Sécurité et liberté chez Thomas Hobbespar Jacob Koara Université Joseph Ki Zerbo - Master 2022 |
DEUXIÈME PARTIE :UNE DIALECTIQUE DE LA SÉCURITÉ ET DE LA LIBERTÉ DANS LE HOBBISME POLITIQUELes hommes en quittant l'insécurité et les conjonctures de précarité analysées dans les pages précédentes ne l'ont pas fait « pour se jeter dans l'insécurité et la misère de l'état civil »154(*). S'ils ont consenti à sacrifier leurs libertés naturelles, c'est en vue d'un bien qu'ils estiment plus grand en termes de gains que leurs libertés naturelles. Ces avantages inopinés, pour plus de précision, c'est la sécurité et la paix que leur promet l'État-Léviathan. Mais on est tout aussi tenté de se poser la question de savoir si les citoyens une fois dans les liens de la société civile seraient prêts à subir toute sorte d'exactions dans le silence et la résignation totale et cela au nom de la sécurité que leur assurerait la république léviathanique. Sont-ils prêts à concéder autant de sacrifices pour la sécurité ? Si la réponse s'avérait affirmative alors quels sacrifices pourraient-ils consentir ? D'ailleurs, la fin de la politique peut-elle se réduire à la seule quête sécuritaire ? En d'autres termes, la mission de l'État hobbesien se réduit-elle véritablement à la poursuite inlassable de la sécurité ? Si oui, ne court-on pas le risque d'assister à l'émergence d'un État policier, sécuritariste et liberticide ? Sinon, ne faut-il pas dire que la sécurité dans le système politique hobbesien constitue un moyen terme pour accéder à d'autres biens ? Notre hypothèse de travail de base, c'est que Thomas Hobbes ne réduit pas le rôle de l'État à la seule quête de la sécurité. En faisant de la sécurité un a priori, il veut en vérité faire voir qu'elle est un préalable nécessaire, la condition sine qua non, pour pouvoir réaliser tout projet viable et fiable de société. De l'ordre sécuritaire étatique découle la possibilité de pouvoir atteindre toutes les autres finalités politiques que sont l'éducation des citoyens, la santé, la justice pour tous, la jouissance des libertés individuelles et collectives. Bref, la sécurité c'est le tabernacle de toutes les autres valeurs régaliennes en bonne république. Pour être encore beaucoup plus explicite sur la question, notre préoccupation est celle de savoir, dans cette partie de cette tranche d'analyse, s'il n'y a pas un passage de la sécurité à la liberté au sein de l'État-Léviathan. Et comment s'opère dans les faits cette transmutation ? Souscrivant à cette approche de l'hobbisme politique, il s'agira alors d'analyser, d'une part, au chapitre III, le contenu que Thomas Hobbes donne aux notions de sécurité et de liberté, et d'autre part, au chapitre quatre, nous nous intéresserons à la signification intrinsèque de ces deux notions pour l'État-Léviathan. * 154Norbert Campagna, Thomas Hobbes. L'Ordre et la liberté, Paris, Éditions Michalon, p. 9, in https://fr.booksc.org, consulté le 05/01/2021. |
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