SECTION II. INTERPRETATION DES RESULTATS EMPIRIQUES
§1. Equation de la rente minière
Les canaux de ransmission par lesquels les ressources
minières entraînent les risques des conflits ont
été développés par Ross (2004), Humphreys (2005),
Rohner (2006) (Collier et Hoeffler, 2009). Trois canaux de transmissions sont
retenus :
· les exportations des matières premières
sont des opportunités qui aggravent les conflits, surtout qu'elles
servent à financer les conflits ;
· la recherche de la rente minière est une source
des conflits et ;
· les pays riches en ressources sont plus exposés
aux inégalités dans la redistribution de revenus et celles-ci
alimentent également les conflits.
Nous n'allons pas choisir parmi les trois canaux pour
expliquer les variables d'intérêt de cette analyse qui sont la
guerre et la rente minièremais nous allons les étudier (Lujala et
al., 2005).
La variable War est significativement correlée à
la rente minière, la théorie de Collier et Hoeffler se
vérifie car la guerre civile impacte positivement la rente
minière. C'est évident que les activités minières
qui permettent de générer la rente minière en RDC sont
l'objet des différents conflits puis qu'elles les financent.
Avec la production minière (cobalt, diamant et le
zinc), son augmentation entraîne une hausse de la rente minière
tandis que le cuivre et l'or impactent négativement la rente
minière. Bien qu'il existe un système international qui a comme
seul but de contrôler les flux de diamants et bien que le gouvernement
congolais mette en place des mécanismes pour mieux contrôler le
secteur, la fraude est toujours un grand problème. Les estimations des
proportions entre exportations officielles et frauduleuses diffèrent
cependant beaucoup d'une source à l'autre (Sara Geenen et Stefaan
Marysse, 2008). Selon le CEEC, au moins 40 % de la production quitterait le
pays de manière frauduleuse. De plus, au moins 20 % des diamants
achetés et vendus aux comptoirs (donc sur le lieu officiel) seraient
trafiqués de manière "illégale", c'est-à-dire hors
de la présence d'un agent du CEEC.
Selon la Revue annuelle de PAC et CENADEP, une grande partie
de la production de la MIBA quitterait aussi le pays de manière
frauduleuse. D'ailleurs, les trafiquants se plaignent des
sociétés privées semi industrielles au Kasaï. Ces
sociétés exporteraient leurs diamants directement de la mine vers
l'étranger, sans le passage obligatoire par Kinshasa, où les
taxes sont payées. En effet, le chiffre des exportations officielles de
la région de Tshikapa est tombé de $1,78 million de carats en
2005 à $1,59 million de carats en 2006 (Marysse, 2006).
Néanmoins, il y a eu un nouvel afflux de petites sociétés,
ce qui devrait faire augmenter la production. Une partie significative de la
production quitterait donc le pays de manière frauduleuse. Quoiqu'il y
ait sans aucun doute beaucoup d'exportations frauduleuses, les trafiquants
affirment que le processus de Kimberley rend difficile la fraude. A cause des
contrôles stricts, il est pratiquement impossible de vendre des diamants
non certifiés en Belgique. Les alternatives sont l'exportation
frauduleuse par d'autres pays, par exemple l'Afrique du Sud, ou bien les
exportations à Dubaï ou Tel Aviv, où les contrôles par
la douane seraient moins stricts.
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