Conclusion partielle
La région du lac Tchad en général et la
partie nigérienne en particulier est un endroit authentique pour toute
étude scientifique, car présentant un environnement aux aspects
originaux encore méconnus et n'ayant pas été l'objet de
plusieurs études.
Notre thème intitulé « Systèmes
d'exploitation de la cuvette nord du lac Tchad : cas du maraîchage sur le
site de Kimé Gana dans la commune urbaine de N'guigmi » a
été l'objet d'une étude théorique et
méthodologique.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 27
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
3.1 ACTEURS ET PRATIQUES MARAICHERES DE KIME GANA 3.1.2
Historique du village de Kimé Gana
Kimé Gana était jadis un village situé
à la bordure du lac Tchad. Il était peuplé par les
Boudouma dont l'activité principale était l'élevage.
L'activité piscicole en ce temps n'était pas dominante. Les
autres composantes de la population à savoir les Kanouri, les haoussas,
les Toubou et les peuls faisaient l'agriculture et l'élevage le long du
rivage.
Dans une autre étude rapportée par Kiari Fougou
(2014), mentionne que: «traditionnellement, les Boudouma ou Yedina,
habitants des îles de la cuvette nord du lac, étaient
essentiellement des éleveurs. La modernisation des techniques de
pêche (filets en nylon, nasses), la monétarisation des
échanges et la mise en place d'un marché important au Nigeria
frontalier ont conduit à une intensification de la pêche qui est
devenue l'activité dominante. Les populations autochtones ont alors
été rejointes par des groupes allochtones en provenance d'autres
régions du Niger (Haoussa, Zarma), du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et
du Mali, amplifiant ainsi le développement de la filière
pêche».
En plus de l'agriculture et de l'élevage, les kanouri
pratiquent aujourd'hui la pêche, résultat d'une grande
cohabitation avec les Boudouma. Lors d'un entretien avec un chef d'exploitant
âgé, il affirme que: «je me rappelle de la période
ou le lac était à quelques lieues de N'guigmi, on partait
s'amuser en bande avec mes amis d'enfance aux bords des eaux et on revenait
avec du poisson. La chasse était aussi florissante et les animaux
sauvage en abondance».
Le retrait des eaux du lac Tchad observé depuis les
années 1970 a engendré une importante diminution voire une
disparition même des pratiques piscicoles autour de la commune de
N'Guigmi. Sur le plan socio-économique, le site de Kimé Gana a
connu d'importantes mutations dans le temps et dans l'espace.
Les premiers exploitants qui avaient découverts le site
étaient d'abord des hommes et pratiquaient comme activités
principales l'agriculture et l'élevage. C'est en 1984 que le site fut
dédié aux femmes productrices, mais aujourd'hui on y trouve
toutes les composantes réunies avec un âge nettement varié
et les femmes représentent 75% et les hommes 25%.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 28
3.1.3 L'organisation du travail dans le maraichage
3.1.3.1 Caractéristiques des exploitants
La détermination des différentes ethnies et
nationalités permet aussi de comprendre certaines
caractéristiques des producteurs. Ainsi on note une diversité
d'ethnies sur le site de cultures maraîchères de Kimé Gana.
Les ethnies majoritaires sont: les kanouri, les Toubou, les Haoussa, les
Boudouma et les Touareg; avec des proportions nettement variables. Ainsi les
Kanouri représentent 59% des chefs d'exploitation, ensuite viennent les
Toubou et les Haoussa avec 20 et 13%.Certains des chefs d'exploitation sont des
travailleurs qui ont quitté les zones de forte production du bassin du
lac Tchad .Il s'agit des réfugiés et déplacés
internes qui avaient été délogés à la suite
des attaques terroristes incessantes de Boko Haram. Néanmoins les
Boudouma et les Touareg sont au bas de l'échelle.
18%
13%
7% 3%
59%
Kanouri Toubou Haoussa Peul Touareg
Figure 6: Répartition ethnique des
exploitants du site.
3.1.3.2 Une dominance des non alphabétisés
dans les exploitants
Cette partie nous fournit des informations sur le niveau
d'instruction des exploitants du site. Les autres caractéristiques de
notre échantillon sont l'âge et le niveau d'instruction des
exploitants du site. Le niveau d'instruction des producteurs peut influencer la
performance des activités agricoles. Ainsi 67% des exploitants ont subi
l'enseignement informel, contre 20% des producteurs qui avaient
fréquentés le cycle primaire. Les non instruits et le niveau
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 29
secondaire ont une proportion de 7%. Ces chiffres traduisent
bien le niveau d'éducation de la composante des producteurs sur le
périmètre (Tableau 5). L'éducation non formelle comprend
d'une part l'alphabétisation des adultes et d'autre part
l'éducation religieuse dispensée dans le cadre des écoles
coraniques.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 30
Tableau 5:Nationalité et niveau d'instruction des chefs
d'exploitants
Niveau d'instruction
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Ecole coranique
|
40
|
67
|
Non instruit
|
4
|
7
|
Primaire
|
12
|
20
|
Secondaire
|
4
|
7
|
Supérieur
|
0
|
0
|
Total
|
60
|
100
|
3.1.3.3 Répartition des exploitants maraichers
par tranche d'âge et par sexe
Les adultes dominent dans la pratique des cultures
maraichère à Kimé Gana (Figure 8). Les enquêtes
montrent une diversité des exploitants au niveau du site en fonction
d'âge avec 43% de celles-ci compris entre 41 et 60 ans. La seconde
catégorie des exploitants composée des plus jeunes exploitants
âgés de 16 et 35 ans soit 34%.
L'infime composante est celle des producteurs plus
âgés avec une proportion de 10%.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 31
Figure 7: Répartition par tranche
d'âge des exploitants ,
Aujourd'hui le site maraîcher de Kimé Gana est
l'un des sites qui fait la fierté de la commune de N'guigmi vu les
différentes spéculations qui sont produites. Il a permis une
importante réduction du taux de chômage des jeunes. La pratique
des cultures maraîchères est largement dominée par les
femmes. Les femmes exploitent à 75 % le site par rapport aux hommes qui
tirent profit du maraichage à 25%. Sur le terrain et à la
première lueur du jour, les femmes exploitantes prennent le chemin pour
s'y rendre sur le périmètre irrigué afin de vaguer
à leurs occupations quotidiennes. Des plus petits travaux aux grands,
les femmes exploitantes participent activement à tout genre de travail
qu'on porte le maraichage et ne se différencient guère des
hommes. Cette prouesse mentionne clairement que les femmes du site de
Kimé Gana, ont une prédominance par rapport aux hommes depuis
1982 lorsque le site a été dédié aux femmes par le
chef de canton de l'époque.
25%
75%
Femmes Hommes
Figure 8:Répartition des exploitants par
sexe.
3.2 Le processus de production maraichère 3.2.1
Les travaux de préparation des sols
Comme pour les cultures pluviales, les travaux des cultures
maraîchères dépendent également d'un certain nombre
de techniques différentes d'une zone géographique à une
autre. Il s'agit d'arranger et de préparer le terrain pour permettre aux
plantes une croissance rapide dans les conditions favorables à leur
cycle végétatif. Le plus souvent les travaux de
désherbage, dessouchage et de l'abattage des pieds de Prosopis
juliflora s'en suivent. Ce travail pénible est essentiellement fait
grâce à l'effort personnel de l'exploitant surtout quand il s'agit
d'une parcelle détenue par un homme. Néanmoins, l'entraide
familiale et la main d'oeuvre salariale sont fréquentes pour les femmes
exploitantes.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 32
Ainsi nous allons évoquer d'une manière
succincte certaines activités à réaliser pour permettre
une bonne production. Il s'agit de : le labour, la confection des planches, le
repiquage, le sarclage, l'aménagement du réseau d'irrigation.
3.2.2 Le labour
Le labour est une façon de travailler la terre .Avec
une houe, une bèche, le labour consiste à ouvrir la terre arable
jusqu'à une certaine profondeur et à la retourner. Cette
technique ameublit le sol et enfoui ce qu'il porte en surface, elle est
utilisée pour préparer le futur ensemencement du sol. Mais toutes
fois nous avons constaté sur le site que la plupart des exploitants font
travailler la terre avec les moyens rudimentaires.
.
Photo 3: Moyens rudimentaires du labourage.
(Cliché : Achahabou, novembre 2017)
3.2.3 La confection des planches
La préparation d'une planche est une étape
essentielle du travail de l'agriculteur. Dans cette opération se trouve
l'importance donnée au maraichage : Prendre soin du sol et de sa vie.
Après avoir débarrassé le terrain des résidus de la
récolte précédentes et en attendant que les plants aient
l'âge d'être repiqués, les maraîchers confectionnent
des planches destinées à recevoir les jeunes plants. La
confection de ces planches nécessite une main d'oeuvre assez nombreuse
et les planches sont faites de manières suivantes :
? Délimiter les parcelles selon les mesures
souhaitées
? Remuer le sol avec les outils de labours (Photo 3)
? Ajouter du fumier naturel
? Arroser régulièrement les planches pendant une
période approximative de 10 jours.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 33
Photo 4: Confection des planches à
Kimé Gana. (Cliché: Achahabou, décembre
2017)
3.2.4 Le repiquage
Le repiquage appelé aussi transplantation ou
replantation est une technique qui consiste à déplanter un jeune
plan et à le replanter dans un autre substrat de culture ou un autre
endroit. Pour certaines spéculations, l'opération de repiquage
débute en Novembre et Décembre et exige une main d'oeuvre
qualifiée et expérimentée pour le suivi des jeunes plans.
