§2. Implications
politiques
L'éducation est un important facteur de performance et
de potentiel économiques des pays (BAD, 2011). L'alphabétisation
de base est indispensable, mais c'est de plus en plus la qualité et
l'accessibilité de l'éducation dans le primaire, le secondaire et
le supérieur qui permettront de déterminer si la R.D.Congo peut
avancer avec succès le long de la chaîne de production à
valeur ajoutée.
En général, les Indicateurs de
Développement Humain en R.D.Congo montrent que des améliorations
substantielles sont possibles au cours des décennies à venir. En
revanche, l'espérance de vie et les niveaux d'éducation
continuent de s'améliorer, ce qui témoigne d'une progression en
termes de développement humain.
La prestation de services infrastructurels tels que
l'amélioration de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement,
l'énergie ?able, l'amélioration de l'habitat et l'accroissement
de l'efficience des systèmes de transport, contribue à
améliorer la qualité de vie et à réduire la
pauvreté. L'amélioration de l'infrastructure conduit
également à la promotion d'activités économiques
telles que la transformation et l'agriculture. L'amélioration des
technologies de l'information et de la communication (TIC) contribue à
promouvoir la croissance et à améliorer la prestation de services
dans les secteurs sociaux tels que l'éducation et la santé.
Tous ces facteurs peuvent conduire à l'accroissement de
la productivité et à l'accélération de la
croissance économique. Toutefois, ce « cercle vertueux » n'est
pas automatique et dépend d'autres facteurs : la main-d'oeuvre doit
être bien - éduquée, l'épargne nationale doit
être mobilisée avec efficience, et des politiques
économiques et de bonne gouvernance appropriées doivent
être adoptées.
§3. Comment éviter la
malédiction des ressources naturelles en R.D.Congo ?
La gestion efficace des ressources minières doit
continuer de ?gurer parmi les priorités des politiques officielles en
R.D.Congo. L'extraction des ressources contribue aux rentes économiques.
Habituellement, le gouvernement ?xe les règles régissant la
taxation des investisseurs privés et leur accès aux rentes,
d'où la nécessité d'institutions d'appui et de
règlementation de l'investissement du secteur privé.
Le dé? à relever par les pouvoirs publics
consiste à concevoir des politiques et règlements leur permettant
de tirer des recettes suffisantes de l'exploitation des ressources
minières, tout en continuant de fournir des incitations pour promouvoir
et pérenniser l'investissement du secteur privé.
L'épargne peut être investie de façon
globale et dans l'économie nationale. Le choix à cet égard
devrait être déterminé dans une grande mesure par les
rendements relatifs de chaque type de ressources.Pour augmenter le taux de
croissance économique, il faut accroître l'épargne
etl'investissement. Accroître l'investissement est un moyen d'incorporer
le progrès technique.La stabilité macroéconomique est
nécessaire pour stimuler l'épargne et
l'investissementintérieurs. Les ménages et les entreprises
doivent aussi être convaincus que les mesures envigueur se maintiendront.
Ce qui est tout aussi important, c'est de renforcer les droits
depropriété dans le cadre de l'état de droit de sorte
qu'il soit possible de faire respecter lescontrats et que les épargnants
et investisseurs puissent faire des plans à long terme. Un
climatéconomique qui stimule l'épargne et l'investissement
intérieurs attirera probablement aussil'investissement étranger.
Des visions industrielles constituent aussiun cadre propice à une
politique à long terme. Elles sont particulièrement utiles si
l'on peutconvaincre les entreprises et les ménages de leur
crédibilité et inciter ces derniers à les utiliserpour
établir leurs propres plans.
L'idéal est que les gouvernements se dotent de plans
en matière de dépenses, dont chacun serait soumis à une
évaluation rigoureuse en amont, c'est-à-dire à une analyse
des coûts et des avantages sur le plan social. Toutefois, pour mettre en
place une série de plans concernant les dépenses prioritaires et
pour soumettre ces plans à une telle analyse, il faut des informations
pertinentes et une expertise technique.
C'est pourquoi l'État depuis 2008, il a signé
des contrats avec un groupe de compagnies chinoises sous forme d'un troc
concessions minières contre infrastructures de base pour un montant de 9
milliards USD. La Gécamines et la Sodimico ont vendu des participations
dans quatre sites miniers majeurs sans publier d'informations sur ces
transactions. Ces contrats soulèvent de vives discussions car ils ont
été conclus dans le secret ; certains actifs ont
été cédés à des prix inférieurs
à ceux du marché ; les entreprises qui en ont
bénéficié étaient basées dans des paradis
fiscaux et ont ainsi pu dissimuler l'identité de leurs véritables
propriétaires. Le risque de détournement de fonds et de pertes de
revenus est très élevé. Les autorités devraient
proscrire des stratégies de contrôle et suivis en secret pour ce
genre d'activité.
Afin de créer un bon système de gestion des
ressources naturelles, la R.D.Congo s'est dotée d'un comité
national sur l'Initiative pour la transparence dans la gestion des industries
extractives (EITI) en 2009. Dans le cadre de la stratégie d'appui des
Nations Unies à la sécurité et à la stabilisation,
cinq comptoirs regroupant tous les services nationaux concernés par
l'industrie des minerais ont été créés dans le Nord
et le Sud-Kivu. Ils améliorent la traçabilité et assurent
une plus grande proximité entre ces services et les zones
minières.
En 2012, le gouvernement a décidé de revoir les
codes minier et pétrolier. Ils devraient intégrer des mesures
rigoureuses en matière de transparence, d'appels d'offre et de
défense des droits des communautés locales. Avec de telles
innovations, il sera possible de prévenir la corruption et d'obtenir le
prix le plus élevé possible pour les ressources naturelles du
pays.
Globalement, le but était de tester l'impact direct
des ressources minières sur la croissance économique. En effet,
le fait de mesurer les ressources minières par les exportations peut
introduire un biais et changer la relation : on s'intéresse alors
à l'impact de la rente minière.
Pour tester cette relation, nous avons estimé un
modèle de croissance économique selon Sachs etWarner (1997).
Ainsi, le modèle de croissance de Mankiw et al. (1992) était
adapté. D'une part, l'impact des ressources minières sur la
croissance économique et d'autre part, l'influence des
déterminants de croissance économique sur le PIB par habitant.
D'après l'estimation par les MCO, les ressources minières
impactent positivement la croissance économique. Les résultats
de la régression montrent que la variable rente minière joue un
rôle dans l'explication de la croissance économique de la
R.D.Congo.
Ils sont positivement corrélés mais la
R.D.Congo n'est pas toujours en mesure de relever lesobstacles qui freinent sa
contribution effective.
D'après l'estimation de l'équation de
croissance nous avons observé deux choses. D'une part,
l'espérance de vie a un impact négatif sur la croissance et en
même temps la guerre civile affecte négativement la croissance
économique. Ces résultats sont tout à fait
cohérents avec les résultats présentés dans la
revue de la littérature. Ainsi, l'impact de la guerre civile à la
croissance économique passe par les ressources minières, ceci
fera l'objet de la seconde partie de ce mémoire.
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