B- CONTEXTE GEOSTRATEGIQUE
La poussée meurtrière de Boko Haram, dans les
zones transfrontalières du Nord Cameroun, s'inscrit dans des dynamiques
antérieures de dégradation de la situation sécuritaire.
Dans ces zones excentrées et en déshérence, la
marginalisation économique a conduit progressivement à
l'enracinement et au développement de certaines activités
illicites, ainsi qu'à des formes de violence dont le terrorisme n'est
qu'une des variantes récentes. Cinq phénomènes principaux
caractérisent l'insécurité transfrontalière
endémique dans le pourtour du Lac Tchad : «le banditisme militaire
transfrontalier et le vagabondage des groupes armés; le trafic d'armes
légères et de produits de contrebande (carburant, produits
pharmaceutiques, véhicules et pièces
4 Le sommet de Paris annoncé le 11 Mai 2014
par François Hollande depuis Bakou (Azerbaïdjan) a
été initié par Goodluck Jonathan. Il s'est tenu le 17 Mai
2014 au Palais de l'Elysée. Les chefs d'Etats invités furent : le
Nigerian Goodluck J, le Tchadien Idriss Deby Itno, le Nigérien Mahamadou
Issoufou, le Béninois Thomas Boni Yayi et le Camerounais Paul Biya.
L'idée de ce sommet fut celui d'insuffler un rapprochement entre des
voisins qui ont bien souvent du mal à s'entendre et d'aboutir à
la mise en place d'une coordination militaro-politique dans le cadre de la
lutte contre la secte islamiste Boko Haram.
5 Honneur et Fidélité, magazine des
forces de défense du Cameroun, Edition spéciale, décembre
2015, p. 52.
Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU
Sapam Ousmanou Page 17
Construction du dispositif de veille sécuritaire au
Cameroun à l'aune de la menace Boko
Haram
détachées); le braconnage transfrontalier et le
trafic du bétail; le trafic d'êtres humains et de documents
d'identité; l'insécurité foncière
transfrontalière»6.
La prise en compte par l'État Camerounais des urgences
sécuritaires dans la partie septentrionale du pays et le
déploiement de moyens, ont eu lieu de manière graduelle.
L'État a essayé de répondre à l'aggravation
progressive de certains phénomènes d'insécurité,
par des solutions qui ne leur étaient pas toujours adaptées aux
effets du sous-développement et de la pauvreté. A l'insuffisance
de l'analyse et aux contraintes politiques et économiques, ont
succédé des réponses prioritairement
sécuritaires.
Au cours de ces dix dernières années, par
ailleurs, le Cameroun est aussi devenu terre d'accueil des
réfugiés provenant des pays frontaliers en crise. Les
différentes rébellions et crises de « succession
présidentielle » dont le Tchad a été familier ont
drainé un nombre considérable de réfugiés, qu'ils
soient civils ou en armes. Les derniers développements de cette
insécurité sont des attaques orchestrées par des bandes
armées, visant des postes frontaliers camerounais, des brigades de
gendarmerie et des commissariats de police. La perte de contrôle de
l'État sur une partie du territoire national est ainsi devenue une
réalité : des convois de véhicules doivent être
escortés par les forces de défense et de sécurité
pour relier les chefs-lieux de régions (et de départements) de la
partie septentrionale du pays. Le Bataillon d'intervention rapide (BIR), une
unité d'élite de l'armée de terre, très
engagée aujourd'hui dans les combats contre Boko Haram. Ce bataillon
résulte de la transformation du Bataillon léger d'intervention
(BLI), crée en 19997.
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