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Activité anti-oedémateuse de l'extrait aqueux des feuilles de petiveria alliacea ; de moringa oleifera et de ocimum gratissimum


par Dona Géraud Enock Gbedinhessi
Université d'Abomey-Calavi - Licence Professionnelle 2017
  

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I.12.1. Anti-inflammatoires non stéroïdiens

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont une des classes thérapeutiques les plus utilisées dans le monde en raison de leurs propriétés anti-inflammatoires, anti-pyrétiques et antalgiques. Actuellement, il y a plus de 50 différents AINS sur le marché mondial. Le mécanisme d'action des AINS a été précisé par les travaux de Vane [16]. Il repose en grande partie sur l'inhibition compétitive, réversible ou non, de la cyclooxygénase, enzyme qui permet la production de prostaglandine à partir de l'acide arachidonique. Cette caractéristique commune à tous les AINS conduit à une diminution de la production des prostaglandines, importants médiateurs de l'inflammation. Même si d'autres modes d'action existent, cette activité explique largement les propriétés pharmacologiques et thérapeutiques des AINS, mais aussi une partie de leurs effets secondaires en raison des fonctions physiologiques des prostaglandines [16]. Ainsi, la production exagérée de prostaglandines en situation pathologique participe à l'inflammation et à la douleur, alors que sa production basale permet l'homéostasie tissulaire. L'inhibition de la synthèse des prostaglandines par les AINS doit donc s'accompagner d'effets favorables et délétères [17].

I.12.2. Anti-inflammatoires stéroïdiens

Elles constituent une vaste famille de médicaments dérivés du cortisol, principal glucocorticoïde surrénalien. Les glucocorticoïdes sont des substances dérivées du cholestérol, dont la production est stimulée par l'ACTH libérée selon un cycle nycthéméral par le lobe antérieur de l'hypophyse.

Dans les tissus cibles, les glucocorticoïdes se fixent à leurs récepteurs des glucocorticoïdes (GR) du cytoplasme de la cellule. Après quoi, le complexe récepteur-ligand formé pénètre dans le noyau cellulaire où il se fixe à de nombreux éléments de réponse aux glucocorticoïdes dans la région du promoteur des gènes-cibles. Le récepteur, ainsi fixé à la molécule d'ADN interagit avec les facteurs de transcription basiques, provoquant une augmentation de l'expression génique de gènes-cibles spécifiques. Ce processus est appelé transactivation et conditionne la plupart des effets secondaires métaboliques et cardiovasculaires des glucocorticoïdes.

Le mécanisme opposé est appelé transrépression. Le récepteur hormonal activé interagit avec des facteurs de transcription spécifiques et prévient la transcription des gènes-cibles. Les

glucocorticoïdes sont capables d'empêcher la transcription de tous les gènes immuns, incluant celui codant IL-2 [18].

Les glucocorticoïdes ordinaires ne font pas de différence entre la transactivation et la transrépression, et influencent à la fois les gènes immuns "voulus" et ceux "non voulus" régulant les fonctions métaboliques et cardiovasculaires [19].

I.12.3. Anti-inflammatoires d'origine végétale

Les composés phytochimiques qui se retrouvent dans le règne végétal sont très diversifiés et leur spectre d'activité est tout aussi large. Certains de ces composés phytochimiques ont des propriétés anti inflammatoires. Beaucoup sont présumés agir en bloquant les voies de la cyclooxygénase et la lipoxygénase ainsi que par d'autres mécanismes.

Figure 1. Mécanisme d'action des glucocorticoïdes [18].

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Figure 2. Mécanisme d'action des AINS [16].

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Exemples de plantes anti-inflammatoires

Tableau I. Exemples de plantes médicinales douées d'activités anti-inflammatoires [18].

Noms scientifiques

Familles

Parties
utilisées

Noms communs

Utilisations

Z. officinale

Zingiberaceae

Rhizome

Gingembre

Arthrose, migraine, rhumatisme

H. orientalis

Ranunculaceae

Racines

Lenten-rose

OEdèmes, rhumatisme

U. dioica

Urticaceae

Feuilles,
Racines

Ortie

Rhinite allergique, eczéma

goutte, rhumatismes

L. officinalis

Rosaceae

Feuilles

Laurier

Fièvre, pharyngite, hémorroïdes

C. longa

Zingiberaceae

Rhizome

Curcuma

Rhumatismes, lupus systémique, psoriasis, infections rénales

N. oleander H. procumbens

Apocynaceae

Pédaliacées

Fleurs

Tubercule

Laurier rose

Griffe du
diable

Douleurs, maux de tête

Arthrose, lombalgie, neuvralgie, maux de tête, fièvre

O. biennis

Onagraceae

Graines

Onagre bisannuelle

Rhumatismes

 

Pterocarpu erinaceus

Fabaceae

Feuilles et Racines

le Vène,

Palissandre du Sénégal

Paludisme, fièvre, rhumatisme

II- GENERALITES SUR LES PLANTES UTILISEES COMME ANTI INFLAMMATOIRE

II.1. GENERALITES SUR PETIVERIA ALLIACEA (HERBE AUX POULES) II.1.1. Aspect botanique

Petiveria alliacea est une plante de la Famille des phytolaccacées (phytolaccaceae, pokeweed). Communément appelée Herbe aux poules, douvant-douvant en français ; Guinea-hen weed, Congo root, gully root, pipi root, garlique weed, skunk root en anglais ; Mucura, anamu, erva de tipi, guine en portuguais ; zoroma en fon ; amlan nyanvun en goun ; oju saju en yoruba et ewe iso en nago, elle est une plante herbacée érigée ou sous-arbrisseau atteignant 1 m de haut, à odeur d'ail ; tiges minces, anguleuses, brièvement poilues lorsque jeunes, glabres par la suite. Feuilles alternes, simples et entières ; stipules linéaires, de 1,5-2 mm de

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long ; pétiole de 0,5-1,5 cm de long ; limbe elliptique à ovale ou oblong, de 5-15 (-20) cm X 2-5(-8) cm, base cunéiforme, apex aigu a longuement acuminé, glabre à peu et brièvement poilu. Inflorescence : grappe terminale ou axillaire, mince, pendante, de 10-30(-40) cm de long, parfois ramifiée ; bractées de 1,5-2,5 mm de long. Fleurs bisexuées, zygomorphes, 4-mères ; pédicelle de 2-3 mm de long ; sépales libres, oblongs, de 3-4 mm de long, arrondis, verdâtres ou blancs à roses ; pétales absents ; étamines 4-8, insérées de façon irrégulière, filets d'environ 2 mm de long ; ovaire supère, oblong, brièvement poilu, à 4 crochets, 1-loculaire, stigmate sessile, latéral. Fruit : akène étroitement oblong de 6-8 mm de long, strié, apex 2-lobé, à crochets recourbés, contenant 1 graine (photo1) [20]

Photo 1. Feuille du Petiveria alliacea II.1.2. Répartition géographique

Sur son aire de répartition naturelle, Petiveria alliacea est présent dans les forêts humides et les endroits perturbés ouverts, depuis le niveau de la mer jusqu'à 1500 d'altitude. En Afrique de l'Ouest, on le trouve à la lisière des forêts et dans les endroits perturbés à proximité des habitations. Petiveria alliacea est indigène de l'Amérique tropicale, et a été introduit en Afrique de l'Ouest et en Inde. Il s'est naturalisé dans certains endroits du Bénin et du Nigeria. Au Benin, nous l'avons découvert à Djavi (Adjarra) où nous avons effectué la récolte pour les travaux d'expérimentation de notre étude [21].

II.1.3. Usages

Au Bénin, de façon empirique, la macération de feuilles de Petiveria alliacea est appliquée sur le ventre pour déclencher des contractions en cas d'accouchement difficile ; le liquide des

