1.2.3. Violence domestique - violence conjugale
Selon l'article 3, alinéa b de la Convention du Conseil
de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à
l'égard des femmes et la violence domestique (Convention d'Istanbul,
2011) le terme violence domestique « désigne tous les
actes de violence physique, sexuelle, psychologique ou économique qui
surviennent au sein de la famille ou du foyer ou entre des anciens ou
actuel-le-s conjoint-e-s ou partenaires, indépendamment du fait que
l'auteur-e de l'infraction partage ou a partagé le même domicile
que la victime» (p.8). De ce fait, le terme de violence conjugale qui
définit la violence au sein d'un couple rentre dans la catégorie
des violences domestiques.
Dans le cadre de la violence domestique, plus
précisément dans la violence conjugale chez l'adulte, il existe
deux manières d'interagir dans la relation violente. Selon la Fondation
Jeunesse et Famille1 & La Fondation MalleyPrairie
2 (Violence dans le couple : pour un changement de langage,
2010), il existe la violence dite punition (complémentaire), qui est
intime et que l'on cache. L'autre manifestation est la violence dite agression,
symétrique, bidirectionnelle dont les auteur-e-s ont conscience et qui
n'est pas dissimulée.
Selon le bureau fédéral de
l'égalité entre femmes et hommes [BFEG] (A1, 2020), la violence
conjugale est une forme de violence principalement faite aux femmes. Henrion
démontre que les travaux de recherches sur ce sujet s'intéressent
« massivement aux victimes femmes et très peu aux hommes»
(cité dans Daligand, 2019, p. 16). D'ailleurs, les femmes cumulent un
nombre plus élevé d'incidents de violence que les hommes. De
plus, les violences qu'elles subissent sont plus graves et les
conséquences le sont également (Lessard & coll., 2015).
Chez les adultes, la violence conjugale peut se traduire par
de la violence physique, de la violence sexuelle, de la violence psychologique
et/ou de la violence économique entre partenaires actuel-le-s ou
ancien-ne-s (BFEG, A1, 2020). Si chaque situation est singulière, le
schéma de la violence conjugale
1 La Fondation jeunesse et famille (FJF) s'occupe
d'enfants, d'adolescent-e-s et d'adultes rencontrant des difficultés
sociales. La FJF propose des prestations comme la prise en charge en foyer
d'enfants et d'adolescent-e-s victimes de violence domestique ou alors
l'accompagnement mère-enfant (AEME)
2 Malley Prairie est un centre d'hébergement
d'urgence situé dans le canton de Vaud qui accueille des femmes avec ou
sans enfants.
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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
se manifeste de manière cyclique. La figure 1 illustre
le « cycle de la violence », il s'agit d'exposer les comportements
typiques de chaque phase ainsi que leur durée. Ce cycle s'intensifie
avec les années et/ou lors d'événements particuliers comme
un licenciement, une grossesse, maladie/accident (Daligand, 2019). Ce cycle
n'est pas spécifique à une relation amoureuse chez les
adolescent-e-s, car ils-elles n'ont pas (encore) les préoccupations
professionnelles, financières et familiales qui incombent aux adultes et
qui génèrent des tensions supplémentaires au sein du
couple (Glowacz & Courtain, 2017).
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La tension
Cette phase est longue, elle s'étend de plusieurs
semaines à plusieurs mois. C'est la période
désenchantée
qui comprend désillusion, cris,
bousculades, angoisses et peur.
L'explosion de la violence
Cette phase se déroule sur une période
très brève (quelques jours). La violence se manifeste de
manière
très intense par des agressions
directes.
La lune de miel
La durée de cette période est
très variable. Elle mêle bonheur, euphorie,
idéalisation et bien-être de la part des partenaires.
La justification et le pardon
Cette période est de durée variable en fonction
des conjoint-e-s. Il s'agit d'évoquer des excuses de causalité
externe (travail, enfants, ...) et des
promesses de changement. Une
phase emplie de culpabilité et de
pardon.
Figure 1 : Cycle de la violence, adapté de Daligand,
2019.
Les ministres fédéraux et communautaires de
Belgique (2006) définissent la violence conjugale comme suit:
Les violences dans les relations intimes sont un ensemble de
comportements, d'actes, d'attitudes, de l'un des partenaires ou ex-partenaires
qui visent à contrôler et à dominer l'autre. Elles
comprennent les agressions, les menaces ou les contraintes verbales, physiques,
sexuelles, économiques, répétées ou amenées
à se répéter, portant atteinte à
l'intégrité de l'autre et même à son
intégration socioprofessionnelle. Ces violences affectent aussi
l'entourage de la victime et de l'agresseur, notamment les autres membres de la
famille, dont les enfants (cités dans Amnesty International, s.d.,
s.i.).
Le bureau fédéral de l'égalité
entre femmes et hommes (BFEG, 6A, 2020) explique que la violence domestique ne
concerne pas que le couple. Cependant, la violence dans le couple est
communément appelée: la violence conjugale. C'est-à-dire
que cette dernière est intégrée à la violence
domestique. Ce constat est appuyé par la Convention d'Istanbul (2011)
qui désigne la violence domestique « comme tous les actes de
violence » (s.i.).
La violence domestique englobe donc la maltraitance
infligée aux enfants, lorsqu'elle est subie au sein de leur famille. Il
peut s'agir d'actes de violences exercées sur les enfants, mais
également une
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Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au
sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.
exposition des enfants à de la violence entre adultes
(par exemple dans les situations de violence conjugale). Selon Cheseaux &
coll. (2013), elle peut entraîner des conséquences potentiellement
graves qui peuvent entraver le développement de l'enfant et de
l'adolescent. De plus, selon certain-es auteur-e-s, la violence subie par
l'enfant constitue un facteur de risque pouvant mener à adopter
soi-même des comportements violents, commettre des délits,
à présenter des comportements dangereux, tels que la consommation
excessive d'alcool et/ou de drogues avec, dans les cas les plus graves, le
risque de faire une tentative de suicide.
À ce stade, si nous reprenons les trois types de
violences décrites au chapitre 1.2.1, nous constatons que la VRA
intègre la violence domestique, car elle concerne des partenaires, mais
qu'elle ne s'apparente pas à de la violence conjugale. En effet, les
adolescent-e-s ne sont pas encore soumis aux enjeux économiques qui sont
généralement liés à une charge de famille.
Toutefois, il est important d'avoir conscience que les enfants et jeunes ayant
connu de la violence conjugale sont vulnérables et risquent de
reproduire cette violence à l'égard de leurs pair-e-s (Cheseaux
& coll., 2013).
Le bureau fédéral de l'égalité
entre femmes et hommes (4B, 2020) définit la VRA chez les adolescente-s
comme étant une forme de violence juvénile de même qu'un
type de violence domestique visée par la Convention d'Istanbul (2011).
La VRA chez les jeunes entre également dans la violence juvénile
puisqu'elle concerne les mineur-e-s au niveau légal, mais aussi au
niveau développemental comme la violence intime, interne et sociale qui
est liée au développement des adolescent-e-s.
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