A- CONTEXTE GEOPOLITIQUE
Boko Haram apparaît en 2002 au Nigeria, dans certains
États du Nord-Est (Yobe, Adamawa et Borno), frontaliers du Cameroun, du
Tchad et du Niger. S'il procède des dynamiques sociopolitiques
nigérianes, le groupe n'en étend pas moins de manière
progressive sa présence et son influence dans certaines localités
des pays voisins, en exploitant la continuité socioculturelle desdites
localités (langues, coutumes et pratiques religieuses sont
similaires)1.
Les premières actions significatives que pose le groupe
terroriste, au Cameroun, sont l'attaque du 10 Avril 2012 à
Amchidé zone frontalière de la ville nigériane de
Banki2. Cette attaque fait état de 11 morts dont 10
nigérians et un camerounais. Le mode opératoire laisse entrevoir
des individus clairement identifiés comme membres du groupe islamiste BH
car à la sortie de la mosquée, l'un d'eux poussait de vive voix :
« nous sommes venus pour accomplir un travail, nous n'avons pas besoin de
vous, rentrez chez vous »3. La scène se déroule
devant le poste frontalier regroupant les administrations nigérianes de
la douane, et de la police à proximité de deux églises
protestantes dont les fidèles chrétiens sont leur cible. C'est
d'ailleurs
1 Germain-Hervé MBIA YEBEGA, janvier 2015
Terrorisme et contre-terrorisme en Afrique centrale : quelle
vision stratégique pour le Tchad et le Cameroun?
2 Op.cit
3 Germain-Hervé MBIA YEBEGA, janvier 2015
Terrorisme et contre-terrorisme en Afrique centrale : quelle
vision stratégique pour le Tchad et le Cameroun?
Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU
Sapam Ousmanou Page 16
Construction du dispositif de veille sécuritaire au
Cameroun à l'aune de la menace Boko
Haram
ce qui justifie l'accroissement du nombre de
réfugiés en provenance du Nigeria qui pèse aussi
défavorablement sur les équilibres (sociétaux)
déjà précaires dans cette partie du pays
économiquement fragilisée, dont le développement est
notamment lié à l'essor du tourisme. Une série
d'enlèvements de personnes d'origine étrangère, va suivre
dès février 2013. Cette série va culminer avec
l'enlèvement d'une dizaine d'employés chinois d'une entreprise de
travaux publics le 16 mai 2014 à Waza, suivi de celui de proches parents
et de l'épouse d'un membre du gouvernement, ainsi que d'autres habitants
de la localité de Kolofata le 27 juillet 2014. Le groupe commet aussi de
manière régulière des massacres, dans des villages et
villes frontaliers du Nigeria, à l'Extrême-Nord du Cameroun. La
menace de Boko Haram questionne ainsi les capacités
d'appréhension et de réaction des États de la
sous-région face au défi du terrorisme. Ce qui justifie pas mal
les grandes assises dont le «Sommet de Paris sur la sécurité
au Nigeria», tenu le 17 mai 2014 »4. En raison de sa
capacité de nuisance devenue régionale, le chef de l'Etat
Camerounais va, à l'issue de cette assise, déclarer la guerre
contre BH. Cette dernière met particulièrement à
l'épreuve les forces de défense et de sécurité de
l'Etat du Cameroun dans sa double fonction de préservation de la
stabilité interne et de protection contre les menaces externes. La
récurrence de la menace justifie la nécessité de
construire un dispositif de veille sécuritaire et à penser la
guerre5.
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