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Ressources naturelles et croissance économique en Afrique


par Achille Ondoua
Université de Yaoundé II (Soa) - Master 2 en Economie 2019
  

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ABSTRACT

The objective of this work is to identify the types of natural resources that contribute most to economic growth in Africa over the period 1998 to 2017, using data from the WDI, WGI and Penn World Table. The analysis of our methodological work led us to a panel data specification estimated by the GMM and 2SLS method. Thus, we first identified the natural resources that contribute most to total productivity growth in Africa using the Generalized Method of Moments (GMM); and second, we identified the natural resources that contribute most to GDP growth in Africa using the Double Least Squares method (2SLS). From these analyses, it emerges that concentrated resources such as oil and minerals contribute the most to growth and this in a significant way. Moreover, natural resource rents lead to volatility in GDP per capita, which translates into low productivity growth (low accumulation of physical and human capital). Similarly, the linking of institutional variables with natural resources in our study has revealed the adverse effect of natural resources on the quality of institutions in resource-rich African countries. In the face of these various problems, it is becoming important for African leaders to set up strong institutions that will provide a healthy and stable environment that will enable better management of resource rents in order to diversify the economy and establish real economic development in Africa.

Keywords: Natural Resources, Total Factor Productivity, GDP Growth, GMM, 2SLS.

INTRODUCTION GENERALE

« La dépendance aux produits de base a un impact négatif sur la croissance des revenus, l'évolution des inégalités et le développement des ressources humaines ; l'effet négatif de cette dépendance est particulièrement plus fort dans les pays de l'Afrique centrale et en ASS que dans les autres pays du monde »

Avom D. et Carmignani F. (2010)

1- Contexte et justification

Chacun d'entre nous peut donner des exemples de ressources naturelles, comme le pétrole, le charbon, le bois, les fruits sauvages..., si bien qu'il ne semble guère nécessaire d'en dire plus, tellement l'expression parait parler d'elle-même. De manière générale, une ressource naturelle est une substance, un organisme, un milieu ou un objet présent dans la nature et qui est la plupart du temps utilisé pour satisfaire les besoins (énergies, alimentation, constructions, aménagements du territoire, etc.) des humains, animaux ou végétaux. Il peut s'agir : - d'une matière première minérale (par exemple : l'eau douce, les roches, les minerais métalliques, etc.) - d'un produit d'origine biologique, sauvage ou non (ex. : le bois, le poisson, etc.) ; - d'un milieu naturel, comme le sol qui permet les cultures ; -d'une matière fossile (comme le pétrole, le charbon, le gaz naturel, le lignite ou la tourbe qui ont une origine organique) ; - d'une source d'énergie (énergie solaire, énergie éolienne...). Plusieurs définitions ont été donnés pour mieux appréhender la notion de ressource naturelle.

Pour Rotillon (2005), « ressource » renvoie à quelque chose d'utile à l'homme et « naturelle » au milieu dont elle provient, milieu qui lui-même est déjà donné et extérieur à l'activité humaine. Ainsi selon (Rotillon, 2005)« on parlera donc de ressources naturelles au sens économique quand la ressource sera utilisable avec la technologie existante et exploitable avec les prix actuels». Les ressources naturelles pourraient être définies comme des stocks de matières premières qui existent dans l'environnement naturel et qui sont à la fois rares et économiquement utiles à la production ou à la consommation, soit à l'état brut, soit après une transformation minimale (World Trade Organization, 2010). Les ressources naturelles sont les facteurs de production non produits qui nous sont alloués (Parkin, 1992).La définition du concept de ressources naturelles dans les activités économiques permet de distinguer deux types de ressources naturelles: les ressources naturelles épuisables et les ressources naturelles renouvelables (Ciriacy-Wantrup, 1952; Rotillon, 2005). Il existe des ressources dites « concentrées » comme les hydrocarbures, les produits miniers, les cultures de rentes et les ressources dites « diffuses » comme la foret, le riz, le blé etc. (Philippot, 2008). Les effets des ressources naturelles sur la croissance économique sont discutés dans la littérature.

Dans la littérature économique, la croissance économique est définie par plusieurs auteurs (Kuznets, 1966; Perroux, 1969) et de diverses façons. Cependant, la définition qui nous semble avoir l'agrément de tous est celle de Perroux qui considère la croissance économique comme étant : « L'augmentation soutenue pour une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension pour une nation, le produit global net en termes réels » C'est dans ce sens qu'on retient en général le PIB comme indicateur de base. On dira alors que la croissance économique est l'augmentation du PIB d'une année sur l'autre, c'est-à-dire de la production économique d'un pays.

