I.2 Cadre Théorique
1.2.1. Généralités
Cette partie traite des questions générales
liées à l'évolution de la sécurité sociale
à travers le monde et en RDC.
Ainsi, la sécurité sociale est un investissement
dans les hommes et les femmes leur donnant la capacité de s'adapter aux
changements de l'économie et du marché du travail.
Les systèmes de sécurité sociale agissent
en tant qu'amortisseurs sociaux et économiques automatiques contribuant
ainsi à stimuler la demande globale en période de crise et
au-delà ainsi qu'à favoriser la transition vers une
économie plus durable.
Ainsi, dans le cadre de ce travail, l'histoire de la
sécurité sociale se présente en deux sections dont les
grandes dates de la sécurité sociale dans le monde et l'histoire
de la sécurité sociale en RDC.
I.2.2 Les grandes dates de la sécurité
sociale dans le monde23
Antiquité : Solidarité
matérielle dans le rite funéraire chez les esclaves
Durant toute la période de l'antiquité, les
esclaves à Rome se mobilisaient pour l'organisation des
funérailles. Ils cotisaient pour enterrer un des leurs qui était
décédé. Cette pratique constitue les premiers signes de
solidarité.
Moyen Age : Origine des corporations des
métiers. Les premières corporations des métiers datent de
la construction du temple de Salomon avec les trois travailleurs de cet
édifice qui sont : le tailleur des pierres, Maître Jacques ; le
Charpentier, le Père Soubise ainsi que l'ouvrier bronzier ou
l'architecte du Roi, Hiram.
1673 : Règlement du Roy fait en France
Ce règlement fait à Nancy (France) est
consacré à la protection sociale et sanitaire des marins. Le
travail des marins étant dur, il était important qu'ils
bénéficient d'une intervention sociale particulière. Ce
texte est considéré comme le premier régime de couverture
sociale, et les marins devraient cotiser pour le financement du
régime.
En effet, ce texte prenait en charge trois (03) types de
prestations : soins de santé, pension de vieillesse et pension
d'invalidité.
18
Deuxième moitié du XIX siècle
: les reformes sociales de Bismarck
Dans la seconde moitié du XIX siècle,
l'Allemagne connait une véritable révolution industrielle qui est
accompagnée des inégalités diverses. Dans le souci de
réduire ces inégalités, Bismarck met en place une
politique des réformes sociales permettant de résoudre le
problème de distribution des revenus.
Ainsi, la protection sociale est généralisée
et institutionnalisée par l'Etat. Cette volonté de l'Etat de
mettre en place un système de protection sociale assurant une grande
couverture de la population se matérialise par le vote des trois (03)
lois majeures sur la protection sociale : - La loi sur l'assurance maladie en
1883 ;
- La loi sur l'accident du travail en 1884 ;
- La loi sur l'assurance vieillesse et invalidité en
1889.
La plus grande portée des textes légaux est le
caractère obligatoire et national de la protection sociale.
10. 1919 : Création de l'Organisation Internationale du
Travail (OIT)
Le fondement ou la raison de la création de l'OIT est
la recherche de la paix universelle et durable qui ne peut être possible
que lorsqu'elle est basée sur la justice sociale.
Cette organisation a été fondée en 1919
sous l'égide du Traité de Versailles, qui a mis fin à la
première guerre mondiale.
11. 1935 : l'expression « sécurité sociale
» utilisée officiellement pour la première
fois24
L'expression « sécurité sociale » fut
officiellement utilisée pour la première fois dans le titre d'une
loi aux Etats-Unis d'Amérique (USA), le « Social Security Act
» du 14 août 1935 sous l'égide du Président Roosevelt.
Elle réapparut dans une loi de la Nouvelle-Zélande adoptée
le 14 septembre 1938.
12. 1942 : le rapport de Beveridge
Le système de protection sociale en Grande Bretagne
était un système trop limité caractérisé par
le plafond d'affiliation, Beveridge critique ce système. En 1942, dans
son rapport parlementaire « Insurance Social and Allied Services »,
il pose des bases fondamentales dans l'évolution de la protection
sociale au monde. Ce rapport est considéré comme une doctrine
à part entière de la protection sociale.
La plus grande révolution de ce rapport réside
dans ses principes connus sous le nom de « 3U» : U, comme Universel,
U comme uniforme et U comme Unitaire.
24 Mukadi B.,
Droit de sécurité sociale, Ed. Presses universitaires,
Kinshasa, 1995, p. 12
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Principe d'Universalité de la protection
sociale
Ce principe préconise la couverture de la protection
sociale à tous les citoyens (c'est l'ensemble de citoyens qui sont
désormais couverts, et non une catégorie des salariés) et
à tous les risques sociaux (chômage, assurances sociales, charges
familiales, insécurité des femmes mariées, etc.).
Principe d'Uniformité de la protection
sociale
C'est le principe d'uniformité des prestations à
tous les citoyens. Il tient au fondement même de la protection sociale.
Le système étant financé par une source unique (les
impôts) et en cas de perte de revenu, la prestation versée doit
être unique pour tout citoyen.
Principe d'Unité de la protection
sociale
Le rapport étant rédigé dans un contexte
où il y avait une multiplicité de caisses de protection sociale,
ce principe recommande l'unification de toutes les caisses d'assurances
sociales à un régime national unique mis sous l'autorité
publique.
Tableau 1 : Synthèse doctrinale : comparaison
entre Bismarck et Beveridge
|
DOCTRINE BEVERIDGIENNE
|
DOCTRINE BISMARCKIENNE
|
Objectif de l'Etat
|
Assurer gratuitement les
risques de la vie
|
Compenser la perte de
revenu
|
Condition d'accès aux
prestations
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Etre en difficulté ou dans le besoin
|
Avoir cotisé
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Mode de financement
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Impôts
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Cotisations en fonction du revenu
|
Type de gestion
|
Etat, avec le contrôle au Parlement
|
Acteurs eux-mêmes :
employeurs et employés.
|
Source : CNSSAP, Histoire de la
sécurité sociale et évaluation du dispositif actuel de
payement des retraités en RDC, Sl, Octobre 2017,p 8
Il ressort de ce tableau comparatif que dans la doctrine
BISMARCKIENNE les prestations de retraite octroyées par la
sécurité sociale sont la contrepartie, octroyée par la
collectivité, de la création de richesse dont celle-ci est
redevable au travailleur. Il s'agit d'un principe d'assurance et il y a
logiquement une proportionnalité importante entre les revenus
d'activité et les prestations de retraite octroyées, tandis que
dans la doctrine BEVERIDGIENNE, les prestations de retraite octroyées
par la sécurité sociale ont pour objectif de subvenir aux besoins
fondamentaux de l'individu.
20
Il s'agit plutôt d'un principe d'assistance, les
prestations sont naturellement beaucoup plus uniformes et moins
élevées que dans la première doctrine.
13. 1944 : Déclaration de Philadelphie de l'OIT
En mai 1944, l'Organisation Internationale du Travail se
réunit à Philadelphie, aux Etats-Unis pour l'adoption de la
Déclaration de Philadelphie.
Cette Déclaration étend des mesures de
sécurité sociale en vue d'assurer un revenu de base à tous
ceux qui sont en manque ainsi que des soins médicaux complets, la
protection de l'enfance et de la maternité.
14. 1948 : Déclaration universelle des droits de
l'homme
La Déclaration universelle des droits de l'homme
adoptée le 10 décembre 1948 à Paris précise les
droits fondamentaux de l'homme. Dans son article 22, elle stipule ce qui suit :
« toute personne, en tant que membre de la société, a droit
à la sécurité sociale ».
La présence de cette disposition particulière
dans ce document est une véritable avancée dans le domaine de la
protection sociale.
15. 1952 : Convention n°102 de l'OIT : norme minimum de la
sécurité sociale
La convention 102 de l'OIT sur la norme minimum de la
sécurité sociale est un instrument juridique international
très puissant en matière de la sécurité sociale.
C'est le modèle de base des conventions de l'OIT concernant la
sécurité sociale.
Car, il est le seul instrument fondé sur des principes
de la sécurité sociale. Il établit des normes minimales
convenues à l'échelle mondiale pour les neuf (09) branches de la
sécurité sociale qui sont : les soins médicaux, les
prestations de santé, les prestations de chômage, les prestations
de vieillesse, les prestations d'accidents du travail, les allocations
familiales, les prestations de maternité, les prestations
d'invalidité ainsi que les prestations de survivants.
Il est important de signaler que, dans l'idée d'une
extension progressive de la couverture sociale dans les pays membres, seules
trois (03) branches de neuf (09) proposées par cette convention doivent
être ratifiées par ces derniers.
16. 1966 : Pacte international sur les droits
économiques, sociaux et culturels (ONU)
Le Pacte international relatif aux droits économiques,
sociaux et culturels est un traité international multilatéral
adopté le 16 décembre 1966 par l'Assemblée
Générale des Nations Unies. Ce Pacte reconnait dans son article 9
le droit à la sécurité sociale.
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Il précise ce qui suit : « Les Etats parties au
présent Pacte reconnaissent le droit de toute personne à la
sécurité sociale, y compris les assurances sociales ».
17. 2002 : Recommandation 202 du BIT : socle minimum de la
protection sociale
Une Recommandation est une orientation. La Recommandation 202
donne une orientation aux Etats membres pour l'extension de la couverture
sociale tout en donnant la priorité à l'établissement des
socles nationaux de protection sociale accessibles à toute personne dans
le besoin.
Les socles nationaux de protection sociale doivent comprendre
les garanties suivantes : l'accès aux soins de santé (y compris
la maternité), la sécurité des moyens d'existence de base
pour les enfants (accès à la nourriture, à
l'éducation, aux soins et à tous les autres biens et services
nécessaires), la sécurité des moyens d'existence de base
pour des personnes actives dans l'incapacité de gagner un revenu
suffisant ainsi que la sécurité des moyens d'existence de base
pour des personnes âgées.
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