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Promotion des activités agropastorales et activation de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la commune d'Avos.


par Emile Baudouin MVOGO SOUGA
Centre International de Formation Appliquée en Démocratie, Développement, Ethique et Gouvernance de Yaoundé - Diplôme Professionnel d'Expert Consultant 2009
  

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II. LE PROBLEME DE FINANCEMENT

Des trois facteurs classiques de la production agricole que sont la terre, la main-d'oeuvre et le capital, le capital reste par principe le facteur le plus extrêmement rare car mobiliser les fonds nécessaires pour la mise en oeuvre des activités de développement nécessite généralement un long processus et de nombreuses conditions.

A. DES PAYSANS

Dans les collectivités locales, le revenu par exploitation familiale agricole est relativement bas (entre 500 et 1000 FCFA en moyenne par jour dans la commune d'AYOS) et n'augmente que très lentement dans la plupart des cas. Ce faible niveau de revenu bloque l'autofinancement des activités agricoles par les paysans et maintient toujours constant leur niveau de production à défaut de le voir chuter. Les besoins de financement se résument en trois types en fonction du niveau technique et technologique des intrants et du matériel sollicités :

? Les besoins de première catégorie : de faibles montants, ils concernent les activités liées aux campagnes agricoles, les activités d'embouche, les activités légères de transformation (manioc, arachide, maïs, noix de palme, etc.) ou encore les petits équipements. Loin d'être couvert, ce type de besoins trouve toutefois des réponses via des mécanismes informels de crédit, les banques sur des filières bien organisées, les crédits fournisseurs (en monnaie ou en nature) et la microfinance. Le calendrier de remboursement est généralement calé sur les cycles de production des agriculteurs;

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? Les besoins de deuxième catégorie : ils concernent par exemple l'équipement en culture attelée, les motopompes, les petits aménagements hydro-agricoles, des équipements semi-lourds de transformation (décortiqueuses, etc.) ;

? Les besoins de troisième catégorie : Ils sont généralement liés au financement de plantations (café, cacao, hévéa) dont le retour sur investissements est différé dans le temps. Ce type de besoins est très faiblement couvert, peu de systèmes de financement acceptant de prendre des risques sur le long terme. Lorsque ce type d'investissement a une utilité sociale forte (conservation des sols, reboisement), il peut relever davantage d'une logique de subvention que de crédits.

Sur ces différents types de besoins, il est important mais difficile de faire la distinction entre demande potentielle et demande réelle solvable. L'écart peut parfois même être très grand. Ainsi dans la zone d' AYOS, peu peuplée, bénéficiant d'une forte disponibilité en foncier agricole et en espaces naturels favorables aux activités de chasse et de pêche (fleuve Nyong), et plus tardivement intégrées aux circuits commerciaux agricoles, les ménages construisent des systèmes d'activités qui combinent les différentes ressources : agricoles pour 66%28, non agricoles pour 16%29 et celles de la pêche et de la chasse pour 14%30 (ces dernières activités représentent 20% des revenus totaux pour 61% des EFA)31.

Les échanges menés avec les ressortissants de cette zone montrent que cette persistance des activités de chasse et de pêche est à la fois l'héritière des systèmes traditionnels d'activités où la pêche et la chasse (ainsi que la cueillette) qui pouvaient représenter au début du siècle plus des trois quart des ressources du groupe familial. Ces activités expriment également l'adaptation à travers une stratégie relancée à partir des années 90 à cause des difficultés de trouver un emploi dans les secteurs secondaire ou tertiaire et de l'instabilité des cours des produits agricoles traditionnels (café et cacao) qui se traduisaient par des problèmes de mévente de ces produits.

28Résultats d'enquêtes de l'auteur sur le terrain. 29Ibid.

30Ibid. 31Ibid.

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Ces échanges ont également mis en évidence que les revenus provenant des activités de cueillette (en particulier le vin de palme), et non renseignées précisément par cette enquête, pouvaient également être essentiels dans les revenus ou les trajectoires d'accumulation de certaines EFA. Dans la commune d'AYOS, ce sont les tubercules (manioc et macabo) et le plantain qui ont « remplacé» le cacao et le café et qui constituent aujourd'hui les principales spéculations marchandes de cette zone. Les entretiens dans les villages ont montré que ces trois spéculations représentent avec l'arachide les quatre cultures principales de cette zone.

La terre étant disponible, l'objectif de préservation ou d'augmentation du niveau des revenus monétaires du ménage a conduit de nombreux individus à travailler plus pour mettre en valeur des surfaces plus importantes. Les femmes ont commencé à augmenter leurs surfaces de « cultures vivrières » devenues, surtout à partir de «l'arrivée du goudron»en 1992, selon leur expression, des cultures « marchandes ». Elles peuvent, en créant des groupes féminins d'entraide, peu usités auparavant, mettre en place de vastes surfaces de culture de manioc (surfaces supérieures à 1 ha). Les hommes, qui s'occupaient auparavant essentiellement de leurs cultures de rentes (cacao), leur ont emboîté le pas quelques années plus tard (« On a longtemps cru que la petite agriculture était essentiellement l'affaire des femmes, mais depuis quelque temps, on a compris qu'on pouvait aussi la pratiquer » lançait un paysan)et se sont à leur tour fortement investi dans les nouvelles cultures vivrières marchandes (manioc, plantain, macabo...) sans tout à fait délaisser cependant leurs cultures pérennes.

La disparition des filières administrées (cacao et café) qui garantissaient un prix à la récolte, même si celui-ci pouvait varier d'une année à l'autre, amène les producteurs à entrer sur les marchés concurrentiels et fluctuants des denrées vivrières ou maraîchères.

Ces nouvelles conditions de vente de leurs produits vont les amener à mettre en place des stratégies leur permettant de profiter au mieux des variations de prix ou tout du moins à tenter d'éviter les périodes de prix bas. Ainsi, si les calendriers culturaux restent bien sûr largement déterminés par la pluviométrie et la gestion de la force de travail, ces stratégies vont amener les producteurs à tenter d'investir des périodes de semis et de plantation qui font coïncider la période de récolte avec celle où les prix sont plus élevés (maïs de deuxième cycle, cultures de bas-fond et de contre-saison,...). Les producteurs mettent également en oeuvre des stratégies leur permettant de retarder la date de récolte en attendant un relèvement des prix du marché. Le macabo n'est pas désherbé en fin de cycle et après maturité pour freiner la

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germination des tubercules et constituer ainsi un stock que l'on pourra garder en terre de nombreuses semaines en attendant des prix plus intéressants.

A ces stratégies au niveau des calendriers culturaux ou des méthodes de stockage mis sur pied s'ajoutent des pratiques visant à transformer les produits pour permettre leur conservation et leur transport sur de longues distances (bâtons de manioc par exemple), ou l'investissement de nouveaux marchés de niche (tapioca de manioc). Enfin les producteurs tentent, avec des résultats plus ou moins convaincants, de mettre en place des organisations paysannes permettant à travers la vente groupée (le cacao par l'OP FEPADA d'AYOS32, la SOCOPTRACA33) de prospecter de nouveaux marchés et de mieux négocier les prix de vente.

Ainsi comme nous l'avons vu dans les paragraphes précédents les ménages agricoles développent de nombreuses stratégies adaptatives se situant à des niveaux distincts de ceux relatifs à l'amélioration des performances des itinéraires techniques. On observe même parfois, comme sur le cas du cacao par exemple, que les variations des prix de vente de la fève et la déstructuration de la filière ont plutôt entraîné un abandon des recommandations de la recherche et de la vulgarisation en ce qui concerne les différentes méthodes de contrôle de la pourriture brune ou des capsides. Cependant, les entretiens montrent également que les producteurs savent se saisir de certains des résultats produits par la recherche lorsque ceux-ci répondent aux dynamiques en cours.

C'est le cas par exemple de l'adoption des variétés de maïs améliorées qui a accompagné durant ces dernières années le développement de cette nouvelle culture commerciale. Ainsi, si des exemples intéressants de valorisation des produits de la recherche ont été identifiés lors de ces entretiens, il semble qu'ils se regroupent surtout autour de l'adoption de nouveau matériel végétal (maïs, pomme de terre, palmier à huile, ...) ou de nouvelles techniques de multiplication du matériel végétal (technique du PIF34 pour le plantain par exemple). Mais l'on observe une faible adoption de recommandations issues de la recherche ou de la vulgarisation qui portent sur une intensification à base d'intrants agricoles (engrais ou pesticides).

32GIC de la commune d'AYOS regroupant les producteurs d'une vingtaine de villages.

33Ibid.

34Technique de multiplication du matériel végétal à partir d'un échantillon traité (multiplication des quantités par 100, 1000...) ; cette technique a été découverte par des ingénieurs agronomes nationaux et étrangers.

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Le tableau ci-après (tableau n°3)35 résume les différentes sources de revenus des EFA et leur répartition dans une cinquantaine de ménages pris au hasard dans les groupements Omvang et Yebekolo-Est. Il montre clairement que les revenus agricoles représentent pratiquement 66% du total des revenus de ces derniers.

35Travaux sur la réalisation des aires protégées, Ministère des forêts, de la faune et de la protection de la nature avec le soutien de la GTZ dans la commune d'AYOS, 2007.

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Type de revenus

Import ance du

type

en % de

l'écha ntillon

Importance relative des différentes sources

de revenus (en %)

Syst.

de culture

Age du CE (en année)

Durée hors du

village du CE

(en année)

Nombre de

membres par EFA

Nombre
d'actifs
par EFA

Superf.

Cultivée par

EFA (en ha)

Superf. Cultivée par actif (en ha)

Cult.

Elev.

non agri.

Pêche et chasse

Revenus

majoritairem ent issus

des cultures

39

97,7

1,9

1, 3

5, 3

Divers

48,4

6,3

7,8

5,2

4,2

0,8

Revenus issus des

cultures et de la

pêche/chasse

29

67,5

5,0

8,2

19,3

Divers

47,7

7,7

5,0

3,3

3,5

1,06

Revenus issus des

cultures, des activités

non agricoles et de la

pêche/chasse

22

43,7

4,8

30,0

21,5

Divers

36,9

7,4

8,7

5,8

3,2

0,55

Revenus surtout

non agricoles

10

10,2

7,0

65,6

17,6

Divers

43,6

6,3

11,0

7,3

2,7

0,36

Tous types

 

66

4

16

14

 

45,2

6,5

7,5

5,0

3,8

0,76

Abréviations du tableau:

CE = chef de l'exploitation agricole; Agri = agricole.

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Cult. = culture ; % = pourcentage; Superf = superficie.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo