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Analyse de l'efficacité des outils du contrôle de gestion à  la mutuelle "le défi ".


par Ahamadou KOTO
Université de Parakou - Licence professionnelle en sciences de gestion 2019
  

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2- Le système budgétaire

Le système budgétaire a fait l'objet d'importants travaux portant à la fois sur son organisation, ses fonctions et les missions des contrôleurs en tant qu'acteurs essentiels de ce dernier (Morad, 2014). Si de nombreuses études ont tenté de comprendre les effets positifs ou négatifs du budget sur les comportements dans une organisation (Hartmann, 2000), elles restent souvent aussi partielles que contradictoires (Morad, 2014). En effet, comme le soulignent Sponem et Lambert (2010, p.161), « La majorité des travaux fait ainsi l'hypothèse que l'on peut étudier les différentes dimensions du budget de manière indépendante les unes des autres ». L'autre pendant de la recherche sur le contrôle budgétaire concerne ses rôles : planification, coordination, évaluation, (Morad, 2014). Or, là encore, il apparaît que des relations dichotomiques soient envisageables comme l'a indiqué Berland (1999, p.6) pour qui « Le contrôle budgétaire se voit ainsi attribuer un ou plusieurs rôles dans chaque entreprise. Plusieurs de ces fonctions sont pourtant incompatibles deux à deux ». Pour Bouquin (2005), le contrôle budgétaire balance entre deux dimensions propres à son herméneutique, comme le choix entre management et gestion, maîtrise et contrôle, pilotage et mesure. C'est précisément le déséquilibre entre ces fonctions (Berland, 2004) qui constitue la pierre d'achoppement de nombreux travaux se rapportant au contrôle budgétaire. L'efficacité de ce dernier semble dépendre tout autant de son aptitude à réaliser effectivement l'ensemble des fonctions qui lui sont assignées qu'à sa capacité à les concilier dans le but d'aider au mieux les managers dans la prise de décision et le pilotage de celles-ci (Morad, 2014). En cela, il est possible de s'intéresser à la question de la configuration même du système budgétaire sous l'angle desmissions attribuées aux contrôleurs de gestion dans une organisation où les activités de mesure et de pilotage sont plus clairement définies (Morad, 2014).

La littérature a révélé plusieurs limites du modèle de contrôle budgétaire depuis nombre d'années à partir des travaux d'Argyris (1953) sur les effets négatifs du budget sur les organisations sur un plan technique (qualité du contrôle) et managérial (comportements des individus) (Morad, 2014). Le contrôle budgétaire ne répond plus parfaitement aux exigences des Directions générales ni à celles de leurs utilisateurs (Morad, 2014).

On relève, en effet, un véritablemanque de fiabilité dans l'information financière transmise par le contrôle budgétaire ainsi qu'un biais certaindans les prévisions qu'il propose au point que l'outil de mesure de la performance queconstitue le contrôle budgétaire a été contesté (Zrihen, 2002 ; Gignon-Marconnet, 2003 ;Bescos et al., 2004 ; Hall, 2008). Certains auteurs ont même développé une voie appeléecommunément par les anglo-saxons « Beyond Budgeting »et qui signifie « gestion sans budget »(Drtina et al, 1996 ; Hope et Fraser, 2003). Cette voie faisait écho en France à une étudede la DFCG (Association des Directeurs Financiers et des Contrôleurs de Gestion) aumilieu des années 90, qui posait clairement la question : «Faut-il tuer le budget ? ». Desétudes ont alors tenté de comprendre les raisons de ces critiques et la façon de sortirdu carcan budgétaire (Gignon-Marconnet, 2003 ; Bescos et al, 2004 ; Lorain 2010) sans pour autant apporter de réponse claire tant la diversité des pratiques rend la chose impossible. Les travaux de Berland (2004) ont pris la mesure de cette difficulté en tentant d'approfondir les causes des critiques faites au contrôle budgétaire, à partir d'une étude qualitative dont les résultats montrent clairement que c'est dans sa dimension managériale que la pratique budgétaire devient épineuse, en particulier pour les managers. De nombreux travaux empiriques montrent, que le tableau de bord présente les caractéristiquespour pallier la majorité de ces déficiences. Ainsi, plusieurs auteurs soutiennent l'idée que le tableau de bord ne peut pas se substituer aux budgets et qu'il convient plutôt de rechercher lescomplémentarités entre les outils (Mendoza et Zrihen, 1999 ; Méric, 2003).

