Le nouveau paradigme économique turcpar Jonathan Martinez Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 Relations internationales : Sécurité internationale et Défense 2020 |
Annexe 4 : La position stratégique de la Turquie dans le contexte de la Guerre froide.L'importance stratégique de la Turquie au sein du bloc occidental s'illustre notamment par la mise en place du «...zel Harp Dairesi » ou « Département des Opérations Spéciales », organisation secrète inconnue des gouvernements membres de l'OTAN (dont la Turquie) jusqu'en 1990, et créée dans le cadre du Shape (commandement de l'OTAN). Cette organisation de « contre-guerilla » avait pour objectif d'organiser une forme de résistance en cas d'invasion des troupes du pacte de Varsovie, ne répondant aux ordres que de l'agence américaine de renseignement (CIA) ou au commandement de l'OTAN34. 32 DAOUD Zakya. « 4. Mustafa Kemal. Père providentiel des Turcs », La révolution arabe (1798-2014). Espoir ou illusion, sous la direction de Daoud Zakya. Perrin, 2015, pp. 116-155. 33
http://foreignpolicy.org.tr/the-end-of-the-cold-war-and-changes-in-turkish-foreign-policy-behaviour- 34 JOSSERAN Tancrède, « Les services secrets turcs, de l'Organisation Spéciale au MIT », Institut de Stratégie Comparée, 2014, Pages 131-144 27 Dans le cadre du soutien de la Turquie au sein de l'alliance, des facilités douanières et un important soutien financier sont mis en place, notamment par les Etats-Unis. Les troupes de la république de Turquie sont de plus formées par l'OTAN, et en Novembre 1961, on assiste au déploiement de 15 fusées PGM-19 Jupiter sur le sol turc, missiles de type nucléaire. Avec ce soutien, le discours mobilisant le déclin du « passif ottoman » s'érode - un soutien aussi conséquent du bloc occidental pèse alors plus lourd que le souvenir de « l'Administration de la dette publique ottomane ». En dépit de cette nouvelle configuration géopolitique, la Turquie fait le choix de maintenir des mesures protectionnistes - en croissance constante depuis 1930, le maintien de ces mesures protectionnistes et interventionnistes permettait ainsi un déficit commercial. Malgré un premier étiolement du discours sur « l'héritage ottoman », le maintien de ces mesures se trouvait nécessaire, bien que contradictoire vis-à-vis des investisseurs étrangers auquel la Turquie était attaché. Par la suite, le discours évolue. Dans les années 50, celui-ci justifie les mesures protectionnistes du gouvernement en se fondant sur le risque d'un retour du régime des « capitulations », induit par les investissements étrangers. Ce protectionnisme, volontaire mais toutefois en contradiction avec les recommandations des bailleurs de fonds35, se maintient sur l'ensemble de la période post-seconde guerre mondiale, notamment en dépit de la signature par la Turquie des accords du GATT en 1951. Celui se maintient du fait de la position géostratégique de la Turquie dans le contexte de la guerre froide, lui ayant permis de « monnayer » sa place en dépit des nécessités des accords signés. Or, face à la nouvelle dynamique économique des années 80 l'obligeant à s'incliner face aux exigences des bailleurs de fonds, on observe un changement de regard sur les mesures économiques précédemment employé par le gouvernement turc. Les leçons de méfiance, découlant de l'exemple ottoman, ne trouvent plus le même écho chez les politiques et économistes turcs. La décennie 1980 se caractérise en effet par un important phénomène de libéralisme économique, issu de la mondialisation. Bien que la Turquie soit au bénéfice de sa position géostratégique dans le climat de guerre-froide, les sources de financements se 35 THORNBURG & alii., « Turkey an economic appracial, Twentieth » ; Century Fund, New York, 1951 et Banque Mondiale, The Economy of Turkey, An analysis and recommendations for Development Program, Washington D.C., 1951 28 privatisent. Le pays change de politique économique, après une longue période de protectionnisme et d'interventionnisme. Cette intégration au sein du marché mondial impacte ainsi grandement sa part dans le commerce mondiale, autant que sa balance commerciale. |
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