2.1.1.2 La fusion interne
Connue sous le nom de déplacer á
dans Chomsky (1981) et d'opération déplacer dans Chomsky
(1995), la fusion interne assure le déplacement de certains
éléments, par exemple, le sujet ou le verbe, à partir de
leurs positions canoniques dans la structure phrastique pour occuper de
nouvelles positions dans le cadre de certains processus syntaxiques comme la
passivation, la focalisation, topicalisation, etc. (Pollock 1997, Chomsky 2004,
2007). Soient les phrases suivantes :
(5) a. ali 0 -fa ndàp nè petro.
Ali PRS- donner maison à pierre « Ali donne la
maison à Pierre. »
b. aì ndàp judo Ali 0 -fa nè petro na.
c'est maison que Ali PRS- donner à Pierre Comp «
C'est la maison qu'Ali donne à Pierre. »
(6) a. iì 0-rjgwèn maì ndàp.
3sg PRS-aller à maison « Il va à la
maison. »
b. maì ndàp, iì 0-rjgwèn.
à maison, 3sg PRS-aller « À la maison, il y
va. »
En (5a), nous avons une phrase déclarative où
chaque constituant occupe sa position de base. En (5b), ndàp
(maison), a été focalisé, c'est pour cette raison
qu'il se retrouve en initial de phrase. La phrase (6b), nous permet de voir que
maì ndàp (à la maison) a été
topicalisé, c'est pour cette raison qu'il s'est deplacé pour la
péripherie gauche. Tous ces déplacements qui se sont produits en
(5b) et (6) sont des exemples de fusion interne.
2.1.1.3 Le déplacement
Le déplacement est l'opération par laquelle un
constituant pour les raisons de vérification de traits syntaxiques et
pour d'autres raisons se déplace de sa position canonique pour une autre
position. Notons que le déplacement est motivé par la
vérification des traits syntaxiques des certaines catégories.
Mais, le déplacement peut aussi avoir d'autre motivations à
savoir : la motivation structurale, la motivation du Principe de la Projection
Etendue (EPP11), la focalisation, la topicalisation et la
relativation.
En fait certaines catégories ne contiennent que des
traits non interprétables ; c'est le cas des catégories
fonctionnelles (SAccor, ST etc.). Ces traits non interprétables peuvent
être vérifiés s'ils entrent en contact avec les
éléments lexicaux qui contiennent les mêmes traits
interprétables. C'est pour cette raison que les constituants se
déplacent vers les têtes des catégories fonctionnelles
identiques pour vérifier les traits non interprétables de ces
catégories. Le déplacement des constituants est rendu possible
par la condition de pleine interprétation (Full interpretation
condition) qui régit les niveaux PF et LF, et qui exige que tout trait
présent à l'une ou à l'autre de ces deux interfaces soit
interprétable. Les traits interprétables sont pertinents pour
l'interprétation d'une phrase et n'ont pas besoin d'être
vérifiés. En revanche, les traits non interprétables ne
sont pas pertinents pour l'interprétation et doivent être
éliminés pour que la dérivation soit bien formée.
Nous devons noter que le but ultime des opérations syntaxiques est
d'éliminer les traits non interprétables afin que la phrase soit
correcte c'est-à-dire grammaticalement acceptable.
Pour finir, au niveau de l'épel (spell out), la
dérivation est reliée à deux niveaux d'interface, FP et
FL.
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