4.2.6 Interrogation averbale en Shupamem
L'interrogation averbale est une particularité du
Shupamem. L'interrogation averbale est une phrase interrogative qui ne contient
pas de verbe. L'interrogation averbale est une phrase interrogative qui est
constituée des éléments qui dépendent directement
du verbe à savoir le sujet et le complément bien que ne
possédant pas de verbe. Le sujet du verbe est appelé l'argument
externe alors que le complément du verbe est le l'argument interne.
Observons les phrases suivantes :
(35) a. u' ja' n?Ì ?
2sg où M Int « Où es-tu ? »
b. p?ìn pi's÷?Ì n?Ì ?
enfants combien M Int
« Combien d'enfants y a-t-il ? »
c. nda'p b?ìs÷?Ì n?Ì ? maison
combien M Int « Combien coûte le loyer ? »
d. ?a'p b?ìs÷?Ì n?Ì ?
viande combien M Int
« Combien coûte la viande ? »
*e. m?ìn f??n? n?Ì ?
enfant quand M Int « Quand enfant ? »
Nous constatons que les phrases (35a, b, c, d et e) ne
contiennent pas des verbes, mais ils contiennent toutes des sujets. Ce qui nous
permet de dire qu'il y a eu effacement du verbe, c'est ce que nous appelons ici
effacement verbal. Ces phrases sont dites alors averbales. Ceci nous permet de
déduire que dans certaines phrases interrogatives en Shupamem,
l'utilisation des verbes n'est pas obligatoire, elle est optionnelle,
c'est-à-dire que nous avons le choix d'utiliser ou de ne pas utiliser le
verbe.
Nous devons aussi noter que la forme averbale de
l'interrogation n'est pas possible avec tous les mots interrogatifs en Shupamem
(pronoms interrogatifs, adjectifs interrogatifs et adverbes interrogatifs). La
forme averbale de l'interrogation n'est possible qu'avec l'adverbe interrogatif
de lieu ja' (où), l'adverbe interrogatif de quantité
pi's÷?Ì (combien) et l'adverbe interrogatif de prix
b?ìs÷?Ì (combien) comme nous montrent les phrases
(35a, b, et c). La phrase (35e) est agrammaticale parce que nous avons
posé la question avec l'adverbe interrogatif de temps.
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Il convient aussi de remarquer tout de même que
l'utilisation de la forme averbale d'interrogation est motivée par la
recherche d'économie de la part de la personne qui parle. En effet,
cette personne veut utiliser moins de mots possibles pour se faire entendre. Et
pour cette raison, elle préfère utiliser des phrases qui ne sont
pas correctes sur le plan syntaxique, mais qui sont correctes sur le plan
purement sémantique.
4.2.6.1 Les constituants de l'interrogation averbale
en Shupamem
Nous allons maintenant identifier les constituants de
l'interrogation averbale. Soient les phrases suivantes :
(36) a. p?ì já n?Ì ?
3pl où MInt « Où sont-ils?»
b. ndiá k÷?ì n?Ì ?
aujourd'hui quoi M Int
« Quelle est la date d'aujourd'hui ? »
c. wó já n?Ì ?
qui où M Int « Qui est où ? »
d. k÷?ì já n?Ì ?
quoi où M Int
« Qu'est-ce qui est où ? »
Comme nous le montrent les phrases (36a, b, c et d), les
constituants de l'interrogation averbale en Shupamem sont : l'argument
sujet sur lequel porte la question, le mot interrogatif
et le marqueur de l'interrogation.
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