1- Présentation de la théorie : Health Belief
Model
Le Health Belief Model (HBM) ou modèle des
croyances relatives à la santé est un modèle psychologique
qui tente d'expliquer et de prédire les comportements liés
à la santé tout en se concentrant sur les attitudes et les
croyances des individus. Il a été développé dans
les années 1950 par un groupe de chercheurs et de praticiens en
psychologie sociale dans les services américains de santé
publique. Ceux ci cherchaient à comprendre les causes de l'échec
et du manque de participation du grand public aux programmes de
prévention de la tuberculose.
Depuis lors, le HBM a été adapté
pour explorer une variété de comportements de santé
à long et court terme. Le modèle de croyances relatives à
la santé suggère que les croyances des gens sur les
problèmes de santé, les avantages perçus de l'action, les
obstacles à l'action, et l'auto efficacité expliquent
l'engagement (ou le manque d'engagement) dans le comportement de promotion de
la santé.
Depuis plus de 30 ans, le modèle des croyances
relatives à la santé est l'approche psychosociale la plus
utilisée pour expliquer les comportements de santé. Il est
utilisé par des médecins, les professionnels de santé
publique, les promoteurs de bonne pratique en santé, pour concevoir et
évaluer des actions en éducation et communication pour la
santé. Il permet de mieux comprendre l'incapacité des personnes
à adopter des stratégies de prévention de la maladie ou
des tests de dépistage pour la détection précoce de la
maladie.
Le HBM suggère que la croyance d'une personne
dans la menace personnelle d'une maladie, conjuguée à la
conviction d'une personne en l'efficacité du comportement ou de l'action
recommandée pour la santé, permettra de prédire la
probabilité qu'elle adopte ce comportement.
Le HBM découle de la théorie
psychologique et comportementale selon laquelle les deux composantes du
comportement lié à la santé sont les
suivantes:
- le désir d'éviter la maladie ou, au
contraire, de guérir s'il est déjà malade ;
- la conviction qu'une action sanitaire spécifique
préviendra ou guérira la maladie.
Il y a six constructions du HBM : les quatre
premières ont été développées en tant que
principes initiaux, et les deux dernières ont été
ajoutées au fur et à mesure de l'évolution de la
recherche.
Ces différentes constructions sont :
- la vulnérabilité perçue
;
- la gravité perçue ;
- les avantages perçus ;
- les obstacles perçus ;
- l'indice à l'action ;
- l'auto efficacité.
Vulnérabilité perçue :
évaluation subjective du risque de développer un problème
de santé. Les personnes se percevant comme vulnérables à
un problème de santé particulier se livrent à des
comportements permettant de réduire le risque de développer ce
problème de santé. Les personnes ayant une
vulnérabilité perçue faible peuvent nier qu'ils ont un
risque de contracter une maladie particulière. D'autres peuvent
reconnaitre la possibilité de développer la maladie, mais en
pensant que c'est toutefois peu probable. Les personnes qui croient qu'ils ont
un faible risque de développer une maladie sont plus susceptibles de se
livrer à des comportements malsains ou risqués. Les personnes qui
perçoivent un risque élevé d'être personnellement
touchées par un problème de santé particulier sont plus
susceptibles d'adopter des comportements pour réduire le risque de
développer la condition.
Gravité perçue : évaluation
subjective de la gravité d'un problème de santé et ses
conséquences potentielles. Les individus qui perçoivent un
problème de santé comme sérieux sont plus susceptibles
d'adopter des comportements de prévention afin d'éviter qu'il ne
se produise. La gravité perçue englobe les croyances sur la
maladie elle-même (par exemple, si elle met la vie en danger ou peut
entrainer une invalidité ou une douleur), ainsi que des impacts plus
larges sur le fonctionnement dans le travail et les rôles sociaux. Par
exemple, un individu peut percevoir le COVID-19 comme non médicalement
grave, mais s'il y a des conséquences financières importantes
à la suite d'une absence au travail de plusieurs jours, il pourrait
maintenant la percevoir comme étant une maladie plus
sérieuse.
La combinaison de la vulnérabilité
perçue et de la gravité perçue est désignée
par l'expression menace perçue. Le HBM prédit que plus la menace
perçue conduit à une plus forte probabilité d'engagement
dans des comportements favorisant la santé.
Avantages perçus : les comportements en lien
avec la santé sont aussi influencés par les avantages
perçus d'une prise d'action. En effet, ceux-ci se réfèrent
à l'évaluation qu'un individu se fait de la valeur (ou de
l'efficacité) à se livrer à un comportement de promotion
de santé pour réduire le risque de maladie. Si une personne
estime qu'une action permettra de réduire la sensibilité ou de
diminuer sa gravité d'un problème de santé, alors elle
sera susceptible de se livrer à ce comportement, indépendamment
des faits objectifs de l'efficacité de cette action. Par exemple, les
individus qui pensent que porter un masque prévient de la contamination
au COVID-19 sont plus susceptibles d'en porter que les autres.
Obstacles perçus : évaluation qu'un
individu se fait des obstacles concernant le changement de comportement.
Même si une personne perçoit un état de santé comme
une menace et estime qu'une action spécifique permettrait de
réduire efficacement la menace, les obstacles peuvent empêcher
l'engagement dans le comportement. En d'autres termes, les avantages
perçus doivent l'emporter sur les obstacles perçus pour que le
changement de comportement se produise. Les obstacles perçus peuvent
être en rapport avec la gêne perçue, le danger et / ou
l'inconfort (par exemple, la douleur, les troubles émotifs)
impliqués dans l'engagement dans le comportement. Par exemple, la
croyance que le vaccin contre le COVID-19 pourrait provoquer des troubles de la
circulation sanguine et un arrêt cardiaque (vaccin efficace et peu
sûr) peuvent constituer des obstacles pour effectuer le vaccin contre le
COVID-19.
Indice à l'action (cue to action) : c'est le
stimulus nécessaire pour que le processus décisionnel accepte
l'action recommandée pour la santé. Il s'agit ici du signal (ou
déclencheur) nécessaire pour amorcer l'engagement dans des
comportements liés à la santé. Ces signaux peuvent
être internes (douleurs thoraciques, respiration sifflante, etc.) ou
externes (conseils d'autrui, maladie d'un membre de la famille, article de
journal, etc.). Par exemple, le fait d'avoir un proche qui a souffert du
COVID-19 ou qui en est décédé va nous amener à
être plus prompt à mettre en pratique les mesures barrières
à la circulation du virus.
Auto-efficacité : il s'agit du niveau de
confiance d'une personne dans sa capacité à adopter avec
succès un comportement pour produire les résultats
désirés. Cette construction a été ajoutée au
HBM en 1988, pour mieux expliquer les différences individuelles dans les
comportements de santé. Par exemple, dans la lutte contre le COVID-19,
si l'État vous demande de rester à la maison et de limiter autant
que possible vos déplacements, tout en compensant le manque à
gagner lié à cette inactivité, vous serez plus
engagé à mettre en pratique les prescriptions du
Gouvernement.
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