uniquement dans les situations o l'on observe une variation de la langue, c'est-à-dire un changement au niveau des parlers d'une même langue, d'une zone (quartier ou village) à l'autre. Là, on parle d'une absence d'homogénéité dans la manière de parler une même langue. Ceci n'est pas le cas de la langue kw ? où nous sommes face à une situation homogène, c'est-à-dire que les locuteurs des 03 cantons qui constituent la communauté linguistique kw ? parlent la langue avec très peu de variation. Brye et Domche Teko (2000 :5), présentent un regroupement de plusieurs villages qui parleraient le kw ?. Ils l'ont fait à travers une étude de similarité lexicostatistique des parlers de Bakoua, de Tongo, de Mbyam, de Bangou et de Bazou basée sur 126 mots. Ces auteurs ont fait ressortir une matrice de similarité, et de là, deux (02) grands groupes de langues qui se présentent ainsi qu'il suit :

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Matrice de similarité :

A

kw ?

 
 
 
 

B

ngu (Tongo)

87, 71

 
 
 

C

Mbyam

41, 25

38, 34

 
 

D

Bangou

33, 96

33, 75

55, 00

 

E

Bazou

46, 05

42, 09

67, 09

62, 96

Kwaì? ngu Mbyam Bangou Bazou

A B C D E
Des calculs se dégagent 02 grands groupes de langues :

Groupe de 87% Groupe de 67%

Kw ? Bazou

Ngu (Tongo) Mbyam

Bangou

Pour les personnes enquêtées, il n'y a pas d'intercompréhension entre ceux qui sont à Mbyam et ceux des cantons kw ?. Donc le village Mbyam, malgré la proximité géographique avec les Moya serait plus proche de l'aire ndà?ndà? avec la forme du parler de Bazou.

Le kw ?, sur le plan lexicostatistique, est une unité Àlangue distincte des parlers voisins, avec ses trois (03) cantons (Moya, Bakoua et Tongo). Nous n'avons pas jugé utile de recourir encore à la méthode de l'évaluation globale de groupe (EGG) et au test de textes enregistrés (Recorded Text Testing (RTT)) car le statut du kw ? avait déjà été déterminé à travers la méthode de la lexicostatistique.

3.2.9. La migration

En plus des critères décrits ci-dessus, nous avons également interrogé nos enquêtés au sujet de l'intermariage, de la migration ainsi que le développement local afin de mieux évaluer la vitalité de la langue kw ? d'une part, et un potentiel succès de développement de la langue via un programme d'alphabétisation de masse. En ce qui concerne les migrations, nous avons constaté la présence d'un nombre significatif d'étrangers venus de plusieurs autres contrées soit pour trouver du travail à la SOPALTO (Société coopérative des Palmeraies de Tongo) installée depuis 1994, soit pour s'installer et travailler dans les champs à leur propre compte, car il parait que les sols sont très fertiles par là. Nous avons rencontré certaines personnes des régions du grand Nord Cameroun, de la région du Nord-Ouest, des groupements de Bangangté, de Bazou, de Nkondjock, de Bamendou

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et de Dschang. Donc contrairement à Brye et Domche Teko (2000 :9) qui affirment qu': « Il faut signaler qu'aucun étranger ne vient de l'extérieur pour y rechercher un emploi », nous avons à travers notre descente sur le terrain constaté une présence de plusieurs personnes venues d'autres contrées plus ou moins éloignées des cantons kw ?. Il s'agit précisément de onze (11) personnes venant du Département de la Ménoua à l'Ouest du Cameroun que nous avons retrouvées chez les Milombe. Il y a en a qui sont venus du Nord-Ouest et du grand Nord qui résident à Tongo et travaillent à la SOPALTO située à Tongo. Un potentiel programme d'alphabétisation (en langue seconde) de masse serait la bienvenue dans cette communauté pour permettre d'accroitre le nombre de locuteurs et de favoriser l'intégration linguistico-culturelle de ces étrangers. Car ceux-ci ont également au cours de nos échanges exprimé le désir d'apprendre à lire et à écrire la langue de la localité dans laquelle ils se trouvent c'est-à-dire le kw ?.

3.2.10. Les facteurs socio-économiques

Dans cette sous-section, il est question d'examiner les facteurs socio-économiques qui permettraient à travers leur nature, une élaboration éventuelle des programmes d'alphabétisation de masse au sein de la communauté linguistique kw ? et en langue kw ?. Malgré l'accès difficile surtout en saison de pluies d'un canton à un autre, il faudrait faire savoir qu'il y a néanmoins une liaison entre les différents villages de ces cantons. Ceci favorise l'écoulement des produits des plantations d'un lieu à un autre. Le contact et ou les échanges avec l'extérieur se font déjà à voiture et à moto, indépendamment de la saison. Les échanges commerciaux se déroulent de manière hebdomadaire entre les commer ants venus d'ailleurs et les autochtones. Nous avons également constaté la présence d'une grande usine de production d'huile de palme et ses dérivés associés à sa palmeraie. Il s'agit de la SOPALTO qui est installée à Tongo et emploie des centaines de jeunes de la communauté et ceux venus d'ailleurs. Un potentiel programme d'alphabétisation permettrait tant aux commer ants venus d'ailleurs qu'aux employés de la SOPALTO de mieux échanger avec les autochtones et faciliter leur plus grande intégration. Ce programme pourrait permettre d'augmenter le nombre de locuteurs de la langue. Tout ceci contribue à sa viabilité sous la forme écrite et orale. Ici, une raison de plus d'engager ce processus de standardisation de cette langue. Nous allons également présenter l'orientation politique qui favorise le projet de standardisation de la langue kw ?.

3.2.11. L'orient tion politique

Le processus de standardisation et de promotion linguistique doit être motivé par un certain nombre d'actes s'inscrivant dans une orientation de politique générale de gestion des langues au sein d'un térritoire. Lorsque ce n'est pas le cas, la réussite d'un projet de standardisation est

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hypothétique et le degré de sa viabilité faible à cause de la peur des participants à s'y engager pour ne pas avoir de résultats.

Au cameroun, l'orientation en matière de gestion des langues s'entrevoit de plusieurs manières. Il s'agit entre autres d'une déclaration politique de Biya (1987 :116) dans son célèbre livre-programme, qui soutient la promotion des langues nationales en ces termes, « ...au niveau ethnique, il faut encourager le développement de toutes les langues nationales, véhicules privilégiés des cultures ethniques. Il importe de ce fait que chaque langue exprime la culture qu'elle véhicule... » ; Il s'agit aussi de la loi no96/06 du 18 janvier 1996 portant revision de la constitution du 02 juin 1972, o il est mentionné au titre premier, article premier, alinéa 3 que : « la République du Cameroun adopte l'anglais et le fran ais comme langues officielles d'égale valeur. Elle garantit la promotion du bilinguisme sur toute l'étendue du territoire. Elle oeuvre pour la protection et la promotion des langues nationales». Il s'agit également de la loi d'orientation no 98/004 du 14 avril 1998 de l'éducation au cameroun qui consacre l'enseignement des langues nationales comme partie intégrante du programme, la loi no2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes et aux régions, où il est stipulé au titre III, chapitre III à la section III que la compétence revient aux communes de gérer la culture et de promouvoir les langues nationales. Et avec Boum Ndongo (2013) citée par Mbongue (2019 :47), l'orientation de l'enseignant secondaire a changé avec l'arrêté ministériel de septembre 2008, créant au sein de l'Ecole normale supérieure de Yaoundé, un laboratoire et un département de Langues et Cultures camerounaises.

Ainsi, tous ces choix politiques en faveur des langues nationales ne peuvent être qu'un atout non négligeable de la viabilité des langues camerounaises en général et de la langue kw ? de manière particulière.

3.3. TEST LEXICO-STATISTIQUE AVEC LES LANGUES VOISINES

Ne faisant aucunement partie des critères susmentionnés permettant de voir si une langue est en mesure d'être standardisée ou pas, nous avons jugé nécessaire (constatant le niveau de familiarité que les locuteurs kw ? ont de manière particulière avec leurs voisins nd ?ndà? de Bazou et m d mb de bangangté, peut être d à l'exode), de faire une comparaison lexicostatistique de ces différents parlers afin de ressortir leur niveau de similarité et de dissemblance. Nous nous sommes limités à la comparaison du kw ? avec ces deux langues uniquement (le nd ?ndà? et le m d mb ) d au fait du rapprochement des locuteurs desdites langues, et aussi à cause de la classification linguistique de celles-ci. Les autres langues avoisinantes comme le ?àsà , le bàk koÌ, le ndeml et le tunen principalement ne font pas partie de la même famille linguistique que le kw ?

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et les locuteurs desdites langues ne sont pas aussi socialement proches de ceux du kw ?. Ceci nous permettra également de démontrer que le kw ? est une unité-langue à part entière vu que celle-ci est quasi-monodialectale comme nous l'avons mentionné plus haut.

Pour y parvenir, nous sommes partis sur la base d'un questionnaire de 200 mots dont nous avons trouvé des correspondances en nd ?ndà?, en kw ? et en m d mb auprès de nos informateurs (confère Annexe 3). Ces données ont été transcrites en A.P.I car le logiciel utilisé pour l'analyse ne reconnait que les symboles de cet alphabet.

Pour plus d'objectivité au niveau des résultats, nous avons opté pour le logiciel COG version 1.3.2.10014 mis au point en 2018 par SIL International. Il s'agit d'un logiciel qui permet de comparer les langues en utilisant la lexicostatistique ainsi que les techniques de la linguistique comparative. Ce logiciel va de l'introduction des données (input) jusqu'à l'analyse en passant par la comparaison des mots qui y sont introduits. Pour analyser nos données utilisant ce logiciel, nous avons la possibilité d'entrer directement nos mots dans le logiciel, de l'importer à partir d'un fichier du logiciel wordsurv (beaucoup plus spécialisé dans la phonostatistique afin de ressortir la distance entre les variantes potentielles d'une même langue) ou à partir d'un fichier Excel enregistré au format texte (.txt). Nous sommes parti d'un fichier excel pour entrer nos données dans le logiciel. L'image suivante présente la disposition des mots dans le logiciel Cog.

Image 1: la liste de mots à analyser dans le logiciel Cog

À travers cette image, nous pouvons apercevoir un tableau avec un grand titre « Word lists » qui a 4 lignes et plusieurs colonnes. La première ligne du tableau contient les gloses des mots transcrits, la deuxième ligne présente les mots transcrits en langue kw ?, la troisième ligne, les

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mots en langue m d mb et la quatrième ligne présente les mots en langue nd ?ndà?. Nous avons un onglet sur l'image qui nous précise que nous sommes dans le « input » du sous-onglet « Word lists » c'est-à-dire l'introduction des éléments à analyser. Dans cet onglet, nous avons également divers autres éléments. L'image suivante permet d'illustrer un autre sous-onglet.

Image 2: les détails des mots nd ?ndà?

Cette image présente le sous-onglet dénommé « varieties ». Ici, le logiciel présente une des langues ou variétés de langues introduites pour analyse. Nous avons choisi au hasard ici la langue nd ?ndà? et à travers l'image ci-dessus, on peut apprécier la segmentation avec des statistiques faites par le logiciel. Donc, pour chaque mot, le logiciel fait automatiquement une segmentation syllabique d'une part et d'autre part, le logiciel présente un inventaire de tous les sons avec des probabilités en pourcentage et des fréquences que l'on peut observer à droite sur l'image. Nous avons également la possibilité de ressortir les sons avec à chaque fois les occurrences dans chacune des langues ou variétés de langue.

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Image 3: les fréquences des segments

En observant l'image ci-dessus, nous constatons que le logiciel fait une présentation de tous les sons répertoriés dans les mots des 3 langues, introduits comme « input ». Ici, nous constatons que les sons sont regroupés en fonction de leurs caractéristiques (point d'articulation principalement) et pour chaque son identifié, le logiciel présente le nombre de ses occurrences dans chacune des langues concernées par l'analyse. Il s'agit là des fréquences des segments d'après le logiciel. Nous allons dès à présent nous intéresser au deuxième onglet du logiciel qui concerne la comparaison elle-même.

Image 4: la matrice de similarité sur le plan lexicale

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Après avoir importé la liste de mots dans le logiciel, nous pouvons de manière automatique aligner et calculer la similarité (lexicale ou phonétique) pour chaque paire de mots et identifier les correspondances sonores régulières. L'image ci-dessus nous présente la matrice de similarité lexicale entre nos 3 langues. À travers cette image capturée du logiciel, nous constatons que la similarité lexicale entre le kw ? et le nd ?ndà? est de 41%, et de 40% entre le kw ? et le m d mb . Nous pouvons également visualiser par paire de langues et de manière plus détaillée cette matrice de similarité ci-dessous.

Image 5: comp r ison entre le kwaì? et le nd ?ndà?

L'image ci-dessus présente une comparaison plus détaillée entre deux parlers, le kw ? et le nd ?ndà?. Nous pouvons observer entre ces deux langues une similarité lexicale de 41,05% et une similarité phonétique de 63,19%. Ces similarités sont ressorties sur la base des comparaisons des mots que le logiciel, en fonction des rapprochements, attribuent un pourcentage quelconque pour chaque paire tel qu'on peut observer au bas de l'image.

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Image 6 : comp r ison entre le kwaì? et le màd mb

La même comparaison faite avec le m d mb , nous constatons à travers l'image ci-dessus un éloignement entre le kw ? et le nd ?ndà?. Nous observons une similarité lexicale entre ces deux langues qui est de 40,10% et une similarité phonétique qui se situe à 62,98%. Nous avons également de manière délibérée recherché la similarité entre le nd ?ndà? et le m d mb .

Image 7: comparaison entre le nd ?ndà? et le m? d mb

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travers les résultats observés dans l'image ci-dessus, nous constatons que le nd ?ndà? et le m d mb sont plus proches par rapport au kw ?. En effet, nous observons une similarité lexicale située à 73,74% et une similarité phonétique qui se situe à 81,28%.

Après analyse de nos données, nous constatons que suivant la matrice de similarité, il existe un rapprochement lexical de 40.10% et un rapprochement phonétique de 62.98% entre le kw ? et le m d mb . En ce qui concerne le rapprochement entre le kw ? et le nd ?ndà?, la similarité lexicale est de 41.05% et la similarité phonétique est de 63.19%. Cependant, force est de constater que sur la base des données collectées, la similarité lexicale et phonétique entre le m d mb et le ndà?ndà? est très considérable, donc respectivement 73.74% et 81.28%.

L'analyse de ces résultats par le logiciel est décrite suivant un graphe tels que présentés par les images ci-dessous.

Image 8: présent tion de l' n lyse sous forme arborescente

travers cette image, nous observons une distance entre le kw ? et les deux autres langues. Or, ces deux autres langues semblent être plus proches l'une de l'autre. Donc, nous pouvons à travers cette analyse via le logiciel Cog, tirer la conclusion selon laquelle le kw ? est une unité-langue à part entière tout comme le nd ?ndà? et le m d mb .

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3.4. CONCLUSION

Les résultats de nos investigations auprès des locuteurs interrogés dans les différents cantons kw ? indiquent que tout le monde parle quasiment de la même manière sans une différenciation remarquable de prononciation apparente. La compréhension et l'usage de certaines langues voisines sont le fruit d'une acquisition et, sont limitées à ceux qui ont été exposés à elles. L'utilisation de la langue kw ? dans la communauté religieuse, dans les activités quotidiennes de la communauté cible, lors des cérémonies, etc., indique qu'il y a un besoin pressant du développement de la forme écrite de ladite langue. L'attitude de la communauté pour le développement de sa langue est très positive malgré le fait qu'un comité de langue n'ait pas encore vu le jour. À la question de savoir s'ils aimeraient voir leur langue enseignée dans leurs écoles, tous ont répondu positivement. Aussi, à la question de savoir s'ils aimeraient apprendre à lire et à écrire leur langue, la majorité absolue a-t-elle répondu favorablement avec des justifications. Pour certains, ils aimeraient voir leur langue être développée comme les langues avoisinantes, et pour d'autres, ils aimeraient préserver et transmettre à leurs descendants leur identité propre. À travers l'analyse lexicostatistique réalisée avec le logiciel Cog, nous constatons que le kw ? est très distant du nd ?ndà? et du m d mb malgré le rapprochement des locuteurs de ces différentes communautés linguistiques. Par conséquent, le kw ? comme les langues voisines, gagnerait à avoir son propre système d'écriture. Contrairement à ce que (Brye et Domche Teko (2000) ont affirmé il y a de cela vingt (20) ans, nous pensons qu'un projet de développement ou de standardisation serait le bienvenu afin de préserver, conserver, promouvoir et moderniser cette langue restée longtemps abandonnée par les chercheurs.

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HAPITRE : ALPHA ET ET PRIN IPES ORTHOGRAPHIQUES DU KWAì?

4.1. INTRODUCTION

Ce chapitre a pour but de faire une proposition d'alphabet et des principes orthographiques de la langue. Bref, il s'agit d'une proposition du système d'écriture revu du kw ?. Il est important de préciser que notre proposition n'est pas la première en la matière puisque Tientcheu Tchameni (2008) a fait une proposition dans le cadre de la redaction de son mémoire de Master à l'université de Dschang. C'est sur la base de quelques insuffisances relevées dans ledit travail que nous nous proposons de réajuster le système d'écriture de la langue kw ?. Notre proposition s'appuie sur le fait que nous avons étendu notre recherche à la morphologie. Ainsi, l'orthographe proposée tiendra pour base les résultats tant de l'analyse phonologique que de l'analyse morphologique afin de proposer une délimitation des mots dans la langue kw ?.

Pour arriver à un système d'écriture acceptable et fiable, il faudrait mettre sur pied selon Wiesemann et al. (1983:129) une graphie, c'est-à-dire un alphabet et les principes orthographiques, une standardisation1, et une modernisation qui fait référence à la création de nouveaux mots et de nouvelles expressions existantes. En l'absence d'une véritable variation dialectale, nous nous appesantirons sur l'aspect orthographique sans toutefois mettre un accent particulier sur le choix du dialecte standard. La section suivante porte sur les qualités d'une bonne orthographe telles que proposées par Kay Williamson (1984).

4.2. LES QUALIT S D'UNE ONNE ORTHOGRAPHE

Selon Williamson (1984), pour q'une orthographe soit jugée fiable et acceptable, elle devrait se conformer à un certain nombre de principes. Il propose cinq (05) principes à savoir la fidélité, la cohérence, la practicabilité ou la commodité, l'harmonisation et la familiarité. Il précise également que les deux premiers principes sont supérieurs aux autres, mais qu'aucun des principes n'est à négliger. Ces qualités seront quelques fois appliquées pour le système d'écriture que nous proposons. La prise en compte de ces principes traduirait la fiabilité et l'acceptabilité de l'orthographe de notre langue d'étude. Dès lors, cette orthographe pourrait être considérée comme une bonne orthographe si et seulement si les locuteurs de la langue la pratique et l'adopte.

langue

1 Elle consiste à trouver une forme ou une variété de la langue qui servira de norme pour la forme écrite de la

125

4.2.1. La fidélité

Parlant du principe de fidélité, Williamson (1984) indique qu'il s'agit de conserver le même nombre de graphèmes que le même nombre de phonèmes identifiés. Si l'on a identifié au préalable six (06) phonèmes vocaliques, l'on devrait avoir également six (06) graphèmes vocaliques de peur de se retrouver dans une ambiguité. Il préconise également de ne pas utiliser des allophones comme graphèmes au risque d'être redondant. Dans le cadre de la proposition de l'alphabet kw ?, nous allons prendre en compte uniquement les phonèmes, c'est-à-dire les sons qui se sont revélés distinctifs dans la langue kw ? de part l'analyse de leur statut phonologique.

4.2.2. La cohérence

Sur le plan orthographique, la cohérence renvoit à la correspondance entre le nombre de lettres et des sons. Donc, un symbole sera utilisé pour un son afin d'éviter l'incohérence au niveau de l'alphabet. Car si pour un seul son, on a deux représentations différentes, cela preterait à confusion lors de la mise par écrit de la langue. Les mots aussi devront être séparés selon une certaine cohérence établie sur la base des structures syllabiques identifiées. Donc, à partir des études descriptives faites de la phonologie, nous allons nous baser sur la partie reservée à la syllabation pour une meilleure délimitation des mots dans la langue kw ?.

4.2.3. La commodité

Williamson (1984) propose d'utiliser pour l'alphabet des graphèmes ou symboles qui seront faciles à représenter par toute personne. Ces symboles devraient être faciles à représenter tant pour l'écriture manuelle qu'avec les machines à écrire ou les ordinateurs. Ici, il est question de choisir pour l'alphabet kw ? des graphèmes qui seraient facile à matérialiser par les apprenants tant pour l'écriture manuelle que pour la saisie des mots et ou textes à travers des ordinateurs déjà présents sur le marché. Donc, il ne faudrait pas que les symboles soient difficiles à matérialiser pour les apprenants, sinon cela pourrait être un frein à la viabilité de la langue sur le plan écrit.

4.2.4. L'h rmonis tion

Encore appelée principe de similarité d'après Wolff (1954 :8-9), l'harmonisation exige que la proposition d'orthographe prenne en compte les orthographes des langues avoisinantes. Ce principe permettrait aux locuteurs en plus d'écrire leur langue, d'écrire également les langues voisines presque de la même manière. Étant donné que les langues voisines à la langue kw ? utilisent les graphèmes et les principes orthographiques de l'AGLC, nous allons également nous baser sur cet alphabet pour proposer les graphèmes et les principes orthographiques de la langue

126

kw ?. Car ceci permettrait une certaine accomodation des principes d'écritures sans risque majeur pour des personnes qui se deplacerait d'une zone linguistique à une autre.

4.2.5. La familiarité

Le principe de familiarité permet de prendre en compte les habitudes orthographiques afin de s'assurer que les principes orthographiques proposés sont mieux adaptés par rapport à ce qui existe déjà. Donc pour éviter un rejet d'une orthographe par les membres de la communauté, il faudrait prendre en compte ce qu'ils savent déjà concernant les habitudes orthographiques. Pour ce qui est de la communauté kw ?, nous tiendrons en compte le fait que la quasi-totalité utilise la langue fran aise à l'écrit. Donc nous devrions en tenir compte lors du choix des graphèmes ou lettres de l'alphabet à proposer.

4.3. L'ALPHA ET KWA'?

L'alphabet est défini par opposition à l'orthographe comme étant : « l'ensemble des graphèmes utilisés pour écrire une langue. Une orthographe est l'ensemble des principes conventionnels permettant d'écrire et de lire correctement une langue. » Tadadjeu et Sadembouo (1984 :4). Après avoir adopté les transcriptions phonétique et phonologique pour la représentation des sons et des phonèmes respectivement, nous allons nous intéresser à la transcription orthographique à des fins d'écriture de la langue kwá?. Pour qu'aucune transcription soit acceptée par la communauté linguistique cible, Wiesemann et al. (2000 :143) recommande de prendre en compte certaines considérations sociologiques. Il s'agit notammment des formes de transcriptions de la/des langue(s) étrangère(s) déjà apprise(s) et utilisée(s) par les membres de la communauté pour leur communication écrite. Cette considération sociologique est également avantageuse sur le plan pédagogique car elle faciliterait un apprentissage rapide au vu de la maitrise de l'écriture. Pour ce qui est du système d'écriture de la langue kwá?, nous tienddrons en compte les habitudes d'écritures de la langue fran aise qui est en usage dans cette communauté pour la communication écrite.

En plus des graphèmes consonantiques et vocaliques, nous présenterons également des graphèmes tonals étant donné le caractère tonal de la langue d'étude.

Les symboles proposés tiennent leur origine de l'Alphabet général des Langues camerounaises (AGLC) qui lui également, tient son origine des alphabets grec et romain. Cet alphabet préconise une simplification des graphes pour l'orthographe et préconise le non marquage du ton le plus fréquent dans la langue afin d'éviter la surcharge de l'écriture.

127

Sur la base des vérifications phonologiques que nous avons menées au travers de l'étude de Tientcheu Tchameni (2008), nous avons proposé l'alphabet suivant en majuscule et en minuscule. Certains sons complexes qui ont déjà leurs équivalences simples ne seront plus pris en compte dans l'alphabet. Ils pourraient être enseignés comme une succession de consonnes ou voyelles. Il s'agit des consonnes (bv, mb, nd, nj, ?g) et des voyelles (aa, ee, , øø, ??, uu, )

A a, B b, C c, D d, E e, ? E, ? , F f, G g, Gh gh, H h, I i, J j, K k, Kx kx, L l, M m, N n, Ny ny, ? ?, Ø ø, ? ?, Pf pf, S s, T t, U u, ? , V v, W w, Y y, '.

Nous aurons au total trente-un (31) graphèmes (22 consonnes et 09 voyelles). Nous avons retenu 4 tons sur les 5 identifiés par l'analyse phonologique comme tonèmes distincts. Seul le ton haut n'est pas marqué à l'orthographe car il est le plus fréquent dans la langue. Cette fréquence a été déterminée sur la base des données que nous avons recueillies sur cette langue.

Nous avons choisi l'ordre conventionnel des graphèmes du fran ais et de l'anglais parce que les locuteurs sont en permanence au contact avec ces langues, d'o une familiarisation avec celles-ci. Le tableau ci-dessous présente les symboles utilisés, leurs correspondances graphémiques et des mots illustratifs en kw ?, avec des gloses en français.

Tableau 29: Gr ph mes de l' lph bet du kwaì?

Symboles utilisés

Graphèmes proposés

Illustrations

gloses

[a]

/a/

A a

ma

« je »

[b]

/b/

B b

bebè

« la chenille »

[?]

/?/

C c

« la nourriture »

[d]

/d/

D d

dikambE

« le varan »

[e]

/e/

E e

dibele

« germer »

[E]

/E/

? E

tE

« le père »

[ ]

/ /

?

l ?

« la chaise »

[f]

/f/

F f

m f

« la feuille »

[g]

/g

G g

? g b

« la peau de l'animal »

[ ]

/ /

Gh gh

gh ?g? ?

« l'étranger, le visiteur »

[h]

/h/

H h

yehe

« le totem »

[i]

/i/

I i

s

« l'eau »

[?]

/?/

J j

jE p

« les légumes »

[k]

/k/

K k

k? l? ?

« la banane plantain »

128

[kx]

/kx/

Kx kx

dikx

« fuir »

[l]

/l/

L l

dil?

« quémander »

[m]

/m/

M m

m nd

« l'homme »

[n]

/n/

N n

c? b?

« la parole »

[?]

/?/

Ny ny

ny t

« le corps »

[?]

?

D ?

?gà?

« le possesseur »

[ø]

/ø/

Ø ø

b '

« l'igname »

[?]

/?/

? ?

b?

« ils ou elles »

[pf]

/pf/

Pf pf

pfètpf? t

« la mouche »

[s]

/s/

S s

s? ?

« la dent »

[t]

/t/

T t

n tà'

« la banane »

[u]

/u/

U u

? k n

« la queue »

[ ]

/ /

U

« vous »

[v]

/v/

V v

v

« l'os »

[w]

/w/

W w

w?

« qui ? »

[j]

/j/

Y y

diyaa

« s'intensifier »

[2]

/2/

'

fà'

« le travail »

L'emploi de ces graphèmes proposés dans leurs combinaisons pour former des énoncés nécessite l'accompagnement d'un ensemble de règles appelées principes orthographiques.

4.4. LES PRINCIPES ORTHOGRAPHIQUES

Il est question pour nous ici d'élaborer des principes ou des normes de lecture et d'écriture de la langue kw 2 sur la base des graphèmes issus des analyses phonologiques et morphologiques faites plus haut. Pour Wega Simeu (2016 :271), « le comment lire et écrire une langue c'est simplement ce que l'on appelle l'orthographe ». Pour une meilleure lisibilité et une économie de formes, Wiesemann et al. (2000) recommande d'utiliser l'écriture « script » en lieu et place de l'écriture cursive qui ne prend pas en compte l'écriture les formes utilisées par les ordinateurs et sont également de plusieurs formes. Les problèmes relatifs à la mise sur pied des principes orthographiques d'une langue sont pour Wiesemann et al. (2000 :149) l'interprétation des graphies retenues, la neutralisation de certains phonèmes, la délimitation du mot ainsi que l'établissement des règles de ponctuation. Pour ce qui est de la langue kw 2, nous n'allons pas nous intéresser à la neutralisation puisque nos résultats ne présentent aucun cas de ce phénomène. Alors, nous allons proposer un ensemble de règles qui permettront de bien lire et bien écrire le kw 2. Ces principes ou

129

règles concernent les graphèmes consonantiques, les graphèmes vocaliques et les graphèmes tonals d'une part. D'autre part, ils (ces principes) concernent la délimitation du mot (mot simple, mot composé et les emprunts) en contexte et en isolation et les règles de ponctuation.

4.4.1. Principes orthographiques des tons

Tadadjeu et Sadembouo (1984 :19), en ce qui concerne le principe de notation des tons, suggèrent de marquer trois tons, lorsqu'on a quatre niveaux de tons ponctuels. S'agissant du ton non marqué, il s'agit du ton le plus fréquent.

En kw ?, nous avons trois (03) niveaux de tons ponctuels à savoir le ton haut, le ton bas et le ton moyen. Le ton haut généralement matérialisé par l'accent aigu ( ) est le plus fréquent et par conséquent ne sera pas marqué dans l'orthographe de cette langue. Cette détermination de la fréquence s'est faite par observation et par décompte des mots et de certains textes de la langue que nous avons recueillis. Le ton bas sera marqué par un accent grave noté ( ) et le ton moyen par une barre horizontale notée ( ), sur le centre de la syllabe.

Concernant les tons modulés, nous n'allons pas les dissocier en tons simples comme proposé par Tadadjeu et Sadembouo (1983) car dans cette langue il y a des voyelles longues. Donc nous les écrirerons tels qu'identifiées à savoir ( ) pour le ton montant ou bas-haut et ( ) pour le ton descendant ou haut-bas. Nous illustrons ce principe à travers l'exemple suivant :

(91)

baanz « poche »

bà? « échange »

bebè « chenille »

b l? l? « canard »

bin « danse »

dis ? « détruire »

?g? « jeu »

?gw? ? s s « lézard »

nd? ? « paresseux »

130

4.4.2. Principes orthographiques des consonnes

Les séquences de phonèmes consonantiques /mb/, /bv , nd , ?g doivent être apprises/enseignées comme étant une succession de consonnes étant donné que chacun de ses graphèmes apparait déjà sous la forme simple. Mais, lorsqu'il y a en lieu et place de la consonne orale sonore une consonne orale sourde, la nasale qui précède celle-ci est une nasale syllabique homorganique. Cette nasale syllabique devra toujours porter un ton bas dans cette langue, comme l'illustre l'exemple suivant :

(91)

mbê « couteau »

nda « maison »

?g b « poule »

s « eau »

m f « vent »

? kèt « pénis »

Pour ce qui est des glides w et y, elles ont été identifiées non seulement comme des représentations des phonèmes u et y respectivement entre une consonne et une voyelle contiguë ; mais aussi elles ont été identifiées comme des phonèmes consonantiques distincts dans cette langue. Cependant, nous proposons qu'elles soient maintenues comme telles dans toutes les positions d'un mot. Nous illustrons ce principe à travers l'exemple suivant :

(92)

?gw y « lion »

?kw? « quatre »

d byó?ó « s'enrouler »

d y « être abondant »

y? b « votre »

w? két « maladie »

Tout digraphe consonantique présent dans l'alphabet proposé, étant donné qu'il ne constitue qu'une seule unité doit être écrit et lu comme un monographe dans cette langue. Exception faite de mb, nd, mv, ?g, ny, bv et nj qui seront écrits et lus comme une succession de de deux monographes. Car lorsque les deux graphèmes qui constituent le digraphe identifié sont présents dans l'alphabet de la langue, il n'est plus nécessaire d'introduire encore ce digraphe

131

comme un graphème qui faudra encore apprendre à lire et à écrire. L'exemple suivant illustre quelques cas :

(93)

pfètpf? t « mouche » un seul graphème

nj « vieux » succession de n+j

?gà? « possesseur » succession de ?+g

difanda « forêt » succession de n+d

L'apostrophe doit être utilisée ici comme graphème pour représenter la consonne glottale généralement appelée « le coup de glotte ». Cette consonne ne peut occuper que la position médiane et la position finale. Dans cette langue, elle n'apparait pas en position initiale tel que présenté dans l'exemple ci-après :

(94)

bà'à « maison »

tà'y ? « chasseur »

sufà' « houe »

4.4.3. Principes orthographiques des voyelles

Toutes les voyelles perçues comme longues comme : aa, ee, , uu, 00, 00, sont

représentées par le redoublement de la même voyelle dans le centre de la syllabe et doivent avoir un même niveau tonal comme dans l'exemple ci-après :

(95)

bàà « poche »

dit « écrire »

dil « cacher »

l l « chauve-souris »

b « fant me »

dif00 « ramasser »

c « poison »

Toutes les voyelles (brèves et longues) répertoriées et proposées dans l'alphabet de la langue doivent être écrites et lues telles qu'elles sont présentées dans l'exemple ci-dessous. Ce qui signifie qu'un signe ou symbole pour être le reflet d'un seul son et un son doit pouvoir être matérialisé par un seul symbole ou signe.

