SECTION 2 : CONTRAINTES ET PERSPECTIVES
ce point va ressortir quelques contraintes qui empêchent
la dé-dollarisation de l'économie congolaise en situation de
stabilité monétaire d'une part et proposer les différentes
perspectives qui pourront éradiquer la dollarisation de
l'économie congolaise d'autre part.
2.1. CONTRAINTES
2.1.1. Effet de mémoire économique des
agents économique sur les inflations antérieures.
D'aucuns pensent que la
persistance de la dollarisation au sein de l'économie congolaise dans un
contexte de stabilité monétaire retrouvée est une
situation particulièrement congolaise. Non, les évidences
internationales révèlent que les pays qui ont longtemps souffert
d'une inflation forte, ont vu la dollarisation se poursuivre voire
s'accélérer après la restauration de la stabilité
monétaire.
Ce phénomène a été observé
dans certains pays latino-américains tels que l'Argentine, la Bolivie,
le Mexique, le Pérou, Uruguay et asiatiques dont la Turquie et le Liban.
En Argentine, par exemple, malgré la maitrise de l'inflation à
partir de 1991, la dollarisation est passée d'environ 10% en 1988
à 50% en 1995. En Bolivie, la stabilité monétaire
nonobstant des perturbations passagères, a été
restaurée à dater de 1986, mais le taux de dollarisation entre
cette année et 1996, est passé de 20 à 80%. Au
Pérou, malgré l'éradication de l'hyperinflation
consécutive à la réforme monétaire de 1991, le taux
de dollarisation est passé, quatre ans après, de 58% à
65%. Au Liban, la dollarisation avait disparu de ce pays avec le
rétablissement de la stabilité macroéconomique en 1991.
Elle s'est toutefois aggravée trois ans après la normalisation
économique et politique.NGONGA NZINGA et MUSUSA ULIMWENGU.
(1999).
L'effet de mémoire économique va au-delà
des analyses macroéconomiques pour indiquer la persistance de la
dollarisation en situation de stabilité monétaire puisque les
agents économiques se sentent valorisé en détenant la
devise étrangère
2.1.2. Le manque de possibilité d'investissement
et de diversification du portefeuille
Le recours aux monnaies
étrangères s'avère quasi automatique lorsque les
possibilités d'investissement et de diversification sont peu nombreuses.
Le comportement de dollarisation des agents économiques est souvent
motivé, en partie, par le fait que le système
Bancaire et financier congolais n'offre pas des alternatives
attrayantes en matière de la diversification du portefeuille ou des
« valeurs-refuges » devant permettre la préservation du
pouvoir d'achat.
Les dépôts à vue des banques commerciales
n'offrent aucun taux d'intérêt créditeur et ceux à
terme sont également peu attrayants à cause des faibles taux
d'intérêt offerts qui ne compensent suffisamment pas la perte du
pouvoir d'achat en cas d'une inflation surprise. En dehors des billets de
trésorerie émis par la Banque Centrale du Congo et le faible taux
d'intérêt des dépôts à terme offerts par les
banques congolaises, il n'existe pratiquement aucune autre forme de placement
financier autorisé, capable de drainer, de rémunérer et de
rentabiliser les encaisses oisives des ménages et des entreprises en
dehors du recours à la dollarisation.
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