Pour le poivron son repiquage a lieu en pleine saison des pluies ou à la
fin de cette dernière. Le repiquage du poivron a lieu pendant la saison
froide à partir du mois de novembre.
Photo 5: Repiquage de l'oignon (Cliché :
Achahabou, décembre 2017)
3.2.5 La pépinière
La pépinière est un champ ou parcelle de terre
réservée à la culture de plantes. La confection des
pépinières est une activité de grande importance sur le
site. En général les maraichers installent la
pépinière au bon milieu de la saison des pluies allant de la fin
d'Aout, mi-
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 34
septembre et début novembre coïncidant avec la fin
des pluies. La pépinière jouit d'un terrain bien
aménagé où l'on sème et soigne les plants d'oignon,
de chou, de laitue, de carotte, de tomate....etc. destinés au
repiquage.
1. Mesurer l'écartement entre les lignes
2.
Tracer les lignes avec un bâton ou une règle
3. Semer les graines les unes à côté des
autres à une profondeur d'un (1) Centimètre
Figure 9: Aménagement des parcelles
(EDOS, 2015).
Sur le périmètre de Kimé Gana le choix de
la période de repiquage dépend bien souvent de la main d'oeuvre,
car la majorité d'exploitants du site sont des femmes
âgées. Cette main d'oeuvre est le souvent sollicitée par
les moyens et grands producteurs à cause des moyens financiers des
producteurs. Les enfants constituent une main d'oeuvre non négligeable
sur le site car les jeunes déscolarisés assistent pleinement
leurs parents dans toutes activités culturales.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 35
3.3 Utilisation des intrants agricoles 3.3.1 Les semences
utilisées
Lors de visites sur le site maraicher, les semences ne
constituent guère un problème pour la mise en valeur des
parcelles des cultures. Les paysans produisent eux-mêmes leurs semences
sur le site dans des planches spécialement aménagées .Les
semences majoritairement utilisées par les exploitants sont locales avec
45% .Pour une amélioration de l'activité maraichère,
l'état à travers ses différents partenaires assistent les
maraichers par une distribution des semences améliorées. Le plus
souvent, les maraichers produisent eux-mêmes leur semence. C'est le
même cas au niveau du site de Gourdjia comme le souligne une
équipe d'experts de la chambre régionale de l'agriculture de
Maradi (CRA, 2016). D'autres semences (30%) proviennent des pays voisins dont
principalement le Nigeria. Cela se confirme avec Abdourahamani (2011), qui
précise que l'essentiel des semences utilisées sont locales sauf
quelques semences importées des pays voisins dont le Nigeria.
Ainsi 62% des producteurs affirment n'avoir pas reçu
des matériels et intrants agricoles lors des distributions par les
différents partenaires et l'état à travers la direction
départementales de l'agriculture.
38%
62%
Acces aux intrants
Pas d'acces aux int.
Figure 10: Les semences utilisées et
l'approvisionnement des intrants agricoles
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 36
3.4 Les modes de fertilisation du sol 3.4.1 La fumure
organique
Dans les systèmes d'exploitation de la cuvette
l'utilisation de la fumure organique reste une pratique est une règle
dans la production des cultures irriguées. C'est un système
traditionnel qui recours la défécation animale ou à
certains déchets des ménages. Dans le périmètre
irrigué de Kimé Gana, le recours à la fertilisation
animale n'est pas systématique. Certains maraichers pratiquent
l'élevage de la basse-cour et des petits ruminants dans les coins de
leur parcelle ; ce qui permet de disposer du fumier à la portée
de main. La fertilisation animale n'est réellement efficace que si l'on
dispose abondamment du fumier. Les animaux doivent être bien nourris pour
assurer la production du fumier nécessaire ; à cela s'ajoute la
rareté du fourrage surtout pendant la saison sèche dans ces zones
arides. Le mode d'élevage détermine la durée de
stabulation, de même que le séjour des animaux sur les parcelles
et le pâturage hors du périmètre.
A B
Photo 6: Elevage du petit ruminant (A), Elevage
de la basse-cour (B) (Achahabou, décembre 2017)
Le problème majeur auquel fait face les exploitants de ce
site est le transport, car ne disposant pas de route pour acheminer les
produits. Dans la partie sud de N'guigmi, la nature sablo-argileuse du sol rend
aussi difficile le transport. A la fin de la récolte de certaines
spéculations et afin de mieux assister le sol, les producteurs coupent
et laissent au ras du sol les résidus des cultures qui serviront
notamment d'engrais pour la prochaine récolte.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 37
Photo 7: Résidus de culture servant
d'engrais. (Achahabou .H, mars 2017)
3.4.2 Les engrais chimiques
Dans la région, l'utilisation de certains engrais est
strictement interdite par le gouvernorat à cause de leurs
caractères chimiques pouvant servir dans la fabrication des bombes
artisanales et des ceintures d'explosifs par les éléments de Boko
Haram. Les producteurs utilisent en premier la fumure organique. Les
producteurs privilégient l'utilisation des engrais chimiques qui
semblent plus efficaces à court terme. Les engrais chimiques sont
appliqués sur des plants pour permettre un bon développement.
Avant les évènements de Boko Haram l'utilisation
des engrais est très répandue sur le site. Ce qui favorisait un
bon rendement et une meilleure production des spéculations dans toute la
commune et surtout sur les rives du lac Tchad. Mais aujourd'hui beaucoup de ces
produits sont retirés du marché à cause de leur
composition chimique dangereuse pouvant servir à d'autres fins ; c'est
le cas de l'urée qui a été interdite par le gouvernorat de
Diffa. C'est un produit qui sert à la fabrication des explosifs.
Ainsi beaucoup de producteurs se plaignent toujours de la
difficulté à accéder aux engrais et semences malgré
l'existence des boutiques d'intrants au niveau départemental. Les types
d'engrais les plus fréquemment utilisés à Kimé Gana
sont : le NPK 15-15-15, le Golden.
3.5 Les modes de traitement des cultures
maraichères 3.5.1 Les produits phytosanitaires
Ils sont utilisés pour assurer une bonne
productivité des cultures maraîchères .Les exploitants font
le suivi et le traitement des cultures à l'aide des produits
phytosanitaires, mais qu'ils jugent de fois inefficaces et très chers
sur les marchés. Les prix varient en fonction de plusieurs facteurs : la
quantité, la qualité, la provenance des produits et les saisons.
Les insecticides proviennent dans leur majorité du Nigeria. Les produits
les plus fréquemment utilisés sont : Pacha 25 EC,
Diméthoate 40% EC, DDVP 1000 EC, Karaté 2 ULV, Acarius 018 EC
Rambo.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 38
Photo 8: Produits phytosanitaires (Achahabou .H,
mars 2017)
3.5.2 Les traitements locaux
Sur initiative de l'état, des projets et ONG, beaucoup
de producteurs de la commune ont bénéficié de la formation
sur la fabrication d'un insecticide local sur plusieurs sites. Il est fait
à base des feuilles de tabac, de la poudre du savon de Marseille
(lavibel) et de l'eau.
Le procédé de fabrication est le suivant : Il
consiste à piler 1kg de feuilles de tabac pour une solution de dix (10)
litres, qui servira à traiter une superficie de 0,1 ha.
Les feuilles doivent être d'abord broyer puis mises dans
un bout de tissu et placer dans un vase contenant 10 litres d'eau. Le
mélange est laissé pendant vingt-quatre heures pour
homogénéisation. Ensuite mettre trois pincées du savon
poudre dans un litre d'eau et le laisser pendant 24 h. Apres cela verser le
contenu savonneux dans le vase contenant 10 litres d'eau .Ce mélange
doit être bien filtrée avant l'application. Cette dernière
doit être pulvérisée dans la soirée ce qui permettra
à la solution de bien agir.
Photo 9 : Procédé de fabrication
de l'insecticide local (Achahabou H. mars 2018).
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 39
3.6 Les différentes espèces produites sur
le site
Les espèces cultivées sur le site de Kimé
Gana sont presque identiques à celles cultivées le long de la
bordure de la Komadougou et surtout le rivage du bassin du lac Tchad. Les
cultures maraîchères du périmètre de Kimé
Gana sont : la tomate, la laitue, la salade, le melon, le gombo, le chou, le
poivron, le piment, l'oignon, l'ail, la patate douce, la carotte.....
o La pomme de terre ou Patate (Solanum
tuberosum)
En Afrique, la pomme de terre a été introduite
à la fin du19e siècle par le colonisateur
européen et au Niger elle a été introduite en 1912
(Sanoussi, 2010).
Les caractéristiques de la pomme de terre sont le plus
souvent liées à l'espace ou bien à la
variété. C'est une plante vivace qu'on trouve sous forme de
tubercules ou de tiges souterraines. Chacune se caractérise par sa
propre époque de récolte, sa capacité à se
conserver ainsi des caractéristiques culinaires. Une ressemblance
notoire s'observe entre les différentes variétés et
d'autres sont particulières. Il est difficile de donner une unique
description à l'espèce.
La propagation est asexuée par des tubercules
formés sur les extrémités des stolons ; chaque tubercule
est pourvu de bourgeons appelés « yeux ». Le cycle
végétatif de la pomme de terre est court (3 à 4 mois) et
la plante se caractérise par un système racinaire superficiel qui
doit être compensé par une bonne fertilisation.
Néanmoins et de manière générale
la plante peut avoir jusqu'à 10 tiges et paires de folioles par feuille
(Un foliole termine la feuille).
Ainsi dans la commune de N'guigmi, la culture de la pomme de
terre sur les sites maraichers participe à la dynamique de la
réduction de la vulnérabilité des populations. La
production de la pomme de terre y est devenue une activité marchande qui
attire pleins d'acteurs. Elle procure à la population des revenus
substantiels qui leur permettent de faire face aux crises alimentaires et
palier à certaines conséquences de l'insécurité qui
caractérisent le bassin du lac Tchad. Sur notre site d'étude la
production de la pomme de terre contribue à l'amélioration de la
sécurité alimentaire des ménages.
Un sac de jeunes plantules de la pomme de terre se vend entre
15 000 et 20 000 Naira, soit 25 000 à 33 500 FCFA, ce sac peut contenir
40 planches de longueur 2,5 sur 1,5m. Ce même sac de plantules peut
produire 6 sacs de 57 à 60 Kg de pomme de terre destinés à
la vente, dont l'unité tourne autour d'un prix de 8 000 Naira soit 13
500 FCFA sur le site. Un petit producteur s'en sort souvent une production
moyenne de 60 kg et les autres producteurs s'en sortent avec 4 à 6sacs
de 60 kg. Le produit devient rare sur le marché pendant la
période de
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 40
chaleur, notamment en avril et mars. La période des
semences des plantules, est le mois d'octobre. La récolte débute
pendant la saison froide allant de mi-décembre à janvier. Le
manque d'eau et de superficie est un des facteurs qui freinent la production de
la pomme de terre sur le site. L'autre facteur majeur est la cherté des
semences car ces produits sont importés par l'état à
travers ses différents partenaires techniques et financiers.
o La tomate (Lycopersicom
esculentum)
La tomate est une espèce de plantes herbacées de
la famille des Solanacées, originaire du nord-ouest de l'Amérique
du sud, largement cultivée pour son fruit. Elle a pour
caractéristiques agronomiques les points suivants : son système
racinaire est de type pivotant à tendance fasciculé ; très
dense et ramifié sur les trente premiers centimètres, il peut
atteindre un mètre de profondeur. La tige est anguleuse, épaisse
aux entrenoeuds, pubescente. La tige et les feuilles portent deux types de
poils simples ou glanduleux, ces derniers contiennent une donne son odeur
caractéristique à la plante. Les feuilles, alternes, longues de
10 à 25 cm sont composées et comprennent 5 à 7 folioles
aux lobes très découpés.
Les semis proviennent en grande partie des marchés
frontaliers du Nigeria, aussi certains partenaires comme le CICR ont
procédé aux distributions de plusieurs variétés de
semences des produits maraichers.
Les semis de la tomate ont lieu pendant le mois d'octobre
juste à la proche de la saison froide et le début des
récoltes a lieu pendant le mois de janvier et prend fin au début
de la période de chaleur en mars. Elle est consommée frais,
séchés ou en conserve, en particulier dans les centres urbains.
Elle est cultivée sur tous les sites maraichers du pays. Sur le site de
Kimé Gana la tomate était cultivée sur des petites
portions car les producteurs n'accordaient pas une grande importance aux
revenus qu'elles engendraient et ignoraient son importance sur les
marchés locaux et frontaliers. Néanmoins ces dernières
années cette culture a connu un essor surtout durant les années
2013,2014 et 2015. Ainsi pendant ces années la quantité de la
production dépend d'un producteur à un autre. On estime qu'un
grand producteur peut récolter au-delà de 50 bidons. Pour les
moyens et petits producteurs ils peuvent produire respectivement 20 et 10
bidons à plus. A ce jour sa production est nettement en baisse par
rapport aux années antérieures (2013, 2014 et 2015) et cela est
dû à la situation d'insécurité grandissante dans la
région du lac Tchad, occasionnant ainsi le déplacement massif des
populations riveraines et la panne de toutes les activités
économiques. Le manque d'eau relatif aux problèmes d'irrigation
constitue une cause majeure de la baisse de la production sur le
périmètre irrigué de Kimé Gana.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 41
Photo 10: Planche de tomate de
variété Roma (Achahabou Hamissou, mars 2017)
o L'oignon (Allium cepa)
L'oignon est une plante bisannuelle de la famille des
amaryllidacées. C'est une production maraîchère
cultivée pour ses bulbes (séchés) et secondairement pour
ses feuilles utilisées comme condiment. L'oignon est une plante qui est
produite dans tous les sites maraichers. C'est une production agricole de rente
de grande ampleur au Niger en général et dans le
département de N'guigmi en particulier. Il est mis en culture pendant la
période de fraicheur le long du mois de novembre et les premières
récoltes ont lieu en plein mois de janvier au niveau du site de
Kimé Gana. Cette dernière se poursuit jusque dans la saison
chaude en mars, avril et surtout en fonction de la période des semis. Il
est exporté vers plusieurs pays de l'Afrique de l'ouest et est trop
prise pour sa saveur et son gout culinaire. La culture de l'oignon est d'une
importance capitale pour tout producteur. Lors des premières
récoltes les marchés sont inondés des spéculations
de même type qui proviennent des autres périmètres
irrigués ; ce qui explique des maigres revenus dans un premier temps. Ce
pendant les quelques producteurs qui ont opté pour la conservation de
cet oignon s'en sortent avec des revenus colossaux, en période de
rareté du produit, le sac marqué de 50 kg pesant un poids total
de 41 à 43 kg d'oignon coûte entre 9 500 à 20 000 Naira ;
soit 16 000 à 33 200 FCFA ; soit 15 à 20 sacs pour un grand
producteur, 7 à 11 sacs pour les petits et moyens producteurs.