Nous pouvons également définir la croissance comme étant un processus fondamental des économies contemporaines, reposant sur le développement des facteurs, lié notamment à la révolution industrielle, à l'accès à de nouvelles ressources minérales (mines profondes) et énergétiques (charbon, pétrole, gaz, énergie nucléaire...) ainsi qu'au progrès technique; Ce dernier étant considéré dans la littérature comme l'élément principal de la PTF, qui permet de créer plus de richesse avec la combinaison des facteurs de production classique (capital et travail). Les théories économiques relatives à ce secteur divergent de points vues. Les ressources naturelles ont commencé par attirer l'attention depuis le temps des économistes classiques comme Ricardo, Jevons etc... Ainsi selon(Ricardo, 1817)), la rareté des ressources naturelles est à l'origine de la fin de la croissance économique ; Jevons (1865), en constatant les limites des dépôts de charbon, annonçait la fin de la révolution industrielle en Angleterre. De même, dans le modèle du commerce intra régional de Hecksher-Ohlin (1933), il est stipulé que chaque région, qui est largement dotée de certaines ressources naturelles, produira et exportera les biens qui valorisent la / les ressource(s) qui y sont abondantes (Krugman, 2008).

Les recherches sur le lien entre la croissance et les ressources naturelles se réfère à lamalédiction des ressources naturelles ou « resource curse », expression pratiquement inconnue avant les années 90, qui sature aujourd'hui l'espace public et alimente un certain nombre d'évidence partagées aussi bien dans la communauté des chercheurs que des praticiens du développement1(*). En fait, c'est lors des années 80, qu'est jeté les germes d'une littérature suite à la « maladie hollandaise » (« Dutch disease » en anglais) qui depuis lors remet en cause la pensée des néolibéraux sur les biens faits de ressources naturelles. D'après Karl (2005), la maladie hollandaise est « un phénomène pour lequel la mise en exploitation d'une ressource naturelle procure des avantages pour le secteur lié à cette richesse, mais en parallèle nuit au développement des autres secteurs de production de l'économie ». Inspiré du cas des Pays bas des années 1960, le phénomène de la maladie hollandaise est utilisé pour désigner les conséquences nuisibles provoquées par une augmentation importante des exportations de ressources naturelles par un pays. Il fut théorisé par (Auty, 1990; Corden et Neary, 1982), qui soulèvent l'idée selon lequel la dotation de ressources naturelles peut avoir l'impact défavorable sur la croissance et le développement et pourrait de facto devenir une "malédiction".

Le phénomène de la malédiction des ressources naturelles quant à lui a été décrit la première fois par (Auty, 1990). En effet, dans son livre intitulé « Resource-Based Industrialization : Sowing oïl in Eight developing Countries », il relève que la croissance économique des pays pétroliers est inférieure à celles d'autres pays naturellement nonriche en pétrole, de plus il semble exister un lien négatif entre la proportion des exportations de matières premières dans le PIB et le taux de croissance des pays tels que l'Algérie, le Nigéria, le Congo ou l'Angola.L'idée selon laquelle être doter en ressources naturelles est pour certains pays une bénédiction et pour d'autres pays une malédiction, est une question de développement économique qui mérite une attention particulière. Les revenus issus des ressources naturelles sont une source potentielle de financement des stratégies internationales de développement, notamment les ODD récemment adoptés en fin 2015 par les nations unies et dont les moyens de financement sont sujet à débats. De plus, le rythme accéléré d'épuisement des ressources naturelles et la dégradation continuelle de l'environnement sont des préoccupations essentielles se posant à l'humanité tant les enjeux qui y sont en termes de sécurité et de qualité de vie sont important ; il s'avère par ailleurs que ces interrogations se posent avec acuité aux pays en développement (PED),notamment ceux de l'Afriqueen raison de leur vulnérabilité structurelle et leur faible résilience aux chocs de toute nature. La théorie sur la malédiction des ressources premières développée par Auty (1990) a suscité chez certains auteurs, la mise en place des modèles empiriques pour mieux expliquer cette théorie.

En effet, Sachs et Warner (1995), sont considérés comme les précurseurs de la littérature sur la malédiction des ressources naturelles qui renvoie, au paradoxe selon lequel les pays dotés de matières premières ont tendance à avoir un PIB par habitant plus faible et des résultats de développement moins bons que les pays ayant moins de ressources naturelles. Les pays Africains riches en ressources ont, soit enregistré des faibles performances économiques, soit connu de longues périodes de conflits armés, contribuant à la « crise de développement » sur le continent (Sachs et Warner, 1995; Easterly et Levine, 1997; Idemudia, 2002; Jensen et Wantchenkon, 2004; Avom et Carmignani, 2010)(Omgba, 2011) entres autres. -(Atangana Ondoa, 2013, 2019),s'inscrit dans cette littérature, il précise dans son récent article, dans une analyse descriptive que le PIB par habitant est faible dans les pays riches en ressources naturelles, il cite alorsl'Angola, le Congo et le Nigeria comme de bons exemples d'économies bien dotées en ressources naturelles mais qui souffrent d'une pauvreté généralisée (Badeeb et al., 2017)2(*).

* 1Selon(Gilberthorpe et Papyrakis, 2015), une recherche sur Google Scholar montre qu'en 1995, il n'y avait que 13 articles scientifiques faisant référence à l'expression «resource curse », ce nombre a augmenté à 67 en 2000, 543 en 2005, 1 890 en 2010, 2 420 en 2014. En 2016, ce nombre est porté à 28 500 articles.

* 2 D'après (Badeeb et al., 2017) cité dans -Atangana Ondoa(2019)

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore