II.1.1.3. Utilisation des matériaux
alluvionnaires
Les alluvions, formés de divers matériaux,
constituent d'énormes potentialités économiques. Ils
interviennent dans plusieurs domaines, en l'occurrence les galets et les
graviers utilisés dans le domaine du génie civil. Que ce soit
pour une autoroute, une piste d'atterrissage ou une voie ferrée, les
technologies de construction nécessitent de très grandes
quantités de sables et graviers qui peuvent provenir des alluvions des
rivières ou de la mer : ballast des chemins de fer, fondations,
différentes couches qui structurent une chaussée de route... Pour
la fabrication de certaines couches, on met en oeuvre des granulats
mélangés avec un liant qui peut être un ciment, un bitume
ou un laitier (résidu des hauts-fourneaux). Pour les couches de
fondation et de base et pour les accotements, on peut également utiliser
des granulats de recyclage. Localement, un petit volume d'agrégats,
sables, graviers naturels ou roches concassées, est aussi utilisé
comme matière de filtration, pour les travaux de drainage de terrain,
des traitements des eaux. Les alluvions présentent également un
intérêt minier. Des métaux et des pierres rares ou
précieux sont transportés par les cours d'eau, puis se
déposent dans les alluvions. Ces gisements sont appelés placers.
Leur exploitation se fait soit à la main grâce à une
batée ou un pan américain, soit par un traitement
mécanisé. Ainsi, on peut trouver de l'or dans le lit de certaines
rivières. Les alluvions peuvent constituer des plaines alluviales
très fertiles. Il en est ainsi du Nil par exemple, dont les crues
déposaient des tonnes d'alluvions et rythmaient la vie agricole de
l'Égypte ancienne. C'est une des raisons principales de l'essor des
civilisations de l'Égypte antique. Les alluvions constituent des
aquifères. Pour les alluvions les
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plus fins, les argiles sont utilisées dans les secteurs
de l'industrie du pétrole, de l'industrie pharmaceutique, de l'industrie
chimique, en agronomie, et en céramique
II.1.2. Caractérisation physique des alluvions
Les alluvions se définissent également par la
taille des particules qui les constituent. Cette dernière est fonction
de la présence ou l'absence de particules très fines (de
diamètre inférieur au micromètre) transportées par
voie éolienne et de gros blocs (de taille supérieure au
mètre). La classification des alluvions est assurée par diverses
échelles granulométriques (tableau 2).
Wentworth (1922) fait partie des auteurs à avoir
travailler sur la classification des alluvions. Son étude a
été faite sur les dépôts sédimentaires marins
et sa classification a depuis lors été adoptée pour la
nomenclature des alluvions. Ainsi, en fonction de la taille de ces derniers, il
distingue trois groupes d'alluvion qui varient suivant une échelle
variable (tableau 2).
Tableau 2 : échelle de classification des
sédiments (Wentworth, 1922).
Taille en mm
|
Classe de sédiment
|
Groupe de sédiments
|
256 >
|
Blocs
|
Rudites
|
256 - 64
|
Galets
|
64 - 4
|
Cailloux
|
4 - 2
|
Graviers
|
2 - 1
|
Sables très grossiers
|
Arénites
|
1 - 0,5
|
Sables grossiers
|
0,5 - 0,25
|
Sables moyens
|
0,25- 0,125
|
Sables fins
|
0,25- 0,0625
|
Sables très fins
|
0,0625 - 0,0039
|
Limons
|
Lutites
|
< 0,0039
|
Argiles
|
Mouldi et Chkiou (2007) proposent des modèles
de courbes granulométriques (figure 7) qui permettent d'avoir des
informations sur le mode de transport, de classement ainsi que la
qualité du tri des alluvions. Ainsi, les courbes en forme parabolique
indiqueront la présence des grains de sable
hétérogènes et trié au cours d'un transport en
milieu de forte énergie. Celles en forme de « S » traduiront
des sables homogènes à classement moyen, en milieu plus ou
moins
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agité et à forte énergie. Les courbes
sous forme de droites montreront un dépôt par excès de
charge dû à la diminution des courants.
Figure 7 : modèle des courbes
granulométriques de Mouldi et Chkiou (2007). II.1.3.
Synthèses des travaux sédimentologiques des dépôts
alluvionnaires
Les travaux de prospection alluvionnaire en relation avec la
recherche du potentiel métallogénique ont été
intensément menés dans les régions de l'Est (Suh et al.,
2006 ; Asaah, 2010) ; du Centre (Tonjé et al., 2013 ; Evina Nkoto, 2018
; Nyobe et al., 2018) ; du Sud (Belinga, 2017 ; Janpou, 2018) ; de L'Adamaoua
(Boaka Koul et al., 2009) du Nord-Est et du Sud-Ouest Cameroun (Embui et al.,
2013 ; Janpou, 2018). La majorité de ces travaux de recherche ont
effectué des études sédimentologique,
minéralogiques et géochimiques pouvant donner des informations
sur l'altération et l'érosion, les conditions de
dépôts des sédiments, la composition des roches
originelles, la maturité des sédiments, la provenance des
sédiments et le degré d'altération des sédiments.
Certains de ces travaux ont mis en exergue que les dépôts
alluvionnaires sont des sites de minéralisation d'or (Akono, 2015 ;
Belinga, 2017), du rutile (Tonjé et al., 2013 ; Evina Nkoto, 2019 ;
Nyobe et al., 2018, Nzesseu, 2019). D'après ces travaux, les
dépôts alluvionnaires étudiés dans les
régions suscitées sont des sédiments à
granulométrie et à morphoscopie variable dépendant de leur
roches sources et de leur environnement. Ces auteurs ont présenté
que les dépôts alluvionnaires sableux sont
généralement sub-anguleux et anguleux et rarement arrondis
présentant des grains non usés par l'eau d'une fraction comprise
de 2 à 0,02 mm. Par ailleurs, les travaux effectués sur les
minéraux lourds présentés par Minyen et al. (2001) montre
la présence des cristaux centimétriques des minéraux
lourds tel que le rutile dans la série micaschistes et même des
cristaux de la taille du poing notamment dans les niveaux quartzitiques
intercalés dans les micaschistes, en particulier du secteur de Matomb.
D'après Tonjé (2007), les observations à la
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loupe binoculaire indiquent que les matériaux
alluvionnaires sont constitués en moyenne de 39,41% de quartz de taille
centimétrique à millimétrique, 40,5% de rutile et 6 % de
Zircon. Tonjé (2007), révèle que les
teneurs en rutile évoluent graduellement des niveaux graveleux vers les
niveaux sableux dans les puits alluvionnaires de la rivière Téba
(Matomb) et que l'étude des minéraux lourds montre la
présence d'un cortège riche en quartz, rutile, zircon,
tourmaline, andalousite et disthène. Les travaux réalisés
par Nyobe et al. (2018) révèlent que les minéraux lourds
en place aurait une origine liée aux formations métamorphiques in
situ. Stendal et al. (2006) suggèrent que certains minéraux
lourds se serait mise en place durant les transformations métamorphiques
des grenats contenus dans les métasédiments (schistes et
grès) datant du Néoprotérozoïque dans le groupe de
Yaoundé.
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