Chapitre 2 : Analyse de l'implication de la femme dans
la décentralisation au Togo
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Dans ce chapitre, nous ferons une analyse de la situation de
la femme dans le cadre de la mise en oeuvre de la décentralisation au
Togo. Ce chapitre est également subdivisé en quatre grandes
sections. La première section concerne la représentativité
des femmes dans le processus de décentralisation au Togo, une
deuxième section parlera du déséquilibre dans la
représentation des femmes dans la gouvernance locale, la
troisième section donne un aperçu de la contribution des femmes
dans le développement local et enfin la dernière section
énonce les limites de l'implication des femmes dans la
décentralisation.
2.1 Représentativité féminine dans
le processus de décentralisation au Togo
2.1.1 Situation de la femme togolaise sur le plan politique
et public
Selon les spécialistes, la décision politique
fait appel à des fonctions publiques. Ainsi toute intervention dans la
sphère publique est politique. Comment la femme togolaise
participe-t-elle alors à la vie publique de sa communauté ?
Les données statistiques révèlent un taux
d'activité féminine supérieur à celui des hommes
(63% contre 37%) dû entre autres à l'arrivée précoce
des filles (10 à 24ans) sur le marché de l'emploi. De par leurs
multiples rôles au niveau de la production, de la reproduction et de la
vie communautaire, les femmes togolaises sont au coeur du développement.
Pourtant tous les indicateurs montrent qu'elles occupent dans leur grande
majorité des positions marginales. Elles ont faiblement accès aux
moyens de production, aux ressources et aux opportunités
économiques et sociales et accèdent difficilement à une
redistribution sociale à parité avec les hommes.
Aussi les statistiques montrent-elles une disparité en
leur défaveur. En effet, selon les données du ProCEMA, «
dès 1956, les femmes et les hommes ont obtenu le droit de vote et celui
d'être éligible au Togo. Cependant, depuis 1958 jusqu'en 2007, sur
l'ensemble de 855 députés élus au cours des
différents scrutins législatifs, il y a eu seulement 44 femmes
contre 811 hommes soit 5,14% de l'ensemble. Au niveau des maîtres et
chefs de cantons, on relève respectivement 11,11% et 0,38% de femmes.
Plus précisément, les femmes sont faiblement
représentées dans les instances de prises de décisions.
Ainsi dans le gouvernement nous avons respectivement 6 femmes sur 26 ministres
(2019) ; 15 femmes sur 91 députés (2019) ; 2 femmes sur 41
préfets ;
18
2 femmes sur 41 maires (2018) ; 3 femmes sur 30
secrétaires généraux (2018) ; 2 femmes sur 29 directeurs
de cabinet ; 6 femmes sur 6387 Chefs traditionnels ».
La proportion de femmes députées à
l'Assemblée nationale a cependant progressé de 11,1% en 2013
à 18,7% en 2015. Au gouvernement, en 2018, les femmes ministres
représentent 23,07% contre 76,93% de ministres hommes et en 2019 on a 6
femmes ministres sur un total de 26 ministres. Selon le rapport d'analyse des
effectifs de l'administration publique (2017), les femmes fonctionnaires
constituent 19,30 % contre 80,7% de fonctionnaires masculins.23
Les femmes togolaises, à l'instar de leurs soeurs
africaines, se heurtent à une multitude d'obstacles sur la voie de
l'autonomie et de l'égalité due aux stéréotypes et
aux pesanteurs socio-culturelles. Cependant, certaines ont pu surmonter ces
disparités.
« C'est le cas du Rwanda qui compte le plus grand nombre
de femmes parlementaires au monde (64%) ; du Sénégal, de
l'Afrique du sud et de la Namibie qui ont plus de 40% de femmes parlementaires
chacun. » (Données du ProCEMA).
Le changement souhaité requiert des transformations
structurelles en relation avec les statuts et rôles des femmes et des
hommes dans la famille et dans la société. A cet effet,
l'exercice de la démocratie et d'une citoyenneté responsable de
tous les acteurs avec leur pleine participation et leur jouissance
équitable des fruits du développement permet d'améliorer
la condition des femmes et des hommes dans le processus de
décentralisation au Togo.
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