Plus récemment, Sponem et Lambert (2010), dans un prolongement des travaux de Berland, ont observés dans une approche configurationnel du processus budgétaire, que les critiques ne sont pas nécessairement liées à la multiplication des rôles en indiquant (p. 180) que «contrairement à l'hypothèse émise par Arwidi et Samuelson (1993), il semble que la multiplication des rôles alloués au budget n'entraîne pas forcément des critiques ». Ils précisent, en outre, à l'instar de Berland, que la dimension managériale du contrôle reste la plus contestée : «le budget est critiqué de manière plus importante dans le groupe «budget diagnostique» qui l'utilise uniquement pour responsabiliser, motiver et contractualiser ». C'est pourquoi, le système budgétaire est accusé de produire des effetsnégatifs sur les comportements des individus dont l'évaluation est associée aux budgets sur lesquels se polarise l'attention et qui deviennent synonymes de pression (Morad, 2014). Les praticiens et les chercheurs admettent ainsi aujourd'hui que la technique budgétaire ne semble plus en mesure d'assurer un certain nombre de rôles dévolus désormais aux systèmes de mesure de la performance (Zian, 2013).

3- Les tableaux de bords

Le TB n'est pas une démarche nouvelle (Alazard et Sépari, 2018) car les entités ont pour habitudes de piloter leurs performances en termes de coûts et de productivité. Mais les concepteurs n'intégraient que des indicateurs financiers jusqu'aux années 90. Plusieurs auteurs ont proposé aux entreprises de développer de nouveaux modèles d'évaluation de la performance qui regrouperaient des mesures financières et non financières (Zian 2013). La performance définie en terme financier ne suffit plus (Kaplan et Norton, 1996).Il apparaît également une évolution dans la construction même des indicateurs avec de nouvelles démarches, comme la méthode OVAR (Alazard et Sépari, 2018) utilisée notamment pour l'élaboration du « tableau de bord à la française ». Zian donne dans ses travaux une clarification de cette méthode« Dans la méthode OVAR, la construction du tableau de bord est une approche (top-down) c'est-à-dire que le management initie la construction du tableau de bord en fonction des objectifs stratégiques : Objectifs et Variables d'Action. Les Responsabilités sont ensuite déclinées et descendues aux niveaux inférieurs de la hiérarchie en cascade. Ainsi, chaque manager opérationnel devient responsable du choix et de la définition de ses variables d'action. Pour chaque objectif et variable d'action, au moins un indicateur de performance existe ».Les limites fréquemment évoquées des indicateurs financiers ont milité en faveur du développement de nouveaux types d'indicateurs de gestion ou Key Performance Indicators (KPIs). Si cette évolution ne s'est pas faite au même moment ni exactement de la même façon selon les contextes, comme nous allons le voir, ses déclinaisons particulières répondent cependant à des objectifs et principes similaires. Toutefois, la mise en oeuvre des approches non financières n'est pas sans risque, comme l'attestent certaines pratiques d'entreprises déficientes (Giraud et al, 2005). Elles gagnent en légitimité grâce à l'avènement de méthodologies rigoureuses. La plus connue d'entre elle au niveau international est le Balanced Scorecard (BSC) ou tableau de bord anglo-saxon (Giraud et al, 2005)c'est un type de TB dit prospectif.Choffel et Meyssonnier (2005) ont souligné que le Balanced Scorecard peut être soit le systèmecentral de pilotage de la performance financière (à la place ou en liaison avec les budgets), soit unereprésentation stratégique partagée (un simple outil d'information parmi d'autres). L'intérêt porté aux outils tels que le tableau de bord, trouve en partie son origine dans les critiques adressées aux budgets (Chiapello et Delmond, 1994 ; Germain, 2005).

Le tableau V ci-dessous fait la synthèse de notre revue documentaire. C'est une grille de lecture qui renseigne sur les principaux documents auxquels nous avons fait recourt pour mener nos travaux. Elle présente notamment l'auteur, l'année d'édition, la taille de l'échantillon, la théorie mobilisée, l'approche méthodologique, les résultats et les recherches futures.