132

(96)

k? l? ? « banane plantain »

yehe « totem »

fi « pus »

t « marché »

su « soupe »

s?? « scie »

nyàà « animal »

Toutes les voyelles perçues comme étant longues doivent être à un même niveau tonal. Ces voyelles longues n'admettent pas de tons complexes ou modulés, c'est-à-dire que chacune des voyelles doit avoir le même ton simple comme présentées dans l'exemple suivant :

(97)

bàà « sac »

dit « écrire »

dil « cacher »

l l « la chauve-souris »

4.4.4. Principes de délimitation des mots

Après avoir établit l'alphabet de la langue, le problème crucial reste celui de la délimitation du mot. Wolff (1954:17) cité par Williamson (1984) le dit si bien lorsqu'il affirme: « the most difficult problem remaining after the alphabet itself is made is the problem of what can be, or cannot be, written as a word ». Il est d'autant plus difficile dans la mesure o si un texte qui est écrit en français est demandé à six personnes de le traduire et écrire en kw ?, on aura une représentation de mot à mot comme dans le texte de départ. Il serait impossible de présenter convénablement et justifier les règles qui couvriraient toutes les possiblités concernant la délimitation. Dès lors, plusieurs règles de délimitation des mots seraient alors arbitraires. Il serait important de mettre de coté le principe selon lequel si une langue X a 10 lettres, l'autre devrait avoir automatiquement le même nombre de lettres. Ceci viole le principe de fidélité tel qu'énoncé plus haut.

Ici, il s'agit des règles de délimitation et d'écriture des mots proposées pour l'orthographe de la langue kw ?. Le mot en lui-même n'est pas toujours facile à définir et peut varier d'une langue à une autre. Pour Wolff (1954), le mot peut être défini comme « a unit consisting of one or more sounds which can stand alone ». Donc si nous avons un élément qui ne saurait rester seul mais qui

133

se combine toujours avec un autre element, il ne serait pas un mot mais plutôt un affixe. Mais, Wiesemann et al. (1983 :151,152) proposent une pléthore de critères permettant de comprendre ce qu'est le mot. Nous allons nous fonder sur ces critères et sur les résultats de nos analyses morphologiques pour proposer ce qui doit être considéré comme mot dans la langue kw ?. Le mot phonologique sera à la base de la délimitation du mot orthographique dans cette langue. Le mot orthographique, est une séquence de graphèmes sémantiquement autonome et comprise entre deux espaces (blancs sémantiques) dans un texte (Bebiné (2018 :105). Nous distinguerons principalement parmi les mots orthographiques, les nominaux et les verbaux issus de nos résultats morphologiques.

4.4.4.1. Les nominaux

Les règles que nous allons établir vont concerner tour à tour les substantifs dans leur forme canonique et dérivée, les déterminants, les procédés de formation de nouveaux mots (composition, réduplication et emprunt) ainsi que les classes nominales.

4.4.4.1.1. Les substantifs canoniques et dérivés

Dans cette langue, qu'il ait une forme canonique ou dérivée, le substantif présente une même structure en kw ?. Le substantif est composé d'un préfixe et d'un thème. On ne saurait dissocier ce préfixe du thème. Donc, les deux (02) mis ensembles vont constituer un mot orthographique dans la langue comme l'illustre les exemples suivants :

(99)

b -nd b nd « homme »

m-? m? « enfant »

di-kaha dikaha « aisselle »

ø-?gà?gà ?gà?gà « araignée »

4.4.4.1.2. Les déterminants

Dans la langue kw ?, seul le possessif s'accorde avec le substantif auquel il s'associe. Les autres déterminants dans cette langue restent invariables peu importe le nom qu'ils déterminent. Ces déterminants peuvent être séparés du nom par un autre élément. Ceci nous permet de dire que les déterminants ne sont pas des affixes. Nous proposons de séparer le déterminant kw ? du substantif afin d'en faire deux (02) mots phonologiques distincts bien que ces déterminants soient dépendants du substantif. Nous l'illustrons à travers l'exemple ci-dessous :

134

(100)

b l? l? « mon canard » b l? l? m? « le canard de mon enfant »

b nd b? « deux hommes »

nda m? « cet enfant »

mb hi ?g? fu « premier maïs » mb hi le' ?g? fu « premier jour du maïs »

4.4.4.1.3. Les procédés de formation de nouveaux mots

Nous allons ici nous intéresser aux mots composés, aux mots redupliqués et aux emprunts en kw ? afin de délimiter ce qui peut être considéré comme mot orthographique dans cette langue.

4.4.4.1.3.1. Les mots composés

Les mots composés dans cette langue vont consister à juxtaposer deux mots indépendants dans la langue pour avoir un nouveau mot. Lorsque cette combinaison n'enfreint pas à la combinaison identifiée dans la morphologie, ce composé devrait s'écrire sans espace, c'est-à-dire en un seul mot tel que présenté dans l'exemple ci-dessous :

(101)

k « haricot » mikèt « blanc (homme) » k mik t « riz »

nda « maison » ?gw?' « termite » nd??gw?' « termitière »

bàà « sac » nji « tissu » bàànji « la poche »

dif n « vendre » mb?p « viande » f n mb?p « le boucher »

4.4.4.1.3.2. Les mots redupliqués

Il s'agit ici d'une répétition partielle ou totale de la forme de base d'un mot pour en former un autre. Comme dans le cas des mots composés, les mots rédupliqués n'enfreignent pas les règles et, nous allons considérer cette combinaison comme un seul mot dans la langue kw ? comme illustré dans l'exemple ci-dessous :

(102)

b? b? « bêtement »

n? n? p « entre eux »

mb 'mb ' « l'aube »

135

4.4.4.1.3.3. Les mots empruntés

Dans la langue kw ?, les mots empruntés que nous avons observés respectent la structure morphologique de cette langue. Ils s'adaptent également en fonction du système phonologique de la langue. Nous pouvons alors les intégrer comme mot orthographique dans cette langue puisqu'ils n'enfreignent aucune règle. L'exemple ci-dessous nous permet de mentionner quelques uns de ces mots empruntés et intégrés dans la langue kw ?.

(103)

k?bàs « l'armoire »

hamà « le marteau »

?gub « la chaussure »

s njà « le pagne »

4.4.4.1.4. Les classes nominales

Étant donné que cette langue est une langue à classe comme de nombreuses autres langues bantu, nous nous devons de proposer une manière ou un principe d'écriture des différents préfixes de classe que nous avons pu identifier dans la langue. Il s'agit en d'autres termes de la délimitation du préfixe qui marque l'accord dans la langue. Nous proposons que ce préfixe de classe soit lié avec la base nominale comme illustré dans l'exemple suivant :

(104)

di+kaha dikaha

CL5 aisselle aisselle

b +?gwé b ?gwe

CL1 femme femme

nd+e' nde'

CL6 jour jours

4.4.4.2. Les verbaux

Ici, nous nous intéresserons uniquement aux règles d'écriture et de délimitation des verbes à la forme fléchie. Les verbes à la forme infinitive sont considérés comme des verbo-nominaux et par

136

conséquent, sont régis par les règles des nominaux canoniques vus plus haut. Par conséquent, nous allons nous intéresser au verbe conjugué.

4.4.4.2.1. Les marqueurs spatio-temporels

Nous allons nous intéresser ici à la délimitation du marqueur du temps, du mode et de l'aspect dans la langue kwa'. Les morphèmes qui représentent les temps, les aspects et les modes devront être rattachés au verbe dans la phrase comme illustré dans l'exemple ci-dessous :

(105)

N m f -s ? l ?

Numa PST2-venir village « Numa était venu au village »

? bè-ø-f ? ? mà lé?-n ? k? l? ?

il COND-PRS-ramasser bois je FUT3-préparer plantain
« S'il ramasse du bois, je préparerais du plantain »

4.4.4.2.2. Les marqueurs de la négation

Dans cette langue, nous avons relevé deux (02) formes de la négation et ce dépendemment du mode : il s'agit de kà pour le mode impératif et de kí pour les autres modes identifiés. Nous proposons d'écrire toute la particule marquant la négation et de manière séparée comme un mot distinct des autres mots de la phrase. Ceci est illustré à travers l'exemple suivant :

(106)

d b k lé tà?

tre NEG dormir difficile

« Ne pas dormir la nuit est difficile. »

M nà k l? ?-? b

Muna NEG PST3-manger couscous « muna ne mangea pas du couscous »

kà s ?

NEG venir

« Ne viens pas ! »

137

4.3.5. Principes de ponctuation

On appliquera dans cette langue les mêmes conventions de notations de ponctuation comme dans les autres langues notamment les langues indo-européennes et les langues bantu. On utilisera les marques de ponctuation telles que :

- le point (.) pour matérialiser la fin d'un énoncé ;

- la virgule (,) pour distinguer à l'intérieur de la phrase des mots ou prépositions utiles de

séparer, pour marquer la pause ;

- le point-virgule (;) pour séparer deux éléments de la phrase indépendants grammaticalement

mais ayant une liaison logique ;

- les deux-points (:) pour introduire une énumération, une explication ou une citation ;

- le point d'interrogation ( ?) pour marquer une question ;

- le point d'exclamation ( !) pour les interjections et les phrases émotives ;

- les guillemets (« ») pour isoler un mot à l'intérieur d'un énoncé ;

- les majuscules seront employées en début de phrase, en position initiale des noms propres

de personne, des toponymes et de nationalité ;

Ces principes relatifs à la ponctuation sont mis en valeurs dans le texte illustratif que nous avons annexé (cf. annexe 2) à ce travail pour évidemment matérialiser l'orthographe de la langue kw ?.

4.5. DE LA VIA ILIT DE L' RITURE STANDARD DU KWÁ?

Il s'agit de présenter des actions de post-standardisation pour établir et maintenir véritablement la standardisation du kwá?. Ceci va de la mise sur pied d'un comité de développement de la langue à la détermination de son fonctionnement en passant par ses fonctions. Il y est question de prendre en compte la question de la nécessité de la modernisation du stock lexical de la langue (par le recours aux principes énoncés en 2.2.2.). Pour ce faire, plusieurs facteurs sociopolitiques devraient être pris en compte pour favoriser ou accompagner ce processus de maintien véritable du projet de développement de la langue sur le plan de l'écrit.

4.5.1. De l mise sur pied d'un comité de l ngue : sa fonction et son fonctionnement

Il s'agit d'une structure d'encadrement qui sera mise sur pied ayant la responsabilité de mener à bien le programme de développement de la langue kwá? sur le plan écrit. Cette structure qui pourrait être dénommée comité de développement de la langue kwá? serait constituée des

138

membres actifs et engagés de la communauté, des ressortissants de tous les groupements qui parlent la langue, des ressortissants de toutes les sensibilités sociales.

Ces membres constituent le personnel qui sera en charge de la production du matériel écrit notamment l'abécédaire, le présyllabaire, le syllabaire, le post-syllabaire, le manuel de transition, le lexique bilingue de base, le guide orthographique, le manuel de grammaire, etc... ou la création d'un environnement lettré en langue kwa'. Cette promotion de la littérature passe par une production régulière et variée tout en encourageant les nouveaux lettrés à plus de productions, dépendamment du sujet traité. Ceci implique la nécessité, telle que proposée par Sadembouo (2001 :660), « de créer un cadre de communication écrite régulière tel qu'un journal local en langue maternelle. ». La formation des formateurs pour les programmes d'alphabétisation dans la communauté linguistique kwa' devra être axée sur l'initiation à la lecture et à l'écriture de la langue kwa', sur les différentes techniques développées pour l'enseignement/apprentissage de cette langue, ainsi que sur l'initiation à l'utilisation du matériel développé.

Après cette présentation de la fonction et du fonctionnement d'un comité de développement de la langue kwa', il est nécessaire de questionner la modernisation du stock lexical de la langue, qui est un autre défi auquel les membres du comité de langue seront confrontés.

4.5.2. De la nécessité de la modernisation du stock lexical de la langue

Il s'agit ici de favoriser l'enrichissement du lexique de la langue kwá'. Ceci devra se faire par les membres du comité de langue, en prenant en compte les processus d'enrichissement de la langue. Il s'agit de trouver des équivalents dans la langue kwá', des termes présents dans nos langues officielles. Manifi (2013 :116) distingue deux sortes de termes auxquels il est important de trouver des équivalents : il s'agit des termes nécessitant une recherche terminologique et ceux nécessitant une création lexicale. Concernant les termes qui nécessitent une recherche terminologique, il s'agit des termes propres à la langue qui sont restés longtemps sans être utilisés ou qui sont utilisés à une fréquence très basse. Il peut également être question de donner de nouveaux sens à certains termes déjà présents et connus dans la langue. Pour ce qui est de la création lexicale, il existe plusieurs procédés qui permettent de trouver des équivalences. Nous pouvons procéder par l'innovation sémantique, par l'innovation lexicale et par l'emprunt. Parlant de l'innovation sémantique, cela pourrait se faire en langue kwa' par extension ou par restriction des termes à y introduire. Et pour ce qui est de l'innovation lexicale, la composition et la dérivation sont des principaux processus qu'il faudrait prendre en compte à ce niveau. Étant donné qu'aucune langue ne se passe de l'emprunt, car celui-ci participe de l'adoption des mots des langues

139

étrangères dans la langue kwa'. Ceci favorise la création des néologismes dans la langue. Donc les membres du comité de langue auront la responsabilité de favoriser l'intégration des nouveaux termes dans leur langue.

Ceci permettrait à cette langue d'exprimer les réalités d'autres cultures, d'intégrer des concepts venus des progrès scientifiques et technologiques, de développer des vocabulaires spécialisés c'est-à-dire de développer un lexique pour le domaine de la santé, de l'éducation, de l'économie, de la justice, de l'agronomie etc. Tout ceci participe à la modernisation de la langue c'est-à-dire à l'expression des concepts modernes par la langue.

L'effectivité de toutes ces actions de la viabilité de l'écriture de la langue kwá? repose sur certains facteurs sociopolitiques qu'il faudrait prendre en compte.

4.5.3. Les facteurs sociopolitiques à prendre en compte dans une post-standardisation

La prise en compte des facteurs sociologiques implique la considération du fonctionnement des comités des langues standardisées voisines. Ceci permettra de retenir les points forts qui favorisent le développement de ces langues. Elle permettra également de s'inspirer du modèle d'organisation et de fonctionnement de ces comités de langues voisines. Il est également à noter que le développement de la langue kwa' pourrait favoriser l'augmentation du poids économique de cette communauté linguistique, grâce aux recettes issues de la vente du matériel développé et produit, et grâce à l'organisation des classes d'alphabétisation fonctionnelle.

Pour y parvenir, les membres de la communauté regroupés en comité de développement de la langue doivent se faire accompagner par les pouvoirs publics. Sur la base de l'orientation politique développée au chapitre 3 concernant les prérequis pour une standardisation, plusieurs textes de lois, décrets et arrêtés favorisent cette implication du politique dans le maintien de la standardisation de la langue kwa'. Donc, les membres du comité de langue doivent émettre sans cesse le voeu d'être soutenus par leur collectivité territoriale décentralisée et les élus locaux de manière particulière dans leurs différentes activités de développement de la langue. Ces membres-là doivent également s'approcher des instances éducatives pour solliciter l'introduction de leur langue dans le système éducatif, d'o le rôle prépondérant du politique dans le maintien et la sauvegarde du programme de standardisation de la langue kwá?.

140

4.6. CONCLUSION

Il a été question dans ce chapitre pour nous de proposer un alphabet et des principes de lecture et d'écriture de la langue kw ?. Nous avons au préalable présenté les cinq (05) principes proposés par Williamson (1984) qui fondent une bonne orthographe. La fidélité, la cohérence, la commodité, l'harmonisation et la familiarité de l'orthographe sont ces principes en question. Sur la base des vérifications phonologiques, nous avons obtenu trente-un (31) lettres ou graphèmes et (04) tons tenant en compte des prononciations phonétiques. Ces graphèmes ont été proposés suivant les graphèmes de l'AGLC. En nous basant sur les habitudes scripturales des locuteurs kw ?, nous avons proposé l'ordre des lettres de l'alphabet fran ais et anglais auxquels ils sont familiers. Nous avons élaboré et proposé des principes orthographiques basés sur l'analyse phonologique et sur l'analyse morphologique, qui s'accommodent aux systèmes orthographiques de plusieurs communautés linguistiques au Cameroun. Ce système orthographique prend en compte la délimitation du mot dans la langue kwa'. Au vu de cela, nous avons identifié quelques facteurs sociologiques et politiques devraient être pris en compte pour le suivi et le maintien d'une bonne orthographe qui passent par une mise sur pied d'un comité de langue et une nécessité de la modernisation du lexique de la langue. En d'autres termes il s'agit des actions post-standardisation qui garantiraient la viabilité de la langue kwa' sur le plan écrit. Donc un projet de standardisation se doit d'être maintenu et suivi afin de garantir la pérennisation du processus de développement de la langue.

141

ON LUSION G N RALE

In fine, il a été question dans notre travail de faire un pas vers la standardisation de la langue kw ?, partant d'une esquisse morphologique. Pour y parvenir, nous avons proposé quelques principes qui permettront aux locuteurs kw ? de lire et d'écrire correctement leur langue. Nous sommes parti sur une base de la méthode structuraliste qui est descriptive et explicative. L'objectif principal de ce travail était d'étudier les éléments distinctifs et ceux significatifs afin de jeter les bases d'une standardisation.

En ce qui concernait l'analyse des unités distinctives, nous avons mené une analyse paradigmatique pour en distinguer les phonèmes (consonnes, voyelles et tons) des allophones et l'analyse syntagmatique nous a permis de déterminer les différentes structures syllabiques ainsi que les combinaisons possibles que l'on peut obtenir à partir des phonèmes retenus. La vérification de l'analyse paradigmatique nous a permis d'en ressortir cinq (05) tonèmes, seize (16) phonèmes vocaliques et vingt-sept (27) phonèmes consonantiques. Parlant de l'analyse syntagmatique, nous avons ressorti les syllabes de types monosyllabiques (V, CV, CVC, ), dissyllabiques ( CV.CV, CV.CVC, CVC.CV, CVC.CVC, CVC.V, .CVC) et les trisyllabiques ( CV.CV.CV, CV.CVC.V, CV.CV.CVC, CVC.CV.CV) et les tétrasyllabiques ( CV.CV.CV.CV, CVC.CV.CV.CV.). Nous avons également ressorti une distribution des tonèmes avec les monosyllabes, une distribution de la nasale homorganique et une distribution des voyelles et consonnes présentées dans des tableaux.

L'analyse des unités significatives a porté sur une esquisse de la morphologie nominale et verbale. Parlant de la morphologie nominale, l'analyse nous a révélé que le nominal dépendant kw ? est constitué d'un préfixe et d'un radical. Le préfixe marquant généralement le singulier ou le pluriel, donne lieu aux classes nominales. Nous avons fait ressortir six (06) classes reparties en cinq (05) genres (trois (03) genres reguliers et deux (02) irreguliers). En ce qui concerne le verbe, nous avons relevé que l'infinitif kw ? est composé d'un préfixe verbo-nominal invariable d -| et d'une base verbale. Pour ce qui est de la base verbale, elle est constituée d'un radical verbal et d'un suffixe verbal qui, généralement est une voyelle. La langue kw ? comporte sept (07) temps verbaux à savoir trois (03) passés, un (01) présent et trois (03) futurs. Nous avons pu inventorier trois (03) catégories d'aspects (inhérents, lexicalisés ou grammaticales et dérivés) qui se répartissent en deux (02) groupes dont les perfectifs et les imperfectifs. Quatre (04) modes ont été identifiés. L'infinitif qui est atemporel et impersonnel, l'indicatif, l'impératif et le conditionnel. Les marques de négation qui sont au nombre de 02 (deux) à savoir k - et k -| ont été relevées pour les modes infinitif, indicatif et impératif.

142

L'analyse des bases pour une standardisation a indiqué une homogénéité dans la manière de parler des locuteurs des différents cantons de la communauté kw ?. L'utilisation forte remarquable de la langue kw ? quotidiennement dans leurs activités et le voeu exprimé par les membres de la communauté kw ? de pouvoir apprendre à lire et à écrire leur langue et de voir celle-ci enseigner dans leurs écoles comme les langues voisines est significative pour développer un système d'écriture de cette langue. Une proposition d'alphabet a été faite. Pour faciliter une meilleure écriture et lecture, nous avons proposé quelques principes tonals, vocaliques, consonantiques et les principes de mots et phrases. En plus de cela, nous pouvons ajouter l'impérieuse nécessité de standardiser cette langue au regard de certaines critères qu'elle ne respecte pas. Car il s'agit d'une des actions encouragées par l'UNESCO pour la promotion de la diversité linguistique et le multilinguisme.

En dépit de la nature scientifique de ce travail, il s'agit juste d'un pas vers la standardisation au travers d'une esquisse de la morphologie de la langue.

Nos conclusions pourront faire l'objet d'une analyse plus approfondie de la morphologie (nominale et verbale) de certains points comme le groupe verbal, les extensions verbales et bien d'autres qui n'ont pas retenu notre attention. Aussi, l'analyse générative et autosegmentale de la tonologie et la morphophonologie pourront-elles contribuer de manière éfficiente à une orthographe complète de la langue kwa'.

D'autres recherches sont aussi très attendues dans la standardisation, car elle est un processus qui se doit d'être suivi de bout en bout et graduellement. Notons également que cette recherche n'est pas uniquement une contribution pour la langue kwa' mais une contribution pour l'étude des langues camerounaises en général.

143

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146

ANNEXES

1- Guide d'entretien

hème vers une standardisation du kw ? d'une esquisse morphologique à l'orthographe

GUIDE D'ENTRETIEN

I- IDENTIFICATION DU REPONDANT

1. Sexe

2. Age

3. Lieu de résidence actuel:

village/ville/canton/quartier

4. Profession

5. Niveau d'instruction

? Non scolarisé

? primaire

? Secondaire

? secondaire

? universitaire

6.

Langue maternelle du

père variante village

 
 

7.

Langue maternelle de la

mère variante village

 
 

8.

Langue maternelle de l'époux (se)

variante village

 
 
 

II-

QUESTIONNAIRE

 
 

1.

Saviez-vous qu'on peut lire et écrire en langue kw '?

oui

non

2.

Avez-vous déjà appris à lire et à écrire en langue kw '?

oui

non

3.

Aimeriez-vous lire et écrire en cette langue?

Oui

non

 

Pourquoi?

4.

147

Avec les personnes de quels villages parlez vous et vous comprenez mutuellement sans difficultés ?

5. Souhaiteriez-vous que votre langue soit enseignée dans vos écoles? Oui Non Et à défaut de votre langue, quelle(s) autre(s) langue(s)

camerounaise(s)

6. Votre langue n'est pas parlée de la même fa on dans tous les villages o les gens se comprennent : la variante de quel(s) village(s) peut-on choisir pour écrire les

livres ?

7. Quelle est la 2è variante qu'on peut choisir et qui peut aussi arranger tout le monde ?

148

2- Illustr tion de l'orthogr phe et des principes orthographiques

a- Texte 1 : conte 1

Le texte que nous présentons ci-dessous est un extrait d'un conte recueilli auprès d'un informateur kwa'. Il nous permet ainsi de nous exercer tout en montrant aux autres comment écrire et lire la langue kwa' en respectant les règles proposées.

Dans notre texte, la présentation est de mise. La première ligne est la transcription phonétique, la deuxième ligne est la transcription phonémique, la troisième correspond à la forme orthographique et la dernière est une traduction littérale. La traduction dynamique sera donnée en un bloc de texte à la fin.

nsi

sùhû

mb5

mbj-ép]

nsi

sùhû

mb5

mbj-ép /

nsi

sùhu

mb3

mby-ép.

eau

se laver

avec

mari

poss pl.

[J5mk tt] /j 5mkùtt/ Y5mk tt Conte

[ 15rj mb 5-rjkh ti rjg5 tsjkt]

/15rj mb 5-rjkh ti rjg5 tsjkt/

c3rj mb 5-rjkh u rjg5 tsyct

Histoire pl.enfant fille trois

[mb 5-rjkh rjg5 tsjkt yô m è

/ mb 5-rjkh rjg5 tsjkt yô mè

Mb 5-rjkh u rjg5 tsyct ghô m è

pl.enfant fille trois partir prep

[rjkû mè nsi b5 j 66 mbàrjmbi]

/rjkû mè nsi b5 j 66 mbàrjmbi/

IJkû mè nsi b m jøø mb àrjmbi

Arrivés prep eau ils voir noix de palmiste

[ji b5 1 b é sG?û mbé nsi]

/ji b5 1 b é sG?û mbé nsi/

yi

b m 1 cbc su?u mbé nsi.

Rel on presser verser côté eau

149

[mbèwôlô l 3 h 3 j i lùhù nd3 i tf a m mb àr j]

/mbèwôlô l 3 h 3 j i lùhù nd3 i tf a m mb àr j/

Mbèwôlô l 3h 3 yi lùhù nji c a m mb àr j.

Chacune prendre poss pierre prep casser palmiste

[kittx? sq mb 3 mbyànd36 b 3 tf a m pf3 t3 ? mb àr j]

/ kittx? sq mb 3 mbyànd3 t b 3 tf a m pf3 t3 ? mb àr j/

Kitu'so mb 3 Mbyànju b 3 c am pf3 t3' mb àrj

Kitouseu conj. Mbiandju elles casser rond palmiste

[mb a fÉ lû mbj-ép]

/mb a fÉ lû mbj- 43/

mb a fe lû mby-ép

Conj. donner fiancé poss pl.

[j àrjg 3 tf a m mbi pf3 t3 ? mb àrj ki pfitt]

/j àrjg3 tf a m mbi pf3 t3 ? mb àrj ki pfitt/

Yârjg 3 c am mbi pf3 t3' mb àrj ki pfut

Yango casser poss rond palmiste conj manger

[kittx? sq mb 3 mbyànd36 b 3 pftxl É mbà kétmbi mb àr j]

/kittx? sq mb 3 mbyànd36 b 3 pftxl É mbà kétmbi mb àr j/

Kitu' so mb 3 Mbyànju b 3 pfulc mbàket mbi mb àrj

Kitouseu conj. Mbiandju elles manger morceau seul palmiste

[Jârjg 3 fé mbàkét mb àrj mb tx ndtx-mi]

/ Jârjg 3 fé mbàkét mb àrj mb tx ndtx-mi/

yârjg3 fe mbàket mb àrj mbu ndu-mi

Yango donner morceau palmiste prep fiancé poss.

[tàm b 3 m ihi dipftit mb àr j]

/tàm b 3 m ihi dipftit mb àr j/

Tàm b 3 mihi dipfut mb àr j,

Moment ils finir manger palmiste

[b 3 t3 ? distx ,pi nèp]

/b 3 t3 ? distx ,pi nèp/

b 3 t3' disu nyi nèp.

ils commencer laver corps poss

[tà? j tx sâ?kàrj m a pùtm v m3 nsi]

/ tà? j tx sâ?kàrj m a pùtm v m3 nsi/

Tà' yu sa'kàrj manyùtm vu m3 nsi.

Une chose sortir ciel tomber prep eau

n

150

k ? mb mb n? ? ?- p k

n k ? mb mb n? ? ?- p k

' mb b nj ? ' p k i.

Fiancé Kituseu conj Mbiandju soulever elle fuir avec

n j ?g ? - m n k

n j ?g ? - m n k
?g ny -i m n kø.

Fiancé yango laisser elle prep eau fuir

m j b l m k ? n p]

m j b l m k ? n p/

b l m k ?i n p

Quelq ' n rel cacher observer eux

[t ? j p k /t ? j p k t ' diy p k

Commencer chanter chant

j ?g mbj n? m j n

j ?g mbj n? m j n

?g su b nj m j n

Yango ami Mbiandju mayanaaa

j ?g k ? m j n

j ?g k ? m j n

?g su ' m n

Yango ami Kituseu mayanaaa

j ?g pf t pf t ? pf t ? l l j

j ?g pf t pf t ? pf t ? l l j

?g pf t pf t ' pf t ' l l i

Yango manger rond rond avaler elle ayaaa

151

Conte : L'histoire de trois jeunes filles

Trois jeunes filles partaient au marigot se laver avec leurs fiancés. Arrivés au marigot, elles ont vu les noix de palmiste qu'on avait pressé et versé au bord de l'eau. Chacune a pris sa pierre pour casser les noix. Kitouseu et Mbiandju ont cassé les palmistes tout ronds et les ont donnés à leurs fiancés. Yango a cassé les palmistes tout ronds et a mangé. Kitouseu et Mbiandju ont mangé uniquement les palmistes concassés tandis que Yango a donné des palmistes concassés à son fiancé. Lorsqu'ils ont fini de manger, ils ont commencé à se laver. Soudain, quelque chose d'étrange provenant du ciel tomba dans l'eau. Les fiancés de Kitouseu et de Mbiandju les portèrent et s'enfuyèrent avec elles. Le fiancé de Yango abandonna celle-ci et s'enfuya. Celle-ci fut avalée par cette chose. Quelqu'un qui était caché et les observait se mit à chanter :

Yango, amie de Mbiandju mayanaaa

Yango, amie de Kituseu mayanaaa

Yango a mangé les palmistes tout ronds et ceux-ci l'ont avalé ayaaa

152

b- Liste de mots illustratifs

baanz « poche »

bà? « Échange »

bebè « Chenille »

d b macè dib ? dic? '?

« guêpe »

« être pauvre »
« Décortiquer »

b l? l?

« Canard »

dicèle

« Enlever du sol »

bin

« Danse »

dic

« Empoisonner »

b '

« Igname »

dic 'u

« creuser »

b 'd baabaa

« Margouillat »

dic '

« creuser »

c? p

« Chat tigre »

dicuhi

« Picorer »

cim??kw? ? '

« Tortue »

dicuhu

« Mordre »

citàà

« Grillon »

dicw? li

« cirer »

c

« Poison »

difand

« Forêt »

d bà'

« Tabac »

dif?

« prêter »

dibà'a

« Rendre »

dif? l

« Écorcher »

dibà'a

« tisser »

dif?

« donner »

dibà'i

« balayer »

dif?

« offrir »

dibe

« Perdre »

difèl?

« Voler »

dibèle

« Pousser »

dif hi

« Enterrer »

d b? m

« Grenouille »

difini

« Vendre »

dibimi

« Accepter »

diføhø

« Souffler »

dibu'gh ?

« sonner »

dighà?a

« refuser »

dibu'u

« Jouer »

digh m

« Prier »

dib hu

« Aboyer »

digh yènè

« voyager »

153

digh

« Avoir »

dinya'i

« Espionner »

digh

« faire »

diny n?

« Danser »

digh njè

« avoir besoin »

di?a't se

« décharger »

dikamb?

« Varan »

dis ?a

« Détruire »

d k?t

« barrage de poisson »

dis s

« ciseaux »

dik? b?

« cueillir »

d s

« Roseau »

dik?l?

« Charger »

d s '

« Hibou »

dikh

« fuir »

dis 'u

« laver »

dik '

« Éclore »

dis ?u

« mener »

dik hu

« Obtenir »

dità'a

« Chasser »

dikwà'i

« Caqueter »

dita'y ?

« faire la chasse »

dilàa

« Pleurer »

dita?a

« Marchander »

dil?h?

« Dessiner »

dit???

« Chanter »

dil '

« cultiver »

dit???

« Siffler »

diletan

« Louer »

dit m

« coudre »

dil?m?

« Blesser »

dit ?

« Attacher »

dil '

« Esquiver »

ditøø

« Défricher »

dinà

« Fête »

ditu

« envoyer »

d n

« Herbes »

dit 'u

« puiser »

d nàà

« ordure »

divi

« égorger »

dina?nd?

« Épouser »

diwèle

« semer »

din? bi

« réparer »

diya'a

« traverser »

dinj bi

« vaincre »

diy?b?

« Chanter »

154

diy?b?

« Atterrir »

kwè

« Chanson »

diyu

« acheter »

lamas

« Citron »

fà'

« travail »

lamoÌ

« lampe »

f? t

« Bouc »

l ?

« chaise »

feh

« paix »

l l

« Chauve À souris »

f nyw?

« Vipère »

lu?

« Musique »

fyè

« Tombe »

matà

« natte »

gh m

« Vénération

m bà?

« Mûr »

gh ?

« clocher »

mbà?

« Noyau »

hamà

« marteau »

mbê

« couteau »

ka

« Pangolin »

mb? b?

« Aile »

kaant? t

« crabe »

mb? pns

« Poisson »

kààsi?ga

« Manioc »

mbi

« Noix de palme »

kàfe

« Café »

mb nmb n

« Cafard »

kakù

« charge »

mb

« cauris »

kànù

« Pirogue »

mbu'

« Épervier »

ket

« Lieu »

mbunja

« filet de pêche »

k??n k ?

« Caméléon »

m bù? ù

« Gésier »

kùbàngàn

« Crocodile »

m bùù

« OEufs

kùmik? t

« Riz »

mbùùnji'

« Mangouste »

künd?

« lit »

m?nd?

« Adultère »

kw? '

« Épi »

mfa?

« Pas animal »

kw? ?

« Flèche »

mf? ?

« Taureau »

155

mf

« Cadavre »

nj ?

« prix »

m f

« Plumes »

jw?

« Dette »

mf t

« Moustique »

t?

« aiguille »

m n?'

« Trompe »

nt?

« épée »

mvi

« Chèvre »

ntsy? ??

« Ver de terre »

mv

« Chien »

n tà'

« Banane »

c? p

« Fétiche »

nyà'

« Aubergine »

nc bi

« Griffe »

nyàà

« Animal »

nci

« bois »

nyààl ?

« Cheval »

c t

« Pousse-pousse »

ny?t

« Buffle »

cw?

« Guerre »

nyi

« machette »

nda'à

« cadeau »

nywoÌ

« Serpent »

nd? ?

« Malédiction »

?gaa

« Fusil »

nd? ?

« Corne »

?g p

« Poule »

nd? ?

« Paresseux »

?goÌfu

« Maiis »

nd? ?gw?'

« Termitière »

?g p

« Peau »

nd? p

« fil »

?gwabà

« Goyave »

nd

« Liane »

?gwa?

« Chique »

nja

« hache »

? gw y

« Lion »

nja'

« Sésame »

?gwó'

« Termite »

nja?

« Balafon »

?gw?

« Jeu »

nj??

« Épine »

?gw? ?

« Sillule »

nji

« tissus »

? gw? ? ns ns

« Lézard »

156

y ' « piège »

?gwèn « Aigle »

?kànà « Nid »

?k?p « Argent »

? k tu' « Soldat »

? k n « Queue »

p? p? « Papaye »

p si « Chat »

s? ? « scie »

se « Dieu »

s?? « Oiseau »

sufà' « houe »

susà?nt?? « Piment »

t « appât »

tà'à « Escargot »

t? nd? « clou »

tehenj « Carrefour »

toÌmatoÌ « Tomate »

t « Arbre »

t ' « Crapaud »

t n « Fer »

v « Deuil »

yènè « Voyage »

yit « champ »

157

3- Corpus de mots pour une analyse comparative

No kwaì? m? d mb ndà?ndà? gloses

1 künd? K nd K nd3 lit

2 l ? nd3 ? nd3ó? chaise

3 l ámô l ámbù l ámbù lampe

4 fà2 f 2 fà2 travail

5 hámà hámà hámà marteau

6 nd3 á j nd3ô hache

7 d s ãs s sàs s sàs ciseaux

8 d t m n tám n táp coudre

9 nd? p nd p ndèp fil

10 b nz b nzw bj nzw poche

11 d bà2 á n b 2 n bà2à tisser

12 d bà n b 2nd n b 2ns balayer

13 d sù2û n s? 2ó n sùhû laver

14 d t?ù û n tsw 2 n tsùhû creuser

15 d l 2 n nd3 2 n z 2 cultiver

16 d wèlé n w l n t? semer

17 d k? b? n káp n káp cueillir

18 d sù? û n s 2 n sô2 emmener

19 d tá2j ù? n tá2j? ? n tá2j ù? faire la chasse

20 t? kyèp kyàp poison

21 mbé mb mb couteau

22 mbûnd3 á mbûnd3 á mbûnd3 á filet de pèche

23 j w 2 3ô2 piège

24 d kh n kx n kxö fuir

25 d v n wàl n w égorger

26 d nd3è n d3 p n t? ? avoir besoin

27 d f? n f n há donner

28 d b ? n bwó? n bû? être pauvre

158

29 mb mb mb cauris

30 d j û n ? n n j û acheter

31 nd?ù? nd?? ? nd?ù? prix

32 ndá?à nd ? ndà?à cadeau

33 d fó n f n x prêter

34 d f? n kù n kù offrir

35 d à? á n h? n á? refuser

36 d jènè n n nwákà n hàwákà voyager

37 d j á á n j á? á n j á? á traverser

38 d tû n t?ûm n t? p envoyer

39 kákù kákù kákù charge

40 d ? á?t sé n t s n t?w sé décharger

41 féh káp káp paix

42 d nd? b n ? n zó vaincre

43 nt? mb f? mb fà? épée

44 mátà mátà mátà natte

45 ? ?w? ?wá? cloche

46 d bû? ? n bù??w? n bù??wá? sonner

47 d n n faire

48 d n? b n nàpt n nàps réparer

49 nt? t?w? n kx bois

50 d t? ? n tsw? ?ó n tswù? û ouvrir

51 s? ? s s scie

52 t? nd? ? loÌ ? lù clou

53 ñt? nt nt aiguille

54 n? nzw nz tissus

55 nd? t?wèl n ts ?t n t?wés cirer

56 d tù?û n t?ù? û n tù?û puiser

57 d nàà ndoÌt l ndoÌt? ordure

58 j t khwèt gbw champ

59 d t n t nd n ?woÌs défricher

159

60 s fà? s fà? s fà? houe

61 ? ?w ? machette

62 d t?? ?? n k pt n k ps décortiquer

63 d t?èlé n t? ? n t?? ?? enlever du sol

64 d t ? n pf l n kw l attacher

65 d tà? n tà? n tà? chasser

66 kw? ? k k? ? flèche

67 t n t? ? t fer

68 d l ? n l ? n d?oÌ? esquiver

69 d l m n mà?f ? n l ?n blesser

70 d f? l n f l n f écorcher

71 d n n avoir

72 d bà? n b ? n bà? rendre

73 ?k? p ?k p ?k p argent

74 bà? b? nd b ?s échange

75 d f n n s n n sw vendre

76 d t ? n t? n t ? marchander

77 d lét n n l n n l n louer

78 d?w? nd? nd? dette

79 d b m n b m n b p accepter

80 jènè w kà w kà voyage

81 d bé n b n b perdre

82 téhén? kàréf t kàréf t carrefour

83 kàn t? t? m ? t? t? mà? pirogue

84 d k? l? n t n ? charger

85 d f nd b ? b ? foret

86 t?w? nt? nt? guerre

87 ? k t ? ?g t? ? ?g t? ? soldat

88 d ? ? n ?à? n ?à? espionner

89 ?g ?g ?g fusil

90 d s ? n s? nd n s ?s détruire

160

91 d j? b? n j p n j p chanter

92 d t? ?? n t f n n t? ?f siffler

93 d ? n n ? ?s? n ? ?s ? danser

94 d b ? n s? n s ? jouer

95 d l? h? n l ? n ?wà? dessiner

96 d b? h n k p n kx p tailler

97 d bà? nd bà? d bà? tabac

98 sé ns ns dieu

99 d t? n kx p n kxàp empoisonner

100 d nà t? ?nd t? ?ns fête

101 m? nd? m? nd m nj adultère

102 d là? n kxà? n kwà? pleurer

103 l ? l? ? l ? musique

104 mf pf pf cadavre

105 fj? f f tombe

106 mf? ? mf? ? mf? ? taureau

107 f? t mb pbr mb pnzw bouc

108 b l? l? nd? ?fàw nd? ?fàw canard

109 ?ààl ? ? nd? ? ?? nd?? ? cheval

110 p s b s b ? chat

111 t?? p t?w? t b ? chat tigre

112 mb nd? ? nd?àd ? nd?àd h mangouste

113 ?gw j ?gw j ?gw j lion

114 nd? ? nd nd? ? corne

115 nd? ? nd nd? ?? paresseux

116 nd? b h n bàp n bàp aboyer

117 s ? s ? s ? oiseau

118 nd? s ? mbh ? nz ? hibou

119 mb ? sà?mb ? sà?mb ? épervier

120 m f f f plumes

121 m b ? ?gwàlà? ?gwàlà? gésier

161

122 m bùù mb m mb p oeufs

123 d fèl? n f l n f voler

124 d kwà2 n kwà2d n kwà2s caqueter

125 d t?ûh n t?? 2d n t?? 2s picorer

126 mb? ps mbàps mbàps poisson

127 káá t? t káánt t kóóndù crabe

128 tà2à tà2 át?ó? tà2 áts û? escargot

129 f ?w? sw ?û swé?û vipère

130 ? gw? ? ns ns ?gwoÌns s ?gwoÌns s lézard

131 k ?n k ? kù2t?w ? koÌ2t?wá? caméléon

132 tù2 mb tù2 mb tù2 crapaud

133 t? mèk? 2 t?ûmàkù2 t? màk? 2 tortue

134 kwè kh t? chanson

135 b n s? s á? danse

136 nd? á? nd? á? nd? á? balafon

137 d f h ] n fj 2 n f? hó souffler

138 ?gw? ? s? s á? jeu

139 d m n t?à2d n t?à2s prier

140 t?èp ?kj p ?kjàp fétiche

141 nd? ? ndù ndù malédiction

142 d ná?ndè n n? nd n ná?nd? épouser

143 v v v deuil

144 d f h n t?w? ? n t ? enterrer

145 ?àà ? ?? animal

146 mv mbr nzw chèvre

147 ?g p ?g p ?gûp poule

148 mv mbr mv chien

149 ?? t ?? t? ?? t?? buffle

150 ká k? 2 káhá pangolin

151 l l nd nd 2 nd nd 2 chauve-souris

152 ?gùp ?gùp ?gùb peau

162

153 ? kùnù kw n ?k queue

154 ?gwèn nzw mbû2 nd? mbû2 aigle

155 mb? b? mb ãp mb ãb aile

156 nt? b kx p kàb griffe

157 ?kànà k kâ nid

158 d j? b? n jàb n jàb atterrir

159 d tó?ó n j ûp n j p chantonner

160 d k 2 n k 2 n kx? 2ó éclore

161 ? gw? ? ?g ns ?g ns silure

162 ?woÌ ?û ?û serpent

163 bù2d b ááb áá bù2l b áb á2 bù2l b áb á2 margouillard

164 d kámb? ?ûkxùkwà ?ûkx kwà varan

165 d b? m m t?ù2 mb tù2 grenouille

166 d t?ûhû n t?ókó n t?ùhû mordre

167 mb nmb n mb? mb? n nzw nzw cafard

168 ?gwó2 t? 2?gû2 t? 2?gó2 termite

169 ?gwá? ?gw? ?gwá? chique

170 t? tàà s tâ s tâ grillon

171 bébè mb b t ? hè chenille

172 ntsj? ?ó nt t nt?woÌ2 nt t nt?woÌ2 ver de terre

173 mf t mûsk tù mùsk toÌ moustique

174 d bùmát?è hàmàkáká hàmàkáká guêpe

175 nd? ?gwó2 bà2t? 2?gû2 bà2 át? 2?gó2 termitière

176 t t? t? t? arbre

177 nd? nàà n nâ ? mj â herbes

178 d sù ?ká2n s? ? ?ká2? ?? ? roseau

179 nd?ó? nd? nd?ó? épine

180 nd l nd?oÌ liane

181 mbà? mbè mbà? noyau

182 kw? 2 kù2 koÌ2 épi

183 nùtá2 bànànà bànànà banane

163

184 l m s l m s l m s citron

185 p? p? p? p? p? p? papaye

186 toÌm toÌ toÌm toÌ toÌm t tomate

187 s sà?nt? ? s? ? s piment

188 ?à? ? ? ? ? aubergine

189 kààs ?g kàs là? kàs là manioc

190 b ? b ? k ? igname

191 ?goÌf ?g f t ?goÌf maïs

192 k m k? t pf nm kàl k m k? l riz

193 nd? ? mb bjoÌ? mb bjoÌ? sésame

194 mb mb? mbà? noix de palme

195 kàfé kàfé kàfé café

196 d bèlé n t? n n t? pousser

197 m bà? mb ?nd nb ?nd? mûr

198 két nd? ? nz ? lieu

199 nd nd maison maison

200 kw? kwà kwà quatre

164

TABLE DES MATIERES

DÉDICACE i

REMERCIEMENTS ii

LISTE DES TABLEAUX iii

LISTE DES CARTES v

LISTE DES PHOTOGRAPHIES v

SIGNES CONVENTIONNELS ET ABREVIATIONS vi

R SUM viii

ABSTRACT ix

INTRODU TION G N RALE 1

1. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 1

2. PRO L MATIQUE 2

3. L'O JETIF PRIN IPAL DE LA RE HER HE 3

4. OBJECTIFS SECONDAIRES DE LA RECHERCHE 3

5. QUESTIONS DE RECHERCHE 4

6. CADRE TH ORIQUE 4

7. CADRE MÉTHODOLOGIQUE 5

7.1.1. L'enqu te p r le questionn ire d'enqu te linguistique extensive 5

7.1.2. L'enqu te p r le guide d'entretien 6

7.1.3. Les informateurs 7

8. RÉVUE DE LA LITTÉRATURE 7

9. SITUATION G O-LINGUISTIQUE DE LA LANGUE 10

9.1. Cartes linguistiques 10

9.1.1. Carte linguistique régionale 10

9.1.2. La carte linguistique départementale 12

10. APERCU HISTORIQUE 13

11. SITUATION SOCIO-CULTURELLE 13

12.

165

SITUATION ÉCONOMIQUE 14

13. CLASSIFI ATION LINGUISTIQUE DU KWAì? 14

14. PLAN DU CONTENU 16

PREMIÈRE PARTIE : QUELQUES ÉLÉMENTS DE LA GRAMMAIRE 17

CHAPITRE 1 : RAPPEL PHONOLOGIQUE 19

1.1. L'ANALYSE PARADIGMATIQUE 19

1.1.1. Vérification phonologique 19

1.1.1.1. Les phonèmes consonantiques 19

1.1.1.2. Les phonèmes vocaliques 20

1.1.1.3. Les tonèmes 21

1.1.3. Propositions issues de nos données 21

1.1.3.1. Interprétation des séquences ambiguës 21

1.1.3.1.1. Consonnes prénasalisées 22

1.1.3.1.2. Les séquences vocaliques 22

1.1.4. Quelques observ tions sur les résult ts de l'étude ntérieure 24

1.1.4.1. Au niveau des phonèmes consonantiques 24

1.1.4.1.1. Les phonèmes /p/ /g?/ /?/ /kf/ /x/ 25

1.1.4.1.2. Les phonèmes /?/, /pf/, /bv/, /?/ 25

1.1.4.1.3. Le phonème /?/ 26

1.1.4.1.4. Le phonème /pf/ 26

1.1.4.1.5. Le phonème /bv/ 26

1.1.4.1.6. Le phonème /?/ 27

1.1.4.2. Au niveau des phonèmes vocaliques 27

1.1.4.2.1. Les phonèmes /?/, /o/, /??/, /?/et /??/ 27

1.1.4.2.2. Le phonème /?/ 28

1.1.4.2.3. Le phonème /??/ 28

1.1.4.3. Au niveau des tonèmes 28

1.1.5. Conclusion 30

166

1.2. L'ANALYSE SYNTAGMATIQUE 31

1.2.2. La syllabe 31

1.2.3. Les structures syllabiques 34

1.2.3.1. Les structures des mots monosyllabiques 34

1.2.3.1.1. La structure V 35

1.2.3.1.2. La structure CV 35

1.2.3.1.3. La structure CVC 35

1.2.3.2. Les structures dissyllabiques 36

1.2.3.2.1. La structure CV.CV 36

1.2.3.2.2. La structure CV.CVC 36

1.2.3.2.3. La structure CVC.CV 37

1.2.3.2.4. La structure CVC.CVC 37

1.2.3.2.5. La structure CVC.V 37

L structure V et V 38

1.2.3.3. Les structures trisyllabiques 39

1.2.3.3.1. La structure CV.CV.CV 39

1.2.3.3.2. La structure CV.CVC.V 39

1.2.3.3.3. La structure CVC.CV.CV 40

1.2.3.3.4. La structure CV.CV.CVC 40

1.2.3.4. Les structures tétrasyllabiques 40

1.2.3.4.1. La structure CV.CV.CV.CV 40

1.2.3.4.2. La structure CVC.CV.CV.CV 41

1.2.4. L distribution des phon mes et ton mes d ns les structures syll biques 41

1.2.4.1. La distribution des tonèmes 41

1.2.4.1.1. La structure V 42

1.2.4.1.2. La structure CV 42

1.2.4.1.3. La structure CVC 42

1.2.4.2. La distribution des phonèmes vocaliques 43

167

1.2.4.3. L distribution de l n s le homorg nique syll bique 44

1.2.4.4. La distribution des phonèmes consonantiques 44

1.2.5. Conclusion 48

CHAPITRE 2 : ESQUISSE DE LA MORPHOLOGIE NOMINALE ET VERBALE 49

2.1. INTRODUCTION 49

2.2. MORPHOLOGIE NOMINALE 49

2.2.1. Le nominal indépendant 49

2.2.1.1. Structure du nomin l indépend nt kwaì? 50

2.2.1.1.1. Le préfixe du nominal indépendant 50

2.2.1.1.2. Le th me du nomin l indépend nt kwaì? 53

2.2.1.2. Structure syll bique des th mes des nomin ux kwaì? 53

2.2.1.2.1. Les thèmes monosyllabiques 53

2.2.1.2.2. Les thèmes dissyllabiques 54

2.2.1.2.3. Les thèmes trisyllabiques 55

2.2.1.3. Structure tonale des radicaux nominaux 55

2.2.1.3.1. Les monosyllabes 56

2.2.1.3.2. Les dissyllabes 57

2.2.1.3.3. Les trisyllabes 58

2.2.1.4. Les préfixes nominaux du kwá? 58

2.2.1.5. Classes nominales 61

2.2.1.5.1. Classe 1 61

2.2.1.5.2. Classe 2 61

2.2.1.5.3. Classe 3 62

2.2.1.5.4. Classe 4 62

2.2.1.5.5. Classe 5 63

2.2.1.5.6. Classe 6 63

2.2.1.6. Genres en kwaì? 67

2.2.1.6.1. Genres reguliers 68

168

2.2.1.6.2. Genres irréguliers 69

2.2.1.6.3. Monoclasses 69

2.2.2. Processus d'enrichissement du lexique kwaì? 71

2.2.2.1. La composition 71

2.2.2.2. La réduplication 73

2.2.2.3. Les subst ntifs d'emprunt 74

2.2.3. Le nominal dépendant 75

2.2.3.1. Les djectifs de l l ngue kwaì? 75

2.2.3.1.1. L' djectif possessif 75

2.2.3.1.2. Les adjectifs démonstratifs 77

2.2.3.2. Les quantitatifs de l l ngue kwaì? 79

2.2.3.3. Les pronoms de l l ngue kwaì? 80

2.2.3.3.1. Les pronoms personnels 80

2.2.3.3.2. Les relativiseurs 83

2.2.3.4. Les numéraux et les interrogatifs 83

2.2.3.4.1. Les numéraux cardinaux 84

2.2.3.4.2. Les numéraux ordinaux 85

2.2.3.5. Les interrogatifs 87

2.3. MORPHOLOGIE VERBALE 88

2.3.3. L'infinitif du verbe kwaì? 88

2.3.4. La base verbale 90

2.3.5. Les différents temps et leurs marques 91

2.3.5.1. Le temps passé 91

2.3.5.1.1. Le passé 1 (PST1) 91

2.3.5.1.2. Le passé 2 (PST2) 92

2.3.5.1.3. Le passé 3 (PST3) 92

2.3.5.2. Le temps présent 93

2.3.5.3. Le temps futur 93

169

2.3.5.3.1. Le futur 1 (FUT1) 94

2.3.5.3.2. Le futur 2 (FUT2) 94

2.3.5.3.3. Le futur 3 (FUT3) 94

2.3.6. L' spect en kwaì? 95

2.3.6.1. Les aspects inhérents 95

2.3.6.2. Les aspects grammaticalisés 96

2.3.6.2.1. L'incho tif 96

2.3.6.2.2. Le complétif 97

2.3.6.3. Les aspects dérivés 97

2.3.6.3.1. Le perfectif 97

2.3.6.3.2. L'imperfectif 98

2.3.7. Les modes 99

2.3.7.1. Le mode infinitif 99

2.3.7.2. Le mode indicatif 100

2.3.7.3. Le mode impératif 101

2.3.7.4. Le mode conditionnel 101

2.3.8. La négation 102

2.3.8.1. L nég tion à l'infinitif 102

2.3.8.2. L nég tion à l'indic tif 103

2.3.8.3. L nég tion à l'impér tif 103

2.4. CONCLUSION 104

DEUXIEME PARTIE : LES PERSPE TIVES DE LA STANDARDISATION DE LA LANGUE

KWAì? 105

HAPITRE : LES PRELIMINAIRES POUR UNE STANDARDISATION DE LA LANGUE

KWAì? 107

3.1. INTRODUCTION 107

3.2. PREREQUIS POUR UNE STANDARDISATION DU KWAì? 107

3.2.1. La situation dialectale 108

3.2.2. L présence d'un bilinguisme 109

170

3.2.3. Le nombre de locuteurs 109

3.2.4. Le besoin apparent de communication écrite dans la langue considérée 110

3.2.5. L'eng gement des locuteurs d ns l standardisation de leur langue 111

3.2.6. L'existence d'une gence de st nd rdis tion 111

3.2.7. La vitalité de la langue sous la forme écrite 112

3.2.7.1. L'utilis tion de l l ngue u sein de l commun uté 112

3.2.7.2. L'utilis tion de l l ngue u sein de l commun uté religieuse 112

3.2.8. Dialecte de référence pour la forme écrite de la langue 113

3.2.9. La migration 114

3.2.10. Les facteurs socio-économiques 115

3.2.11. L'orient tion politique 115

3.3. TEST LEXICO-STATISTIQUE AVEC LES LANGUES VOISINES 116

3.4. CONCLUSION 123

HAPITRE : ALPHA ET ET PRIN IPES ORTHOGRAPHIQUES DU KWAì? 124

4.1. INTRODUCTION 124

4.2. LES QUALIT S D'UNE ONNE ORTHOGRAPHE 124

4.2.1. La fidélité 125

4.2.2. La cohérence 125

4.2.3. La commodité 125

4.2.4. L'h rmonis tion 125

4.2.5. La familiarité 126

4.3. L'ALPHA ET KWAì? 126

4.4. LES PRINCIPES ORTHOGRAPHIQUES 128

4.4.1. Principes orthographiques des tons 129

4.4.2. Principes orthographiques des consonnes 130

4.4.3. Principes orthographiques des voyelles 131

4.4.4. Principes de délimitation des mots 132

4.4.4.1. Les nominaux 133

171

4.4.4.1.1. Les substantifs canoniques et dérivés 133

4.4.4.1.2. Les déterminants 133

4.4.4.1.3. Les procédés de formation de nouveaux mots 134

4.4.4.1.4. Les classes nominales 135

4.4.4.2. Les verbaux 135

4.4.4.2.1. Les marqueurs spatio-temporels 136

4.4.4.2.2. Les marqueurs de la négation 136

4.3.5. Principes de ponctuation 137

4.5. DE LA VIA ILIT DE L' RITURE STANDARD DU KWÁ? 137

4.5.1. De l mise sur pied d'un comité de l ngue : sa fonction et son fonctionnement 137

4.5.2. De la nécessité de la modernisation du stock lexical de la langue 138

4.5.3. Les facteurs sociopolitiques à prendre en compte dans une post-standardisation 139

4.6. CONCLUSION 140

ON LUSION G N RALE 141

R F REN ES I LIOGRAPHIQUES 143

ANNEXES 146

1- Guide d'entretien 146

2- Illustr tion de l'orthogr phe et des principes orthogr phiques 148

a- Texte 1 : conte 1 148

b- Liste de mots illustratifs 152

3- Corpus de mots pour une analyse comparative 157

TABLE DES MATIERES 164






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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle