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Ressources naturelles et croissance économique en Afrique


par Achille Ondoua
Université de Yaoundé II (Soa) - Master 2 en Economie 2019
  

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II.2.2 : Le Botswana : essor de développement grâce aux diamants

Le Botswana a réussi à éviter les effets de la « malédiction des ressources » qui a frappé de nombreux États africains tels que la Sierra Leone, l'Angola, le Libéria, la République Centrafricaine ou le Congo. En effet, on parle souvent des «  diamants de sang », une industrie meurtrière et néfaste pour l'Afrique, mais on n'aborde que très rarement le sujet des « diamants du développement ». Le côté plus brillant de la médaille.

L'industrie du diamant au Botswana contribue actuellement à 39 % des recettes fiscales et 25 % du PIB, faisant de l'exploitation minière, l'activité économique la plus importante du pays.Les pays d'Afrique Australe, et plus particulièrement le Botswana, prouvent que si ces revenus générés par les diamants sont bien utilisés, ils peuvent apporter des avantages concrets et non négligeables en termes de croissance économique et de développement social.

En 1966, le Botswana est devenu indépendant avec 12 kilomètres de routes asphaltées, 22 diplômés de l'enseignement supérieur et 100 du secondaire. Les diamants qui ont été découverts l'année suivante, en 1967, rapportent maintenant des recettes fiscales représentant un tiers du PIB. Le Botswana a très bien géré ses mines de diamants et s'est servi de la rente pour soutenir une croissance rapide qui en a fait le pays le plus prospère d'Afrique, puisqu`il a dépassé il y a quelques années l'Afrique du sud, si l'on se réfère au revenu national brut (RNB) par habitant ajusté de la parité de pouvoir d`achat. Le taux de participation à l'enseignement secondaire est passé de 19% en 1980 à 80% en 2006. L'impact économique et social favorable d'une exploitation du diamant est maitrisée.

En 2014, le Botswana était le second producteur de diamant brut en valeur et en volume après la Russie24,6 millions de carats pour 3,6 milliards de dollar US. Au Botswana, l'industrie du diamant représente 25% du PIB, 39% des recettes de l'Etat et 86% des revenus d'exportation. Les revenus générés par le diamant ont permis d'améliorer le système éducatif (école gratuite jusqu'à 13ans, évolution du nombre d'école d'enseignement supérieur, évolution du nombre de diplômés), d'améliorer les services de santé (augmentation du ratio médecin par habitant, financement des traitements antirétroviraux)

En outre, la stabilité politique de longue date du Botswana et sa culture démocratique ont été des facteurs importants à cette success story. Le pays est d'ailleurs classé comme le moins corrompu d'Afrique par Transparency International, devant l'Italie ou même l'Espagne. La relation étroite entre le gouvernement et le secteur privé pour l'exploitation des diamants est l'autre point important de cette réussite. Pour exemple, le cas du partenariat entre le gouvernement et le conglomérat diamantaire sud-africain, De Beers : l'État botswanais détient une participation de 15 % dans De Beers, et les deux entités ont des parts égales dans la société minière Debswana et la Diamond Trading Company Botswana (DTBC). On estime que 80 cents de chaque dollar de revenu généré par De Beers va au gouvernement, qui le réinvestit intelligemment. Ainsi, le modèle de développement du Botswana est reconnu par beaucoup comme un exemple de la façon dont institutions politiques responsables, bonne gestion des ressources et politiques macroéconomiques prudentes, peuvent promouvoir la croissance et le développement, brisant le cercle vicieux de la « malédiction des matières premières » et du sous-développement.

Notons que les minerais sont des ressources non renouvelables et que le diamant représente plus d'un tiers des revenus du Botswana, mais ces dernières années, la baisse de la demande a mis l'accent sur la dépendance de l'économie vis-à-vis de ce secteur, en voyant la croissance du pays chuter.Un tel ralentissement sur le long terme impacterait toute l'économie : les dépenses attribuées aux programmes sociaux et éducatifs pourraient être réduites, et les investissements de l'État dans l'infrastructure du pays (construction de routes, installation de la fibre optique...) repensées. Face à ce problème, le gouvernement du Botswana envisage diversifier son économie, pour ce faire, le pays souhaiterait visiblement, se tourner vers l' écotourisme, l'agro-industrie et les  énergies propres. Des moyens sont également développés pour encourager l'entrepreneuriat. Un exemple à suivre.

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