Tableau V : Grille de lecture

Auteur

Année

Échantillon (taille)

Théories mobilisées

Approche méthodologique

Résultats

Future (s) recherche (s)

Françoise GIRAUD et al

2005

-

Théorie de l'agence Théorie de l'apprentissage

Analyse factorielle

Faire des compromis entre les différents objectifs du budget. Faire des « budgets » différents selon les objectifs poursuivis

 

Bona Clarisse OLAYE A

2017

SIA N'SON Micro finance

théorie de l'agence et l'approche du contrôle interne par la gestion des risques

Recherches documentaires Enquêtes Interviews

L'application différenciée des sanctions réduit la crédibilité des menaces de sanction. Le processus de recrutement n'a pas un impact sur le respect des menaces de sanction

 

Jihane Abi Azar

2005

6 PME libanaises du secteur agro-alimentaire

Théorie de la contingence

Etude exploratoire par entretiens; Enquête quantitative confirmatoire

la fonction de contrôle dans les PME est une fonction invisible, peu instrumentée et hétérogène où le contrôle informel occupe une place très importante.

une étude comparative entre le système de contrôle de gestion mis en place dans les
entreprises familiales libanaises et ceux des PME filiales d'une entreprise étrangère

Boniface Bampoky et François Meyssonnier

2012

140 entreprises sénégalaises

 

Etude exploratoire par entretiens; Enquête quantitative confirmatoire

 

le développement de recherches « action » permettant d'observer et d'améliorer le mouvement concret des acteurs s'appropriant les outils et les mettant en oeuvre efficacement

Régis Martineau

2014

-

-

 

distinction entre outils fermés et outils ouverts

l'outil de gestion, en tant que texte de nature listique,

Houda ZIAN

2013

1536 entreprises marocaines

théorie de la contingence

hypothético-déductif

Plus la taille d'entreprise est grande, plus ses tableaux de bord tendent à être sophistiqués. Plus le degré d'informatisation des activités de PME augmente,
plus le degré de sophistication des pratiques de tableaux de bord
est élevé. Les pratiques de tableaux de bord des PME sont plus
sophistiquées lorsque les dirigeants disposent d'une formation de
type gestionnaire.

étudier relations inter factorielles dans le modèle de recherche

Olivier de La Villarmois et Hubert Tondeur

2005

135 plus grandes entreprises françaises

-

entretiens semi-directifs questionnaires

la représentation du contrôle proposée par Bouquin (1996) est validée.

identifier les contributions des différentes fonctions de l'organisation au processus de contrôle organisationnel au moyen de l'outil développé.

Claude ALAZARD et Sabine SEPARI

2018

-

Théorie des organisations

pédagogique

-

-

M'Bark Ouashil

2018

-

-

entretiens semi directifs

le contrôle interne favorise l'émergence et le développement du
processus de contrôle de gestion et du management des risques.

 

Gérard Charreaux et Alain Schatt

2005

articles publiés de 1994 à 2003 dans les revues françaises académiques

-

inventaire; classification

la majorité des auteurs ont été cosignataires d'articles Pour les autres auteurs, la productivité dépend du travail en commun

-

Boniface Bampoky

2012

25 entreprises sénégalaises 25 entreprises étrangères

 

Approche exploratoire qualitative Étude statistique confirmatoire

Cette recherche révèle quatre types de
dysfonctionnements majeurs pouvant induire des couts performances
cachés dans les entreprises sénégalaises : Les
rotations excessives du personnel, les retards et absences, la
démotivation du personnel, les mauvaises conditions de
travail.

 

Botaina Mjidila, Youssef El Wazani et Malika Souaf

2017

-

Théorie de l'agence Théorie de l'apprentissage

descriptif

la performance peut être améliorée par la
pratique du contrôle de gestion

 

François Meyssonnier et Fana Rasolofo-Distler

2008

Cas d'une entreprise sociale pour l'habitat : Batigère

 

 

On peut développer un système de pilotage global et cohérent, intégrant
des outils et indicateurs RSE.

Examiner les évolutions dans le temps des comportements
des acteurs autour de ces outils de gestion et du système de pilotage unifié mis en place

Source : Nos travaux (2019)

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery