I.12.1. Anti-inflammatoires non
stéroïdiens
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
sont une des classes thérapeutiques les plus utilisées dans le
monde en raison de leurs propriétés anti-inflammatoires,
anti-pyrétiques et antalgiques. Actuellement, il y a plus de 50
différents AINS sur le marché mondial. Le mécanisme
d'action des AINS a été précisé par les travaux de
Vane [16]. Il repose en grande partie sur l'inhibition compétitive,
réversible ou non, de la cyclooxygénase, enzyme qui permet la
production de prostaglandine à partir de l'acide arachidonique. Cette
caractéristique commune à tous les AINS conduit à une
diminution de la production des prostaglandines, importants médiateurs
de l'inflammation. Même si d'autres modes d'action existent, cette
activité explique largement les propriétés
pharmacologiques et thérapeutiques des AINS, mais aussi une partie de
leurs effets secondaires en raison des fonctions physiologiques des
prostaglandines [16]. Ainsi, la production exagérée de
prostaglandines en situation pathologique participe à l'inflammation et
à la douleur, alors que sa production basale permet l'homéostasie
tissulaire. L'inhibition de la synthèse des prostaglandines par les AINS
doit donc s'accompagner d'effets favorables et délétères
[17].
I.12.2. Anti-inflammatoires
stéroïdiens
Elles constituent une vaste famille de médicaments
dérivés du cortisol, principal glucocorticoïde
surrénalien. Les glucocorticoïdes sont des substances
dérivées du cholestérol, dont la production est
stimulée par l'ACTH libérée selon un cycle
nycthéméral par le lobe antérieur de l'hypophyse.
Dans les tissus cibles, les glucocorticoïdes se fixent
à leurs récepteurs des glucocorticoïdes (GR) du cytoplasme
de la cellule. Après quoi, le complexe récepteur-ligand
formé pénètre dans le noyau cellulaire où il se
fixe à de nombreux éléments de réponse aux
glucocorticoïdes dans la région du promoteur des
gènes-cibles. Le récepteur, ainsi fixé à la
molécule d'ADN interagit avec les facteurs de transcription basiques,
provoquant une augmentation de l'expression génique de
gènes-cibles spécifiques. Ce processus est appelé
transactivation et conditionne la plupart des effets secondaires
métaboliques et cardiovasculaires des glucocorticoïdes.
Le mécanisme opposé est appelé
transrépression. Le récepteur hormonal activé interagit
avec des facteurs de transcription spécifiques et prévient la
transcription des gènes-cibles. Les
glucocorticoïdes sont capables d'empêcher la
transcription de tous les gènes immuns, incluant celui codant IL-2
[18].
Les glucocorticoïdes ordinaires ne font pas de
différence entre la transactivation et la transrépression, et
influencent à la fois les gènes immuns "voulus" et ceux "non
voulus" régulant les fonctions métaboliques et cardiovasculaires
[19].
I.12.3. Anti-inflammatoires d'origine
végétale
Les composés phytochimiques qui se retrouvent dans le
règne végétal sont très diversifiés et leur
spectre d'activité est tout aussi large. Certains de ces composés
phytochimiques ont des propriétés anti inflammatoires. Beaucoup
sont présumés agir en bloquant les voies de la
cyclooxygénase et la lipoxygénase ainsi que par d'autres
mécanismes.
Figure 1. Mécanisme d'action des
glucocorticoïdes [18].
9
Figure 2. Mécanisme d'action des AINS
[16].
10
Exemples de plantes anti-inflammatoires
Tableau I. Exemples de plantes
médicinales douées d'activités anti-inflammatoires
[18].
Noms scientifiques
|
Familles
|
Parties utilisées
|
Noms communs
|
Utilisations
|
Z. officinale
|
Zingiberaceae
|
Rhizome
|
Gingembre
|
Arthrose, migraine, rhumatisme
|
H. orientalis
|
Ranunculaceae
|
Racines
|
Lenten-rose
|
OEdèmes, rhumatisme
|
U. dioica
|
Urticaceae
|
Feuilles, Racines
|
Ortie
|
Rhinite allergique, eczéma
goutte, rhumatismes
|
L. officinalis
|
Rosaceae
|
Feuilles
|
Laurier
|
Fièvre, pharyngite, hémorroïdes
|
C. longa
|
Zingiberaceae
|
Rhizome
|
Curcuma
|
Rhumatismes, lupus systémique, psoriasis, infections
rénales
|
N. oleander H. procumbens
|
Apocynaceae
Pédaliacées
|
Fleurs
Tubercule
|
Laurier rose
Griffe du diable
|
Douleurs, maux de tête
Arthrose, lombalgie, neuvralgie, maux de tête,
fièvre
|
O. biennis
|
Onagraceae
|
Graines
|
Onagre bisannuelle
|
Rhumatismes
|
|
Pterocarpu erinaceus
|
Fabaceae
|
Feuilles et Racines
|
le Vène,
Palissandre du Sénégal
|
Paludisme, fièvre, rhumatisme
|
II- GENERALITES SUR LES PLANTES UTILISEES COMME ANTI
INFLAMMATOIRE
II.1. GENERALITES SUR PETIVERIA ALLIACEA (HERBE AUX
POULES) II.1.1. Aspect botanique
Petiveria alliacea est une plante de la Famille des
phytolaccacées (phytolaccaceae, pokeweed). Communément
appelée Herbe aux poules, douvant-douvant en français ;
Guinea-hen weed, Congo root, gully root, pipi root, garlique weed, skunk root
en anglais ; Mucura, anamu, erva de tipi, guine en portuguais ; zoroma en fon ;
amlan nyanvun en goun ; oju saju en yoruba et ewe iso en nago, elle est une
plante herbacée érigée ou sous-arbrisseau atteignant 1 m
de haut, à odeur d'ail ; tiges minces, anguleuses, brièvement
poilues lorsque jeunes, glabres par la suite. Feuilles alternes, simples et
entières ; stipules linéaires, de 1,5-2 mm de
11
long ; pétiole de 0,5-1,5 cm de long ; limbe elliptique
à ovale ou oblong, de 5-15 (-20) cm X 2-5(-8) cm, base
cunéiforme, apex aigu a longuement acuminé, glabre à peu
et brièvement poilu. Inflorescence : grappe terminale ou axillaire,
mince, pendante, de 10-30(-40) cm de long, parfois ramifiée ;
bractées de 1,5-2,5 mm de long. Fleurs bisexuées, zygomorphes,
4-mères ; pédicelle de 2-3 mm de long ; sépales libres,
oblongs, de 3-4 mm de long, arrondis, verdâtres ou blancs à roses
; pétales absents ; étamines 4-8, insérées de
façon irrégulière, filets d'environ 2 mm de long ; ovaire
supère, oblong, brièvement poilu, à 4 crochets,
1-loculaire, stigmate sessile, latéral. Fruit : akène
étroitement oblong de 6-8 mm de long, strié, apex 2-lobé,
à crochets recourbés, contenant 1 graine (photo1) [20]
Photo 1. Feuille du Petiveria alliacea
II.1.2. Répartition géographique
Sur son aire de répartition naturelle, Petiveria
alliacea est présent dans les forêts humides et les endroits
perturbés ouverts, depuis le niveau de la mer jusqu'à 1500
d'altitude. En Afrique de l'Ouest, on le trouve à la lisière des
forêts et dans les endroits perturbés à proximité
des habitations. Petiveria alliacea est indigène de
l'Amérique tropicale, et a été introduit en Afrique de
l'Ouest et en Inde. Il s'est naturalisé dans certains endroits du
Bénin et du Nigeria. Au Benin, nous l'avons découvert à
Djavi (Adjarra) où nous avons effectué la récolte pour les
travaux d'expérimentation de notre étude
[21].
II.1.3. Usages
Au Bénin, de façon empirique, la
macération de feuilles de Petiveria alliacea est
appliquée sur le ventre pour déclencher des contractions en cas
d'accouchement difficile ; le liquide des
12
feuilles est instillé en gouttes nasales ou en collyre
pour soigner les violents maux de tête et en gouttes nasales pour soigner
la sinusite [22]. La décoction de feuilles se prend en bain ou en bain
de vapeur en cas d'oedème. Elle s'applique aussi sur les abcès.
Au Nigeria, les guérisseurs yoroubas utilisent la plante entière
lors de cérémonies rituelles. En Amérique tropicale,
Petiveria alliacea est un remède couramment utilisé. On
lotionne la tête avec une purée de feuilles allongée d'eau
pour traiter les céphalées et pour déclencher
l'accouchement. La décoction de feuilles appliquée en externe
sert d'analgésique contre les douleurs musculaires et de traitement des
maladies de peau. L'infusion d'écorce écrasée se boit pour
traiter les coliques, les rhumatismes, le cancer, la syphilis, les rhumes, la
fièvre, la bronchite et l'asthme [22]. Les racines râpées
et trempées dans de l'alcool de canne à sucre ou la
décoction de racine se prennent pour traiter les rhumatismes, les
maladies vénériennes et les vers intestinaux et aussi pour leurs
vertus antispasmodiques, sudorifiques et diurétiques dans les cas
d'infections de l'appareil urinaire. La racine écrasée
mélangée à du citron s'applique sur les morsures de
serpent [22]. A Cuba, on applique le jus des feuilles ou de la plante
entière pour soigner les problèmes de peau, l'arthrose et les
maux de dents et il se prend pour traiter le diabète. Les Colombiens
mastiquent les feuilles pour en revêtir leurs dents et prévenir
les caries. La plante entière se prend en décoction pour traiter
le diabète, le cancer, les fausses couches, les oedèmes et pour
purifier le sang. Au Brésil, les feuilles de Petiveria alliacea
sont utilisées pour soigner la malaria et les rhumatismes. Elle
l'est aussi comme insecticide. La plante s'emploie aussi couramment en magie
[22].
Cette plante est utilisée en tant qu'analgésique
et anti-inflammatoire [22]. Elle est employée aussi contre l'arthrite,
l'affaiblissement de la mémoire et induit les avortements. En dosage
élevée, elle est toxique et doit être utilisée avec
précaution lorsqu'on l'utilise de façon interne [22]. Les
feuilles sont utilisées sous forme de cataplasme à usage externe
pour les maux de tête, les douleurs rhumatismales et d'autres types de
douleur et aussi comme un insecticide [22]. Dans la médecine des plantes
au Guatemala, il est utilisé comme remède traditionnel contre la
sinusite (par inhalation de la poudre faite à base de la racine de la
plante). La décoction faite à base de feuilles est à usage
interne pour soigner les ennuis digestifs, et le fait d'avoir des gaz et de la
fièvre [23]. La décoction à base de feuilles est
employée de manière externe comme analgésique pour les
douleurs musculaires et les maladies de la peau. En Haïti, l'extrait fait
à base de feuilles ou de racines d'anamu écrasées est
inhalé pour soigner les migraines et une macération de ces
feuilles est utilisée comme analgésique en faisant des bains de
bouche pour les douleurs dentaires. Elle serait aussi utilisée contre la
rétention d'eau
13
et pour son action sur les émonctoires. Elle est, en
outre, vésicante, antispasmodique et vermifuge. Les racines ont
été signalées comme odontalgiques. A Porto-Rico, on donne
la décoction de la plante aux nouvelles accouchées, pour
prévenir les accidents des suites de couches [22]. L'infusion des
feuilles est recommandée pour accélérer et faciliter
l'accouchement et contre l'asthénie. Les feuilles servent à la
préparation de bains aromatiques provoquant une sudation
générale qui aboutit à une baisse de température
dans les fièvres rebelles à caractère infectieux. On
utilise aussi cette préparation en lavement contre les fermentations
intestinales. Le jus des feuilles fraîches et écrasées sert
à la désinfection des plaies. La dose employée est de 30 g
par litre d'eau en décoction, à prendre par verre toutes les
heures. En homéopathie, les indications de Petiveria alliacea
sont : les paralysies, la paraplégie avec engourdissements, la
sensation de froid à l'intérieur, froid dans les os [23].
II.2. GENERALITES SUR MORINGA OLEIFERA II.2.1.
Aspect botanique
Moringa oleifera Lam. (Synonyme : Moringa
pterygosperma Gaertner) appartient à la famille
monogénérique des arbustes et arbres des Moringaceae qui comprend
environ 13 espèces [24]. Moringa est un arbre pérenne, à
croissance rapide, qui peut atteindre 7 à 12 mètres de hauteur et
dont le tronc généralement droit (20 à 40 cm de
diamètre) atteint 1,5 à 2 mètres de haut avant de se
ramifier, bien qu'il puisse parfois atteindre les 3 mètres. Les branches
poussent de manière désorganisée et la canopée est
en forme de parasol. Les feuilles, alternes et bi ou tripennées, se
développent principalement dans la partie terminale des branches. Elles
mesurent 20 à 70 cm de long et sont recouvertes d'un duvet gris
lorsqu'elles sont jeunes. De plus, elles ont un long pétiole avec 8
à 10 paires de pennes composées chacune de deux paires de
folioles opposés, plus un à l'apex, ovales ou en forme d'ellipse,
et mesurant 1 à 2 cm de long. Les fleurs mesurent 2,5 cm de large et se
présentent sous forme de panicules axillaires et tombantes de 10
à 25 cm. Elles sont généralement abondantes et
dégagent une odeur agréable [25,26].
Elles sont blanches ou de couleur crème, avec des
points jaunes à la base. Les sépales, au nombre de cinq, sont
symétriques et lancéolés. Les cinq pétales sont
minces et spatulés, symétriques à l'exception du
pétale inférieur, et entourent cinq étamines. Les fruits
forment des gousses à trois lobes, mesurant 20 à 60 cm de long,
qui pendent des branches. Lorsqu'ils sont secs, ils s'ouvrent en trois
parties.
14
Chaque gousse contient entre 12 et 35 graines. Les graines
sont rondes, avec une coque marron semi-perméable. La coque
présente trois ailes blanches qui s'étendent de la base au sommet
à 120 degrés d'intervalle. Un arbre peut produire 15000 à
25000 graines par an. Une graine pèse en moyenne 0,3 g et la coque
représente 25% du poids de la graine [25]
Photo 2. Feuille du Moringa oleifera
II.2.2. Répartition géographique
Originaire du sous-continent indien (Afghanistan, Inde,
Pakistan, Sri Lanka), Moringa oleifera est aujourd'hui cultivé
sur une répartition pantropicale. Elle est cultivée en Afrique et
dans les régions tropicales comme Madagascar. Elle présente un
comportement "envahissant" à Cuba [25]. Elle est répartie
beaucoup plus au sud Bénin, à l'Ouest et à l'Est.
II.2.3. Usages
L'extrait aqueux des feuilles de Moringa oleifera
à des doses de 100, 200 et 300 mg/kg de poids corporel a
montré une activité antihyperglycémiante [27]. Aux
mêmes doses [28], l'extrait brut des feuilles de Moringa oleifera
a une importante action sur la baisse du taux de cholestérol dans
le sérum de rats soumis à un riche régime en graisse ;
cette action pourrait être attribuée à la présence
d'un phytoconstituant bioactif, c'est-à-dire le
â-sitostérol [29]. Les fruits de Moringa font baisser le
taux de cholestérol sérique, de phospholipides, de
triglycérides, de LDL (low density lipoprotein), de VLDL (very low
density lipoprotein) et réduisent le profil lipidique du foie [30].
La racine de Moringa oleifera, à cause du
principe actif (la pterygospermine), est une antibactérienne et anti
fongique puissante [31]. L'extrait aqueux et d'éther de pétrole
de
15
l'écorce de la racine se sont avérés
responsable des activités antibactériennes et antifongiques
[32,33].
L'extrait aqueux des feuilles de Moringa oleifera
possède une activité antioxydante due à la
présence de différentes variétés d'antioxydants
comme l'acide ascorbique, les flavonoïdes, les composés
phénoliques et les caroténoïdes [34]. Des travaux
effectués sur les feuilles de Moringa oleifera ont
montré qu'elles peuvent traiter le SIDA [35].
Les fleurs et les feuilles de Moringa oleifera ont
aussi une activité anthelminthique [36]. Elles servent à traiter
des inflammations, des maladies musculaires, de l'hystérie, des tumeurs,
l'agrandissement de la rate et réduisent le taux de cholestérol
dans le sérum [37]. L'extrait éthanolique de Moringa oleifera
a montré un maximum d'action contre la bactérie responsable
de la fièvre typhoïde [38].
II.3. GENERALITES SUR OCIMUM GRATISSIMUM II.3.1.
Aspect botanique
Ocimum gratissimum est une espèce de plantes
de la famille des Lamiaceae. De nom scientifique Ocimum gratissimum,
appelée en anglais (wild basil, tree basil, East Indian basil, clove
basil); français (Menthe gabonaise); Tchayo en Fon, Efinrin en Yoruba,
elle est une plante herbacée aromatique, vivace, 1-3 m de haut ; tige
érigée, rond-quadrangulaire, très ramifié, glabre
ou pubescent, boisé à la base, souvent avec de l'épiderme
épluchant en bandes. Les feuilles en face ont de pétioles de
2-4,5 cm de long, minces, pubescents ; elle a de petites fleurs. Le fruit est
composé de 4 oeufs secs et à 1 graine enfermés dans le
calice [39, 40].
Photo3. La feuille d'Ocimum gratissimum
avec des fleurs
16
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