Construction du dispositif de veille sécuritaire au cameroun a l'aune de la menace Boko Harampar OUSMANOU Kouotou Sapam Université Yaoundé 2 - Master professionnel 2018 |
CONCLUSION PARTIELLEPour terminer, le Stage Académique que nous avons effectué à l'Ecole Internationale des Forces de Sécurité (EIFORCES) pendant la période allant de Mars à Mai 2019, en vue de l'obtention du Master en Stratégie Défense Sécurité Gestion des Conflits et des Catastrophes, s'est déroulé sous la supervision du Général de brigade, Directeur Général de l'EIFORCES et la coordination du Lieutenant-Colonel NJOYA MOUTAPMBEMO Mannoni Thierry. L'encadrement académique est reconnu au Pr Frank EBOGO, Coordonnateur Adjoint du Master en SDSGCC au CREPS. En effet, Il avait pour principal objectif, l'enrichissement de nos connaissances professionnelles en données techniques non classifiées sur l'option « Stratégie Défense Sécurité Gestion des Conflits et des Catastrophes ». Les obstacles rencontrés durant ce Stage ont été surmontés ; ce qui nous a permis de procéder à une étude prospective de notre séjour, en faveur des promotions futures du CREPS et d'autres étudiants des Universités et Grandes Ecoles qui pourraient solliciter la même structure d'accueil que nous. Enfin il est impératif de noter que l'EIFORCES est en bonne voie de relever les défis pluriels à court, moyen et long termes relevant du domaine de la stratégie, défense, sécurité gestions des conflits et des catastrophes en rapport aux opérations de soutien à la paix ceci à travers la recherche des financements pour la réalisation de plan de développement infrastructurel et d'équipement en vue de satisfaire de façon optimale les besoins en formation et recherche pour la paix, la sécurité et la stabilité en Afrique et dans le monde. Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 49 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram DEUXIEME PARTIE : CONSTRUCTION DU DISPOSITIF DE VEILLE Le travail d'analyse de cette deuxième partie permettra de répondre à la problématique du travail de recherche en montrant comment le Cameroun est parvenu à la redynamisation du dispositif de veille sécuritaire sous la menace Boko Haram. Dans le chapitre III, il sera question de présenter la sociogenèse de la menace Boko Haram et les répercussions sur le développement de l'Extrême-Nord Cameroun en rapport en prenant appui sur l'idée selon laquelle, Boko Haram est issu d'un mouvement de protestation sociale à la constitution d'un ordre terroriste qui pose une problématique de la mise en oeuvre des stratégies de lutte. Le chapitre IV sera l'occasion de développer le premier argument, qui démontre que la résilience de la menace Boko Haram à l'épreuve de la construction s'explique par les facteurs statiques-dynamiques stratégiques et opérationnels. Le second argument, expose les autres moyens de combats appropriés contre BH, faisant ressortir des perspectives et les impératifs stratégiques, opérationnels. Ce travail de recherche sera clôturé par une conclusion générale. Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 50 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram CHAPITRE 3 : SOCIOGENESE DE LA MENACE BOKO HARAM ET Si Boko Haram est aujourd'hui un phénomène transnational bien connu, il est nécessaire de préciser qu'il est l'aboutissement de plusieurs mouvements pour la constitution d'un ordre terroriste. SECTION 1 : SOCIOGENESE DE LA MENACE BOKO HARAMLa sociogenèse de la menace Boko Haram est un travail d'exposé sur BH dans sa diachronie et sa synchronie. BH est issu d'un mouvement de protestation sociale au Nigeria voisin du Cameroun. Ce groupe djihadiste transfrontalier bascule dans la clandestinité et le terrorisme au fil de temps. PARAGRAPHE1 : D'UN MOUVEMENT DE PROTESTATION SOCIALE A LA CONSTITUTION D'UN ORDRE TERRORISTE. Boko Haram a émergé au début des années 2000 comme un minuscule groupe de contestation au Nigéria (A), avant de croitre et devenir un ordre terroriste transnational (B) très actif au Nigéria à la fin de l'an 2009 pour se régionaliser à partir de 201124. 24 Agbiboa Daniel (2013a), Is Might Right? Boko Haram, the Joint Military Task Force, and the Global Jihad; Military and Strategic Affairs | Volume 5 | No. 3 |. Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 51 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram
BH va basculer dans la clandestinité et le terrorisme, après l'exécution extrajudiciaire de Mohamed Yusuf par la police nigériane, en 2009. Reprise en main par un imam autoproclamé, Abubakar Shekau, la « Congrégation des Compagnons du Prophète pour la propagation de la tradition sunnite et la guerre sainte » (Jama'atu Ahlis-Sunnah Lidda'awati Wal Jihad) est aujourd'hui plus connue sous le nom de Boko Haram (« l'éducation d'inspiration occidentale est un sacrilège »), sobriquet qu'elle récuse. Avec la proclamation d'un état d'urgence et l'établissement de milices paragouvernementales en 2013, le groupe a commencé à massacrer 25 Azumah John (2015) Boko Haram in Retrospect, Islam and Christian-Muslim Relations, 26:1, 33-52. 26 Tran Ngoc Leatitia (2012), Boko Haram-Fiche documentaire, Note d'analyse du Groupe de Recherche et d'Information sur la Paix et la Sécurité Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 52 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram des civils pour les dissuader de collaborer avec les forces de sécurité. Parallèlement, il s'est criminalisé et a viré au brigandage en attaquant des banques, en rançonnant les commerçants et en kidnappant des notables ou les rares expatriés encore présents dans la zone. Privé de chef charismatique depuis la disparition de Mohamed Yusuf, il s'est également fractionné, certains de ses éléments contestant la brutalité d'Abubakar Shekau, lui reprochant de tuer essentiellement des musulmans. Dès 2012, apparaissait ainsi une dissidence appelée Ansaru ou, de son nom complet, la « Communauté des défenseurs des musulmans noirs » (Jama'at Ansar Al Muslimin Fi Bilad al-Sudan). Tandis que se mettait en place une coalition antiterroriste internationale avec les forces armées du Nigeria, du Tchad, du Niger et du Cameroun, début 2015, une partie des combattants de Boko Haram prêtait allégeance à l'organisation État islamique (souvent désignée par son acronyme arabe, Daech), se faisant désormais appeler « Province de l'État islamique en Afrique de l'Ouest » (Wilayat Gharb Ifriqiyah). Force est de souligner que De 2009 à 2012, BH connait des mutations qui l'érigent au rang d'un groupe terroriste d'envergure transnationale et régionale jusqu'à nos jours. Les revendications croissantes des adeptes du groupe Boko Haram et l'augmentation de son emprise sociale dans le Nord du Nigéria ont été une source d'inquiétude pour le gouvernement nigérian. En juin 2009, Boko Haram a refusé de se conformer à une directive locale exigeant de porter des casques lors de tout déplacement motorisé dans l'État de Bauchi, au Nord du Nigéria27. Il est singulier à la lecture de ses modes opératoires divers et parfois confus. Les modes opératoires du groupe terroriste BH sont connus et apparaissent évolutives dans l'espace et le temps. BH a d'abord commencé par. Si l'argumentaire idéologique de Boko Haram est relativement simple : celui qui tue des Infidèles pour Allah aura droit à la vie éternellement heureuse au Paradis des Justes ; Le but de l'existence humaine étant l'instauration du Califat Islamique mondial ; BH fait recours aux moyens les plus extrêmes de la confrontation militaire. ? L'attaque-suicide et la projection incontrôlée des bombes et engins explosifs improvisés dans les zones urbaines. C'est le cas par exemple des attentats dans la capitale nigériane Abuja visant d'une part le siège de la police en juin 2011, et d'autre part le bâtiment des Nations Unies en août 201128. 27 Maiangwa Benjamin (2014b), Soldiers of God or Allah': Religious Politicization and the Boko Haram Crisis in Nigeria, Journal of terrorism Research. 28 Lire Mbia Yebega Germain-Herve (2015), Terrorisme et contre-terrorisme en Afrique centrale : quelle vision stratégique pour le Tchad et le Cameroun ? Note d'analyse No15, Observatoire pluriannuel des enjeux Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 53 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram Des attentats ont aussi ciblé des Églises et des marchés publics dans le nord du Nigéria et en particulier dans l'État de Borno, fief de Boko Haram. Les moyens humains de Boko Haram sont obtenus en outre, par l'instrumentalisation des misérables29 abandonnés par les Etats africains, par l'endoctrinement sectaire et par le rapt continu des personnes isolées des dispositifs de défense nationaux. D'un bout à l'autre, la violence est la cause et la finalité de l'action bokoharamique. Boko Haram transforme une personne ordinaire en bombe. Le corps en munition. Ici, la volonté de tuer à foison se fait raison de vivre. Boko Haram fabrique méchamment et perfidement des hommes-momies, des zombies. La prédication et la guerre sont deux aspects du même modus operandi morbide dont le but ultime est la suprématie sur un territoire transcontinental impressionnant. La tactique et la stratégie sont liées chez Boko Haram. D'un point de vue tactique, comme le signale le drapeau sombre de l'organisation sectaire, la mort gratuite et violente est à la fois l'emblème, la devise et le mot de passe de Boko Haram. Suprême détresse de l'homme, la mort signe l'impuissance absolue de la conscience. Celui qui peut la donner sans limite se donne dès lors un pouvoir absolu sur ses victimes réelles et potentielles. ? Les attaques contre les positions des forces de défense et de sécurité. BH cible aussi les positions des forces de défense et de sécurité. Il attaque les postes de combat avec des effets graves sur la vie des hommes. BH exploite le terrain par la surprise. Tableau1 : Régularité des attaques sur le territoire camerounais entre mai et août 201430
sociopolitiques et sécuritaires en Afrique Équatoriale et dans les Îles du Golfe de Guinée, Groupe de Recherche et d'Information sur la paix et la Sécurité (GRIP), 06 février 2015. www.grip.org/fr/node/1596. 29 « Comment Boko Haram prospère sur les inégalités, l'analphabétisme, la corruption et l'arbitraire » http://www.bastamag.net/Comment-Boko-Haram-prospere-sur-les-inégalités-l'analphabétisme-la-corruption-etl'arbitraire 30 Ce tableau présente les cas récurrents d'attaques menées par les insurgés de Boko Haram contre les populations civiles, les positions militaires et les biens. Il est tiré de Kaliao Volume Spécial Novembre 2014 ; Revue pluridisciplinaire de l'École Normale Supérieure de Maroua Série Lettres et Sciences Humaines publiée sous la direction du Pr Saïbou Issa, Directeur de l'École Normale Supérieure de Maroua Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 54 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram
Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 55 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram
Source : Dikalo, N°1574 du 6 mai 2014 ; L'OEil du Sahel, N°601 du 12 mai 2014 ; L'OEil du Sahel, N°617 du 10 juillet 2014 ; L'OEil du Sahel, N°623 du 31 juillet 2014 ; L'OEil du Sahel, N°622 du 29 juillet 2014, L'OEil du Sahel, N°629 du 21 juillet 2014, L'OEil du Sahel, N°629 du 21 août 2014. Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 56 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram PARAGRAPHE 2 : LES REPERCUSSIONS DE LA MENACE SUR LE DEVELOPPEMENT A L'EXTREME-NORD DU CAMEROUN Les postes frontières de la région de l'Extrême-Nord étaient généralement très actifs jusqu'en 2011, en dépit de leur gestion défaillante. La situation géographique de l'extrémité septentrionale du Cameroun, entre Nigéria et Tchad, explique l'importance de la région pour le commerce avec ces deux voisins. La forte baisse et les grandes fluctuations enregistrées par les volumes de ces échanges sont indicatives des répercussions que les violences associées à Boko Haram ont eues sur la région. Le secteur du tourisme a aussi été durement touché. D'autres secteurs mis à mal sont l'agriculture, l'éducation et l'administration publique. Les effets cumulés de la crise sur ces activités ont eu de profondes répercussions sur les conditions de vie déjà précaires de la population de l'Extrême-Nord ainsi que sur les caisses de l'État camerounais en général. Les dépenses sécuritaires supplémentaires engagées et les pertes de recettes essuyées dans la région se sont avérées considérables. Ces effets sont examinés dans les paragraphes qui suivent. A- EFFET SUR LE COMMERCE REGIONAL ET LE TOURISMELes effets de BH se font ressentir sur le commerce régional et le tourisme avec le risque de basculement dans la crise économique. 1- SUR LE COMMERCE REGIONAL Quoique mal organisés, les postes frontières, en particulier ceux du Nord, ne manquent habituellement pas de travail. La plus grande partie du Cameroun septentrional dépend largement du commerce des biens à destination et en provenance du Nigéria. Les deux tiers environ du carburant qui s'y négocie sous l'appellation locale de zua-zua proviennent du voisin pétrolier. Parmi les autres produits d'importation nigérians figurent les pagnes, les pièces de véhicules automobiles, les bicyclettes, les motocycles, les sandales et autres articles en plastique, et l'huile végétale. Les flux commerciaux d'avant décembre 2011 s'estimaient en Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 57 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram centaines de millions de dollars des États-Unis. La situation a changé du tout au tout à partir de 2012 et ces chiffres se sont effondrés. Les importations nigérianes qui transitaient annuellement vers le Cameroun par le poste frontière de Limani-Banki entre 2000 et 2010 sont estimées à 145 000 tonnes. Pendant la même période, le Nigéria a importé par la même voie des produits camerounais d'un poids annuel total estimé à 112 000 tonnes. Les produits camerounais présents sur le marché nigérian comprennent le riz, le riz paddy non transformé du projet de la Semry à Maga, le coton, les céréales, le poisson, les bovins, les ovins, l'arachide, l'oignon et l'ail. Selon la Société de Développement du Coton du Cameroun (SODECOTON), c'est un accord commercial conclu entre le Cameroun et des partenaires nigérians dans les années 1980 qui a ouvert la voie aux exportations de coton camerounais vers le Nigéria où la fibre est très demandée.31 Outre cette forte demande, le prix du coton au Nigéria est environ trois fois plus élevé que le cours pratiqué sur le marché camerounais. Les producteurs locaux ont également eu recours à la contrebande pour tirer parti du prix et de l'attractivité de leur produit au Nigéria. Fadimatou montre, par exemple, que les deux tiers de tout le coton récolté dans le Mayo-Tsanaga et le Mayo-Sava ont rejoint le Nigéria par voie clandestine32. Le commerce du poisson figurait également en bonne place dans les échanges transfrontaliers. Jusqu'en 2011, environ 93 % du poisson pêché dans l'Extrême-Nord était acheminé au Nigéria en passant par Limani-Banki33. Les exportations au Nigéria de bovins, d'ovins et de volailles élevés dans le département du Logone-et-Chari étaient également courantes à l'époque. Tout comme pour le coton, les exportateurs de bétail profitaient des prix élevés pratiqués au Nigéria, le prix d'achat d'une tête de bétail y étant près de deux fois plus élevé que dans l'Extrême-Nord camerounais. La plus grande partie du carburant consommé dans la région de l'Extrême-Nord est importée du Nigéria. Selon Funteh, 67 % de la consommation totale de la région est acheminée 31 Funteh, M.B., 2014, « Border Shutting and Shrivel of Human and Merchandise on the Nigeria-Cameroon Passage of Banki and Limani », dans ISSA S. (dir.), novembre 2014, Effets économiques et sociaux des attaques de Boko Haram dans l'Extrême-Nord du Cameroun, Kaliao : Revue pluridisciplinaire de l'École normale supérieurs de Maroua (Cameroun) 32 Fadimatou, M.I., 2011, Crise cotonnière et exportation clandestine de coton entre l'Extrême-Nord du Cameroun et le Nord-Est du Nigéria :1974-2011, mémoire de maîtrise (histoire), Université de Maroua (Cameroun). 33 Bello, A., Hamso, D., et Dissia, A., 2013, La SEMRY : DE 1971 À 2012, mémoire d'études (histoire), diplôme de professeur de l'enseignement supérieur (grade II), École normale supérieure, Université de Maroua (Cameroun) Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 58 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram du Nigéria par voie de contrebande34. Bien que principalement d'origine clandestine, ce carburant joue un rôle de toute première importance dans l'économie locale. Lorsque les prix du carburant sont plus élevés, ils entraînent habituellement une hausse des prix d'autres produits de base dans l'Extrême-Nord et ailleurs au Cameroun. Les chiffres officiels tendent à sous-estimer la quantité de carburant qui entre dans la région par le Nigéria. Certaines sources situent toutefois la part de marché du zua-zua dans l'Extrême-Nord aux environs de 90 % de la consommation totale de carburant35. Une perturbation de cet approvisionnement peut donc avoir des répercussions non négligeables sur l'économie locale. Depuis 2012, le commerce a été fortement perturbé par l'insécurité croissante résultant des activités de Boko Haram dans l'Extrême-Nord. Sont particulièrement touchés les marchés frontaliers qui étaient d'importants centres de négoce pour les commerces camerounais comme nigérians. La situation a affecté les commerçants, les fermiers et les services de collecte de recettes publiques. La fermeture de la frontière et des marchés a eu une incidence sur les recettes douanières. Ainsi le bureau principal des douanes de Fotokol n'a-t-il perçu que 2 180 000 francs CFA pendant la première quinzaine de janvier 2012, par rapport à 19 millions de francs CFA pendant la même période en 2011. Il en est de même du bureau principal des douanes de Limani avec ses 50 millions de francs CFA perçus en 2012 contre 100 millions pour la même période l'année précédente. La situation a été bien pire encore pendant les périodes de fermeture de la frontière pour raisons de sécurité, entraînant une recrudescence des activités de contrebande, une réduction supplémentaire des exportations et des importations, et une perte importante de perceptions douanières36. Les attaques de Boko Haram visent principalement des endroits populaires et populeux tels que les marchés, les bâtiments publics et les postes de sécurité. Les grands marchés comme ceux de Maiduguri et Banki sont des objectifs de premier ordre. La localité frontalière de Banki, avec son effervescence et sa présence policière accrue, est devenue une cible clé37. La crise a également eu des répercussions sur l'agriculture et l'élevage. Oignon, millet, arachide, maïs et autres produits agricoles exportés de façon continue vers le Nigéria constituent 34 Funteh, M.B., mars 2015, « The Paradox of Cameroon-Nigeria Interactions: Connecting between the edges of opportunity/benefit and quandary », International Journal of Peace and Development Studies, vol. 6 (3). 35 ibid 36 Kindzeka, M., 2014, « Border trade between Cameroon and Nigeria at a standstill », http://www.dw.com/en/ border-trade-between-cameroon-and-nigeria-at-a-standstill/a-17481473. 37 Pérouse de Montclos, M.-A., 2012, « Boko Haram et le terrorisme islamiste au Nigéria : insurrection religieuse, contestation politique ou protestation sociale ? » Questions de Recherche / Research Questions, no 40, juin 2012. Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 59 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram une importante source de revenus pour de nombreux acteurs économiques camerounais. Les marchands de bétail ont connu un sort similaire. Franchir la frontière était chose impossible lorsque les attaques s'intensifiaient ou que la frontière était fermée. D'où une perte totale de revenus pour la plupart des négociants en bétail. Depuis 2012, le commerce des biens transitant par Banki-Limani et d'autres lieux importants de franchissement de la frontière s'est réduit de plus de 50 %, ce tarissement atteignant 90 % aux moments les plus forts du conflit. La contrebande elle-même est devenue une activité très dangereuse par suite de la sécurité renforcée le long de la frontière lorsque celle-ci est fermée, et de la menace que représente Boko Haram. En cas de fermeture complète de la frontière, les affaires tombent pratiquement au point mort de part et d'autre de la frontière38. 2- SUR LE TOURISME La région de l'Extrême-Nord abrite des sites touristiques et des attractions culturelles qui comptent parmi les plus prisés du Cameroun ; 13 % des sites touristiques du pays s'y trouvent39. Jusqu'en 2012, la région constituait la première destination camerounaise pour les touristes d'Europe et d'Amérique du Nord40. Depuis 2012, son secteur touristique a été gravement touché par l'insécurité associée à Boko Haram. Selon les statistiques nationales pour l'année 2007, des 364 sites touristiques que compte le Cameroun, 67 se trouvent dans l'Extrême-Nord41. Ses paysages attrayants en avaient fait la destination préférée des touristes et des entreprises du secteur jusqu'en 2011. Le paysage de Rhumsiki, le parc national de Waza et les plaines d'inondation ou yaérés du Logone font partie des attractions touristiques les plus populaires du Cameroun. Les attaques de Boko Haram augmentent depuis 2012, entraînant une baisse du taux d'occupation des hôtels de 50 % à 10 %42. Outre ces difficultés dans le secteur hôtelier, la crise du secteur touristique a également des répercussions sur le commerce des produits de 38 Kindzeka, 2014. 39 March 2015, « Ce que l'insécurité aux frontières fait perdre à l'économie camerounaise » http://www.journalducameroun.com/ce-que-linsecurite-aux-frontieres-fait-perdre-a-leconomie-camerounaise/. 40 Gaëlle Laleix, 22 September 2016 « Cameroun : relancer le tourisme sinistré par l'insécurité » http://www.rfi. fr/emission/20160922-cameroun-relancer-le-tourisme-sinistre-insecurite. 41 Djanabou Bakary, « Insécurité transfrontalière, perturbation des échanges et léthargie des marchés » in ISSA S. ed., November 2014, p. 86. 42 Ministère de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire du Cameroun (MINEPAT), 2015 « Impact de la crise sécuritaire aux frontières sur l'économie camerounaise » MINEPAT. Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 60 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram l'artisanat43. La plupart des sites touristiques dans l'Extrême-Nord sont aujourd'hui désertés pendant la majeure partie de l'année, les touristes craignant d'être enlevés par Boko Haram ou pris au piège de la violence. À la suite de l'enlèvement d'une famille française en février 2013 et d'un prêtre français en novembre 2013, les résultats du secteur touristique ont brutalement chuté 44 . Autour de Waza par exemple, sur 1906 arrivées seules 1403 nuitées ont été enregistrées. Avec l'escalade de la crise en 2013, la situation s'est aggravée ; 1179 arrivées ont été enregistrées contre 975 nuitées en 2013. Les effets de cette baisse sur d'autres secteurs de l'économie sont visibles sur les chiffres de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui varient. Entre 2005 et 2013, le montant moyen de la TVA pour la zone de camping de Waza était de 8 882 950 francs CFA45 ; en 2013, il était de 1 654 338 francs CFA, soit une perte de 7 228 612 francs CFA46. B- EFFETS SOCIOECONOMIQUES ET RECRUDESCENCE DES PERSONNES REFUGIEES L'insécurité due à la psychose des attaques ainsi qu'aux opérations de Boko Haram au Cameroun a eu des effets socioéconomiques (1) et d'impacts démographiques qui s'analysent aussi bien en termes de floppée des personnes réfugiées (2) 1- SUR LE PLAN SOCIOECONOMIQUE La région de l'Extrême-Nord enregistre les taux de pauvreté les plus élevés du Cameroun47 au regard de tous les indicateurs de l'indice de pauvreté multidimensionnelle48. Cette donnée est importante pour comprendre pourquoi Boko Haram peut sévir depuis toutes ces années. 43 Comité catholique contre la faim et pour le développement-Terre Solidaire (CCFD- Terre Solidaire), avril 2015, Aide d'urgence pour les populations fuyant Boko Haram au Nord Cameroun, http://ccfd-terresolidaire.org/ projets/Afrique/Cameroun/aide-d-urgence-pour-les-5009. 44 France 24, décembre 2013 « Georges vandenbeusch (photo), le prêtre français enlevé dans le nord du Cameroun, le mois dernier, a été libéré, a déclaré mardi le cabinet du Président François Hollande » http://www. france24.com/en/20131231-french-priest-vandenbeusch-cameroon-boko-haram-kidnap. 45 Bernard Gonné, 2014, « Kidnappings, crise du secteur touristique et ralentissement de l'aide au développement », in ISSA S. ed., novembre 2014, Effets Économiques et Sociaux des Attaques de Boko Haram dans l'Extrême-Nord du Cameroun, Maroua, KALIAO, p. 102. 46 Ibid. 47 Institut national de la statistique (INS), 2014, Réalisation de la quatrième Enquête Camerounaise Auprès des Ménages (ECAM 4), Yaoundé, INS. 48 Programme des Nations Unies pour le développement, Indice de pauvreté multidimensionnelle, http://hdr. undp.org/en/content/multidimensional-poverty-index-mpi. Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 61 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram Selon les enquêtes sur les ménages n° 2, 3 et 4 réalisées par l'Institut national de la statistique, l'Extrême-Nord comptait 74,3 % de pauvres en 2014 contre 65,9 % en 2007 et 56,3% en 2001 ; suivi du Nord avec 50,1 % de pauvres en 2001, 63,7 % en 2007 et 67,9 % en 201449. Par bien des côtés, cette situation bénéficie à Boko Haram50. La pauvreté fait de cette région un terreau fertile de recrutement pour Boko Haram, qui, compte tenu des circonstances, est le plus grand employeur. Malheureusement, cet état de fait s'aggrave depuis le début de la crise en 2012. Du fait des infrastructures déjà détruites dans de nombreux villages reculés et des nombreuses personnes déplacées, les jeunes ne disposent pratiquement d'aucune autre source de travail. Les villages et les marchés ne sont pas les seules cibles du groupe, qui s'attaque également aux exploitations agricoles ; or, l'agriculture est la principale source de revenus de plus de 80 % de la population. La destruction d'exploitations agricoles et les déplacements de population ont non seulement renforcé la pauvreté alimentaire, déjà favorisée par les mauvaises conditions climatiques, mais aussi d'autres formes de pauvreté. Selon la Commission européenne, 180 000 personnes ont besoin d'une aide alimentaire immédiate dans la région de l'Extrême-Nord51. Selon les estimations, 80 % de la population de la région est pauvre ou très pauvre, disposant d'un accès limité aux services de base et aux produits alimentaires essentiels52. Le nombre de chômeurs parmi la population, très jeune, est déjà très élevé ; la pauvreté croissante due à la destruction des moyens de subsistance a donc fait de la région un terrain de recrutement fertile pour Boko Haram. Par ailleurs, l'Extrême-Nord est la région la moins développée du Cameroun. À ce titre, elle manque cruellement d'infrastructures socioéconomiques de base et offre peu de possibilités de formation et d'éducation ainsi que peu de débouchés économiques, en particulier aux jeunes. Les activités de nombreux organismes publics (dispensaires, écoles publiques, services de douane et de police) ont également été perturbées par les actes de violence de Boko Haram. En octobre 2015, la localité de Kerawa 49 Institut national de la statistique, 2014. 50 Camer News, 16 août 2016, Boko Haram : Extrême-Nord, la Région la Plus Pauvre http://www.camernews. com/boko-haram-extreme-nord-la-region-la-plus-pauvre/#JOjj8X7qJU421GYy.99 51 Commission européenne, mai 2017, Fiche info sur le Cameroun, ECHO, consultée le 21 août 2017 à l'adresse suivante : http://ec.europa.eu/echo/files/aid/countries/factsheets/cameroon_fr.pdf. 52 Ibid. Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 62 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram (département du Mayo-Sava) a été temporairement occupée par Boko Haram53, de même que celles de Balochi et d'Ashigashia (département du Mayo-Tsanaga). Figure 2 : carte de l'Extrême-Nord montrant les zones touchées par les attaques Boko Haram Source : https://www.crisisgroup.org/africa/central-africa/cameroon/cameroon-confronting- boko-haram#. 2- RECRUDESCENCE DES PERSONNES DEPLACEES ET REFUGIEES Depuis le début du conflit dans l'Extrême-Nord, des milliers de personnes ont été déplacées et la région a également accueilli des milliers de réfugiés fuyant les exactions de Boko Haram au Nigéria. À la fin de 2016, plus de 198 899 personnes ont été déplacées dans la région de l'Extrême-Nord en raison des actes de violence de Boko Haram54. Les chiffres continuent d'augmenter. D'après la matrice de suivi des déplacement (DTM) de l'Organisation internationale pour les migrations, réalisée en mars 2017, les attaques perpétrées par Boko Haram au Cameroun ont entraîné le déplacement de 223 000 Camerounais55. Outre les 53 Le Figaro, octobre 2015, « Cameroun : Boko Haram prend la ville de Kerawa », http://www.lefigaro.fr/flashactu/2015/10/23/97001-20151023FILWWW00203-camerounboko-haram-prend-la-ville-de-kerawa.php 54 Organisation internationale pour les migrations, novembre 2016, « Près de 200 000 personnes sont déplacées à l'intérieur du Cameroun » https://www.iom.int/fr/news/pres-de-200-000-personnes-sont-deplacees-linterieur-du-cameroun. 55 Commission européenne, mai 2017, Fiche info sur le « Cameroun », ECHO, consultée le 21 août 2017 à l'adresse suivante : http://ec.europa.eu/echo/files/aid/countries/factsheets/cameroon_fr.pdf. Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 63 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram déplacements internes, qui posent des problèmes croissants, la région de l'Extrême-Nord a accueilli 64 000 réfugiés du Nigéria, qui vivent dans le camp de Minawao (département du Mayo-Tsanaga). La gestion de la crise des réfugiés a lourdement pesé sur l'administration locale, qui connaissait déjà des problèmes de gouvernance. L'afflux de réfugiés s'accompagne de problèmes de sécurité, les militants de Boko Haram étant soupçonnés de s'infiltrer dans le camp56. Les conditions de vie dans le camp sont également très mauvaises : peu d'accès à des soins de santé, à l'alimentation et à l'eau. On estime que 41 % de la population du camp est en situation d'insécurité alimentaire. Faire de l'agriculture vivrière autour du camp pour compléter l'approvisionnement alimentaire est très difficile en raison de l'aridité du sol. La crise des réfugiés et des personnes déplacées exerce donc une pression supplémentaire sur la situation alimentaire déjà précaire dans la région. SECTION 2 : DE LA DIFFICULTE DE RIPOSTE OPERATIONNELLE A LA CONSTRUCTION DU DISPOSITIF DE VEILLE SECURITAIRE CAMEROUNAIS ET COOPERATIONS BH de par ses modes opératoires confus liés à la difficulté à reconnaitre les adeptes de la secte BH, sa capacité de dissimulation dans la masse et sa mobilité transfrontalière rendent difficile la dynamique de réponse opérationnelle. PARAGRAPHE 1 : DIFFICILE DYNAMIQUE OPERATIONNELLE CONTRE BH ET CONSTRUCTION DU DISPOSITIF DE VEILLE SECURITAIRE Le mode opératoire de Boko Haram est en effet évolutif dans l'espace et le temps. Il faut rappeler que depuis 2012, la capacité de nuisance du groupe a changé sur le plan conventionnel. Son positionnement sur le territoire est de nos jours perceptible avec une logistique militaire appropriée et une offensive militaire conventionnelle pour la conquête des territoires. La difficile dynamique opérationnelle contre BH dérivée de la complexité et ou de la variabilité des modes opératoires de BH trouve son levier dans l'obsolescence du DVS et l'hypothèse de la transfrontalité de la menace. 56 AFP, novembre 2014, « Refugees fleeing Boko Haram flood Cameroon camp », consulté le 17 août 2017 à l'adresse suivante : http://www.dailymail.co.uk/wires/afp/article-2836282/Refugees-fleeing-Boko-Haram-floodCameroon-camp.html. Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 64 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram A- DIFFICILE DYNAMIQUE OPERATIONNELLE ET ACTIONS DES COMITES DE VIGILANCE CONTRE BH La difficulté opérationnelle dans la lutte contre BH s'explique par la désuétude du dispositif opérationnel de riposte (1) exigeant l'implication des comités de vigilance (2)
Le recours aux comités de vigilance intègre un postulat réformateur du dispositif sécuritaire du Cameroun et se justifie par le caractère asymétrique de la guerre que livre le Cameroun à BH. Certes, la mobilisation des groupes d'auto-défense n'est pas nouvelle au Cameroun. Elle remonte aux années 1960 notamment dans la ville de Douala. Les exactions de BH et la dissimulation de ses membres parmi les populations ordinaires ont juste favorisé la réactivation de ces unités privées de sécurité depuis juillet 2015 à la suite des premiers attentats-suicides à l'Extrême-Nord57. La multiplication des exactions de Boko Haram sur le territoire national a révélé l'ampleur des complicités locales dont bénéficiaient les insurgés. Soucieux d'affaiblir leurs soutiens locaux et optimiser le renseignement prévisionnel et opérationnel, les autorités camerounaises ont réactualisé la défense populaire inscrite dans le concept de défense 57 Voir le Rapport de l'International Crisis Group précité Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU Sapam Ousmanou Page 65 Construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à l'aune de la menace Boko Haram du Cameroun, qui repose sur l'idée que « les armées ne suffisent pas pour sauver une nation tandis qu'une nation de défense par le peuple est invincible58 ». Ces groupes sont régis par l'instruction interministérielle de 1962 créant les groupes d'autodéfense à l'échelle nationale et régionale par l'arrêté régional de juin 2014 du Gouverneur de la Région de l'Extrême-Nord, Augustin Awa Fonka, encourageant la réactivation de ces unités sous l'appellation « comités locaux de vigilance ». On assiste à une prolifération sans précédent de vigilants, estimés aujourd'hui à environ 16 000 dans la quasi-totalité des villes et villages de l'Extrême-Nord (ICG, Février 2017). Officiellement, leur objectif est d'améliorer la réactivité des autorités et des forces de sécurité à travers l'information, le renseignement et la dénonciation des situations suspectes. Sur le terrain, les membres des comités de vigilance ont contribué, au-delà de l'identification des djihadistes et de l'alerte, à déjouer plusieurs attentats kamikazes ou à réduire leur létalité parfois au péril de leur vie. Leur ancrage communautaire et leur parfaite maîtrise de la géographie, de l'histoire, des langues et des cultures locales, font d'eux des partenaires privilégiés de la contre-insurrection pilotée par les services de sécurité camerounais. Leurs exploits leur valent d'être régulièrement félicités par les pouvoirs publics et de bénéficier d'une attention médiatique inouïe ainsi que des marques de bienveillance. Cependant, les dénonciations calomnieuses de certains, les extorsions auxquelles se sont livrés quelques-uns et les soupçons de collusion des autres avec la milice islamiste, ont quelque peu entaché l'image de ce corps communautaire de sécurité qui se trouve désormais dans une posture ambivalente. Les soutiens divers apportés par l'ensemble des parties prenantes ont nettement contribué à faire reculer l'emprise des djihadistes sur le front camerounais et soulager les souffrances des nombreuses victimes. Toutefois malgré les défaites militaires subies, le pouvoir de nuisance de Boko Haram demeure et les conséquences du conflit sur le paysage économique, politique et socioculturel ne cessent de s'alourdir. Dans ce même son de cloche, les dynamiques bilatérales sont indispensables. |
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