3.6. Les problèmes liés à la
production agricole d'agro-business
Ils sont liés à la qualité des intrants,
à leurs coûts élevés, à la formation des
acteurs agricoles d'agro-business. Ces différents problèmes
permettront aussi de caractériser l'agrobusiness pratiqué au
Sourou.
3.6.1. Les problèmes liés à la
qualité des intrants
Il s'agit de la mauvaise qualité des engrais et des
semences. Ces problèmes concernent respectivement 7,7% et 23,1% des
agro-businessmen. La provenance des intrants et leur coût sont les
principales causes. En effet, les agro-businessmen se ravitaillent le plus
souvent sur les marchés de Bobo- Dioulasso, Ouagadougou et sur les
marchés des pays voisins (Mali, Niger, Côte d'Ivoire, Ghana) et en
France. La qualité de ces intrants est difficilement vérifiable
car il n'y a pas non seulement de service qualité mais aussi ils sont
laissés à eux-mêmes. Chaque agro-businessman gère
cette question à sa manière. Pourtant, ils ne sont pas à
l'abri des sanctions à l'article 5 du protocole d'accord en cas
d'utilisation d'intrants de mauvaise qualité. On retient ceci :
« En cas d'utilisation avérée d'intrants prohibés
; l'AMVS, pourra à titre des clauses résolutoires à toute
campagne agricole retirer la parcelle d'exploitation » (p. 5). Pour
ce qui est du coût comme facteur influençant la qualité des
intrants, il est lié à la provenance. Les prix ne sont pas
harmonisés sur les différents marchés. Pendant que le
kilogramme d'oignon coûte 50 000 FCFA avec l'AMVS,
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à l'extérieur, la boîte de 100 g vaut 25
000 FCFA. La semence de maïs généralement provenant de
l'INERA a un prix variant de 1 000 à 2 000 FCFA/ kg. Les engrais
(urée et NPK) coûtent entre 12 500 à 15 000 FCFA. Au regard
de ces prix les agro-businessmen peuvent être amenés à
utiliser des engrais de mauvaise qualité.
3.6.2. Les problèmes financiers
Les coûts élevés des intrants, de la
redevance eau, de la location des tracteurs sont les principales causes. Les
agro- businessmen concernés dans cet ordre sont de 53,8% ; 7,7% et 23,1%
des effectifs totaux. Pour ce qui est des intrants, le protocole d'accord
stipule en son article 3 :«l'exploitant s'engage à disposer des
intrants nécessaires avant le démarrage de chaque campagne...
». Or leur coût est élevé. Il leur faut
dépenser entre 5 à 15 millions de FCFA en dépenses engrais
pour une quantité comprise entre 20 à 50 tonnes. Dans ce cas, la
satisfaction des besoins des sols et des plantes sera difficile. Quant à
la redevance eau, elle est chère selon 7,7% des agro-businessmen. Ce
problème concerne surtout ceux qui exploitent de grandes superficies. En
effet, cette redevance est de 80 000 FCFA / ha en campagne humide et 142 285
FCFA / ha en campagne sèche. Pour des superficies variant de 10 à
100 ha, les dépenses vont varier dans cet ordre. Pourtant, cette
redevance ne se paie pas par tranche mais en totalité peu importe les
résultats de la campagne agricole. Selon les clauses résolutoires
du protocole d'accord notamment à son l'article 3, il ressort : «
l'exploitant doit s'engager à payer la totalité des
redevances avant le démarrage de chaque campagne » (p.3).
Alors si cet article n'est pas respecté, les agro- businessmen
s'exposent à des problèmes d'eau. Un des responsable de l'AMVS
est plus clair : « Au niveau des opérateurs privés, eux,
il n'y a pas de demi-mesure. Ce sont les affaires. C'est simple. On peut couper
l'eau en pleine campagne puisqu'il n'y a pas d'autres moyens de pression.
».
Les problèmes financiers son consécutifs aux
fluctuations des prix des produits agricoles, au manque de crédits et
provoquent la désertion des ouvriers agricoles des parcelles On a ainsi
dans cet ordre 30,8% et 15,4% des agro-businessmen qui sont concernés.
La différence de pouvoir économique entre les opérateurs
agro-business et les bas salaires journaliers pour les ouvriers agricoles
expliquent surtout s'il y a manque de banques de crédits agricoles. Dans
notre zone d'étude, il n'y a qu'une seule caisse populaire qui doit
satisfaire les besoins d'environ 3 000 exploitants agricoles des
périmètres aménagés du Sourou et les autres
catégories socioprofessionnelles. Le bas salaire des ouvriers agricoles
s'explique aussi par ce fait. Ne pouvant pas compter sur une telle somme pour
leurs dépenses, les ouvriers agricoles contractuels, déjà
coopérateurs vont donc compter sur leurs propres productions pour
survivre. Dans cette «situation de chacun pour soi» les ouvriers
agricoles iront là où il ya leurs intérêts surtout
que la chûte des prix des produits agricoles est rapide (40 000 à
8 000 FCFA/ 120 kg d'oignon en 2010.
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Par exemple du 15 au 30 décembre 2011, les prix des
oignons ont connu aussi une baisse. Pendant que le sac de 120 kg d'oignon
s'achetait à 60 000 FCFA à Bobo-Dioulasso, au Sourou,
c'était à 40 000FCFA. Il est descendu à 25 000 FCFA pour
les derniers à récolter c'est une perte de 15000FCFA soit 37,5%
par rapport au prix. Cette fluctuation des prix met 76,6% des agro-businessmen
dans une incertitude financière s'ils veulent écouler leur
production sur les marchés locaux.
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