2.2 Déséquilibre dans la
représentation des femmes dans la gouvernance locale
2.2.1 Problématique de la femme dans la gouvernance
au Togo
« Tant que la parité n'est pas atteinte au sein de
la gouvernance, les femmes ne pourront être réellement les
égales des hommes dans aucun domaine. L'absence des points de vue des
femmes dans la formation des instruments politiques les plus fondamentaux (...)
a assuré le maintien de l'inégalité de genre ».
(Banerjee et Oquist 2000)
Parmi les acteurs qui sont souvent exclu ou oublié dans
la gouvernance locale, il y a les femmes. Dans la gouvernance locale, trois
choses sont indispensables pour une bonne participation à la prise de
décision. Il s'agit du savoir, de l'avoir et du pouvoir. Malheureusement
les femmes n'ont pas toujours ces trois choses. Ceci empêche leur
participation effective au développement de leurs
collectivités.
« Toute transformation demande un changement plus vaste
que la simple augmentation du pouvoir d'influence de groupes
précédemment exclus ». (Waylen 2008 : 255). Lorsque l'on
adopte une perspective « genre », il est essentiel d'impliquer, en
tant qu'institutions de gouvernance, les ménages ou les « familles
» ainsi que les communautés - où se jouent de nombreuses
manifestations de l'inégalité de genre. La gouvernance ne peut
pas être efficace si
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elle ne fait pas progresser l'égalité de genre,
ne respecte pas les droits des femmes et échoue à impliquer de
manière égale les femmes et les hommes dans les prises de
décisions.
Bien que les rédacteurs de la Constitution de la IVe
République, loi fondamentale du Togo, aient pris soin d'affirmer
l'égalité de tous les citoyens devant la loi sans discrimination
de sexe, les femmes togolaises ont encore aujourd'hui beaucoup de
difficultés à jouir effectivement des droits qui leur sont
reconnus. Dans tous les secteurs de la vie, un traitement discriminatoire au
désavantage de la femme et de la fille est de mise et paraît aller
de soi. Cette discrimination qui trouve ses racines dans nos coutumes et
traditions qui considèrent la femme comme un être
inférieur, ne permet pas à cette dernière de donner le
meilleur d'elle-même. Cette différence faite entre l'homme et la
femme maintient plutôt la persistance de certaines pratiques pourtant
prohibées par le législateur ou induit des attitudes nocives
à toute la société au niveau de la vie familiale et dans
la vie professionnelle.
La marginalisation de la femme encore aujourd'hui se traduit
par sa très faible représentation dans les sphères de
décisions politiques, économiques, administratives, dans les
instances locales, nationales et internationales.
La décentralisation offre une étroite
adéquation entre les besoins des citoyens, leurs aspirations, les
services et l'appui de l'administration, tout en favorisant la
possibilité d'une démocratie participative et d'une
autonomisation de la femme sur le plan local. Ainsi en tant que majoritaire
dans la population togolaise, la femme doit s'engager politiquement pour
apporter sa contribution dans l'amélioration de la gouvernance et
apporter de nouvelles expériences dans la dynamique d'induire des
changements. Elle doit être élue pour influencer les
décisions en rappelant la prise en compte des intérêts et
des besoins spécifiques des femmes dans la politique. Les femmes
élues deviennent des exemples pour d'autres femmes. Les femmes à
des postes de décision peuvent aider à supprimer certains des
obstacles structurels à l'élection des femmes. Les femmes
élues locales sont plus susceptibles de prôner des projets en
faveur d'une plus grande inclusion sociale.
Nous terminons avec cette citation qui stipule qu'«
Aujourd'hui, davantage de femmes montrent plus de courage pour entrer en
politique ou à des postes de prise de décisions, parce qu'il y a
eu des précédents, des femmes modèles qui sont admirables.
Donc, cela signifie qu'une nouvelle génération se dit : « si
telle ou telle y arrive, pourquoi pas moi ?» ». Le défi qui
nous attend jusqu'ici est maintenant d'améliorer la qualité des
femmes qui y entrent. » (Sheila Kawamara-Mishambi, ancienne parlementaire
ougandaise, communication personnelle).
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