Les difficultés rencontrées sont toujours
majorées par le manque d'eau et les canaux d'irrigation sont
défectueux. Les nouvelles techniques de conservation et de
transformation, le
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 42
défaut d'un entrepôt de grande superficie sont des
facteurs qui fragilisent la filière oignon sur ce site.
Photo 11: Planche d'oignon (Achahabou Hamissou, janvier 2018),
Les variétés qui sont cultivées à
N'guigmi sont de deux types à savoir : l'oignon blanc de Soumarana et le
violet de Galmi.
o Le chou (Brassica oleracea)
Le chou (chou feuilles, chou pommé), est une culture de
grande consommation très prisée par les consommateurs, il est
cultivé dans toutes les régions du Niger. Ses feuilles libres ou
pommées « chou pommé » sont destinées à
assaisonner les sauces. Elles peuvent surtout être cuites et
consommées en légume. En cas de mévente du chou, le
séchage est la principale technique de conservation et cette
dernière a lieu sur des espaces libres sur le site ou dans les maisons.
La culture du chou fait l'objet d'une importante activité commerciale
presque toute l'année. Sa consommation excessive s'observe
particulièrement pendant le mois de Ramadan lors de la rupture du jeune.
Le chou cuit facilite la digestion et apporte à l'organisme des
éléments minéraux et des vitamines. Un grand producteur
produit en moyenne 25 sacs tout le long de la récolte, sachant que le
poids du sac pleinement chargé varie entre 61 et 63 kg Quant aux autres
exploitants leurs récoltes oscillent entre 7 à 15 sacs. Les prix
varient entre 3500 et 5000 Naira soit 6000 et 8800 FCFA l'unité et en
fonction des périodes de récoltes. Cette culture rencontre des
difficultés qui entravent sa production sur le site, dont les
principales sont : le manque d'eau crucial, le problème d'irrigation, et
la petitesse de la superficie exploitée.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 43
Photo 12: Pieds de chou (Cliché :
Achahabou, mars 2018)
o Le piment (Frutescens ou annuum)
Plante originaire de l'Amérique du sud, vivace au
Niger, le piment devenu comme annuelle, feuilles lancéolées plus
ou moins larges, tiges érigées, fleur blanche solitaire, fruit
à enveloppe charnue d'abord vert, puis rouge ou brun ou jaune suivant
les espèces et les variétés. Les espèces
principales produites sur le site sont :
? Frutescens ou annuum, piment fort, long ;
? Frutescens ou minimum, piment fort, court ;
o Le Moringa (Moringa oleifera)
Une des vieilles cultures pratiquée sur le site de
Kimé Gana, Le Moringa oleifera, plus connu sous le nom de
« moringa », en langue haoussa il est appelé « zogala ou
bien el maka'a » est un petit arbre qui peut mesurer jusqu'à 10 m
de haut. Il est utilisé depuis des générations en mode
préventif, ainsi que pour le traitement de certaines maladies comme le
diabète, les problèmes cardiaques entre autres. Les feuilles de
moringa sont la partie la plus consommée, bien que toute la plante (les
racines, écorce, fleurs graines et les fruits) soit consommable. Au
Bénin voisin le moringa est vendu sous forme de poudre, de tisane ou les
feuilles séchées.
Le moringa est riche en vitamines, minéraux et acides
aminés. Il contient de la vitamine A, C, E ainsi que du calcium, du
potassium et des protéines. Hubert Fakeye (2008) précise bien
d'après certaines études que le Moringa oleifera est une
plante très riche en micronutriments et contient 7 fois plus de
vitamines C que les oranges, 4 fois plus de vitamines A que les carottes, 4
fois plus de calcium que le lait, 3 fois plus de potassium que les bananes et
enfin 2 fois plus de protéines que le yaourt.
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A n'guigmi comme dans plusieurs localités du Niger,
l'eau ayant servi à la cuisson du moringa est également
consommée pour le traitement de diverses maladies.
Sur le site le moringa peut être mis en association de
cultures avec d'autres plantes ou seul. Dans plusieurs champs il est
associé au manioc, au gombo, maïs et bien d'autres ; il est rare de
voir des parcelles ou seule la culture de moringa est pratiquée. Avant
la culture de moringa n'était pas bien pratiquée sur le
périmètre et servait le plus souvent à l'auto consommation
; mais aujourd'hui on constate une nette amélioration pour la mise en
vente de ses feuilles séchées et vendues le souvent sur place.
Les feuilles peuvent être vendues tout au long de l'année,
fraîches ou cuites selon la volonté de l'acheteur. Sur le site de
Kimé Gana, le moringa est produit en petite quantité ; la
production est généralement journalière et rapporte des
revenus non négligeables qui servent à subvenir aux besoins
immédiats des ménages. Ce sont les petits et moyens producteurs
qui se soucient des recettes de plante, avec une vente de 5 à 10 mesures
(Tia) par jour à raison de 150 Naira l'unité sur le site. Les
feuilles de moringa sèches équivalent à 500 grammes
l'unité de mesure.
Dans ce milieu semi-aride, la plante du moringa oleifera
sert de brise-vent aux jeunes plants repiqués dans les planches en
assurant convenablement leur développement.
A B
Photo 13: Pieds du moringa autour d'une parcelle
A. Moringa séché B. (Achahabou H. février, 2018)
o La carotte (Daucus carota
subsp.sativus)
C'est une plante bisannuelle de la famille des
apiécées, largement cultivée pour sa racine pivotante
charnue, comestible, de couleur généralement orangée,
consommée comme légume, sa récolte intensive à lieu
juste à la fin de la saison froide allant du mois de février
à avril. Comme certains légumes la carotte est cultivée le
long de l'année car elle est prisée dans l'alimentation
journalière dans les centres urbains.
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3.7 Perspective de développement des
cultures
Plusieurs éléments laissent croire que certaines
spéculations notamment la pomme de terre et la tomate qui sont produites
sur le site de Kimé Gana ont un avenir prometteur et doivent être
développées aux profits de tous les acteurs intervenant dans ce
domaine.
La pomme de terre et la tomate entrent de plus en plus dans
les habitudes alimentaires des populations, mais également la demande
intérieure est forte de nos jours.
Pour une meilleure perspective de développement des
cultures maraichères de pomme de terre et de la tomate sur le site de
Kimé Gana, les mesures suivantes doivent être renforcer ; à
savoir :
- Une mobilisation importante des producteurs pour
l'activité maraichère.
- Les possibilités de partenariat pour l'extension des
cultures de ces spéculations sont réelles et fortes avec des
zones potentiellement exploitables.
- Une implication de la recherche agronomique avec les centres
de recherche comme l'INRAN et l'Université de Diffa pour atténuer
les contraintes identifiées.
- Dans son cadre d'intervention sur le développement du
bassin du lac Tchad, le PRESIBALT prévoit d'aménager 23 à
25 hectares pour accroitre la production maraichère sur le site.
- Pour assurer la bonne marche de ces deux filières, la
coopérative des producteurs de Kimé Gana a besoin d'appuis
considérables en intrants et matériels agricoles.
- Organisation des filières pour la conservation et
l'exportation des produits vers d'autres horizons à travers des
foires.
- L'amélioration de toutes les infrastructures et
services nécessaires à la commercialisation.
- L'amélioration de l'efficacité de
l'administration vis-à-vis du secteur privé.
3.8 Les modes d'assolement
Pour préserver l'aptitude agronomique du sol, en vue
d'une bonne productivité, les maraichers adoptent des techniques
culturales, telles que la rotation des cultures et l'utilisation de
fertilisants chimiques et organiques. Pour tirer profit de leur milieu, les
paysans expérimentent et adoptent de nouvelles cultures, de nouvelles
techniques de production, de nouvelles formes d'organisation et de
commercialisation de la production (RECA, 2017).
Un système de culture que l'on appelle aussi un
système agricole ou système de production regroupe l'ensemble des
facteurs de production disponibles pour l'activité de culture, et des
modalités techniques selon lesquelles ils sont mis en oeuvres (Hugues,
1980).
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Sur le site de Kimé Gana, il existe les associations de
cultures et les monocultures. L'association de cultures est une technique qui
consiste à regrouper deux ou plusieurs spéculations ayant des
calendriers culturaux presque similaires pour permettre une meilleure
croissance des plans, d'où un bon rendement. Les associations les plus
fréquentes sont : moringa-niébé,
niébé-gombo, moringa-gombo, moringa-piment,
maïs-niébé, ail-courge, patate douce-gombo.
On observe bien des changements dans les pratiques culturales
sur le site, car les spéculations qui étaient les plus
cultivées sont la pomme de terre, le blé avec des rendements
importants. Aujourd'hui beaucoup de producteurs se tournent vers d'autres
spéculations comme la tomate et l'oignon qui procurent des revenus
très importants à toute la chaine de production et de
commercialisation.
Le manioc et le moringa sont bien utilisés dans
l'association de culture sur le site, ils jouent le rôle de brise-vent en
protégeant les jeunes plants repiqués. Parmi toutes ces
associations le moringa et le niébé sont plus utilisés,
d'où leur importance notoire tant sur les revenus et la consommation
ménagère.