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feuilles est instillé en gouttes nasales ou en collyre pour soigner les violents maux de tête et en gouttes nasales pour soigner la sinusite [22]. La décoction de feuilles se prend en bain ou en bain de vapeur en cas d'oedème. Elle s'applique aussi sur les abcès. Au Nigeria, les guérisseurs yoroubas utilisent la plante entière lors de cérémonies rituelles. En Amérique tropicale, Petiveria alliacea est un remède couramment utilisé. On lotionne la tête avec une purée de feuilles allongée d'eau pour traiter les céphalées et pour déclencher l'accouchement. La décoction de feuilles appliquée en externe sert d'analgésique contre les douleurs musculaires et de traitement des maladies de peau. L'infusion d'écorce écrasée se boit pour traiter les coliques, les rhumatismes, le cancer, la syphilis, les rhumes, la fièvre, la bronchite et l'asthme [22]. Les racines râpées et trempées dans de l'alcool de canne à sucre ou la décoction de racine se prennent pour traiter les rhumatismes, les maladies vénériennes et les vers intestinaux et aussi pour leurs vertus antispasmodiques, sudorifiques et diurétiques dans les cas d'infections de l'appareil urinaire. La racine écrasée mélangée à du citron s'applique sur les morsures de serpent [22]. A Cuba, on applique le jus des feuilles ou de la plante entière pour soigner les problèmes de peau, l'arthrose et les maux de dents et il se prend pour traiter le diabète. Les Colombiens mastiquent les feuilles pour en revêtir leurs dents et prévenir les caries. La plante entière se prend en décoction pour traiter le diabète, le cancer, les fausses couches, les oedèmes et pour purifier le sang. Au Brésil, les feuilles de Petiveria alliacea sont utilisées pour soigner la malaria et les rhumatismes. Elle l'est aussi comme insecticide. La plante s'emploie aussi couramment en magie [22].

Cette plante est utilisée en tant qu'analgésique et anti-inflammatoire [22]. Elle est employée aussi contre l'arthrite, l'affaiblissement de la mémoire et induit les avortements. En dosage élevée, elle est toxique et doit être utilisée avec précaution lorsqu'on l'utilise de façon interne [22]. Les feuilles sont utilisées sous forme de cataplasme à usage externe pour les maux de tête, les douleurs rhumatismales et d'autres types de douleur et aussi comme un insecticide [22]. Dans la médecine des plantes au Guatemala, il est utilisé comme remède traditionnel contre la sinusite (par inhalation de la poudre faite à base de la racine de la plante). La décoction faite à base de feuilles est à usage interne pour soigner les ennuis digestifs, et le fait d'avoir des gaz et de la fièvre [23]. La décoction à base de feuilles est employée de manière externe comme analgésique pour les douleurs musculaires et les maladies de la peau. En Haïti, l'extrait fait à base de feuilles ou de racines d'anamu écrasées est inhalé pour soigner les migraines et une macération de ces feuilles est utilisée comme analgésique en faisant des bains de bouche pour les douleurs dentaires. Elle serait aussi utilisée contre la rétention d'eau

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et pour son action sur les émonctoires. Elle est, en outre, vésicante, antispasmodique et vermifuge. Les racines ont été signalées comme odontalgiques. A Porto-Rico, on donne la décoction de la plante aux nouvelles accouchées, pour prévenir les accidents des suites de couches [22]. L'infusion des feuilles est recommandée pour accélérer et faciliter l'accouchement et contre l'asthénie. Les feuilles servent à la préparation de bains aromatiques provoquant une sudation générale qui aboutit à une baisse de température dans les fièvres rebelles à caractère infectieux. On utilise aussi cette préparation en lavement contre les fermentations intestinales. Le jus des feuilles fraîches et écrasées sert à la désinfection des plaies. La dose employée est de 30 g par litre d'eau en décoction, à prendre par verre toutes les heures. En homéopathie, les indications de Petiveria alliacea sont : les paralysies, la paraplégie avec engourdissements, la sensation de froid à l'intérieur, froid dans les os [23].

II.2. GENERALITES SUR MORINGA OLEIFERA II.2.1. Aspect botanique

Moringa oleifera Lam. (Synonyme : Moringa pterygosperma Gaertner) appartient à la famille monogénérique des arbustes et arbres des Moringaceae qui comprend environ 13 espèces [24]. Moringa est un arbre pérenne, à croissance rapide, qui peut atteindre 7 à 12 mètres de hauteur et dont le tronc généralement droit (20 à 40 cm de diamètre) atteint 1,5 à 2 mètres de haut avant de se ramifier, bien qu'il puisse parfois atteindre les 3 mètres. Les branches poussent de manière désorganisée et la canopée est en forme de parasol. Les feuilles, alternes et bi ou tripennées, se développent principalement dans la partie terminale des branches. Elles mesurent 20 à 70 cm de long et sont recouvertes d'un duvet gris lorsqu'elles sont jeunes. De plus, elles ont un long pétiole avec 8 à 10 paires de pennes composées chacune de deux paires de folioles opposés, plus un à l'apex, ovales ou en forme d'ellipse, et mesurant 1 à 2 cm de long. Les fleurs mesurent 2,5 cm de large et se présentent sous forme de panicules axillaires et tombantes de 10 à 25 cm. Elles sont généralement abondantes et dégagent une odeur agréable [25,26].

Elles sont blanches ou de couleur crème, avec des points jaunes à la base. Les sépales, au nombre de cinq, sont symétriques et lancéolés. Les cinq pétales sont minces et spatulés, symétriques à l'exception du pétale inférieur, et entourent cinq étamines. Les fruits forment des gousses à trois lobes, mesurant 20 à 60 cm de long, qui pendent des branches. Lorsqu'ils sont secs, ils s'ouvrent en trois parties.

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Chaque gousse contient entre 12 et 35 graines. Les graines sont rondes, avec une coque marron semi-perméable. La coque présente trois ailes blanches qui s'étendent de la base au sommet à 120 degrés d'intervalle. Un arbre peut produire 15000 à 25000 graines par an. Une graine pèse en moyenne 0,3 g et la coque représente 25% du poids de la graine [25]

Photo 2. Feuille du Moringa oleifera II.2.2. Répartition géographique

Originaire du sous-continent indien (Afghanistan, Inde, Pakistan, Sri Lanka), Moringa oleifera est aujourd'hui cultivé sur une répartition pantropicale. Elle est cultivée en Afrique et dans les régions tropicales comme Madagascar. Elle présente un comportement "envahissant" à Cuba [25]. Elle est répartie beaucoup plus au sud Bénin, à l'Ouest et à l'Est.

II.2.3. Usages

L'extrait aqueux des feuilles de Moringa oleifera à des doses de 100, 200 et 300 mg/kg de poids corporel a montré une activité antihyperglycémiante [27]. Aux mêmes doses [28], l'extrait brut des feuilles de Moringa oleifera a une importante action sur la baisse du taux de cholestérol dans le sérum de rats soumis à un riche régime en graisse ; cette action pourrait être attribuée à la présence d'un phytoconstituant bioactif, c'est-à-dire le â-sitostérol [29]. Les fruits de Moringa font baisser le taux de cholestérol sérique, de phospholipides, de triglycérides, de LDL (low density lipoprotein), de VLDL (very low density lipoprotein) et réduisent le profil lipidique du foie [30].

La racine de Moringa oleifera, à cause du principe actif (la pterygospermine), est une antibactérienne et anti fongique puissante [31]. L'extrait aqueux et d'éther de pétrole de

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l'écorce de la racine se sont avérés responsable des activités antibactériennes et antifongiques [32,33].

L'extrait aqueux des feuilles de Moringa oleifera possède une activité antioxydante due à la présence de différentes variétés d'antioxydants comme l'acide ascorbique, les flavonoïdes, les composés phénoliques et les caroténoïdes [34]. Des travaux effectués sur les feuilles de Moringa oleifera ont montré qu'elles peuvent traiter le SIDA [35].

Les fleurs et les feuilles de Moringa oleifera ont aussi une activité anthelminthique [36]. Elles servent à traiter des inflammations, des maladies musculaires, de l'hystérie, des tumeurs, l'agrandissement de la rate et réduisent le taux de cholestérol dans le sérum [37]. L'extrait éthanolique de Moringa oleifera a montré un maximum d'action contre la bactérie responsable de la fièvre typhoïde [38].

II.3. GENERALITES SUR OCIMUM GRATISSIMUM II.3.1. Aspect botanique

Ocimum gratissimum est une espèce de plantes de la famille des Lamiaceae. De nom scientifique Ocimum gratissimum, appelée en anglais (wild basil, tree basil, East Indian basil, clove basil); français (Menthe gabonaise); Tchayo en Fon, Efinrin en Yoruba, elle est une plante herbacée aromatique, vivace, 1-3 m de haut ; tige érigée, rond-quadrangulaire, très ramifié, glabre ou pubescent, boisé à la base, souvent avec de l'épiderme épluchant en bandes. Les feuilles en face ont de pétioles de 2-4,5 cm de long, minces, pubescents ; elle a de petites fleurs. Le fruit est composé de 4 oeufs secs et à 1 graine enfermés dans le calice [39, 40].

Photo3. La feuille d'Ocimum gratissimum avec des fleurs

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe