Section II :Ressources
naturelles et croissance de la productivité : Analyse
économétrique
Dans la section précédente, nous avons fait une
analyse descriptive de la relation entre la croissance de la
productivité totale des facteurs et les ressources naturelles. Ces
analyses nous dévoilent en réalité l'existence de trois
groupe de pays en Afrique. Le premier groupe est celui des pays ayant une
croissance de la PTF élevé avec une exploitation des ressources
naturelles élevée à l'occurrence le Nigéria, le
Gabon (exportateurs de pétrole), l'Eswatini, la Cote d'ivoire, etc. Le
deuxième groupe concerne les pays qui ont une croissance de la PTF
faible et paradoxalement un niveau d'exploitation des ressources assez
important, nous avons les pays comme le Burundi, le Togo, l'Angola ou le
Niger... Le dernier groupe est celui des pays ayant une croissance de la PTF
élevée avec un niveau d'exploitation des ressources quasi nulle
(Ile Maurice) ou faibles (Egypte, la Tunisie, le Botswana, le Maroc...). Force
de ces analyses descriptives intrigantes, nous allons mener une analyse
économétrique dont le souci est de confirmer ou infirmer cette
relation de causalité. Ce faisant, nous allons dans un premier temps
présenter notre démarche méthodologique (II.1) et dans un
second temps présenter et interpréter nos résultats (II.2)
afin d'en une tirer conclusion.
II.1 : Démarche
méthodologique
Dans cette sous-section, nous commencerons d'une part, par la
présentation du modèle retenu ainsi que les variables et d'autre
part, nous présenterons d'autre part la méthode d'estimation
appropriée dans le cadre de cette étude.
II.1.1 :
Spécification du modèle économétrique retenu et
présentation des variables
Pour cette partie, nous allons nous appuyer sur les travaux de
Farhadi et al.(2015) dans « Economic Freedom and Productivity Growth
in Resource-Rich Economies. » et (Ulusoy et Ta°, 2017) sur
« On the effects of total productivity growth of economic freedom and
total resource rents: The case of both natural resource rich and
OECD » pour constituer notre modèle
économétrique. Ulusoy et Ta°(2017) construit un modèle,
analysé dans un panel dynamique GMM. Nous spécifions notre
modèle de panel dynamiques :
où
est le PIB réel,
est le stock de capital physique réel et L est la population
active totale. A représente le progrès technologique.
Tout comme (Farhadi et al., 2015) on mesure la PGF par :
Où
est le ratio production/travail (
) et k est le ratio capital/travail (
).
Où,
représentela croissance de la productivité totale des
facteurs du pays
à la période
.et
représentela croissance retardés.
et
représentent respectivement les ressources naturelles et le
vecteur desautres déterminants de la croissance.
désigne le vecteur des variables institutionnelles;
et
représentent respectivement le pays et le temps,
représente l'effet spécifique pays qui permettent de
capter l'effet des facteurs non observés propres à chaque pays et
qui déterminent aussi la croissance (notamment le climat, les
différences technologiques et de goûts) ;
est l'effet spécifique temporel fixe ou aléatoire, qui
permet de capter les chocs temporels qui affectent le niveau de l'output ;
et
les termes d'erreur qui prennent en compte les variables omises dans le
modèle bien que susceptible d'expliquer la croissance
économique.
De manière plus spécifique on a :
Avec
qui représenteles rentes pétrolières,
les rentes minières,
les rentes gazières et
les rentes forestières. La variable
le produit intérieur brute par tête,
la formation brute de capital fixe,
l'investissement étrangers entrées nette,
l'ouverture commerciale,
la population active ou alors la force de travail,
ScolPrim le taux de scolarisation dans le primaire
les dépenses de consommation finales des administrations
publiques, Elect Accès à
l'électricité,
le contrôle de la corruption,
la stabilité politique,
l'efficacité gouvernementale.
Les paramètres
sont à estimer dans chacune des sous-équations du
modèle 1.
Pour plus de précision et une meilleure
lisibilité et compréhension de nos différentes variables,
nous les avons ressortis dans un tableau qui les définis, donne la
source où a été collecté les données et le
signe attendu des variables d'intérêt.
Tableau
2.1: Présentation des variables et signes
attendus
Variables
(Abréviation)
|
Définitions
|
Sources
|
Productivité totale des facteurs (PTF)
|
La PTF constitue le paramètre synthétique de la
compétitivité coût, reflétant l'efficacité de
la mise en oeuvre du travail et du capital.
|
PWT9.1(2019)
|
Rentes Pétrolières
(RPetro)
|
Les bénéfices tirés du pétrole
correspondent à la différence entre la valeur de pétrole
brut aux prix sur les marchés internationaux et le coût de
production total.
Le signe attendu est positif
|
WDI(2018)
|
Rentes Minières
(RMin)
|
Les bénéfices tirés des minéraux
correspondent à la différence entre la valeur de la production
pour un stock de minéraux aux prix sur les marchés internationaux
et leur coût de production total.Les minéraux inclus dans le
calcul sont l'étain, l'or, le plomb, le zinc, le fer, le cuivre, le
nickel, l'argent, la bauxite et le phosphate.
Le signe attendu est positif
|
WDI (2018)
|
Rentes du Gaz naturel
(RGaz)
|
Les bénéfices tirés du gaz qui
correspondent à la différence entre la valeur de la production de
gaz naturel aux prix sur les marchés internationaux et le coût de
production total.
Le signe attendu est positif
|
WDI (2018)
|
Rentes forestières
(RForest)
|
Les loyers forestiers correspondent aux récoltes de
bois rond multipliée par le produit des prix moyens et d'un taux de
location propre à la région.
Le signe attendu est positif
|
WDI (2018)
|
Loyers totaux des ressources
naturelles(TotRN)
|
Elle est donnée par la somme des rentes
pétrolières, des rentes de gaz naturel, des rentes de charbon
(dur et mou), des rentes minières et des rentes forestières.
Le signe attendu est positif
|
WDI (2018)
|
Dépenses de consommation finale des
administrations publiques
(DepPub)
|
Les dépenses de consommation finale des administrations
publiques comprennent toutes les dépenses courantes des administrations
publiques pour l'achat de biens et de services.
|
WDI (2018)
|
Ouverture commerciale
(OuvCom)
|
C'est la somme des exportations de marchandises et des
importations divisée par la valeur du PIB, exprimée en dollars
actuels. L'ouverture commerciale est susceptible d'augmenter les
dépenses en capital public afin de renforcer les exigences
d'infrastructure nécessaires et d'être compétitifs pour
attirer des intérêts commerciaux.
|
WDI (2018)
|
Taux de scolarisation dans le primaire
(ScolPrim)
|
Le taux brut de scolarisation est le taux de scolarisation
total, quel que soit l'âge, par rapport à la population du groupe
d'âge qui correspond officiellement au niveau d'éducation
indiqué.
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WDI (2018)
|
Population active
(lnPopAct)
|
C'est le nombre de personnes qui ont un emploi plus les
chômeurs qui sont à la recherche d'emploi.
|
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Accès à
l'électricité
(Elect)
|
Pourcentage de citoyens qui ont l'électricité
|
WDI (2018)
|
Stabilité politique et absence de
violence/terrorisme
(SP)
|
Il mesure les perceptions de la probabilité
d'instabilité politique et ou de violence à motivation politique,
y compris le terrorisme. Elle varie d'environ -2,5 à 2,5.
|
(WGI, 2018)
|
Contrôle de la corruption
(Corrupt)
|
Il saisit les perceptions de la mesure dans laquelle le
pouvoir public est exercé à des fins privées, y compris
les formes de corruption saisi mineures et les grandes formes de corruption,
ainsi que la capture de l'Etat par les élites et les
intérêts privés. Elle varie d'environ -2,5 à 2,5.
|
WGI (2018)
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Effectivité Gouvernementale
(EGov)
|
Reflète les perceptions de la qualité des
services publics, la qualité de la fonction publique et son degré
d'indépendance par rapport aux pressions politiques, la qualité
de la formulation et de la mise en oeuvre des politiques et la
crédibilité de l'engagement du gouvernement à
l'égard de ces politiques. Estimation de la gouvernance (allant
d'environ -2,5 (faible) à 2,5 (forte) performances de gouvernance)
|
WGI (2018)
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Sources :
Auteurs
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