Les cultures associées sont observées un peu
partout sur le site à cause de la petitesse des parcelles. Les
monocultures sont observées pour la production des légumes ; il
s'agit des spéculations suivantes : Le blé, l'oignon, la tomate,
l'ail, le chou...
En résumé sur le site de Kimé Gana les
rotations de cultures dominent les monocultures et cela s'explique à
cause de l'étroitesse des exploitations au sein du
périmètre mis en valeur avec 0,75 ; 0,25 et 0,12 Ha
respectivement pour chacune des exploitations : grande, moyenne et petite. Ces
superficies par producteurs ne sont pas totalement exploitées à
cause du faible débit d'eau drainée vers les parcelles
éloignées ; ce qui conduit à planter en amont les plantes
servant de ceinture de protection comme le manioc, le moringa et l'oseille qui
sont susceptibles de résister à un manque d'eau temporaire.
En plus de la meilleure utilisation de la surface disponible,
en faisant cette association des cultures à cycle long et court, les
maraîchers gagnent rapidement de l'argent de celles de cycle court en
attendant la récolte de celles de cycle long.
3.9 La rotation de cultures
Les enquêtes montrent que les maraîchers
pratiquent la rotation des cultures. C'est une succession des cultures sur une
même planche. Elle concerne plusieurs spéculations à savoir
: la tomate, l'ail, la salade, le poivron, la pomme de terre, le blé, la
carotte. Cette succession
culturale permet la bonne gestion de la fertilité, des
rendements et de la prévention de certaines maladies et attaques des
ravageurs.
3.10 La gestion foncière et ses modes
d'accès à Kimé Gana 3.10.1 Les modes
d'accès
L'héritage, le prêt, le don et le gage sont les
différents modes d'accès des terres au sein du
périmètre de Kimé Gana. Le mode concernant la location n'a
pas été relevé lors de l'enquête. L'héritage
est le patrimoine laissé par une personne décédée
et transmis par succession.
Comme son nom l'indique l'héritage représente
72% et concerne une catégorie bien définie de producteurs
maraichers, notamment les Kanouri dont les familles représentent les
principaux occupants du périmètre et les zones excentriques. Le
présent mode d'acquisition est le plus fréquent à cause du
critère autochtone des exploitants et sont majoritaire.
Le prêt (20%) est un mode d'acquisition des parcelles
qui concerne les exploitants non détenteurs qui mettent en valeur des
terres empruntées auprès des propriétaires avec
l'approbation du comité de la coopérative des producteurs. Ce
mode d'accès est pratiqué par les étrangers qui ne sont
pas originaires de la zone et qui possèdent des lopins de terres.
Le don est l'action de donner une terre de culture sans
contrepartie, il est intemporel Le don, est une action qui accorde gratuitement
un lopin de terre cultivable à un proche parent, ou toute autre personne
ayant des liens étroits avec le donateur. Sur le site cette action
représente 5% des producteurs et s'effectue principalement entre les
Kanouri et les Toubou qui sont majoritaires.
Le gage est une pratique qui consiste à offrir une
portion de son champ à une autre personne afin de garantir le payement
d'une dette contractée. Il concerne les petits et moyens producteurs.
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Tableau 6:Mode d'accès aux parcelles sur le site
Mode d'acquisition
|
Nombre
|
Pourcentage (%)
|
Don
|
3
|
5
|
Héritage
|
43
|
72
|
Achat
|
0
|
0
|
Location
|
0
|
0
|
Gage
|
2
|
3
|
Prêt
|
12
|
20
|
Total
|
60
|
100
|
3.10.2 L'accès au foncier maraîcher à
Kimé Gana
Etant dédié aux femmes depuis 1982 par le
défunt Chef de Canton de N'guigmi, l'honorable Mai Moussa MAIMANGA, le
site maraicher de Kimé Gana dispose d'une coopérative
maraichère. Cette dernière est dirigée par une femme :
Hadjia Mairam Ouma MAIMANGA qui est la Présidente, et est une grande
productrice car elle intervient sur ce site bien avant sa réalisation en
1984. La gestion foncière du site, le pouvoir de décision et
d'information sont assurés par la dite Présidente de la
coopérative à la suite d'un conseil regroupant tous les
différents responsables au sein de la coopérative.
En ce qui concerne la gestion des bassins d'alimentation, le
système d'arrosage rotatif ou le « tour à tour » est le
mieux privilégié à cause du manque d'eau et les canaux qui
sont défectueux. Donc les champs proches des bassins d'alimentation
profitent plus dans la journée et les champs distants attendent à
la tombée du soleil et tard dans la nuit pour être suffisamment
arrosés. Avec le climat d'insécurité qui prévaut
dans la zone, seuls quelques braves jeunes passent la nuit sur le site pour
s'occuper de l'arrosage et de veiller aussi sur les cultures à cause des
maraudeurs plus précisément lors des récoltes.
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